Histoire des Canadiens-français, Tome II/Chapitre 2

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Wilson & Cie (IIp. 15-26).

CHAPITRE II

1622 — 1627


Les sieurs de Caen. — Premières seigneuries. — Peu ou point de culture. — Décès de Louis Hébert. — Guerre des sauvages.



A
u commencement de juin 1622, un nommé Santein, commis de M. Dolu, apporta à Québec la nouvelle de la réunion des deux sociétés. Le 15, arrivèrent de France Pontgravé et le sieur de la Ralde, lieutenant de de Caen. On fut tout surpris de l’accueil empressé que leur fit Champlain. Il faut dire que la situation des affaires n’avait guère transpiré au dehors, et que le fondateur de Québec semblait prendre plaisir à renouer aux yeux de chacun avec Pontgravé, son ami de vingt ans, le meilleur compagnon de ses travaux. « Les dits du Pont et de la Ralde partirent pour monter en amont le dit fleuve, aux Trois-Rivières, où ils trouvèrent quelque nombre de sauvages, en attendant un plus grand. Quelques jours après, arriva le Sire, commis, qui nous apporte nouvelle de l’arrivée du dit sieur de Caen à Tadoussac, qui m’écrivit qu’en bref il s’acheminerait par devers nous, après la barque montée ; me priant lui envoyer quelques scieurs d’ais, et un canot en diligence au dit du Pont et de la Ralde, ce que je fis, et le dit Sire partit ce même jour pour retourner à Tadoussac. Trois jours après, arriva une barque des Trois-Rivières, qui allait au dit Tadoussac, suivant l’ordre qui avait (été) donné. Le vendredi 15 juillet, sur le soir, arriva le dit sieur de Caen dedans une chaloupe, craignant n’être assez à temps à la traite des Trois-Rivières. Ayant laissé charge de dépêcher sa barque à Tadoussac, pour l’aller trouver aux Trois-Rivières, je le reçus au mieux qu’il me fut possible… Il me rendit la lettre suivante de Sa Majesté… Le dit de Caen fut deux jours à Québec, et de là s’en alla aux Trois-Rivières. Le lendemain, sa barque arriva de Tadoussac, qu’il alla trouver. Le dernier du dit mois de juillet, passa (à Québec) le dit de la Ralde, qui s’en retournait à Tadoussac[1]. Le dit sieur de Caen arriva (à Québec) des Trois-Rivières le 19 d’août, et le mercredi 24, je fis lire et publier les articles de messieurs les associés, arrêtés par le roi en son conseil. » De Caen se rendit à Tadoussac, d’où il s’embarqua pour la France, le 5 septembre 1622[2].

Le sieur de la Ralde eut un démêlé avec Louis Hébert, qui commandait un navire de Caen. Hébert persistait à donner l’avant du vaisseau aux catholiques, à l’heure des prières, mais de la Ralde s’y opposait, bien que ces deux fonctionnaires fussent de même croyance. Les récollets les appaisèrent.

Louis Hébert et Guillaume de Caen sollicitaient à cette époque la concession de certaines terres ; car on voit que le duc de Montmorency accorda (4 février 1623) à Hébert la propriété[3] qu’il avait commencé à défricher, dès 1617, sur le plateau de Québec, et, dans l’été de 1624, de Caen déclara à Champlain que le duc lui avait donné, à lui de Caen, non seulement le domaine du cap Tourmente, mais l’île d’Orléans et autres îles du voisinage. Les deux concessions ne furent pas négligées, comme on le verra, bien que les circonstances ne permissent point d’exécuter tous les projets conçus de ce côté.

Pendant l’hiver de 1622-3, « le dit du Pont fut laissé à l’habitation (de Québec) pour principal commis de MM. les associés, et (nous) hivernâmes ensemble. En cet hivernement étaient, tant hommes que femmes et enfants, cinquante personnes… Le dit du Pont tomba malade de goutte le 27 septembre, jusqu’au 23 d’octobre, et l’incommodité qu’il en sentait fit que pendant l’hiver il ne sortit point de l’habitation… Le 23 de mars 1623, le dit du Pont retomba malade de ses gouttes où il fut très mal avec de si grandes douleurs que l’on n’osait presque le toucher, quelque remède que le chirurgien lui pût apporter, et fut ainsi tourmenté jusqu’au septième jour de mai, qu’il sortit de sa chambre[4]. »

Pontgravé n’ayant pu partir pour Tadoussac au commencement de mai, à cause de sa maladie, se chargea ensuite de rencontrer les sauvages, vers le haut du fleuve, pour les engager à se rendre jusqu’à Québec, où l’on désirait voir se faire la traite, de préférence aux Trois-Rivières, par exemple, où il fallait aller avec « grandes peines et risques, » comme s’exprime Champlain. Pontgravé se rendit ainsi au lieu où fut depuis Sorel[5]. Quelques sauvages descendirent à Québec, mais la traite fut troublée par des bruits de guerre[6].

« Le dit du Pont se résolut de s’en aller en France à cause de l’incommodité qu’il avait et ne pouvait avoir les choses nécessaires ici pour sa maladie, qui l’occasionna de partir avec le dit sieur de Caen, de Québec, le 23 août[7]. »

Il fut de retour en 1624, fit la traite, et repartit pour la France au mois de septembre, amenant de Caen, de la Ralde, Champlain et sa femme.

Les récollets, au nombre de dix pères et un frère, qui visitèrent le Canada, de 1615 à 1623, sont bien connus. Voici leurs noms ; Jamay, d’Olbeau, Le Caron, Duplessis, Huet, Poulin, Le Baillif, Galleran, Piat, Viel et Sagard. Ce dernier n’était que frère lai lorsqu’il arriva au Canada avec le père Viel[8], sur le navire de Thierry Desdames[9], le 28 juin 1623[10] ; après quelque temps de mission à la baie Géorgienne, il retourna en France (1624). Le frère Gabriel Sagard a publié : Grand voyage au pays des Hurons, et une Histoire du Canada, qui parut en 1636.

Les pères Joseph Le Caron, Nicolas Viel et le frère Sagard, en se rendant chez les Hurons (1623), suivaient à la trace les employés de la traite qui, au nombre de quatorze à cette époque, résidaient parmi ces tribus et y menaient, pour la plupart, une vie scandaleuse. Les missionnaires ne parvenaient pas toujours à contrôler ces gens, qui en partie étaient huguenots. Sous le régime des compagnies, les questions de morale n’étaient pas ce dont on s’occupait. Champlain, les récollets, les jésuites, les habitants du pays s’en plaignaient à qui de droit ; mais leur influence ne s’étendait point au delà du poste de Québec, et on peut dire qu’il s’en est fallu de bien peu que la colonie ne tombât entièrement aux mains d’aventuriers semblables à ceux que Roberval et quelques-uns de ses successeurs avaient tenté d’introduire dans le pays. Grâce à Dieu, cette vermine fut obligée de déguerpir (1627), et, lorsque Champlain reprit la direction du Canada (1633), il était assez fort pour empêcher le retour des mauvais sujets.

L’année 1624 vit démolir une partie des bâtiments de Québec, pour en reconstruire de nouveaux plus commodes et plus spacieux. Le fort reçut des agrandissements ; on ouvrit un chemin ou rue à la place du sentier qui conduit aujourd’hui de la basse-ville à la terrasse Frontenac. Durant les quatre années qui s’écoulèrent de 1620 à 1624, Champlain consacra ses soins à doter la ville naissante des améliorations les plus nécessaires.

Cependant, la situation de la colonie n’était pas enviable. Si, d’un côté, Champlain parvenait à faire comprendre aux marchands la nécessité de certains travaux de défense ou de logement, il ne gagnait absolument rien du moment qu’il parlait d’établir des familles sur les terres des environs. En dix ans, de 1617 à 1627, on ne voit que Louis Hébert véritablement digne du titre de colon. Marsolet, Brûlé, Hertel, Nicolet, Le Tardif, les trois Godefroy étaient encore interprètes, ou employés à la traite. Peut-être Couillard, Martin, Pivert, Desportes, Duchesne cultivaient-ils, mais rien ne l’atteste. La cause de l’agriculture était mal vue des compagnies.

Dans ces circonstances décourageantes, madame de Champlain se prit de dégoût pour le pays. Elle savait la langue algonquine et instruisait les jeunes filles sauvages ; elle dépensait sa dot sans voir les travaux de son mari et les siens produire les résultats que tous deux en attendaient. Les nouvelles de France étaient de plus en plus au commerce, et de moins en moins favorables à la fondation d’une vraie colonie. Pour se soustraire à des privations auxquelles elle n’était pas habituée, elle décida son mari à la renvoyer en France. Ils partirent ensemble le 15 août (1624), et arrivèrent à Dieppe le premier jour d’octobre.

Le duc de Montmorency disait que sa charge de vice-roi du Canada lui rompait la tête plus que les affaires importantes du royaume. En écoutant le rapport de Champlain, il perdit le reste de son enthousiasme, et, le 15 février 1625, passa le titre à son neveu, Henri de Lévis[11], duc de Ventadour, lequel confirma Champlain dans le poste de lieutenant, par lettres en date du même jour. Il paraîtrait que le nouveau vice-roi appuya vivement le projet déjà formé d’envoyer des jésuites au Canada seconder les récollets, et que ceux-ci, loin d’y mettre des entraves, insistèrent pour que la chose se fit. Ce n’était ni le sentiment de Champlain ni, celui des habitants de Québec ; toutefois, le printemps (1625) arrivé, Guillaume de Caen reçut ordre de prendre à son bord les pères Jean de Brébeuf et Charles Lalemant, jésuites, et le père Jean-Joseph de la Roche-Daillon, récollet.

Champlain était resté en France, sur la demande du vice-roi, et tout nous indique que ce n’était pas sans à propos ; car non-seulement Guillaume de Caen était en procès avec une partie de ses associés, mais les habitants du Canada et les religieux lui reprochaient de traiter comme lettre morte l’article de ses obligations envers la colonie. Deux arpents de terre à peine étaient défrichés à Québec par son ordre. La traite lui rapportait annuellement quinze à vingt milliers de castors. Il eût pu au moins donner des vivres aux hivernants, qui, chaque printemps, pensaient mourir de faim et finissaient par n’avoir plus d’autres ressources que de serrer leur ceinturon au dernier cran.

Les premières tentatives de culture dans la Nouvelle-France eurent lieu à l’île Sainte-Croix (1604) et à Québec (1608) ; mais ces travaux ne dépassaient guère ceux d’un jardinage ; et leur objet n’était point de nourrir les habitants, mais de procurer à de Monts et à Champlain des échantillons de ce que le sol pouvait produire. Nous avons vu que, en 1613 et en 1615, Champlain agrandit sa petite exploitation. Louis Hébert devait s’être attaqué à la terre dès 1618 ; il possédait un « labourage » en 1620, mais c’était un labourage à la bêche, puisque Champlain nous dit positivement que la veuve Hébert fit usage de la charrue, pour la première fois, le 26 avril 1628.

En 1622, sur l’invitation de Champlain, quelques sauvages s’étaient mis à défricher et à semer du blé-d’Inde à la Canardière, joli endroit englobé, quatre ans plus tard, dans les limites de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges.

Voyant que le vice-roi était changé, Hébert avait fait la demande d’un titre nouvel pour la terre à lui accordée par le duc de Montmorency en 1623. Le 28 février 1626, le duc de Ventadour lui en donna le titre, dans lequel il est dit que Hébert « aurait par son travail et industrie, assisté de ses serviteurs domestiques, défriché certaine portion de terre comprise dans l’enceinte d’un clos, et fait bâtir et construire un logement pour lui, sa famille et son bétail. » La possession lui en est confirmée « pour en jouir en fief noble par lui, ses héritiers et ayant cause, à l’avenir comme de son propre et loyal acquest, et en disposer pleinement et paisiblement comme il verra bon être ; le tout relevant du fort et château de Québec, aux charges et conditions qui lui seront ci-après par nous imposées ; et pour les mêmes considérations,[12] avons de plus fait don au dit Hébert et à ses successeurs, hoirs et héritiers, de l’étendue d’une lieue française de terre proche le dit Québec, sur la rivière Saint-Charles, qui a été bornée et limitée par les sieurs de Champlain et de Caen ; pour les posséder, défricher, cultiver et habiter, ainsi qu’il jugera bon être, aux mêmes conditions de la première donation. Ce terrain est la seigneurie de L’Épinay ou Saint-Joseph.

Sir Louis-H. Lafontaine, commentant l’esprit de cet acte du vice-roi, note que c’est le premier document seigneurial qui se rencontre après les lettres-patentes adressées au sieur de la Roche, le 15 janvier 1598. On voit ici, dit-il, que les charges et conditions en pourront être fixées ci-après par le vice-roi : première indication de la rétention de ce pouvoir, que le roi et ses représentants exercèrent si souvent, d’intervenir, par voie législative ou purement administrative, dans les concessions déjà faites, afin de mieux atteindre l’objet de ces mêmes concessions, savoir : la colonisation, le défrichement et la culture des terres. Cette intervention incessante a donné au système seigneurial de la Nouvelle-France un caractère tout-à-fait particulier[13].

En même temps, les jésuites sollicitaient une égale faveur, qui leur fut accordée le 10 mars 1626 : « Comme ainsi soit que les causes et raisons pour lesquelles nous avons désiré la charge et le pouvoir qui nous a été donné, par Sa Majesté, sur les terres et pays de la Nouvelle-France, ont été d’employer tous nos soins et notre autorité, et faire en sorte que la foi et la religion chrétienne, catholique, apostolique et romaine y fût reçue, embrassée et cultivée par les sauvages de ces lieux, qui n’ont eu jusqu’à présent aucune connaissance du vrai Dieu, et qu’à ce saint et louable dessein les révérends pères de la société et compagnie de Jésus soient prêts de contribuer tout ce qui peut dépendre de leur piété, industrie, science, expérience, habileté et zèle accoutumé en semblables occasions, envoyant à cet effet au dit pays un bon nombre de leurs pères pour y baptiser, instruire et enseigner les susdits sauvages ; pour ces causes, et afin de leur donner plus de moyens de le faire, nous, suivant le pouvoir à nous donné par le roi sur les terres dans l’étendue des dits pays de la dite Nouvelle-France, avons, aux dits pères de la compagnie de Jésus, donné et donnons par ces présentes, en don irrévocable et perpétuel, près de l’habitation du fort de Québec, en la dite Nouvelle-France, la quantité de quatre lieues de terre tirant vers les montagnes de l’ouest ou environs, situées partie sur la rivière Saint-Charles, partie sur le grand fleuve Saint-Laurent, d’une part bornées de la rivière nommée de Sainte-Marie qui se décharge dans le susdit grand fleuve de Saint-Laurent, et de l’autre part, en montant la rivière Saint-Charles, du second ruisseau qui est au dessus de la petite rivière dite communément Lairet, lesquels ruisseau et la dite petite rivière Lairet se perdent dans la dite rivière Saint-Charles. Idem nous leur avons donné et donnons comme une pointe de terre, avec tous les bois et prairies et toutes autres choses contenues dans la dite pointe, située vis-à-vis de la dite rivière Lairet, de l’autre côté de la rivière Saint-Charles, montant vers les pères récollets d’un côté et de l’autre côté descendant dans le grand fleuve[14]… Les limites de cette seigneurie, appelée Notre-Dame-des-Anges, furent modifiées quelque peu en 1637.

Émeric de Caen était resté à Québec, l’hiver 1624-25[15], en qualité de commandant et de principal commis. Il retourna en France avec son oncle (1625), et ils eurent à supporter un nouveau procès qui leur fut moins favorable que les précédents. Guillaume se vit contraint de rester en France, et, comme on ne voulait plus confier la conduite de la flotte à un huguenot, le sieur de la Ralde fut nommé à ce poste, ayant sous ses ordres Émeric de Caen. Deux navires, la Catherine (cent cinquante tonneaux) et la Flèque appareillèrent à Dieppe, sur lesquels Champlain s’embarqua avec le sieur Destouches[16] et Eustache Boullé. Ils arrivèrent à Québec le 5 juillet 1626. Pontgravé, qui commandait le poste, avait été malade de la goutte, et il avait pensé mourir, mais pour lors il se portait bien et tous les hivernants, mais fort nécessiteux de vivres… Le dit du Pont avait dépêché une chaloupe pour envoyer à Gaspé et à l’île Percée, pour savoir des nouvelles et trouver moyen d’avoir des vivres, s’il était possible, pour n’abandonner l’habitation et pouvoir repasser en France la plus grande partie de ceux qui avaient hiverné… Voilà les risques et fortunes que l’on court la plupart du temps d’abandonner une habitation et la rendre en telle nécessité qu’ils mourraient de faim si les vaisseaux venaient à se perdre, et si l’on ne munit la dite habitation de vivres pour deux ans, avec des farines, huiles et du vinaigre, et cette avance ne se fait que pour une année, attendant que la terre soit cultivée en quantité pour nourrir tous ceux qui seraient au pays, qui serait la chose à quoi l’on devrait le plus travailler après être fortifié et à couvert de l’injure du temps. Ce n’est pas que souvent je n’en donnasse des avis et représentai les inconvénients qui en pourraient arriver : mais comme cela ne touche qu’à ceux qui demeurent au pays, l’on ne s’en soucie[17]… »

Le père Charles Lallemant écrit, à ce sujet, le 1er août 1626 : « Nous sommes si éloignés de la mer que nous ne sommes visités par les vaisseaux français qu’une fois chaque année, et seulement par ceux qui en ont le droit, car cette navigation est interdite aux autres. Ce qui fait que si, par hasard, ces vaisseaux marchands périssaient, ou s’ils étaient pris par les pirates[18], nous ne pourrions compter que sur la providence de Dieu pour pouvoir nous nourrir. En effet, nous n’avons rien à attendre des sauvages, qui ont à peine le strict nécessaire[19].

La culture de la terre était un remède tout indiqué contre ce vice de l’administration des compagnies. C’est à quoi Champlain et quelques autres pensaient, et si on les eût laissés libres d’agir, le problème de la création d’une colonie vivace était résolu presque sans effort. « La longueur et continuation des neiges est cause qu’on pourrait douter si le froment et seigle réussiraient bien en ce pays ; j’en ai néanmoins d’aussi beaux qu’en notre France, et même le nôtre que nous y avons semé ne lui cède en rien… Ainsi la terre n’est pas ingrate… Plus on va montant la rivière et plus on s’aperçoit de la bonté d’icelle… Il n’y a que trois ou quatre familles (de sauvages) qui ont défriché deux ou trois arpents de terre, où elles sèment du blé-d’Inde, et ce depuis peu de temps. On m’a dit que c’étaient les révérends pères récollets qui leur avaient persuadé. Ce qui a été cultivé en ce lieu par les Français est peu de chose ; s’il y a dix-huit ou vingt arpents de terre, c’est tout le bout du monde[20]. »

Le 25 août, Pontgravé « se délibéra de repasser en France, bien que le dit sieur de Caen lui mandait que cela serait en son option de demeurer s’il le voulait ; étant résolu de s’en retourner, Cornaille de Vendremur, d’Envers, demeura en sa place, pour avoir soin de la traite et des marchandises du magasin, avec un jeune homme appelé Olivier Le Tardif, de Honfleur, sous-commis qui servait de truchement[21]. »

Le premier soin de Champlain, à son retour de France, fut de restaurer les bâtiments de Québec, auxquels on n’avait pas travaillé depuis son départ. Voulant aussi tirer avantage des prairies naturelles du cap Tourmente, où l’on faisait des foins depuis deux ou trois ans et où l’on élevait du bétail, il y fit ériger (1626) une habitation, et y envoya le sieur Foucher avec cinq ou six hommes, une femme (madame Pivert ?) et une toute jeune fille. « Les récollets, écrit le père Le Clercq, allaient à une petite mission formée au cap de Tourmente, à sept lieues au-dessous de Québec, où l’on avait construit un fort avancé pour la défense du pays, non-seulement contre les sauvages, mais principalement contre les ennemis (venant) de l’Europe[22]. » Champlain visita cette ferme pendant l’hiver 1626-7.

« Ceux qui demeuraient au pays », selon l’expression de Champlain, menaient une vie exemplaire. Il y avait eu, à l’arrivée des pères jésuites (1625), un certain mécontentement parmi eux, mais les récollets, qui étaient fort en faveur de ces pères, réussirent à mettre tous les esprits d’accord. Le père Charles Lalemant écrivait de Québec, le 1er août 1626 : « Pour nos Français, qui ne sont ici qu’au nombre de quarante-trois, nous ne nous sommes pas épargnés. Nous avons entendu leur confession générale, après avoir fait une exhortation sur la nécessité de la confession… Tous les nôtres, grâce à Dieu, se portent bien. À peine y en a-t-il un qui ne se couche tout habillé. Ce qui nous reste de temps, après les exercices spirituels et les œuvres apostoliques, nous l’employons tout entier à cultiver la terre. »

À la même date, il y avait au Canada les pères jésuites Énemond Masse, Jean de Brebeuf, Anne de Noue et Charles Lalemant, sans compter les frères Gilbert Burel, Jean Goffestre et François Charreton.

L’année 1627 commença par un pénible événement pour la bourgade de Québec. « Le 25 de janvier, Hébert fit une chute qui lui occasionna la mort. Ça été le premier chef de famille résidant au pays qui vivait de ce qu’il cultivait[23]. Les exhortations que le pauvre blessé adressa à sa famille sont rapportées par le frère Sagard en termes touchants[24]. On voit du reste, par les écrits du temps et même par ceux des personnes venues au Canada un demi-siècle après sa mort, que Louis Hébert avait laissé parmi les Canadiens un riche souvenir. « Ce premier habitant de la colonie tomba malade, épuisé des fatigues qu’il avait souffertes, et, après avoir traîné quelques jours, il rendit le tribut à la nature. Il laissa un regret universel de sa mort. On l’enterra solennellement dans notre cimetière ; mais, comme ce lieu fut renversé depuis notre rétablissement (1670) en Canada, on trouva encore ses ossements renfermés dans un cercueil de cèdre en 1678. Le révérend père Valentin Le Roux, alors commissaire et supérieur de toutes nos missions, le fit tirer de cet endroit et transporter solennellement dans la cave de la chapelle de l’église de notre couvent qu’il y avait fait bâtir ; et le corps de celui qui avait été la tige des habitants du pays est le premier dont les ossements reposent dans cette cave, avec ceux du frère Pacifique Duplessis. Madame (Guillemette Hébert, veuve de Guillaume Couillard) Couillard, fille du sieur Hébert, qui vivait encore alors, s’y fit transporter et voulut être présente à cette translation… On peut appeler Hébert l’Abraham de la colonie, le père des vivants et des croyants, puisque sa postérité a été si nombreuse qu’elle a produit quantité d’officiers de robe et d’épée, de marchands habiles pour le négoce, de très-dignes ecclésiastiques, enfin grand nombre de bons chrétiens dont plusieurs même ont beaucoup souffert et d’autres ont été tués des sauvages[25] pour les intérêts communs[26]. »

Le deuil du premier colon canadien et l’indifférence de la compagnie à l’égard des habitants de Québec n’étaient pas les seuls sujets que la petite colonie eût à méditer. Il y avait un autre nuage à l’horizon : la guerre des sauvages. On se rappelle que le complot des Algonquins et des Montagnais, au printemps de 1618, avait déjà beaucoup inquiété les Français. La bonne entente, une fois rétablie, ne devait plus être brisée, il est vrai, mais ce n’était pas chose facile que d’empêcher les nations, alliées, répandues sur un territoire de deux cents lieues de longueur, d’entrer en conflit avec les Iroquois ! L’ancienne coutume des embuscades et des coups de main se continuait comme avant l’arrivée des traiteurs sur le Saint-Laurent, avec cette différence, néanmoins, que les Iroquois se gardaient d’aller rencontrer leurs ennemis près de Québec. Après quelques années, voyant que les Français n’augmentaient guère en nombre, ils reprirent de l’audace. Dans l’été de 1622, trente pirogues[27] de leurs guerriers allèrent attaquer la maison des récollets à la rivière Saint-Charles. Ils furent repoussés et placèrent des patrouilles sur le fleuve pour gêner les communications. Le père Poulin, étant parti des Trois-Rivières en destination du saut Saint-Louis, tomba en leur pouvoir et allait être brûlé lorsqu’on l’échangea contre des prisonniers iroquois. Deux années plus tard (1624), on fut bien surpris d’entendre les Iroquois parler de réconciliation et déléguer plusieurs de leurs chefs à une assemblée convoquée dans cette vue aux Trois-Rivières. Nous sommes porté à croire que les Hollandais commençaient à se fatiguer des exigences des tribus iroquoises, et que celles-ci voulurent faire acte de politique en se rapprochant des Français par le moyen des Algonquins et des Montagnais. Quoi qu’il en soit, la paix, proclamée solennellement en cette circonstance (1624), avait chance de durer tant que les alliés des Français ne commettraient point d’écart. C’est donc avec chagrin que Champlain apprit, au printemps de 1627, ce qui se passait parmi ses alliés. Les Iroquois, désirant tirer vengeance d’une nation appelée les Loups, avaient massacré (août 1626) plusieurs de ces sauvages, sans épargner cinq Hollandais qui commerçaient avec eux. L’hiver suivant, un certain nombre de guerriers des bords du Saint-Laurent, s’étant rencontrés avec les Loups, promirent à ces derniers de les seconder dans la guerre qu’ils allaient entreprendre contre les Iroquois. Champlain en témoigna son mécontentement aux chefs algonquins et montagnais, leur reprochant de tout compromettre par cette alliance intempestive. Rendez-vous avait été pris aux Trois-Rivières ; on y envoya de Québec des sauvages influents, avec Eustache Boulé, pour détourner les esprits de ce dangereux projet, et il fut convenu qu’il ne se déciderait rien avant le retour des navires de France. Au mois de juin (1627), Émeric de Caen, aussitôt arrivé, monta à la traite aux Trois-Rivières ; mais, écrit Champlain, « il ne sut tant faire, ni tous les sauvages qui étaient là, que neuf ou dix jeunes hommes écervelés n’entreprissent d’aller à la guerre. » Cette bande reparut, quelque temps après, avec des prisonniers iroquois que l’on fit passer par les tourments ordinaires. La paix était de nouveau rompue. Le frère Gervais-Mohier, qui se trouvait aux Trois-Rivières, raconte ce qui suit : « Arrivèrent sur le soir trois canots de jeunes Montagnais, volontiers qui malgré leurs parents et capitaines étaient partis pour la guerre contre les Iroquois, pour y mourir ou pour en ramener des prisonniers, ce qu’ils firent. Ils venaient chantant tout debout dans leurs canots, comme personnes fort contentes et joyeuses, et si loin qu’on les aperçut et qu’on put décerner leur chant et leur posture, on jugea à leur mine qu’ils venaient de la guerre et qu’assurément, ils avaient autant de prisonniers comme ils répétaient à la fin de chaque couplet de leur chanson le fillabo ho, ce qui fut trouvé véritable, car ils répétaient deux fois, aussi avaient-ils deux prisonniers. » Le frère Sagard ajoute : « Ils en font de même quand ils ne rapportent que les têtes de leurs ennemis, ou leurs perruques écorchées, lesquelles ils attachent chacune au bout d’un long bois, arrangé sur le devant de leur canot, pour faire voir leurs prouesses et la victoire obtenue sur leurs ennemis à ceux qui leur doivent une honorable réception pour ces exploits. Le bon frère Gervais, désireux de voir ces prisonniers de plus près, et sonder s’il pouvait obtenir leur délivrance, se fit conduire à terre avec le R. P. Lalemant et de là entrèrent dans les cabanes pour voir ces pauvres prisonniers qu’ils trouvèrent chez un sauvage montagnais nommé Macabo ou Martin par les Français qui nous était grand ami. Son gendre appelé Nepagabiscou était capitaine des sept autres barbares qui l’avaient accompagné à la guerre contre les Iroquois, d’où ils avaient amenés ces deux prisonniers, lesquels ils avaient surpris occupés à la pêche du castor, en une rivière de leur village ou bourgade. Ces pauvres esclaves, l’un âgé d’environ vingt-cinq ans, et l’autre de quinze à seize, étaient assis à plate terre, proche de ce capitaine Nepagabiscou, festinant en compagnie de plusieurs autres sauvages, d’une pleine chaudière de pois cuits et de la chair d’élan, avec la même gaîté et liberté que les autres, du moins en faisaient-ils le semblant pour n’être estimés poltrons ou avoir peur des tourments, desquels ils avaient déjà eu le premier appareil capable de pouvoir tirer des larmes de personnes moins constantes, car pour moindre mal, nous crions bien à l’aide. Le bon frère dit qu’on leur avait déjà arraché les ongles de tous les doigts des mains, puis brûlé le dessus avec de la cendre chaude, ordinairement mêlée de sable brûlant pour en étancher le sang. L’un d’eux avait été très bien battu par une femme montagnaise, qui lui mordit le bras dont elle mangea une grande pièce, disant que c’était une vengeance de la mort de son fils qui avait été pris et mangé en leur pays. Ils avaient aussi été très bien battus en les prenant et par les chemins, dont ils étaient presque tout brisés de coups, particulièrement le plus jeune, qui ne pouvait quasi marcher d’un coup de massue qu’il avait reçu sur les reins, sans que cela l’empêchât de la mine gaie et joyeuse, et de chanter avec son compagnon mille brocards et imprécations à l’encontre de Nepagabiscou et de toutes les nations montagnaises et algonquines, qui ne se fâchaient nullement d’entendre un si fâcheux ramage, telle étant leur coutume, qui serait méritoire si elle était observée pour Dieu ou à cause de Dieu, mais le malheur est qu’il n’y a rien que la seule vanité qui les porte d’être estimés inébranlables pour les injures et pleins de courage dans les tourments. Le festin étant fini, on les mena en une autre grande cabane, où quantité de jeunes filles et garçons se trouvèrent pour la danse, qu’ils firent à leur mode, dont les deux prisonniers étaient au milieu qui leur servaient de chantres, pendant que les autres dansaient autour d’eux, si échauffés qu’ils suaient de toutes parts. Les instruments musicaux étaient une grande écaille de tortue et une façon de tambour, de la grandeur d’un tambour de basque, dans lequel étaient des grains de blé-d’Inde ou petits cailloux pour faire plus de bruit. Il se trouva quelques petits garçons assis au milieu de la danse, auprès des prisonniers, qui frappaient avec de petits bâtons sur des écuelles d’écorce, à la cadence des autres instruments, pour servir de basses. La danse finie, l’on ramena les prisonniers dans la cabane de Nepagabiscou où était préparé le souper que Macabo son beau-père lui voulait faire pour son heureux retour. Le frère Gervais qui se trouva là présent, fut prié et ne s’en put excuser parce que ce bon Macabo l’aimait comme son petit-fils et ainsi l’appelait-il. Ce festin était composé d’un reste de chair d’élan de son hiver passé, moisie et sèche, qu’on mit dans la chaudière sans la laver ni nettoyer, avec des œufs de canards, si vieux et pourris que les petits y étaient tous formés, et partant fort mauvais. On y ajouta encore des poissons entiers sans être habillés, puis des pois, des prunes et du blé-d’Inde qu’on fit bouillir brouillés et remués tout ensemble avec une grand aviron. »

Le frère Gervais profita du moment du festin pour plaider la cause des prisonniers et tâcher d’attendrir le cœur de leurs maîtres ; mais on lui répondit que tout ce qu’il voyait étaient des choses ordinairement dans la vie des nations du Canada, et que les captifs mouraient dans les tourments pour satisfaire la vengeance de ceux qui avaient perdu de leurs parents à la guerre contre les Iroquois.

Il fallut la présence et les remontrances de Champlain lui-même pour faire pencher les esprits du côté de la modération. Après bien des pourparlers, il fut décidé que le plus âgé des captifs serait renvoyé dans son pays avec une escorte, pour parler de la paix. Chimeouriniou, capitaine montagnais, appelé le Meurtrier par les Français ; un autre Montagnais nommé Maître-Simon et un Iroquois de nation, adopté depuis longtemps par une veuve algonquine ou huronne, partirent avec le prisonnier libéré. Deux ou trois Français l’accompagnaient. De ce nombre était un nommé Pierre Magnan, de Tougne, près Lisieux, en Normandie, lequel était dans le pays depuis dix ans. Ces députés furent bien accueillis d’abord ; mais une tribu iroquoise, qui ne partageait point le sentiment des autres à ce sujet, fit naître une querelle, et on les massacra. Par représaille, les sauvages des Trois-Rivières tourmentèrent leur prisonnier d’une manière horrible ; puis, l’ayant fait mourir à petit feu, le mangèrent. Toute espérance de pacification s’évanouissait.

La longue série d’événements qui commence à 1603 et finit avec le régime français (1760) nous montre les nations sauvages en lutte les unes contre les autres, depuis le Labrador et l’Acadie jusqu’à la Louisiane et aux Montagnes-Rocheuses. Un traité de paix était à peine conclu d’un côté, qu’une nouvelle guerre éclatait sur un autre point. Nos missionnaires, interprètes, voyageurs[28], coureurs de bois[29], devaient se frayer un passage entre ces tribus hostiles, et se ménager des intelligences dans les camps opposés. À mesure que nos compatriotes s’avançaient dans l’intérieur du continent, ils voyaient se refermer sur eux les rangs de ces peuplades dont le caprice faisait toute la loi et qui, au lendemain d’un échange de bons procédés, devenaient souvent des ennemis dangereux. Aussi ne voit-on pas sans une sorte d’étonnement mêlé d’admiration les entreprises de ces hommes de fer qui ont pénétré partout et qui se sont maintenus au milieu des dangers continuels de leur étrange situation. Ils ont accompli au dix-septième siècle une tâche bien autrement remarquable que les explorations actuelles de l’Afrique, dont on parle avec tant d’enthousiasme. Si le spectacle des cruautés des nègres a de quoi effrayer les voyageurs du continent noir, nous nous demandons comment faisaient les Français du Canada pour surmonter l’impression que leur causaient ces horreurs, et braver les périls qui les attendaient eux-mêmes d’un moment à l’autre. Faut-il croire qu’ils étaient doués d’une puissance fascinatrice ? Comment parvenaient-ils à retourner l’esprit des sauvages ? N’a-t-on pas vu mainte fois ces tribus profiter du départ ou de l’absence momentanée des quelques Français amis de leurs bourgades, pour déclarer la guerre à leurs voisins ou se livrer aux orgies sanguinaires dont les récits du temps nous font connaître les détails horribles et repoussants ? C’était donc un prestige qu’exerçait ou le missionnaire, ou l’interprète, ou l’explorateur, comme Nicolas Perrot et plusieurs autres ? Ces races barbares n’étaient point destinées à entrer dans la civilisation ; car autrement, sous l’influence de nos compatriotes, elles eussent abandonné leurs abominables coutumes. Ce qui frappe davantage, c’est la facilité avec laquelle elles penchèrent vers la France et lui restèrent fidèles, tout en continuant de se déchirer les unes les autres. Ce n’est pas à dire que le succès couronnait toujours les efforts de nos gens ; en plus d’une rencontre, ils ont, au contraire, subi des échecs redoutables ; mais ils finissaient par vaincre ou les résistances à main armée ou les oppositions morales, et le prestige qu’ils exerçaient n’en devenait que plus grand. La pratique de brûler les prisonniers ne fut jamais abolie tout-à-fait ; néanmoins, elle alla en diminuant et se poursuivit à l’insu des Français, qui témoignaient hautement de leur réprobation à l’égard de ces supplices. Jusque vers 1670, les sauvages ne voulurent rien entendre ; mais, après cette date, la volonté des blancs eut plus d’empire sur eux. Dans la vallée du Saint-Laurent comme autour des lacs et le long du Mississipi, il fut presque constamment impossible de les empêcher de rompre la paix lorsque la fantaisie leur dictait l’ordre de combattre. Ce qui s’était vu du temps de Champlain ne cessa de se répéter, et c’est au milieu de ces péripéties et de ces embûches incessantes que nous nous sommes avancés graduellement de Québec aux sources de l’Ohio, aux bouches du Mississipi, aux sources de la Saskatchewan et à la baie d’Hudson.


  1. Il y avait en ce lieu un capitaine basque, du nom de Guérard, qui traitait malgré les ordonnances du roi.
  2. Œuvres de Champlain, pp. 1035-1037.
  3. Titres seigneuriaux, I, 373.
  4. Œuvres de Champlain, pp. 1037, 1039, 1041.
  5. Le sieur Doublet, venant de l’île Saint-Jean et de Miscou, arrive à la rivière des Iroquois (1623) et annonce à Champlain que les Basques, retranchés à l’île Saint-Jean, menacent de s’y défendre si on les veut forcer à suivre les ordonnances sur la traite.
  6. Œuvres de Champlain, pp. 1041, 1043-4.
  7. Œuvres de Champlain, p. 1052.
  8. Ce religieux trouva la mort (1625) dans un rapide, au nord de l’île de Montréal, qui porte, depuis cet événement, le nom de Saut-au-Récollet.
  9. Employé à Québec, en 1622
  10. Avec eux était Desmarêts, gendre de Pontgravé.
  11. En 1629, Champlain mentionne le « cap de Lévis, » le même qui est à présent connu sous le nom de « pointe Lévis, » en face de Québec.
  12. Parce qu’il avait le premier travaillé à la culture des terres. (Titres seigneuriaux, vol. I, 373.)
  13. Tenure seigneuriale, vol. A, pp. 14-15.
  14. Titres seigneuriaux, I, 53.
  15. Hivernèrent à Québec cinquante et une personnes, tant hommes que femmes et enfants. (Œuvres de Champlain 1067.)
  16. Enseigne de Champlain. Retourna en France l’année suivante.
  17. Œuvres de Champlain, 1106-7.
  18. Au mois de septembre 1624, un pilote du nom de Cananée, bon catholique, partit de Gaspé, sur l’ordre du sieur de Caen, comme capitaine de la Sainte-Madeleine, montée par douze ou treize matelots, protestants et catholiques, en destination de Bordeaux. Le long des côtes de Bretagne, ils furent capturés par les Turcs, et tous devinrent esclaves.
  19. Traduit du latin par le révérend père Auguste Carayon.
  20. Le père Charles Lalemant, 1er août 1626.
  21. Œuvres de Champlain, 1065-6, 1108, 1113.
  22. Premier Établissement, I, 393.
  23. Œuvres de Champlain, p. 1116.
  24. Histoire du Canada, pp. 590-91.
  25. Voir Relation, 1661, p. 35.
  26. Le Clercq : Premier Établissement, I, 112, 210, 374, 375.
  27. Les Canadiens emploient le mot canot partout où les Français disent pirogues. Néanmoins, ce dernier mot n’est pas disparu de parmi nous ; car on dit une vieille pirogue pour désigner une embarcation délabrée.
  28. Le mot voyageur désigne, au Canada, l’homme qui parcourt les forêts au service des compagnies de traite ou du commerce de bois.
  29. Ceux-ci agissaient indépendamment de tout contrôle, et le plus souvent contrevenaient aux ordonnances qui défendaient aux individus isolés de s’éloigner des habitations. Ils paraissent avoir commencé leurs courses vers 1670.