Histoire des églises et chapelles de Lyon/Oratoire

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H. Lardanchet (vol. IIp. 248-255).

LES ORATORIENS — SAINT-POLYCARPE — ŒUVRE DE LA PROPAGATION DE LA FOI

D’après Cochard « Claude Besson, maître de la Monnaie de la marquise de Montferrat, acheta, en 1518, de l’Hôtel-Dieu, une vigne située près de la porte du Griffon ; il la divisa en vingt-six parties pour la revendre avec plus d’avantages et perça au travers, une rue appelée rue Besson ou de la Monnaie ». En 1601, elle prit le nom de rue de la Vieille-Monnaie, « pour la distinguer, dit Boitel, de celle où Henri IV venait de faire construire un nouvel hôtel de la Monnaie ».

Il est inutile de rappeler les commencements de la fameuse congrégation des Pères de l’Oratoire de France, fondée d’assez loin sur le modèle de l’Oratoire d’Italie, créé par saint Philippe de Néri. Le 18 octobre 1616, Mgr de Marquemont, archevêque de Lyon, originaire de Paris, où il avait connu le futur cardinal de Bérulle, pensant ne pouvoir être mieux secondé dans ses desseins que par les services que les prêtres de l’Oratoire pouvaient lui rendre dans son diocèse, jeta les yeux sur eux, et s’adressa au Père de Bérulle, supérieur général ; il lui demanda le Père Bourgoing pour commencer un établissement de l’Oratoire dans la ville de Châtillon. Dans la même lettre, l’archevêque témoigna son peu de pouvoir pour ce qui était nécessaire à l’établissement de la maison de Lyon. Il promit au Père de Bérulle de lui donner, de son bien propre, 1.000 livres de rente. Cette première lettre fut suivie d’une seconde, datée du 16 janvier 1617, dans laquelle l’archevêque marqua expressément qu’il n’était pas nécessaire d’obtenir de lettre patente pour l’établissement de la maison de Lyon, parce que les magistrats de cette ville étaient tout disposés à favoriser ce dessein, que M. d’Halincourt, gouverneur de Lyon, appuyerait l’établissement de sa protection. Le prélat avait choisi un corps de logis auprès de l’église Saint-Jean, et l’on pouvait y commencer les exercices accoutumés de la congrégation.

La première maison de l’Oratoire à Lyon fut donc établie au cloître de la Primatiale, dans la maison appelée Manécanterie ; des chanoines-comtes confièrent aux religieux le soin d’élever les enfants de chœur et les diacres dans la piété et les lettres. Le 10 juillet 1618, par acte capitulaire passé entre les chanoines et le Père Jean Bence, supérieur de l’Oratoire de Lyon, il fut convenu que les premiers donneraient un maître de cérémonies et que les prêtres de l’Oratoire fourniraient cinq personnes : un supérieur pour la conduite de la maison et l’économat, un régent pour la grammaire, un portier et deux frères servants.

Sacré-Cœur (œuvre de Fabisch) à Saint-Polycarpe.

Le 29 juillet 1628, M. Guibourt donna aux prêtres de l’Oratoire, à perpétuité, une grande salle et des chambres pour y loger les ecclésiastiques qu’ils voudraient mettre sous leur conduite ; l’archevêque se réservait toutefois dans ce logement une chambre pour lui et ses successeurs quand bon leur semblerait de s’y retirer. Mais quoiqu’on eût accepté pour première habitation la maison que les chanoines donnaient aux Pères de l’Oratoire dans leur cloître, on avait déjà fait acquisition d’une maison dite maison Verte.

Le 10 février 1017, le Père Bourgoing, supérieur de la maison de Lyon, achetait, au prix de 24.000 livres, aux sieurs de Cappony, les maisons, terres, vignes, jardins, prés, bois et autres fonds dépendant de la seigneurie appelée maison Verte. Cette acquisition consistait : 1o  en deux maisons, l’une grande et l’autre petite ; la grande située dans la rue qui allait du coin des Ursulines, côté du Rhône, à la Croix-Rousse ; la petite maison où on installa le séminaire ; 2o  en un grand tènement de terre enclos de murailles et planté de vigne et d’arbres fruitiers. La vigne, qui était du côté du nord, joignait la muraille des religieuses Bernardines, depuis le mur du séminaire jusqu’à celui du grand chemin allant à Saint-Sébastien, côté du Rhône. Cette même année 1617, on prit possession de la maison Verte, et on y célébra, la nuit de Noël, la première messe à un petit oratoire donnant sur la rue. Le lendemain, jour de Saint-Étienne, l’archevêque envoya à la communauté un calice, un missel et quatre-vingts pistoles, qui servirent à mettre l’oratoire en état pour y faire les exercices en public. On bâtit une chapelle dédiée aux Grandeurs de Jésus.

En 1621, les Oratoriens reçurent la visite du cardinal de Bérulle et leur établissement devint prospère. En 1642, ils achetaient la maison Lespinasse ou du Grilfon avec quelques autres maisons avoisinantes, où l’on bâtit l’église. Le Père Mazenod, alors supérieur de Lyon, reçut 10.000 livres que M. Seguier, chancelier de France, avait obtenu pour la communauté. Le cardinal de Richelieu avait jeté les yeux sur cette maison pour la faire acquérir aux Ursulines qui étaient dans le voisinage ; on lui fit remarquer les incommodités de la maison du séminaire, et il accorda aux Oratoriens la permission d’acheter. Néanmoins, ils n’habitèrent pas de suite la maison du Griffon, mais la louèrent au prince Charles Barberini, et ce ne fut qu’en 1604 ou 1655 que la communauté en prit possession. « On fit une chapelle, dit un mémoire du xviie siècle, au bas du jardin en l’élal qu’elle est présentement, tournant à la rue Vieille-Monnoye, où l’on a continué les fonctions, en attendant que la grande église neuve, qui est commencée depuis quelques années, soit achevée. » En 1654, Camille de Neuville, archevêque de Lyon, eut le dessein de confier un séminaire à l’Oratoire pour les ecclésiastiques de son diocèse ; il voulut qu’il y eût trois prêtres et trois frères servants, promit pour les trois prêtres la somme de 900 livres et 600 livres pour les trois frères.

Vierge Marie (œuvre de Bonnassieux) à Saint-Polycarpe.

L’étendue de la propriété Lespinasse était considérable ; elle contenait non seulement la grande maison occupée par la communauté, et la petite maison où était la sacristie, mais encore un grand espace de terrain, où on bâtit les deux églises de l’Oratoire qui se succédèrent.

En 1665, les Oratoriens achetèrent la maison du sieur Berthon, sise rue Vieille-Monnaie : neuf prêtres et trois frères résidaient alors dans la communauté. La même année, les échevins de Lyon « sachant et reconnaissant la nécessité où sont réduits les révérends Pères de l’Oratoire de bâtir une église et n’ignorant pas qu’ils ne sont point du tout en étal de le faire, et que la ville et le public ont grand intérêt à contribuer à leur établissement à cause des secours et des assistances qu’ils donnent, et par le soin qu’ils prennent d’instruire les prêtres en leur séminaire, ayant délibéré, ont arrêté de faire payer des deniers communs, dons et octrois de la dite ville, aux révérends Pères de l’Oratoire de Jésus, la somme de 15.000 livres pour aider la construction d’une nouvelle église, et ce en cinq années ». L’église projetée ne tarda pas à être construite, puisque, quelques années après, les Oratoriens s’occupaient déjà de la gloire peinte dans la partie supérieure. La plus ancienne description que nous en connaissions est celle de Clapasson dans son livre intitulé : Description de la ville de Lyon. La voici intégralement :

« L’église de l’Oratoire, décorée d’un ordre corinthien, serait une des plus jolies de la ville, sans les colifichets dont elle est chargée et les arcs à pans coupés des tribunes qui font un très mauvais effet. Le grand autel a été refait depuis peu d’années, il paraît copié sur celui des Carmélites ; les deux grandes colonnes qui l’accompagnent sont de marbre de Savoie ; Perrache a exécuté cet ouvrage et a fait aussi les figures de saint Joseph et de la sainte Vierge placées sur les côtés. Le tableau du milieu qui représente La Nativité est une des bonnes productions de Blanchet ; on estime surtout la gloire peinte dans la partie supérieure. Le tabernacle, de bois doré, est encore un morceau de bon goût exécuté sur un dessin du même. Jacques Blanchard, le neveu, de l’Académie de Paris, a fait les quatre tableaux cintrés sous les arcs des formes du chœur : l’on y remarque du coloris, mais bien inférieur à celui de son oncle. La statue du Sauveur agonisant, qu’on trouve dans une des chapelles, a été exécutée par Simon, sur un dessin de Blanchet. »

Toutefois, l’église n’avait pas encore sa façade. Après avoir, le iO mai HoG, sollicité l’alignement et reçu ordre du Consulat de laisser, au-devant de la façade, une largeur de quinze pieds, on confia les travaux à Loyer, architecte de grand renom et successeur de Soufflot, choisi par celui-ci lors de la construction du grand dôme de l’hôpital. La façade de Loyer, plaquée contre le corps du bâtiment, est bien en rapport avec l’église ; elle a de grandes proportions et est assez riche de détails. Le perron et le grand portail sont encadrés de quatre hauts pilastres accouplés avec chapiteaux d’ordre corinthien. On voit, au-dessus, une balustrade et un fronton triangulaire qui occupe toute la largeur de la façade. Au-dessus de la porte d’entrée était un groupe représentant l’Enfant-Jésus au milieu des anges, œuvre de Chabry, fils ; par malheur, des éclats d’obus ont mutilé ce groupe pendant le siège de Lyon. On remarquera aussi les deux grandes portes qui sont d’un beau travail. En même temps que la façade, on construisit la tribune intérieure au-dessus de la porte d’entrée ; cette tribune était loin d’avoir les dimensions de la tribune actuelle construite pour recevoir l’orgue ; elle dépassait un peu le tambour actuel, sa forme et ses dimensions sont indiquées par un dallage correspondant, qui s’est conservé. Les travaux d’achèvement ont donné le change à plusieurs auteurs qui ont écrit que l’église des Oratoriens avait été construite, en 1760, par l’architecte Loyer.

En 1762, les Oratoriens, très en faveur, acceptèrent, après quelque hésitation, l’offre du Consulat de remplacer les Jésuites au grand collège de la Trinité. Ils gardèrent cet établissement jusqu’en 1793, sans abandonner pour cela leur résidence de la rue Vieille-Monnaie. Une de leurs dernières constructions fut, en 1779, une grande maison double près de la porte d’entrée de cette rue, alors sous les numéros 52 et 33, composée de caves, rez-de-chaussée, puits, cinq étages, deux bâtiments doubles séparés par une grande cour, avec une arrière-cour encore au delà. Cette ou plutôt ces deux maisons portent aujourd’hui les numéros 29 et 31.

Les biens des fils de Bérulle devinrent biens nationaux, en vertu de la loi du 2 novembre 1790. Dans sa séance du 5 février 1791, après avoir ouï le procureur de la Commune, on émit le vœu que la ville de Lyon fût divisée en neuf paroisses ; u que la cinquième division du Nord-Est, qui comprendrait tout l’espace depuis la ligne du milieu de la rue Puits-Gaillot, passant à quinze pieds de distance des maisons qui sont au nord de la place des Terreaux, la ligne du milieu de la rue Sainte-Marie, de la grande rue Sainte-Catherine, le milieu de la place neuve des Carmes, le milieu allant de la dite jilace à la porte des Capucins du Petit-Forez, le milieu de la montée de la grande Côte jusqu’à, et y compris, la porte de la Croix-Rousse, les fortifications de la ville jusqu’à la porte Saint-Clair et toute la largeur du lit du Rhône, depuis la porte Saint-Clair jusqu’au pont Morand, eût pour église paroissiale celle des Oratoriens de la rue Vieille-Monnaie, pour église succursale, celle des Feuillants, et pour église-oratoire, celle des Bernardines ».

Ce vœu fut sanctionné par la loi du 19 juin 1791, portant à dix le nombre des paroisses de Lyon. L’évêque saint Polycarpe avait donc enfin son église dans la ville, à laquelle il donna ses deux premiers évêques, saint Pothin et saint Irénée. Le premier curé fui un prêtre constitutionnel, François Rozier, agronome distingué, dont s’honore notre ville. Durant le siège, une bombe, lancée des Brotteaux, tomba sur la maison de l’Oratoire qu’il habitait et il fut écrasé dans son lit pendant la nuit du 28 au 29 septembre 1793. Il fut inhumé dans l’église et aucune inscription ne signale l’endroit où repose notre compatriote.

Après le Concordat, le cardinal Fesch mit à Saint-Polycarpe M. Horelli, ancien missionnaire de la congrégation des Joséphistes ou Crétenistes de Lyon, déjà âgé de 73 ans. En 1803, on fit une nouvelle délimitation, qui n’a pas sensiblement changé. Le successeur de M. Borelli fut, en 1818, M. Guichardot, qui se hâta de faire demander, par son conseil de fabrique, à la municipalité, une sacristie et un presbytère. Il ne fut satisfait à cette juste requête que sous l’administration de M. Gourdiat, en 1820. Depuis 1830 surtout, la population s’accrut considérablement ; en 1852, les travaux de décoration intérieure furent poussés avec activité et succès, sous la direction de M. Desjardins architecte. M. Donnel, chargé de l’ornementation, difficile d’un vaisseau aussi lourd, s’en acquitta avec un rare bonheur. La peinture de la coupole notamment ne laisse rien à désirer et pour l’effet et pour la composition. Que sont devenues les œuvres d’art louées par Clapasson ; la plupart heureusement sont encore conservées.

L’abbé Rozier, curé de Saint-Polycarpe.

L’autel, qui orne présentement la chapelle du Calvaire, est le maître-autel décrit par Clapasson. Les statues de saint Joseph et de la sainte Vierge qui l’entouraient au temps des Oratoriens subsistent encore, au fond du sanctuaire de chaque côté du maître-autel. Le tabernacle loué par l’auteur de la Description de Lyon n existe plus ; l’un des tableaux cintrés qu’il mentionne se voit dans la basse-nef de gauche, en entrant, au-dessus d’un petit confessionnal. De l’ancienne chapelle où était la statue du Christ agonisant, il ne reste que le retable en marbre de couleur ; elle a été restaurée totalement et est aujourd’hui la quatrième à gauche. Quant à la statue du Christ agonisant qui était fort belle, et dont plusieurs Lyonnais se souviennent encore, elle a disparu et a été remplacée par la statue en marbre blanc de saint François-Xavier, patron de la Propagation de la foi.

La chapelle où se trouve maintenant saint François-Régis, c’est-à-dire la quatrième à droite, était, avant 1832, dédiée à la Sainte Vierge et à Saint-Louis sous les Oratoriens, de qui date le retable ainsi que celui qui y fait face. L’autel est une ravissante composition tout à fait en dehors des données vulgaires, il rappelle le fameux sarcophage gallo-romain qui sert de maître-autel dans la cathédrale de Clermont et même il le rappelle en mieux, car s’il en retrace la magnifique ordonnance, il n’en reproduit pas les imperfections où se trahit une époque de transition, sinon de décadence. Au milieu du devant d’autel, la Vierge reçoit les hommages de douze vierges, parmi lesquelles les saintes Catherine, Blandine, Geneviève, Cécile, Thérèse, chacune portant ses attributs ou les insignes de son martyre. Leurs attitudes sont belles, leurs visages respirent le calme et la grandeur ; elles occupent toute la hauteur du coffre et ne laissent de place qu’au socle et au bord saillant de la table supérieure qui est décorée d’ornements dont les ciselures sont très fines. Au-dessous, derrière les têtes des saintes, court, dans toute sa longueur, une frise d’un motif antique. Au-dessus de l’autel, au centre du retable, dans une niche, la Sainte Vierge entoure de ses deux bras l’Enfant-Jésus qui, debout sur le genou gauche de sa mère dont le pied est posé sur un escabeau, penche la tête vers le peuple et dirige ses mains vers Marie pour indiquer qu’il faut recourir à elle. Ce groupe est attrayant.

La Cène, fresque de M. Janmot, à Saint-Polycarpe.

Le maître-autel, posé le 18 juillet 1806, est artistique ; il est orné sur le devant d’un groupe représentant Notre-Seigneur donnant à saint Pierre le pouvoir des clés. Notons enfin la riche mosaïque du sanctuaire, les marbres de différentes teintes qui parent le chœur même et la fresque de Janmot représentant le moment décisif de la Cène où Jésus-Christ, debout, une main sur son cœur, offre le calice à ses apôtres en disant : « Prenez et buvez. » La chaire, d’un aspect monumental, évoque les ambons des basiliques constantiniennes. Posée en octobre 1864, elle fut décorée, en novembre, des deux statuettes assises de saint Pierre et saint Paul, qui, outre qu’elles contribuent beaucoup à l’effet général, ont, prises à part, une réelle valeur. Elles sont l’œuvre de Dufraisne, l’auteur des principales sculptures de Fourvière ; l’abat-voix en chêne est d’un merveilleux dessin, où le premier regard reconnaît le crayon de Bossan.

À droite, chapelle Saint-Joseph ; l’autel de marbre noir veiné est surmonté d’une statue du saint et plus haut on a peint, dans une fresque, la mort du saint patriarche. Tout à côté, chapelle du Sacré-Cœur avec autel de marbre blanc, décoré d’un bas-relief et surmonté d’une statue du Sacré-Cœur dans une niche dorée. À gauche et à droite on a placé les statues de saint Polycarpe et de sainte Catherine. Dans le transept de droite, on voit la statue de saint Sébastien et des peintures représentant saint Joseph, saint Polycarpe et saint Clair. La chapelle Saint-François-Régis, qui suit, contient la statue du saint ; à gauche, se trouve un petit autel dédié à saint Antoine de Padoue, avec statue du saint religieux et nombreux ex-voto ; plus loin, un tableau représente la Vierge et l’Enfant-Jésus visités par sainte Élisabeth et saint Jean.

À gauche, chapelle de la Croix avec ancien autel de marbre ronge et blanc ; contre le mur, Jésus en croix entre la Vierge et saint Jean ; à droite, un groupe de Notre-Dame de Pitié. Tout à côté, statue du bienheureux Vianney, curé d"Ars, par Romillard d’Angers. À la suite, chapelle de la Sainte Vierge ; l’autel est orné de bas-reliefs représentant les saintes Thérèse, Rosalie, Barbe, Cécile, Agathe, Philomène, Catherine, Marguerite, Geneviève, Blandine, Agnès et Lucie. Il est surmonté d’une statue de la mère de Dieu, et plus haut d’une peinture : la crèche. À droite et à gauche on a placé une statue de saint Louis de Gonzague et de sainte Philomène. Sur un édicule voisin on a gravé cette inscription : » Ici repose le cœur de Pierre Gourdiat, né à Tarare, décédé à Lyon le 25 mars 1845, à l’âge de 82 ans, confesseur de la foi en des mauvais jours, chanoine d’honneur de la Primatiale, curé pendant 25 ans de la paroisse de Saint-Polycarpe ; il fut le père et l’ami de tous ses paroissiens ; aidé de leur concours, il agrandit cette église et fonda près d’elle l’hospice destiné à la vieillesse indigente. »

La chapelle de l’œuvre de la Propagation de la Foi.}}

La chapelle suivante est sous le vocable de saint François-Xavier et fut érigée en 1861 ; à droite, sur une plaque de marbre blanc, on a gravé l’éloge fait par Léon XIII de Pauline-Marie Jaricot, dont le cœur est conservé dans cette chapelle. À gauche se trouve la statue de saint Jude, et près de là les tableaux du Sacré-Cœur et de l’Annonciation. Plus bas se trouvent les fonts baptismaux ornés d’un bas-relief : le baptême du Christ.

On ne saurait mieux terminer cette notice qu’en donnant quelques courts détails sur la vie si belle de Mme  Jaricot, dont on vient de rappeler le nom. Elle naquit à Lyon, le 22 juillet 1799, septième enfant d’Antoine Jaricot et de Jeanne Lattier.

L’enfant fit sa première communion le 16 avril 1812, et le même jour, reçut le sacrement de confirmation. Dès l’année 1816, elle brisa avec les vanités terrestres et se consacra tout entière à Dieu. Le ciel se servit d’elle pour être un des principaux instruments dans la création de l’Œuvre d’apostolat dont il avait formé le dessein.

Pauline s’occupa des missions étrangères, travailla à raviver la dévotion du saint Rosaire, d’où naquit l’Œuvre du Rosaire-Vivant, honorée de brefs du Saint-Siège ; elle songea même à créer une œuvre de régénération sociale, mais l’exécution de ce projet la mit en face d’inextricables embarras et la plaça dans la plus douloureuse situation, celle de ne pouvoir rembourser des créanciers ; elle dut tendre la main.

Pauline Jaricot mourut le 9 janvier 1862, après de longues souffrances supportées avec patience et parfaite soumission à la volonté de Dieu. Cette femme si ardente pour le bien dès sa jeunesse, qui avait été entourée de la paternelle bienveillance de Grégoire XVI et de Pie IX, qui avait été en rapport avec des princes de l’Église, comme les cardinaux Lambruscbini et Villecourt, avec des prélats comme Mgr de Forbin-Janson, avec de pieux personnages comme le curé d’Ars, le P. de Magallon, M. Dupont, etc., fut conduite à sa dernière demeure dans le plus modeste appareil.

Elle a raconté elle-même, en une page inoubliable, comment elle eut providentiellement l’idée de créer des dizaines pour étendre l’œuvre de la Propagation de la foi. « Un soir que mes parents jouaient au boston, et qu’assise au coin du feu, je cherchais en Dieu le secours, c’est-à-dire le plan désiré, la claire vue de ce plan me fut donnée, et je compris la facilité qu’aurait chaque personne de mon intimité à trouver des associés donnant un sou chaque semaine pour la Propagation de la foi. Je vis en même temps l’opportunité de choisir, parmi les plus capables des associés, ceux qui inspireraient le plus de confiance pour recevoir, de dix chefs de dizaines, la collecte de leurs associés, et la convenance d’un chef, réunissant les collectes de dix chefs de centaines, pour verser le tout à un centime commun. Dans la crainte d’oublier ce mode d’organisation, je l’écrivis tout de suite et m’étonnai, en voyant sa facilité et sa simplicité, que personne ne l’eût trouvé avant moi. Ce plan tracé au crayon sur une carte de rebut prise sur la table de jeu, je m’arrêtai à la pensée de le communiquer à mon confesseur. »