Histoire des églises et chapelles de Lyon/Église Saint-Paul

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H. Lardanchet (tome Ip. 171-180).

SAINT-PAUL


I l nous a paru nécessaire de recueillir dans un chapitre spécial les églises et couvents du quartier Saint-Paul ; aussi après l’histoire et la description de son majestueux édifice paroissial, avons-nous placé une étude sur les Recluseries dont plusieurs avoisinaient cette église, enfin sur la chapelle Saint-Épipode, vulgairement appelée Saint-Épipoy. Nous devrons revenir, au cours des chapitres suivants, sur les Recluseries dépendantes des autres groupements cultuels, et, en retraçant ici les lignes de leur histoire commune, nous nous sommes bornés à retenir, dans leur histoire particulière, ce qui concerne les institutions voisines de Saint-Paul.

Saint-Paul est une des plus anciennes églises lyonnaises subsistantes. On sait que l’enceinte du Lyon gallo-romain occupait à peu près l’emplacement du cinquième arrondissement d’aujourd’hui, le faubourg de Vaise excepté : les voies qui descendaient de Fourvière convergeaient toutes vers la place du Change actuel, et, sans doute, elles se prolongeaient par un pont sur la Saône qui reliait l’oppidum et la colonie romaine au pagus gaulois de la colline Saint-Sébastien, le bas de la Croix-Rousse actuelle. Entre le pont de pierre et l’église Saint-Paul se pressaient des associations actives de riches marchands et d’artisans ; les plus notables plombiers, par exemple, les Tertinii, habitaient à la hauteur de la rue de l’Angile. C’était à l’ancien port Saint-Paul, au point où aboutit la passerelle Saint-Vincent, qu’on débarquait les marchandises ; là aussi se trouvait un bureau de douanes ; la population se composait principalement de bateliers, corporation des plus estimées. Le musée possède de nombreuses épitaphes, rappelant les nautes, — celle, par exemple, de Tauricius Florens, patron des bateliers de la Saône, inscription découverte dans l’ancienne rue de la Boucherie-Saint-Paul.

Il n’est pas niable qu’il y eut, parmi les marchands qui atterrissaient au port Saint-Paul, des négociants d’Asie et de Grèce, qui avaient accompagné les premiers apôtres de la Gaule dans leur voyage, il est donc possible que plusieurs habitants de l’antique quartier aient versé leur sang pour le Christ, avec les Pothin et les Blandine. En tout cas l’histoire a conservé le nom des saints Alexandre et Épipode, martyrs, dont le culte s’est maintenu dans le quartier Saint-Paul et sur lesquels nous reviendrons à propos de la chapelle Saint-Épipoy.

Les textes les plus authentiques attribuent à saint Sacerdos, évêque de Lyon, mort en 552, la fondation de l’église Saint-Paul. Une charte publiée par les Bénédictins dans la Gallia christiana, confirme cette fondation et apprend que le fils de Clovis favorisa, en cette entreprise autant qu’en beaucoup d’autres, le zèle du pieux pontife. L’église telle qu’elle est aujourd’hui déconcerte le premier regard, si on la considère de la place Gerson : flèche et pyramide gothiques, fenêtres ogivales, porte romane, dôme byzantin, appareils en pièces à losange ou en chaîne de briques, ces formes mêlées semblent l’avoir été par un caprice ou par la succession des siècles insoucieux d’harmonie. Mais à l’étudier de près, le monument montre de profondes cohésions de styles variés.

Hugues, archevêque de Lyon, réédifia l’église de 1084 à 1106. Le plan général était dès lors arrêté, mais l’exécution en fut lente selon l’usage : elle se prolongea jusqu’au milieu du xiiie siècle. Par sa coupole et l’union du plein cintre roman et de l’ogive dans les arcs, Saint-Paul n’en prend pas moins rang, au xiie siècle, parmi les heureuses réalisations du romano-ogival primaire. Ce style se distingue déjà, on le sait, du roman pur par une richesse sans cesse croissante d’ornementation ajoutée à ses deux caractères originaux.

Des modifications répétées n’ont pas enlevé à la vénérable collégiale cette marque initiale. En 1440, Pierre Ier de Charpin, chamarier de Saint-Paul, commença un nouveau clocher qu’acheva son neveu Pierre II, également chamarier : ce clocher était carré, percé sur chaque face de deux fenêtres divisées en deux baies par un meneau. La tour était surmontée d’une petite flèche en pierre dite l’aiguille, que l’architecte Flachéron démolit en 1818. parce qu’elle menaçait ruine. La conséquence de cette destruction fut qu’on ne put épargner le support de la flèche, appareil en encorbellement d’un très remarquable travail, et parmi les matériaux duquel il y avait de vieilles dalles tumulaires dont on conserve plusieurs au musée du Palais des Arts.

Aux flancs du clocher, du côté nord, a survécu une tourelle à cône aigu, à étroites meurtrières. En 1875, on éleva la flèche actuelle, de style gothique où l’on employa le bois au lieu de la pierre, par la crainte que le clocher ne pût soutenir une flèche en pierre, précaution peut-être sage mais qui n’atténue pas le regret qu’on éprouve de la double offense faite ainsi aux vieilles parties de l’édifice. Un an plus tard on commit une pareille contradiction en érigeant une porte gothique à la place de l’entrée primitive qui était, à n’en pas douter, romane, comme l’était le corps principal et mieux soignée encore. On n’a conservé qu’une seule des quatre colonnes qui ornaient le porche du xiie siècle et sur lesquelles retombait la voussure : elle est belle de proportions et de lignes ; le fût en choin de Fay est légèrement renflé au milieu, et couronné d’un chapiteau au galbe élégant que décorent des feuilles d’acanthe et des feuilles d’eau.

Le clocher renferme onze cloches. Il n’en avait que cinq au temps de Quincarnon, vers 1680 ; c’étaient, dans l’ordre chronologique de leur baptême du xvie au xviiie siècle : Anne, Marguerite, (Catherine, la plus grosse, Paul, Élisabeth-Éléonore, la plus petite, baptisée en 1626 et, qui n’a pas déserté son poste. Toutes les autres sont modernes. Le 13 avril 1856, M. Beaujolin, vicaire général de Lyon, en bénit une de huit cents kilos, offerte par un ancien vicaire, l’abbé Thévenon, et le cardinal de Bonald en bénit six autres, le 25 janvier 1865.

Saint-Paul. L’abside. État actuel.

Au-dessous de la corniche supérieure et surtout dans la partie nord se profile une série de médaillons, avec rosaces surmontées de têtes grimaçantes qui représentent les signes du zodiaque et les esprits des ténèbres écrasés par l’église triomphante : ces médaillons sont fort variés, ce qui les date de l’extrême période romane. La porte latérale Saint-Laurent, avec son opulente archivolte bordée de zigzags très habilement ordonnancés, est une preuve de romanisme plus précise et meilleure encore. Mais la partie la plus remarquable de l’intérieur est sans conteste la coupole où l’on ne sait qu’admirer le plus de la simplicité majestueuse ou de la fermeté du dessin. Elle comprend deux dômes octogones superposés, qui s’élèvent au point d’intersection de la nef, iU sanctuaire et des bras du transept. Le petit dôme ou lanterneau, surmonté d’une croix, percé de huit petites arcades à jour, est une addition assez louable de 1835. Le grand dôme a deux rangs superposés aussi d’arcatures irrégulières et dissemblables. Trois formes paraissent nettement dans la disposition des colonnettes autour de la coupole ; le plein cintre, l’ai-c surhaussé et l’ogive. Et nous voici par le plein cintre des arcs dégénérant en une véritable ellipse, et accouplés à des ogives lancéolées : par les colonnettes fasciculées masquant les angles de l’octogone ; par la légèreté des archivoltes ; par les crochets des chapiteaux, à une troisième période, ou même si l’on tient le roman-latin pour un style distinct, à une quatrième phase de l’architecture religieuse, à l’aurore de l’art gothique.

À l’intérieur, on voit une nef principale formée de deux travées, deux basses nefs, deux rangs de chapelles latérales, un transept et un chœur. Les travées sont déparées par des arcs doubleaux et les arcs de la dernière vers l’autel sont plus larges. Les piliers sont cantonnés de pilastres cannelés. La nef est éclairée par des baies romanes, les croisillons reçoivent la lumière par deux rosaces, le chœur et les bas-côtés, l’un, par les ouvertures du dôme, les autres par les baies ogivales des chapelles. L’église a une longueur de quarante-cinq mètres dans œuvre, et une largeur moyenne, y compris les chapelles, de vingt-sept mètres cinquante, enfin une hauteur sous voûte de 16 mètres. Une rosace, établie en 1878, éclaire la tribune de la porte principale que surmonte une arcature à triple division.

Indiquons brièvement les restaurations : en 1648, Jérôme de Chalom étant chamarier, le chapitre ordonna de grands travaux, que rappelle une inscription latine de cette même date ; la dépense en fut de 40.000 livres. C’est alors aussi que fut construit le portail d’ordre dorique, à mi-colonnes, à fronton triangulaire, qui ne fut remplacé qu’en 1877. Il n’y avait jusque-là que moitié mal ; le mal tout entier fut accompli en 1780 par l’architecte Decrenice, mais sous la responsabilité du chapitre, du curé Charles Colomb, et du chamarier Dominique Perrichon. Chapelles, pilastres, chapiteaux, tout fut martelé puis épaissi et comme confit de plâtre ; l’église, en son ensemble, perdit sa vraie physionomie et sa vraie stature, à cette enveloppe et à cette construction que l’on osa bien appeler une manière de « reconstruction immobile. »

Les chanoines confièrent des sculptures à Chinard : en 1780, l’artiste, très jeune encore fit les quatre évangélistes, statues en pierre de huit pieds de hauteur, pour les pendentifs du dôme, en 1781, saint Paul et saint Sacerdos, statues en pierre blanche de grande dimension ; toutes ces statues furent détruites par la Révolution. En 1833, Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques, écrivait sur Saint-Paul dans un rapport : « Cette église tombe en ruine, il est probable qu’on sera forcé de la démolir. » Il exagérait, mais pas trop : en 1836 on se résolut à une consolidation et à un nettoyage en règle ; les chevrons pourris par les eaux furent renouvelés : c’était bien et urgent ; les nervures de marbre de la chapelle des fonts baptismaux furent dégagées du plâtre : c’était mieux ; le sanctuaire fut orné de médaillons en demi-relief représentant Notre-Seigneur et les douze apôtres, embelli de frises, de rinceaux, de pampres courant sur un fond d’or, c’était au moins discutable. Puis on ne manqua pas d’ajouter à cet embellissement une mise au point maladroite, — pour l’honneur de l’art, disait-on.

On imagina, par exemple, de réduire à un diamètre uniforme les fenêtres de la grande nef. On laissa le sculpteur Prost, habile d’ailleurs, établir un maître-autel renaissance et Legendre-Héral ajouter à la coupole quatre évangélistes peu dignes de son talent. Il y eut toutefois un résultat à ce remaniement. Anthelme Benoît, l’architecte responsable de ces œuvres, découvrit, sous le pavé du sanctuaire, des restes de mosaïque qui ne sont pas pour confirmer l’opinion que Saint-Paul est bâti sur les ruines d’un temple de Diane.

Frédéric Benoît, de 1875 à 1877, remit à neuf le clocher et la façade ; il sera permis de réitérer ici nos réserves sur sa flèche en bois de chêne revêtue d’ardoises d’Angers ; ajoutons qu’au demeurant l’architecte eut à compter avec la parcimonie de la subvention municipale d’où il tirait ses ressources : on ne restitue pas ni on n’imite du xiie siècle moyennant six mille francs. Le portail principal de 1877, avec sa galerie à jour et sa
saint-paul au début du xixe siècle
D’après une lithographie de Chapuy
rosace, est de bon style ; le tympan de pierre représente la conversion de saint Paul sur le chemin de Damas. Les armes de Pie IX sont sculptées dans le fronton ; au flanc septentrional se voient celles de l’ancien chapitre et celles de Gerson : au-dessus de la rosace, celles de Léon XIII et du cardinal Caverot.
Saint-Paul. Le clocher.

En 1897 enfin. M. le curé Boiron prit à cœur de rendre visible toute la beauté de sa chère église, en l’aérant, en la démaillotant de ses amas de plâtras et en restituant aux membres leur liberté, sans rien profaner du corps : réparation de la toiture, rejointage des murs, consolidation des corniches et des supports du lanterneau, reprise pièce à pièce de l’appareil alterné de pierre et de brique sur la façade, piquage du plâtre accumulé de Decrenice, telle fut la besogne modeste et intelligente où il s’appliqua. Aujourd’hui Saint-Paul est rendu à son art primitif pour la plus grande joie des archéologues et la commodité des fidèles. Saint-Paul compte trois nefs et des chapelles latérales. Le chœur est vaste ; le maître-autel, œuvre du sculpteur Prost, est bien dégagé. Il est de marbre blanc et décoré d’un bas-relief : le Bon Pasteur entouré de saint Étienne et de saint Paul. Derrière le maître-autel se trouvait autrefois un petit autel dédié à saint Sacerdos. Aux quatre angles du chœur, statues de saint Étienne, saint Laurent, saint Alexandre et saint Épipode, vulgairement appelé saint Épipoy. Au-dessus de l’autel s’élève une vaste coupole octogonale, décorée, en 1900, par les soins d’un artiste lyonnais, M. Blain ; il y a peint notamment les blasons du cardinal de Gondi, des Villars, de l’évêque Particelli et enfin du cardinal Girard. Huit vitraux déversent sur le chœur une lumière abondante, ils sont l’œuvre de notre collaborateur M. L. Bégule, et représentent des anges, sauf une verrière dans laquelle on voit saint Sacerdos, évêque de Lyon, offrant à Notre-Seigneur l’église Saint-Paul.

Derrière l’autel s’ouvre une ample abside, décorée de superbes fresques par M. P. Borel. Dès l’entrée, il a peint les blasons de Léon XIII, de Robertet, évêque de Damas et suffragant de Lyon, de la province de Forez, du chapitre de Saint-Paul, de Pierre d’Albon, archevêque de Lyon, enfin du cardinal Coullié ; à la voûte les armes de Gerson et celles de la ville de Lyon. Trois immenses fresques décorent les parois de l’abside, elles font le plus grand honneur à l’éminent artiste dont elles sont l’œuvre ; elles rappellent la vie de saint Paul en trois scènes : sa conversion, sa prédication, son martyre. Entre chaque tableau on a représenté les saintes Thècle et Lydie, filles spirituelles du grand apôtre.

Tympan du portail latéral (Saint-Paul).

Dans l’église s’ouvraient autrefois dix-neuf chapelles ; présentement on n’en compte plus que seize, dont trois ne servent plus au culte. Nous allons les parcourir rapidement. Tout auprès de l’abside, du côté de l’épître, se trouve la chapelle de la Sainte-Vierge, jadis dédiée à la Conception de Notre-Dame et des Sept Dons du Saint-Esprit, fondée par le prêtre Aymon. L’autel, de marbre blanc, est surmonté d’une statue de la Vierge, en bois, peinte couleur plâtre, œuvre remarquable du xviiie siècle. À la voûte on a peint les symboles des litanies de Lorette, tandis qu’un vitrail de l’Assomption, œuvre de M. Bégule, éclaire la chapelle. Devant l’autel se trouvent deux pierres tumulaires, celle de Jérôme Lantillon, conseiller du roi, et celle de Jacques Thiault, conseiller extraordinaire du roi.

La chapelle Saint-Louis de Gonzague, dite autrefois de Saint-Jean l’Évangéliste, suit immédiatement dans le transept. Fondée par la famille de Bellièvre, elle passa plus tard à celle de Pontsainpierre. Derrière l’autel, on voit encore la pierre tombale de cette dernière famille avec son inscription. L’autel, de marbre blanc, porte les lettres S.A. entrelacées, il est surmonté de la statue du saint et éclairé par un vitrail représentant saint Épipode. Dans le fond du transept se trouvait la chapelle de la Trinité où l’on enterrait les chanoines de la collégiale. Aujourd’hui elle a été transformée en remise. Elle communique avec la chapelle Sainte-Marguerite.

Celle-ci faisait partie du cloître et non de l’église proprement dite. Fondée par « Jean de Pressie ou de Precieu, décédé le 23 juillet 1415, elle fut dévastée par les protestants et reconstruite par Benoît Buatier, chamarier de Saint-Paul, vicaire général de Lyon, dont l’inscription funéraire est gravée sur une pierre engagée dans le mur ». En voici la traduction : « Au repos éternel de Benoît Buatier qui exerça saintement l’administration de cette église et la juridiction des causes spirituelles dans l’Église de Lyon pendant quarante ans et répondant aux désirs de tous, restaura cet édifice détruit par le malheur des guerres civiles, Jérôme de Châtillon, président à Lyon et à la cour suprême des Dombes, son neveu chéri, érigea ce monument par reconnaissance et dans l’espoir de la résurrection. Il mourut le 17 décembre 1575, âgé de soixante-dix-huit ans. » L’autel se trouvait autrefois au nord, on l’a transporté depuis sur la paroi du midi, et ouvert une communication avec la chapelle du Crucifix.

Intérieur de l’église Saint-Paul.

Celle-ci a perdu toute son originalité puisqu’elle n’est plus aujourd’hui que le vestibule de la chapelle Sainte-Marguerite ; elle fut fondée en 1493 par Jean du Peyrat, échevin de Lyon, et Claudine Garnier sa femme, qui y furent inhumés. On admire sa belle voûte dont les arcs retombent en clefs pendantes, et sont un remarquable spécimen de l’art gothique flamboyant. La chapelle a conservé encore une inscription gothique, dont voici les parties intéressantes : « … Noble Jean du Peyrat, marchand, citoien de Lyon, et Claudine Garnière, sa femme, à l’honneur de Dieu et de la Vierge Marie, ont fait édifier cette chapelle l’an 1495, en laquelle, tant pour le remède de leurs âmes que des âmes de tous leurs parents et amis, vifs et trépassez, presens et avenir, ont fondé une messe eucharistiale de notes, un Salve Regina, l’oraison Concede, de Profundis et Absolve à haute voix sur la tombe desdits fondateurs, chaque samedi perpétuellement après dix heures. Lesquelles messe et oraisons diront lesdicts prestres, septeniers, manécantants et clergeons de cette église de Saint-Paul et non autres. Item, le 13 janvier et le 2 novembre, jours des trépassez, diront une messe des trépassez à notes. Salve Regina, De Profundis et Oraisons ainsi que dessus est escript. »

En passant à la chapelle suivante, jetons un coup d’œil sur une porte latérale de sortie. Son arc en anse de panier caractérise sa date : fin du xve ou début du xvie siècle. La chapelle Saint-Vincent de Paul était autrefois dédiée à l’Annonciation ; on en doit la fondation à Guillaume de Regnauld, dont on voit encore la pierre tombale ainsi conçue : « Ci-gist noble homme Guillaume Regnauld, bourgeois de Lyon, et dame Françoise Faure, sa femme, lesquels sont décédez, scavoir : le dict Regnault le 10 avril 1371, et la dicte Faure le 5 mai 1574. » L’inscription est accompagnée de deux blasons. L’autel est décoré d’un bas-relief : Jésus bénissant les enfants, et d’un beau retable de style gothique ; au-dessus, statue de saint Vincent de Paul, et par côté, vitrail de J. Magnin de Lyon : saint Vincent de Paul encourageant les dames de Charité. En face de l’autel, un tableau représente le même saint Vincent apparaissant à ses premières religieuses.

Frise de la façade de Saint-Paul.

À la suite s’ouvre la chapelle Saint-Joseph, qui porta aussi le nom de la Visitation, de Sainte-Élisabeth et de la Cadière, sans doute à cause de la célèbre Sibylle Cadier, dont la famille l’aurait fondée. L’autel est orné d’un bas-relief : la mort de saint Joseph, et d’un bon retable gothique ; il est surmonté d’une statue du saint. Un vitrail moderne, signé Champigneulle de Bar-le-Duc, représente saint Joseph entre saint Pierre et saint Paul ; au bas du vitrail : « Petrus Charpin, camerarius Sancti Pauli, 1418 » pour rappeler sans doute que ce vitrail a été donné par un Charpin, descendant de Pierre, et dont le blason se voit au sommet du vitrail. Contre la muraille, vis-à-vis de l’autel, une intéressante inscription relative aux Charpin : « À la mémoire de Pierre Charpin, docteur en décrets, chanoine et secrétaire de Sa Sainteté le pape Jean XXIII, chanoine et chamarier de Saint-Paul, première dignité de cette collégiale, en 1418, officiai et vicaire général de monseigneur Amé de Talaru, archevêque de Lyon, chanoine de Saint-Just, chevalier de l’Église de Lyon et doyen de l’Église de Vienne ; il fit construire la tour de cette église. Pierre Charpin, son neveu, qui fut après lui chamarier de Saint-Paul, en 1448, officiai de Lyon, chanoine de Saint-Just, chevalier de Lyon et doyen de l’Église de Vienne ; il fit élever à ses frais l’aiguille de la tour de cette église. Barthélémy Charpin, neveu de Pierre II : il fut chanoine de Saint-Paul et de l’Église de Reims sous monseigneur Pierre de Laval, archevêque de Reims, premier pair de France, qui sacra et couronna le roi Charles VIII, le 30 mai 1484 ».

La chapelle Saint-François-Xavier s’appelait autrefois Notre-Dame-de-Grâces, Saint-Paul, la Paix. Elle fut fondée par Jean Machard, originaire de Bourg-en-Bresse et sacristain-curé de Saint-Paul. « Elle présente à l’extérieur, sur la voussure de l’arc ogival, une série de huit médaillons elliptiques, où l’on voit six anges musiciens jouant chacun d’un instrument : trompette, guitare, violon, harpe, orgue à main et cornemuse. Il s’y trouve encore quatre anges, dont deux au-dessus des retombées de l’arc et deux aux extrémités, tenant un écusson aux armes d’un chanoine. Cette série de médaillons sur la voussure d’un arc ogival est chose fort rare. » À l’intérieur, l’autel de marbre rouge et blanc est surmonté d’une statue du saint ; en face, une peinture représente saint François d’Assise.

La chapelle Saint-Maurice, aujourd’hui inutilisée, fut fondée par la famille de Sarracin, originaire de Cassia en Ombrie ; elle passa, au xvie siècle, à la famille de Fenoyl. Au fond de la petite nef de droite, se trouvait la chapelle des Rois mages, aujourd’hui non utilisée, appelée précédemment de Notre-Dame. Elle fut fondée par noble Robinet et François du Pré, père et fils, qui y furent ensevelis. Les Mascrani en devinrent ensuite propriétaires et lui donnèrent leur nom. En 1657, le Consulat fit élargir la rue située devant l’église Saint-Paul, ce qui diminua la chapelle. On voit pourtant encore les bases des colonnes.

Reprenons la description de l’église du côté de l’évangile, en commençant par le transept près du chœur. La première chapelle qui se présente aux regards est celle du Sacré-Cœur, connue autrefois sous les noms de Saint-Jacques et de la Trinité ; elle appartenait aux Baronnat, seigneurs de Fonterainne. L’autel, de marbre blanc, est surmonté d’une statue du Sacré-Cœur de Fabisch. À la voûte, des peintures avec symboles chrétiens ; au devant un vitrail, œuvre de L. Bégule, représentant le Sacré-Cœur entre saint Louis et la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, avec, à leurs pieds, la basilique de Montmartre. À la suite se trouve la chapelle Saint-Laurent, autrefois Sainte-Madeleine, dont on ignore le fondateur. L’autel, de marbre blanc, est surmonté de la statue du saint et éclairé par un vitrail : saint Alexandre, également œuvre de L. Bégule. Vis-à-vis, un autre vitrail du même artiste, représente saint Pothin et saint Irénée, donne la scène de leur martyre, et enfin les armoiries du cardinal Coullié et de la ville de Lyon.

La chapelle de la Croix qui suit, appelée autrefois Sainte-Anne et des Trois-Maries, fut édifiée, vers 1710, par Guillaume Borne, sacristain de Saint-Paul, et passa, au xviiie siècle, à la famille de La Balme. « On y a percé récemment une fenêtre géminée, style du xiiie siècle. Le retable ogival encadre un tableau à l’encaustique, sur toile, signé Martin-Daussigny, Lyon 1839, et représentant le Christ en croix. Au bas, on lit : « Donné à la chapelle du Christ, dans l’église de Saint-Paul à Lyon, par les habitants de la ville. » Le vitrail qui éclaire la chapelle représente quatre scènes : la Crèche, la Fuite en Égypte, l’Agonie de Notre-Seigneur et la Flagellation.

La chapelle Saint-François de Sales s’appelait autrefois Sainte-Agathe ; elle ne présente rien de remarquable, sinon un tableau : saint François de Sales entouré d’anges, et un bon vitrail signé J. Magnin, Lyon, 1875, représentant ce prélat entre sainte Chantal et la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque. Dans le quadrilobe supérieur, saint Jean repose sur le Cœur du Sauveur.

La chapelle Notre-Dame de Compassion, autrefois Saint-Michel, fut fondée, en 1608, par Michel Particelli qui devint trésorier de France. À l’autel est sculpté un bas-relief : la Compassion de la Vierge. Un tableau de haute valeur est suspendu à la muraille : une Descente de Croix, attribuée à François Stella, le père. Le vitrail représente saint Louis, roi de France, portant la couronne d’épines, et entouré de saint Jean-Baptiste et peut-être de saint Antoine.

Les fonts baptismaux actuels occupent la place de la chapelle Saint-Jean l’Évangéliste et Sainte-Madeleine, qui, en 1620, fut dénommée Notre-Dame-de-Pitié. Elle avait été construite à la fin du xve siècle par Jean Palmier, et passa plus tard aux Charrier de la Roche, originaires d’Issoire et fixés à Lyon à la fin du xvie siècle. Signalons enfin que, sur la tribune, se trouvait autrefois un autel dédié à la Croix et à saint Mathieu. Près de la porte d’entrée on a placé une statue de saint Paul signée Perrot, 1827.

La description des chapelles n’a pas permis de mentionner deux statues qui se trouvent dans les transepts entre deux chapelles : saint Paul et saint Sacerdos, toutes deux signées Bonnaire, 1861, don de Benoît Greppo et de Marguerite Greppo. Les deux bras du transept sont éclairés par deux rosaces, œuvres de L. Bégule, représentant saint Jean penché sur le cœur du Maître, et la Vierge offrant le rosaire. Nous n’aurons garde d’oublier dans cette énumération les tableaux qui se trouvent dans les transepts et dont plusieurs offrent un véritable intérêt ; dans celui de droite le Couronnement de la Vierge, et la Mère de Dieu entourée de sainte Agnès et de sainte Claire, tableau donné par le cardinal de Bonald ; dans le transept de gauche, la Crèche, et une sainte Thérèse achetée tout récemment aux Carmes de Lyon. Tout à côté on admire une belle porte en bois sculpté, époque Henri IV.

Dans la petite nef de gauche se trouve un édicule renfermant le cœur de M. Cattet, ancien curé de cette paroisse, avec une inscription dont nous extrayons ces lignes : « Ici repose Jean-François-Régis Cattet, né à Neuville-sur-Saône, 10 mai 1785, mort à Lyon, 31 mars 1865, vicaire général du diocèse, vicaire ou curé de Saint-Paul pendant 12 ans, professeur à la faculté de théologie, chevalier de l’ordre des Saints Maurice et Lazare, bienfaiteur et restaurateur de cette église, fondateur ou directeur des œuvres religieuses et charitables, des Hospitaliers-Veilleurs, de Saint-François-Régis, des Savoyards, des ouvriers maçons, des veilleuses, du travail de Marie, des crèches, des salles d’asile… »

Devant le chœur, une belle table de communion de marbre blanc est ornée de dessins formés de croix à jour. Enfin, à l’entrée de l’église, on a placé deux remarquables bénitiers de marbre noir décorés de dessins archaïques. La sacristie, récemment restaurée, possède quelques œuvres d’art qu’il importe de citer : le portrait de Mgr Devienne, évêque de Sarept et auxiliaire de Lyon, signé Vestier, 1776 ; un Ecce Homo, copie d’après un original espagnol, enfin le Mariage de sainte Catherine.