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Histoire des églises et chapelles de Lyon/Église Saint-Joseph

La bibliothèque libre.
H. Lardanchet (tome Ip. 213-215).

SAINT-JOSEPH

La paroisse et l’église Saint-Joseph doivent leur origine à M. l’abbé Viennois. Il naquit à Lyon le 25 décembre 1835. Formé à l’institution des Minimes, par des maîtres expérimentés, son caractère ne cessa de s’affirmer vif, spontané et plein d’initiative. Ses études achevées, alors qu’on s’attendait à le voir fixer son choix sur une carrière libérale, il se prononça nettement pour la vocation ecclésiastique. En 1854, il était admis au séminaire d’Issy, et le 9 avril 1859, recevait la prêtrise à Lyon, des mains du cardinal de Bonald. Nommé vicaire à Chazelles-sur-Lyon et bientôt à Saint-Nizier, il y exerça le ministère en apôtre dont le zèle et l’activité ne se démentaient en aucune circonstance. Sa nature était bouillante jusqu’à l’emportement, mais la grâce la rendit maîtresse d’elle-même par l’exercice constant de la patience et de la douceur.

Saint-Joseph
(Projet de M. André, architecte).

L’abbé Viennois trouvant dans sa foi de généreuses inspirations, ne songe qu’à faire du bien autour de lui. Jeune, riche, intelligent, plein de cœur, il veut être prêtre, c’est-à-dire se dévouer, âme, corps et biens, à ceux qui souffrent et ont besoin de lui. Appelé par la confiance de son archevêque, en 1872, à fonder une paroisse dans le quartier des Brotteaux, il devient pasteur d’âmes et ne recule pas devant les responsabilités. Aussi la personnalité si accentuée de M. Viennois prit-elle une influence considérable dans le milieu populaire où la Providence l’avait placé. Tout était à créer, à fonder, à élever, au matériel et au moral. Il y prit peine. Ses journées entières furent occupées à passer d’une mansarde à l’autre ; il donnait des secours, des conseils, prodiguait les paroles affectueuses et laissait dans des sentiments de résignation chrétienne des pauvres jusque-là irrités et désespérés. Pour aider à cette tâche il institua : confrères du Saint-Sacrement, dames de charité, œuvres diverses, patronages, écoles, etc. Il n’y eut pas jusqu’à la colonie italienne, si nombreuse aux Brotteaux, à laquelle il n’assurât un abri et des exercices particuliers dans son église.

Dès son installation, il avait établi dans la rue Ney, une chapelle provisoire ; l’église définitive fut construite sur un terrain, acquis en 1882, situé sur la lisière du parc de la Tête d’Or et qui couvrait une surface de 2.600 mètres. La construction en fut confiée à M. André, architecte.

La bénédiction de l’édifice fut accomplie, le 15 octobre 1888, par le cardinal Foulon, archevêque de Lyon. Le monument toutefois n’est pas achevé. Il ne comporte présentement que la façade et les trois nefs jusqu’au transept ; celui-ci reste à construire ainsi que tout le chœur. M. Viennois mourut le 27 janvier 1892. Ses restes reposent au cimetière en attendant qu’ils soient rendus un jour à l’église qui fut le témoin d’une si noble existence.

Le chanoine Viennois, curé de Saint-Joseph.

Le maître-autel de marbre blanc est orné dun bas-relief : la Sainte Famille, et surmonté d’une statue de saint Joseph. Au fond du chœur se trouvent les orgues et de chaque côté deux groupes : sainte Anne instruisant Marie enfant, et Notre-Dame de Pitié. En avant du chœur, un tableau représentant le Christ en croix.

Les basses nefs n’ont pas encore leurs chapelles. Deux autels provisoires en bois peint sont surmontés des statues de la Vierge et du Sacré-Cœur, à qui ils sont dédiés. Dans les retraits ménagés pour placer les confessionnaux on a mis, d’un côté un autel à saint Antoine de Padoue, de l’autre un grand reliquaire renfermant des objets qui ont servi au bienheureux Vianney, curé d’Ars. Au fond de la nef se trouvent deux chapelles surmontées d’une petite coupole : à droite celle de la Croix, à gauche celle du baptistère, où trois anges dorés présentent un reliquaire ainsi disposé : au milieu se voit une relique de saint Joseph et tout autour de nombreuses reliques de saints, rangées en douze compartiments, suivant les mois de leur fête.

Saint-Joseph (État actuel.)

Les vitraux de l’église Saint-Joseph ont tous été donnés par M. et Mme Collin, au nom de Mme Clauri. En voici la description. Ceux de la petite nef de droite représentent : 1° le Mariage de saint Joseph ; 2° la Naissance du Sauveur ; 3° l’Adoration des bergers ; 4° les Mages ; 5° la Présentation de Jésus au Temple ; 6° Joseph, époux de la Vierge Marie, est averti par l’ange de fuir en Égypte. Dans la basse-nef de gauche : 1° la Fuite en Égypte ; 2° le Recouvrement de Jésus au Temple ; 3° la sainte Famille en prière ; 4° la sainte Famille au travail ; 5° la Mort de saint Joseph ; 6° M. l’abbé Viennois offre et dédie l’église paroissiale à saint Joseph. Le fond de la nef est éclairé par une grande verrière : on y a représenté la Reine des anges entourée de vingt-quatre sujets contenus dans douze grands et douze petits médaillons. Ce vitrail, qu’on a placé récemment, n’est autre que la Mission de Jeanne d’Arc, verrière qui se trouvait à Fourvière et qui y a été remplacée par une composition semblable mais d’un autre artiste. Toutefois, pour adapter le vitrail primitif à l’espace restreint de l’église Saint-Joseph on en a enlevé tout ce qui rappelait Jeanne d’Arc.

La chaire, en bois sculpté, est remarquable. Autour du pied s’enroule le serpent tentateur ; les panneaux de la cuve représentent le Christ assis, tenant un livre et entouré des quatre évangélistes ; l’abat-voix est supporté par des anges portant des flambeaux, et dominé par un ange qui tient une trompette et une palme ; contre l’escalier, un bas-relief représente les quatre grands prophètes de l’Ancien Testament. Cette belle chaire est signée Hre Morel, architecte à Lyon, et L. André, sculpteur à Angers.