Histoire des Canadiens-français, Tome II/Chapitre 1

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CHAPITRE I

1618 — 1621


Les huguenots. — Le duc de Montmorency. — Conspirations des Sauvages. — Madame de Champlain. — Le fort Saint-Louis. — Compagnie de Montmorency. — Le parti Canadien. — Les huguenots.

R
etourné en France, l’automne de 1617, Champlain y trouva la situation peu changée, sinon empirée. Les Basques, les Rochellois, les Bretons notamment, s’étaient fait accorder le droit de commerce dans le Saint-Laurent ; il fallut les combattre à Paris, à Tours, à Rouen ; enfin, à la suite d’une assemblée tenue chez M. de Châteauneuf, on décida que leurs prétentions seraient mises de côté.

Les associés demandaient que Champlain ne s’occupât plus que de découvertes, disant que Pontgravé devait avoir le commandement de la colonie. Le roi prescrivit (12 mars 1618) que Champlain aurait seul le droit de tout diriger ; on dut se soumettre. Néanmoins, Pontgravé partit de France comme de coutume et il arriva à Québec juste à temps pour empêcher les hivernants de mourir de faim. C’est lui qui commanda l’habitation l’hiver de 1619-20, pendant que Champlain était en France occupé de se faire rendre justice. « Le sieur du Pont et moi, dit-il, ayant vécu par le passé en bonne intelligence, je désirais y persévérer. » L’accord ne fut pas troublé, en effet ; car les deux hommes, dégagés des motifs qui agitaient les princes et les marchands, ne voulaient que travailler à l’extension de la colonie.

L’année 1618 se passa en démarches et en requêtes. La moitié des marchands, ou bailleurs de fonds, étaient huguenots et voyaient avec déplaisir la détermination de Champlain d’introduire des catholiques dans la Nouvelle-France. Ils se montraient tout aussi hostiles aux projets de colonisation. Comment expliquer leur attitude de manière à satisfaire les écrivains protestants de nos jours qui ne cessent de se lamenter sur le prétendu absolutisme des amis de Champlain ? A-t-on jamais prouvé que les huguenots voulussent fonder ici une colonie digne du nom, c’est-à-dire permanente, stable, agricole, susceptible de se suffire à elle-même ? Nous avons, au contraire, cent témoignages qui démontrent leur opposition à tout ce qui ne tenait point immédiatement au commerce. Pourquoi donc méconnaître les faits ? Si on eût écouté les huguenots, le Canada ne se fût ni défriché ni peuplé.

Inutile de raconter les vicissitudes de la vie du courageux fondateur de Québec. Elles sont dans l’esprit de chacun. C’est une gloire de plus attachée à son œuvre. Une idée ne triomphe pas impunément. Champlain avait réussi à placer un établissement sur le fleuve du Canada ; mais dès l’heure où l’on vit qu’il était possible d’y entretenir un poste permanent, il fut trouvé à propos de lui créer des embarras. Le tout n’est pas d’avoir conçu un plan et de l’exécuter à l’encontre du vulgaire, il faut encore être capable de résister aux ouvriers de la onzième heure, qui, non-seulement réclament une part du succès, mais veulent se l’approprier exclusivement. Les marchands catholiques n’étaient, sous ce rapport, que très peu disposés à bien faire, et les protestants pas du tout.

Il y avait pour protéger l’entreprise le prince de Condé, vice-roi de la Nouvelle-France ; mais quelle mazette que ce personnage ! Il est fort heureux que Dieu lui ait donné un fils qui s’est appelé le « grand Condé » ; sans cela, rien ne resterait de son nom qu’un souvenir insupportable. Il se donnait l’air de faire de la politique ou d’être trop embesogné pour voir au Canada, et la porte restait ouverte aux intrigues. Les huguenots en profitèrent. Il est à remarquer que leur entrée en nombre dans la compagnie date du temps (1616-1619) où le prince, tout prisonnier qu’il était, gardait le titre de vice-roi de la Nouvelle-France et les émoluments y attachés.

Les vues de Champlain et des Récollets sont exposées en peu de mots dans le passage suivant : « On n’avancerait à rien si l’on ne fortifiait la colonie d’un plus grand nombre d’habitants, laboureurs et artisans ; il fallait que la liberté de la traite avec les Sauvages fût indifféremment permise à tous les Français ; qu’à l’avenir, les huguenots en fussent exclus ; qu’il était nécessaire de rendre les Sauvages sédentaires et les élever à nos manières et à nos lois[1]. »

Selon le Père Le Clercq, les Récollets avaient observé qu’on ne réussirait pas à convertir les Sauvages « si, avant que de les rendre chrétiens, on ne les rendait hommes. Pour les humaniser, il fallait nécessairement que les Français se mêlassent avec eux, et les habituer parmi nous, ce qui ne se pourrait faire que par l’augmentation de la colonie, à laquelle le plus grand obstacle était de la part des messieurs de la compagnie, qui, pour s’attirer tout le commerce, ne voulaient point habituer le pays, ni souffrir même que nous rendissions les Sauvages sédentaires, sans quoi on ne pourrait rien avancer pour le salut de ces infidèles[2]. » Il ajoute que, de 1615 à 1625, on prenait la peine de faire passer en France des Sauvages désireux de s’instruire des choses de la vie civilisée, et que l’on en cultivait plusieurs dans la maison des Récollets, à Québec, lesquels étaient adoptés par des habitants ou autres Français, le tout à la gloire de la religion et de la civilisation, tandis que, plus tard, ces bonnes coutumes se perdirent[3]. Cela n’avait lieu, toutefois, qu’en autant qu’il fut possible de surmonter les obstacles accumulés par la compagnie. Aussi dit-il ; « Les protestants ou huguenots ayant la meilleure part du commerce, il était à craindre que le mépris qu’ils faisaient de nos mystères ne retardât beaucoup l’établissement de la foi. Même le mauvais exemple des Français pouvait y être préjudiciable, si ceux qui avaient autorité dans le pays n’y donnaient ordre[4]. »

Effrayé du reproche qu’on leur adressait de ne point remplir les obligations consenties touchant l’envoi de cultivateurs, les associés signèrent (21 décembre 1618) un « État des personnes qui doivent être menées et entretenues en l’habitation de Québec, pour l’année 1619. » Il y aura, dit cet acte, quatre-vingts individus, y compris : le chef, trois Pères Récollets, commis, officiers, ouvriers et laboureurs ; le linge, la literie, les instruments d’agriculture, les armes, les animaux, les grains de semence sont énumérés[5]. Ces promesses ne furent point remplies, et, en voyant qu’on voulait le duper par un simple écrit de cette nature, Champlain ne quitta point la France au printemps de 1619, comme il en avait l’intention. Boyer, l’inspirateur de la plupart de ces délais, partit pour Québec, amenant des familles, cette même année.

Le 20 octobre (1619), le prince de Condé recouvra sa liberté et se fit donner mille écus par les marchands. Aussitôt, il vendit au duc de Montmorency[6] la charge de vice-roi de la Nouvelle-France, moyennant onze mille écus, et en versa cinq cents aux Récollets pour les aider à construire un couvent à Québec. Champlain, qui avait été lieutenant du maréchal de Thémines, devint celui du duc de Montmorency. M. Dolu, grand-audiencier de France, fut nommé intendant de la colonie ; il était favorable à Champlain.

Montmorency, qui devait si mal finir sous la hache de Richelieu, n’était pas homme à jeter de l’éclat sur une entreprise aussi peu pompeuse que celle de la fondation de Québec. Fier des exploits de son père, Anne de Montmorency, et filleul du roi Henri IV, il tenait à profiter de cette double veine et à se maintenir dans les honneurs. Il brillait parmi la jeunesse dorée du temps. C’est de lui que Bassompierre s’est moqué, un soir que Montmorency venait de danser. Le beau seigneur trouva fort impertinent ce Bassompierre qui ne le complimentait pas.

— Il est certain, dit Bassompierre, que si je n’ai pas autant d’esprit que vous aux jarrets, en revanche j’en ai plus ailleurs.

— Eh ! eh ! reprit le duc, si je n’ai pas aussi bon bec que vous, je crois que j’ai aussi bonne épée !

— Certainement ! exclama Bassompierre, vous avez celle du grand Anne.

La situation de Québec, de 1617 à 1620, se résume en peu de lignes ; on n’y voit qu’un fait important. Deux Français, l’un nommé Charles Pillet, matelot, de l’île de Ré, et l’autre appelé Serrurier, avaient été tués par les Sauvages, au cap Tourmente, l’année 1616. Lorsque ce double meurtre fut découvert, on comprit que les Sauvages, dont l’attitude commençait à être inquiétante, pouvaient devenir d’un moment à l’autre un sujet de grave embarras ; c’est pourquoi les secours de France étaient attendus avec impatience. L’automne de 1617, après le départ de Champlain, il ne restait que cinquante-deux âmes à Québec. Vers le printemps qui suivit, les Sauvages, au nombre de huit cents, s’assemblèrent aux Trois-Rivières et décidèrent de se défaire de tous les Français. Le complot fut révélé au Frère Pacifique Duplessis par un chef, et le bon religieux fit avertir le sieur Beauchaine, facteur et commis de la compagnie, commandant de Québec en l’absence de M. de Champlain. Les récits du temps nous font voir que, si la situation de Québec était précaire, tant sous le rapport des vivres que sous celui du personnel en état de contribuer à sa défense, les Montagnais et les Algonquins n’étaient guère plus à l’aise : ils mouraient de faim, et craignaient par dessus tout les armes à feu des Français. Beauchaine avait de l’énergie. Il parla de se faire livrer les coupables et de les pendre. Son audace le tira d’affaire. Les Sauvages allèrent en foule, avec femmes et enfants, implorer pardon et protester de leur attachement aux Français. La guerre que les Iroquois commencèrent quelques mois plus tard contre les Algonquins eut pour effet de sceller définitivement l’alliance de cette dernière race avec les compagnons de Champlain.

Au printemps (1618), Pontgravé arriva de France, apportant des provisions dont le besoin se faisait sentir impérieusement. « On ne savait plus que manger, tout le magasin était dégarni et il n’y avait plus de champignons par la campagne, ni de racines dans le jardin ; on regardait du côté de la mer et on ne voyait rien arriver ; la saison se passait et tous se désespéraient du salut du sieur de Pont et d’être secourus assez à temps. Les Religieux étaient assez empêchés de consoler les autres, pendant qu’eux-mêmes pâtissaient plus que tous. Le sieur du Pont ayant mis ordre à tout ce qui était nécessaire pour l’habitation (Québec), et consolé un chacun de ses victuailles, il monta aux Trois-Rivières pour la traite, où le Père Paul (Huet) fit dresser une chapelle avec des rameaux pour la sainte messe, qu’il y célébra tout le temps qu’on fut là[7] ».

L’un des commis de la compagnie des marchands, nommé Loquin, se rendit de Tadoussac aux Trois-Rivières avec Pontgravé. On le retrouve, en 1620, sur le Saint-Laurent ; plus tard (1623), il était lieutenant de M. de Caen pour la traite.

Le sieur Deschesne était aussi au rendez-vous des Trois-Rivières en 1618. De retour de France (1620), il voulut s’emparer, près du Bic, d’un vaisseau de la Rochelle qui agissait en contravention aux ordres de la compagnie ; il alla ensuite traiter à la rivière des Iroquois. Revenu de France (1623), il se rendit à la traite, vers le lac Saint-Pierre ; descendit à Tadoussac chercher des vivres pour Québec, et partit pour Gaspé. En 1624, il était en Acadie, où cinq de ses hommes furent tués par les Sauvages.

La même année 1618 vit arriver deux ou trois personnes qui appartiennent spécialement à notre histoire.

Eustache Boulé, né 1600, frère de madame de Champlain, débarqua avec Pontgravé. Deux ans plus tard, il était à Tadoussac. En 1621, il aide son beau-frère à construire le fort Saint-Louis de Québec. De 1620 à 1624, on le voit souvent voyager avec Champlain, dont il fut nommé le lieutenant en 1625. En 1626, lui et Champlain reviennent de France ensemble. En 1627, on l’emploie aux Trois-Rivières à des négociations fort difficiles avec les Sauvages. Au mois de juin 1629, retournant de Gaspé, il est pris par les Anglais. Il passe ensuite en Italie et se fait religieux de l’ordre des Minimes. Madame de Champlain, qui l’avait converti au catholicisme et qui l’aimait beaucoup, lui fit, durant dix ans, une pension de mille livres.

Noble homme Jean Nicolet[8], sieur de Belleborne[9], fils de Thomas Nicolet, messager ordinaire de Cherbourg (Normandie), à Paris, et de Marguerite De Lamer, n’avait guère alors qu’une vingtaine d’années et se destinait, selon les vues de Champlain, à devenir interprète. En 1620, on l’envoya chez les Algonquins de l’île des Allumettes ; il y resta deux ans, puis alla passer huit ou neuf années chez les peuples du lac Nipissing. Nous le retrouverons parmi les découvreurs qui ont glorifié le nom français, comme s’exprime M. Gabriel Gravier.

Adrien Duchesne[10], chirurgien, de Dieppe, Normandie, paraît être venu avant 1620. En 1629, après le départ de Champlain, Duchesne et sa femme (nom inconnu) restèrent à Québec où on le retrouve le 9 février 1631, parrain d’Élizabeth[11], fille de Guillaume Couillard. Au commencement de juillet 1634, il était à Québec, « chirurgien de l’habitation[12]. » En 1635-6, il remplissait les mêmes fonctions aux Trois-Rivières. En 1645-6, on le voit[13] s’intéresser au sort de son neveu, le jeune Charles Lemoine, qui fut le seigneur de Longueuil et père du fameux d’Iberville. C’est à cette époque qu’il donna à Abraham Martin un morceau de terre qui forme partie des plaines dites d’Abraham.

À la réception de la lettre du roi, datée du 7 mai 1620, Champlain partit du Havre avec sa femme (celle-ci était accompagnée de deux ou trois autres femmes) et arriva à Tadoussac (7 juillet), où Eustache Boulé les rencontra, très étonné de voir sa sœur en ces lieux. L’un des premiers soins, en débarquant à Québec, après avoir été à la chapelle rendre grâce à Dieu, fut de donner publication des pièces et documents qui concernaient la gestion de la colonie, « lesquels furent lus publiquement en présence de tous, à ce qu’ils n’en prétendissent cause d’ignorance… Chacun crie vive le roi, et ainsi je pris possession de l’habitation et du pays au nom de mon dit seigneur le vice-roi. »

Le Père d’Olbeau avait hiverné à Québec. Au printemps, Pontgravé lui procura l’aide nécessaire pour construire une maison dont la première pierre fut posée le 3 juin. Après l’arrivée des Pères Denis Jamay, Georges le Baillif et du Frère Bonaventure, au milieu de juillet, les travaux furent poussés jusqu’à complétion. Ce couvent, appelé Notre-Dame-des-Anges, occupait l’emplacement où s’élève aujourd’hui l’hôpital-général.

La pauvre habitation de Québec, « isolée et ruinée, était en très-mauvais état, pour avoir diverti des ouvriers à un logement que l’on avait fait aux Pères Récollets, à demie lieue de l’habitation, sur le bord de la rivière Saint-Charles, et deux autres logements, l’un pour Hébert, à son labourage,[14] un autre proche de l’habitation pour le serrurier et le boulanger, qui ne pouvaient être en l’enclos des logements. »

La maison d’Hébert, construite de pierre, était située à peu près à l’endroit où se trouve l’archevêché ; elle mesurait trente-huit pieds de long sur dix-neuf de large[15].

L’automne se passa à réparer l’habitation et à bâtir un petit fort « sur une montagne qui commandait sur le travers du fleuve Saint-Laurent… Cette maison ne plaisait point à nos associés. » Ce fut le commencement du fort Saint-Louis, qui a été tour à tour la résidence des gouverneurs français et anglais. D’année en année, de 1621 à 1626, on l’agrandit et on le modifia suivant les besoins du jour[16].

Il ne fallait pas, au milieu de ces préoccupations, négliger la surveillance de la traite. « Je résolus, écrit Champlain, d’envoyer le dit Guers[17] avec six hommes aux Trois-Rivières, où était le Pont et les commis de la Société, pour savoir ce qui se passait par delà… Quelques jours après, les dits du Pont et Deschênes descendirent des Trois-Rivières, avec leurs barques et les pelleteries qu’ils avaient traitées. Il y en avait la plupart à qui ce changement de vice-roi et de l’ordre ne plaisait pas ; le dit du Pont se résolut de repasser en France, et laissa Jean Caumont, dit le Mons, pour commis de magasin et des marchandises pour la traite. »

Ceux qui hivernèrent à Québec (1620-21) étaient au nombre de « soixante personnes, tant hommes que femmes, Religieux et enfants, dont il y avait dix hommes pour travailler au séminaire des Religieux et à leurs dépens… Chacun se porta très bien, hormis un homme qui fut tué par la chute d’un arbre. »

Le premier navire arrivé à Québec, au printemps de 1621, apprit à Champlain que le duc de Montmorency avait formé une nouvelle compagnie, le 8 novembre 1620, composée des sieurs Guillaume de Caen, Ézéchiel de Caen, Guillaume Robin, Jacques de Troyes, marchands ; François de Troyes, président des trésoriers de France, à Orléans ; Claude Le Rageois, receveur-général des finances à Limoges ; Arnould de Nouveau, maître de la chambre aux deniers ; Pierre de Verton, conseiller, secrétaire du roi, et François Hervé, marchand, bourgeois de Paris. Les membres de l’ancienne société : Thomas Porée, Lucas Legendre, Louis Vermeulle, Mathieu Dosterlo, Daniel Boyer et autres, avaient demandé, mais en vain, qu’il leur fût permis de jouir du privilège de la traite pendant les quatre années qui restaient à courir, d’après les arrangements faits avec le prince de Condé. M. Dolu écrivait à Champlain que les nouveaux associés s’obligeaient à le regarder comme lieutenant du vice-roi et commandeur de toutes les habitations de la Nouvelle-France ; de nourrir six Pères Récollets ; nourrir et entretenir six familles de laboureurs, charpentiers et maçons, de deux ans en deux ans. « Sur les offres qui lui furent faites, l’ancienne compagnie consentit à renoncer aux dix mille francs d’indemnité qui lui avaient été accordés, et à prendre en retour cinq-douzièmes de la compagnie de Montmorency. Un des cinq-douzièmes fut réservé au sieur de Monts, qui vivait alors retiré à son château d’Ardennes, dans la Saintonge[18]. »

Ces nouvelles déconcertèrent quelques employés de l’ancienne compagnie demeurés à Québec, et comme il fallait attendre, selon les instructions reçues, que le sieur de Caen fût arrivé avant que de ne rien changer à la situation des affaires, les mécontents profitèrent du retour de Pontgravé et de plusieurs des anciens commis pour prendre une attitude hostile. Le capitaine Dumais, arrivant aussi de France, porteur d’une lettre du duc de Montmorency, voulut traiter de ses marchandises ; mais Champlain s’y opposa, disant que la règle s’appliquait à tout le monde. « Le petit fort que Champlain venait de commencer et qu’il se hâta de terminer de son mieux, fut, en ce moment, le salut de la patrie. Il y mit Dumais et son beau-frère avec seize hommes, et y jeta les armes et provisions nécessaires. « En cette façon, dit-il, nous pouvions parler à cheval. » Lui-même se chargea de la garde de l’habitation[19]. »

Guillaume de Caen, son neveu Émeric de Caen et le sieur Guers, se montrèrent enfin, porteurs de pouvoirs étendus. Dès son arrivée sur le fleuve, Guillaume de Caen eut connaissance d’une copie d’un arrêt du parlement en faveur de l’ancienne compagnie. Cette pièce était adressée à Pontgravé ; il en résulta du mécontentement. Une copie semblable avait été signifiée à de Caen lui-même, à Dieppe, et il n’en avait tenu aucun compte. Pontgravé, au contraire, prétendait s’appuyer sur l’arrêt en question pour agir à sa guise. De Caen fit saisir son vaisseau. Ceci se passait à Tadoussac. Champlain envoya, de Québec, le Père le Baillif et le sieur Guers[20], qui parvinrent à rétablir la concorde entre les deux camps. De Caen monta aussitôt à Québec, où il aida Champlain à améliorer l’habitation. Le 18 août, étant de retour à Québec, le sieur Guers fit l’inventaire des armes du poste, au nom du duc de Montmorency. Champlain[21] était revenu la veille de Tadoussac. On avait reçu des nouvelles de France qui renforçaient la main des sieurs de Caen. L’opposition des commis cessa de se faire sentir, du moins ouvertement. Champlain triomphait, mais était-il dupe des promesses de la nouvelle compagnie ? Entre Pontgravé et de Caen, c’était jeu d’intérêts pécuniaires. Et encore, s’il eût eu le choix entre les deux, Champlain eût préféré son vieux compagnon au calviniste de Caen. Les circonstances lui dictaient sa ligne de conduite.

À travers ces démêlés, se formait un troisième parti : celui des Canadiens. Nous employons le mot avec intention. Les « habitants, » si peu nombreux qu’ils fussent, ne voyaient point d’un bon œil les rivalités des traiteurs. Ils comprenaient instinctivement que les compagnies de commerce mettraient des entraves à tout ce qui pourrait être tenté pour l’augmentation de la vraie colonie. C’est l’esprit canadien qui dicta leur assemblée du 18 août 1621, le même esprit que deux siècles et demi de luttes ont rendu si puissant parmi nous. Une voix s’élevait de Québec, demandant que la mère-patrie accordât à ses enfants du Nouveau-Monde la protection qu’elle leur devait contre les empiètements des hommes qui couraient après la fortune et n’acceptaient que pour la forme l’obligation de peupler le pays qu’ils exploitaient. « Champlain, les Récollets et les habitants les mieux intentionnés du pays tenaient un tiers parti et, n’ayant en vue que l’établissement de la Foi et de la colonie, gémissaient de voir que tout allait se détruire par des querelles d’intérêt.[22] »

Les Canadiens-français descendent de l’habitant et non pas de l’hivernant. Ce dernier était aux gages des compagnies de traite ; après trois ou quatre années, il retournait en France. L’habitant était celui qui prenait une terre, se fixait à demeure dans le Canada et y laissait ses enfants ; dès les jours de Champlain, on le distingua de l’hivernant. Abatteur de la forêt, conquérant du sol par la charrue, milicien dans les heures de danger, croyant aux destinées du Canada comme les Gaulois ses pères avaient cru à l’avenir de leur noble patrie l’habitant est la souche unique du peuple Canadien français.

Gouverneurs, fonctionnaires civils, officiers militaires, missionnaires, employés de la traite, tout ce qui représentait la France proprement dite se reconnaissait comme Français ou Hivernants. Il en a été ainsi jusqu’à 1760.

Celui qui faisait du Canada son pays d’adoption, et les enfants nés sur les bords du Saint-Laurent, furent de suite considérés comme groupe distinct : les Habitants.

Entre ces deux classes, il y a toujours eu divergences d’idées : l’une tenait pour le Canada, l’autre pour la France. L’Habitant ne se retrouvait Français que le jour où on l’appelait aux armes, et alors il gagnait les bonnes batailles et se ruinait généreusement pour la cause commune.

Le terme Habitant est bien à nous. Durant plus de deux siècles, personne ne nous l’a contesté. Sous l’ancien régime, il y avait les « Canadiens ou habitants, » et les « Français » ; plus tard, les « Canadiens » et les « Anglais ». La politique anglaise distingua très bien entre les Habitants, qui formaient le gros de la population, et les Français restés au milieu de nous après 1760. Ceux-ci finirent par disparaître : ils n’avaient point de racine dans le sol.

Ce sont les fils de l’Habitant qui ont créé notre clergé national, livré les combats politiques, reconstitué l’administration publique, ouvert des écoles, établi des chemins de fer. De l’Habitant aussi viennent ces écrivains passionnés pour nos gloires nationales, et dont la tâche est aujourd’hui plus belle que jamais.

La base de tous les projets dont s’occupent à présent les chambres fédérales est le sentiment de la patrie nouvelle : l’esprit canadien. Nous sommes d’accord là-dessus, d’autant plus d’accord que l’habitant du Canada avait adopté ce principe comme étoile polaire dès les débuts de la colonie : il s’est conduit d’après cette règle à travers les mille et une luttes des deux derniers siècles. Les Français, qui étaient envoyés de France pour gouverner arbitrairement le pays, se sont heurtés contre l’élément appelé canadien. Les Anglais, ensuite, en ont fait l’épreuve. Les uns et les autres y ont perdu leur latin ; on peut dire qu’ils s’y sont brisés. Depuis vingt-cinq ans, un groupe anglais se donne le nom de canadien. Progrès ! Jadis, un Canadien était une bête noire. Le cri de Canada first, qui passe pour nouveau dans les cercles anglais, est vieux comme la lune dans la province de Québec. Nos poètes ont chanté de tout temps :

« Avant tout, soyons Canadiens ! »

Au milieu de l’été de 1621, la situation était celle-ci : deux compagnies prétendues unies cherchaient à s’arracher le commerce ; ni l’une ni l’autre ne voulait ou contribuer à la conversion des Sauvages[23], ou aider à fonder une colonie agricole ; les de Caen, plus en faveur à la cour que leurs rivaux, étaient protestants[24]. Il n’était guère possible d’espérer qu’avec de semblables combinaisons, la Nouvelle-France pût entrer dans une voie favorable et se développer. Champlain partageait ces craintes, et c’est pourquoi il autorisa l’assemblée du 18 août, la première de ce genre qu’on eût vue dans le pays. Les habitants y décidèrent que le Père Le Baillif passerait en France, porteur d’un cahier exposant leurs griefs. Le procès-verbal[25] de la réunion est signé de : Champlain, Frère Denis Jamet, Frère Joseph Le Caron, Hébert, procureur du roi ; Gilbert Courseron, lieutenant du prévôt ; Boullé, Pierre Reye[26], Le Tardif[27], J. Le Groux, P. Desportes, Nicolas[28], greffier de la juridiction de Québec et greffier de l’assemblée ; Guers, commissionné de monseigneur le vice-roi et présent en cette élection.

Le Père Georges Le Baillif de la Haye était arrivé de France l’année précédente. Distingué par sa naissance, remarquable par son mérite personnel, possédant l’estime du roi, il avait été recommandé à Champlain par le duc de Montmorency, qui priait son lieutenant de ne rien entreprendre de considérable sans le concours de ce savant religieux. Pontgravé le prit sur son vaisseau, le 7 septembre, et, de retour à Paris, le Père exposa à Louis XIII la situation de Québec ; il s’en suivit un arrêt du conseil d’État amalgamant tout-à-fait les deux compagnies.

Parlant du cahier de plaintes mentionné ci-dessus, les écrivains protestants disent : « C’est dans ce singulier document que les Récollets demandent l’expulsion des protestants du Canada… Louis XIII refusa de s’associer à cet acte d’intolérance. » Nous ne voyons pas que la pièce dont il s’agit fût en aucune manière une chose insolite, étrange, singulière, encore moins un acte d’intolérance. Les habitants du Canada étaient parfaitement dans leur droit lorsqu’ils remontraient contre les abus dont eux-mêmes et toute la colonie étaient victimes. Ils accomplissaient plutôt un acte de vigueur et de patriotisme. Qu’ils aient signalé le mal résultant des deux croyances religieuses aux prises sur ce coin de terre, c’est fort bien ; qu’ils aient demandé l’expulsion des calvinistes, c’est la preuve d’un esprit pratique, car l’établissement du pays était de plus en plus compromis au milieu des dissensions que nos lecteurs connaissent et que nous nous sommes fait un devoir d’exposer à mesure qu’elles se produisaient, afin d’en finir avec cette accusation d’intolérance dont certains historiens font le « clou » de leurs beaux chapitres lorsqu’ils parlent des origines de notre peuple. Il est aisé à qui que ce soit de détacher une phrase d’un document public et de broder là-dessus une thèse à sensation, mais autre chose est d’expliquer comment cette phrase avait, en son temps, sa raison d’être ! On a bien exhumé aussi les commissions de Jacques Cartier, du marquis de la Roche, etc., pour attester que les premiers Canadiens furent des criminels : pourra-t-on réfuter ce que nous avons fait voir à cet égard dans notre premier volume ? Il en est de même de l’affaire des huguenots : examinée pièces en main, elle ne résiste point à l’analyse. Les tiraillements causés par la différence de religion constituaient le principal obstacle aux progrès de la jeune colonie, et, puisque l’on vivait au lendemain d’une époque où des troubles de ce genre avaient mis dix fois le royaume aux bords de l’abîme, il était prudent et sage de les écarter à la première rencontre favorable. Croit-on, par exemple, que les deux de Caen se pouvaient prétendre meilleurs patriotes que Champlain ? Étaient-ils aussi dévoués aux intérêts du Canada que l’était le glorieux fondateur de Québec ? Ne voit-on pas, au contraire, que ces marchands huguenots témoignaient à l’égard des Religieux qui voulaient convertir les Sauvages, et aux hommes qui cherchaient à s’établir dans le pays, non pas seulement l’indifférence déjà si déplorable des marchands catholiques, mais une véritable opposition[29] ? De quel droit donc ces spéculateurs seraient-ils tant respectés, et quel blâme osera-t-on jeter à la figure des habitants qui avaient le courage de signaler le mal et d’en demander la suppression ?

Ce même automne (1621), on renvoya en France « deux ménages qui, depuis deux ans, n’avaient pas déserté deux vergées de terre, ne faisant que se donner du bon temps à chasser, pêcher, dormir et s’enivrer avec ceux qui leur en dormaient le moyen. Je fis visiter ce qu’ils avaient fait, ajoute Champlain, où il ne se trouva rien de déserté, sinon quelques arbres coupés, demeurant avec le tronc et leurs racines : c’est pourquoi je les renvoyai comme gens de néant, qui dépensaient plus qu’ils ne valaient. C’étaient des familles envoyées, à ce que l’on m’avait dit, de la part du dit Boyer[30] en ces lieux, au lieu d’y envoyer des gens laborieux et de travail, non des bouchers et faiseurs d’aiguilles, comme étaient ces hommes qui s’en retournèrent. »

Le 26 août (1621), Guillemette, seconde fille de Louis Hébert, épousa[31] Guillaume Couillard, « dont la postérité est devenue si nombreuse au Canada qu’on en compte actuellement (1691) plus de deux cent cinquante personnes et plus de neuf cents qui sont alliées à cette famille, de laquelle quelques descendants ont obtenu des lettres de noblesse, et les autres se sont signalés dans l’ancienne et la nouvelle France par des services considérables[32]. »

Au nombre des employés et autres personnes qui figurent, cette année (1621), à Québec, nous citerons les suivants :

Jacques Halard ou Alard, de l’équipage du sieur de Caen, arrive de France (1621) avec ce dernier et est dépêché à Québec, puis à la traite des Trois-Rivières ; en 1624, il était commis de la traite à Tadoussac ; on pense que c’est le même qui s’établit à Québec. Le capitaine Lavigne, de Honfleur, commandait le navire de Pontgravé. Le capitaine Legrand, aux ordres de de Caen. Le sieur de la Ralde, employé par de Caen ; on le retrouve dans le pays jusqu’à 1628. Le sieur Jean-Baptiste Varin, chargé par de Caen de livrer des armes à Champlain. Un nommé Roumier, sous-commis au magasin de Québec, y passe l’hiver 1619-20, puis retourne en France, trouvant ses gages trop peu élevés ; il revint (1621) porteur de dépêches pour Champlain et commis de la nouvelle société. Un gentilhomme du nom de Duvernay, qui avait voyagé au Brésil, arriva à Québec (1621) sur le navire du capitaine Dumay, se rendit à la traite des Trois-Rivières, puis retourna à Québec ; l’hiver 1622-23, il était chez les Hurons ; il y retourna hiverner (1623-24), et en revint avec quatre Français, dont l’un se nommait Lamontagne.

À partir de 1621, on voit reprendre les opérations des Français dans le Haut-Canada. Champlain et le père Le Caron étaient revenus de cette contrée en 1616, et Étienne Brûlé en 1618. Les sieurs de Caen y envoyèrent (1621) plusieurs hommes qui, jusque vers 1628, s’y maintinrent au nombre d’une douzaine, plus ou moins. Ce groupe représentait à peu près le type de l’interprète et du coureur de bois du Brésil, dont nous avons parlé. Agissant sous la direction des commerçants, ils s’abouchaient avec les sauvages, dans l’intérêt de la traite des pelleteries, mais ne songeaient ni de près ni de loin à la cause de la morale ou à l’avenir du pays. Lorsque les missionnaires retournèrent, en 1625, au lac Nipissing et à la baie Géorgienne, ils rencontrèrent cette triste école qui faisait dire au frère Sagard que si, par bonheur, l’on se rappelait les vertus et la conduite exemplaire de Champlain, on avait malheureusement devant les yeux de quoi faire perdre à jamais le prestige chrétien dont les traiteurs de la compagnie de de Caen démolissaient les bases. La situation était celle-ci : à force de restreindre les actes du fondateur de Québec aux seules choses du Saint-Laurent, l’avant-garde des Français, qui visait à s’assurer le commerce de l’ouest, prenait un caractère de bas étage. Sur ce vaste champ qui va de Tadoussac au lac Huron, deux courants d’idées se poursuivaient — l’un tout au service des traiteurs, l’autre subissant l’influence de Champlain et restant dans la mesure du plan d’une colonie stable. Si l’on doute de cette assertion, que l’on dise où sont passés, après 1628, les hommes de de Caen : ils se sont évanouis comme de véritables hivernants qu’ils étaient. Soit qu’ils aient repris le chemin de la France pour ne plus revenir, ou qu’ils se soient laissé absorber par les sauvages, à l’instar de leurs modèles du Brésil, il est certain qu’ils n’ont point fondé de familles canadiennes. Les interprètes de Champlain, au contraire, se sont presque tous mariés après la mort de ce chef respecté, et ont doublé la petite population des bords du Saint-Laurent.

Il est donc de première importance de ne point confondre les agissements d’un groupe avec ceux de l’autre.

L’époque lointaine de Champlain ne saurait être trop étudiée : elle renferme le secret de l’origine de nos familles. Si nous voulons que la malveillance ne morde plus sur nous, retrouvons la chaîne des faits et reconstruisons ce passé tel qu’il était. La lutte des partis, le jeu des influences — voilà l’histoire qu’il faut connaître. L’ordre précis des dates nous donne aussi la clef de bien des explications. De dix ans en dix ans, alors comme aujourd’hui, les événements marchaient : tenons-en compte, et restons, pour les juger, dans l’esprit du temps. Celui qui pénètre au fond des archives d’un peuple doit apprendre à placer en leur lieu les notes qu’il recueille. N’allons point, sous prétexte d’écrire un beau chapitre, ré-assortir les faits et leur imposer un rôle qui ne cadre point avec la juste notion historique.


  1. Le Père Le Clercq : Premier Établissement de la Foi, I, p. 98.
  2. Premier Établissement, I, p. 96.
  3. Premier Établissement, I, p. 337.
  4. Premier Établissement, I, p. 97.
  5. Cette pièce est signée : « Pierre Dugua (c’est le sieur de Monts), Le Gendre, tant pour lui que pour les Vermulles, Bellois et M. Dustrelot. »
  6. Henri de Montmorency, né 1595, amiral à dix-sept ans ; maréchal de France en 1629.
  7. Sagard, Histoire du Canada, pp. 46-8.
  8. Il signait Nicollet.
  9. Ruisseau qui traverse la terre des plaines d’Abraham (Spencer Grange aujourd’hui), qui lui appartenait
  10. Vers 1627, un nommé Duchesne, échevin de la ville du Havre-de-Grâce, agissait dans les intérêts de Champlain.
  11. Voir Tanguay :Dictionnaire I, pp. 142, 207
  12. Relation, 1634, pp. 7, 8.
  13. Journal des Jésuites, p. 9.
  14. Il ne s’agit plus ici des jardins potagers de l’habitation, mais d’une culture particulière, très restreinte, toutefois.
  15. Œuvres de Champlain, pp. 988, 1055.
  16. Voir Ferland, Cours, I, pp. 191, 503.
  17. Commissionnaire du duc de Montmorency, arrivé cette année (1620) avec Champlain. C’est lui qui donna lecture des lettres officielles, à Québec, et en dressa procès-verbal.
  18. Ferland : Cours, I, p. 201.
  19. Laverdière : Biographie de Champlain, p. 122.
  20. Il revenait des Trois-Rivières où il avait été surveiller la traite qui se faisait sous la direction de Pontgravé et des commis.
  21. Parti de Québec le 31 juillet. Dumay le remplaça au fort Saint-Louis durant ces dix-huit jours.
  22. Le Clercq : Premier Établissement de la Foi, I, p. 174.
  23. Les huguenots de la Rochelle parlaient contre les catholiques en présence des Sauvages. (Champlain, p. 986.)
  24. De Caen voulait obliger les catholiques d’assister aux prières des protestants. (Le Clerq : Premier Établissement, I, 333.
  25. Œuvres de Champlain, p. 1018.
  26. Il était venu de France en 1613. Charron de son état. Natif de Paris.
  27. Olivier Le Tardif, né 1601, de Honfleur, Normandie, était commis de la traite. Durant de longues années, nous le retrouverons parmi les habitants les plus respectables du pays.
  28. Est-ce Nicolas Marsolet ?
  29. Ils allaient plus loin. Contre l’avis, les instances et les ordres de Champlain et du roi, ils vendaient des armes à feu aux Sauvages.
  30. Il a été parlé de lui ailleurs.
  31. Le mariage fut célébré par le Père le Baillif. Champlain était présent.
  32. Le Clercq ; Premier Établissement, I. 112, 374.