Histoire des églises et chapelles de Lyon/Religieuses de Fourvière

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H. Lardanchet (vol. IIp. 233-236).

RELIGIEUSES NOTRE-DAME DE FOURVIÈRE

La congrégation des religieuses Notre-Dame de Fourvière doit son origine à la communauté des sœurs Notre-Dame établie à Usson (Loire) en 1733 ; celle-ci fut approuvée en 1745 par Mgr Lefranc de Pompignan et en 1755 par Mgr de Gallard, évêques du Puy ; Usson faisait alors partie du diocèse du Puy. Les sœurs se dévouaient à l’éducation chrétienne des petites filles, au soin des pauvres et des malades.

Chapelle des Religieuses Notre-Dame de Fourvière.

La communauté fut dispersée par la Révolution ; elle comptait alors seize sœurs : quatre d’entre elles furent arrêtées et emprisonnées à Feurs pour les services qu’elles rendaient soit aux prêtres, soit aux laïques proscrits : une mourut dans la prison, une autre fut guillotinée, et les deux autres, qui avaient aussi été condamnées, furent, par la mort de Robespierre, arrachées à l’échafaud révolutionnaire. La communauté se reconstitua en 1800, et put même, en 1830, fonder plusieurs maisons dans le diocèse de Clermont. Ces établissements auraient désiré continuer à dépendre de la maison d’Usson ; mais Mgr de Bonald, archevêque de Lyon, ne l’ayant pas jugé à propos, ils se séparèrent avec peine pour former un institut distinct du premier sous le nom de Notre-Dame de Clermont. Mais ces deux congrégations sont demeurées unies par le cœur et n’ont cessé d’avoir entre elles des rapports de la plus fraternelle charité.

Le 15 décembre 1863, un incendie détruisit le couvent d’Usson ; la chapelle seule, lieu de pèlerinage en l’honneur de Marie, invoquée sous le nom de Notre-Dame de Chambriac, chapelle qui date du xie siècle, fut préservée. Dès lors, trois religieuses de ce modeste institut vinrent prendre la direction d’un orphelinat, fondé en 1845, sur la colline de Fourvière, par une charitable Lyonnaise, Mme  Laubreaux-Charrasson, qui, la première à Lyon, avait eu l’heureuse pensée de placer son œuvre sous le vocable de NotreDame de Fourvière. La piété filiale de Mme  Laubreaux envers la Sainte Vierge l’avait fait surnommer, dans les hospices et les prisons qu’elle visitait : la dame au chapelet. En 1849, Mme  Laubreaux trouva dans M. l’abbé J.-B. Rolly, donné par Mgr de Bonald pour aumônier à son œuvre naissante, un collaborateur plein de foi, de prudence et de dévouement. Il fut le soutien, le guide de Mme  Laubreaux et celui de la congrégation Notre-Dame de Fourvière. Appelé à la direction de l’orphelinat, il le gouverna jusqu’au 2() novembre 1891 où Dieu appela à lui ce prêtre zélé.

En 1874, lors de la demande de reconnaissance légale de l’institut sous le titre de Sœurs de Notre-Dame, le gouvernement ayant fait remarquer que beaucoup de congrégations religieuses portaient déjà ce même titre, M. l’abbé Rolly, avec l’agrément de Mgr Ginouilhac, archevêque de Lyon, proposa d’y ajouter la dénomination : Notre-Dame de Fourvière, qui désignait déjà l’orphelinat fondé par Mme  Laubreaux. La vie de cette grande chrétienne fut toute d’abnégation, de dévouement, d’abandon à Dieu et de confiance sans borne en Marie.

En 1879, le cardinal Caverot, archevêque de Lyon, rattacha à la congrégation Notre-Dame de Fourvière plusieurs maisons religieuses de son diocèse restées jusque-là indépendantes. La maison mère de l’institut où se trouve le noviciat dirige l’orphelinat fondé par Mme  Laubreaux. La congrégation Notre-Dame de Fourvière comptait, avant les sécularisations, 132 membres et 26 établissements dans le Rhône, la Loire et l’Isère ; les œuvres de l’institut sont l’éducation chrétienne des enfants, des jeunes filles, des orphelines de la classe ouvrière, le soin des pauvres et des malades, soit dans les hospices, soit à domicile. Les constitutions des religieuses, modifiées par Mgr Caverot, et approuvées par lui, le 24 juin 1884, sont tirées de celles de saint Ignace, et le directoire des exercices spirituels de celui des religieuses de la Visitation.

La chapelle, terminée le 14 avril 1849, sur les plans de M. Paret, fut bénite le 23 décembre 1849, par M. de Serres, chanoine de la Primatiale. Elle fut, comme l’œuvre du Refuge, qui précéda l’œuvre de l’Orphelinat Noire-Dame de Fourvière, construite aux frais d’Anne-Marie-Adèle Charrasson et de son mari, Louis Laubreaux, aidés par M. l’abbé Jean-Baptiste Rolly. Les religieuses en prirent possession en 1865. La chapelle agrandie, en 1875, par M. l’abbé Rolly, sur les plans de M. Charles Franchet, fut bénite par M. Goutard, curé de la Primatiale, le 19 mars 1876. Ses dimensions approximatives sont : en longueur 18 m., en largeur 5 m. 50. Elle est dédiée au Sacré-Cœur et à la Sainte Vierge.

Le maître-autel est décoré d’un bas-relief représentant sainte Anne et saint Louis, roi de France, avec monogramme de la Mère de Dieu entouré de lis et de roses. Les vitraux sont l’œuvre de M. Miciol et datent de 1876. Ils représentent, au chœur, le Sacré-Cœur et saint Joseph ; dans la nef, du côté de l’épître, les Saints anges gardiens, saint Joseph, saint Louis, roi de France ; du côté de l’évangile, sainte Anne, sainte Victoire et sainte Catherine.

Trois tableaux ont été placés au fond de la nef : au milieu, Le Christ ; à droite, Saint Louis de Gonzague ; à gauche, La Cène, copie du tableau de Léonard de Vinci. La chapelle possède une châsse avec reliques de sainte Philomène, ayant appartenu à Mlle  Jaricot, fondatrice de l’Œuvre de la Propagation de la foi, et donnée par sa fidèle compagne Maria Dubouis, en reconnaissance des services rendus par M. l’abbé Rolly à Mlle  Jaricot.