Histoire des églises et chapelles de Lyon/Propagation de la Foi

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H. Lardanchet (tome Ip. 295-298).

PROPAGATION DE LA FOI

En 1834, le petit séminaire Saint-Jodard, au diocèse de Lyon, avait pour l’un de ses directeurs les plus zélés l’abbé Moyne, qui ajoutait au professorat l’administration d’une paroisse voisine privée de curé, et maintes bonnes œuvres, car aucune misère ne s’offrait à lui qu’il ne s’efforçât de la soulager. Une de ses pénitentes paraissait réduite à toute extrémité par les longues suites d’une hydropisie dont elle souffrait depuis plusieurs années ; personne, sinon elle-même, ne doutait que sa fin fut proche ; elle ne pouvait se résigner à la mort, par une apparente opposition aux volontés de Dieu, encore qu’elle fut d’une piété marquée. « Un sentiment plus fort que moi », disait-elle, « me fait espérer ma guérison ».

L’abbé Moyne, après lui avoir donné tous les conseils nécessaires à son cas, eut la pensée d écrire au cardinal prince de Hohenlohe pour recommander à ses prières cette pauvre malade et tout ensemble un projet déjà mûri dans le secret de son cœur et dont il verrait qu’il était agréé ou refusé de Dieu selon qu’il y aurait guérison ou mort de la moribonde. Le célèbre thaumaturge répondit au prêtre, qui lui était parfaitement inconnu, en lui marquant le jour où il commençait une neuvaine à son intention, et en lui envoyant une prière en l’honneur du saint Nom de Jésus. L’avant-dernier jour de la neuvaine, on vit disparaître l’enflure qui enveloppait tout entier et couvrait de plaies le corps de l’hydropique, laquelle, peu après, se proclama délivrée de son mal.

Chapelle des Franciscaines de la Propagation de la foi.

L’abbé Moyne lui confia la pensée dont sa guérison lui semblait l’approbation d’en haut : c’était la fondation d’une congrégation qui aurait pour but unique de consacrer ses prières et le fruit de son travail à l’œuvre lyonnaise de la Propagation de la foi et aux missions lointaines. Cette confidence faite, il dut quitter le séminaire Saint-Jodard pour la cure de Couzon. En 1836, il s’ouvrit de son dessein, qui était devenu une sérieuse résolution, à l’un de ses plus vénérables confrères, curé des Chartreux à Lyon. Celui-ci entrant dans ses vues, le mit en relation avec trois ouvrières qu’il estimait propres à jeter les fondements de l’œuvre. L’année suivante, plusieurs personnes vinrent en accroître le nombre.

La communauté fervente et insouciante des succès humains travaillait la soie sur le métier et apportait au moins le tiers de son gain à la caisse de la Propagation de la foi. En 1839, elle acquit une maison où elle se logea définitivement. En 1840, le cardinal de Bonald bénissant les cloches de Couzon, l’encouragea et lui témoigna une particulière affection qui lui en attira beaucoup d’autres. Mgr Douarre, vicaire apostolique de la Nouvelle-Calédonie, disait notamment : « Mes sœurs, vous demeurerez cachées à Nazareth pendant au moins trente ans, puis vous vous étendrez au loin : je ne suis pas prophète, mais je vous le prédis ». Prophète ou non, il avait parlé juste : jusqu’en 1844, les épreuves les plus douloureuses, contradictions, persécutions et qui pis est, désertions, assaillirent, décimèrent la congrégation naissante.

Dans le courant de 1844, elle fut affiliée par M. Moyne au tiers ordre de Saint-François, avec la permission de l’archevêque de Lyon ; le 6 août, l’abbé Allibert donna l’habit religieux aux huit sœurs qui le composaient ; le 2 juillet 1846, il bénit la chapelle en compagnie de l’abbé Cognet, chanoine de la primatiale, reçut en religion les huit premières professes et prononça lui-même sa profession ; il mourut en 1854. L’humble société ruinée et dispersée en 1848 par l’incendie de ses métiers et rentrée en possession de sa demeure l’année suivante après avoir établi de nouveaux ateliers à la Croix-Rousse et à Caluire, n’était pas encore au bout de ses peines ; toutefois la Providence veillait jalousement sur elle, et elle ne tarda pas à en donner des preuves.

Mgr de Marion-Brésillac, évêque titulaire de Pruse, avait fondé, à son retour des Indes, la congrégation des Missions-Africaines de Lyon et était mort à Sierra-Leone, regrettant de ne pas avoir pour auxiliaires des sœurs missionnaires.

Le 6 février 1867, M. Planque, son successeur dans la direction de l’œuvre, demanda à Couzon quelques religieuses pour le Dahomey. Les sœurs envoyèrent aussitôt une colonie à Lyon, auprès du séminaire des Missions-Africaines et une seconde le 24 janvier 1868, qu’elles nommèrent proprement les sœurs missionnaires. Celles-ci, après avoir prié Notre-Dame de Fourvière de bénir leur voyage, s’embarquèrent à Marseille, le 26 janvier, à bord du Maris Stella, avec l’abbé Tillier, des Missions-Africaines, huit jeunes Dahoméens que cette congrégation avait instruit chrétiennement dans la colonie agricole de Bouffarik en Algérie, enfin une jeune négresse nommée Philomène. Elles firent une heureuse traversée et fixèrent leur résidence à Porto-Novo, où elles firent beaucoup de bien.

En 1872, elles fondèrent une seconde maison à Lagos, puis furent contraintes de les quitter toutes deux, un peu avant l’expédition française au Dahomey. Mais, comme il arrive presque toujours aux instituts religieux à leur commencement, cette poussée en avant avait fortifié à l’intérieur les Franciscaines de la Propagation de la foi : elles s’augmentèrent par de sérieuses vocations.

En 1872, elles transportèrent leur noviciat à Lyon, au quartier de Monplaisir, puis elles furent appelées à diriger à Lille un hôpital pour enfants des deux sexes qu’elles nommèrent la Maison Saint-Antoine de Padoue et qui est un modèle du genre, ainsi que l’asile des Cinq-Plaies dit des Incurables et des idiotes, où elles entrèrent peu après et dont il n’est plus aujourd’hui qu’une annexe. À ne citer qu’un chiffre, ces deux hôpitaux logèrent en 1894, 600 enfants.

Les principaux établissements des Franciscaines de la Propagation de la foi sont, en plus des maisons de Lyon et de Lille, une clinique chirurgicale et une maison de santé à Boulogne-sur-mer ; à Belleville-sur-Saône et à Couzon, des hôpitaux d’incurables, orphelinats, ouvroirs, et dans la seconde de ces villes, en outre, une salle d’asile. En janvier 1901, on fonda une mission à Maryabad dans le Pundjab, et, en 1902, une autre à Lahore dans les Indes occidentales.

Les constitutions de la congrégation ont été approuvées, le 17 août 1862, par le cardinal de Bonald. La chapelle, située route d’Heyrieux, 179, à Monplaisir, ne comporte qu’une seule net. L’autel de pierre est décoré, par devant, de colonnettes de marbre rouge, encadrant deux rosaces dans lesquelles, sur un fond imitation mosaïque, se détachent des épis et des raisins entrelacés, symboles eucharistiques. Au-dessus de l’autel, on a placé une niche pour l’exposition du Saint-Sacrement, dont le dôme est porté par quatre anges, et, derrière l’autel, une statue du Sacré-Cœur. Le chœur est éclairé par trois modestes vitraux en grisailles. De chaque côté de l’autel, deux anges, placés sur des colonnes, adorent le Saint-Sacrement. À droite du chœur se trouve la chapelle de la Sainte-Vierge, dont l’autel est décoré d’un bas-relief offrant la scène de la Présentation de Marie : le grand-prêtre reçoit la Vierge des mains de ses parents pour l’introduire dans le temple. Au-dessus de l’autel se trouve une belle statue de la Vierge Mère. Plus bas, dans la nef, on a consacré une chapelle à saint François d’Assise : l’autel est orné des armoiries de l’ordre séraphique, c’est-à-dire les bras unis et croisés de Notre-Seigneur et de saint François, et une devise latine dont le sens est : Mon Dieu et mon tout.

À gauche du maître-autel se trouve la chapelle Saint-Joseph, dont l’autel est décoré d’un bas-relief représentant la mort du saint patriarche. Vis-à-vis de chapelle Saint-François d’Assise est placée celle de Saint-Jude, apôtre, surnommé le patron des causes désespérées. Le bas-relief qui décore le devant de l’autel représente le martyre de ce saint apôtre. Au fond de la chapelle se trouve une vaste tribune, sur laquelle on a placé d’un côté la grotte de Lourdes, près de laquelle vont prier les malades de la maison, et de l’autre, la statue de Notre-Dame de Pellevoisin. Dans la chapelle, on voit également à droite les statues de saint Antoine de Padoue et de sainte Élisabeth de Hongrie ; à gauche, celles de sainte Anne et de saint François Xavier.