Histoire des églises et chapelles de Lyon/Montchat

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H. Lardanchet (tome Ip. 263-266).

MONTCHAT

La paroisse de Montchat fut érigée en 1873. L’administration ecclésiastique confia le soin de cette fondation à M. l’abbé Thévenin, vicaire de Saint-François-de-Sales. On installa d’abord le culte dans une chapelle provisoire située avenue du Château, mais bientôt, lorsque M. l’abbé Michallet eut succédé à M. Thévenin, les vœux unanimes appelèrent la construction de l’église définitive. Sur un terrain donné généreusement par la famille Richard-Vitton, on éleva le bel édifice qu’on voit présentement, œuvre des architectes Morel et Bethenod. L’église fut commencée au printemps de 1874 : on construisit d’abord la nef et deux travées, puis on livra cette partie au culte le 13 juin 1875. Au printemps de 1891, on reprit les travaux et l’église achevée fut consacrée le 1er septembre 1894.

L’église de Montchat, dédiée à Notre-Dame-du-Bon-Secours, est un remarquable spécimen de l’architecture romane. Elle est bien dégagée, ce qui en rend l’ensemble grandiose. La façade est surmontée d’un beau clocher où sont renfermées quatre cloches bénites, les deux premières en 1871, les autres, lors de l’achèvement de l’église en 1893. La base du clocher est accostée de deux pyramides d’un gracieux effet. Au-dessus du porche on a placé une belle statue de Notre-Dame-de-Bon-Secours, œuvre de Bayet-Biot. Dans le tympan du portail, un gracieux bas-relief représente Jésus bénissant les enfants, avec l’inscription du vocable de l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours et la date de l’achèvement, 1893.

Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Montchat.}}

En pénétrant dans l’intérieur, l’œil saisit de suite le plan général de l’édifice : les cinq travées de la nef principale sont surmontées chacune d’une petite coupole et terminées dans le chœur par une abside voûtée. La nef centrale de style roman est accompagnée de deux petites nefs, où la lumière se répand par de nombreuses verrières.

L’autel majeur, ainsi que les deux autres autels dont nous parlerons, la table de communion, enfin la chaire, sont en pierre de Cruaz, avec reflets rouges, et ont été travaillées par le sculpteur Chenevay de Lyon.

Le maître-autel est décoré des emblèmes du Sacré-Cœur et des quatre évangélistes. Il est surmonté d’une belle statue de la Vierge Mère, œuvre du sculpteur lyonnais Fabisch. L’abside est éclairée par trois verrières, œuvre, comme tous les vitraux de l’église, sauf un, de M. Dufêtre. Chaque verrière, suivant un mode uniforme, est composée de trois médaillons superposés. Celle du milieu représente : 1° sainte Anne instruisant la Sainte Vierge ; 2° Notre-Dame-de-Bon-Secours intercédant auprès de son fils en faveur des fidèles ; 3° enfin le couronnement de Marie dans le ciel. Le vitrail de gauche : trois scènes de la vie de saint Louis : 1° il porte la sainte couronne ; 2° il rend la justice sous le chêne traditionnel ; 3° sa mort. Celui de droite est dédié à saint Ennemond : 1° ce saint pontife est parrain du fils d’un roi de France ; 2° il souffre le martyre ; 3° ses reliques sont transportées à l’Île-Barbe par son compagnon saint Wilfrid.

À droite, chapelle du Sacré-Cœur ; l’autel est surmonté d’une belle statue par Fabisch, et est éclairé par un vitrail représentant : 1° Jésus et la Samaritaine ; 2° saint Jean l’Évangéliste ; 3° le Sacré-Cœur et la bienheureuse Marguerite-Marie. Tout à côté l’on a placé une Pietà.

Intérieur de Notre-Dame-de-Bon-Secours (Montchat).

À gauche, chapelle Saint-Joseph ; au-dessus de l’autel, statue du saint patriarche par Pagny, de Lyon, et vitrail représentant : 1° le Mariage de la Vierge ; 2° la Sainte Famille ; 3° la Mort de saint Joseph. Tout auprès, un édicule dédié à saint Antoine de Padoue, avec sa statue, par Chenevay de Lyon, a été élevé en mémoire de la protection accordée par la Providence, le 10 mai 1896, lors de la chute de la foudre sur l’église, au milieu de la cérémonie des vêpres, sans que personne de la nombreuse assistance en fût atteint.

Les vitraux de l’église de Montchat sont remarquables, ils éclairent les basses nefs et méritent une description détaillée. Commençons par la petite nef de droite. Une première verrière redit la vie de sainte Élisabeth, en trois scènes : 1° les provisions qu’elle porte aux pauvres se changent en roses ; 2° elle nourrit les indigents ; 3° elle est reçue du tiers ordre de saint François. Vitrail de saint Sixte : 1° il encourage son disciple saint Laurent ; 2° il refuse de sacrifier aux idoles ; 3° son martyre. Verrière de la Trinité, décorée d’un grand Christ en bronze. Vitrail de saint Antoine de Padoue : 1" l’Enfant Jésus lui apparaît ; 2° sa prédication ; 3° la translation de son corps. Verrière de sainte Catherine, martyre : 1° elle est consolée par la Sainte Vierge ; 2° elle est emprisonnée ; 3° son martyre. Vitrail de saint Alexandre donné par M. Gourd : 1° sa condamnation ; 2° il est tenaillé par le bourreau ; 3° il est exposé aux lions. Verrière de sainte Mathilde, donnée par Mme Gourd : 1° elle fait l’aumône aux pauvres ; 2° elle est honorée par le peuple ; 3° sa mort.

La petite nef de droite est éclairée par sept verrières dont voici les sujets. Vitrail de saint François de Sales : 1° en priant dans l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris, il surmonte une tentation de désespoir ; 2° sa prédication dans le Chablais ; 3° il donne une règle aux religieuses de la Visitation. Verrière de saint Charles Borromée : 1° il reçoit le chapeau de cardinal ; 2° il donne la communion à saint Louis de Gonzague ; 3° il assiste un pestiféré. Vitrail de sainte Eugénie, œuvre de Victor Honer, de Nancy : 1° le baptême de la sainte ; 2° sa condamnation ; 3° son martyre. Verrière de sainte Chantal : 1° elle instruit ses enfants ; 2° elle donne des statuts aux sœurs de la Visitation ; 3° sa mort. Vitrail de saint Jules, pape : 1° il est couronné de la tiare ; 2" il reçoit la visite d’un saint évêque ; 3° il tient un concile. Verrière de saint Nicolas, évêque de Myre : 1° il dote trois °filles pauvres qui se trouvaient dans l’occasion de se perdre ; 2° il est couronné par les anges ; 3° il est transporté, sur mer, d’Orient en Italie. Vitrail de saint Claude : 1° il quitte le monastère de Saint-Oyend, lorsqu’il est nommé archevêque de Saint-Claude ; 2° il abdique la prélature ; 3° sa mort.

Au milieu de l’église s’élève une chaire fort élégante à double escalier. Elle est l’œuvre du sculpteur Chenevay. Sur les panneaux sont sculptés les quatre grands docteurs de l’église : saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme et saint Grégoire, pape. Au fond de l’église, sur une vaste tribune, sont placées les orgues, œuvre de M. Aurand-Wirth. On doit signaler également le chemin de croix, en pierre sculptée, œuvre de M. Bayet-Biot.