Histoire de dom Bougre, portier des chartreux, éd. 1920/000

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Texte établi par HelpeyCluny (Maurice Duflou.) (p. 5-34).

Illustration Histoire de Dom Bougre, Portier des chartreux
Illustration Histoire de Dom Bougre, Portier des chartreux

PRÉFACE



Voici le plus célèbre et le plus ancien des romans érotiques français. Le plus ancien, car les ouvrages antérieurs n’étaient pas des romans, mais des Dialogues ; exemples : L’Escole des Filles et les traductions du Meursius. Le Portier des Chartreux est le premier roman érotique selon cette formule du roman moderne, à la fois philosophique et réaliste, qui a remplacé celle des interminables romans du xviie siècle, précieux, prétentieux et ennuyeux.

Le Portier des Chartreux nous conte une histoire vécue, ou du moins imaginée comme si elle avait été vécue, et l’auteur assaisonne son récit de considérations philosophiques dont beaucoup ne manquent pas d’audace, même pour l’époque.

Jusqu’ici, c’est à Voltaire que l’on avait attribué l’invention du roman philosophique. Or, le Portier des Chartreux a, sur les contes de Voltaire, le mérite de l’antériorité. Quand parut le Portier, Voltaire avait quarante-cinq ans et n’avait encore écrit ni Candide, ni Zadig. Ce sont donc deux jeunes clercs de procureur, deux jouvenceaux de vingt années qui, en se jouant, donnèrent au roman français sa forme définitive, du moins celle qu’il a adoptée depuis près de deux siècles.

Le croirait-on ? Le Portier des Chartreux, premier roman français dans la formule moderne, le Portier des Chartreux, premier roman français érotique, le Portier des Chartreux, ouvrage licencieux dont la célébrité ne fut éclipsée, après un siècle, que par celle de Gamiani, le Portier des Chartreux est demeuré un livre aux origines incertaines.

On l’attribue généralement à un jeune avocat, Gervaise de Latouche, mais sans autres précisions, et l’on n’a pu encore se mettre d’accord sur la date de la première édition, les évaluations bibliographiques allant de 1741 à 1750 !

Les documents imprimés contemporains ne sont que deux : une analyse du roman, publiée en 1742, et une note de Bachaumont, datée de 1782, et annonçant la mort de l’auteur.

Maigre provende. Je revendique la découverte de deux importants dossiers de pièces originales, relatifs aux trois premières éditions du Portier. Entendons-nous. Je n’ai point fait surgir de la poussière d’archives secrètes ces dossiers bourrés de renseignements précieux et précis. Avant moi, d’autres les auraient pu parcourir, et M. Funck-Brentano les avait soigneusement dépouillés et fait figurer dans le Catalogue imprimé des Archives de la Bastille, à la Bibliothèque de l’Arsenal. Mon mérite, si mérite il y a, fut donc simplement d’être allé consulter, après maintes recherches infructueuses, ledit Catalogue.

Il est vrai que cette idée fort simple n’était encore venue à aucun de ceux qui ont eu à réimprimer le Portier des Chartreux, ou à en dresser l’état-civil, si j’ose dire. On se bornait à puiser dans l’inépuisable Bibliographie Gay, ce monument d’erreurs bibliographiques, ce qui est évidemment plus facile et moins absorbant que d’aller fouiller dans les Bibliothèques.

Donc, on trouve, aux Archives de la Bastille, sous les cotes 11505 et 11694, deux dossiers bourrés de renseignements sur le Portier des Chartreux, sans préjudice de diverses indications éparses dans plusieurs autres dossiers. C’est de là que j’ai tiré toutes les précisions que je vais donner. Ces dossiers volumineux sont composés de pièces originales : rapports et notes de police, dénonciations de « mouchards », lettres de cachet, ordres d’écrou, demandes de libération, pétitions des emprisonnés ou de leurs familles, etc., etc.

Lors de la prise de la Bastille, en 1789, ils furent, avec les autres, dispersés au vent et piétinés dans la boue. Ce qu’on en put recueillir, après plusieurs jours, fut soigneusement reclassé et constitue les dossiers tels qu’ils nous sont parvenus. Mais tous deux, le premier surtout, sont certainement incomplets. Il est vraisemblable que de nombreuses pièces ont dû s’égarer ou être détruites. En dehors de cette présomption, deux preuves certaines existent, que voici :

1° Une note du dossier 11505 est ainsi conçue (folio 29) :

Remis à Monsieur des pièces où il était parlé de Gervaise comme soupçonné d’être auteur du Portier. 5 septembre 1753.

Nottes et renseignements sur tous les Coaccusés de cette affaire.

Il ne peut s’agir de Monsieur, titre réservé au frère du roi, puisque en 1753 nous étions sous Louis XV et que celui-ci n’avait pas de frère. Vraisemblablement, Monsieur aurait dû être suivi d’un nom, omis par le rédacteur de la note, et qui ne pouvait être que celui du Lieutenant de Police. Nous verrons plus loin ce qu’on peut conclure de cette soustraction de pièces importantes.

2° Dans le Catalogue Monmerqué (Paris, Téchener, 1861), on cite, sous le n° 3689, l’édition de 1806 du Dictionnaire Critique de Peignot, avec cette adjonction :

Ajouté : Une lettre autographe, dénonçant au lieut. de police Demarville, comme auteurs de Dom Bougre, Portier des Chartreux, Billard et Gervaise, clercs du palais, et portant en tête une note de police portant neuf noms des auteurs de ce livre. La lettre est signée d’initiales.

Il est évident qu’il s’agit là d’un document soustrait en 1789 au dossier de Dom Bougre.

Voyons, après ce préambule, les précisions que nous apportent les pièces originales de la Bastille.

Les auteurs du “ Portier ”

J’ai cité plus haut Bachaumont. C’est à cette source unique qu’ont puisé, depuis un siècle et demi, tous les bibliographes qui ont attribué le Portier des Chartreux à l’avocat Jacques-Charles Gervaise de Latouche, né à Amiens vers 1719[1]. Bachaumont, donc, dans le tome xxii des Mémoires Secrets pour servir à l’Histoire de la République des Lettres en France (Londres, 1783), publie la note que voici :

Le 30 novembre 1782, M. Gervaise, l’auteur du Portier des Chartreux, livre si fameux et qui lui avoit procuré tant de chagrin, vient de mourir. Il s’étoit livré depuis tout entier au Barreau, où il faisoit des mémoires très-grasieux, très-scientifiques, bien opposés à cette première production. Il avoit un extérieur froid, qui contrastoit merveilleusement avec la chaleur prodigieuse de l’ouvrage cité ci-dessus, chef-d’œuvre original dans son genre, où, à côté des tableaux les plus licencieux et les plus obscènes, se trouve quelquefois la morale la plus exquise.

M. Gervaise commençoit à vieillir, il avoit placé tout son pécule chez le Prince de Guemenée, et l’on prétend que la nouvelle de cette banqueroute lui a donné le coup de la mort.

Il faut noter ici, en passant, la légende du manuscrit « trouvé chez l’auteur après sa mort ». Ce n’est vraisemblablement qu’une supercherie d’éditeur, destinée à masquer une réimpression « considérablement réduite », sans doute pour raisons d’économie. On verra à ce sujet la bibliographie ci-après.

Revenons à l’auteur. Sur quoi repose l’affirmation de Bachaumont ? Doit-on considérer Gervaise de Latouche comme l’auteur du Portier des Chartreux ? Oui, puisque le dossier 11505 de la Bastille nous en fournit des preuves, ou du moins de fortes présomptions, car il ne reste trace d’aucune preuve. On a vu plus haut qu’en 1753, un personnage qui était peut-être le Lieutenant de Police, a distrait du dossier des pièces « où il était parlé de Gervaise comme soupçonné d’être auteur du Portier ». Il me semble qu’il y a là comme un aveu, et que cette soustraction de pièces compromettantes n’a pu avoir lieu qu’à la demande de Gervaise lui-même. Mais ce n’est là qu’une hypothèse et je me borne à la présenter.

Le dossier 11505 est intitulé :

Année 1741. — Bureau du Sr Duval à la Police.
Auteurs Imprimeurs et Colporteurs de mauvais livres.

Voyons ce qui se rapporte à l’auteur, ou plutôt aux deux auteurs, car il y eut deux auteurs soupçonnés, « conjointement et solidairement » comme on dirait en style de procureur, et non l’un après l’autre.

Du 23 février 1741 au 10 juin de la même année, douze personnes « accusées et prévenues d’avoir composé, vendu, colporté, imprimé et débité un livre plein d’Estampes Indécentes, qui a pour titre, Dom B… Portier des Chartreux, et plusieurs autres ouvrages contraires à la Religion et aux bonnes mœurs », douze personnes, dis-je, furent arrêtées et détenues à la Bastille ou à Bicêtre, par les soins du Commissaire Regnard L’aîné, et sur enquêtes du sieur Dubut, « exempt de la prévosté generalle des Monnoyes ». Quatre autres personnes furent également « enquêtées », mais non arrêtées, et parmi ces quatre figure le « nommé Gervaise, Clerc de Procureur ».

Une première note (folio 17), datée du 15 avril, dit : « Auteurs de D. B. Billard et Gervaise, clercs de procureur. 3 pièces. — Joindre au dossier. » Ces trois pièces sont disparues.

Une autre pièce (folio 27), dit : « Gervaise, Billard, Clercs de Procureur, qu’on dit être auteurs ».

Nous trouvons plus loin deux dénonciations anonymes visant les auteurs : l’une (folio 65) est ainsi conçue :

L’auteur de dom b… demeure dans une maison à côté de la comédie. Il est âgé d’environ vingt deux ans[2], ne porte point d’épé, porte habit noir peruque noué blonde, on le dit avocat.

Le voilà bien, le conspirateur en perruque blonde et collet noir !

L’autre (folio 66) est plus explicite :

Monsieur Dubut, exempt, est averti qu’un de ceux dont il a des lettres de cachet pour l’ouvrage du portier Des Chartreux nommé Sr. Billiard (sic) voltige continuellement et que ce soir il est allé chercher chés Mr. Desportes le jeune peintre qui demeure cloître St Nicolas vis avis la Boutique du portier[3] il a dit que demain sur les huit heures il yroit à la campagne il est actuellement en la demeure susditte.

Une note (folio 68) au dos du résumé d’un interrogatoire de l’abbé Nourry, — nous aurons à revoir ce personnage — dit :

Sçavoir quel est l’auteur et le prix que le manuscrit a été vendu.

On sçait qu’il a été vendu quatre à cinq cens livres et que c’est le ne Gervaise clerc de Mr. Lambotte quy l’a vendu.

On sçait aussy que le dit Gervaise s’en est repenty sur les recherches qui l’a vû (sic) que l’on en faisoit.

Le 8 avril 1741, l’exempt Dubut écrivait au policier

Duval :
Monsieur,

J’ay l’honeur de vous rendre compte, qu’en conséquence de vos ordres, je me suis informé du contenu dans la lettre qui vous a été adressé ce matin. J’ay apris que les nes Billard et Gervaises demeurent chez le Sr Lambotte, procureur, qu’ils y sont clercs.

L’avis quy vous est doné par cette lettre paroit d’autant plus sure, que c’est la mesme maison qui a été indiqué depuis longtemps, pour etre le domicile de l’auteur de dom b…, que le dit auteur a été aussi indiqué pour etre clerc, et demeurer chez un homme du pallais où il y avoit d’autres clercs que luy.

La seulle raison quy vous a empeché de prendre un parti, a été la crainte que l’on aretta l’un pour l’autre, ne sçachant point le nom du dit auteur.

Au verso de cette note, de deux écritures différentes :

M. Duval me doner cette note pour mon 1er travail avec M. de Maurepas.

On peut faire perquisition chez la dame Dalainville sous prétexte de contrebande et arrêter les 2 clers de Lambot s’informer auparavant s’ils ne sont pas avocats.

Le 14 avril, le Lieutenant de Police, M. de Marville, signait cet ordre de perquisition :

En conséquence des ordres du Roy, M. le Commisre....... se transportera dans la chambre des Srs Gervaise et Billiard, Clercs du Sr Lambotte Procureur, à l’effet d’y faire perquisition et la saisie des manuscrits et imprimés contraires à la Religion, à l’État et aux bonnes mœurs, qui pourront s’y trouver, dont le dt Sr Commissaire dressera procès verbal.

On ne trouve au dossier aucune pièce rendant compte de la perquisition. Sans doute le procès-verbal figure-t-il parmi les pièces compromettantes soustraites au dossier en 1753. Mais le 15 avril, Dubut note :

Monsieur de Marville juge à propos de prendre un ordre du roy, pour aretter les nes Gervaises et Billiard clercs de procureur, pour avoir composés un livre obsenne, et quy a pour titre le dom b… portier des chartreux.

Et le 19 avril, autre note :

Les nommés Gervaise et Billiard. Ce sont deux Clerc de Procureur qui ont composé le Livre intitulé Dom B… portier des chartreux, un Livre abominable avec des Estampes impudiques. Je pense qu’il conviendroit de faire arrêter et conduire ces deux particuliers à la Bastille.

Au folio suivant, autre note, sans date, mais postérieure :

S. E. Mg. le Cardal de fleury

Le nommé Billard.

C’est un Clerc de Procureur qui est autheur du Livre intitulé Dom B… Portier des Chartreux, ouvrage des plus obscènes. Je l’ay fait conduire à la Bastille le 19 avril 1741. Il est necessaire qu’il soit expédié un ordre en forme du mesme jour. Je pense qu’il conviendroit aussy d’y faire conduire le nommé Gervaises son camarade qui a travaillé avec luy à cet ouvrage.

Et le Cardinal a annoté d’un mot : Bon.

Interrogé le 24 avril, au sujet des auteurs, l’abbé Nourry répond :

A dit qu’il ne les connoit point, que tantôt il a ouï dire que c’estoit un nomé Morand cy devant notaire ayant une maison à Villeneuve St Georges, que même c’est le Sr Morand qui a fait les fonds pour l’impression de l’ouvrage, qu’il a aussi entendu nommer d’autres comme Destouches et Gervaise, mais qu’il n’en est pas sûr…

On reconnaîtra sous ces deux noms le seul Gervaise de Latouche.

Le 9 mai, Billard était libéré, après 20 jours de Bastille. Voir le folio 144 :

S. E. Mgr. le Cardal de fleury.

Le nomé Billard a été conduit à la Bastille par ordre du Roy du 19 avril 1741 parce qu’il étoit violemment soupçonné d’être autheur d’un Livre intitulé le Dom B… Comme il paroit n’avoir eu aucune part à cet ouvrage, j’ay signé un ordre pour le rendre Libre le 9 may 1741. Il est nécessaire qu’il en soit expédié un en forme du même jour.

Le Cardinal annote : Bon pour la liberté.

Et il n’est plus question de Billard, et pas davantage de Gervaise. On ne sait ni le résultat de la perquisition dans leur chambre ; ni si Billard a été interrogé et ce qu’il a dit ; ni pourquoi l’ordre d’arrêter Gervaise ne fut pas signé. On en peut tirer plusieurs conclusions. Pour ma part, j’en tirerai celle-ci : Gervaise de Latouche avait des protecteurs puissants. Dès 1741, ils ont pu lui éviter la lettre de cachet, et faire sortir rapidement de la Bastille son ami et collaborateur Billard. En 1753, ils ont fait disparaître du dossier toutes les pièces compromettantes pour le jeune clerc, devenu depuis avocat, s’il ne l’était déjà en 1741.

Je crois aussi que le Portier des Chartreux peut être, sans contestation possible, attribué non au seul Gervaise de Latouche, mais aux deux jeunes clercs du procureur Lambotte : Billard et Gervaise.

Citons, pour en finir avec les auteurs, cet extrait de la Bibliographie Gay (4e édition, 1894-1897) :

Le savant M. Hubaud, le bibliophile marseillais, nous écrivait peu de temps avant sa mort : « Je joins ici deux anecdotes qui m’ont été racontées par le neveu d’un ami intime de l’auteur, nommé M. Is… Ce dernier fut arrêté à Paris par des agents de police pour être traduit devant le ministre. Comme on le conduisait, il fut rencontré par une personne de sa connaissance, qui, surprise de le voir ainsi mené, s’informe auprès des agents. Ceux-ci lui répondirent qu’ils étaient chargé d’arrêter l’avocat Gervaise. — Mais ce n’est pas l’avocat Gervaise que vous conduisez, leur dit l’interrogateur, c’est M. Is… La chose ayant été reconnue, celui-ci fut relâché. L’événement fut fort heureux pour lui, attendu que si des perquisitions avaient été faites à son domicile, on aurait découvert une malle qui contenait l’édition entière du Portier, malle que l’avocat Gervaise, par prévoyance, l’avait prié de lui garder[4]. L’autre particularité est que ledit M. Is…, qui était dans la confidence de l’avocat Gervaise, était parvenu à lui faire supprimer beaucoup de détails excessivement orduriers décrits dans le manuscrit. Tout lecteur attentif s’apercevra qu’effectivement il se trouve des lacunes dans l’imprimé, notamment aux scènes des orgues et de la piscine. Quelques phrases qui subsistent encore à la 18e gravure[5] pourrait mettre sur la voie d’une de ces mutilations. D’ailleurs cette seconde partie n’a guère plus du tiers des pages de la première ».

J’avoue, malgré une lecture fort attentive, n’être pas parvenu à retrouver la trace des fameuses lacunes. Ce doit être encore là une légende sans fondement. À moins que le rédacteur n’ait consulté une édition réduite du xixe siècle ?

La première édition : janvier 1741.

La place réservée à cette Préface ne permet pas de continuer à dépouiller le dossier comme je l’ai fait jusqu’ici, et je me bornerai à donner les indications qu’il fournit, avec le minimum de citations, me réservant de revenir sur cette curieuse histoire dans une étude plus complète.

Certains bibliographes ont indiqué la date de 1750, d’autres celle de 1745, pour l’édition originale du Portier. La Bibliographie Gay la dit antérieure au 1er juin 1741, parce qu’un document de cette date parle d’une seconde édition en préparation. Nous verrons cela plus loin.

Le dossier de la Bastille nous fournit à ce sujet des indications précises :

1° Le tapissier Blangy — qu’on retrouvera dans un autre chapitre — assure qu’il avait fait graver les premières planches du Portier « plus de deux ans avant », soit en 1738. Il en faut donc conclure que l’ouvrage était écrit et peut-être même en cours d’impression, dès 1738.

2° Les premières opérations de police relatives à la première édition sont du 4 février 1741. Mais il est vraisemblable que deux ou trois semaines avaient dû s’écouler entre la parution du volume et les arrestations. En fixant à janvier 1741 la date de l’édition originale, on doit serrer de très près la réalité. L’abbé Nourry a d’ailleurs déclaré que l’ouvrage avait été imprimé, croit-il, en décembre ou janvier.

J’ajoute qu’aucun indice ne permet d’identifier cette première édition, pas plus que la seconde, et je renvoie sur ce point à la Bibliographie qui suit.

Les éditeurs : Un notaire, un marquis,
une comédienne et… un carme !

On a vu, par l’un des documents que nous avons cité, qu’un ancien notaire nommé Morand, habitant à Villeneuve-St-Georges, avait avancé les fonds (cinq mille livres) pour l’édition de l’ouvrage. Ce commanditaire ne fut pas inquiété.

Les véritables éditeurs se nomment le marquis Le Camus et sa maîtresse, une demoiselle Ollier, comédienne. Détail amusant, l’exempt Dubut les catalogue, dans une note : « Jansénistes auteurs et débiteurs de livres prohibés ». C’est qu’ils apparaissent, en effet, comme faisant habituellement le commerce de livres prohibés, jansénistes ou… obscènes. Une autre note du même Dubut répète : « Jansénistes convulsionnaires et débiteurs d’estampes indécentes ».

Le marquis et la comédienne vivaient ensemble depuis environ neuf années. La demoiselle Ollier habitait chez une dame d’Alainville.

Les demoiselles Ollier, dit Dubut, sont deux sœurs, elles ont couru les théâtres de province, elles donnent à jouer à Paris à présent, outre cela, elles se sont toujours mêlées de faire imprimer et de distribuer des ouvrages prohibés…

Le marquis Le Camus ne fut pas plus inquiété que le notaire Morand, bien qu’il soit cité comme l’éditeur dans toutes les notes et tous les interrogatoires. La demoiselle Ollier fut conduite à la Bastille le 8 mars. Un rapport de Dubut, du 21 mars, indique que le marquis ne quitte plus l’abbé Nourry, et que tous deux font des démarches pour faire libérer la Ollier.

La comédienne fut relâchée le 22 juin et exilée à Toulouse. Elle se borna à se rendre à Rueil, chez une de ses tantes, où elle ne tarda point à scandaliser, par sa conduite, les personnes bien pensantes. Le 11 septembre 1743, un certain Lyonnard, gendre de la dite tante, adressait une requête au lieutenant de police Berryer pour dénoncer la demoiselle Ollier, coupable de mener une mauvaise vie, d’avoir rompu son ban, et surtout de dilapider le bien de sa tante, dont le fils dudit suppliant était héritier… En 1746 encore, les plaintes, anonymes maintenant, se succédaient. Mais le lieutenant de police avait écrit, en marge de la première dénonciation : « Je ne puis me mesler de cette affaire », et la demoiselle Ollier continua de mener joyeuse vie à Rueil ou à Saint-Germain-en-Laye, « malgré que le curé ait été prévenu ».

Le marquis avait été faire imprimer le Portier du côté de Blois, et il en avait même rapporté des dés d’argent que l’on appelle des dés de Blois.

L’imprimeur « n’ayant pas été payé du tout[6] » a conservé une partie de l’édition. Une autre partie fut saisie, en feuilles, dans la maison de Mme d’Alainville, dans un cabinet loué par la demoiselle Ollier. En outre, sur les 14 à 1500 exemplaires de l’édition complète[7] 700 avaient été envoyés en Hollande par un nommé Stella, — que nous reverrons plus loin, lui aussi — par l’intermédiaire d’un imprimeur de Rouen, Jean-Baptiste Mazuel ou Machuel. Le destinataire était le libraire Paupie, de La Haye. Le policier Duval chargea son collègue Pontcarré, de Rouen, d’arrêter au passage la grosse balle de livres contenant l’Histoire de Dom B… Elle était partie de Paris peu de jours avant le 19 février. Cette surveillance n’aboutit point. Une autre partie de l’édition avait été entreposée à Versailles, chez le nommé Maillard, valet de chambre tapissier du duc de Tallard. Maillard fut d’abord détenu à l’Hôtel de Ville, puis transféré à Bicêtre le 10 avril. Sans doute a-t-on saisi chez lui les exemplaires qui y étaient déposés, mais le dossier est muet à ce sujet, ainsi que sur la date de sa libération.

Un quatrième personnage intervint dans l’édition de janvier 1741 du Portier des Chartreux, et c’est… un sacristain des Carmes de Cluny !

L’abbé Charles Nourry, 45 ans, né à Paris, clerc tonsuré, sacristain de Saint Sébastien en Trière de l’Ordre de Cluny, habitait alors à Paris, depuis cinq années, chez sa sœur, Mme d’Alainville, rue de la Comédie-Française. Il y était venu à l’occasion d’un procès qu’il avait contre le Chapitre de Lyon.

C’est lui qui s’était chargé, « pour rendre service au marquis Le Camus, à la demande de Mme d’Alainville, sa sœur », de vendre le Portier aux colporteurs, qui le payaient un louis. Son neveu l’aidait dans cette propagande édifiante. Je passe sur les dénégations premières de l’abbé, et sur ses aveux réticents d’abord, puis plus explicites. Mis à la Bastille le 14 avril, le sacristain des Carmes de Cluny en sortit le 5 juillet, à la demande du cardinal d’Auvergne, pour être exilé à l’abbaye de Saint Rambert, diocèse de Lyon.

Plusieurs colporteurs furent également arrêtés, dont les noms importent peu.

Les graveurs des estampes.

Deux autres complices de plus d’importance sont à mentionner : le nommé Blangy, tapissier, et Philippe Lefèvre, graveur.

Blangy avait entrepris, à la demande du marquis, en 1738, de faire graver les planches du Portier. Il en avait chargé Philippe Lefèvre. À mesure qu’elles étaient gravées, Blangy remettait les planches au marquis, chez la demoiselle Ollier. C’est le marquis qui lui fournissait les dessins. Le dossier ne nous indique pas le nom du dessinateur. On a vu plus haut que Billard fréquentait un jeune peintre nommé Desportes. Aurions-nous là le nom du dessinateur des planches ?

Pour en revenir à Blangy, le tapissier s’aperçut que Lefèvre avait tiré pour son compte 400 exemplaires des planches, et que les imprimeurs Benoît et Jacques Thévenar les avait mis en vente après y avoir imprimé au bas des vers « posetige » (postiche) ! Le marquis s’en faisait livrer, lui, 2000 exemplaires. Je ne crois pas qu’on ait jamais identifié cette suite du Portier, vendue à part avec des vers au bas des planches. Toujours est-il que Blangy, révolté de l’indélicatesse de Lefèvre, avait abandonné l’entreprise « depuis plus de deux ans ». (Déclaration écrite du 5 mai 1741.) Il n’avait pas gagné 50 livres, et le marquis lui en redevait 48 ! Blangy avait ainsi fait graver 18 planches par Lefèvre, et les 10 autres — car il devait y en avoir 28[8] — furent gravées on ne sait par qui.

Je n’ai rencontré aucun exemplaire de l’édition originale — ou de celle que je crois être l’originale — avec 28 figures. L’exemplaire de la Bibliothèque Nationale n’a que 16 planches et un frontispice. Mais on sait que l’iconographie des érotiques est impossible à établir, la plupart des exemplaires étant incomplets des gravures, ou truffés de gravures supplémentaires.

Un autre graveur fut compromis dans cette affaire, un sieur Lucas, demeurant rue Saint-Jacques, à l’hôtel de la Couture. On perquisitionna chez lui le 4 février 1741. Lucas était couché, et l’on s’aperçut qu’il « resserroit et chiffonnoit quelques choses » dans son lit. C’étaient deux estampes d’environ douze pouces de haut sur dix-huit de large.

Il n’est pas très certain, cependant, que cette affaire s’apparente à celle du Portier, malgré le classement de la pièce avec les autres, car le nom de Lucas ne figure pas sur la liste inscrite en tête du dossier 11505.

Un rapport de Dubut, du 21 mars, donne d’autre part cette indication :

… je viens d’apprendre que c’est Stella qui a fait graver, pour le marquis Le Camus et la Aulier, les planches du dom B…, qu’il est en grande liaison avec eux, il est parti aujourd’hui pour l’Espagne et a recommandé au ne Lefeuvre d’aller chés Monsieur le comte de Quélus, le prier de solliciter la révocation de sa lettre d’exile.

Plusieurs Bibliographes attribuent, notons le fait, la gravure des planches au comte de Caylus. Ce dernier aurait-il gravé les dernières planches, à la demande de Stella ? Je pense plutôt que c’est à titre de « confrère » que Lefèvre était invité à solliciter la protection du comte de Caylus.

Le graveur Philippe Lefèvre, mis à la Bastille le 28 février, n’en sortit que le 6 juillet, malgré plusieurs interventions de ses confrères et d’autres personnes.

Blangy et sa femme furent arrêtés le 28 février également. La femme en sortit le 15 avril et le mari le 13 mai.

La seconde édition : juin 1741.

La Bibliographie Gay, je l’ai noté plus haut, dit que l’édition originale est antérieure au 1er juin 1741, car il en est question, à cette date, dans les Amusemens du cœur et de l’esprit (La Haye, 1742, 5e édition, tome iv).

Ce recueil, en effet, consacre plusieurs pages à une lettre relative au Portier. Cette lettre[9] est datée du 1er juin 1741, et dit expressément : « On nous menace d’une nouvelle Édition d’un Livre qui… Il s’agit du Portier des Chartreux ».

Cette indication précise est confirmée expressément par le dossier 11505 de la Bastille (folio 160), note de l’exempt Dubut :

… j’ay aretté et conduit au chateau de la bastille les nes Dameret et Guillaume le jeune et la nee Michelle Neveu pour avoir vendu un livre intitulé dom b… et être du complot de la seconde édition du dit livre.

Ce 10 juin 1741.

Une autre note sans date, classée par erreur dans la première partie du dossier, dénonce le nommé Minet[10] comme « l’un de ceux qui a fait réimprimer le dom b… Ils sont six ». C’est Minet qui les vendait à Dameret. Notons que Dameret est qualifié graveur. Après deux interventions du marquis de La Luzerne et de sa femme, Mme Guignonville de La Luzerne, dont les lettres sont au dossier, Dameret fut libéré, avec ses deux complices, le 11 août. Le libraire Charles Guillaume, quai des Augustins, était un récidiviste de la librairie clandestine, si l’on en croit Dubut. Il avait installé chez lui une imprimerie secrète, et avait été, pour ce fait, conduit à la Bastille avec ses ouvriers. Il avait juré de ne plus recommencer, mais on voit qu’il n’avait pas tenu parole. Il aurait vendu plus de 40 exemplaires de la seconde édition du Portier, « qu’il tenoit de celuy qui l’a fait imprimer. On ne sçait mesme s’il n’a pas eu part à l’édition mais on n’est pas seur de cette circonstance ».

Une dénonciation signée Domet, et datée du 11 juillet, accuse de l’impression un nommé François :

On m’assure que le noe François imprimeur imprime actuellement d. B. et le fait débitter dans Paris par une nièce qui a un petit savoyard qu’elle fait marcher devant elle avec un sac remply de ce Livre et d’autres de mesme Espece…

Un mouchard signale que le nommé Minet s’appelle en réalité Thominet. La dénonciation visant Dameret, non signée et datée du 3 juin, est adressée à l’exempt Dubut et se termine par cette phrase savoureuse :

Vous ne délaisserez pas le malheureux dans l’indigence.

Antoine Dameret payait les exemplaires 7 ou 8 livres. Michelle Neveu était une fille adoptée par Dameret et sa femme, et qui les aidait dans leur commerce de livres. On ne sait trop pourquoi Dameret est qualifié graveur. Un long mémoire justificatif, qu’il écrivit à la Bastille, expose son existence et ses déboires. D’abord cordonnier, il vint à Paris pour y monter une fabrique de savon, industrie mise à la mode « par la contagion de Marseille ». Mais son projet avorta et il dût se faire colporteur. Enfin sa femme le quitta après lui avoir emporté des marchandises (liqueurs, quincaillerie) et de l’argent. Elle se rendit à la Ferté-Milon, son pays natal, chez une de ses sœurs, qui lui conseillait de quitter Dameret après lui avoir soutiré le plus d’argent possible.

On a vu que le 11 juillet on parlait encore de l’impression de la seconde édition. Je pense qu’il s’agissait tout bonnement du brochage ou de la reliure, le tirage ayant forcément été achevé dès le début de juin.

Une lettre anonyme du 20 septembre dénonce un autre des six « éditeurs » :

Pour suprimer la planche nouvelle [les planches ?] de dom bougre et enpaicher la vente des Exemplaire il ne faut que serer les pouces au nomé Boudelot fameux colporteur il sait le magazin et en vent plus à lui seul que tous les autres en semble ; il a aussi des relasion avec des étrangé et fais plus d’un mauvais comerce il loge rue brise miche chez un cordonier, il se nome ausy Lesperance.

En décembre, enfin, la police fut de nouveau alertée. Deux musiciens, qui chantaient dans les cafés « des chansons des plus dissolues », nommés Cligny et Roussel, vendaient également le Portier. Ils le tenaient d’un boîteux qui mangeait rue des Augustins, au Panier Fleury. Le boîteux, qui se disait ancien officier, était un suédois nommé Le Baron. Il logeait au second étage, rue des Fossés-de-Monsieur-le-Prince, chez le sieur Villebrun, tapissier. C’était précédemment la demeure de Stella… Cligny et Roussel furent arrêtés sous l’inculpation de faux-monnayage. Le dossier ne dit pas si la perquisition ordonnée fut effectuée chez le suédois, ni ce qu’il advint, ensuite, de cette affaire.

La seconde édition était accompagnée d’une Suite, vendue à part, d’estampes « des plus nues ». Rien ne permet d’identifier cette seconde édition et ses gravures : ce n’était probablement qu’une réimpression textuelle de la première (avec reproduction de la Suite) et peut-être sous la même rubrique.

La troisième édition : 1748.

En janvier 1749, Simon Viélard, cordonnier, et Simon Le Clerc, gagne-deniers, furent embastillés « pour s’être mêlés du Portier ». Depuis le 20 octobre 1748, on était sur la piste d’une nouvelle édition. Une surveillance, qui n’aboutit pas, avait été établie rue et faubourg Saint-Jacques, aux alentours du magasin de la Vve Bruyère, où, tous les mardis et vendredis, un courrier de l’abbaye de Gif venait avec un cheval noir portant deux grands paniers couverts de toile cirée et contenant des papiers.

Le 2 février 1749, on interrogeait un nouvel accusé, qui venait d’être arrêté : François-Xavier d’Arles de Montigny, 47 ans, natif de Besançon, écuyer, catholique, demeurant rue Traversière, chez sa sœur, la demoiselle d’Arles.

Arles de Montigny, agent secret à Liége, avait profité de son séjour là-bas pour entreprendre l’impression de livres obscènes. Il avait fait les frais de l’édition originale de Thérèse Philosophe et d’une nouvelle édition du Portier. Ce ne peut être que celle qui porte la date 1748 et la rubrique Francfort. À la Bastille, l’écuyer-espion mangea le morceau et dénonça ses complices. L’imprimeur était un nommé Delorme Latour, libraire à Liége. (Le 17 mars 1750, il était à Paris et on demandait s’il fallait l’arrêter.)

Le 2 mars 1749, l’écuyer offrait, contre sa mise en liberté, de livrer à la police les manuscrits (sic) et planches originales de Thérèse Philosophe. Il rappelait qu’il avait dévoilé l’existence, connue de lui seul, de 1200 exemplaires du Portier aux environs de Paris, au Petit Montreuil ou à Bourg-la-Reine. Ces douze ballots du Portier furent ensuite transportés à Versailles. Ou plutôt, les deux premières indications fournies par Montigny étaient fausses, et les 1200 exemplaires avaient été déposés depuis le début à Versailles. Sur les indications de Montigny, on perquisitionna chez Michel Gamache, relieur, rue Montagne-Sainte-Geneviève, dans la maison attenante au Collège de Montaigu. Un nommé Louvet avait proposé à Gamache de faire entrer dans Paris les 1200 exemplaires du Portier. Il lui remit une carte portant un signe (c’était le valet de cœur). Gamache se rendit à Versailles, chez le voiturier Lalonde, qui lui exhiba un valet de cœur portant le même signe de reconnaissance, et lui remit les douze ballots. Gamache les conduisit au Château de Versailles, dans une chambre du deuxième étage, près de la Chapelle.

Cela peut sembler étonnant. Mais il y a plus fort encore. Une note du 26 juillet 1749, adressée à M. d’Argenson et conservée au dossier, nous apprend que la police a retrouvé les douze ballots du Portier des Chartreux à Versailles, dans la chambre du Prédicateur du Roy ! ! !

Ainsi, la première édition de Dom Bougre était vendue par un sacristain des Carmes, et la troisième édition était entreposée chez le prédicateur du Roy !…

Il ne s’agit point là d’une plaisanterie, car l’affirmation est encore répétée sur le titre même du dossier 11694 :

Le S. d’Arles de Montigny, à la Bastille en 1749.

Pour avoir fait imprimer Thérèse Philosophe et réimprimer le Portier des Chartreux.

Une partie de l’édition du Portier fut trouvée à Versailles dans la chambre du Prédicateur du Roi.

Et comme si cette preuve ne suffisait pas, deux autres documents de la Bastille nous en donnent une seconde et une troisième.

On trouve, en effet, dans la Liste des Ouvrages Imprimés qui sont au dépôt de la Bastille et destinés pour être brûlés ou mis au Pilon dans le Château, May 1749 (dossier 10505), ces deux articles :

21. — Histoire du portier des chartreux, in-12, 1741, non assemblé, dont on n’a point retiré d’exemplaires pour M. Berrier.

22. — Histoire du portier des chartreux, in-8o, 1748. 2 vol. en feuille de la chapelle du roi (sic).

Et dans un autre document de la même date (May 1749) : État des ouvrages imprimés qui sont au dépôt de la Bastille… et dont on a retiré plusieurs exemplaires pour être remis à M. Berryer Lieutenant de Police (Dossier no 7067), on trouve cet article :

no 17. — Histoire du Portier des Charteux. 2 vol. in-8o. Toute l’édition y est. Édition de 1748. Sans figures. 20 exemplaires. La feuille fait pour deux. N° saisi dans la chambre du Prédicateur du Roy à la Chapelle à Versailles.

Enfin, dans l’État des Livres saisis qui sont chès M. Berryer à la Chambre aux Livres (commencé le 6 novembre 1749) on mentionne, sous le no 16, le Portier des Chartreux sans figures. C’est certainement l’édition de 1748, puisqu’on n’a point pris d’exemplaire de 1741 pour M. Berryer.

Arles de Montigny ne fut libéré que le 16 août 1750. Ses dénonciations l’avaient peu servi.

Bibliographie.

1re édition. Janvier 1741. — Histoire de Dom B…, Portier des Chartreux. Écrite par lui-même. Avec figures. A Rome, chez Philotanus, imprimeur.

Exemplaire de la Bibliothèque Nationale (Enfer 326)[ws 1], saisi chez Alfred Bégis en 1866. Un vol. in-16 de 2 + 318 pp. Avec 1 frontispice et 16 figures libres, dont deux grandes qui se replient. La seconde partie commence à la page 193.

C’est, dit la Bibliographie Gay, l’édition la plus ancienne connue. Elle n’est citée que dans le Catalogue manuscrit du marquis de Paulmy (no 6060) mais un exemplaire est dans la collection de M. B. Les gravures qui y sont contenues, et dont quelques-unes paraissent étrangères au sujet, sont au nombre de 23 ; elles ont été gravées, dit-on, par Caylus. Elles sont bien gravées, mais assez mal dessinées. L’exemplaire de Paulmy était décoré exceptionnellement de 28 miniatures peintes sur vélin, mais il aura sans doute été détruit avec les autres livres libres de la Collection de l’Arsenal.

Je crois qu’il faut voir en cette édition de Rome, sans date, la première édition… ou la seconde. La date de 1745, donnée par Gay, est fantaisiste. On aurait sûrement mentionné aux dossiers de la Bastille une édition de 1745.

2e édition. Juin 1741. — Édition inconnue. Peut-être a-t-elle la même rubrique que la première. Voir ce que j’en ai dit dans un chapitre précédent de cette Préface.

3e édition. 1748. — Histoire de Dom B***, Portier des Chartreux. Écrite par lui-même. À Francfort, chez J.-J. Trotener, imprimeur-libraire, aux Cigognes, mdccxlviii.

Bibl. Nat. (Enfer 328)[ws 2]. Exemplaire de J. L. Hubaud. Avec 1 frontispice et 20 figures libres. Le frontispice est encadré d’ornements style Louis XV. Suite différente de la précédente. Un vol. in-8o de 288 pages.

C’est l’édition imprimée à Liége, aux frais d’Arles de Montigny.

4e édition. 1751. — … A Rome, chez Philotanus, 1751.

Citée par Gay, sans autre précision.

5e édition. 1756. — … A Rome, chez Philotanus. 1756.

Un vol.petit in-8o de 290 pages et figures. Cité par Gay.

6e édition. 1771. — … 1771 (sans indication de rubrique).

Unvol. inv in-8o avec une Dédicace Satyrique à M. de Sartine. Cité par Gay. Je n’ai rencontré aucune des quatre éditions contenant cette Dédicace.

7e édition. 1772. — Histoire de Gouberdom, Portier des Chartreux. Première Partie. Cette édition a été revue, corrigée et augmentée sous les yeux du Saint-Père.

Communiqué par un libraire. Un vol. de 6 + 333 pages. Avec 1 frontispice, 20 planches libres et une vignette gravée dans le titre : sur un canapé, le Pape relève les jupes d’une femme. Un exemplaire incomplet à la Bibl. Nat. (Enfer 846).

Édition augmentée de plusieurs pièces de vers : 1. On baise la mule du Pape. L’origine de cette cérémonie (39 vers). — 2. Félicités éternelles (12 vers). — 3. Imitation (4 vers). — 4. Chapitre général des Cordeliers (172 vers). La première est au début, les deux suivantes à la fin de la première partie et la dernière à la fin du volume.

8e édition. 1776. — Histoire de Dom B… — … 1776 (sans indication de rubrique).

Un vol. in-8o, avec la Dédicace à M. de Sartine. Cité par Gay.

9e édition. 1777. — … 1777 (sans indication de rubrique).

Un vol. in-8o, avec la Dédicace à M. de Sartine. Cité par Gay.

10e édition. 1777. — Histoire de Dom B***, Portier des Chartreux. Écrite par lui-même. Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée, sous les yeux du Saint-Père. Avec vingt-une figures en taille-douce. Première Partie. À Rome. Aux dépens des Chartreux, mdcclxxvii.

Bibl. Nat. (Enfer 329). Deux vol. de 4 + 176 et 4 + 115 pages. Avec 1 frontispice et 8 figures seulement, sur les 20. Frontispice différent de 1748.

Cette édition de 1777 n’a pas la Dédicace à M. de Sartine. Elle est donc différente de la précédente.

11e édition. 1781. — Histoire de Gouberdom… Rome. 1781.

Deux parties, grand in-8o, avec 1 frontispice et 22 figures différentes de toutes les autres éditions. Cité par Gay.

12e édition. 1783. — Histoire de Gouberdom, Portier des Chartreux. Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée sous les yeux du Saint-Père. Première Partie. À Rome, mdcclxxxiii.

Communiqué par un libraire. Deux vol. de 2 + 250 et 2 + 175 pages. Avec 1 frontispice et 18 figures (sur 19), tirées en sanguine pâle. M. D. possède 2 exemplaires incomplets de la même édition. L’un a les gravures tirées en noir, l’autre en sanguine pâle.

13e édition. 1784. — Le Portier des Chartreux… Bruxelles. 1784.

2 tomes in-18, figures. Cité par Gay.

Je crois que la rubrique est, en réalité : Londres. Voir ma note à la 21e édition.

14e édition. 1786. — Histoire de Gouberdom… Rome. 1786.

Deux parties, grand in-8o, avec 1 frontispice et 12 gravures. Cité par Gay.

15e édition. 1787. — Histoire de Dom B… 1787.

Un vol. in-8o, avec la Dédicace à M. de Sartine. Cité par Gay.

16e édition. 1787. — Mémoires de Saturnin, Écrits par lui-même. Nouvelle édition, corrigée et augmentée, avec Figures. Première Partie. À Londres, mdcclxxxvii.

Bibl. Nat. (Enfer 330-331). Deuxvol.  de 4 + 235 et 4 + 151 pages. Exemplaire saisi chez Alfred Bégis en 1866. Avec 1 frontispice et 23 figures libres, gravées par Elluin et Borel. Un second exemplaire (Enfer 889)[ws 3] est sans gravures, mais dans le format in-8o, sur grand papier teinté vert.

Première édition Cazin. C’est la suite — la plus belle de toutes — dont nous avons reproduit les figures les plus intéressantes.

17e édition. 1788. — Le Portier des Chartreux. Londres. 1788.

vol. in-18 (Cazin) avec 24 figures. Il y a des exemplaires in-8o sur papier d’Angoulême ou d’Annonay. Cité par Gay.

18e édition. 1789. — Mémoires de Saturnin. Londres. 1787.

Contrefaçon de la première édition Cazin. Citée par Gay. Je la place à 1789.

19e édition. 1789. — Histoire de Gouberdom. Versailles. 1790.

Deux parties in-18, 175 et 126 pages et 20 gravures. Avec une Épitre Dédicatoire à Marie-Antoinette. Cité par Gay.

20e édition. 1830. — Le Portier des Chartreux ou Mémoires de Saturnin. Nouvelle édition, imprimée sur le vrai manuscrit de l’auteur, après sa mort. Tome premier. Londres. 1788.

Bibl. Nat. (Enfer 1003). Couverture imprimée sur papier bleu. 2 vol. de 168 et 88 pages. Avec 23 lithographies coloriées. Pas de frontispice.

Édition faite vers 1830 et qui doit reproduire le titre de la deuxième édition Cazin. L’histoire du « vrai manuscrit de l’auteur » ne doit être qu’une supercherie destinée à justifier de nombreuses coupures dans le texte. On sait que Gervaise de Latouche était mort en 1782. Il est peu probable qu’il ait conservé un manuscrit aussi compromettant. Cette édition de 1830 — et sans doute celle de 1788 — contient deux pièces de vers : page 5 du tome i : Épitre au Portier des Chartreux (12 vers). — Page 5 du tome ii : Conversion du Portier des Chartreux (12 vers).

21e édition. 1835. — Le Portier des Chartreux ou Mémoires de Saturnin. Nouvelle édition, imprimée sur le vrai manuscrit de l’auteur, après sa mort. Orné de vingt-six gravures. Tome premier. Londres. 1784.

Bibliothèque D. Deux tomes de 216 et 114 pages. Avec 1 frontispice et 25 gravures.

Les deux pièces de vers de l’édition précédente sont également reproduites. Réimpression faite vers 1835. Gay la mentionne, avec la rubrique 1783 ou 1784. Je crois qu’il y a une confusion de plus à l’actif de la Bibliographie Gay. La treizième édition doit porter la rubrique Londres, 1784. C’est celle-ci (1835) qui aurait été réimprimée à Bruxelles, sous la même rubrique et la même date. Dans tous les cas, la mention du manuscrit de l’auteur aurait vu le jour en 1784 et non en 1788.

22e édition. 1840. — Histoire de Dom B… Rome. 1777.

Deux tomes in-12 à 17 francs. Réimpression allemande, sur mauvais papier et sans figures, citée par Gay, et que je place à 1840.

23e édition. 1867. — Le Portier des Chartreux. Amsterdam. 1867.

Deux vol. in-12, avec 16 figures d’après les Cazin. Prix : 16 frs. Cité par Gay.

24e édition. 1874. — Le Portier des Chartreux. Grenoble, imprimerie de la Grande-Chartreuse.

Deux parties in-8o, avec 1 frontispice et 21 figures. Catalogue Vital-Puissant, 1874. Cité par Gay.

25e édition. 1875. — Édition complète, collationnée sur l’édition originale. Le Portier des Chartreux ou Mémoires de Saturnin, écrits par lui-même. Amsterdam. 1875.

Communiqué par un libraire. Couverture muette. Titre en rouge et noir. Un vol. in-24, de 4 + 231 pages, sur super-royal teinté. Tiré à 60 exemplaires sur super-royal et 15 sur Hollande.

La mention du titre n’est pas exacte, car cette édition n’est pas plus complète qu’aucune de celles du xixe siècle.

26e édition. 1883. — Le Portier des Chartreux ou Mémoires de Saturnin, écrits par lui-même. Amsterdam. 1883.

Bibliothèque D. Couverture muette. Titre en noir. Un vol. in-16 de 207 pages, sur beau vergé à la forme.

27e édition. 1889. — Le Portier des Chartreux ou Mémoires de Saturnin, écrits par lui-même. Amsterdam. 1889.

Titre en noir. Un vol. in-12 de 4 + 212 pages, sur vergé. Un autre exemplaire, communiqué par un libraire, contenait 2 frontispices et 25 figures libres, d’après plusieurs Suites anciennes.

28e édition. 1908. — J.-Ch. Gervaise de Latouche, avocat au Parlement de Paris. Histoire de Saturnin, Portier des Chartreux, écrite par lui-même (A. D. 1741). Version complète originale, collationnée sur le manuscrit n° 412 B de la Bibliothèque de l’Arsenal (Fonds de la Bastille), et purgée des addenda et variantes apocryphes contenues dans les éditions modernes. Paris, mimviii.

Bibliothèque D. Couverture imprimée en rouge et noir, ainsi que le titre intérieur. Un vol. in-8o de 199 pages, sur beau vélin à la forme. Avec 1 frontispice et 9 figures libres, modernes, en héliogravure, tirées en bistre foncé.

Le sous-titre n’est qu’une supercherie. On assure que cette réimpression fut préparée par Armand Silvestre. Toujours est-il qu’il n’y a point à l’Arsenal de manuscrit du Portier des Chartreux, et que la cote est purement fantaisiste[11]. Cette édition est réduite d’un bon tiers. En fait d’addenda et de variantes apocryphes, d’ailleurs, les éditions modernes n’ont à leur compte que de nombreuses suppressions. À part cela, cette réimpression est belle, et la suite bien dessinée.

29e édition. 1915. — Le Portier des Chartreux ou Histoire de Saturnin. Écrite par lui-même. Paris. Chez tous les Libraires.

Bibl. L. P. Couverture imprimée en noir. Un vol. in-16 de 2 + 202 pages, sur beau vélin surglacé. Avec 1 frontispice et 9 figures libres.

Réimpression de l’édition et de la Suite de 1908. Je crois qu’il y eut d’autres tirages, ultérieurement.

Deux jugements sur le “ Portier ”

Veut-on savoir comment les contemporains ont accueilli le Portier des Chartreux et quel jugement ils ont porté sur ce roman licencieux ? Nous avons la chance de posséder un document significatif à ce sujet. C’est la lettre insérée, en 1742, dans la cinquième édition des Amusemens du cœur et de l’esprit, et dont nous avons parlé plus haut. En voici la première partie, qui contient une critique sévère de Dom Bougre :

Extrait d’une lettre de paris du 1 juin 1741.

On nous menace d’une nouvèle Edition d’un Livre qui rencherit sur toutes les horreurs que la licence de la presse a répanduës depuis quelques années. Vous devinez bien à ce caractère qu’il s’agit du Portier des Chartreux. Devroit-on seulement le nomer ; et à titre d’ouvrage d’agrément mérite-t’il une place dans nos fastes Littéraires ? Si ce Livre, avec toutes ses obscenités, étoit d’un médiocre mérite dans son genre (qu’on me passe cette qualification) il faudroit sans doute l’abandoner au sort qui est réservé aux mauvais ouvrages : bientôt un profond oubli puniroit la témérité de l’Ecrivain. Mais l’inconvenient de le faire conaître à ceux qui pouroient l’ignorer et qui ne doivent jamais le lire, peut-il balancer l’interêt des mœurs ; et peut-on enfin laisser passer un ouvrage de cette nature sans le noter du moins d’infamie ?

Quand on a lu ce sale Roman, on est presqu’autant indigné de la profanation du talent qu’il décele dans l’Ecrivain, que de toutes les horreurs dont il est rempli. On seroit tenté de plaindre un home qui a pu abuser de son esprit d’une maniere aussi criminelle, si un pareil abus méritoit des sentimens aussi moderés. Il faut bien peu respecter les homes pour respecter aussi peu leurs mœurs. Raconter que des Ecrivains délicats et polis nous peignent l’amour et la volupté sous les trais les plus séduisans, mais couverts d’un léger voile et d’une gaze déliée, qu’il seroit permis quelquefois de tracer des crayons agréables de nos plaisirs, pourvu qu’ils dérobent aux yeux ce qu’on présente à l’imagination ; ces peintures ne seront dangereuses que pour ceux qui se trouveront dans la disposition du danger : mais la vuë mème des objets tels que les ofre le Portier, et les nudités qui animent ses tableaux soulevent et font rougir l’honète home. Comparer ce Livre à l’Aretin, l’Aloysia et pareilles ordures, ce seroit en afaiblir l’idée. Le libertinage y est encore plus rafiné, et la débauche la plus exercée n’a jamais rien étalé de si lubrique. L’amour naturel et l’antiphysique y forment mile tableaux diférens et s’y peignent sous toutes sortes de formes. Au reste on y aperçoit beaucoup d’esprit et un grand feu d’imagination, mais qui paraît partout allumé du feu de la débauche qui l’a dicté. C’est la lubricité mème distilée dans une suite d’images et réchaufée par les expressions les plus libertines. L’ouvrage n’est pas également soutenu partout, il y a des imaginations pitoyables, et le libertinage de l’esprit semble avoir entraîné celui du stile, point d’art dans les transitions. A côté d’endroits merveilleux, on en trouve de négligés qui dégoutent par la bassesse et l’inégalité de l’expression ; on diroit que ces négligences sont un coup de l’art dans une pareille matiere ; il y a de tems en tems de l’élévation, de l’élégance, de la Poësie mème ; mais ce n’est le plus souvent qu’un alliage bizarre du langage le plus épuré avec celui des Cieux qui ont inspiré l’Auteur. Enfin toutes les regles du Roman sont violées dans celui-ci : Religion, mœurs, honèteté, vérité, vraisemblance, rien n’est ménagé. Quelque soit l’Auteur de cét ouvrage, s’il a cherché en le composant, la gloire que tout home d’esprit cherche à tirer de ses productions, et qui en est le tribut legitime, il mérite d’en être privé et d’être éternellement enseveli sous les ténebres dont il est couvert. Si c’est pour satisfaire sa propre corruption, c’est un monstre dans la societé et un empoisoneur public.

Voilà, Monsieur, ce que je pense, et de l’Auteur, et du Livre en question. Il s’agit de vous en décrire la marche, et j’aurai fait en deux coups de plume.

Suit une longue analyse du roman, qui montre du moins que le sévère censeur l’avait lu et relu avec attention…

La Bibliographie Gay[12] de son côté, reproduit un jugement dont elle n’indique pas la source, et qui est fort élogieux dans sa concision :

L’histoire de dom B… est aussi remarquable par sa hardiesse philosophique, sa composition ingénieuse, son style rapide et correct, que par son obscénité. En somme, l’Histoire de dom B… est, en prose, un ouvrage aussi remarquable que l’est, en vers, l’Ode à Priape, de Piron. On y trouve un portrait de l’abbé Desfontaines plus hardi que tous ceux qu’on lit dans Pétrone.

On ne saurait mieux dire, à mon avis.



Un seul mot, pour terminer.

La présente réimpression, qui constitue, sauf erreurs ou omissions, la trentième édition du Portier des Chartreux, a été soigneusement revue sur l’édition de Rome, chez Philotanus, qui doit être l’édition originale, et qui est, en tous cas, la plus ancienne édition connue. Si l’on compare le texte que nous donnons à celui de 1908, par exemple, on s’apercevra que l’ouvrage est augmenté d’un bon tiers. Je n’ai pu rencontrer que peu d’éditions du xixe siècle du Portier, mais toutes celles que j’ai vues étaient plus ou moins incomplètes, par rapport à l’édition de 1741. En particulier, la suppression des passages philosophiques a donné au roman des jeunes Billard et Gervaise l’allure d’un ouvrage uniquement et bassement obscène.

Qu’on le lise attentivement, dans son texte correct et intégral, et l’on souscrira sans peine, j’en suis convaincu, au jugement cité par la Bibliographie Gay.

En tous cas, et quelque opinion que l’on ait sur la littérature érotique, si l’on considère la date à laquelle il fut écrit et le jeune âge de ses auteurs, on ne refusera pas du moins au Portier des Chartreux le mérite de l’originalité et la gloire d’avoir, avant Candide et Zadig, créé le prototype d’une formule de roman dont le succès est loin d’être épuisé, après bientôt deux siècles.

Helpey,
bibliographe poitevin.



Illustration Histoire de Dom Bougre, Portier des chartreux
Illustration Histoire de Dom Bougre, Portier des chartreux

  1. C’est moi qui donne cette date ; je dirai pourquoi plus loin.
  2. Ainsi, Gervaise — à moins qu’il ne s’agisse de Billard ! — serait né en 1719.
  3. Faut-il lire que Desportes loge vis-à-vis la boutique du portier, ce qui n’a aucun sens, ou plutôt comme je le crois, que Billard allait chez Desportes chercher des exemplaires du Portier ?
  4. Il n’y a aucune trace de ce M. Is… et de son aventure dans le dossier 15505.
  5. La 2e édition de la Bibliographie Gay disait : «… et la 18e gravure », ce qui offre un sens différent.
  6. Faut-il lire qu’il n’avait pas reçu un sou, ou qu’il n’avait été payé qu’en partie ?
  7. Chiffre indiqué par l’abbé. Le tapissier Blangy, lui, dit 2000 exemplaires.
  8. Ce chiffre de 28 coïncide avec les 28 miniatures de l’exemplaire Paulmy, Voir la Bibliographie.
  9. J’en donne plus loin un large extrait.
  10. Ce Minet se nommait en réalité Thominet, comme on verra plus loin.
  11. Le Fonds de la Bastille commence à la cote 10001.
  12. Deuxième édition, 1864.


Notes de Wikisource

  1. Note de Wikisource : voir Gallica
  2. Note de Wikisource : Voir Gallica
  3. Note de Wikisource : Voir Gallica