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Histoire des variations et contradictions de l'Eglise romaine

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HISTOIRE
DES
VARIATIONS ET CONTRADICTIONS
DE L’ÉGLISE ROMAINE


I










PARIS — IMPRIMERIE ÉMILE MARTINET, RUE MIGNON 2.


HISTOIRE
DES
VARIATIONS ET CONTRADICTIONS
DE L’ÉGLISE ROMAINE
PAR
LE BARON DE PONNAT
Caprera, 21 sept. 1878.

«  ... Dites au baron de Ponnat que son ouvrage contre le morbus clérical vaudra une bataille gagnée. La France républicaine n’a plus qu’à balayer l’ordure qui lui vient de la rive gauche du Tibre, où siègent l’imposture et la corruption du monde..........» G. GARIBALDI.

(Fragt. d’une lettre au colonel L. MICHARD.)
TOME PREMIER
PARIS
G. CHARPENTIER, ÉDITEUR
13, RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 13

1882

Page:De Ponnat, Antoine - Histoire des variations et contradictions de l'Eglise romaine (tome 1), 1882.pdf/14
ERRATA DU TOME PREMIER

P. 26, ligne 11, au lieu de adressant, lisez adressent.

P. 41, ligne 5, au lieu de joint, lisez oint.

P. 42, ligne 16, au lieu de est, lisez fut.

P. 106, ligne 22, au lieu de gardé, lisez garde.

P. 247, ligne 3, au lieu de XIe lisez IXe.

P. 251, ligne 13, au lieu de son nom, lisez ce nom.

P. 252, note, ligne 1, au lieu de sylvii, lisez Sylvii.

P. 393, ligne 2, au lieu de Rezzen, lisez Bezzen.

P. 470, ligne 24, au lieu de Notre-Dame, lisez Notre Dame.

P. 482, ligne 20, après ajoute, mettez :


LE BARON DE PONNAT
AU DOCTEUR AGATHON DE POTTER.

Monsieur,

C’est aux travaux historiques de Monsieur votre père que je suis redevable de la direction que j’ai donnée aux miens.

Son Histoire politique et critique du christianisme[1] est une véritable encyclopédie méthodique de la libre pensée et ne laisse subsister, dans l’esprit du lecteur, aucun doute, ni sur les traditions, ni sur les tendances de la religion fort peu catholique, nullement apostolique, et de moins en moins romaine.

Je ne connais rien de plus concluant ni de plus consciencieux que cet ouvrage dont j’ai vérifié tous les textes, la plume à la main, comme je l’avais fait pour le Catéchisme catholique romain que vous avez bien voulu me permettre de rééditer[2].

Avec un tel guide, on ne saurait faillir, et je proclame ici bien haut que, si, pour éviter de trop fréquentes redites, je ne cite pas Monsieur votre père à chaque page de mon Histoire des variations et contradictions de l’Église romaine, ce n’en est pas moins à lui que je dois la majeure partie des matériaux qui la composent.

Je tiens, Monsieur, à placer cette déclaration en tête de mon nouvel ouvrage, et, si vous voulez bien m’y autoriser, à publier votre réponse.

Agréez, je vous prie, le nouveau témoignage de ma très haute considération.

Baron de Ponnat.

Chambéry, le 7 août 1878.


LE DOCTEUR AGATHON DE POTTER
AU BARON DE PONNAT


Monsieur le baron,

J’ai reçu, hier seulement, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et dans laquelle vous me demandez l’autorisation de déclarer, en tête de votre ouvrage[3], que c’est dans l’Histoire du christianisme de mon père que vous avez puisé la majeure partie de vos matériaux.

J’aurais mauvaise grâce, Monsieur, à ne pas accueillir favorablement une proposition aussi loyale et dont on trouve si peu d’exemples.

L’histoire du christianisme abonde en faits qui sont malheureusement, pour la plupart, trop ignorés de nos jours. À ce point de vue, l’ouvrage que vous vous proposez de publier sera d’une utilité considérable, et je lui souhaite un heureux succès.

Vous n’êtes pas sans savoir, Monsieur, que dans ses dernières années, mon père avait beaucoup modifié ses idées philosophiques. Je prends la liberté de vous adresser son Examen critique du catéchisme de l’Église romaine[4], dont la lecture vous donnera un aperçu du changement dont je parle, et que vous n’approuverez certainement pas. Je joins à ce volume une œuvre posthume[5] dans laquelle vous trouverez des faits qui vous intéresseront peut-être.

Je vous prie, Monsieur le baron, de bien vouloir accepter ces deux ouvrages, et d’agréer l’assurance de ma considération la plus distinguée.

Agathon de Potter.

P. S. Vous pouvez, Monsieur, si cela vous convient, publier cette réponse à votre lettre.

Bruxelles, le 10 août 1878.

PRÉFACE


Caprera, 21 septembre 1878.

« … Dites au baron de Ponnat que son ouvrage contre le morbus clérical vaudra une bataille gagnée. La France républicaine n’a plus qu’à balayer l’ordure qui lui vient de la rive gauche du Tibre, où siègent l’imposture et la corruption du monde……… » G. GARIBALDI.

(Fragt. d’une lettre au colonel L. MICHARD.)


L’Église, qui n’a jamais varié,… depuis la dernière fois, enseigne à qui veut, et même à qui ne veut pas l’entendre, que de tout temps elle a été immuable, aussi bien dans ses dogmes que dans sa morale ; et même, disait-elle autrefois, jusque dans sa discipline.

Que lui importent les démentis quotidiens de l’inexorable histoire ?

Ne connaît-elle pas les obstacles dont elle a hérissé les sentiers qui serpentent à travers l’affreux dédale des questions théologiques ? Et d’ailleurs, ne peut-elle plus compter sur l’indifférence des uns, sur l’ignorance des autres, et surtout sur l’aveuglement volontaire des fidèles, auxquels, sous peine de damnation éternelle, elle défend d’arracher l’épais bandeau dont elle a couvert leurs yeux ?

Il existe toutefois, à notre époque d’études et de sciences positives, une foule de philosophes décidés à rompre avec tous les préjugés du cléricalisme. C’est pour eux que je me décide à publier aujourd’hui l’ouvrage auquel j’ai consacré ma vie. Puisse-t-il épargner à ces amis de la vérité des recherches trop pénibles, au milieu du fatras des immenses collections des Pères, des Conciles, des Bullaires et des différentes Histoires ecclésiastiques !

Heureux si cette œuvre, dont le style, j’aime à le croire, ne rappelle en rien le ton dogmatique et pédantesque des cuistres tonsurés de l’ancienne Sorbonne, peut mettre à la portée de tous les libres penseurs les armes dont ils ont besoin pour écraser l’infâme superstition !

A cet effet, j’ai rédigé des sommaires très détaillés, une volumineuse table alphabétique des personnes et des choses, enfin un compendium des variations et des contradictions.

On trouvera là, à la fin du second volume, et sans aucun effort, pour chaque question de dogme, de morale ou de discipline, tout ce qu’il importe de connaître, non seulement pour soutenir avec avantage la polémique anti-cléricale, mais aussi pour confondre et faire rentrer sous terre tous ces bigots, qui, à l’instar des anciens de Mun et Dupanloup, ont l’audace, en plein XIXe siècle, de prôner leurs sottes théories cléricales, du haut même de nos tribunes parlementaires.

J’espère qu’au moment où la lutte est le plus vivement engagée, entre la raison et la foi, entre la science et la superstition, entre l’État et l’Église, tout le monde comprendra l’opportunité de cette publication.

N’est-il pas temps enfin de souffler sur ce fantôme, qui, pendant quinze siècles, a terrorisé les peuples, et les tient encore aujourd’hui sous l’empire d’une fascination entièrement due aux préjugés de notre éducation cléricale ?

INTRODUCTION


Ce qui étonnera bien les philosophes de l’avenir, c’est qu’après avoir traversé sans y périr le sombre et sanglant océan de la foi, l’humanité ne soit pas directement retournée aux cavernes et aux forêts qui l’ont vue naître. On dit que la foi est un don de Dieu ; je le crois, si tant est que Dieu soit la personnification de l’ignorance.

1. Paraphrase d’un texte de Bossuet. — 2. Où rencontre-t-on le critérium chrétien ? — 3. Pyrrhonisme de François de la Mothe-le-Vayer. — 4. Scepticisme et Christianisme. — 5. Le Christianisme a son berceau dans l’Inde. — 6. Antiquité de la croix. — 7. Opinion de Michel de Marolles sur l’origine toute païenne des coutumes chrétiennes. — 8. Les dogmes chrétiens descendent de la Trimourti indienne. — 9. Les fakirs de l’Inde et les moines du Mont-Thabor. Une pensée très juste de Boutteville. — 10. Le langage de la vérité, selon Bossuet. — 11. Sombre chaos des opinions chrétiennes. — 12. Le Christianisme de Bossuet est né et a vécu dans le sang. — 13. La haine de l’humanité, dogme chrétien. — 14. La barque de Pierre est un faux emblème. — 15. Sous la forme gracieuse de la Libre Pensée, la morale scientifique apparaît lumineuse, et plane triomphante sur les sombres ruines du Christianisme autoritaire. Une noble ambition.

1. — « Si les catholiques savaient à fond comment s’est formée leur religion, avec combien de variations et avec quelle inconstance leurs confessions de foi ont été dressées ; comment ils se sont séparés, premièrement des apôtres, et puis entre eux ; par combien de subtilités, de détours et d’équivoques, ils ont tâché de réparer leurs divisions, et de rassembler les membres épars de leurs schismes ; cette religion, dont ils se vantent, ne les contenterait guère ; et pour dire franchement ce que je pense, elle ne leur inspirerait que du mépris. C’est donc ces variations, ces subtilités, ces équivoques et ces artifices dont j’entreprends de faire l’histoire. »

2. — Lorsque l’aigle de Meaux écrivait ces lignes[6] dont j’ai eu soin de souligner les seuls mots changés par moi, il avait placé son aire à une telle altitude, qu’il ne pouvait même plus percevoir les bruits du monde, et, comme relégué dans la solitude des déserts, il oubliait jusqu’aux aiglons des précédentes couvées. Six ans s’étaient à peine écoulés, depuis la signature des quatre articles de 1682, et déjà le souvenir des luttes récentes contre l’ultramontanisme s’était effacé de sa mémoire ; mais alors, où plaçait-il donc l’infaillibité ecclésiastique ? Dans le pape, ou dans les conciles ? Quel était son critérium ? Fallait-il le chercher dans la raison ou dans la foi ? dans les sciences proprement dites ou dans la métaphysique ? Mais la raison était condamnée par l’Église, et les sciences étaient encore au berceau ; il y avait à peine cinquante-cinq ans que Galilée avait été condamné comme hérétique relaps, et la métaphysique en était encore à l’enthymème de Descartes : Je pense, donc je suis.

3. — On en était même arrivé à croire que le scepticisme était, de toutes les philosophies, la seule qui pût accepter un modus vivendi avec les religions soi-disant révélées ; et le célèbre académicien François de La Mothe-le-Vayer venait de désigner le pyrrhonisme comme le système philosophique le plus propre à accueillir favorablement les mystères de la religion chrétienne[7].

4. — Un pareil aveu de la part d’un catholique sincère n’a rien qui nous surprenne ; et si l’on veut bien jeter un coup d’œil rétrospectif sur les origines des religions positives, on reconnaîtra que le doute est encore le seul refuge où puisse se retrancher un esprit désireux de vivre en bonne intelligence avec des contre-vérités d’une évidence infiniment trop palpable.

5. — Loin de nous la pensée d’ouvrir ici un cours d’archéologie religieuse, mais on voudra bien nous permettre de le dire avec Pétrone :

La peur, chez les humains, enfanta tous les dieux[8] ;

Et d’ajouter que, si toutes les religions de l’Europe sont originaires de l’Inde, le christianisme en particulier a emprunté à cette contrée, par le canal du paganisme et du mosaïsme, toutes ses cérémonies, ses croyances, et même l’incarnation de son Dieu.

6. — Il n’est pas jusqu’à la croix qui n’ait été connue de l’antiquité, et personne n’ignore qu’à Alexandrie, en l’an 391, on en trouva plusieurs de gravées dans les fondements du temple de Sérapis, lors de la destruction de ce monument, construit plus de trois siècles avant l’ère chrétienne.

Un savant qu’à coup sûr on ne taxera pas d’irréligion, le géographe Malte-Brun, avoue sans détour, à propos des bas-reliefs trouvés dans le temple de Culhuacan, au Mexique, que la croix paraît avoir été, dès la plus haute antiquité, un signe symbolique spécialement destiné à représenter les solstices. « On sait aussi, ajoute-t-il, que la croix a été observée dans les monuments de l’Inde par les anciens Portugais[9]. »

7. — Michel de Marolles, abbé de Villeloin, dans ses Mémoires[10], rapporte au paganisme la plupart des coutumes chrétiennes ; « et même, demande-t-il, le mot pontife ne vient-il pas de ce que, suivant les anciennes cérémonies, il fallait passer sur le pont Sublicius ? »

Suivant l’abbé de Villeloin, le christianisme, en s’appropriant les rites païens, les aurait sanctifiés. Toujours est-il que cela n’infirme en rien la réalité des transformations religieuses subies par le culte, avant que d’en arriver jusqu’à nous.

8. — S’il était absolument indispensable de doter le christianisme d’un arbre généalogique dont les racines plongeassent dans la profonde nuit des temps, rien n’était plus aisé que de placer son berceau dans les Védas ; de faire découler tous ses dogmes de la Trimourti indienne ; de substituer à Brahma le sanguinaire Jéhova Sabaoth ; à Manou, Moïse ; à Vichnou, Jésus. Pour cela, il eût suffi de la cent millionième partie des efforts si vainement tentés pour établir sa prétendue révélation.

Aussi est-on péniblement surpris de rencontrer encore parmi les catholiques, à notre époque, des apologistes soi-disant convaincus, dont les vaines et ridicules tentatives amènent à se demander si leur foi ne serait pas inspirée par d’inavouables calculs d’intérêts encore plus grossiers que mal dissimulés.

9. — Est-ce à dire que l’antique religion de l’Hindoustan nous paraisse de beaucoup préférable à celles de l’Europe ? Non certes ! Nous savons trop ce que valent les prétendues révélations, mères de tous les fanatismes ; et les fakirs de l’Inde, se jetant sous les roues du chariot sacré, ne nous paraissant ni plus sages ni plus intéressants que les moines, passant leur vie dans la contemplation de leur nombril, pour y découvrir la lumière du Mont-Thabor.

Mais, tout en nous édifiant sur le danger des superstitions, l’histoire nous atteste qu’il n’en est aucune dont le prosélytisme ait coûté plus de sang, ait produit plus de ruines, ait provoqué plus de luttes sanglantes que le romanisme ; aucune qui ait été plus fatale aux sociétés humaines ; aucune enfin qui se soit plus obstinément opposée aux progrès de l’humanité.

Aussi dirons-nous volontiers, avec notre cher et si regretté M.-L. Boutteville[11], que, pour notre part, nous ne connaissons pas d’honnête croyant, aux qualités et aux vertus duquel sa foi religieuse n’ait fait tort, et qui n’eût gagné sous ce rapport à n’être qu’un simple honnête homme. 10. — Telle est cependant cette religion dont les docteurs se disent les seuls détenteurs de la vérité. A les entendre[12] : « La foi parle simplement, le Saint-Esprit répand des lumières pures, et la vérité qu’il enseigne a un langage toujours uniforme. »

Combien n’est-il point regrettable que la tradition, loin de justifier cette noble assurance des apologistes, soit au contraire un perpétuel démenti infligé à de pareilles assertions !!

L’histoire que nous publions aujourd’hui a nécessité de notre part l’étude approfondie des fastes ecclésiastiques ; et cette étude nous a démontré avec une irrésistible évidence que le catholicisme romain, loin d’inspirer, par la noble simplicité dont il se targue, l’amour des vertus philosophiques et civiles, est au contraire l’ennemi le plus implacable, et de la vérité, et de l’ordre social.

11. — Où donc la trouvera-t-on cette uniformité de langage dont parle Bossuet ? Dans les Pères ? — Qu’on lise Barbeyrac[13] et Boutteville[14]. — Dans le Bullaire, dans la Collection des conciles ? — Qu’on lise notre œuvre et l’Histoire des dogmes, par Eugène Haag. — Dans l’Ancien et le Nouveau Testament ? ― Qu’on lise Patrice Larroque[15] et Miron[16]. De quelque côté que l’on tourne ses regards, dans l’affreux et sombre chaos des opinions religieuses ; à quelque époque que l’on se reporte, à quelque point de dogme, de discipline ou de morale que l’on s’attache ; partout enfin, à la tête comme dans les simples membres de l’Église, parmi ses plus ardents défenseurs, aussi bien que dans les rangs obscurs de ses fanatiques prosélytes ; au dehors comme au sein de ses monstrueuses croisades en Orient et en Occident ; partout, oui partout, on ne voit que honteux scandales, horribles et sanglants spectacles ! Est-ce bien là ce que Bossuet appelle avec amour : la simplicité de la foi, les pures lumières du Saint-Esprit et la constante uniformité de langage que tient le christianisme ?

12. — Le christianisme de Bossuet ! Ah ! parlons-en. Il est né dans le sang, s’est vautré dans le sang, s’est abreuvé de sang, et c’est encore en caractères de sang qu’est écrite sa véritable histoire. Disputes sur la Pâque, du sang ; sur l’Arianisme, du sang ; sur le Culte des images, du sang ; sur la double Procession du Saint-Esprit, du sang ; sur les Investitures, du sang ; sur la Réforme, du sang ; sur la Grâce, du sang ; du sang ; du sang, encore du sang ! du sang partout, toujours du sang !  !  !

Après avoir dépeuplé l’ancien monde, il s’est rué sur le nouveau.

Ne pouvant la convertir à la foi, il a converti l’Amérique en désert, et, pour la repeupler, il a décimé l’Afrique.

Dégoûté de cette affreuse besogne, il s’est précipité sur la Chine et le Japon ; mais obligé de renoncer à son commerce de chair humaine, dans ces contrées assez heureuses pour pouvoir lui résister en face ; masquant ses vues sous le spécieux prétexte de Propagation de la foi, il fit traite sur l’Europe, à l’ordre des fantastiques petits Chinois ; et, par cette frauduleuse manœuvre, au grand préjudice des peuples qu’il avait eu soin de maintenir dans la plus grossière ignorance, il escroqua des centaines et des centaines de millions.

13. — Si c’est là cette religion qui se dit immuable, oh ! alors, nous en convenons aisément : non, certes, elle n’a jamais varié… dans ses cruautés, non plus que dans sa profonde immoralité. Elle a toujours prêché la haine de l’humanité. Quiconque, s’écrie-t-elle encore à l’heure qu’il est : Quiconque vient à moi et ne hait pas, et son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même sa propre âme, est indigne de me suivre (Luc, XIV, 26).

14. — On la connaîtra désormais cette Église, qui se complaît à se représenter elle-même sous le gracieux emblème d’une barque. Hélas ! pour qu’elle ait pu franchir les flots de sang dont elle a inondé le monde chrétien, combien de fois n’a-t-elle pas dû se transformer en une horrible galère, dont les monstrueux canons, bien longtemps avant l’invention de l’artillerie, ont fait retentir au loin les sinistres échos de tous les despotismes, et ébranlé jusque dans leurs plus profondes assises les fondements de tout ordre véritablement social ?

15. — Mais si l’Église est une galère, le christianisme, lui, peut être considéré comme une immense forteresse, construite des débris amoncelés du glorieux paganisme, pour dérober aux hommes le splendide aspect de l’antique sagesse. La philosophie l’a démolie pièce à pièce. Enfin nous apercevons, au faîte des sombres ruines, les rayons naissants de la morale humanitaire.

Il ne nous reste plus qu’à déblayer le terrain de cet amas confus de matériaux informes. Chacun de nous s’y employe dans la mesure de ses forces. Les uns déjà sont illustres, d’autres le deviendront. Il en est plusieurs, je suis de ce nombre, — qui travaillent sans autre espoir que la satisfaction du devoir accompli ! Je ne suis pas un réformateur, pas même un démolisseur : je suis un simple manœuvre, ouvrier de l’avenir ; mais je travaille avec d’autant plus d’ardeur, que j’ai moins en vue l’espoir d’une récompense, et plus en perspective la couronne de toutes les douleurs.

HISTOIRE
DES
VARIATIONS ET CONTRADICTIONS
DE L’ÉGLISE ROMAINE

PREMIER SIÈCLE

1. Obscurité des origines chrétiennes. — 2. Suspicion légitime. Miracles. — 3. Un nommé Jésus. — 4. Plusieurs nommés Jésus. — 4. Un certain illuminé, nommé Saul. Ibid. Il change de nom et de conduite. — 6. Il donne une leçon d’orthodoxie à l’apôtre Pierre, qui la reçoit humblement. — 7. Saint-Pierre, premier hérésiarque connu. — 8. Prêtres, diacres et évêques mariés. 9. Célébration de la Pâque. — 10. Réunion dans les cimetières ; les agapes, le baiser fraternel, l’eucharistie. — 11. Croyance à la fin du monde, établissement du communisme le plus grossier. — Ibid. Ananias et Saphira. — 12. Un nommé Chrestus ; témoignages de Suétone et de Tacite. — 13. Que faut-il conclure des témoignages de ces deux historiens ? — 14. La Trinité, inconnue au Ier siècle. — 15. L’athéisme des plus grands hommes parmi les païens favorise l’introduction du christianisme. — 16. Bilan du Ier siècle.

1. — Tout est obscurité dans les origines du christianisme, et il est moins difficile de dire ce que cette religion n’était pas, que de montrer ce qu’elle était, au premier siècle de l’ère actuelle. Les historiens de l’époque ne prononcent même pas le nom de la secte chrétienne. Il existe cependant une foule de légendes, toutes plus bizarres les unes que les autres. Le peuple les nomme Évangiles, c’est-à-dire Bonnes nouvelles. Qu’elles soient mauvaises ou bonnes, elles ne concordent nullement entre elles, et quand on n’a pas d’autre fil pour se guider dans ce labyrinthe, on risque fort de n’en pouvoir sortir. C’est cependant sur quelques lambeaux de ces pauvres documents, presque tous apocryphes, et quelques Epitres d’un illuminé nommé saint Paul qu’il faut s’appuyer pour se tirer de cet inextricable chaos à travers lequel on tâtonne, sans jamais rencontrer un terrain assez solide pour y poser le pied avec quelque assurance.

2. — Si, comme le bon sens l’indique, on devait rejeter a priori tout témoignage émanant d’un écrivain trop crédule pour faire autorité, il ne resterait rien de l’histoire chrétienne au premier siècle. Et cependant est-il possible d’écouter avec confiance des gens qui viennent nous raconter des miracles ?

Pour le déiste, un miracle bien établi serait la négation même de Dieu ; et pour le philosophe expérimentaliste, le miracle, étant une dérogation aux lois immuables de la nature, implique contradiction dans les termes, et par conséquent est un non sens.

Que restera-t-il donc de ces pauvres légendes ? Hélas ! bien peu de chose, si, comme nous comptons bien le faire, nous n’admettons que ce qui ne heurte pas trop fortement la raison ; repoussant d’ailleurs avec la dernière énergie tout ce qui sent la fable ou la superstition.

3. — Ce travail fait, nous devons nous contenter de l’existence, fort problématique elle-même, d’un certain Jésus qui se serait donné pour le Messie attendu par les Juifs et, après une très courte prédication, aurait été pendu comme un simple criminel. Il est possible que ce Jésus ait été convaincu de sa mission ; mais ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il n’a laissé aucun document authentique de sa doctrine, et que tout ce qu’on lui prête en ce genre ne repose sur aucune base sérieuse, sur aucun écrit directement émané d’un témoin oculaire.

4. — Le nom de Jésus était fort répandu chez les Juifs. Sans compter ceux que cite le Talmud[17] auquel nous n’accordons pas plus de confiance qu’à l’Évangile ; sans parler du Jésus de Nazareth, lapidé pour crime de magie, ni de cet autre qui, deux cents ans avant l’ère chrétienne, aurait fondé l’idolâtrie de la croix ; non plus que du fils de Pandéra, soldat romain et de l’adultère Marie, de Lydda ; nous trouvons dans l’historien Josèphe un certain nombre d’intrigants qui, sous le titre de zélateurs, s’étaient donnés pour le Messie prédit par les Écritures. Tous étaient morts sans avoir accompli leur prétendue mission ; mais de ces tentatives, parfois héroïques, souvent ridicules, il était résulté comme un faisceau de légendes, dont les héros (Christs) avaient, de leur vivant, reçu le nom de Jésus, c’est-à-dire Sauveurs.

5. — Cependant la secte juive des Pharisiens ne laissait pas que de s’inquiéter un peu de cette nouvelle prédication, mal définie encore, mais qui semblait s’en prendre à la loi de Moïse.

Un certain Saul, qui pourrait bien avoir été quelque chose comme un valet de bourreau (c’est Gibbon qui le dit), appartenait à cette secte, et en cette qualité, mettait une sorte d’acharnement à tourmenter ceux que l’on nommait alors, non pas des chrétiens ; — ce nom était presque inconnu des apôtres eux-mêmes, qui ne l’ont employé que trois fois ; — mais des Nazaréens[18]. Cet homme était fort remuant. Passant un soir sur le chemin de Damas, il eut, paraît-il, un éblouissement qu’il prit pour une apparition de Jésus en personne. Dans le tumulte de ses sens, il crut entendre ces mots : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Cette question aurait au moins dû lui paraître étrange de la part d’un Dieu qui, en cette qualité, devait bien savoir à quoi s’en tenir à ce sujet. Saul n’y réfléchit même pas. Il est vrai que Jésus n’était pas encore Dieu à cette époque.

Quoi qu’il en soit, de persécuteur qu’il était, Saul devint depuis lors le plus zélé partisan du nazaréisme ; si bien que ses anciennes victimes l’appelèrent l’Apôtre des Gentils.

Il avait changé de nom, on ne sait trop pourquoi, et s’appelait Paul. Il était infatigable. Chypre, Paphos, Ephèse, Philippes, Thessalonique, Corinthe, Athènes et Rome furent témoins de ses incessantes prédications, et tel était l’empire qu’il exerçait sur ses persécutés d’autrefois, qu’il ne craignit pas de donner une sévère leçon au chef même de la secte.

6. — Pierre, le premier des apôtres, ne croyait pas qu’il fût permis, en présence des Gentils, de négliger les préceptes de l’ancienne loi. Paul, au contraire, soutenait que ce serait là un acte d’hypocrisie. Avait-il tort, avait-il raison ? Ce n’est point à nous d’en juger. Toujours est-il que, sans aucun ménagement, il résista en face à saint Pierre (Galat. II, 11) et que celui-ci fut contraint de reconnaître très humblement sa faute.

Pierre était cependant bien l’apôtre auquel on avait adressé, de haut lieu, le premier calembour que les Nazaréens aient connu. (Nous ne nous portons point garant de ce mauvais jeu de mots qui ne fut connu, au plus tôt, qu’au commencement du 11° siècle). On lui avait dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église (Matth. XVI, 18). » Or, quelle audace ne fallut-il pas à saint Paul, pour reprendre ainsi le chef reconnu et vénéré de la nouvelle secte ! Et quel scandale n’est-ce pas encore aujourd’hui parmi les chrétiens, que l’exemple du premier vicaire de Jésus-Christ sur la terre, recevant en pleine poitrine, et publiquement, de l’un de ses subordonnés, une leçon d’orthodoxie qui constitue, à nos yeux, la première contradiction au dogme de l’infaillibilité ecclésiastique !

7. — Il ne faudrait pas croire que cette dispute fût dépourvue d’un certain intérêt, au point de vue de la croyance actuelle. Elle fut tellement grave que le monde chrétien en ressentit longtemps les conséquences ; et saint Augustin[19] nous est un sûr garant de l’émotion qu’au Ve siècle, causait encore l’hérésie fondée par saint Pierre, sous le nom de nazaréïsme. « Ceux, dit le Père africain, qui s’appellent nazaréens et qui, à l’instar des Juifs, se font circoncire charnellement, sont des hérétiques, nés de l’erreur que professait Pierre, avant que Paul ne l’eût rappelé à son devoir, et qui persistent encore dans cette fausse voie, à l’heure qu’il est. »

Voilà donc bel et bien saint Pierre reconnu comme hérésiarque. Nous en verrons bien d’autres ; mais cela n’empêchera pas les théologiens romains d’affirmer que jamais on ne vit un pape fondateur d’hérésie. Reconnaissons toutefois que les papes n’existaient pas encore au premier siècle.

8. — À cette époque, les évêques (surveillants) étaient généralement mariés, mais ils ne devaient avoir qu’une seule femme à la fois ; et peut-être était-il de rigueur qu’ils en eussent une ; car le texte (I Timot. III, 2) dit formellement : « Il faut que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, prudent, etc. » Et plus loin (I Corinth. XI, 11) : « Pour se conformer à la volonté de Dieu, l’homme ne peut pas plus se passer de femme que la femme ne peut se passer d’homme. »

Nicolas était l’un des sept premiers diacres choisis par les apôtres. Quoique marié, il essaya, mais en vain, de vivre dans la continence. Il enseigna alors à ses disciples que la continence est un péché mortel[20].

9. — La célébration de la Pâque se faisait, suivant les Églises, tantôt le quatorzième jour de la lune, après l’équinoxe de printemps, tantôt le premier dimanche qui suit la pleine lune. Nous verrons plus tard combien cette différence de coutume, si peu importante qu’elle fût, souleva de tempêtes dans l’Église, avant qu’on parvînt à s’entendre. Les cérémonies du culte étaient nulles, et n’eût été le besoin de conserver quelques vestiges de l’ancienne loi, il est vraisemblable que l’on n’eût pas même songé à la Pâque. Encore ne faut-il pas oublier que le fondateur du nazaréïsme avait voulu célébrer lui-même cette fête, le jeudi, veille de sa mort, et sans s’astreindre à aucune des formalités ordonnées, en pareil cas, par la loi de Moïse[21].

10. — En général, on se réunissait dans les cimetières, on y mangeait en commun ; ces repas étaient appelés Agapes, et l’on y faisait peu de prières. Après le banquet, pendant lequel on se donnait le baiser fraternel, quelque fût son voisin ou sa voisine, on se distribuait l’eucharistie, sorte de pain bénit qui n’avait de commun avec le sacrement actuel que le nom. Chacun en mangeait ce qu’il voulait, et mettait le reste dans sa poche pour les besoins éventuels de la famille.

11. — La nouvelle secte enseignait que la fin du monde arriverait certainement avant que la génération d’alors ne fût éteinte. Le fils de Dieu allait, d’un jour à l’autre, descendre sur la terre pour juger les vivants et les morts. A quoi bon conserver des biens, désormais inutiles ? Aussi, tout se mettait-il en commun entre nazaréens, et malheur au nouveau converti qui eût osé garder pour son propre usage la plus minime part de sa fortune ! Le sort d’Ananias et de Saphira sa femme, tous deux immolés en punition de ce crime (Actes, V, 1-11), est là pour prouver que les communistes de l’époque étaient bien autrement dangereux que les prétendus partageurs d’aujourd’hui.

12. — La superstition, la cupidité et la jalousie sont de mauvaises conseillères ; aussi voit-on sans étonnement, vers l’an LIII, l’empereur Claude, contraint d’expulser de Rome les Juifs qui, sous la conduite d’un certain Chrestus, ne cessaient d’y fomenter des séditions[22].

Peut-être même, comprendra-t-on Tacite, quand, après avoir décrit le terrible incendie qui détruisit presque entièrement la ville de Rome, en l’an LXIV, et dit que le peuple rejetait sur Néron tout l’odieux de cet épouvantable désastre, l’impartial annaliste ajoute [23] :

« Pour étouffer ces rumeurs, Néron désigna comme coupables, et soumit aux plus cruelles tortures, des gens dont les abominations avaient soulevé contre eux la réprobation du peuple qui les appelait chrétiens. Ce nom leur venait du Christ qui, sous le règne de Tibère, avait été condamné à mort par le Procurateur Ponce Pilate. Ainsi fut réprimée d’abord cette désastreuse superstition (exitiabilis superstitio) ; mais bientôt elle rompit de nouveau ses digues, non seulement en Judée, source de ce fléau, mais dans Rome même, où, comme dans un égout, toutes les infamies et les horreurs du monde affluent et pullulent. On saisit d’abord ceux qui avouaient et, sur leurs indications, on en arrêta ensuite une infinité d’autres qui furent convaincus, bien moins comme incendiaires que comme ennemis du genre humain. Au supplice, ou ajouta la dérision. D’aucuns, revêtus de peaux de bêtes, furent livrés aux chiens, pour être dévorés ; ceux-ci furent crucifiés, ceux-là enduits de matières inflammables, pour qu’à la tombée de la nuit, ou pût les allumer en guise de torches. Néron, pour ce spectacle, avait offert ses jardins réservés, et en même temps donnait des jeux au cirque, où, tantôt travesti en cocher, il se mêlait à la foule ; tantôt conduisait lui-même un char. Aussi, bien que ces hommes fussent coupables et méritassent des châtiments inouis, ils faisaient pitié, et paraissaient sacrifiés, bien moins à la sûreté de tous, qu’à la vengeance d’un seul. »

13. — De la citation de Suétone qui parle de Juifs séditieux, sous la conduite d’un certain Chrestus, et non pas Christus, on peut conclure hardiment que la nouvelle secte n’était pas encore connue sous son nom actuel ; et la citation de Tacite, qui écrivait ses Annales, au commencement du IIe siècle, vient confirmer cette opinion, puisque cet auteur, si estimé pour sa véracité, son exactitude et sa modération, est obligé, pour se faire comprendre, de donner l’étymologie du mot chrétien, plus de cent ans après la fondation du christianisme.

14. — Non seulement la trinité chrétienne attendait son inventeur, mais les apôtres étaient loin de considérer Jésus-Christ comme Dieu. « Je veux que vous sachiez, disait saint Paul (I. Corinth., XI, 3), que Jésus-Christ est le chef de l’homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Jésus-Christ. » Si Dieu est le chef du Christ, comment le Christ est-il Dieu lui-même ?

15. — Si l’on veut bien se rendre compte du discrédit dans lequel étaient tombés les dieux du paganisme, il sera aisé de comprendre avec quelle facilité devait se répandre une philosophie nouvelle, si absurde qu’elle fût. Les païens commençaient à rire de leurs dieux, comme au XVIIIe siècle on rira de la superstition chrétienne ; ils prenaient en pitié les ignorants qui tremblaient au seul nom de Jupiter. On lisait alors, dans les écrits de Cicéron, une foule de passages, où l’athéïsme du grand orateur se donnait libre carrière. On remarquait surtout, dans la partie du IIIe livre du De natura Deorum, des arguments que l’auteur avait mis dans la bouche de Cotta, contre la croyance des stoïciens en la Providence, arguments qui ont paru tellement irréfutables aux Nazaréens, qu’ils se sont bien gardés de nous les transmettre. On ne les rencontre aujourd’hui dans aucune des éditions qui nous restent de Cicéron[24]. On le voit, les chrétiens modernes peuvent faire remonter bien haut les premières preuves de leur habileté à tronquer et mutiler les textes.

16. — Ni dogmes, ni cérémonies, ni sacrements ; — le baptême et la circoncision se confondent ; — une hérésie fondée par saint Pierre ; — diacres et évêques mariés ; — la fin toute prochaine du monde, — le communisme allant jusqu’à la promiscuité ; voilà ce que nous montre l’étude du premier siècle. Cela promet.

DEUXIÈME SIÈCLE


1. Difficulté d’établir le dogme. — 2. Quatre symboles, au moins, en attendant mieux. — 3. On ne connait ni canons, ni constitutions des apôtres. — Ibid. Irénée et les quatre évangiles. — 4. Théophile, évêque d’Antioche, invente une espèce de Trinité. On ne connaissait encore que le Père et le Fils. Justin, martyr, ne parvient pas à faire comprendre une espèce de Trinité métaphysique. — 5. Interpolation dans l’évangile selon saint Mathieu. — 6. Le prétendu miracle de la légion fulminante établi par une fausse lettre de Marc-Aurèle en faveur des chrétiens. — 7. Faux édits de Tibère et de Marc-Aurèle en faveur des chrétiens. — 8. Les sacrements de baptême et de confirmation s’administrent simultanément. Aucun temple, aucun simulacre. Commencement d’organisation et aussi de disputes. — 9. Dispute sur l’époque à laquelle on doit célébrer la Pâque. — Continuation du même sujet. Saint Polycarpe et saint Anicet, l’évêque de Rome. — 11 Le fougueux Victor Ier, évêque de Rome, commence les hostilités. Résistance des Orientaux aux prétentions de l’évêque de Rome. — 12. Polycrate, évêque d’Ephèse, et sa lettre sur la Pâque. Les Orientaux avaient toujours célébré la fête de Pâque le premier jour de la première pleine lune après l’équinoxe du printemps. Modération de saint Irénée, évêque de Lyon, dans cette dispute. — 13. Des apôtres opposés à des apôtres, des saints à des saints, des conciles à des conciles, et l’Église de Rome à Jésus-Christ. — 14. Pourquoi nous ne mentionnons pas un très grand nombre d’hérésies.

1. — Les chrétiens, que l’on confond encore fort souvent avec les Juifs, sont assez embarrassés de dire au juste en quoi consiste leur nouvelle croyance. Au commencement de ce siècle, la Légende, sous le nom de Tradition, est à proprement parler la seule autorité en vogue. On connaît bien quelques lettres de l’illuminé saint Paul, quelques soi-disant Actes des apôtres ; mais, s’agit-il de définir la foi ? tout aussitôt les variantes se produisent, les difficultés s’accentuent et les hérésies s’accumulent.

2. — Saint Irénée[25] émet-il un symbole, une prétendue règle de foi ? immédiatement Tertullien en indique trois autres, dont la première est simple ; [26] la seconde un peu moins ;[27] et la troisième pas du tout.[28] Attendons Origène et il s’en produira une d’une telle dimension[29] qu’une page in-folio ne la contiendra que difficilement.

3. — On ne connaît ni canons ni constitutions des apôtres, et il est grand temps que les évangiles, selon saint Mathieu, selon saint Marc, et selon saint Luc, fassent leur apparition. Enfin, dans les dernières années du règne de Trajan, au plus tôt, apparaît un recueil d’évangiles que le même Irénée compare aux quatre points cardinaux[30], et dont il fait les quatre piliers sur lesquels repose la calotte des cieux[31]. 4. — Une sorte de Trinité nouvelle qu’il ne faut cependant pas confondre avec celle des néo-platoniciens, a enfin trouvé un inventeur. C’est au patriarche Théophile, évêque d’Antioche (168-181) que revient tout l’honneur de cette glorieuse invention, fort différente d’ailleurs de la Trinité des catholiques modernes[32].

En vain saint Justin, croyant reconnaître une Trinité païenne, essaie-t-il d’introduire quelque chose de semblable dans les idées de la nouvelle secte ; ses contemporains restent sourds, et n’en continuent pas moins à psalmodier au nom du « Dieu qui est le seul sage honneur et gloire par Jésus-Christ, dans les siècles des siècles (I Timoth., XVI, 27) ! »

5. — En vain essaie-t-on d’interpoler les textes ; en vain fait-on dire à Mathieu (XXVIII, 19) : « Allez et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » On sait aujourd’hui que ce texte n’existait pas au IIe siècle[33] ; il eût trop ouvertement heurté celui où le même évangéliste disait : « Nul ne connaît le Fils que le Père ; et nul ne connaît le Père que le Fils et celui auquel le fils aura voulu le révéler (Math., XI, 27). » Que faisait alors le Saint-Esprit ?

6. — Ici l’on trouve, à la suite de la première apologie de la religion, par saint Justin, martyr (103-167), une prétendue lettre de Marc-Aurèle au sénat romain, pour lui annoncer le miracle de la Légion fulminante ; mais tous les auteurs ecclésiastiques, et même les plus orthodoxes, reconnaissent, depuis le XVIe siècle, que cette lettre est supposée, et n’a été écrite qu’après le règne de Justinien, au VIe siècle. On sait d’ailleurs, par les médailles des empereurs et la colonne Antonine, que l’empereur et le peuple romain n’attribuèrent leur succès qu’à la protection de leurs dieux : Jupiter en eut tous les honneurs et Mercure ne fut pas oublié. Quant au Dieu des Juifs, il n’en fut pas plus question que s’il n’eût jamais existé.

7. — Là, on rencontre dans Tertullien (160-245), de fort beaux édits de Tibère et de Marc-Aurèle, en faveur des chrétiens on y relate les miracles sur lesquels les nouveaux sectaires fondaient la divinité de leur doctrine. Il faut cependant un certain courage pour croire que ces édits qui, assure-t-on, étaient soigneusement conservés dans les archives publiques, aient pu échapper aux recherches des savants historiens romains, contemporains des événements. De quelle crédulité ne faut-il pas être doué pour admettre un seul instant que le procuratur Ponce-Pilate, dans le but d’attirer sur la nouvelle secte la pitié de Tibère, ait commis la maladresse de se dénoncer lui-même comme assassin d’un innocent, ou d’un fou prétendant à la divinité !

Ajoutons à cela l’idée, assez bizarre, qu’aurait conçue Tibère, de faire dresser au Capitole la statue d’un Dieu dont il n’aurait jamais entendu parler ; plus le refus d’un Sénat d’esclaves d’asquiescer, en ce point, au désir d’un empereur athée ; et nous aurons une légère idée des singuliers moyens mis en œuvre pour procurer à la nouvelle religion une origine à peu près historique.

8. — Mais laissons ces fadaises.

Les sacrements de baptême et de confirmation, — les seuls connus alors, — s’administrent simultanément. Du reste, il en sera encore longtemps ainsi[34].

Il n’existe aucun temple chrétien ; on ne connaît aucun simulacre, ni croix ni statues, ni peintures sacrées. Cependant les Églises entrent en relations plus suivies ; et c’est sans doute à cette cause qu’il faut attribuer la naissance des premières querelles, à propos de tout et de rien, entre les saints, les évêques et les conciliabules des différentes contrées.

9. — C’est sur la question de savoir à quelle époque on doit célébrer la Pâque, que les esprits et les cœurs vont bientôt s’échauffer. Question grave, à ce qu’il paraît, et fort intéressante pour une Église au berceau.

Gardons-nous d’oublier que le christianisme n’est pas défini, et qu’il s’agit surtout, pour les nouveaux sectaires, de se distinguer, ou, pour mieux dire, de se séparer de leurs anciens coreligionnaires les Juifs.

Les contradictions entre apôtres, saints évêques, et soi-disant conciles vont pleuvoir.

Ecoutons d’abord l’un des plus anciens disciples de saint Pierre, le fameux saint Ignace, évêque d’Antioche (68-107) et martyr, sous le règne de Trajan. Ce Père de l’Église soutenait, avec une sainte conviction, que ceux qui célébraient la Pâque en même temps que les Juifs étaient aussi criminels que les meurtriers de Jésus-Christ[35].

10. — Avouons-le cette sévérité d’appréciation, de la part d’Ignace, avait bien un peu de quoi surprendre ses contemporains. Ne vit-on pas, à peu près à cette époque, un saint Polycarpe, évêque de Smyrne (167), et disciple de l’apôtre Jean, partager une croyance toute différente, et cependant s’entretenir amicalement avec l’évêque de Rome, saint Anicet (157-168), qui était du parti opposé ? Sans doute, ni l’un ni l’autre de ces deux évêques n’avait renoncé à ses coutumes, ou plutôt, à celles de son Église[36] ; on sait même que l’évêque Anicet, en présence de son ami Polycarpe, avait tenu, à Rome, une assemblée religieuse, dans laquelle on avait décidé, sans opposition, que la Pâque serait irrévocablement célébrée le dimanche qui suit la pleine lune, après l’équinoxe du printemps ; ce qui était tout à fait contraire à l’usage des Orientaux. Mais enfin, il convient de remarquer le fait de deux évêques qui, bien que ne s’accordant pas sur tous les points, peuvent néanmoins communiquer ensemble, sans se laisser aller aux derniers emportements de la colère, et sans se lancer l’anathème. Le fait est assez rare dans les annales de l’Église pour que nous en prenions bonne note.

11. — Les choses restèrent en l’état, ou à peu près, jusqu’à l’avènement de Victor Ier. Cet évêque de Rome (193-202) avait toute la fougue d’un théologien ; mais en l’absence de dogme, son fiel sacerdotal ne pouvait se déverser que sur des points de discipline ; aussi ne s’en priva-t-il pas !

Il lui semblait intolérable que les évêques d’Asie rompissent le jeûne pour célébrer la Pâque, le quatorzième jour de la lune, alors que son Église, à lui, attendait pour cela le premier dimanche suivant. Il assembla donc à Rome, un premier concile (196) qui lui donna raison. La contradiction ne se fit pas attendre. Les Orientaux en provoquèrent immédiatement deux autres qui, la même année (196), l’un à Ephèse, et l’autre à Jérusalem, se prononcèrent en sens contraire. Victor ne se rebuta pas pour si peu et, l’année suivante (197), il fit encore déclarer par les Occidentaux, réunis à Rome pour la deuxième fois, que la Pâque devait se faire comme ils l’avaient décidé l’année précédente.

12. — Enhardi par ces premiers succès, Victor ne mit plus de bornes à ses prétentions.

Polycrate, évêque d’Éphèse, se distinguait parmi les plus zélés Quarto décimans. (On nommait ainsi les chrétiens qui célébraient la Pâque le quatorzième jour de la lune). Victor le pria de réunir les Orientaux et de les engager à se conformer, pour la célébration de la Pâque, aux décisions prises par les conciles de Rome.

Polycrate ne recula pas devant cette espèce d’ultimatum. Il réunit un grand nombre d’évêques, à Éphèse, et rédigea, avec leur plein consentement, la lettre suivante qu’il adressa à Victor, et que nous croyons devoir rapporter en entier, parce que, mieux que tous les raisonnements du monde, elle établit clairement les contradictions existant alors, comme toujours, entre les différentes Églises.

L’évêque d’Éphèse s’exprimait ainsi :

« En Asie, se sont éteintes de grandes lumières qui reprendront tout leur éclat, en présence du Seigneur, lorsque, plein de gloire et de majesté, il viendra ressusciter les morts.

« Je cite Philippe, l’un des douze apôtres, qui est mort à Hiérapolis, et ses trois filles dont deux sont restées vierges, et l’autre, prophétesse, est morte à Éphèse. Je cite Jean qui portait une lame d’or sur le front, était docteur et évêque, avait eu le bonheur de dormir sur le sein du Seigneur, et mourut martyr, également à Éphèse. Je cite Polycarpe, évêque de Smyrne et martyr, Thraseas, évêque d’Euménie et martyr. Faut-il parler de Sagaris, évêque et martyr, qui repose à Laodicée ; du bienheureux Papire, de l’ennuque Méliton, qui a toujours été rempli du Saint-Esprit, et attend, à Sardes, le jour de la résurrection ?

« Ils ont tous célébré la Pâque le quatorzième jour de la lune, selon l’Évangile, sans jamais s’écarter de la foi. Moi, Polycrate, le plus petit d’entre eux, je l’observe de la même manière, suivant la tradition que j’ai reçue de mes ancêtres ; car j’ai eu sept évêques dans ma famille, et je suis le huitième. Tous ont célébré la fête de Pâque, le jour même où les Juifs cessent de manger le pain levé. Moi, dis-je, mes frères, qui ai soixante-cinq ans dans le Seigneur, qui ai souvent conféré avec plusieurs de nos frères, dans toutes les contrées, qui ai lu toutes les saintes Écritures, n’ayez garde de croire que je me laisse ébranler par les menaces que l’on m’adresse. De plus grands que moi ont dit qu’il valait mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. Je pourrais parler des évêques ici présents, et que j’ai convoqués, comme vous m’en avez prié. Si je les nommais, vous verriez qu’ils sont nombreux. Convaincus que, si petit que je sois, j’ai assez d’expérience, ils sont venus à moi qui ai blanchi au service du Seigneur, et tous, ils ont approuvé ma lettre[37]. »

Cette lettre fit l’effet de l’huile sur le feu. En vain saint Irénée, évêque de Lyon, chercha-t-il à calmer son confrère de Rome. En vain, tout en reconnaissant que l’on doit célébrer la Pâque à la manière des Occidentaux, montra-t-il que, pour avoir jusque-là différé d’usages, en certains points, les diverses Églises ne s’étaient encore ni divisées, ni anathématisées ; le bouillant Victor ne voulut rien entendre, et il excommunia toutes les Églises d’Asie qui avaient refusé de se soumettre[38]. C’est le premier exemple d’excommunication que je connaisse dans l’histoire ecclésiastique.

13. — De ces disputes il résulte que les arguments pour et contre abondaient dans l’espèce. On y voit des apôtres opposés à des apôtres, des saints à des saints, des conciles à des conciles, et des évêques à des évêques. Nous n’osons pas dire : l’Évangile à l’Évangile ; et cependant, si Polycrate, soutenant qu’il se conformait à l’Évangile en célébrant la Pâque le jour où les Juifs cessent de manger le pain levé, a prétendu citer un texte évangélique, ce texte a été retranché des exemplaires que nous possédons, et ce serait là une nouvelle fraude qu’il faudrait imputer à l’Église romaine. Nous aimons mieux supposer tout simplement que Jésus, ayant mangé l’agneau pascal, avec ses disciples, le jour même des azymes (Math. XXVI, 17 et s.), c’est comme allusion à ce fait qu’il faut entendre les paroles de l’évêque d’Éphèse.

En tous cas, il est facile de voir que l’Église romaine commençait dès lors à tenir peu de compte de l’exemple que lui avait donné son prétendu fondateur, le Seigneur Jésus-Christ.

14. — Si nous écrivions l’histoire de l’Église, ce serait aussi celle de ses variations et contradictions qu’il nous faudrait entreprendre, et nous devrions mentionner toutes les hérésies qui, depuis sa naissance, lui ont rongé les entrailles. Mais nous devons nous restreindre. Passons donc au IIIe siècle, c’est-à-dire, à l’invention de la Trinité ; non pas encore comme dogme, — nous en sommes loin ; — mais comme conception anthropomorphe.

TROISIÈME SIÈCLE


1. Construction des premiers temples chrétiens. — 2. Le célibat. Tolérance de saint Cyprien et mauvaise foi des théologiens à ce sujet. — 3. Les vierges consacrées à Dieu ne professaient pas encore une pudeur trop farouche. Saint Épiphane n’était pas cruel pour elles. — 4. Le signe de la croix. On n’adorait pas plus la croix que l’on ne désirait y être pendu. C’est Minutius Félix qui le déclare aux païens de son temps. — 5. Eucharistie. — 6. Point de liturgie, point encore de constitutions des apôtres, simplicité de culte. — 7. La sainte Vierge attend son titre de Mère de Dieu. — 8. La croyance au dogme du péché originel rencontrait de redoutables adversaires. On cite entre autres le fameux saint Clément d’Alexandrie. — 9. La raison n’avait pas encore tout à fait abdiqué. C’est Lactance qui en témoigne. Le credo quia absurdum est-il de saint Augustin ? — 10. Saint Clément d’Alexandrie et la sagesse humaine. — 11. La croyance aux sibylles. — La doctrine occulte, sorte de magie. — 13. État des mœurs, au IIIe siècle ; témoignage de saint Augustin à cet égard. — 14 Le baptême s’administrait aux femmes, comme aux hommes, dans l’état de nudité absolue. Précautions inutiles pour garantir les prêtres de toute faiblesse dans ces périlleuses fonctions. — 15. Le baptême administré par les hérétiques est-il valable ? — 16. Continuation du même sujet. — 17. Lutte à ce sujet. Saint Firmilion s’insurge contre les prétentions de l’évêque de Rome, Etienne Ier. Baptême administré par une femme qui se disait inspirée de Dieu. — 18. Les prétentions de Rome commençaient à offusquer le clergé des autres diocèses. — 19. Chaque évêque prétendait à l’indépendance. — 20. En l’an 148, l’évêque de Rome ne se croyait pas le droit d’intervenir dans les affaires des autres évêchés. — 21. Au commencement de ce siècle, on ne connaissait pas le Saint-Esprit comme personne de la Trinité. — 22. La Trinité néo-platonicienne et celle des chrétiens. — 23. Le fléau chrétien désole Alexandrie.

1. Notons d’abord une innovation considérable, car elle contrevient à toutes les coutumes reçues dans les anciennes Églises. Sous aucun prétexte, les apôtres n’auraient consenti à la construction de temples. C’eût été se rapprocher de l’idolâtrie. Quand les diverses communautés appelées Églises se réunissaient pour prier, c’était toujours, ou en plein air, si la réunion était considérable, ou dans quelque maison particulière, si l’on y rencontrait un local assez vaste. A Rome, c’était le plus souvent dans les catacombes. Les nouveaux sectaires ne pouvaient se faire à l’idée de l’infini renfermé entre quatre murailles. Ils n’avaient pas encore oublié ces paroles de saint Paul : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un profane le temple de Dieu, Dieu le perdra ; car le temple de Dieu est saint, et c’est vous qui êtes ce temple (I Corinth., III, 16, 17). »

Origène, Minutius Félix et Arnobe allèguent, comme un titre glorieux pour la religion chrétienne, l’absence de temples chez leurs coreligionnaires. D’autre part, Eusèbe l’historien[39], dans le même endroit où il reconnaît du reste, avec une bonne foi qui l’honore, combien la mollesse avait corrompu les mœurs de la nouvelle Église, rapporte que l’on construisait de nombreux édifices consacrés au culte, et que cette coutume ne fut momentanément interrompue qu’au commencement du IVe siècle, pendant la persécution Dioclétienne. Voilà donc une nouvelle variation grave et une véritable infraction à l’enseignement apostolique. Nous en verrons bien d’autres.

2. — Le célibat, cette cause sans cesse renaissante de toutes les turpitudes, était déjà considéré comme une profession honorable ; mais il s’en fallait de beaucoup que cette détestable institution fût devenue d’une observance étroite et irrévocable. Saint Cyprien, dont il ne viendra à personne l’idée de suspecter l’orthodoxie, disait, sans aucun scrupule[40] : « Si par un engagement de fidélité, ex fide, ces personnes, ― les vierges, — se sont consacrées à Jésus-Christ, qu’elles persévèrent, en vivant dans la pureté et la chasteté, sans faire parler d’elles, et qu’avec cette force et cette constance, elles attendent la récompense de la virginité. Si elles ne peuvent, ou ne veulent persévérer, il est mieux pour elles de se marier que de tomber dans le feu avec leurs péchés. »

Nous le demandons à tout homme de bonne foi, qui voudra raisonner avec simplicité et droiture, cela ne signifie-t-il pas qu’une vierge qui, après avoir vainement tenté de vivre dans le célibat, n’aura pas la force d’y persévérer, fera mieux de se marier que de s’abandonner au désordre des passions ?

Eh bien ! l’abbé Bergier, dont nous avons littéralement suivi la traduction dans ce passage de Cyprien, ne craint pas de répondre (Dictionnaire de théologie, au mot Vierge, vers la fin) : « Lorsque saint Cyprien dit : « Il est mieux pour elles « de se marier », il entend, avant de faire profession de virginité, et non pas après, comme le prétendent les protestants. » Voilà un exemple des subtilités d’école auxquelles nous ont habitués les théologiens de l’Église !

3. — Notons d’ailleurs, en passant, que les vierges consacrées à Dieu n’affectaient pas une pudeur trop farouche, au temps de l’évêque de Carthage, qui se vit obligé de leur interdire l’entrée des bains publics, où ces chastes colombes se mêlaient, toutes nues, avec des hommes, tout aussi peu vêtus qu’elles (S. Cyprian. De habitu virginum ; Opera, p. 179, edit. cit.).

Le vertueux saint Epiphane, qui tantôt demeurait chez Paula, tantôt recevait Paula chez lui, mais en tout bien tout honneur, était tout aussi tolérant que Cyprien pour ces bonnes petites vierges : « Le mariage disait-il[41], est toujours préférable au péché dont Dieu est l’invisible témoin, et puisque la pénitence, et après elle la réconciliation, ne sont jamais refusées aux vierges qui se sont mariées, bien que la première soit toujours longue et la seconde difficile à obtenir, il vaut beaucoup mieux ne pécher qu’une seule fois que de faillir sans cesse. »

Voilà qui est fort bien pensé ; il est fâcheux toutefois que les catholiques aient, depuis lors, presque toujours condamné cette tolérance.

4. — Pour se distinguer des païens, les fidèles, au rapport de Tertullien[42], font continuellement de grands signes de croix. On s’est demandé quelles paroles accompagnaient alors ces grands signes bizarres. On l’ignore, mais ce qu’il y a de certain, c’est que le Gloria Patri qui se chante aujourd’hui dans nos églises n’a été introduit dans la liturgie que par saint Flavien, à la fin du IVe siècle, pour les besoins du Saint-Esprit. Jusque là, on disait tout uniment : « Gloire au Père, par le fils, dans le Saint-Esprit ; » et quelquefois : « Gloire soit au Père, dans le fils et dans le Saint-Esprit.[43] »

Il ne faudrait cependant pas croire que les chrétiens adorassent la croix, comme le font les catholiques modernes. « Nous n’adorons pas plus la croix que nous ne désirons y être pendus, s’écrie Minutius Félix[44] ; mais vous (païens), ne courez-vous pas le risque de prostituer vos adorations à ces simulacres, quand vous adorez vos dieux de bois ? Que sont vos étendards et vos bannières d’or, si ce n’est des croix ornées et dorées ? Vos trophées, non seulement ressemblent à des croix ; mais on serait tenté d’y voir la figure même du Crucifié ! Certes, qu’il aille à la voile ou qu’on le conduise à la rame, tout navire nous offre aussi l’image d’une croix. Quand on dresse un gibet, il représente une croix. L’homme qui, les bras étendus, adresse sa prière à Dieu, ne présente-t-il pas aussi la même image ? Donc, ou le signe de la croix est naturel, ou il sert à votre religion. »

Ce curieux passage, écrit au IIIe siècle, prouve fort bien que les premiers adeptes du Christ différaient considérablement de nos modernes chrétiens.

5. — Les cérémonies de la messe ne paraissent pas encore fort compliquées. On devine, bien plutôt qu’on ne sent une tendance marquée vers la croyance en la divinité du Christ et en sa présence figurée dans ce qu’on appelle déjà l’eucharistie. Mais il ne faut pas confondre ce mot avec le sacrement actuel. La différence de l’un à l’autre est immense, et saint Chrysostome[45], disant aux fidèles : « Songe toujours à ce que tu prends dans la main et ne profane plus cette main par la violence, la rapine et la fureur d’amasser », nous prouve assez que les chrétiens prenaient eux-mêmes dans leurs mains le pain consacré ou bénit qu’on leur distribuait. Il est clair que s’il y avait lieu à vénération, l’adoration proprement dite n’avait rien à voir dans ce fait. Au surplus, le concile de Saragosse (381), par son troisième canon[46], défendit d’emporter l’eucharistie chez soi ; donc on l’emportait, comme on emporte actuellement le pain bénit. Enfin, en l’an 400, le concile de Tolède, par son XIVe canon, renouvela l’anathème perpétuel contre ce qu’il appelait ce sacrilège, et ordonna aux fidèles de manger, dans l’église même, l’eucharistie qu’ils y avaient reçue[47].

6. — Il est cependant permis de croire que les agapes proprement dites tendent à disparaître pour faire place à une liturgie dont les premiers vestiges n’apparaîtront que dans le VIIIe livre, chap. XII, des Constitutions, dites des Apôtres, vers le Ve siècle[48]. Ajoutons, comme preuve de la simplicité du culte, au IIIe siècle, un fait assez concluant :

Lactance[49], rapporte que, le 23 février 303, lorsque, en exécution de l’édit de Dioclétien, le Préfet du Prétoire pénétra, à main armée, et de très grand matin, dans le plus considérable des temples chrétiens, à Nicomédie[50], il n’y rencontra aucun objet pouvant servir au culte, et dut se contenter, avant de procéder à la démolition de l’édifice, de jeter au feu les livres sacrés, — l’Écriture sainte, — dont les fidèles faisaient leur lecture. Gibbon, qui cite ce fait[51], indique le chapitre XXI, au lieu du chapitre XII de Lactance ; c’est une faute de typographie.

7. ― La sainte Vierge attend toujours son titre de Mère de Dieu. Elle n’est encore que la Mère du Fils, ce qui ne l’empêche pas d’avoir pour adorateurs les Collyridiens, qui lui adressant leurs prières par l’entremise de prêtresses consacrées à son culte[52].

8. — Si le culte de la Vierge allait trop vite, en revanche, le dogme du péché originel n’avançait pas du tout. Saint Clément d’Alexandrie, se conformant en cela aux idées de l’apôtre Pierre[53], refusait d’admettre que l’enfant pût être puni pour les fautes du père. « Que l’on nous dise, — ce sont ses paroles, — comment l’enfant qui vient de naître a prévariqué, et comment celui qui n’a encore rien fait a pu tomber sous le coup de la malédiction divine.[54] »

9. — Bien que l’on fût déjà fort enclin au merveilleux, bien que le miracle fût, alors comme aujourd’hui, la pierre de touche de l’orthodoxie, la raison n’avait pas encore complètement abdiqué. Le célèbre Lactance enseignait[55] que ce flambeau devait servir de guide dans l’étude de l’Écriture Sainte. « Il faut, disait-il, et surtout dans les choses qui intéressent les conditions de la vie, que chacun, plutôt que de s’abandonner aux erreurs d’autrui, rentre en soi-même, consulte son jugement et son expérience, pour chercher à atteindre la vérité. »

Il y avait néanmoins des chrétiens moins sensés que le fameux Lactance, et si c’est à tort, comme tout me porte à le croire, que l’on attribue à saint Augustin le fameux Credo quia absurdum, il n’en est pas moins vrai que l’on trouve dans Tertullien[56], un trait qui vaut bien celui-là, et que nous devons rapporter en toute lettres :

« Le Fils de Dieu a été crucifié ; on n’en rougit pas : c’est infâme. Le Fils de Dieu est mort ; c’est fort croyable : c’est insensé. Enseveli, il est ressuscité ; c’est certain : c’est impossible. »

On n’a jamais rien dit de plus fort que cela.

10. — Les premiers Pères de l’Église étaient loin de mépriser la sagesse humaine : ils la divinisaient, au contraire, en la proclamant un don de Dieu. Suivant Clément d’Alexandrie, la philosophie avait suppléé, pour les Gentils, à la loi de Dieu, et les avait sauvés par sa propre vertu. Elle était, à ses yeux, comme l’Ancien Testament pour les Juifs, un premier échelon pour s’élever à la perfection de l’Évangile. Dans un autre endroit, le même Père prétend que Dieu a donné la sagesse et la raison aux peuples pour leur servir de guides : aux Juifs, la loi ; à nous, le Nouveau Testament et la foi. Les peuples ont eu, pour acquérir l’instruction, des prophètes nationaux, parlant leur langue nationale ; les Juifs, des prophètes juifs ; et les chrétiens, Jésus-Christ lui-même. Aux justes Juifs, il avait manqué la foi ; aux justes grecs, la foi et le repentir d’avoir adoré des idoles. C’est ce qui décida Jésus-Christ à descendre aux enfers, pour suppléer à ce qui leur manquait pour être sauvés[57].

11. — A côté de ce respect pour la raison, il ne faut pas oublier qu’aucun chrétien ne se fût permis de révoquer en doute la croyance en l’inspiration des sibylles. Nous aurons, plus tard, l’occasion de mettre en lumière les opinion des Pères des IVe et Ve siècles à cet égard.

12. — Malgré les efforts de quelques philosophes, la religion se traînait péniblement dans les chemins tortueux d’une aveugle superstition. Il importait que l’enseignement n’en fût pas prodigué à tout venant. Les habiles faiseurs avaient une doctrine occulte, une sorte de magie qui en faisait bien plutôt des espèces de sorciers que des théologiens. Les Pères de l’Église reconnaissent même, sans aucune vergogne, que la vertu de leurs prières et l’efficacité de certaines cérémonies sont attachées à tel ou tel mot, à tel ou tel signe, propres à guérir tous les maux du corps, de l’esprit et de l’âme, quelque soit d’ailleurs le profane, l’impie, ou le charlatan qui les emploie[58].

On comprend maintenant pourquoi il eût été imprudent de révéler ces secrets à tout le monde indistinctement.

13. — L’état des mœurs laissait beaucoup à désirer.

Écoutons saint Cyprien. Ce sera d’ailleurs un jalon de planté dans l’histoire des variations chrétiennes, en fait d’améliorations sociales :

« Dévorés d’une insatiable cupidité, dit le saint évêque de Carthage, oubliant à la fois et ce qu’il fallait croire et ce qu’il fallait faire ; ce que nos ancêtres avaient fait et ce qu’ils avaient cru ; ce que nous n’aurions jamais dû cesser de croire et de pratiquer ; nous ne songions plus qu’à thésauriser ! Chez les prêtres, ni foi, ni charité, ni mœurs. Le cœur des simples était en butte aux fraudes et à la perfidie. On jurait sans motifs, on se parjurait sans crainte. Les autorités ecclésiastiques étaient conspuées, calomniées, divisées par la haine. Les évêques, qui auraient dû donner l’exemple de la piété, ne se mêlaient que d’affaires séculières. En dépit de leur mission divine, ils abandonnaient leurs sièges, leurs troupeaux ; couraient les foires et marchés, voulaient gagner beaucoup d’argent. Tandis que leurs frères mouraient de faim, ils ne songeaient, eux, qu’à extorquer le bien d’autrui, et, par d’exécrables usures, à grossir leurs trésors.[59] »

Ailleurs, comprenant la nécessité d’arracher aux autels les incestueux prêchant la pudeur, les parjures soidisant apôtres de la foi, les impies faisant l’apologie de la religion, les gens grossiers et abrutis se posant en interprètes de la divinité, et les sacrilèges administrant les choses saintes, le même Père ne craignait pas d’attribuer la persécution décienne à une intention manifeste de la divine Providence[60].

Déjà, vers la fin du IIe siècle, Tertullien avait eu la douleur de constater une affreuse dépravation dans les mœurs chrétiennes : « Votre agape, disait-il alors, se mitonne dans les marmites, votre foi ne se réchauffe qu’au feu de la cuisine. Vous n’avez d’autre espérance que celle de la bonne chère. Mais ce que vous placez au-dessus de tout, ce sont les agapes pendant lesquelles frères et sœurs couchent pêle-mêle. C’est ainsi que le dévergondage sert de complément à la gourmandise. »

Dans un autre passage : « Vous avez pour Dieu votre ventre, dit le même Tertullien ; pour temple, vos poumons ; pour autels, vos entrailles ; pour prêtre, votre cuisinier ; pour Saint-Esprit, le parfum des mets ; pour onctions, les sauces ; et pour prophéties, les fétides renvois de vos estomacs fatigués.[61] »

14. — Faut-il s’étonner de voir les vertueux prêtres de cette époque administrer eux-mêmes le baptême aux femmes et aux filles toutes nues, comme ils le faisaient pour les hommes ? Peut-être en résultait-il parfois quelques scandales ; mais on prenait, pour les prévenir, de si minutieuses précautions… ! On alla jusqu’à inventer des ceintures de chasteté pour couvrir certaines nudités. On ne se contenta pas de ce moyen : on fit des rideaux que l’on interposait entre le prêtre et le catéchumène. Ce dernier moyen ne paraissant pas encore suffisant, on construisit des espèces de tonnes, dans lesquelles, les néophytes une fois plongés ne laissaient plus à découvert que la tête. Mais le diable n’y perdait rien. Ne fallait-il pas observer la règle, — la terrible règle ? — On savait bien que le baptême eût été nul si l’on n’eût oint tout le corps, de la tête aux pieds[62].

15. — Le baptême administré par les hérétiques est-il valable ? Cette question fut très vivement débattue, au IIIe siècle. Etienne, évêque de Rome, répondait affirmativement ; Saint Cyprien et saint Firmilien soutenaient la négative.

« Nul ne peut donner ce qu’il n’a pas, » disait saint Cyprien.

« De même qu’il n’y a qu’une seule Eglise vraie, ajoutait saint Firmilien, il n’y a qu’un seul vrai baptême : celui de cette Église. »

Déjà, au commencement de ce siècle, Agrippinus, évêque de Carthage, déclarait que rien de bon ne pouvait provenir des hérétiques rebaptisant les convertis, et, en cela, il était approuvé par les évêques africains[63].

Mais il ne paraît pas que les esprits se soient fort échauffés, à cette occasion. Ce fut en 253 que la dispute s’envenima sérieusement. Saint Cyprien, évêque de Carthage, assembla, coup sur coup, trois conciles pour trancher cette question. Au premier de ces conciles (254), trente évêques africains, numides et maures ; au deuxième (même année), soixante et onze ; au troisième (1er sept., même année), quatre-vingt-dix environ, et une infinité de prêtres, de diacres et de fidèles, décidèrent que les hérétiques qui se convertiraient seraient exorcicés et baptisés dans la vraie Eglise. Cyprien triomphait.

« Comment, avait-il dit, les hérétiques pourraient-ils conférer le Saint-Esprit qu’ils n’ont pas eux-mêmes ? Comment sanctifieraient-ils l’eau et l’huile dont ils doivent se servir pour effacer les péchés, eux qui n’ont aucun pouvoir pour absoudre ? Quoi, les hérétiques sont hors de l’Église, et ils auraient à leur disposition le moyen d’y faire entrer les autres ![64] »

16. — Cette résistance des Orientaux irrita l’orgueilleux Étienne, qui s’empressa d’excommunier tout le clergé de Cilicie, de Cappadoce, d’Antioche, de Tarse et d’Afrique, sans même en excepter saint Cyprien. Mais celui-ci, plus raisonnable que son fougueux adversaire, préféra la paix à la lutte, et, contrairement à ses convictions, renonça à rebaptiser les hérétiques.

« Aucune des raisons que j’ai produites, écrivit-il, ne doivent occasionner de dispute, soulever de haines entre nous, briser les liens qui nous unissent à nos frères les évêques. Le plus sacré de nos devoirs, c’est de respecter avant tout l’honneur du collège épiscopal, l’unité de la foi et la concorde du sacerdoce[65]. »

17. — Saint Firmilien ne se montra pas d’aussi bonne composition : « Je suis, s’écria-t-il, on ne peut plus indigné de la folle arrogance de l’évêque de Rome. Il se targue de l’évêché qu’il gouverne, et alors même qu’il le déconsidère en le chargeant d’ornements tout nouveaux et étranges à tous les points de vue, il prétend l’avoir hérité de l’apôtre Pierre.

« Étienne est plus dangereux que les hérétiques eux-mêmes ; ceux-ci, au moins, en demandant à rentrer dans le sein de l’Église, ne font que solliciter la lumière et la grâce qu’elle confère à ses enfants, tandis que l’évêque de Rome les repousse et les endurcit dans leurs premières erreurs.

« Dieu lui demandera compte au jour du jugement dernier, des âmes qu’il a entraînées à leur perte, des âmes qui tentaient de renaître et qu’il a vouées à la mort. Une si effroyable culpabilité n’assouvit pas encore la fureur d’Étienne contre nous. Il fait preuve de stupidité en attaquant avec tant d’emportement les défenseurs de la vérité, et pour rompre le lien de la charité, il n’a pas honte d’embrasser le parti des hérétiques ; il ne rougit pas d’appeler Cyprien Antéchrist, faux prophète et artisan d’iniquité. Pour en agir ainsi, il ne peut avoir d’autre but que de parer aux reproches qu’il mérite par les reproches immérités qu’il nous adresse.[66] »

C’était, du reste, un terrible jouteur que ce saint. Firmilien, et le pauvre évêque de Rome n’était guère de taille à se mesurer avec lui.

En Cappadoce, une possédée du diable, — profession fort répandue alors, — attirait depuis longtemps à sa suite une foule de disciples. Elle consacrait elle-même la sainte eucharistie, offrait de soulever le monde, et baptisait les néophytes suivant les rites accoutumés de l’Église. « Que dirons-nous de ce baptême, demandait saint Firmilien à ce pauvre Étienne, évêque de Rome ; administré selon toutes les règles, quoique par un fort méchant diable ; le considèrera-t-on comme valable ? Étienne et les siens lui donneront-ils leur approbation (S. Firmilian, apud Cyprianum, loc. cit.) ? »

Ces démons si méchants étaient cependant bien maladroits, il faut l’avouer. Ayant eu l’idée de livrer leur protégée aux lubricités d’un prêtre et d’un diacre, ils eurent la sottise de la laisser surprendre en flagrant délit d’adultère par un vigoureux exorciste qui, après une lutte acharnée corps à corps avec le diable, le contraignit enfin à lâcher prise, non sans avoir honteusement confessé sa défaite (S. Firmilian. ibid. loc. cit.).

18. — Quoi qu’il en soit de ces disputes, constatons au moins que l’évêque de Rome était formellement contredit par ceux d’Afrique et une grande partie des Asiatiques.

Au surplus, ne nous étonnons pas outre mesure de ces contradictions entre Rome et le reste de la chrétienté. Les latins affichaient déjà une haute prétention à la suprématie, et de ce chef il était résulté contre le siège de Rome une défiance, hélas ! beaucoup trop justifiée.

19. — N’avait-on pas vu le même Étienne Ier prendre résolument parti contre le clergé espagnol en faveur de Basilide, évêque de Léon, et de Martial, évêque de Mérida, tous deux convaincus d’être du nombre de ces lâches chrétiens qui, pour éviter la persécution, avaient eu la bassesse de se donner à tort comme ayant sacrifié aux idoles ?

Chaque évêque était alors maître absolu dans le ressort de son siège ; et la prétention d’Étienne à s’immiscer dans les affaires des autres souleva contre lui une telle tempête, qu’il ne fallut rien moins qu’un concile de Carthage (254), pour s’opposer efficacement à tant d’outrecuidance.

Ce n’était pas un fait inouï dans les fastes ecclésiastiques que ces critiques acerbes contre les prétentions de l’Église romaine. Déjà Tertullien avait dit[67] qu’un évêque de Rome, ayant approuvé les nouvelles prophéties des Montanistes, s’était vu obligé plus tard de révoquer les lettres de communion qu’il avait adressées à ses sectaires.

Les catholiques romains à la foi robuste doivent bien regretter le beau temps pour eux, où un certain Natalis, évêque hérétique des Théodociens, ayant tenu peu de compte des visions dans lesquelles Jésus-Christ lui était apparu pour le convertir, fut vigoureusement fouetté par les anges et, clopin-clopant, se traîna jusqu’aux pieds de l’évêque Zéphyrin qui voulut bien recevoir l’abjuration de ce perclus d’hérésie[68].

20. — Que de chemin parcouru par l’orgueil romain, depuis le IIe siècle ! Vers l’an 158, l’hérésiarque Marcion, pour avoir séduit une vierge, ayant été chassé de Synope, sa ville natale, par son propre père qui en était évêque, avait imaginé de se rendre à Rome dans l’espoir d’y obtenir plus facilement un pardon qu’on lui refusait chez lui. Vains efforts ! « Nous ne pouvons vous absoudre, lui avait-on répondu ; nous ne le pouvons, sans la permission de votre père. Il n’y a qu’une foi et qu’une communion. Il nous est impossible d’aller contre la décision d’un homme qui est notre digne collègue.[69] » Mais passons.

21. — Il est absolument démontré aujourd’hui qu’à la fin du siècle, le Saint-Esprit n’existait aucunement, comme personne divine. Saint Jérôme[70] rapporte que Lactance ne fait aucune mention du Saint-Esprit, comme personne réelle ; que même il en nie la substance ; qu’il rapporte l’Esprit-Saint, tantôt au Père, tantôt au Fils ; et qu’il n’y voit rien de plus qu’une expression propre à figurer la sainteté de l’un et de l’autre.

Il est vrai de dire que, par une de ces fraudes dont ils sont coutumiers, les chrétiens ont fait disparaître des œuvres de Lactance le passage auquel saint Jérôme fait ici allusion ; mais ils ont oublié, — on ne pense pas à tout, — de supprimer aussi dans Tertullien celui où ce Père africain nous définit si bien son bon Dieu. Voici les paroles mêmes de Tertullien :

« Qui mieux que Dieu aurait un corps, quoique ce Dieu soit esprit ? car l’esprit est un corps d’une espèce particulière, une des formes qui lui sont propres. »

Nous ne nous sommes pas permis de traduire ce passage : on aurait pu suspecter notre intention. Nous l’avons copié textuellement dans l’abbé de Genoude.

22. — Fondée au IIe siècle, par Ammonius Saccas, la nouvelle École d’Alexandrie compte d’éminents professeurs qui s’attachent à déchiffrer l’indéchiffrable et, véritables extracteurs de quintescence, tombent dans un mysticisme inconnu jusqu’à eux. Les uns à Alexandrie, les autres à Rome, Plotin entre autres et surtout, disputent à perte de vue sur ce qu’ils appellent les trois hypostases divines : L’un, l’intelligence et l’âme universelle.

Les chrétiens ignorants et grossiers ne comprennent rien à ces disputes purement métaphysiques, et n’y voient qu’un moyen de constituer leur Trinité anthropomorphe.

En vain quelques philosophes récemment entrés dans la secte chrétienne essaient-ils de transformer cette métaphysique grecque en un autre logogryphe, un peu moins énigmatique, ils ne peuvent se faire entendre de leurs coreligionnaires qui veulent absolument trouver trois personnes distinctes dans un seul être appelé Dieu. Le problème est insoluble, et va bientôt engendrer les conceptions les plus singulières, les plus extravagantes, les plus insensées que jamais la bêtise humaine ait osé contempler en face.

Comprendre un monstre à trois têtes était chose facile : on n’avait qu’à se rappeler Cerbère ; mais un seul être en trois personnes distinctes, Dieu chacune, et ne faisant qu’un seul Dieu ; incréées toutes les trois, et cependant procédant, la seconde de la première, et la troisième de la première et de la seconde…, évidemment, il fallait être fou pour en arriver là ; et les plus sensés auraient dû, à cette idée, se rappeler le mot du poète[71] :

Jupiter étourdit ceux dont il veut la perte.

23. — Nous verrons, dans l’histoire du IVe siècle, ce qu’il en coûte de se lancer ainsi dans les profondeurs du néant. Quel avantage l’humanité pouvait-elle bien retirer de ces disputes byzantines, au moment même où les barbares et le christianisme envahissaient l’empire romain ?

Au rapport de saint Denys, évêque d’Antioche, cité par Eusèbe[72], la population, dans la seule ville d’Alexandrie, avait en peu d’années diminué de plus de moitié. « Les miasmes de la terre, dit-il, les brouillards des fleuves, les vents de la mer, les exhalaisons des ports, sont les véhicules de la corruption qu’engendrent les cadavres que l’on foule à chaque pas. D’où vient que, dans notre ville, même en tenant compte des enfants en bas âge et des vieillards décrépits, on ne trouve plus autant de citoyens qu’on y comptait autrefois de vieillards seulement, mais forts et vigoureux ? D’où vient que nos registres des pauvres sont moins remplis, aujourd’hui qu’on y inscrit tout le monde, enfants et vieillards, qu’ils ne l’étaient alors que l’on n’y inscrivait que les hommes de quarante ans et au-dessus ? »

Ces lamentations sont lugubres ! Passons au IVe siècle.

QUATRIÈME SIÈCLE


1. Superstition des cierges condamnée par le concile d’Elvire (305) et par les plus sages d’entre les chrétiens. — 2. Concile d’Ancyre (314) en opposition, sur plusieurs points, avec les règles reçues aujourd’hui. — 3. Saint Marcellin, évêque de Rome, a-t-il apostasié ? — 4. Ce n’était pas par le courage que se distinguaient certains évêques. — 5. Un concile (Cirte, 305) composé de traîtres. — 6. La sainte Vierge n’était pas bien sûre que son fils fût réellement Dieu. — 7. Les Juifs platoniciens ne pouvaient croire à la coéternité du Fils avec le Père. — 8. Conversion intéressée de Constantin. — 9. Les païens tournaient en ridicule les disputes des chrétiens sur la consubstantialité du Fils avec le Père. — 10. Constantin réprimande les évêques. — 11. Osius convoque plusieurs conciles pour apaiser les esprits. Eusèbe de Nicomédie intervient dans la lutte. — 12. Convocation du premier concile de Nicée. — 13. Un certain Macaire dont l’histoire ne dit pas le prénom y arrive. — 14. Constantin, beau comme l’ange du Seigneur, fait preuve d’humilité, mais resplendit comme un soleil. — 15. Les mots de concorde et d’amour donnent le branle à une véritable émeute. — 16. La plupart des évêques quittent la salle du concile. — 17. Miracle au moyen duquel on reconnaît l’authenticité des quatre évangiles. — 18. Symbole de Nicée. — 19. Le concile de Nicée plus généreux envers Jésus-Christ que le concile d’Autriche. Le mot Omoiousios. ― 20. Quelques canons du concile sur la Pâque et sur les prêtres mariés qui sont autorisés à conserver leurs femmes auprès d’eux. — 21. Deux morts signent les actes du concile. — 22. La peine de mort fait son entrée dans la jurisprudence ecclésiastique. — 23. Le règne futur de J.-C. représenté par un gala sacerdotal. — 24. Les évêques sont des dieux que Dieu nous a donnés lui-même. — 25. Excommunications réciproques. — 26. Saint Athanase, évêque d’Alexandrie. — 27. Le Saint-Esprit varie. — 28. Concile de Tyr (335). Procès du fougueux Athanase, assisté de son co-accusé Macaire. — 29. Athanase prend la fuite et est condamné comme contumax. — 30. Arius et Eusoïus sont déclarés orthodoxes au concile de Jérusalem, où se fait la dédicace du temple, bâti pour recevoir le bois de la vraie Croix, inventée en 326 par l’ingénieux Macaire. — 31. Cruelles vicissitudes dans la fortune de saint Athanase. — 32. Arius, de retour à Alexandrie, en est chassé par le peuple. — 33. Constantin fulmine contre Athanase. — 34. Cruelle perplexité d’Alexandre, archevêque de Constantinople, à l’approche d’une conférence publique, dans laquelle il doit se mesurer avec Arius. — Arius fut-il empoisonné ? — 36. Mort de Constantin (22 mai 337). Son apologie par saint Epiphane et saint Grégoire de Naziance. — 37. Contradiction entre nombreux conciles relativement à la consubstantialité du Fils. — 38. Différents conciles dont les lieux et les dates sont douteux. Photin, évêque de Sirmium, est condamné. — 39. Deux symboles diversement appréciés par S. Hilaire. — 40. Lettre synodique d’Antioche (354) contre Athanase, et en faveur de l’arien Georges de Cappadoce. — 41. L’empereur Constance, semi-arien, et l’évêque Libère. — 42. Libère exilé. — 43. Les dames romaines redemandent leur pape et menacent leurs maris de les quitter s’ils n’obtiennent son pardon. — 44. L’aimable Libère, touché de tant d’amour, se joint ses protectrices, pour solliciter sa grâce. A cet effet, il signe une profession de foi hérétique (358). — 45. Grâcié, il est forcé de lutter, à main armée, contre Félix, évêque de Rome, qui refuse d’abord de le reconnaître, puis est obligé de céder la place, mais non le titre. — 46. Deux évêques de Rome, en même temps, et point d’antipape ! ― 47. Concile semi-arien de Rimini (359) ; édit de Constance ; Libère se cache au milieu des tombes, dans les cimetières. — 48. Avalanche d’arianisme. — 49. Fustigation d’un légat de Libère, en plein concile de Milan (355). Le monde est étonné de se voir tout entier livré à l’arianisme. — 50. Saint Athanase se révolte à l’idée d’entendre des chrétiens appeler toujours Auguste un empereur comme Constance. — 51. C’est le concile arien de Rimini (359) qui introduisit, pour la première fois, dans le symbole, la descente de Jésus-Christ aux enfers. — 52. Le deuxième concile œcuménique de Constantinople (381) admet une foule de nouveautés, mais refuse de croire à la descente de Jésus-Christ aux enfers. — 53. L’orthodoxie se range toujours du côté du plus fort. — 54. Pourquoi l’Église reconnaît-elle le concile de Constantinople (381) comme œcuménique ? Contradictions à cet égard. — 55. Symbole de Constantinople dit nicœno-constantinapolitain. — 56. En quoi il diffère de celui de Nicée. La première personne de la Trinité joint la seconde avec la troisième ! — 57. Autres différences entre les deux symboles ; l’Esprit-Saint procède du Père, sans lui être consubstantiel, non plus qu’au Fils. Contradiction avec un concile de Rome. — 58. Simplicité et gaucherie de saint Grégoire de Nysse attestée par saint Basile, son frère ; saint Grégoire de Naziance traite de fous et d’enragés les Pères consubstantialistes. — 59-60. Les évêques d’Occident commencent à se papifier. — 61. Rome se forge des titres à la suprématie. — 62. L’Église romaine, vivement blâmée par le grand saint Basile. — 63. L’historien païen, Ammien Marcellin, considérait déjà l’évêché de Rome comme une source de richesses et de plaisirs pour ceux qui l’occupaient. — 64. L’empereur Valentinien est obligé de mettre un frein à l’ambition du clergé romain. — 65-66. Saint Jérôme reconnaît que l’édit de Valentinien est fondé en justice. — 67. La loquacité est le propre de l’ignorance. — 68. Saint Jérôme tonne contre l’avarice du clergé. — 69. Le même Père, contre le luxe des églises. — 70. Le même, contre les joies du monde, et encore contre l’avarice. — 71. Saint Augustin confirme les sentiments de saint Jérôme, à l’endroit du clergé. — 72. Saint Sulpice Sèvère fait chorus avec eux. — 73. Saint Chrysostôme attribuait tous les malheurs de l’Église à l’Église elle-même. — 74. L’odeur de sainteté. Malpropreté, vertu chrétienne. — 75. Horreur des bains de propreté. — 76. Le grand saint Athanase défend aux vierges consacrées à Dieu de jamais se laver autre chose que les mains et la figure, encore ne doivent-elles employer qu’une seule main à la toilette du visage. — 77. Un couvent de cent religieuses, dans la haute Thébaïde. Vie très chrétienne. — 78. Saleté toute chrétienne de saint Hilarion. — 79. Saint Georges, martyr africain, ne se lava pas une seule fois, depuis son ordination jusqu’à sa mort. — Le monastère de Matorie devait être suspect ; les moines qui l’habitaient étaient propres. — 81. Tant que Jovinien fut orthodoxe, il fut d’une saleté exemplaire ; du jour où il tomba dans l’hérésie, il scandalisa le monde par sa propreté. — 82. 80,000 individus, vivant ainsi en odeur de sainteté, devaient engendrer la peste : c’est ce qui arriva. — 83. Un ange bâtonne saint Jérôme, pour le punir de ses lectures profanes. — 84-85. Le canon des livres saints, au concile de Laodicée (366), ne fait aucune mention de l’apocalypse. Inspiration des sibylles. — 86. Saint Augustin ouvre aux sibylles les portes de la cité de Dieu. — 87. Les auteurs chrétiens se trompent, quand ils disent que l’avènement de Jésus-Christ imposa silence aux oracles. — 88. Le code du bourreau (code théodosien). — 89. Suite de citations. — 90. L’empereur Valentinien obligé de calmer le zèle des chrétiens qui se portaient à la dévastation des cimetières païens. — 91. Fanatisme de saint Jérôme. — 92. Fanatisme de saint Augustin. — 93. L’empereur Julien savait qu’en laissant aux chrétiens la permission de se détruire de leurs propres mains il en viendrait plus facilement à bout. — 94-95. Exemple de lutte chrétienne, excitée par saint Chrysostôme, à Constantinople. ― 96. Premier exemple d’une procession publique dans l’Église. — 97-100. L’esclavage, toujours approuvé par le christianisme et l’Église. — 101. Le concile d’Elvire (305) est obligé de refuser le titre de saints à ceux qui périssaient dans leurs luttes, à main armée, contre les païens dont ils brisaient les statues et renversaient les autels. — 102-103. Exemples de fanatisme. Incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. — 104. Origine du mot dimanche. — 105. Invention de la vraie croix. — Fausseté de la légende Thébaine.

1. — Les cérémonies païennes, après la persécution Dioclétienne, commençaient si bien à s’infiltrer dans les nouveaux temples chrétiens, que le concile d’Élvire (305), par son XXXIVe canon[73], jugeant que la coutume d’allumer des cierges dans les cimetières était préjudiciable au repos des morts, se vit forcé d’interdire cet usage qui se répandait partout.

Les premiers chrétiens avaient beaucoup plaisanté sur cette coutume très païenne, comme si, disaient-ils le bon Dieu n’y voyait pas assez clair, même en plein jour, pour diriger ses pas. Il faut lire Lactance[74] pour comprendre de quelle amère ironie il flagellait cette étrange superstition. En outre, les Pères ont catégoriquement déclaré depuis[75], que ceux qui, en plein jour, allumaient des bougies dans les assemblées religieuses, n’en agissaient ainsi que pour se plier à l’ignorance et à la simplicité du peuple, ou à quelque superstitieuse dévotion.

Comment se fait-il que, aujourd’hui, l’on en soit revenu, sans aucune vergogne, à des coutumes si blâmées et si fortement critiquées par les premiers Pères de l’Église. C’est que le paganisme existe toujours, et que, s’il a été cruellement altéré dans son sublime principe, — la glorification des sentiments humains, — il n’en a pas moins conservé son inébranlable empire, et sur les habitudes, et sur les imaginations populaires !!!

2. — Le XXVIe canon du même concile d’Élvire interdit aussi l’usage païen de placer des images dans les églises ; et le XXXVe défendit aux femmes de passer la nuit dans les cimetières, parce que, disaient les Pères, souvent, tout en ayant l’air de prier, on y commettait des infamies[76]. Il paraît qu’alors comme aujourd’hui, les lieux de piété devenaient parfois des lieux de débauche.

Ces faits seraient peu intéressants par eux-mêmes, et leur importance échapperait aux yeux du critique, s’ils ne servaient à constater les variations et contradictions par lesquelles l’Église a dû passer pour en arriver jusqu’à nous. C’est encore pour cela que nous mentionnerons ici le concile d’Ancyre (314, can. XIV), qui, défendant aux prêtres et aux diacres de repousser la viande avec mépris, leur ordonne de manger au moins des légumes cuits au gras ; et (can. XIX), décide que les vierges qui violeront leur profession seront punies comme les bigames (Labb., tom. I, pp. 1473-1474).

3. — Est-il nécessaire de montrer ici saint Marcellin, évêque de Rome (295-304), apostasiant, et par lâcheté, pour se soustraire aux tourments du martyre, brûlant de l’encens devant les idoles[77] ?

Saint Augustin[78] est le premier des controversistes chrétiens qui ait osé révoquer en doute la défection de Marcellin, et même la repousser comme une odieuse calomnie ; mais le Bréviaire romain, ce livre sacré pour les catholiques latins, ce livre dont tous les papes ordonnent la lecture, n’a garde de suivre dans cette voie fatale le trop chatouilleux évêque d’Hippone. Bien loin de là ! il prend acte du repentir de Marcellin, pour constater que, parmi les cent quatre-vingts évêques, réunis à Sinuesse, il ne s’en trouva pas un seul qui osât condamner un évêque de Rome (Voir le Bréviaire romain, au 26 avril).

Cependant, pour être impartial, nous devons déclarer, contrairement à l’autorité du Révérend Père Labbe (Concil., tom. I, pp. 938 et seq. ; edit. cit.), que rien n’est moins prouvé que la prétendue authenticité de ce prétendu concile de Sinuesse. Comment admettre, en effet, que près de deux cents évêques aient pu se réunir impunément, aux portes de Rome, au moment même, où la persécution Dioclétienne en était arrivée au paroxysme de sa fureur ? Au surplus, les nombreuses défections des Marcellins modernes sont là pour prouver que les chrétiens ne sont pas tous jaloux de la couronne du martyre.

4. — Certes, ils étaient nombreux alors ces vaillants chrétiens qui, pour s’épargner des souffrances, avaient lâchement dissimulé, ou même renié leur foi. Pour s’en convaincre, il n’est que de lire saint Optat[79]. Ce saint évêque de Milève, fort indulgent d’ailleurs pour ceux que l’on appelait alors des traditeurs (traîtres), est obligé d’avouer les nombreuses défaillances de ses protégés. Ceux-ci avaient livré leurs livres sacrés aux païens ; ceux-là, plus rares, mais non moins infâmes, avaient fait mine de les livrer. D’aucuns, pour ne pas se commettre en public, se disaient malades et refusaient d’officier. Bon nombre de ceux qui avaient subi un interrogatoire, en étaient revenus sains et saufs. Tout cela ne montrait pas une bien ferme résolution chez les évêques de ces premiers temps ; et le peuple était scandalisé de ces honteuses faiblesses.

5. — Que dire de ce concile de Cirte (305), où tous les évêques assemblés, sous la présidence de Second évêque de Tygis, ne purent en trouver un seul parmi eux qui n’eût apostasié pendant la persécution[80] ? Et que penser de ce Purpurius, évêque de Limate, qui, accusé par Second lui-même d’avoir assassiné ses neveux, pour se défaire de témoins accablants, loin de nier son crime, s’écrie insolemment : « Oui ! je me suis défait de témoins redoutables et je suis prêt à tuer de même quiconque osera scruter ma conduite ! Et toi, Second, crois-tu donc m’effrayer, comme tu en as effrayé tant d’autres ? Je n’ignore pas, moi, que tout comme nous, tu es passé par les mains de ceux qui nous gouvernent, et qu’après t’avoir interrogé, ils t’ont renvoyé absous. Quelle preuve plus accablante chercherions-nous de ta trahison[81] ? »

Mais passons.

6. — C’est au IVe siècle que le christianisme a vraiment pris naissance. Jusque-là, comme nous l’avons vu, seules les questions de discipline avaient eu le don d’émouvoir les esprits. Le dogme n’existait point ; et il convient dès lors d’étudier très sérieusement l’histoire ecclésiastique, à cette époque, surtout en ce qui concerne le concile de Nicée.

Avant toutefois de nous engager dans le dédale de l’arianisme, observons d’abord que les plus zélés d’entre les Christicoles seraient bien embarrassés, même aujourd’hui, de nous dire où Jésus s’est expliqué sur la nature de sa divinité. Que répondraient ces sectaires, si, nous appuyant sur le témoignage, irrécusable pour eux, de saint Basile le Grand, qui lui-même s’autorise du savant Origène, nous leur prouvions qu’il n’était pas jusqu’à la sainte Vierge elle-même qui ne doutât quelque peu de cette prétendue divinité.

« Elle eut des doutes violents à cet égard, dit saint Basile, et il le fallait pour que Jésus éprouvât toute l’ignominie de son supplice[82]. »

7. — Jusqu’à l’an 325 de l’ère chrétienne, les Juifs platoniciens croyaient généralement que la seconde personne de leur Trinité avait été engendrée, à une époque déterminée, avant laquelle le Père n’avait point de fils. « Autrement, disaient-ils, avec quelque apparence de raison[83], il faudrait reconnaître deux éternels inengendrés. »

Il fallait cependant faire passer Jésus à l’état de Dieu. On y travaillait activement, mais les difficultés augmentaient à chaque pas.

8. — Enfin apparut ce grand criminel couronné que l’Église a longtemps honoré comme saint, que les Grecs et les Russes honorent encore. Ce fut lui, ce fut ce souverain-pontife des idoles, Constantin, cet homme providentiel et si digne de l’être, qui, désespérant d’un pardon vainement imploré des flamines[84], s’adressa aux nouveaux sectaires, pour obtenir une grâce dont sa superstition le rendait avide.

Il savait les chrétiens en possession d’un sacrement dont la vertu suffisait pour ouvrir le paradis aux plus grands criminels, pourvu qu’on le reçût à l’article de la mort.

La ruine du grand paganisme fut dès lors résolue ; et le petit christianisme s’arrogea les dépouilles opimes du colosse vaincu.

9. — Nous l’avons déjà dit : l’École d’Alexandrie était alors florissante ; mais les chrétiens ne comprenaient rien à ces disputes qu’ils tâchaient d’accommoder à la pauvreté de leurs intelligences. Il est donc tout simple que les païens se soient fort amusés de ces étranges tentatives, et les aient tournées en ridicule[85]. Mais Constantin ne riait pas — Les hommes superstitieux ne rient guère. — La question tourna au tragique, et l’ambition personnelle y aidant, on en était déjà plusieurs fois venu aux mains, lorsque l’empereur intervint.

10. — Il écrivit d’abord aux évêques pour les engager à la modération. Ce fut son favori, Osius de Cordoue, qu’il chargea de cette singulière missive d’un souverain-pontife païen aux pontifes chrétiens, Arius et Alexandre, prêtres d’Alexandrie.

« Croyez-vous donc, leur dit-il[86], que mon plus vif désir ne soit pas de voir tous les hommes unis dans une même foi ? Comment assurerais-je autrement le repos de l’empire ? Plusieurs fois déjà, j’ai tenté d’atteindre ce but si important ; mais je ne suis jamais parvenu à guérir la folie incurable des dissentions religieuses en Égypte, où quelques hommes, légers et turbulents, ont divisé les fidèles en factions acharnées les unes contre les autres. J’avais d’abord songé à vous envoyer des Orientaux qui, élevés au berceau même du christianisme, devaient être plus propres que d’autres à calmer les querelles et la fureur des partis ; mais j’appris bientôt, avec la plus vive douleur, que l’Orient lui-même était en proie à des troubles bien autrement graves encore.

» Cependant, convaincu que le motif de vos disputes est des plus futiles, — il ne s’agissait que de la divinité de Jésus-Christ ! — j’ai résolu, avec l’aide de la divine Providence, de me constituer votre médiateur, votre juge, pour vous rappeler à la sagesse et à la modération.

» Écoutez donc !

» Toi, Alexandre, par ton imprudence à proposer aux prêtres qui t’entourent des questions subtiles et vaines, tu as été la cause première de tout le mal ;

» Et toi, Arius, tu as imprudemment initié le peuple à des mystères qui n’étaient point faits pour lui.

» Le mal eût encore été réparable, si l’on se fût abstenu de répondre à ces vaines subtilités ; mais la haine a envenimé vos disputes et, à votre exemple, ô malheur ! le peuple s’est divisé en deux camps prêts à se ruer l’un sur l’autre. Rangés en bataille, frères contre frères, vous remplissez l’empire et de troubles et de dévastations.

» Ah ! fuyons avec horreur ces embûches du démon ! »

11. ― Loin de calmer les esprits, cette lettre dont nous ne pouvons malheureusement donner que la substance, les poussa jusqu’aux dernières limites de la fureur[87]. Les ambitions personnelles y trouvèrent un puissant aliment. Il s’agissait de savoir auquel des deux partis Constantin donnerait son appui et, avec cet appui, le succès et la fortune.

En vain le légat impérial, Osius, convoqua-t-il plusieurs conciles, pour faire renaître le calme dans les esprits ; en vain Alexandre d’Alexandrie signifia-t-il à toute la chrétienté une sentence d’excommunication contre dix prêtres, au premier rang desquels figuraient Arius et Euzoïus ; les ariens, plus adroits, sinon plus intrigants, en appelèrent au bon sens de leurs confrères : « Si nous nous trompons, disaient-ils, veuillez nous instruire. » Cette démarche, conciliatrice en apparence, obtint le plus grand succès. Bientôt Eusèbe de Nicomédie, qu’il ne faut pas confondre avec son frère, l’historien du même nom, évêque de Césarée, prit ouvertement parti pour Arius, et dans deux conciles successifs, tenus en Palestine et en Bithynie, fit annuler la sentence d’excommunication lancée par Alexandre, qu’en même temps il rappela à l’observation des convenances[88].

Eusèbe de Nicomédie était prélat de cour, la plupart des évêques l’imitèrent. La querelle s’enflamma, les scènes les plus scandaleuses, les plus violentes fournirent aux païens des sujets intarissables de railleries et de satires. Sous l’influence des flamines, le théâtre en retentit dans toutes les villes de l’empire romain[89].

12. — La discorde était au comble, déjà le sang avait plusieurs fois coulé, lorsqu’un spectacle inouï dans les fastes de l’humanité stupéfia le monde et, pour un instant, suspendit les hostilités.

Un païen, souverain pontife de ses idoles, convoqua le premier des conciles œcuméniques ! Constantin, qui ne fut baptisé que douze ans plus tard, fit acte de pape, et, de son autorité privée, manda, pour le 19 juin 325, à Nicée, tous les prêtres, évêques, moines et religieux de la chrétienté. Il ordonna de fournir à cette foule, étonnée d’un tel prodige, tous les moyens de transport dont pouvait disposer l’empire. Anes, chevaux, mulets, chars, chariots, tout fut mis en réquisition, et des sommes considérables déposées en chaque lieu, pour subvenir aux frais de ces étranges voyageurs.

Au signal donné, accoururent de toutes les provinces deux mille quarante-huit évêques[90], « gens à tel point simples, ignorants et grossiers » qu’il fallut désigner des avocats, chargés par Constantin d’exposer les idées de leurs clients, incapables par eux-mêmes de les exprimer avec quelque clarté.

13. — Parmi ces Pères de l’Église, on distinguait le pape Alexandre d’Alexandrie, qui s’était adjoint le jeune Athanase, son alter ego, Eustache d’Antioche, Osius de Cordoue, Vite et Vincent, envoyés de l’impotent Sylvestre, évêque de Rome, et surtout un certain MACAIRE dont l’histoire ne dit pas le prénom, et qui, déjà évêque de Jérusalem, devait, l’année suivante, inventer la vraie croix.

14. — Constantin, avec la modestie qui convenait si bien à un empereur romain, en présence d’une tourbe si distinguée, déclina la présidence de cette assemblée. « Beau comme l’ange du Seigneur, » dit l’histoire[91], revêtu de la pourpre, ayant ceint la couronne, et ruisselant de diamants qui faisaient de lui un soleil, il alla, les yeux baissés, humblement s’asseoir sur un siège d’or, à côté d’Osius son légat, ainsi devenu un président de paille.

Ensèbe l’historien se chargea, au nom du concile, de complimenter l’empereur, qu’il qualifia de Prince excellent. Constantin, dans sa réponse, conjura ses auditeurs de se rallier tous dans un même amour et une même foi : « Ce sera là, leur dit-il, le plus signalé service que vous puissiez me rendre. »

15. — A ces mots de concorde et d’amour, un tumulte effroyable s’éleva dans l’assemblée ; les injures répondant aux invectives, les calomnies aux accusations, en quelques minutes, tout le monde se leva, se rua, se bouscula, pour parvenir jusqu’à Constantin, et lui remettre pamphlets contre pamphlets.

Plus fort en politique qu’en grec, Constantin ne comprit pas, ou ne voulut pas comprendre les motifs de ce scandale. Il brûla séance tenante tous les libelles que l’on venait de jeter à ses pieds, et, d’un geste aussi impératif que dédaigneux, renvoyant tous ces chrétiens à leurs places, ce modeste empereur proposa une profession de foi, uniforme pour tous, sur la divinité de Jésus-Christ.

16. — Il s’agissait bien de cela, vraiment ! Les catholiques d’alors étaient presque tous ariens[92]. Haussant les épaules, les uns riant, les autres hurlant, tous sortirent de la salle, à l’exception de trois cent dix-huit qui, plus souples, ou plus adroits, comprirent que leur fortune personnelle dépendait de leur soumission aux volontés impériales.

17. — La question de la consubstantialité du fils fut donc mise à l’ordre du jour ; mais les évangiles ne disaient mot de ces sortes de choses. Si, à la vérité, l’on rencontrait de ci de là quelques passages favorables à la divinité du Christ, d’autres aussitôt, infiniment plus concluants, se présentaient en phalanges pour les combattre avec une irrésistible force. Telle était enfin la confusion qui régnait dans cette multitude de livres contradictoires, que le concile, ne sachant plus auquel entendre, allait se dissoudre, sans résultat apparant, lorsque Macaire comprit le danger : c’est assez dire qu’on y porta remède.

On plaça tous ces livres pêle-mêle, sur une grande table, et l’homme aux grands moyens, de concert avec l’assemblée, supplia le Saint-Esprit de jeter par terre tout ce qui, dans cet inextricable fatras, ne devait pas être tenu pour divinement inspiré. QUOD ET FACTUM EST, dit l’histoire[93], Et le miracle se fit.

Les Pères apprirent de la sorte que les seuls évangiles divinement inspirés étaient au nombre de quatre : Mathieu, Marc, Luc et Jean.

18. — La discussion devint alors sérieuse, le combat fut acharné. Le jeune Athanase, bras droit du pape d’Alexandrie, combattit vaillemment, à la tête des Consubstantialistes courtisans, la profession de foi proposée par Arius, Eusèbe de Nicomédie, Eusèbe de Césarée, Second, Théonas et beaucoup d’autres. Soutenu par l’empereur païen, il obtint enfin la victoire, et le concile adopta le symbole suivant, que l’Église a, bien des fois, revu, corrigé, diminué et augmenté depuis lors :

« Nous croyons en un seul Dieu, Père Tout-Puissant, qui a fait toutes les choses visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, fils unique de Dieu, seul engendré par le Père, c’est-à-dire de la substance du Père ; Dieu de Dieu ; lumière de lumière ; Dieu véritable de Dieu véritable ; engendré et non fait ; CONSUBSTANTIEL au Père, par qui toutes choses ont été faites au ciel et sur la terre ; qui est descendu, s’est incarné, et s’est fait homme pour nous, et pour notre salut ; qui a souffert, qui est ressuscité le troisième jour ; qui est monté au ciel, et qui viendra juger les vivants et les morts, Et nous croyons au Saint-Esprit. »

L’Église de Dieu, l’Église catholique et apostolique, anathématise ceux qui disent qu’il y avait un temps où le fils de Dieu n’existait pas ; ou qu’il n’existait pas avant d’avoir été engendré ; ou qu’il a été fait de rien ; ou qu’il est d’une autre substance ou essence que son Père ; ou qu’il est créé ou sujet au changement. »

19. — Jésus-Christ obtenait enfin le titre de CONSUBSTANTIEL qu’un concile d’Antioche lui avait impitoyablement refusé, au siècle précédent[94]. Mais, il faut bien l’avouer, la victoire était incomplète : Arius, Second et Théonas n’avaient consenti à aucune transaction ; et si le reste des partisans de l’arianisme pur signa les actes du concile, ce ne fut qu’après avoir adopté un singulier expédient que suggéra la théologienne Constance, sœur de Constantin.

Par l’introduction d’une simple syllabe, dans le mot Omousios, qui, en grec, signifie Consubstantiel, on en altère le sens, et dès lors, il se traduit par : semblable quant à la substance (Omoiousios). Ce fut cependant là l’expression qui devint le rempart du semi-arianisme, que dix ans plus tard professa presque toute l’Église, comme auparavant elle professait l’arianisme pur, et qui fit, dit Boileau[95] : « Périr tant de chrétiens, martyrs d’une diphtongue. »

20. — Le concile décida que la fête de Pâque se célébrerait, dans toutes les Églises, à la même date ; c’est-à-dire, comme elle se célébrait et se célèbre encore en Occident.

Quelques-uns des Pères voulaient que les prêtres mariés fussent condamnés à renvoyer leurs femmes ; mais sur les remontrances du martyr Paphnuce, le concile, par son troisième canon, se contenta de défendre aux évêques, aux prêtres, aux diacres et aux autres clercs, d’avoir avec eux des femmes compromettantes. Les membres du clergé purent donc cohabiter, sans causer le moindre scandale, avec les femmes de leur famille, aussi bien qu’avec leurs épouses légitimes[96].

21. — On prit encore quelques décisions touchant la discipline, entre autres, sur la jurudiction des patriarches qui, en Orient, restèrent soumis au pape d’Alexandrie, comme en Italie les évêques paraissaient l’être à peu près à celui de Rome. Puis, on s’occupa de faire signer les actes du concile par les évêques qui y avaient assisté. Mais deux d’entre eux étaient morts, avant que le Saint-Esprit se fût prononcé sur la consubstantialité du fils. Comment faire signer les trépassés Chrysanthe et Muzonie ? Cela paraissait impossible ; mais Macaire était là !!! Fertile en ressources, il donna une nouvelle preuve de sa capacité.

Les Pères l’accompagnèrent aux sépultures de leurs confrères, déposèrent sur leurs tombes les actes synodaux que, au préalable, ils avaient signés eux-mêmes, et les y laissèrent pendant toute une nuit. Le tour était fait. Miracle ! Le lendemain, de grand matin, on lut en public la souscription suivante, que nous empruntons au traducteur de Nicéphore : « Nous Chrysanthe et Muzonie, confessons par nos signatures apposées, de notre propre main, à ce libelle, que, ores que soyons de corps translatez de ce monde en l’autre, avons toutefois consenty à tous les Pères assemblez au sainct premier concile général et œcuménique de Nicée, en tout ce que par eux a été déterminé et ordonné[97]. »

22. — Les revenants avaient fait merveille. Constantin ne se laissa pas distancer : il exila Arius, déjà excommunié par le concile, et condamna au feu tous les livres ariens. Ce n’était pas encore assez. Ce premier des inquisiteurs, au service de la foi, édicta la peine de mort contre quiconque détiendrait chez soi un seul écrit de l’hérésiarque et donna ainsi au monde épouvanté l’exemple, inouï jusque-là, des condamnations capitales en matière d’hérésie.

23. — Toute réunion d’évêques, lorsqu’elle ne finit pas à coups de poings, finit par un banquet. L’empereur n’eut garde de déroger à cette salutaire coutume. Comme il avait ordonné le concile, il ordonna le festin dont le luxe oriental étonna tous les Pères. Eusèbe Pamphile, l’historien, nous a soigneusement transmis l’impérissable souvenir de ce gala sacerdotal, qu’il prit, dit-il[98], pour une frappante image du règne futur de Jésus-Christ sur la terre.

Avant de se séparer de ses accolytes, le souverain pontife païen adressa aux Dieux chrétiens une chaleureuse exhortation à la concorde ; mais ses paroles se perdirent dans les fumées du vin.

24. — Repus de victuailles et comblés des plus riches présents, les pasteurs, dit l’histoire, rejoignirent leurs troupeaux, devenus leur propriété de fait, par le droit de haute et basse justice que Constantin leur avait conféré :

« Vous êtes tous des Dieux que Dieu nous a donnés » lui-même, avait dit l’empereur, et il serait inconvenant « que des Dieux fussent jugés par des hommes[99]. »

Le concile avait duré deux mois et 8 jours : du 17 juin au 25 août 325.

25. — Le triomphe des consubstantialistes ne fut pas de longue durée. Après avoir exilé Arius, que le concile avait excommunié, Constantin le rappela, presque aussitôt. Cinq ans s’étaient à peine écoulés, depuis la clôture du concile, et déjà Théognis et Eusèbe, qui avaient partagé la disgrâce de l’hérésiarque, partageaient aussi sa nouvelle fortune. Aux excommunications des orthodoxes répondaient celles des hétérodoxes ; aux fureurs des uns, l’exaspération des autres ; et le sang recommença à couler, comme aux plus beaux jours de la fièvre théologique.

26. — Le pape Alexandre était mort, quelques mois après son retour triomphal dans sa ville d’Alexandrie (326). Depuis lors, la papauté d’Orient était le point de mire de toutes les ambitions. En vain, au milieu des angoisses de la mort, Alexandre avait-il désigné Athanase pour son successeur ; en vain, pour se rendre intéressant, l’alter ego s’était-il, dans cette circonstance, dérobé à tous les regards ; les compétiteurs étaient nombreux, et ce ne fut qu’après trois ans d’intrigues, de luttes armées et de guerres civiles que les partisans du jeune diacre parvinrent violemment à le faire consacrer par les évêques égyptiens, ses adversaires, surpris la nuit, dans une église d’Alexandrie.

27. — La fraude des Athanasiens fut, dans ce conflit, un nouveau brandon de discorde. Elle fournit aux ariens un puissant moyen de propagande, Ils n’eurent point de peine à représenter le nouveau pape comme un conspirateur politique et résolu. Constantin s’en émut et reversa toutes ses faveurs sur ceux qui, naguère encore, n’étaient que ses victimes.

L’orthodoxie se range toujours du côté du plus fort. Avec l’empereur le Saint-Esprit varia[100], et, dans un premier concile, tenu par les ariens, à Antioche, il ratifia la nomination de Paulin, en remplacement du consubstantialiste Eustache, ci-devant évêque de cette ville.

28. — Enhardis par ce premier succès qui leur ouvrait les voies de la fortune, les vainqueurs appelèrent au plus vite, dans la ville de Tyr, les évêques d’Orient et ceux d’Occident. Il s’agissait d’instruire le procès intenté au fougueux Athanase, prévenu de toutes sortes de violences et de sacrilèges. Pour des chrétiens, quelle douce perspective !!!

A l’instant, tout le monde accourut et, toujours sous l’inspiration du Saint-Esprit, le concile de Tyr (335) fut témoin de ce que les catholiques d’Occident appellent encore le plus grand des scandales.

L’ingénieux Macaire — ne vaudrait-il pas mieux dire l’ingénieur ? — n’était pas resté inactif. Après avoir inventé la vraie croix (326), et surveillé, à Jérusalem, la construction d’un temple dont nous parlerons tout-à-l’heure, il s’était avisé, en compagnie d’Athanase et de nombreux sectaires, de renverser l’autel et de briser le calice d’une église arienne[101]. Traduit pour ce fait, et beaucoup d’autres, devant le concile, il y fut traîné couvert de chaînes et quelque peu dépouillé de son prestige.

29. — La session s’ouvrit par la lecture des charges, dirigées contre Athanase ; mais, assisté de son co-accusé Macaire, le pape d’Alexandrie n’eut pas de peine à confondre ses ennemis sur quelques points de l’accusation. Il ne put toutefois se laver entièrement et, comprenant le danger, il jugea prudent d’appeler à son aide les soldats impériaux, qui protégèrent sa fuite et lui servirent d’escorte jusqu’à Constantinople, où résidait Constantin.

Cette fugue imprévue accrut encore l’indignation du concile, qui, prononçant par coutumace, condamna Athanase pour violences et rébellion.

En outre, il déclara, sur le rapport d’une commission qu’il avait déléguée sur les lieux du crime, le pape Alexandrin convaincu d’avoir brisé un calice, et défendit par ses épitres synodiques de communiquer avec le coupable, de lui écrire, d’en recevoir des lettres, etc., etc.

C’est ainsi, ô scandale ! que sinon l’inventeur, au moins le principal artisan de la Trinité chrétienne, le grand saint Athanase, le héros du consubstantialisme, celui que l’on pourrait presque appeler le Père de Dieu, fut anathématisé par les autres Dieux, réunis en concile, sous l’inspiration du versatile Saint-Esprit.

30. — Le triomphe des ariens marchait à grands pas. Ils étaient encore assemblés, quand ils reçurent de Constantin l’ordre de se rendre sans retard à Jérusalem. On devait y procéder à la dédicace du nouveau temple qu’à l’instigation de Macaire, l’empereur venait d’édifier sur les ruines de celui que, de temps immémorial, les païens avaient consacré à Vénus.

Ce nouveau spectacle attira encore plus de monde sur le Golgotha qu’il n’en était venu à Tyr. Quand tout le monde fut à son poste, il arriva une lettre de l’empereur qui engageait le concile à recevoir à la communion chrétienne Arius et Euzoius, reconnus orthodoxes par sentence impériale[102]. Une pareille recommandation était plus que suffisante. Le concile, toujours visiblement inspiré par le complaisant Saint-Esprit, s’empressa d’acquiescer au désir impérial. Il écrivit aux Églises de Lybie, d’Égypte et de la Thébaïde qu’elles eussent à suivre cet exemple : « puisque, disaient les Pères, le bon témoignage de l’empereur est un sûr garant de la saine doctrine professée par les ariens. »

31. — Pendant que l’arianisme marchait en triomphateur, Athanase ne perdait pas son temps. Bien accueilli par le versatile Constantin, il avait si bien manœuvré que la fortune sembla encore une fois lui sourire. Faisant droit à sa demande, l’empereur, par une lettre passablement acerbe, manda à Constantinople les évêques réunis à Jérusalem ; mais, instruits par l’expérience, ceux-ci s’empressèrent de ne pas obéir, et donnèrent ainsi à la fureur impériale le temps de se calmer.

Seuls, Eusèbe de Nicomédie, Théognis, Maris, Ursace et Valens, mieux en cour, osèrent affronter l’orage, et, reprenant l’offensive, prouvèrent par témoins, que non seulement Athanase était un conspirateur dangereux pour l’État, mais qu’en outre il avait tenté de confisquer l’annone[103] à son profit.

Soulever et entretenir la guerre civile dans les provinces, mettre l’empire à feu et à sang, semer partout la terreur, le pillage et l’incendie, passe encore ! Constantin n’en était pas à cela près ; mais toucher aux deniers de l’État !… Athanase était perdu !…… L’empereur exila dans les Gaules le fanatique instigateur de tous les désordres chrétiens qui avaient eu lieu depuis douze ans (335).

32. — Le grand, l’illustre Macaire était mort depuis peu. L’hérétique Arius[104] crut avoir beau jeu pour rentrer à Alexandrie. A peine y fut-il arrivé que le peuple, fanatisé par les menées antérieures d’Athanase, se souleva contre le nouveau favori de la cour, et présenta requête à l’empereur, pour réclamer le pape détrôné en raison de ce qu’on appelait les calomnies des ariens.

33. — Cette fois, l’empereur fut inflexible et adressa aux Alexandrins une sévère mercuriale :

« Athanase, leur écrivit-il, est un brouillon, un perturbateur du repos public, un arrogant, un superbe, toujours prêt à fomenter le tumulte et la sédition.

» Un concile l’a condamné ! Comment supposer que tant de saints évêques se soient entendus pour le calomnier ? Laissez-moi donc tranquille !

» Et vous surtout, vierges consacrées à Dieu, religieux attachés aux autels, abandonnez au plus vite toutes ces intrigues et, comme votre vocation vous en fait un devoir, taisez-vous et rentrez dans l’ordre. »

34. — Cette lettre n’obtint aucun succès, et l’apprenti chrétien, ne sachant plus à quel saint se vouer, rappela Arius à Constantinople.

A peine rentré dans la nouvelle Byzance, Arius fut en butte à toutes les fureurs d’une populace soulevée contre lui par Alexandre, évêque de la nouvelle Rome. Il s’agissait pour ce dernier de se débarrasser d’un compétiteur dont la science et le talent, connus de tous, faisaient un rival dangereux. N’y avait-il pas lieu de craindre que le nouveau venu, abusant de sa supériorité physique et morale, ne parvînt à supplanter le pauvre consubstantialiste ignare qui, depuis près de trente ans, jouissait, sans émule et sous l’abri du pouvoir impérial, de tous les avantages d’un patriarcat qui allait devenir le siège de la papauté orientale ? Quelle ne devait pas être la perplexité du patriarche, à l’approche du jour où, par ordre de Constantin, il allait soutenir en public une discussion régulière sur le dogme de Nicée, contre l’athlète le plus formidable et le plus convaincu de son temps ?

Aussi, la veille du jour où devait avoir lieu cette conférence, dans la principale église de Constantinople, Alexandre s’enferma-t-il dans son oratoire, suppliant Dieu de lui enlever la vie, plutôt que de permettre le triomphe de l’hérésie : « quand bien même, ajoutait-il, l’opinion soutenue par le sectaire serait basée sur la vérité.[105] »

35. — Par l’une de ces coïncidences bizarres que les chrétiens de tous les temps appellent miracles, quand elles tournent à leur avantage, et malheurs, lorsqu’elles préjudicient à leurs intérêts, au moment où ses partisans se disposaient à le porter en triomphe au temple désigné pour la joute oratoire, Arius, déjà épuisé par tant de fatigues, mourut presque subitement dans les tranchées les plus douloureuses. L’avait-on empoisonné ? Il est permis de le croire ; mais nul ne saurait l’affirmer. Ce que l’on sait, ce que l’on connaît fort bien, ce sont les infâmes impostures qu’à l’envi les uns des autres les historiens ecclésiastiques ont répandues à ce sujet :

« L’infâme Arius, disent-ils, au milieu de son triomphe, fut saisi d’un pressant besoin et, s’écartant de la foule, il alla, comme Judas le traître, crever sur un fumier. Dans un horrible ténesme, il rendit ses entrailles par le fondement (336). »

De pareilles absurdités ne se réfutent point. Les chrétiens, d’ailleurs, se chargent eux-mêmes d’en faire justice sans le vouloir. Écoutons-les :

« Le corps d’Arius, vide de ses entrailles, comme la peau d’une anguille écorchée, — passa par la lunette des latrines[106]. »

36. — La mort de Constantin suivit de près celle de son protégé. Sentant approcher l’heure suprême, il crut qu’il était temps d’user du talisman qui devait effacer tous ses crimes et lui ouvrir les portes du ciel. Il fit donc appeler son fidèle courtisan, le fameux arien Eusèbe de Nicomédie, qui s’empressa d’administrer le baptême au moribond (22 mai 337).

C’est ainsi qu’après avoir remis sur le pinacle l’arianisme, qu’il avait d’abord combattu, l’un des plus odieux personnages dont l’histoire nous ait transmis le souvenir se trouva placé au nombre des saints.

« Jamais, dit Epiphane[107], Constantin n’erra dans la foi. »

« Ce fut une âme pieuse, et aimant véritablement le Christ[108], ajoute Grégoire de Naziance ; il n’a quitté le monde que pour aller jouir d’un empire meilleur. »

L’histoire ecclésiastique est, pour ainsi dire, celle des hérésies, et constate aisément que toutes, sans exception, se rattachent à l’arianisme. Pour nous, dont le but est surtout de suivre les variations et contradictions de l’Église, bornons-nous pour le moment à reconnaître, comme le fit plus tard le pape Innocent III, que toutes les hérésies se tiennent par la queue[109].

37. — A quoi bon s’entretenir ici des contradictions continuelles du Saint-Esprit, dans ses disputes relatives à la consubstantialité du fils ?

Au concile d’Antioche (340), Jésus triomphe, dans la personne d’Athanase ; dans la même ville, la même année, il succombe, pour succomber, encore une fois, au même lieu, l’année suivante. A Rome (341), cinquante évêques le ressuscitent en Athanase, qu’ils réhabilitent ; à Milan (344), on refuse de condamner l’opinion arienne ; deux ans plus tard, dans la même ville, on repousse l’ arianisme, et il en est de même, l’année suivante, au même lieu. A Sardique (347), en l’absence des ariens, Jésus-Christ triomphe encore, pour retomber, quelques mois plus tard, au concile de Philippopolis, et ressusciter une autre fois, à Rome, en 349 : Quelle immuabilité !

38. — Voici venir enfin des conciles plus intéressants. Nous voulons parler de ceux généralement connus sous le nom de Sirmium, mais dont les lieux et les dates sont incertains. Saint Epiphane, saint Athanase et les autres écrivains ecclésiastiques ne s’accordent nullement sur ce point ; mais peu nous importe à nous qui ne nous occupons que du Saint-Esprit.

Photin, évêque de Sirmium, ne reconnaissait qu’une seule opération dans les trois personnes de la Trinité. Selon lui, le Verbe n’était qu’un attribut et n’avait jamais eu d’union hypostatique avec la nature humaine. Aux yeux de cet hérésiarque, Jésus-Christ n’était qu’un être purement humain.

L’empereur Constance assembla le concile dont nous parlons. Photin fut unanimement condamné, et les Pères lui enlevèrent toute juridiction sur son Eglise.

L’hérésiarque déposé demanda de nouveaux juges à l’empereur, qui s’empressa d’accéder à ce désir[110].

39. — Dans le nouveau concile de la même ville, non seulement on maintint la condamnation de Photin ; mais encore on rédigea un nouveau symbole que saint Hilaire, évêque de Poitiers, accepte sans réserve[111], tandis que saint Athanase le repousse avec indignation[112]. Touchante unanimité !

Cependant ce symbole, bien que signé par tous les évêques présents, ne paraissant pas encore assez clair, on en dressa un second, par lequel on proscrivit nettement le mot grec ousia (substance) et jusque dans ses composés omousios (consubstantiel) et omouisios (semblable en substance).

Ce nouveau symbole souleva, cette fois, l’indignation de saint Hilaire, qui l’appela : le blasphème d’Osius et de Potamius[113] ; mais il fut signé par tous les Pères, présents au concile, à l’exception des évêque déjà condamnés, et particulièrement de l’hérésiarque Photin, qui soutint même, à cette occasion, une très longue et très vive dispute contre le président du concile, Basile évêque d’Ancyre[114].

40. — L’arien George de Cappadoce occupait le siège d’Athanase, qui, après le lui avoir plusieurs fois repris, venait encore de fuir devant la persécution arienne. Une lettre synodique, signée à Antioche (354), par trente évêques ariens, fut répandue dans tout l’Orient pour annoncer à tous la destitution d’Athanase, et la légitime réintégration de son compétiteur George, avec lequel il était enjoint de communiquer à l’avenir, et sans réserve.

41. — L’empereur Constance, à cette bonne nouvelle, fut transporté de joie. De cette exhortation il fit une loi. Il y joignit une déclaration de similitude en substance des deux personnes divines, et ordonna, sous peine d’exil, à tous les évêques d’Orient et d’Occident de signer ce décret.

Libère, — saint Libère, — venait de succéder à Jules Ier sur le siège de Rome (352). Le nouvel évêque, dans son premier mouvement, se montra plein d’énergie. Non seulement il ne voulut pas signer la nouvelle formule ; mais même il refusa de recevoir les évêques orientaux que l’empereur avait eu la bonhomie de lui envoyer comme ambassadeurs.

42. — Etonné de tant d’audace, Constance ne voulut pas y croire, et résolut de s’en assurer par lui-même. Comment admettre en effet qu’un petit évêque de Rome osât s’opposer à une décision impériale, approuvée d’ailleurs, et sans réplique, par tous ses confrères d’Orient et d’Occident ? Il se fit donc amener Libère en personne et, dans une longue conversation, il s’efforça de triompher de cette résistance insolite. Ce fut en vain. L’intrépide Libère tint bon jusqu’au bout. Il défendit vaillamment le grand saint Athanase, que l’on calomniait audacieusement, disait-il ; et, en fin de compte, il irrita l’empereur, au point de se faire exiler en Thrace, à Bérée. Le siège de Rome fut confié à saint Félix[115].

43. — La fermeté de caractère est une vertu d’autant plus admirable chez un pape qu’elle s’y montre plus rarement, en présence d’une force supérieure ; et l’exil, qui a généralement peu de charmes, en a moins encore pour les âmes ramollies par les douceurs de l’épiscopat dans une grande ville. Or, ces douceurs n’avaient jamais manqué à saint Libère. Les belles Romaines le tenaient en une telle estime, qu’elles se montrèrent inconsolables de son départ. Elles allèrent même jusqu’à menacer les sénateurs leurs maris de les quitter incontinent, s’ils n’obtenaient de l’empereur qu’il rappelât de l’exil leur évêque chéri. Cette menace était effrayante, mais la colère de Constance ne l’était pas moins, et l’on transigea. Il fut résolu que ces dames iraient elles-mêmes trouver l’empereur, et s’efforceraient d’attendrir ce cœur de roche qui ne devinait pas tout ce qu’il y avait d’angoisses pour elles dans une si affreuse séparation[116]. Après tout, Constance n’était pas un tigre ; il se laissa fléchir, et voulut bien tenter une seconde épreuve.

44. — Il restait d’ailleurs peu d’efforts à faire pour ébranler l’aimable Libère, qui, de son côté, ne demandait pas mieux que de se rendre aux ardents désirs des belles Romaines.

Déjà les Orientaux avaient reçu une lettre fort touchante, par laquelle le vertueux Libère implorait son rappel de l’exil[117] :

« Je ne défends pas Athanase, disait le saint évêque de Rome… J’ai même chargé notre frère Fortunatien de porter à notre empereur Constance une lettre concernant cette affaire… J’ai accepté, avec plaisir, la foi que l’on a discutée, acceptée et proclamée à Sirmium. Je n’y ai rien trouvé à reprendre ; j’y ai adhéré de tout point, et j’y resterai fidèle… Mais faites-moi rappeler de l’exil. »

Comment résister à tant de bonhomie ?

L’empereur voulut donc bien encore écouter ce pauvre Libère ; et à Sirmium (358), l’évêque exilé accepta tout simplement, et sans songer à mal, le symbole arien qu’on lui présenta. Puis, au nom de l’Eglise romaine, il signa une violente excommunication contre saint Athanase, dont la cause, disent tous les théologiens, était inséparable de l’orthodoxie. Saint Hilaire appelle la formule signée par Libère : Une perfidie arienne, et il maudit trois fois l’évêque de Rome, que, pour sa lâcheté et sa versatilité, il nomme « Prévaricateur de la foi[118] ».

45. — Tant d’humilité, de soumission, de complaisance, ou, si l’on veut, de pusillanimité mettait l’Église romaine aux mains de ses adversaires. Libère fut donc autorisé à rentrer dans son évêché, dont Constance voulut bien lui rendre la jouissance, à condition que l’administration et le gouvernement en restassent partagés entre les deux évêques à la fois (Félix et Libère).

Mais il s’était formé deux camps dans la ville, et les dames romaines patronnaient celui de Libère. Félix, une première fois, fut chassé par la force ; il rentra par le même procédé ; une troisième émeute, toujours à main armée, eut enfin raison de son opiniâtreté. En définitive, S. Félix fut obligé de céder la place, mais non le titre, et il se retira dans une de ses terres, aux environs, sur la route de Porto, où il vécut encore jusqu’en 365.

46. — Saint Athanase[119] appelle Félix « un monstre nouveau que la malice de l’antéchrist a placé sur le siège de Rome. » Et comme il faut que les catholiques soient toujours et partout d’accord, l’Église romaine a placé le même Félix au nombre des saints, et célèbre sa fête au 29 juillet (voy. le Martyrologe de Baronius).

Il est bien clair qu’il y eut, depuis 352 jusqu’en 366, deux évêques de Rome en même temps, ce qui est une abomination, aux yeux du catholicisme ; mais l’Église enseigne qu’aucun des deux ne fut antipape, ce qui nous comble de joie. Comment ne pas tomber en extase devant un pareil miracle ?

Mais calmons notre enthousiasme : la chose est plus simple qu’elle n’en a l’air :

Tandis que tous les évêques orientaux, sans exception, s’arrogeaient le titre de pape, ce ne fut que vers la fin du IVe siècle, entre 385 et 398, que saint Sirice, évêque de Rome, osa les imiter en ce point. Or, si au temps de Libère, il n’y avait pas de pape à Rome, comment aurait-il pu se faire qu’il s’y en fût rencontré deux à la fois ? Poser la question, c’est la résoudre. Que la sainte Église veuille bien nous pardonner la témérité grande avec laquelle nous venons à son aide[120].

47. — Quoi qu’il en soit, saint Libère ne jouit pas longtemps d’un ciel sans nuage. Le semi-arianisme, marchant de triomphe en triomphe, l’empereur avait, de nouveau, ordonné à tous les évêques de souscrire une nouvelle formule de foi que venait de dresser le concile de Rimini (359). Libère, craignant un nouvel exil, s’il refusait d’obéir aux ordres du souverain, préféra se cacher parmi les tombes des cimetières, et il y resta jusqu’à sa mort, arrivée le 24 septembre 366[121].

Si c’est là ce que les apologistes romains appellent la rétractation de Libère, avouons qu’ils se contentent de peu. Il est vrai que, parmi quelques pièces dont plusieurs sont supposées, on trouve dans les œuvres de saint Hilaire, une lettre attribuée à Libère qui y ferait une profession de foi, tout à fait consubstantialiste ; mais, même en tenant pour vraie et authentique cette bienheureuse adresse aux évêques d’Orient, il faut convenir qu’elle fut au moins bien tardive ; puisqu’elle n’avait précédé la mort de Libère que de quelques mois à peine.

48. — Pendant que saint Libère, comme une âme en peine, errait mélancoliquement d’une tombe à l’autre, le diacre Damase, qui devait bientôt le remplacer sur le trône épiscopal, le suppléait déjà dans les difficiles et périlleuses fonctions du ministère à Rome. Les conciles se succédaient avec rapidité. C’était comme une avalanche d’arianisme. En vain Damase, au nom de Libère, expédiait-il légats sur légats, pour s’opposer à ce débordement d’hérésie ; tous les efforts demeuraient impuissants contre l’irrésistible volonté de l’empereur. Bienheureux encore quand ces délégués consubstantialistes ne recevaient pas de trop substantielles corrections. De quelle indignation ne sommes-nous pas saisi, à l’heure même où, d’une main tremblante d’émotion, nous décrivons l’horrible drame dont le grand saint Athanase nous a transmis l’impérissable souvenir[122] !

49. — Nous disions dernièrement que toute réunion d’évêques, lorsqu’elle ne finit point par une mêlée, se termine par un banquet. En voici une qui finit autrement. Un saint diacre, nommé Hilaire, qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme, le saint évêque de Poitiers, avait été délégué par Libère, au concile de Milan (355). Trois cents évêques y discutaient avec ardeur sur la condamnation d’Athanase, autrement dit, sur la consubstantialité du fils ; car l’une et l’autre causes n’en faisaient qu’une. L’arianisme triompha, comme toujours, à cette période de l’histoire ecclésiastique. Mais, ô scandale ! le jeune Hilaire, à la grande — j’allais dire hilarité — édification des pères assemblés, y reçut en public, l’une de ces humiliantes corrections dont, plus tard, les jésuites furent si prodigues envers les jolis petits, les jolis garçons.

« Ah ! tu n’as pas résisté à Libère ! lui criait-on. Ah ! tu as apporté ses lettres ! » et coups de tomber comme grêle sur le dos entièrement nu du saint homme !!!

Saint Athanase rapporte au même lieu que, pendant ce supplice, le saint confesseur ne cessait de narguer ses bourreaux et de leur rire au nez. Nous ne saurions douter un seul instant du courage avec lequel Hilaire supporta ce nouveau genre de martyre ; mais quelques physiologistes prétendent et l’expérience des jésuites démontre que, sur certains tempéraments, la fustigation produit parfois des effets étranges et fort recherchés des lubriques patients[123]. Après cet acte d’un zèle trop touchant, les pères se séparèrent, sans s’inviter à souper.

Laissons donc ces saintes gens aux prises avec le Saint-Esprit, qui n’en peut mais ; et, tandis que saint Jérôme[124] constate que tous les chrétiens condamnent l’ancienne doctrine orthodoxe ; tandis qu’il s’indigne et pleure à la vue de l’arianisme, qui, dit-il[125], a envahi le monde entier ; bornons-nous à recueillir les nouveautés théologiques, à mesure qu’elles tombent du ciel, sur une terre si bien préparée pour les recevoir et les faire fructifier.

50. — Voici venir une innovation, fort raillée d’ailleurs par saint Athanase.

Un concile arien de Rimini (359) s’était permis de commencer sa profession de foi par ces mots : « la foi catholique a été proposée, à Sirmium, en présence de l’empereur Constance, toujours auguste, sous le consulat de Flavius Eusèbe et d’Hypatius, le XXIIIe jour du mois de mai. Nous croyons, etc[126]. »

« Il est ridicule, s’écrie saint Athanase, d’attribuer l’éternité à Constance, reconnu comme seigneur et maître des chrétiens, et cela au moment même où l’on dénie cette qualité au Fils de Dieu. Et qu’est-ce que cette date certaine, donnée à la nouvelle profession de foi ? Aurait-elle pour but d’établir, d’une manière non douteuse, l’époque précise à laquelle elle a pris naissance, et cela pour condamner plus directement les anciennes croyances[127] ? »

51. — Une autre particularité mérite également de fixer notre attention.

On a sans doute remarqué dans le symbole de Nicée le silence absolu des Pères sur ce qu’avait fait Jésus-Christ, pendant les trois jours, passés dans le tombeau. Il est étrange que le Saint-Esprit n’en ait pas soufflé mot aux Pères orthodoxes de l’an 325, et que ce soit précisément à un concile arien (Rimini, 359) qu’il ait daigné faire cette confidence.

Oui, l’on apprit de la sorte[128], et pour la première fois, par la voix d’un concile, que le seigneur Jésus-Christ n’était pas resté inactif dans le tombeau. Alors seulement on sut qu’il avait profité de la circonstance pour descendre aux enfers, c’est-à-dire au centre de la terre.

Qu’était-il allé faire en ces lieux maudits ? Prêcher l’évangile aux Patriarches, aux Prophètes ? — « A quoi bon ? se demande saint Augustin[129] ; serait-ce pour les philosophes païens ? mais leurs fausses vertus n’étaient que de l’orgueil, des vertus inertes, ou plutôt des vices éclatants. » Cependant l’évêque d’Hippone reconnaît, sans trop savoir pourquoi, que Jésus-Christ est descendu aux enfers.

52. — Cette bonne nouvelle aurait dû faire tressaillir de joie tous les cœurs généreux ; mais, venant de la source empoisonnée de l’arianisme, elle ne fut accueillie qu’avec la plus grande défiance. Les communications du Saint-Esprit étaient-elles donc suspectes ? A d’autres un soupçon si injurieux pour la blanche colombe ! Toujours est-il que le deuxième concile œcuménique (Constantinople, 381), si bien disposé d’ailleurs pour les nouveautés, se montra inflexible, sur ce point particulier. Il ajouta, il est vrai, au symbole de Nicée beaucoup de choses fort intéressantes, sans doute ; mais enfin il refusa obstinément de reconnaître la descente de Jésus-Christ aux enfers.

53. — Nous avons déjà remarqué que l’orthodoxie se range toujours du côté du plus fort ; il est bon de rappeler cette vérité.

Tant que Constantin fut consubstantialiste pur, le catholicisme le fut également. Du jour où l’empereur devint semi-arien, la religion de l’immense majorité fut le semi-arianisme ; et cet état de choses dura, sous tous les empereurs suivants, jusqu’à l’avènement de Théodose, le fanatique et cruel inspirateur du code le plus sanguinaire que le monde ait jamais connu[130], et que publia son petit-fils, le lâche Théodose II. Aussi faut-il voir avec quel empressement la religion devint consubstantialiste, sous cet empereur anti-arien. A peine le concile Théodosien (Constantinople, 381) vient-il de proclamer la nouvelle orthodoxie que déjà l’on n’entend presque plus parler de conciles ariens,

54. — Mais revenons au concile de Constantinople (381), dont nous n’avons, pour ainsi dire, fait que prononcer le nom. Ce concile est reconnu comme œcuménique, c’est-à-dire comme universel. L’Église romaine lui donne ce titre. Pourquoi ? serait-ce parce qu’il fut convoqué par l’ordre de Théodose ? Mais à cette époque, il n’y eut, pour ainsi dire, pas de réunion d’évêques, sans la permission du souverain. Serait-ce parce que tous les évêques qui y assistèrent, — au nombre de cent cinquante, seulement — étaient Orientaux ? Mais une foule de conciles, réputés hérétiques, avaient été deux fois plus nombreux, et composés d’évêques, venant de toutes les parties de l’empire. — Serait-ce parce que l’on n’y reçut ni lettres, ni députés de l’évêque de Rome, ni des autres Occidentaux ? Serait-ce parce que saint Mélèce d’Antioche y présida, aux lieu et place du patriarche d’Alexandrie, ou de celui de Constantinople, auxquels cet honneur revenait de droit ? Mystère ! Toujours est-il qu’on y dressa un symbole qui confirmait celui de Nicée ; mais en y ajoutant une foule de nouveautés, à peine soupçonnées jusque-là, et encore par un très petit nombre de chrétiens.

Le voici intégralement. Nous nous contentons de souligner les nouveautés.

55. ― Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, qui a fait toutes les choses visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, seul engendré par le Père, c’est-à-dire de la substance du Père ; Dieu de Dieu ; lumière de lumière, Dieu véritable de Dieu véritable ; engendré et non fait ; consubstantiel au Père, par qui toutes choses ont été faites au ciel et sur la terre ; qui est descendu, s’est incarné, PAR LE SAINT-ESPRIT, DANS LE SEIN DE LA VIERGE MARIE, s’est fait homme, A ÉTÉ CRUCIFIÉ POUR NOUS, SOUS PONCE PILATE ; a souffert et A ÉTÉ ENSEVELI ; est ressuscité le troisième jour, SUIVANT LES ÉCRITURES ; est monté aux cieux, S’EST ASSIS A LA DROITE DU PÈRE, et viendra encore AVEC GLOIRE juger les vivants et les morts. SON ROYAUME N’AURA POINT DE FIN. Nous croyons aussi au Saint-Esprit, SEIGNEUR VIVIFIANT, QUI PROCÈDE DU PÈRE, QUI EST ADORÉ ET GLORIFIÉ AVEC LE PÈRE ET LE FILS, QUI A PARLÉ PAR LES PROPHÈTES. NOUS CROYONS EN UNE SEULE ÉGLISE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE. NOUS CONFESSONS UN BAPTÊME POUR LA RÉMISSION DES PÉCHÉS ; NOUS ATTENDONS LA RÉSURRECTION DES MORTS, ET LA VIE DU SIÈCLE FUTUR. Amen.

La formule d’anathème qui accompagne le premier symbole de Nicée est supprimée ici.

56. — Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces additions, c’est assurément ce qui a rapport au Saint-Esprit, dont l’existence avait été jusque-là assez problématique, et même, quelque peu interlope. Ni les évangélistes, ni les apôtres, n’avaient dit un seul mot de la Trinité. A peine, trouve-t-on, de ci de là, quelques versets laissant percer l’idée de trois fonctions en Dieu. Le mot Trinité, signifiant trois personnes divines, fut employé pour la première fois, à la fin du IIe siècle (168-181), par Théophile, évêque d’Antioche, dans son Épitre au malin philosophe Autolique[131].

On rencontre, à la vérité, dans Mathieu (XXVIII, 19), un verset ainsi conçu : Allez donc, et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; mais le même Mathieu, au chapitre III, appelle l’Esprit-Saint ; l’esprit de Dieu, et le dépeint sous la forme d’une colombe qui vient se reposer sur l’épaule de Jésus-Christ, sortant du Jourdain, dans les eaux duquel il vient de recevoir le baptême. Ailleurs (Matth. XII, 28), Jésus-Christ ne désigne pas autrement l’Esprit-Saint qu’en l’appelant lui-même : L’esprit de Dieu. Saint Luc, ou tel autre qui a écrit les Actes, fait dire à saint Pierre, parlant au centenier Corneille : « Vous savez comment Dieu a oint d’esprit saint et de force Jésus de Nazareth (Actes, X, 38). » Il serait en vérité fort plaisant que, comme l’observe Patrice Larroque, saint Pierre eût voulu montrer la Première Personne oignant la Seconde avec la Troisième. Nous ne voulons pas nous étendre plus longuement sur ce sujet, qui d’ailleurs a été parfaitement traité par une infinité de critiques distingués, et entre autres par les savants Patrice Larroque[132] et Miron[133], dont les éclaircissements ne laissent rien à désirer sous ce rapport.

57. — Le Saint-Esprit existe donc désormais comme troisième Personne Divine, procédant du Père. Nous verrons dans la suite par quelles tribulations il dut passer encore pour procéder également du Fils.

Glissons sur bien des nouveautés, telles que : la vie du siècle futur ; l’Église unique, sainte, catholique et apostolique ; mais non encore Romaine, etc. Il faut cependant bien remarquer que ce concile œcuménique refusa de mentionner la consubstantialité de la troisième Personne avec le Père et le Fils. Or, un concile de Rome (370 ou 372), sous le pape Damase, avait admis ce dogme, comme article de foi[134].

58. — Qui ne voit ici la contradiction des deux orthodoxies ? Pourquoi les Pères de Constantinople refusent-ils au Saint-Esprit le titre de consubstantiel, qu’ils accordent au Fils seulement ? N’y aurait-il pas dans ce refus une intention marquée de déplaire à l’Église romaine, dont la superbe était depuis longtemps désagréable aux Orientaux ?

En somme, si la troisième Personne procède du Père, pourquoi ne pas reconnaître aussi qu’elle est engendrée, c’est-à-dire de la substance du Père ? Craint-on de contredire le symbole de Nicée ? Mais alors comment entend-on les mots : qui procède du Père ? Qu’est-ce que procéder de quelqu’un, si ce n’est venir, émaner, être engendré de lui ? Mystère ! toujours mystère !

Peut-être aussi faut-il attribuer ces contradictions à l’impéritie du secrétaire qui rédigea les actes du concile. Cette explication nous paraîtra toute simple, si nous nous en rapportons au grand saint Basile. A entendre ce grave personnage, Grégoire de Nysse, qui rédigea le symbole de Constantinople, était, dans les affaires ecclésiastiques, d’une SIMPLICITÉ et d’une GAUCHERIE dont il serait difficile de se faire une idée. Cela lui faisait grand tort, auprès des ORGUEILLEUX ET EXIGEANTS évêques de Rome, qu’il fallait toujours flatter, et souvent tromper[135]. Et saint Basile ne saurait être accusé de préventions contre Grégoire de Nysse ; ces deux personnages étaient frères[136].

Faut-il d’ailleurs s’étonner pour si peu ?

N’avons-nous pas aussi un témoignage, non moins précieux, contre les Pères consubstantialistes dans saint Grégoire de Naziance, qui les traite de fous et d’enragés. et ajoute que les plus jeunes d’entre eux CRIAIENT COMME DES PIES, et faisaient du concile UNE SCÈNE DE TAVERNE[137] ?

59. — Les dernières années du IVe siècle furent peut-être encore plus terribles que les précédentes. Le sang ne cessa pas de couler pour des discussions théologiques. Quittons, pour un instant ce champ de bataille et reposons-nous un peu, en esquissant le tableau en raccourci des mœurs et coutumes de cette époque.

60. — Les évêques d’Occident commencent à se papifier, comme plus tard, suivant une expression ducale, ils se monseigneuriseront[138]. Ils traitent d’égal à égal avec l’évêque de Rome qu’ils appellent le pape leur frère. Et cependant on trouve, pour la première fois, le titre de pape employé seul pour désigner l’évêque de Rome, en l’an 400, au 1er concile de Tolède. C’est Fleury[139] qui fait cette remarque.

Avouons-le néanmoins les évêques de Rome avaient déjà, à plusieurs reprises, tenté de conquérir, et même d’accaparer la suprématie sur tous les autres évêques du monde chrétien. Entre plusieurs tentatives de ce genre, en voici une assez curieuse, peu connue d’ailleurs, et qui mérite bien de fixer notre attention :

61. — Il existe une lettre de Damase, évêque de Rome, contre diverses hérésies. Dans le texte grec de cette lettre (Théodoret, Hist. ecclés. liv. V, chap. X et XI), on ne trouve aucune trace d’un prétendu concile qui aurait été tenu à Rome, sous Sylvestre Ier, en 325, pour confirmer celui de Nicée. Dans le texte latin[140], au contraire, quand il est parlé du concile de Nicée, il est en même temps question de celui par lequel l’Eglise romaine l’aurait confirmé.

Les apologistes de cette Eglise sont assez embarrassés de cette difficulté ; car, si d’une part, le concile de Nicée n’a pas été confirmé à Rome, sous Sylvestre, on peut, aux yeux des meilleurs théologiens, attaquer la validité de ses décisions ; et dans ce cas, — c’est le saint pape Léon Ier qui le déclare[141], — toute la discipline ecclésiastique tombe en ruine. Si, d’autre part, il a existé à Rome un concile par lequel saint Sylvestre ait approuvé celui de Nicée ; comment se fait-il que personne n’en ait fait mention et qu’il ait fallu attendre cinquante-sept ans pour que l’évêque Damase en parlât pour la première fois ? Enfin, comment se fait-il que le texte grec ne dise pas un traître mot de ce concile, alors que le latin semble n’avoir d’autre but que de le mettre en lumière ? N’est-il pas permis de se demander si l’évêque de Rome n’aurait pas tout simplement forgé, pour ses propres archives, une prétendue copie de sa lettre aux Grecs, et n’y aurait pas tout tranquillement glissé cette bonne fable, au moyen de laquelle ses successeurs pourraient un jour établir qu’aucun concile ne fut jamais reconnu comme œcuménique si, au préalable, il n’avait reçu l’approbation de l’Eglise romaine ? L’histoire des fraudes pieuses abonde en exemples de ce genre ; mais celui-ci n’était pas à dédaigner.

62. — La suprématie romaine eut grand peine à prévaloir ; et l’on en peut juger par les témoignages les plus respectables pour les chrétiens.

Le grand saint Basile, dont nous avons déjà parlé, avait maintes et maintes fois tenté de calmer les haines et d’apaiser les violentes querelles qui, de son temps, déchiraient les différentes Églises. Il avait même, dans l’espoir d’arriver plus aisément à un résultat si désirable, cru pouvoir compter un peu sur l’appui des Occidentaux, et en particulier de l’Église romaine. Il dut bientôt renoncer à l’opinion trop favorable qu’il s’était faite de cette Église, « qui, dit-il, n’était animée que par l’esprit de hauteur, de mépris et de dureté qu’elle affectait envers toutes les autres, et en particulier contre celles d’Orient. Cependant, ajoute-t-il, les Occidentaux sont absolument ignorants de nos affaires ; la vérité leur échappe et leur répugne. Ils ne l’ont que trop prouvé dans l’affaire de Marcellus, que l’Église de Rome a soutenu contre ceux qui combattaient l’erreur de ce Priscillianiste. C’est ainsi qu’elle a fondé elle-même une doctrine hétérodoxe. » Saint Basile se plaint ensuite, avec amertume, de ce qu’il appelle la superbe de Rome, de cette superbe qui fait des hommes les ennemis de Dieu. « Ils prennent, dit-il, ce vice pour de la dignité et lui donnent le nom de vertu[142]. »

63. — S’il était besoin de justifier l’indignation d’un saint Basile contre Rome, nous invoquerions l’opinion d’un historien qui certes, bien que païen, n’était pas l’ennemi de la religion naissante, puisque aux yeux de quelques Pères il aurait été chrétien.

« Pour moi, dit Ammien Marcellin[143], je suis loin de le nier… cette chose (la papauté) a de quoi tenter toutes les ambitions et motiver les efforts les plus énergiques pour y atteindre. Quiconque y parvient est sûr de sa fortune : les présents des femmes y pourvoiraient au besoin. Magnifiquement vêtu, il (le pape) roule carrosse, se nourrit des mets les plus exquis ; et sa table est plus somptueusement servie que celle des rois. Combien ne vaudrait-il pas mieux pour lui, au lieu de ce faste qu’il oppose à la misère publique, imiter ces pauvres évêques de province que leur frugalité, ou leur peu de ressources, obligent à faire maigre chère, qui sont pauvrement vêtus, marchent toujours les yeux baissés vers la terre, et méritent ainsi le respect qui s’attache à une vie pure, aussi modeste devant Dieu que devant ceux qui l’adorent, en toute sincérité de cœur ? »

64. — Il ne faudrait cependant pas juger du clergé en général par ce que l’historien latin vient de dire de quelques évêques en particulier. L’ambition des richesses passionnait tellement le sacerdoce que l’empereur Valentinien[144], pour mettre un frein à la rapacité des prêtres qui se livraient avec ensemble à la captation des héritages, se vit forcé d’édicter une loi interdisant aux ecclésiastiques, et à ceux qui se faisaient appeler continents, de rendre visite aux veuves et aux filles vivant dans la retraite ; et, à moins qu’ils n’en fussent les héritiers naturels, d’en rien recevoir, ni par testament, ni par fidéicommis, s’ils avaient dirigé la conscience de la donatrice ; le tout sous peine de confiscation des biens. En outre, les parents ou alliés de ces dames furent chargés de dénoncer aux tribunaux les infractions par lesquelles on contreviendrait à cette loi, dont il fut donné lecture, le 30 juillet 370, dans toutes les églises de Rome.

« On peut croire, dit Fleury[145], que le pape l’avait demandée, afin de réprimer, par le secours de la puissance séculière, l’avarice de plusieurs clercs qui faisaient la cour aux dames romaines, pour profiter de leurs richesses immenses. »

En tout cas, elle fait peu d’honneur au clergé qui l’a rendue nécessaire ; car il n’en faut pas plus pour prouver que « ces messieurs ne le cédaient en rien à ceux de nos jours qui savent escroquer les successions, avec une adresse si merveilleuse, qu’on n’ose pas même tenter de les en accuser juridiquement[146] ».

65. — Et que l’on ne vienne pas nous accuser d’une malveillance systématique envers cet aimable clergé : c’est lui-même qui s’accuse. Écoutons saint Jérôme. Dans sa lettre à Népotien, qui lui a demandé des conseils sur le genre de vie qui convient à un religieux, le savant anachorète s’exprime ainsi[147] : « …On voit des religieux qui sont plus riches, étant moines, qu’ils ne l’étaient dans le monde. II y a des clercs qui, au service de Jésus-Christ, ont plus de richesses qu’ils n’en possédaient, étant au service du diable ; et c’est une grande honte pour l’Église que d’avoir parmi ses membres des gens qui aujourd’hui roulent sur l’or ; tandis que, hier encore, on ne les connaissait que mendiants… Fuyez comme la peste l’ecclésiastique qui se mêle d’affaires et, de gueux devenu riche, de petit devient orgueilleux… Est-il rien de plus honteux pour nous que de voir les prêtres des faux dieux, les comédiens, les histrions, les gens les plus vils, être aptes à devenir légataires, alors que les clercs et les moines ne peuvent hériter eux-mêmes sans contrevenir à la loi, à cette loi qui n’est pas émanée de tyrans ennemis de la religion, mais bien d’empereurs chrétiens ? Loin de moi la pensée de récriminer contre elle ; mais il est affreux de penser que nous l’ayons méritée ! Ce remède est salutaire ; mais d’où vient chez nous le mal qui l’a rendu nécessaire ? C’est par une sage prévoyance que l’on a édicté cette loi ; encore est-elle insuffisante pour réprimer l’avarice. Nous savons l’éluder par des fidéicommis ; car nous craignons moins d’enfreindre l’évangile que les ordonnances des empereurs. »

66. — Nous voudrions nous borner à ce fragment épistolaire ; mais il y a dans cette lettre des choses si intéressantes, relativement aux mœurs ecclésiastiques du IVe siècle (385), que nous ne pouvons nous dispenser d’en détacher encore quelques parcelles.

Saint Jérôme déclare que l’ambition des richesses est une honte pour un évêque qui ne devrait songer qu’au soulagement de l’infortune ! Puis il ajoute :

« Moi-même qui suis né dans une chaumière, et qui avais à peine du pain pour me soutenir, je suis aujourd’hui dégoûté des mets les plus exquis ; je connais par leurs noms les poissons les plus délicats ; je sais en quelle mer se pêchent les huîtres les plus recherchées ; au goût du gibier, j’en détermine la provenance ; je n’en mange qu’en temps opportun, et je sais m’en passer parfois, pour le déguster, à l’occasion, avec plus de volupté.

» On dit aussi que plusieurs s’attachent aux vieillards sans enfants, font auprès d’eux les plus viles bassesses, assiègent leurs lits, leur préparent du linge, et s’informent avec anxiété des nouvelles du malade. Le médecin déclare-t-il du mieux, ils feignent d’en être ravis ; mais au fond du cœur ils enragent, l’avarice les étouffe, et ils se disent à part eux que ce vieillard est un vrai Mathusalem ! »

67. — Plus loin, parlant des devoirs qui incombent aux prédicateurs : « C’est le propre d’un ignorant, dit-il, que de parler beaucoup et de se faire admirer ainsi par une populace grossière. Un effronté se mêle souvent d’enseigner ce qu’il ignore ; et de ce que les imbéciles le trouvent savant, il se persuade à lui-même qu’il l’est en effet… Il est bien aisé d’en imposer au peuple : ignorant, il admire d’autant plus qu’il comprend moins ce qu’on lui dit. »

68. — L’avarice est un fléau que saint Jérôme voudrait extirper à tout prix. Malgré lui, il y revient sans cesse :

« Il en est d’aucuns, dit-il malicieusement, qui assistent un peu les pauvres, mais dans l’espoir de se faire rendre par autrui le double de ce qu’ils donnent ; ils trouvent ainsi le moyen de s’enrichir, tout en ayant l’air d’être fort charitables. Escroquerie ! c’est le nom qui convient à cette tactique, si éloignée de la charité ! Les chasseurs n’en usent pas autrement pour prendre au piège le gibier qu’ils recherchent. »

69. — Il parle du luxe effréné des églises : « C’est en marbre qu’on les construit ; les lambris en sont dorés ; les diamants en enrichissent les autels ; mais on s’inquiète fort peu de choisir avec discernement le ministre qui devra y officier. »

Saint Jérôme voit dans ce fait une nouvelle preuve de convoitise :

« Pourquoi rechercher, s’écrie-t-il, ce que Jésus-Christ appelle trésor d’iniquité, et aimer ce que saint Pierre se fait gloire de ne pas posséder ?… »

70. ― Les joies du monde l’effraient :

« Évitez de convier des profanes à votre table. Fuyez surtout ceux qui sont élevés en dignité. Il serait honteux qu’un intendant de province trouvât chez vous un repas plus somptueux que dans un palais et que l’on vît à la porte d’un serviteur du Crucifié les gardes et les officiers d’un magistrat… »

Passant aux ecclésiastiques entremetteurs, il reviendra de suite aux avares :

« Que celui, dit-il, qui doit prêcher la continence ne se mêle pas de faire des mariages… Comment un prêtre qui n’a pu être marié qu’une seule fois peut-il engager une veuve à se remarier ? Ceux qui par état doivent renoncer à leurs biens ne peuvent gérer la fortune, ni faire valoir les propriétés d’autrui. Si voler un ami est un crime, c’est un sacrilège que de retenir le bien des pauvres. Apporter de la lenteur ou de la parcimonie dans la distribution des aumônes, c’est une cruauté devant laquelle reculeraient des assassins… Distribuez immédiatement ce qui vous est confié dans ce but, ou si vous vous en sentez incapable, restituez-le au donateur, qui saura bien l’employer comme il en avait l’intention. Je ne veux pas que vous vous enrichissiez à mes dépens ; personne, mieux que moi, ne gardera ce qui m’appartient… »

71. — Saint Augustin est loin de contredire saint Jérôme.

Dans sa lettre à Aurélius, évêque de Carthage[148], il se plaint avec amertume des débauches, des obscénités et des turpitudes auxquelles le clergé d’Afrique se livrait sur les tombes et en l’honneur des martyrs.

72. — Saint Jérôme et saint Augustin ne paraissent-ils pas des autorités suffisantes ? interrogeons saint Sulpice Sévère[149].

« Que les ministres du Seigneur, écrit-il, veuillent bien observer que, dans le but de les rendre plus aptes au service des autels, l’ancienne loi défendait aux lévites de posséder des terres. Non seulement cette défense est oubliée aujourd’hui ; mais nos prêtres semblent ne l’avoir jamais connue. Ils sont tellement gangrenés d’avarice qu’ils brûlent d’acquérir ; et quand ils possèdent, ils n’ont d’autre souci que la crainte de perdre. Ils roulent sur l’or, trafiquent de toutes choses et ne songent plus qu’à augmenter leurs trésors. S’il en est de plus modestes qui n’achètent ni ne vendent, ils sont à la recherche de leur salaire, ce qui est pis, et par les rémunérations qu’ils sollicitent… ils flétrissent tout l’honneur de leur vie. »

73. — Étonnons-nous après cela de ce qu’au seizième siècle, le prince Jean-François Pic de la Mirandole, après avoir fait une furieuse sortie contre l’immoralité du clergé, ait pu, en plein concile de Latran (XIIe session, 16 mars 1517), ajouter ce qui suit, en présence du pape Léon X, qui l’écoutait :

« Il n’y a pas lieu d’être surpris, quand on voit un saint Chrysostôme attribuer à l’Église elle-même tous les malheurs de l’Église ; et un saint Jérôme affirmer n’avoir jamais rencontré de séducteurs des peuples que parmi les membres du clergé[150]. »

74. — Nous venons de le voir, les ecclésiastiques, dissolus, avares et vaniteux, étaient, pour leurs concitoyens, de tristes exemples, et scandalisaient les saints, aussi bien par le luxe de leur table que par la recherche de leurs vêtements. Les vrais modèles de perfection chrétienne étaient faciles à reconnaître. C’était surtout par des dehors sordides qu’ils se distinguaient. Chez eux la malpropreté était passée à l’état de vertu. On peut même dire qu’on les sentait du plus loin qu’on les apercevait. Aussi, toutes les fois que depuis lors un saint vient à sortir de la vie présente, ne manque-t-on jamais de proclamer bien haut qu’il est mort en odeur de sainteté.

75. — Oui, la malpropreté, comme la paresse, est une vertu chrétienne qui, toujours, a caractérisé les saints. Sans nous occuper ici des évangiles, recommandant l'exemple des oiseaux du ciel, qui ne sèment ni ne filent, et des lis des champs, qui sont toujours plus magnifiquement vêtus que Salomon dans toute sa gloire, nous nous contenterons de mettre en lumière, dans ces quelques lignes, des conseils et des exemples infiniment trop oubliés des chrétiens modernes.

Déjà, à la fin du deuxième siècle, saint Clément d’Alexandrie ne permettait qu’aux femmes l’usage des bains, qu’il appelait une impudente volupté pour les hommes, à moins qu’elle ne fût impérieusement nécessaire au rétablissement de leur santé ; encore, dans ce cas, l’eau des bains ne devait-elle jamais excéder la chaleur de la peau. Quant aux jeunes gens, sous aucun prétexte, il ne leur était permis de se baigner[151].

Et n’allons pas croire que si, dans certains cas, on tolérait l’usage des bains, pour les femmes du monde, il en dût être de même pour les vierges consacrées au Seigneur !… A Dieu ne plaise que l’Église fût jamais témoin d’un aussi épouvantable scandale !

76. — Le grand saint Athanase[152] nous enseigne qu’il est défendu aux vierges qui ont pris Jésus-Christ pour époux de se laver autre chose que les pieds, les mains et la figure ; et encore, à la condition expresse de n’employer qu’une seule main à la toilette du visage.

Et qui donc pouvait mieux nous renseigner sur ce point que ce saint personnage qui avait trouvé un refuge secret chez la religieuse la plus belle et la plus chaste de son temps[153] ?

« Et dit-on qu’icelle estoit en beauté tant excellente qu’elle rendoit ceux-la espouvantez qui la regardoient : et nul de ceux lesquels avoient proposé vivre chastement parloit à elle, de peur que, ce faisant, il ne fust répréhensible. Icelle nonobstant qu’elle fust en sa fleur et vigueur ne déchut toutefois de sa pudicité et saincteté de vie…

» … Or, Athanase fut conduit à cette vierge, et gardé chez elle, par pourvoyance divine. Que si quelqu’un veut considérer l’événement de la chose, il trouvera que ce du tout estoit disposition de Dieu… Et de fait, qui eust esté celui qui, pour la beauté de sa face (de la vierge), se fust douté qu’un évesque se recelast chez elle ? Mais ainsi qu’elle estoit de courage viril, reçut cet homme ; et par merveilleuse prudence, garda ce grand trésor jusques à la fin. Elle luy a esté tant fidèle aux services honnestes, que seule elle s’est employée à luy laver les pieds, préparer et présenter la viande et aultres choses nécessaires et utiles à nostre nature[154]. »

77. — En l’an 395, il existait dans la haute Thébaïde un couvent de cent religieuses, vivant sous une règle aussi sévère que chrétienne. Non seulement, elles ne se baignaient jamais, mais il leur était interdit de se laver même les pieds, et pour tout vêtement elles portaient un cilice qu’elles ne quittaient ni jour ni nuit, jusqu’à ce qu’il tombât en pourriture[155].

78. — Saint Jérôme cite, comme un bel exemple à suivre, la saleté toute chrétienne de saint Hilarion, qui, dit-il, ne consentit jamais à laver le cilice qu’il conserva toute sa vie[156].

79. — Saint Georges, martyr africain, au rapport de saint Euloge, son historien, cité par Miron (au même lieu), avait eu assez de vertu pour ne jamais se laver, depuis son entrée dans les ordres jusqu’à la fin de ses jours (303 environ) !

80. — La malpropreté était si bien l’un des caractères distinctifs de la perfection chrétienne, — j’ose le dire, — que l’on signalait, à la fin du IVe siècle, au monastère de Matarie, près d’Hermopolis, l’existence de cinq cents moines, observant une grande propreté, et vêtus d’habits toujours blancs (Fleury, loc. cit., p. 26) !

81. ― Vers la fin de ce siècle, le moine Jovinien n’était pas encore hérésiarque. Religieux au couvent de saint Ambroise, à Milan, il était cité pour sa vertu. Les chrétiens se plaisaient à contempler la saleté de ses habits et admiraient l’horreur que lui inspirait l’eau des bains. A peine, au contraire, enseigna-t-il l’hérésie, qu’on le vit se chausser proprement, porter des habits blancs et fins, du linge et de la soie. Il osa, — proh pudor ! — il osa même fréquenter les bains ! Cette détestable conduite, non moins que ses hérésies, souleva l’indignation de saint Jérôme[157].

82. — Si l’on veut bien observer que, sans compter une immense quantité de religieux, dont beaucoup de monastères refusaient d’indiquer le nombre (Fleury, loc. cit., p. 30), il existait déjà, en Egypte seulement, plus de quatre-vingt mille individus, — vivant ainsi en odeur de sainteté ; — on comprendra comment la peste, après avoir fait rage, au IIIe siècle, sous Gallien, et en 322, sous Maximin, reparut encore, à la fin du VIe siècle en Éthiopie, d’où elle s’élança de nouveau, pour ravager le monde, pendant plus de cinquante-deux ans (553-595), avec une fureur à laquelle la peste décrite par Thucydide, Diodore de Sicile et Plutarque, peut seule être comparée[158].

Et que l’on ne vienne pas nous parler de la propreté apparente de certains couvents modernes ; que l’on ne cherche pas à rejeter sur des consciences mal éclairées ce que l’on appellerait à tort des pratiques de fausse dévotion.

La malpropreté est si bien l’un des attributs les plus essentiels de la véritable sainteté, qu’on la rencontre partout où il existe de fervents chrétiens. Dans la Russie libre, par le judicieux voyageur William Hepworth Dixon (Voy. le Tour du monde, Ier semestre de 1872, chap. XII, et particulièrement p. 44 ; Paris, Hachette et C, 1872 ; gr. in-8°), chacun peut contempler à loisir le portrait authentique du Père Nicolas, professeur d’abjection, au couvent de Solovetsk. Les exemples de ce genre, comme on le voit, ne sont pas plus rares chez les Grecs que chez les Latins ; et j’ajoute qu’ils sont parfaitement dans l’esprit de l’évangile. Mais laissons ces saintetés.

83. — Les sciences étaient maudites alors, comme elles le sont aujourd’hui.

Malheureusement pour lui, saint Jérôme apprit à ses dépens ce qu’il en coûte à un religieux de se livrer à l’étude des anciens. Pour s’être attardé, un soir, à la lecture de Cicéron, il reçut par l’entremise d’un envoyé céleste, une volée de bois vert qui lui rappela, d’une manière frappante, des devoirs infiniment trop négligés. (Decret. Part. I, Distinction. XXXVII, cap. VII) !

84. — L’Écriture sainte était donc la seule lecture à laquelle il fût permis de se livrer. Mais on était encore loin d’être fixé, non seulement sur l’inspiration, mais même sur le nombre et sur la canonicité des livres qui la composaient. Où devait commencer, où devait finir le champ ouvert aux recherches chrétiennes ? L’Apocalypse était-elle un livre canonique ? les prétendues prédictions des sibylles avaient-elles un caractère sacré ?

85. — Le concile de Laodicée (366) ne fait aucune mention de l'Apocalypse dans le catalogue qu'il dresse de l’Écriture ; et cependant les chrétiens étaient peu difficiles, en fait de superstitions : à la fin du IVe siècle, la plupart d'entre eux croyaient de bonne foi à l'inspiration des sibylles. Saint Jérome[159] va même jusqu’à dire que c’est en récompense de leur chasteté que Dieu leur accorda le don de prophétie.

Il y a lieu de croire que si le saint anachorète eût pu, comme autrefois, avant sa correction par les anges, se livrer à sa passion pour les études profanes, il se fût abstenu de cette fâcheuse remarque, en présence du mot célèbre qu’il eût certainement appris de la sibylle :

« J’ai connu mille amants, et n’eus aucun époux.[160] »

86. — Saint Augustin pousse encore plus loin l’admiration pour les sibylles ; il va jusqu’à leur ouvrir, à deux battants, les portes de la Cité de Dieu[161] ; et il prétend que Virgile lui-même a joui de l’inspiration divine[162]. Celse accusait les chrétiens d’avoir falsifié les écrits des sibylles ; mais le savant Origène s’indigne de cette calomnie, qu’il réfute avec plus d’entrain que de succès[163]. Toujours est-il que les chrétiens de cette époque considéraient les sibylles comme divinement inspirées, et que, si l’Église refusa de voir, dans leurs prétendues prophéties, autre chose que le fait du hasard, cela n’empêcha pas les païens de donner aux chrétiens le nom de sibyllistes[164].

87. — Tous les apologistes chrétiens affirment que l’avènement de Jésus-Christ imposa silence aux oracles. 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  1. 1. Paris, A. Leclaire et Cie, 1836-37 ; 8 volumes in-8°.
  2. 2. Bruxelles, H. Tarlier, 1862, gr. in-12.
  3. 1. Histoire des variations et contradictions de l’Église romaine.
  4. 1. Bruxelles, 1853, un vol. in-18.
  5. 2. Les Rognures, par de Potter (ouvrage tiré à 100 exemplaires) ; Paris, Librairie Internationale ; et Bruxelles, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1870, un vol. in-18.
  6. 1. Histoire des Variations, Préface, Ier.
  7. 1. De la vertu des païens ; IIe partie ; Œuvres, tom. I, p. 646 ; Paris, 1656, in-fol.
  8. 1. Primus in orbe Deos fecit timor.
  9. 2. Malte-Brun, Géographie universelle, tom. XI, p. 456 ; Paris, 1835, in-8°.
  10. 1. IIe partie, pp. 209 et suiv. ; Paris, 1656, in-fol.
  11. 1. La morale de l’Église et la morale naturelle, VIe étude, La société, § XI, p. 379 ; Paris, Michel Lévy, 1866, in-8°.
  12. 1. Bossuet, Histoire des Variations, Préface, § XI.
  13. 2. Traité de la morale des Pères de l’Église.
  14. 3. La morale de l’Église et la morale naturelle.
  15. 1. Examen critique des doctrines de la religion chrétienne.
  16. 2. Examen du christianisme.
  17. 1. Raban. Maur. Libro contra Judæos, n. XL ; apud Chiffletum ; inter Scriptores veteres de fide catholica ; Divione 1656, in-4º ; — Disputatio R. Jeckielis cum Nicolao : apud Wagenselium ; inter Tela ignea Satanæ, tom. II, part. II, pp. 16-21 ; Altdorfi Noricorum, 1681, in-1º.
  18. 1. Deus exsecretur NAZARÆOS. Cette prière fut ajoutée à la liturgie de la synagogue, peu avant la ruine de Jérusalem. Voy. le Dictionnaire des antiquités chrétiennes ; par l’abbé Martigny, art. PRIÈRES PUBLIQUES, n. 1, p. 558, col. 2 ; Paris, Hachette, 1865, gr. in-8.
  19. 1. De baptismo contra Donatistas, lib. VII, cap. I, tom. I, p. 25, col. 2 ; Opera, Antuerpiæ, 1576, in-fol.
  20. 1. Epiphan. Adversus hæreses, lib. I, tom. II, hæresis XXV, Nicolaïtæ ; tom. I, n. I, pp. 76-77 ; Opera Parisiis, 1622, in-fol.
  21. 1. Sébastien le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles ; par le sieur D. T., note 26, sur J.-C., tom. 1, pp. 461 et suiv. ; Paris, 1697-1712, in-4º.
  22. 2. Sueton. Tranquill. Hist. Roman. lib. V, cap. XXV, in Tiberio Claudio Cæsare, p. 73, lin. 23-24, Parisiis, 1610, in-fol.
  23. 1. C. Cornel. Tacit. Annal. lib. XV, cap. XXV ; Opera, p. 255, in. 12 et seq. ; Parisiis, 1608 ; in-fol.
  24. 1. Voy. Cicéron, Œuvres complètes, texte et traduction en regard ; édition de Jos. — Victor Le Clerc, tom. XXV, p. 23 ; Paris, 1821, in-8°.
  25. 1. Adversus hæreses, lib. I, cap. X, p. 48 ; Opera, Parisiis, 1710, in-fol.
  26. 2. Tertullianus, De virginibus velandis, cap. I, p. 192 ; Opera, Lutetiæ Parisiorum, 1634, in-fol.
  27. 3. Advers. Praxeam, cap. II, p. 635.
  28. 4. De præscriptione hæreticorum, cap. XIII, p. 235.
  29. 5. Origenes, De principiis, lib. I ; Præfationis nn. 4, 5, 6 et 7 ; tom. I, pp. 47-48 ; Opera Parisiis, 1733-59, in-fol.
  30. 6. Irenæus, Adversus hæreses, lib. III, cap. II, n. 8, p. 190. edit. cit.
  31. 7. Pour l’époque à laquelle on place, au plus tôt, l’apparition du premier recueil des évangiles, voyez Henrici Dodwelli Dissertationes in Irenæum, Dissertat. I, n. XXXVIII, p. 65 ; Oxoniæ, 1689, in-8°.
  32. 1. Vid. Theophil. patriarch. Antiochen. Contra christianæ religionis calumniatores ad Autolycum, lib. II, p. 94, ad calcem S. Justini et aliorum Patrum Oper. ; Lutetiæ Parisiorum, 1615, in-fol.
  33. 2. Voy. Miron (A.-S. Morin), Examen du Christianisme, chap. IX, §4 ; tom. II, p. 84 ; 2e édition ; Paris, Degorce-Cadot, s. d. gr. in-18.
  34. 1. Voy. Fleury, Histoire ecclésiastique, livre V, chap. XXXIII, tom. 11, pp. 72-73 ; Paris, 1691 et suiv. in-4°.
  35. 2. S. Ignacii Epistola ad Philippenses de baptismo, p. 187 ; Opera ; Oxoniæ, 1644, in-4°.
  36. 1. Labb. Concil. Collect. tom. I, p. 583 ; Lutetiæ Parisiorum, 1690, in-fol,
  37. 1. Eusebii historiæ ecclesiasticæ, lib. V, cap. XXIV, tom. I, pp. 248 et seq ; Cantabrigiæ, 1720, in-fol.
  38. 1. Eusebii Histor. ecclesiast. loc. cit., p. 245.
  39. 1. Histor. ecclesiast., lib. VIII, cap. 1 ; tom. I, pp. 375 et seq. ; Cantabrigiæ, 1720, in-fol.
  40. 1. Epistola LXII, alias IV, ad Pomponium ; Opera, pp. 102-103 ; Parisiis, 1626, in-fol.
  41. 1. Advers. hæres., lib. II, tom. I ; hæresis IX, Apostolici, n. VII ; Opera, tom. I, p. 512 ; Parisiis, 1622, in-fol.
  42. 2. De corona militari, cap. III. sub fine ; Opera, Lutetiæ, 1634, in-fol., pp. 121-122.
  43. 1. Philostorgii, post Eusebium, Histor. ecclesiast., lib. III, n. XIII ; tom. III, p. 495 ; Cantabrigiæ, 1720, in-fol.
  44. 2. Octavius, pp. 33-34 ; Lugduni Batavorum, 1652, in-4°.
  45. 3. Ad illuminandos catechesis II ; Opera, tom. II. p. 237 ; Parisiis, 1718-34, in-fol.
  46. 1. Labb. Concil. Collect., tom. II, p. 109 ; Lutetiæ Parisiorum, 1671, in-fol.
  47. 2. Concil. Toletan, can. XIV, apud Labb., loc. cit., , tom. II, p. 1225 ; edit. cit.
  48. 3. Voyez, sur ces constitutions, une note importante de Dupin, dans sa Bibliothèque des auteurs ecclesiastiques, Ier siècle, au mot liturgie, des liturgies faussement attribuées aux apôtres ; tom. I, p. 8, col. 2 ; Paris, 1693, in-4°.
  49. 4. De moribus persecutorum, cap. XII ; Opera, tom. II, pp. 198199 ; Lutetiæ Parisiorum, 1748, in-4°.
  50. 1. Ce temple excitait par sa hauteur la jalousie des païens.
  51. 2. Histoire de la décadence, tom. III, chap. XII, pp. 249-250 ; Paris, 1828, in-8°.
  52. 3. Epiphan. Advers. hæres., lib. III, tom. II, hæres. LXXIX, Collyridi, nn. I et II ; Opera, tom. I, pp. 1057 et 1059 ; Parisiis, 1622, in-fol.
  53. 4. S. Clement. Alexandrin. homil. II, n. LII ; apud Cotelerium, inter SS. PP. Apostolor. Script., tom. I, p. 640 ; Amstelodami, 1724, in-fol.
  54. 5. Dupin, Bibliothèque, Art. Clément d’Alexandrie, tom. 1, p. 57, col. 1, édit. cit.
  55. 1. Divinar. Institution. lib. II, cap. VIII, De rationis usu in religione, deque sumniis, auguriis, oraculis, talibusque portentis ; Opera, tom. I, p. 139 ; Lutetiæ Parisiorum, 1748, in-4º.
  56. 2. De carne Christi, cap. V ; Opera, p. 361, D ; Lutetiæ, 1634, in-fol.
  57. 1. S. Clement. Alexandrin, Stromat. lib. I, p. 319 ; id., ibid., pp. 379382 ; id., ibid., lib. VI, pp. 636-637 ; Opera ; Lutetiæ, 1629, in-fol.
  58. 2. Origen. Contra Celsum, lib. I, n. VI ; tom. 1, p. 325 ; id., ibid., n. XLVII p. 382 ; id., ibid lib., III, n. XXVIII, pp. 464-465 ; id., ibid. n. XXXVI, p. 471 ; id., ibid., lib. VII, n. IV, p. 696 ; Opera, Parisiis, 1733-40, in-fol. ; — S. Epiphan. Advers. hæres. lib. I, tom. II, hæresis XXX Ebionæi, n. X, tom. I, pp. 132–134 ; Opera, Pasisiis, 1622, in-fol. ; — Lactantii firmiliani Divinar. Institution. lib. IV, De vera sapientia et religione, cap. XXVII, De miraculis per crucis virtutem effectis, ac de dæmonibus, tom. I, pp. 345 ; Lutet. Parisior., 1748, in-4° ; — S. Cyprian. lib. De passione Christi, p. CXXXI ; Opera, Parisiis, 1726, in-fol. ; — S. Justin. martyr. Apologia II, n. VI, p. 93 ; Opera, Parisiis, 1742, in-fol. ; Ejusdem. Dialog. cum, Tryphon. Judæo, n. XXX, p. 128 ; ibid., n. LXXXV, p. 182 ; etc. edit. cit.
  59. 1. S. Cyprian. De lapsis ; Opera, p. 182 ; Parisiis, 1726, in-fol.
  60. 1. Epistola LXIV ad Epictetum ; Opera, p. 111 ; edit. cit.
  61. 2. Tertullian. De jejuniis, cap. XVI et XVII, pp. 713 et seq. ; Opera, editione II, Rigaltii ; Lutetiæ, 1641, in-fol.
  62. 1. Per totum corpus, a cervice ad pedes. D. Edm. Martène, De antiquis Ecclesiæ ritibus, lib. I, cap. 1, art. XIII, n. xi, p. 121. Voy. d’ailleurs pour tout ce qui concerne les cérémonies du baptême, le même auteur, au même lieu, lib. I, cap. I, art. XLV, n. IV ; tom. I, p. 130 ; idem, ibid n. XI, p. 131 ; id., Ex Græcorum euchologio, lib. I, cap. I, art. XVIII, ordine XXII, p. 226 ; id., ibid., ibid., ordine XXIII, p. 228 ; id., ibid., ibid., ordine XXIV, p. 229 ; Rothomagi, 1700-1702, in-4°.
  63. 2. S. Augustin ; De baptismo contra Donatistas, lib. II, cap. VII et IX ; Opera, tom. VII, p. 42 ; Antuerpiæ, 1576, in-fol.
  64. 1. S. Cyprian. Epistola LXX, ad Januarium et cæteros episcopos Numidas, pp. 124-126 ; Opera, Parisiis, 1726, in-fol.
  65. 2. S. Cyprian, Epistol. LXXIV, ad Pomponium, pp. 138-140 ; Ejusdem, Epistola LXXIII, ad Jubaïanum, p. 137, edit. cit.
  66. 1. S. Firmiliani ad Cyprianum, Epistola LXXV inter Cyprian. Oper., pp. 143, 144, 148 et 151 ; Parisiis, 1726, in-fol.
  67. 1. Advers. Praxeam, cap. I, p. 634 ; Opera, Lutetiæ, 1634, in-fol.
  68. 2. Euseb. Histor. ecclesiastic. lib. V, cap. XXVIII, tom. I, p. 253 ; Cantabrigiæ, 1720, in-fol.
  69. 1. S. Epiphan. Advers. hæres., lib. I, tom. III, hæresis XLII, Marcionist. nn. I et II ; Opera, tom. I, pp. 302 et seq. ; Parisiis, 1622, in-fol.
  70. 2. Epistol. XLI, ad Pammachum et Oceanum ; Opera ; Parisiis, 1693 et seq., in-fol., tom. IV part. II, p. 245.
  71. 1. Quos vult perdere Jupiter dementat.
  72. 1. Histor. ecclesiastic. lib. VII, cap. XXI, tom. I, pp. 345-546 ; Cantabrigiæ, 1720, in-fol.
  73. 1. Apud Labb. Concil. Collect., tom. I, p. 974 ; Lutetiæ Parisior, 1671 in-fol.
  74. 1. Divinar. Institution. lib. Vl, De vero cultu, cap. II, De falsorum deorum et veri Dei cultu ; Opera, tom. I, pp. 432 et seq. ; Lutet. Parisiorum, 1748, in-4°.
  75. 2. S. Hieronym. Advers. Vigilantium ; Opera, tom. IV part. II, p. 284 ; Parisiis, 1693 et seq., in-fol.
  76. 3. Labb. Concil. Collect., tom. I, p. 974, edit. cit., cité par Potter, Histoire du Christianisme, Introduction, pp. CXXXV-CXXXVI ; Paris, 1836, in-8°.
  77. 1. Platina, De vitis pontificum, in Marcellino 1º, pp, 34–35 ; Coloniæ, 1551, in-fol.
  78. 2. De uno baptismo, contra Petilianum, ad Constantinum, libro uno, cap. XXVII ; Opera, tom. IX, p. 368 ; Antuerpiæ, 1700-1703. in-fol.
  79. 1. S. Optat. Milevitan. De schismate Donatistarum lib. I, cap. XIII, p. 11 ; Lutetiæ Parisiorum, 1700, in-fol.
  80. 2. S. Augustin. in breviculo collationum cum Donatistis, collat. dici III, cap. xv, tom. VII, p. 225 ; ejusd. contra Cresconium grammaticum, lib. III, cap. XXVII, p. 184, tom. cit. ; Ejusd. Epistola CLXII, ad Glorium Eleusium etc., tom. II, p. 27 ; Opera Antuerpiæ, 1576, in-fol. ; — S. Optat. milevitan. De schismate Donatistarum lib. I, n. XIV, p. 12 ; Ejusd. ibid., lib. VII, n. I, p. 102 ; Lutet. Parisior, , 1700, in-fol.
  81. 1. S. Augustin. contra Cresconium grammaticum, lib. III, cap. XXVII, tom. VII, p. 185 ; edit. cit.
  82. 1. S. Basil. Epistola CCLX (alias CCCXVII) ad Optimum episcopum n. IX, tom. III, p. 400 ; Opera, Parisiis, 1721-1730, in-fol.
  83. 2. Arii ad Alexandrinum epistola ; apud Epiphan., Advers. hæres., lib. II, tom. II, hæresis LXIX, Ariani, n. VIII ; tom. I, p. 733 ; Opera, Parisiis, 1622, in-fol.
  84. 3. Zozim. Histor. Nov. lib. II, ad ann. 325, p. 104 ; Oxonii, 1679, in-8.
  85. 1. Euseb., in Vita Constant., lib. II, cap. LXI, ad calcem Histor. eclesiast. tom. I, p. 566 ; Cantabrigiæ, 1720, in-fol.
  86. 2. Euseb. in Vita Constantin., lib. II. cap. LXIV, et seq ; tom. I, pp. 567-572 ; edit. cit.
  87. 1. Euseb., loc. cit., lib. II, cap. LXXIII, tom, I. p. 572, edit cit.
  88. 1. Athanas. Epistola de synodis, nn. VII, VIII et seq. ; Opera, tom. I part. II, pp. 720 et seq. ; Parisiis, 1698, in-fol ; — Sozomen. post. Euseb., Hist. eccles. lib. I, cap. XV, tom. II part. II, p. 32, edit. cit.
  89. 2. Potter, Hist. du Christian., époque Ire, liv. VII, chap. IV, tom. II, pp. 213-214 ; Paris, 1836, in-8°.
  90. 1. Selden. in Eutych. origin. Commentar., pp. 71-76, Londini, 1642, in-4°.
  91. 2. Euseb., in Vita Constantin. lib. III, cap. X.
  92. 1. Dionysii Petavii theologicor. dogmatum lib. I, cap. VIII, tom. II, pp. 41-44 ; Lutetiæ Parisiorum, 1644, in-fol. ; · Selden. in Eutych. Origin. Commentar., pp. 74-76 ; edit. cit.
  93. 1. Labb. Concil. Collect., tom. II, p. 85 ; Lutet. Paris., 1671, in-fol.
  94. 1. S. Basil. Epistol. LII (Alias 300), ad Canonicas, n. I ; Opera, tom. III, p. 145 ; Parisiis, 1721-1730, in-fol.
  95. 2. Satire sur l’équivoque,
  96. 1. Socrat. Histor. ecclesiast. lib. I, cap. XI, tom. II, p. 38 ; Sozomen. ibid., lib. I, cap. XXIII, tom. II, part. II, p. 41 ; edit. cit. ; — Nicephor. Callist. Histor. ecclesiast. lib. VIII, cap. XIX tom. I, pp. 571-572 ; Lutetiæ Parisiorum, 1630, in-fol.
  97. 1. Nicephor. Callist. Histor. eccles. lib. VIII. cap. XXIII, tom. I, p. 580 ; Lutet. Paris., 1630, in-fol.
  98. .1 In Vita Constantin., lib. III, cap. XV, p. 586 ; edit. cit.
  99. 1. Vos etenim nobis a Deo dati estis Dii, et conveniens non est ut homo judicet Deos. Ruffini Aquiliensis Historiæ ecclesiasticæ, lib. I, cap. II, p. 225 ; Parisiis, 1571, in-fol
  100. 1. Il est vrai que le Saint-Esprit ne savait pas encore bien s’il était vraiment Dieu, ni s’il était consubstantiel au Père, ni s’il procédait de celui-ci plutôt que de celui-là, ou des deux à la fois, et peut-être de lui-même… Enfin !
  101. 1. Epiphan. lib. II, tom. I., hæresis LXVIII, Meletiani, n. VI ;tom. I, p. 723 ; Parisiis, 1622, in-fol.
  102. 1. Socrat., Histor. eccles. lib. I, cap. XXIII, tom. II, p. 68 ; Cantabrigiæ, 1720, in-fol.
  103. 1. Tribut que l’on payait en nature à l’État.
  104. 2. Il n’entre pas dans notre plan de faire ici d’autre histoire que celle des variations et contradictions de l’Église. Mais il importe, pour l’intelligence du texte, de dire que, suivant les probabilités, Arius l’hérésiarque était mort longtemps avant celui que nous appelons l’hérétique. Voy. Bayle, Dictionnaire historique, article Arius, lettre E.
  105. 1. Socrat. Hist. eccles. lib. I, cap. XXXVII, tom. II, p. 74 ; edit. cit.
  106. 1. Requête de Marcellin et Faustin aux empereurs Théodose et Valentinien ; apud D. Ceillier, Hist. des auteurs sacrés, tom. VI, p. 606-607 ; Paris, 1729-1742, in-4°.
  107. 1. Advers. hæres., lib. II, tom. II, hæresis LXIX, Ariani, n. xii ; Opera, tom. I, p. 737 ; Parisiis, 1622., in-fol.
  108. 2. Invectiva prima adversus Julianum, Oratione III, n. II, tom. I, p. 50 ; Opera, Parisiis, 1630, in-fol.
  109. 3. Condemnantes hæreticos universos,… facies quidem diversas habentes, sed caudas ad invicem colligatas ; Decretal., lib. V, tit. VII, cap. XIII.
  110. 1. Socrat. Histor. eccles. lib. II. cap. XXIX, tom. II, p. 123 ; — Sozomen., ibid., lib. IV, cap. vi, tom. II part. II, p. 135 ; edit. cit. Epiphan., Advers. hæres., lib. III., tom. I, hæresis LXXI, Photiniani ; Opera, tom. I, p. 829, edit. cit. ; — Basil., Advers. Eunomium, lib. IV, tom. I, p. 292 ; Opera, Parisiis, 1721-30, in-fol.
  111. 2. S. Hilar., De synodis, seu de fide Orientalium, n. XXXVIII et seq. ; Exemplum fidei, Sirmio ab Orientalibus, contra Photinum scriptæ ; Opera, Parisiis, 1693, in-fol. , p . 1174.
  112. 1. Athanas., De synodis Arimini et Seleuciæ ; confessio fidei ; Opera, tom. I, p. 900 et seq. ; Parisiis, 1627, in-fol.
  113. 2. Hilar., loc. cit., n. XI, Exemplum blasphemiæ apud Sirmium, etc., p. 1156, edit. cit.
  114. 3. Sozomen., Hist. eccles, lib. IV, cap. vi, tom. II part. II, p. 136 ; edit. cit. ; S. Epiphan., Advers. hæres., lib. III, tom. I, hæresis LXXI, Photiniani, n. 1, tom. I, p. 829 ; edit. cit.
  115. 1. Sozomen., Hist. eccles., lib. IV, cap. XI, tom, II part. II, p. 143145 ; Théodorit., Hist. eccles., lib. II, cap. XVI et XVII, tom. III, p. 92 et seq. ; edit. cit. ; — Ammian. Marcell. Histor., lib. XV, cap. vii, pp. 98-99 ; Lugduni Batavorum., 1693, in-4º ; — Athanas., Ad solitar. vit. agent. epistola ; Opera, tom. I, p. 832 ; Ejusdem Ad imperator. Constantium, adversus arianos Apologia, tom. II, p. 807, Parisiis, 1627 in-fol.
  116. 1. Theodoret., Hist. eccles., lib. II, cap. XVII ; tom. III, p. 95 ; edit. cit.
  117. 2. Liber. Pap., Epistola VII, Ad Orientales episcopos ; apud Labb., Concil. Collect., tom II, p. 751, Lutetiæ Parisiorum, 1671, in-fol.
  118. 1. Hilar., Fragment. VI, n. VI, p. 1336-1337 ; Op, ; Paris., 1693, in-fol.
  119. 2. Ad solitar. vit. agentes Epistola, Opera, tom. I, p. 832 ; edit cit.
  120. 1. Voy. D. de Vaines, Dictionnaire de diplomatique, au mot Pape.
  121. 1. Baronii Annales ecclesiastici, ad ann. 359. nn. XII et XIII, tom. 1, pp. 438-439 ; Lutetiæ Parisiorum, 1639, in-fol.
  122. 2. Ad solitar. vit. agent, Epistola, Opera, tom. I. p. 302 ; edit. cit.
  123. 1. C’est la première fois que, dans l’histoire ecclésiastique, nous voyons les verges employées comme moyen de prosélytisme. Il faudra encore du temps pour y rencontrer les flagellants.
  124. 2. Chronicon, ad ann. CCCLX ; apud Euseb., in Thesaur. Tempor., p. 185 ; studio et oper. Scaliger. ; Amstelodami, 1658, in-fol.
  125. 1. Adversus Luciferianos dialog. ; Opera, tom. IV, part. 11, p. 300 ; Parisiis, 1693 et seq., in-fol.
  126. 2. Socrat. Histor. ecclésiast. lib. II, cap. XXXVII ; tom. II. pp. 140 et seq. ; edit. cit.
  127. 3. Athanas. De synodie Arimini et soleucix epistola, t. I, pp. 817 et seq. ; Opera, d’Arimini, 1627, in-fol.
  128. 1. Athanas. De synodis Arimini, et Selencia, pp. 318-319, t. I ; edit. cit.
  129. 2. Epistola XCIX (alias CLXIV), ad Evodium, tom. II. pp. 165 et seq. ; Antuerpiæ. 1576, in-fol.
  130. 1. La mort, la mort, toujours la mort ; voilà ce qu’on trouve dans ce code du bourreau.
  131. 1. S. Theophil. Antiochen. Contra christianæ religionis calum· niatores ad Autolycum lib. II, p. 94 ( D) ; post S. Justin. et alior. Patrum quæ extant Opera ; Lutetiæ Parisiorum, 1615, in-fol.
  132. 1. Examen critique des doctrines de la religion chrétienne, t. I, chap. 1 ; pp. 90 et suiv. ; 2e édition ; Paris et Bruxelles, Lacroix, 1860, in-8°.
  133. 2. Examen du christianisme, chap. ix, 2 IV, tom. II, pp. 82 et suiv. ; Bruxelles, Lacroix ; et Paris Degorce-Cadot, 1862, gr. in-18.
  134. 3. Sozomen. Hist. eccles., lib. VI, cap. XXIII, tom. III part. II ; pp. 246 et seq. ; Theodorit. Histor. eccles. lib. II, cap. XXII, tom. III, pp, 102 et seq. ; edit. cit. ; — Nicephor. Callist. Hist. eccles. lib. XI, cap. XXXI ; tom. II, p. 172 ; Lutet. Parisior., 1630, in-fol.
  135. 1. S. Basil. Epistola C (alias CCLVI), ad Eusebium episcopum Samosatensem ; tom. III, p. 196 ; Ejusdem ad Gregorium Epistola LVIII (alias XLIV), p. 152 ; Ejusdem Epistola CCXV (alias CCL) ad Dorotheum presbyter., p. 323 ; Opera, Parisiis, 1721-30, in-fol.
  136. 2. Fleury, Histoire ecclésiastique, livre XIII, chap. XXIV, t. III, p. 432 ; Paris, Lemercier, 1750 et suiv. ; in-4°.
  137. 3. Gregor. Nazianz. De vita sua carmina ; Opera, t. II, pp. 24, 25 et 27 ; Parisiis, 1630, in-fol.
  138. 1. Saint-Simon, Mémoires, t. VII, chap. X, p. 171 ; édition Chéruel, Paris, L. Hachette et Ce, 1856-58, in-8°.
  139. 2. Hist. ecclés. liv. XX, chap. xlvш, t. V, p. 124 ; Paris 1750 et suiv. in-4°
  140. 3. Cfr. Pagii in Baron. Annales ecclesiastic. critic. historic. chronologic., ad ann. 369, nn. x et xi, t. V, pp. 267 et 268 ; Lucæ 1738 et seq., in-fol.— Damasii Epistola ad Paulinum Antiochenum ; apud Holstenium (Lucam), in Collection. Roman. ; pp. 180 et seq., Romæ, 1662, in-8°.
  141. 1. Ad. Julianum Coensem episcopum Epistola LXXXI, t. I, p. 300 ; Opera. Lugduni 1700, in-fol.
  142. S. Basil. Epistola CCXXXIX (alias X), ad Eusebium, n. 2 ; Opera, tom. III. p. 368 ; Parisiis, 1721-30, in-fol.
  143. Histor. lib. XXVII, cap. 1, p. 337-338 ; Parisiis, 1636, in-4°.
  144. 1. Theodosian. Codicis lib. XVI, tit. II, De episcopis, ecclesiis et clericis, leg. XX, tom. VI, p. 48 ; Lugduni, 1665, in-fol.
  145. 1. Hist. eccles., lib. XVI, chap. XLI, t. IV, p. 241-242 ; Paris, Lemercier, 1750 et suiv., in-4°.
  146. 2. Histoire des papes, tom. I, p. 127-128 ; La Haye, 1732-34, in-4°.
  147. 3. S. Hieronym. Epistola XXXIV, ad Nepotianum, de vita clericorum et monachor., tom. IV part. II, p. 259-262 ; Opera, Parisiis, 1693-1706, in-fol.
  148. 1. S. Augustin, ad Aurelium Epistola LXIV, t. II, p. 120 ; Opera, Antuerpiæ, 1576, in-fol.
  149. 1. Sulpic. Sever., Histor. sacr., lib. I, cap. XXIII, p. 74 ; Opera, Lipsia, 1709. in-8°.
  150. 2. Orthuin. Grat. Fascicul. rer. expetendar. ac fugiendar., t. I, p. 418 ; Londini, 1690, in-fol.
  151. 1. Barbeyrac, Traité de la morale des Pères, chap. V, § 23, p. 52 ; Amsterdam, 1728, in-4°.
  152. 1. De virginitate ; Opera, tom. II, p. 116 ; Parisiis, 1698, in-fol.
  153. 2. Nicephor. Callist. Hist. eccles. lib. X, cap. VI, p. 17, t. II Lutetiæ Parisiorum, 1630, in-fol.
  154. 1. L’Histoire ecclésiastique de Nicéphore, fils de Calliste Xanthouplois, auteur grec, traduicte nouuellement, tom. II, p. 524 ; Paris, 1587, in-12.
  155. 2. Fleury, Histoire ecclésiastique, livre XX, chap. IX, tom. V, p. 29, édit. cit., in-4º.
  156. 3. Miron (A.-S. Morin), Examen du Christianisme. chap. XII, § V, t. III, p. 32 ; édit. cit.
  157. 1. Voy. D. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés, tom. V, p. 699 et suiv. ; Paris, 1729-42, in 4º.
  158. 2. Vid. Evagr., Histor. eccles., lib. IV, cap. XXIX, tom. III, p. 408 ; Cantabrigiæ 1720, in-fol.
  159. 1. Advers. Jovinianum, lib. I, tom., IV part. I, p. 185, lin. 9 ; Opera, Antuerpriæ, 1578 et seq., in-fol.
  160. 2. Mille mihi lecti, connubia nulla fuere.
  161. 3. S. Augustin. De civitate Dei, ad Marcellinum, lib. XVIII, cap XXXIII ; tom. V, p. 227 ; Opera, Antuerpiæ 1576, in-fol.
  162. 4. Ejusdem Epistola CLV, ad Martianum, tom. II, p. 270 ; Op. cit.
  163. 5. Origen., Contra Celsum, lib. V, n. LXI, t. I, p. 624 ; et lib. VII, n. LVI, p. 733 ; Opera, Parisiis, 1733-59, in-fol.
  164. 6. David Blondel, des Sibylles, liv. II, chap. XXVII ; p. 256 et suiv., Paris, 1649, in-4°.