Histoire du Privilége de Saint Romain/Liste des prisonniers/Dix-huitième siècle

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DIX-HUITIÈME SIÈCLE.


1701. Jacques Grosbois, âgé de 19 ans, demeurant en la paroisse du Tremblay, hameau d’Omonville, diocèse d’Évreux.
    Le 17 novembre 1699, se promenant le long d’un bois appartenant à son père, avec un fusil pour tuer des petits oiseaux, il fut rencontré par le sieur De Gueudreville, du Mesnil-Pipart, qui lui arracha son fusil en lui disant qu’il était bien hardi de chasser. Après de vains efforts pour se faire
rendre son fusil, Grosbois retourna chez son père, y prit un autre fusil, et, accompagné d’un valet aussi armé d’un fusil, il se dirigeait vers le Mesnil-Pipart, lieu de la demeure du sieur De Gueudreville, lorsqu’il rencontra ce gentilhomme. Après s’être injuriés quelque tems, ils se couchèrent en joue. Gueudreville blessa Grosbois aux bras, aux mains, et lui creva l’œil droit. Grosbois, voyant que ce gentilhomme voulait encore tirer sur lui, lâcha sur lui son fusil, et le tua.


1702. Nicolas Le Terrier, âgé de 20 ans, de la paroisse d’Ablon, près Honfleur, diocèse de Lisieux.
    Le 23 novembre 1699, et âgé alors de 16 ou 17 ans seulement, il avait commis un meurtre que les circonstances rendaient très-excusable. Allant d’Ablon au lieu appelé le Noyer, où demeurait François Le Terrier, son oncle, il fut provoqué par Nicolas Poulain, domestique de la veuve Le Mesle, qui prétendit que Le Terrier avait promis de se rire de lui à la porte de l’église d’Ablon. Le Terrier lui répondit qu’il ne pourrait l’empêcher de rire quand bon lui semblerait. Sur cela, Poulain se mit à le poursuivre, malgré tout ce qu’il lui dit pour le déterminer à retourner à son travail, jusqu’à le menacer de lui casser le ventre d’un coup de son fusil, s’il ne se retirait ; mais Poulain continuait toujours d’avancer, injuriant et menaçant Nicolas Le Terrier. Enfin, ce dernier, se voyant acculé contre une haie et sur le point d’être maltraité par Poulain, lui tira un coup de fusil dans le bas-ventre, dont il mourut peu de tems après. Le Terrier se cacha à Grestain, à Foulbec, à Theuville-en-Caux, puis revint à Ablon. Il avait été condamné à mort, par contumace, à Honfleur.


1703. François Denaguet, écuyer, sieur de l’Echallard, âgé de 50 ans, demeurant à Saint-Paul-sur-Risle.
    Le 8 mars 1702, dans la chambre du conseil du bailli de Vittefleur, comme il rendait ses comptes de tutelle à Raoul De Naguet, écuyer, sieur de Saint-Wulfran, son neveu et
pupille, ce jeune homme lui adressa des paroles insultantes. Pour éviter une querelle, François De Naguet sortit de la chambre du conseil avec son avocat, et alla au marché ; mais son neveu le suivit, l’accablant d’injures, et tenant à la main son épée, dont il blessa son oncle et l’avocat. François De Naguet dégaina son épée pour se défendre, et en donna à son neveu un coup qui fut mortel. Il était neveu du sieur De Boislabbé, trésorier du duc du Maine. Ce prince écrivit au chapitre en sa faveur.


1704. Marie Duhamel, fille, née à Litry, diocèse de Bayeux, âgée de 21 ans.
    Étant allée en la paroisse du Breuil, où demeurait Catherine Duhamel, sa tante, elle la pressa vivement de lui rendre douze francs qu’elle lui avait prêtés, et dont elle avait le plus grand besoin. Sa tante lui ayant donné un violent soufflet qui la fit saigner, elle se saisit d’un morceau de bois et en frappa à la tête sa tante, qui mourut à l’instant.


1705. Pierre Le Sueur, âgé de 34 ans, bourgeois de Rouen.
    En septembre 1698, étant en la paroisse de Crestot, au hameau de Bestramesnil, chez Jacques Lelièvre, son beau-père, il alla se promener avec un fusil, dans la campagne. Trois hommes armés de fusils s’avancèrent vers lui, l’injuriant et le sommant de rendre son arme ; il se mit en défense, les coucha en joue, et déclara qu’il tuerait le premier qui avancerait. Ces trois hommes, continuant de marcher vers lui, il tira, et tua le sieur Jeuffray, l’un d’eux.


1706. Robert Le Gendre, âgé de 21 ans, né et demeurant à Sainte-Marguerite-en-Caux, chez son père, marchand de bois.
    Le 25 mars 1702, étant à l’affût près des bois de Bellegarde,
il vit venir à lui un nommé Simon, qui voulut le désarmer. Il lui dit plusieurs fois de se retirer, mais Simon s’avança et se saisit du fusil par le canon. Legendre tira et le tua.


1707. Jacques Parent, écuyer, demeurant à Ectot, âgé de 38 ans.
    En mai 1702, passant à Déville, monté sur son cheval, et portant en croupe un sieur Le Carpentier, il trouva un embarras de charrettes qui obstruait le chemin, en sorte qu’il était fort difficile de passer. Son cheval, qu’il conduisait le long des charrettes, ayant blessé légèrement un charretier, cet homme et ses confrères, ivres comme lui, se prirent à injurier Parent, et se jetèrent sur lui pour le maltraiter, déchirant ses habits, et tenant son cheval par la bride pour l’empêcher de s’en aller. Alors Parent, obligé de défendre sa vie contre ces furieux, tira un coup de pistolet, et tua l’un d’eux.


1708. Louis Le Cerf, âgé de 25 ans, né à Elbeuf, soldat dans la compagnie colonelle du régiment de Lalonde.

Richard Dugard, âgé de 39 ans, d’Elbeuf, employé dans les fermes du tabac.

    Se rendant ensemble du Bosc-Roger à Elbeuf, ils burent du vin à une hôtellerie nommé la Bergerie, puis se remirent en route. Un poulet-dinde que Dugard portait dans un panier, s’étant échappé, un nommé Levacher, homme de journée, les railla à cette occasion ; il en résulta une dispute, puis une lutte qui se termina par la mort de Levacher, à qui Lecerf donna un coup d’épée.
    Ils étaient recommandés par M. De Bigards-Lalonde, conseiller au parlement de Rouen.


1709. Etienne Aumont, âgé de 45 ans, né à Tourville-la-Campagne, diocèse d’Évreux, menuisier à Rouen, soldat de la garnison du Vieux-Palais.
    En 1707, il tenait une petite auberge dans le faubourg Saint-Gervais. Le lundi de la Pentecôte, à dix heures du soir, des vagabonds vinrent s’y installer, et y restèrent jusqu’à minuit, malgré ses instances ; en sorte qu’il fut obligé de les mettre à la porte. Furieux de se voir ainsi expulsés, ces ivrognes cherchèrent à enfoncer la porte. Aumont se montra à une croisée, tenant à sa main un fusil pour leur faire peur. Mais ils lui jetèrent des pierres, dont une l’atteignit à la tempe et le blessa grièvement. Outré, il tira un coup de fusil, et tua Charles Clauset, d’Ectot, compagnon toilier, qui se trouvait avec ces vagabonds.
    Il était recommandé par le maréchal d’Harcourt.


1710. Françoise Picart, âgée de 22 ans, née à Envermeu.
    Elle était enceinte des œuvres d’un sieur Saint-Louis, commis aux aides, à Dieppe, dont elle avait été la servante, et qui l’avait séduite en lui promettant de l’épouser. Cet employé fut envoyé en commission à quarante lieues de là. Alors elle entra en service chez un juge de l’amirauté de Dieppe, où sa grossesse fut ignorée. Elle accoucha clandestinement, étrangla son enfant, et alla le jeter à la mer, sans avoir été aperçue. Mais le crime fut découvert par des mariniers, qui trouvèrent l’enfant enveloppé dans des linges marqués au nom du juge, maître de cette fille ; elle fut arrêtée et condamnée à mort.
    Le parlement la déclara indigne.


1711. Aurin Bouchard, âgé de 39 ans, journalier, né au Torquesne, diocèse de Lisieux.
    A la fin d’août 1705, un dimanche au soir, allant de
Saint-Imier au Breuil, son fusil à la main, il vit des gens qui insultaient et outrageaient sa cousine, « c’étoient les nommés Bourdon et sa femme, Sébastien Sallin et sa femme, qui revenoient du pélerinage de Saint-Eugène, et paroissoient ivres. » Aubin Bouchard leur adressa des reproches, et prit le parti de sa cousine. Bourdon, irrité, se jeta sur lui, et voulut s’emparer de son fusil. Bouchard, un peu ivre, tira son coup de fusil et tua Bourdon, qui était un journalier de Pierrefitte.


1712. Jean Périer, âgé de 54 ans, maréchal, demeurant à Tourville, diocèse de Rouen.
    Revenant, un soir, à Tourville, par le bois de Lessart, il s’assit dans ce bois et s’y endormit. Bientôt, il se réveilla et s’aperçut qu’un homme le fouillait ; c’était Jacques Stère, journalier à Oissel ; Périer lui résista, mais Stère le saisit à la gorge, cherchant à l’étrangler ; heureusement il voulut ôter son habit pour tuer Périer plus à son aise. Celui-ci se leva aussi-tôt, et chercha à s’enfuir. Stère le poursuivit, en disant : « Il faut que tu périsses aujourd’hui, que je t’enterre dans le bois, et qu’on n’entende plus parler de toi. » Alors Périer tira un couteau ou jambette qu’il avait dans sa poche, et en donna plusieurs coups à Stère, qui mourut sur la place.


1713. Jean Yoris, âgé de 26 ans, maître à danser, à Vernon-sur-Seine.

Jean-Henri Yoris, âgé de 24 ans, maître à danser.

Jean-François Yoris, âgé de 19 ans, maître à danser.

    Le 1er. mai 1712, Jean Yoris et ses deux frères ayant passé la nuit à donner des sérénades, à planter des mais et à tirer des coups de fusil devant les portes des personnes de considération de la ville de Vernon, allaient, vers huit heures du
matin, déposer leurs armes chez des personnes de connaissance, pour aller ensuite à la messe, lorsqu’au carrefour près du pont, ils rencontrèrent le sieur Le Bigot, officier dans le régiment de Bourbonnais, qui les railla, dans les termes les plus humilians, sur les armes qu’ils portaient. On mit l’épée à la main, et Jean Yoris, après avoir protesté plusieurs fois que c’était à son corps défendant, porta au sieur Le Bigot un coup dont il mourut presque aussi-tôt. Yoris se refugia dans l’église de Vernon, où il fut arrêté.


1714. « Messieurs du chapitre n’ayant trouvé aucun prisonnier dans le cas de la fierte, ont envoyé un chapelain en avertir la cour, pourquoi chacun s’est séparé. » (Registres du chapitre.)


1715. Marie Bertin, journalière, âgée de 29 ans, de la paroisse de Sentilly, diocèse de Séez.
    Enceinte des œuvres d’un nommé Guérin, elle accoucha debout dans un grenier, à l’insu de sa mère. Transportée, hors d’elle-même, elle releva son enfant, qui était tombé à terre, chercha à l’étouffer avec ses doigts, puis descendit promptement à sa chambre où elle prit une petite fiole d’eau bénite, qu’elle lui versa sur la tête pour le baptiser. Alors, elle remonta au grenier, où elle l’étrangla avec une jarretière. Elle fut condamnée à mort par la haute justice d’Hyèmes.


1716. Claude Drouet, âgé de 66 ans, matelot, né à Dieppe.
    Il s’était engagé, avec le sieur Augué, capitaine d’un bâtiment marchand, pour servir sur son navire en qualité de matelot, moyennant le prix de 10 livres par mois, tant qu’on serait à terre, et 25 livres quand on serait en mer. Trois mois s’écoulèrent sans que son capitaine lui donnât un sou ; Drouet avait une femme et des enfans, et il ne savait comment les nourrir. Plusieurs fois il alla à l’auberge de la
place Royale (à Dieppe), on logeait le sieur Augué, et lui demanda quelque argent ; celui-ci l’éconduisait toujours. Enfin, un jour « ne sçachant plus où donner de la tête pour avoir du pain à ses enfants », Drouet revint à l’auberge de son capitaine, qui était encore couché, quoiqu’il fût neuf heures passées. Le sieur Augué lui dit de le laisser en repos, et mit les draps de son lit par dessus sa tête. Drouet, au désespoir, prit son couteau, et en donna plusieurs coups au sieur Augué ; son couteau s’étant cassé, il le jeta par la fenêtre dans la cour de l’auberge, s’enfuit et se réfugia dans l’église de Saint-Jacques ; bientôt, comme il en sortait, il fut arrêté. Le capitaine Augué ne mourut pas de ses blessures.


1717. François Boissel, âgé de 35 ans, de Fleury-sur-Andelle, cabaretier au Pont-Saint-Pierre.
    Un sieur La Ruelle et un autre homme avaient bu dans son cabaret, y avaient fait du dégât et cassé des verres. Boissel voulait que La Ruelle payât ce dommage. La Ruelle l’insulta et lui donna des coups de bâton. Alors Boissel, se saisissant du bâton de La Ruelle, lui en donna un coup mortel. La Ruelle expira le lendemain.


1718. Louis-César De Paul Du Moucel, âgé de 43 ans, ancien capitaine de cavalerie (son pays n’est pas indiqué.)
    Il avait eu une dispute à Paris dans un café du coin de la rue des Tournelles, avec un nommé Gabriel. Sortant, un quart-d’heure après, de ce café, sans chapeau, et pour satisfaire un besoin, il fut attaqué par Gabriel, l’épée à la main. Il se mit en défense et tua son agresseur.


1719. Louis Bailleul, âgé de 40 ans, laboureur, demeurant au Val-de-la-Haie, près d’Aumale, fermier de madame De Fleury.
    Ayant surpris trois femmes qui volaient du bois dans les
propriétés de madame De Fleury, il leur cria, de loin, de s’arrêter et de laisser leur charge. Deux d’entre elles jetèrent le bois qu’elles avaient pris et s’enfuirent. La troisième, nommée Calon, s’en allant avec le bois qu’elle avait pris, Bailleul lui tira un coup de fusil, pour l’arrêter, n’ayant aucun dessein de la tuer. Mais le coup porta dans les reins, et la fille Calon mourut peu d’heures après.


1720. Robert Caron, âgé de 53 ans, compagnon charpentier, demeurant à Bliquetuit.
    En avril 1709, coupant du bois pour son chauffage, dans la forêt de Brotonne, près du chemin de Normare, il fut aperçu par Longuemare, garde de la forêt, qui le contraignit de lui livrer sa hache. Longuemare lui donna ensuite plusieurs coups de bourrade de pistolet. Caron, irrité de ces mauvais traitemens, lui donna un coup de bâton, dont Longuemare mourut presque immédiatement.


1721. Louis-François Vincent, âgé de 23 ans, ci-devant employé à la romaine de Rouen, de la paroisse de Saint-Vincent de ladite ville.
    En juin 1720, revenant du Pré de la Bataille, où il avait bu avec un de ses amis, il rencontra, à la Bourse, un vieux mendiant à qui il donna quelques tapes sur la joue, en lui disant ; « Vieil coquin, on devrait t’envoyer à Mississipi. Va-t’en à Mississipi. » Trois jeunes gens qui passaient trouvèrent mauvaise sa manière d’agir, et lui dirent que s’il ne voulait point donner l’aumône à ce mendiant, du moins il ne devait pas le maltraiter. De là une dispute, puis des voies de fait. Vincent mit l’épée à la main ; le jeune homme qui lui avait parlé, voulut parer les coups avec un bâton, mais bientôt il fut atteint d’un coup mortel. Ce jeune homme s’appelait Ferdinand Collier.


1722. Robert Le Gendre, marchand de chaux, âgé de 39 ans, de Caudebecquet.
    Le jour de Saint-Michel 1714, il avait eu une dispute, dans un cabaret, près de l’église de Saint-Wandrille, avec trois individus, et notamment avec un nommé Boudin, dont il était le débiteur, et qu’il ne payait pas. A onze heures du soir, revenant à Caudebecquet, il fut rencontré, près du moulin de Caillouville, par ces trois individus qui étaient partis du cabaret avant lui. Ils l’attaquèrent et le maltraitèrent fort. Legendre tira un couteau de sa poche, et en porta un coup à Boudin, qui l’avait attaqué le premier ; Boudin mourut sur la place.


1723. Jacques Deshayes, laboureur, demeurant à Planches, diocèse de Séez, âgé de 50 ans.

François Deshayes, âgé de 43 ans, frère du précédent, et laboureur, comme lui, à Planches.

    Ils avaient tué, de complicité, Pierre Étienne, de la même paroisse, qui insultait François Deshayes, le frappait et semblait vouloir lui ôter la vie.


1724. Robert Halley, âgé de 56 ans, né au faubourg Saint-Gilles, à Caen, adjudicataire des banneaux de la ville de Caen, et chargé de porter toutes les vidanges au Cours-de-la-Reine.
    Il avait tué, près de la porte au Berger, à Caen, le nommé Le Jean, de la paroisse Saint-Gilles, qui, malgré ses avertissemens, s’obstinait à porter des vidanges auprès du sépulcre, au mépris d’une sentence qui ordonnait de les porter au Cours-la-Reine, et rendait Robert Halley responsable des contraventions, sous peine de cinq cent livres d’amende.


1725. Robert Calais, âgé de 50 ans, chargé de sept enfans, berger, de la paroisse de Radepont.
    Étant berger au Boisguillaume, près de Rouen, chez un
sieur Plumetot, il fut attaqué, de la manière la plus violente, par Nicolas Debaux, berger d’un sieur Barbery, qui lui tira plusieurs coups de pistolet, sans le blesser. Robert Calais alla chercher son fusil, et, voyant Debaux le coucher en joue, il tira sur lui, et le tua.


1726. François Féré, âge de 20 ans, maître tapissier, demeurant à Rouen, dans la rue Beauvoisine, paroisse de Saint-Godard, archer du grand prévôt.

Vivien Féré, père du précédent, âgé de 54 ans, demeurant avec son fils, brigadier de la maréchaussée de la Haute-Normandie.

    Les deux frères Thiriau, archers de la maréchaussée, en voulaient à Vivien Féré père, qui, conduisant avec eux un déserteur à Givet, en Flandre, l’avait laissé échapper, peut-être volontairement. De retour à Rouen, ils avaient plusieurs fois cherché querelle au père et au fils. A la fin de juillet 1725, ayant rencontré François Féré dans la rue de la Renelle, ils lui avaient donné des coups de sabre. Le 15 août suivant, François Thiriau vint chercher Féré fils chez un vinaigrier près du bailliage. Féré le suivit, croyant qu’il avait quelque chose à lui dire. Dans la petite rue Saint-Laurent, Thiriau lui chercha querelle, et mit le sabre à la main. François Féré dégaina son épée, se mit en défense, et, se voyant en danger de perdre la vie, porta à Thiriau un coup d’épée qui fut mortel.


1727. Georges Lavoisé, âgé de 37 ans, facteur de bois, demeurant à Câtillon-en-Bray, et précédemment au Rouvray-en-Bray.
    On volait du bois de cotret et du bois de marque dans la vente dite la Queue-Bourguignon, confiée à sa garde, et les
marchands adjudicataires s’en étaient souvent plaints à lui. Il prit le parti d’y aller la nuit. Le 15 novembre 1723, à deux heures du matin, étant allé faire sa ronde, il trouva Paul Le Roux, qui chargeait, sur deux chevaux, du cotret de tremble. Le Roux, en l’apercevant, fit mine de s’enfuir. Lavoisé lui tira un coup de fusil, et le tua.


1728. Joachim De Minfant ou Mifaut, écuyer, âgé de 32 ans, gentilhomme, demeurant en la paroisse de Saint-Vigor de Trungy, diocèse de Bayeux.
    En janvier 1723, rentrant chez lui, il fut suivi et insulté par Jean Bouillon, sa femme, sa belle-mère et sa belle-sœur, qui le traitèrent de Mesnil-Barré, Labrière, Antéchrist, voleur de grand chemin. Après plusieurs instances inutiles pour les engager à se retirer, Minfant leur tira un coup de fusil et tua Bouillon. Après ce crime, Minfant s’engagea dans le régiment de Louvigny, mais il déserta, et ce fut dans ces circonstances qu’il vint, en 1727, solliciter la fierte. Mais M. Le Blanc, secrétaire d’état, avait adressé au procureur-général l’ordre d’empêcher que le privilége fût accordé à ce gentilhomme. Le jour de l’Ascension 1727, le procureur-général avait fait venir, près du Palais, des cavaliers de la maréchaussée pour arrêter le sieur De Minfant, dans le cas où le parlement lui accorderait le privilége. Le chapitre, averti sans doute de ce qui se passait, ne choisit point alors le sieur De Minfant, qui, ayant réussi à se faire recommander par le cardinal de Fleury, fut élu et délivré sans difficulté l’année suivante (1728).


1729. Guillaume Groulart, chevalier, marquis de Bosc-Geffroy, âgé de 44 ans, demeurant en son château de Bailleul.

Charles Groulart, chevalier de Torcy, frère du précédent, âgé de 30 ans, demeurant au château de Bailleul.

Louis Richard, leur valet de chambre, âgé de 30 ans, né à Fréauville.

    Le 29 août 1728, les deux frères Groulart avaient dîné chez le sïeur De Mercatel, seigneur de Croixdalle, avec grosse compagnie de seigneurs et de dames. Retournant, le soir, au château de Bailleul, ils rencontrèrent six ouvriers de la verrerie du sieur De Valdanois, qui, on ne voit pas pourquoi, portaient des fusils. Le chevalier de Torcy leur demanda où ils allaient ; ils répondirent malhonnêtement ; il les traita de coquins. Alors ils l’entourèrent, semblant le menacer de leurs fusils. Le marquis de Bosc-Geffroy, qui marchait derrière, survint, et voyant son frère ainsi aux prises avec six hommes armés, tira sur ces derniers un coup de fusil qui tua le nommé Rougleux, l’un d’eux.
    Un sieur De Pierrepont sollicitait vivement la fierte cette année-là. On s’était donné beaucoup de mouvement pour la lui faire obtenir ; mais le chancelier d’Aguesseau écrivit au procureur-général de s’opposer à la délivrance de ce gentilhomme. Le chapitre, averti sans doute, désigna tout d’abord les trois prisonniers nommés ci-dessus.


1730. Henri-François Baudot De Barville, âgé de 26 ans, gentilhomme, lieutenant dans le régiment d’Artois.

Alexandre De Bailleul, écuyer, âgé de 19 ans, volontaire dans le régiment des Cravates.

    Le 29 août 1729, étant à Senneville-en-Caux, après avoir chassé plusieurs heures, ils étaient allés se reposer chez un gentilhomme de leurs amis, et ils en étaient sortis un peu échauffés de vin. Apercevant une compagnie de perdrix dans
une pièce d’orge, ils y entrèrent. Nicolas Le Cordier, propriétaire de cette pièce de terre, accourut et leur adressa des injures. Barville, qui, aussi-tôt qu’il l’avait vu venir, était sorti, avec son ami, de la pièce d’orge, et se trouvait maintenant dans un pâtis tout proche, lui dit que s’il avançait davantage, il lui casserait la tête d’un coup de fusil. Le Cordier continuant ses injures, Barville lui donna plusieurs coups de crosse ; et comme un frère de Le Cordier accourait à son secours, le chevalier de Bailleul marcha au-devant de lui, mais donna en passant deux coups de crosse à Nicolas Le Cordier. Ce dernier mourut le lendemain, à 5 heures du matin.


1731. Jacques Malart, écuyer, sieur de la Gasinière, âgé de 34 ans, demeurant à Routrou, diocèse de Séez, cadet dans le régiment de Sommesnil.
    Depuis long-tems, ce gentilhomme vivait en mauvaise intelligence avec Robert Bayard, son voisin, qui avait cherché plusieurs fois à lui usurper de la terre. Le 18 novembre 1729, ayant trouvé la fille de ce paysan qui faisait paître des chevaux et des vaches dans une de ses pièces de terre, plantée d’arbres fruitiers, il dit à cette fille de se retirer ; et comme elle s’y refusait, il lui arracha son toquet, qu’il jeta à terre. Survint Robert Bayard, père de la jeune fille, qui s’avança contre Malart, le menaçant d’un levier qu’il portait. Malart le coucha en joue avec son fusil pour le tenir en respect ; Bayard s’efforçant de le désarmer, Malart lui donna un coup de bourrade sur la tête, dont il mourut huit jours après.


1732. Jean De Brienne, écuyer, sieur de Saint-Léger, âgé de 41 ans, de la paroisse de Saillant, diocèse d’Angoulême, demeurant en sa maison de Rochefort.
    Il en voulait à Jean-Joubert De la Judie, son fermier,
parce que ce dernier refusait de se soumettre à une sentence arbitrale qui avait déclaré communs entre eux tous les frais résultant de l’incendie d’une grange. Ils n’en buvaient pas moins ensemble, et s’enivraient de compagnie. Un jour qu’ils étaient ivres, ils se querellèrent ; Jean De Brienne tira, sur son fermier, un coup de pistolet, dont celui-ci mourut peu de jours après.
    Recommandé par M. De Montmorency-Luxembourg.


1733. Jean De Samaison, âgé de 45 ans, de la paroisse du Mesnil-Durand, près de Lisieux, toilier.
    Il était très-mal avec son frère et sa belle-sœur, dont le logement tenait au sien… Ils avaient souvent des disputes, qui dégénérèrent en voies de fait.
    Dans une de ces disputes, se voyant assailli par son frère, sa belle-sœur et son neveu, armés, l’un d’un levier, l’autre d’un fauchet, et le troisième d’un fléau, et étant déjà blessé, il se jeta sur sa belle-sœur, un couteau à la main, et la tua.


1734. Robert Castel, âgé de 22 ans, laboureur à Brémoy, diocèse de Bayeux.
    Un nommé Julien Quiret avait maltraité la sœur de Robert Castel ; et ils étaient en procès, pour cela, à la juridiction de Vassy. Le mardi de la Pentecôte 1730, Castel, retournant chez lui, rencontra Quiret qui venait vers lui, un bâton à la main, et lui demanda s’il voulait lui en faire autant qu’à sa sœur. Ils se battirent à coups de bâton, puis se colletèrent ; Castel ayant terrassé Quiret qui le tenait aux cheveux, prit un caillou qu’il jeta violemment à la tête de son adversaire, et le tua.


1735. Pierre Choury dit La Coste, âgé de 31 ans, de la Bénechie, paroisse du Montier, de la ville de Saint-Yrieix, en Limousin.
    Ayant trouvé Jean Mazabraud, laboureur, coupant une
haie vive qui séparait les héritages de François Choury, son père, il lui dit de cesser ; Mazabraud continua. Une dispute s’engagea entre eux ; Pierre Choury, se voyant menacé d’un coup de hachereau, donna un coup d’épée à Mazabraud, et le tua.


1736. Michel Leclerc, dit Grandpré, âgé de 42 ans, de Condé-sur-Noireau, diocèse de Bayeux, marchand.
    Il avait eu une dispute avec le sieur Bourdon, lieutenant du bailliage de Condé et bailli de la haute-justice de Caligny. Dans une auberge où ce magistrat prenait son repas avec le procureur du roi et les autres juges de la juridiction, Leclerc reprocha au sieur Bourdon de lui avoir été seul contraire dans un procès, qu’au reste il avait gagné ; il lui reprocha aussi d’avoir fait avec inégalité, dans la paroisse de Caligny, la répartition de l’imposition des ustensiles. Bref, il outra ce magistrat, qui, impatienté, lui témoigna son mécontentement, monta à cheval et retourna à Condé. Leclerc se mit bientôt, lui-même, en route. Le sieur Bourdon, l’entendant galoper derrière lui, tourna son cheval de son côté et fit démonstration de tirer sur lui un de ses pistolets. Leclerc le lui arracha et refusa de le lui rendre, en lui déclarant que, s’il tirait l’autre, il ferait usage de celui qu’il lui avait arraché. Le sieur Bourdon ayant voulu tirer l’autre, dans le mouvement que fit Leclerc pour l’en empêcher, le déclin, fort tendre, de celui qu’il tenait, partit, à son grand étonnement, et blessa mortellement le sieur Bourdon, qui mourut de sa blessure.


1737. Jacques De Pampelune, écuyer, âgé de 43 ans, seigneur de Genouilly, de la paroisse de Provency, diocèse d’Autun, chevau-léger de la garde du roi.
    Étant à Versailles, avec sa compagnie, et rentrant le soir
dans le cabaret où il logeait, la cabaretière se plaignit à lui de son mari, qui venait de la battre et de la blesser au bras. Il allait toutefois se retirer avec son flambeau et la clé de sa chambre, lorsque le cabaretier voulut recommencer à battre sa femme. Le sieur De Genouilly, jetant sa clé et son flambeau, chercha à défendre cette femme des brutalités de son mari, mais ce dernier se jeta sur lui et lui asséna plusieurs coups de bâton. Genouilly donna au cabaretier un coup d’épée qui fut mortel. Il l’avait frappé, sans savoir où, à cause qu’il faisait nuit et que les feux de joie qu’on avoit faits à l’occasion de la prise de Philisbourg, étaient éteints (1er. août 1734).


1738. Charles Nicolle, âgé de 22 ans, garçon tonnelier, de la paroisse de Fréauville.

Jacques Nicolle, âgé de 23 ans, laboureur, né et demeurant à Fréauville.

Nicolas Mirot, âgé de 30 ans, de la paroisse de Londinières, serrurier.

Antoine Levasseur, âgé de 23 ans, de Londinières, taillandier.

Michel Foulon, âgé de 24 ans, domestique, né à Notre-Dame-de-Clais, demeurant à Fréauville.

Pierre Le Baillif, âgé de 32 ans, tonnelier, né à Saint-Germain, demeurant à Fréauville.

Pierre Viguerard, âgé de 27 ans, cordonnier à Fréauville.

François Hénin, âgé de 32 ans, né à Aumale, meunier à Fréauville.

    Une rivalité, qui tenait beaucoup de la haine, existait entre les jeunes gens de Londinières et ceux de Fréauville, paroisses voisines ; elle s’était manifestée dans quelques fêtes, et surtout
dans les danses. Le 1er. juillet 1736, à l’assemblée de Fréauville, cette mésintelligence éclata ouvertement et amena une scène déplorable. Après les vêpres et au moment où l’on commençait à danser, un jeune homme de Fréauville ayant été insulté par un de Londinières, ils se battirent tous deux, et sur-le-champ les garçons des deux paroisses prirent le parti de leurs compatriotes, aux cris de : A moi Londinières ; à moi Fréauville. D’abord, le combat avait été inégal, et les jeunes gens de Londinières, échauffés de vin et au nombre de quinze ou seize, avaient attaqué cinq ou six habitans de Fréauville ; mais ces derniers furent bientôt secourus par leurs compatriotes, et dès-lors la lutte fut à peu près égale. Elle se prolongea un quart-d’heure, et, dans ce court espace de tems, un homme fut tué et plusieurs furent blessés. Celui qui périt s’appelait Potier, et était de Londinières.
    Parmi les prétendans de Londinières, se trouvaient les fermiers du chapitre, qui possédait des immeubles dans cette paroisse, et même y jouissait des droits seigneuriaux.


1739. Jacques Dauget, âgé de 68 ans, marchand échoppier en la paroisse de Caligny, diocèse de Bayeux.

Jean Dauget, âgé de 34 ans, marchand chandelier à Caligny.

Jean Sébire, âgé de 30 ans, tisserand, de Condé-sur-Noireau.

Jacques Londel, âgé de 40 ans, demeurant à Condé-sur-Noireau, compagnon tanneur.

Anne Martin, femme de Jacques Londel, blanchisseuse à Condé-sur-Noireau, âgée de 40 ans.

    Le 21 mai 1736, étant dans un cabaret de Montilli, près de Caligny, où il avait bu avec excès, Jean Dauget vit le nommé Pierre Huart qui maltraitait Londel, sa femme et un
nommé Sébire. Ces trois individus étaient les amis de Jean Dauget, et c’était avec eux qu’il venait de boire. Furieux de les voir maltraiter, et passé de boisson, il s’élança, son couteau à la main, sur Pierre Huart, et le tua.


1740. Martin Barjole, âgé de 28 ans, de la paroisse de Hauville, en Roumois, diocèse de Rouen, dragon au régiment d’Orléans
    Assailli d’injures par sa sœur, couché en joue par son neveu, Barjole s’était jeté sur ce dernier, un couteau de chasse à la main, et l’avait tué.


1741. Pierre Petitgrand, âgé de 45 ans, de Lommoye, près Mantes, garde-chasse du seigneur de Lommoye.
    Étant dans les bruyères des bois de Lommoye, où il faisait sa ronde, un peu pris de vin, il tua un sieur Boullant, qui braconnait depuis plusieurs jours dans les bois confiés à sa garde.
    Il était protégé par madame De Seignelay, par M. De Montmorency-Luxembourg, et enfin par Louis II De Bourbon-Condé, comte de Clermont, abbé du Bec.


1742. Richard Dumontier, âgé de 25 ans, fils de Jacques Dumontier, laboureur à Saint-Jacques-sur-Darnétal.
    Le 25 septembre 1737, il sortît, sur les huit heures du soir, pour aller à la chasse des bêtes fauves qui mangeaient les fruits de la ferme de son père. Bientôt il entendit du bruit, comme si quelque bête eût mangé des pommes. Aussi-tôt il lâcha de ce côté-là son coup de fusil, et fut fort étonné d’entendre un homme crier : Ah ! misérable, tu m’as estropié. Il avait atteint Pierre Dumesnil, un de ses amis, qui mourut peu d’heures après.
    Ayant tout nié devant les juges du bailliage de Rouen, il avait été condamné à être roué vif.


1743. Antoine Danière, âgé de 27 ans, de Moulins en Bourbonnois, soldat dans le régiment royal de la marine, compagnie de M. De Duras.
    En garnison à Valognes, il avait tué, étant ivre, un nommé Noyon, qui le menaçait.
    M. De Duras écrivit au chapitre que Danière « étoit le meilleur soldat de sa compagnie, et le plus appliqué à remplir ses devoirs. »


1744. Emart-Antoine Le Prévost, sieur de la Fresnaye, gentilhomme, âgé de 42 ans, de la paroisse de Notre-Dame-des-Champs de la ville d’Avranches.
    Voyant Jean Robert, laboureur à Tirepied, et ses enfans, qui maltraitaient le valet d’un de ses amis, le sieur De la Fresnaye, qui venait lui-même d’être injurié par eux, prit la défense de ce domestique, et bientôt assailli par les Robert, à coups de bêche, il se défendit avec la baïonnette de son fusil, et tua Robert père.
    Nota. C’était la septième année qu’il sollicitait la fierte. Dès le 2 avril 1738, M. Le Blanc, évêque d’Avranches, avait écrit au chapitre de Rouen, en faveur de ce gentilhomme, d’une famille où il y avoit toujours eu de la probité.


1745. Garriel Chazelet dit Dupré, âgé de 32 ans, bourgeois de la paroisse de Noirétable en Forez, diocèse de Clermont, gendarme dans le régiment des Écossais.

Joseph-Valentin Dauvergne, âgé de 27 ans, ancien maître des postes à Lapeaux, paroisse de Noirétable en Forez, diocèse de Clermont, généralité de Lyon.

    Revenant paisiblement de Saint-Priest-la-Prugne à Saint-Just, dans la soirée du 3 février 1738, ils furent injuriés et assaillis à coups de pierre par quatre individus qui les prenaient pour des commis aux aides. Chazelet, après avoir fait de vains efforts pour déterminer ces quatre hommes à les laisser tranquilles et à se retirer, tira un coup de pistolet sur eux, et tua le nommé Jean Poyet, l’un d’eux.
    Recommandés par M. De Montmorency-Luxembourg.


1746. Alexandre Chauvin dit Fleury, âgé de 52 ans, garde de la terre et seigneurie du Mesnil-sur-l’Estrée, demeurant à la Haie-Beroult.
    Étant entré dans une grange où quinze ou seize individus buvaient ensemble, l’un d’eux le traita d’espion ; il s’en alla en disant à cet homme : Si tu étais seul, j’en tirerais raison. À ce mot, les quinze ou seize buveurs se mirent à sa poursuite, fondirent sur lui, et s’efforcèrent de le désarmer. Chauvin, pour les intimider, lâcha à terre le coup dont son fusil était chargé, et personne ne fut blessé. Mais alors le voyant désarmé, ils l’assaillirent avec plus de violence encore, et l’acculèrent contre un mur. Louis Le Tellier, l’un d’eux, tenait une grosse pierre et levait le bras pour la jeter sur Chauvin, lorsque celui-ci, pour éviter le danger qui le menaçait, lui asséna un coup de crosse de fusil dont il mourut trois jours après.


1747. Jean-Gaultier Du Vignaud, âgé de 34 ans, ci-devant lieutenant dans le régiment de Mortemart, infanterie, né au Grand-Brassac, en Périgord, demeurant à Jarnac, en Saintonge.
    Le 14 novembre 1739, ayant trouvé un nommé Mutaly,
mauvais sujet, ancien laquais congédié, chassant dans son bois de Gouyas, en Périgord, Du Vignaud lui dit de lui remettre son fusil. Mataly, non seulement s’y refusa, mais adressa des injures et des menaces à Du Vignaud, et, bientôt, se jetant sur lui, s’efforça de le désarmer, tirant son fusil par le canon. Dans cette lutte, le fusil partit et tua Mataly.


1748. Noël Le Cardinal, âgé de 32 ans, né à Plaintel, concierge au château de Lorge.
    Le 17 mai 1739, à l’assemblée de Saint-Mathurin, près de la forêt de Quintin, ayant bu du cidre plus que de raison, et étant échauffé, il eut querelle avec un nommé Lequerré, ivre comme lui, et qui l’avait provoqué. Ce dernier voulut lui jeter une cruche à la tête. Le Cardinal lui donna des coups de crosse de fusil, dont il mourut trente-deux jours après.
    Recommandé par la duchesse d’Orléans, par le duc et la duchesse de Lorge, par M. De Montmorency-Luxembourg.


1749. Guillaume Denys, âgé de 41 ans, de la paroisse de Brémoy, diocèse de Bayeux, laboureur.
    Le 18 décembre 1743, retournant chez lui le soir, il rencontra un nommé Bellery, avec qui il avait bu le matin, en bonne intelligence, et qui lui avait même promis de lui prêter cent sols dont il avait besoin. Bellery, apercevant Denys, commença par l’injurier, et lui porta un coup de bâton au visage, en sorte que Denys eut une dent cassée. Emporté par le premier mouvement, Denys tira sur Bellery un coup de fusil dont ce dernier mourut onze jours après.


1750. Nicolas Ollivier, âgé de 22 ans, de la paroisse de Carnet, près Avranches, d’abord laboureur, puis, après son crime, cavalier dans le régiment de Brancas.
    Étant ivre, il demanda du tabac à Gilles Daligout,
journalier, son voisin, qui lui répondit qu’il n’en avait pas. Sur cela, Ollivier lui dit d’aller se faire f... Daligout lui ayant dit de ne point parler ainsi, sans quoi il s’attirerait quelque chose qui ne vaudrait rien, Ollivier lui donna un coup de bâton dont il mourut à l’heure même.


1751. Jean Bourdon, âgé de 29 ans, tailleur d’habits au Héloup, près d’Alençon.

Louis Choisnet, âgé de 52 ans, fermier au Héloup.

François Buard, âgé de 23 ans, journalier au Héloup.

Jean Martin, âgé de 32 ans, domestique au Héloup.

Vincent Legros, âge de 57 ans, fermier à Saint-Pater.

Jacques Tessier, âgé de 52 ans, maréchal au Héloup.

    Laurent Buard, parent de plusieurs d’entre eux, était un vagabond ; chaque jour il se signalait par quelque vol ou par d’autres déréglemens ; déjà il avait été condamné pour vol, les cavaliers de la maréchaussée le cherchaient partout. Le dimanche dans l’octave du Saint-Sacrement 1749, le cabaretier de la Fresnaie, paroisse à quatre lieues du Héloup, fit dire à Jean Bourdon et à d’autres parens de Laurent Buard, qu’il venait de surprendre en flagrant délit Laurent Buard, commettant un vol chez lui, et qu’il le gardait comme prisonnier dans sa maison, prêt à le leur rendre s’ils venaient le chercher. Jean Bourdon et les prénommés se rendirent aussitôt à la Fresnaie, ils emmenèrent Laurent Buard pendant la nuit, et le cachèrent chez un fermier de la paroisse de Saint-Pater, de peur que les cavaliers de la maréchaussée ne
l’arrêtassent. Leur dessein était de le conduire chez M. Du Héloup, qui leur avait promis précédemment de faire embarquer ce mauvais sujet pour les Iles, lorsqu’ils le voudraient. Le lendemain, ils vinrent le chercher et le conduisaient chez ce seigneur, lorsque, sur la route, Laurent Buard, irrité par les reproches que Jean Bourdon lui adressait sur tous ses méfaits, lui jeta une pierre dans l’estomac et le menaça de lui casser la tête. Bourdon tenait une règle à sa main ; furieux contre Buard, il lui en donna un coup sur la tête et l’étendit mort à ses pieds. Saisis de frayeur, lui et ceux qui l’accompagnaient jetèrent le cadavre de Laurent Buard dans une ardoisière qui se trouve sur le chemin de Saint-Pater au Héloup.


1752. Nicolas Aulne, journalier, âgé de 22 ans, né à Urville, diocèse de Séez.
    Se trouvant un dimanche à Grainville, il jouait aux cartes, dans une grange, avec quelques amis ; survint Jean Pillet, journalier, de Grainville, qui joua avec eux. Au fort du jeu, une dispute s’éleva entre Aulne et Pillel, qui, quelque tems avant, avaient eu une querelle. Pillet s’emporta jusqu’à donner un soufflet à Nicolas Aulne, qui, furieux, donna un coup de bâton à Pillet, et le tua.


1753. Robert-Jean-Baptiste Duval l’aîné, âgé de 32 ans, né à Lisieux, paroisse de Saint-Germain, y demeurant Cour des trois Rois, faubourg Saint-Désir.
    Un nommé Carboneau, dit Picard, lui avait cédé un très-beau fusil en échange d’un autre, d’un sabre avec son ceinturon, et de 18 livres et un serin. Ils allèrent essayer le fusil, dans les prairies de Lisieux, et tuèrent un plongeon sur la rivière, puis revinrent à la ville, où ils dînèrent ensemble. Duval devait ne payer les 18 livres que quelques jours
après, ne voulant point que sa femme connût cette dépense. Dans les prairies de Lisieux et dans la ville même, tous ceux qui virent le fusil vendu par Carboneau, se récrièrent sur sa beauté. Un gendarme de la garde et un garde-du-corps dirent qu’ils l’auraient acheté s’ils eussent su qu’il était à vendre. Carboneau regretta vivement d’avoir vendu ce fusil trop bon marché ; il dit à Duval qu’il voulait de suite les 18 livres et le serin ; il savait bien que Duval n’avait point de serin et qu’il devait faire acheter à Rouen celui qu’il lui avait promis. Une dispute s’engagea entre eux, puis une lutte ; Carboneau cherchant à reprendre le fusil que tenait Duval, et ce dernier, s’efforçant de le retenir, Duval, assailli par Carboneau et par la femme de ce dernier, finit par tirer son épée et en perça le mari, qui expira à l’heure même.
    Nota. Après sa délivrance, sa famille qui, sans doute, avait à se plaindre de lui, le fit arrêter et écrouer au Vieux-Palais, en attendant une occasion de l’embarquer pour les Iles. Il s’évada de sa prison, au commencement de juillet, aux risques et péril de sa vie, sous la protection de saint Romain. Il traversa à la nage les fossés du Vieux-Palais, dans lesquels il faillit se noyer. Depuis, il dut devenir procureur à Lisieux, en remplacement de son père.


1754. Joseph-Frédéric Esson, âgé de 40 ans, dentiste, né à Brulange, généralité de Metz, ayant demeuré à Caen, demeurant actuellement à Coutances, paroisse de Saint-Pierre.

Marie-Antoinette Le Cornu, femme de Joseph-Frédéric Esnon, âgée de 28 ans, née à Caen, paroisse Saint-Martin, demeurant à Coutances.

Claude-Antoine André, âgé de 32 ans, marchand de livres de messe, originaire de l’abbaye de Montbenoît, en Franche-Comté, demeurant à l’Hôtel des Invalides, à Paris.

Catherine Le Grand, femme de Claude-Antoine André, âgée de 32 ans, marchande de livres de messe, née à Saverne, en Allemagne, demeurant à Paris.

    Le 24 août 1753, les quatre individus prénommés étant au bourg de Bercé, Esnon et André eurent une querelle et se battirent ; Esnon donna à André un coup de sabre qui le blessa, mais qui tua le nommé Leroy, peintre en toile, ami d’Esnon, qui l’étreignait par derrière pour l’empêcher de se battre.


1755. Jean-louis Dauvergne, âgé de 43 ans, employé dans les fermes du roi, demeurant à Aumale.
    Le 31 décembre 1754, se rendant à cheval de Neufchâtel à Aumale, il rencontra, dans un chemin creux et serré, un jeune charretier qu’il pria de ranger un peu sa charrette, afin qu’il pût passer. Ce jeune homme lui répondit malhonnêtement ; et le nommé Balesdan, son oncle, propriétaire de la charrette, étant survenu, donna raison à son neveu, ce qui irrita Dauvergne, et alors il put injurier et menacer Balesdan. Celui-ci ramassa deux pierres et en jeta une à Dauvergne ; puis il s’avança sur lui et saisit la bride de son cheval. Dauvergne tira, pour l’effrayer, un couteau de chasse qu’apparemment Balesdan n’aperçut pas, et avec lequel il se blessa mortellement en se baissant pour saisir la jambe de Dauvergne et le renverser de son cheval. Balesdan mourut deux heures après.


1756. Geoffroy-Joseph De Caquerey, écuyer, sieur de Frileuse, demeurant à Boshyon en Lyons-la-Forêt, âgé de 18 ans.
    En septembre 1754, lui et Pierre-David De Caquerey, son
frère, sieur de Gaillonnet, chassant ensemble dans la paroisse de Montroty, à une demi-lieue de Boshyon, leur chien basset entra dans une pièce de blé, tandis qu’eux ils marchaient dans une jachère, tenant leurs autres chiens en lesse, pour qu’ils ne pussent entrer dans les blés. Le Vert fils, cultivateur, qui travaillait dans la campagne, ayant aperçu le chien basset, lui jeta une pierre, dont cet animal fut estropié. De là une querelle entre les deux chasseurs et le fils Le Vert qui marcha vers eux en les menaçant. L’un des deux frères mit la baïonnette au bout de son fusil pour l’empêcher d’avancer. Le Vert père, qui sciait les blés, voyant cela, vint se joindre à son fils ; ce dernier, croisant les bras et baissant la tête, fonça sur les deux frères, et se blessa lui-même à la baïonnette. Le sieur De Gaillonnet lui cria que s’il avançait davantage il allait tirer. Le Vert fils avança encore, pour désarmer le sieur De Gaillonnet ; alors ce dernier lui lâcha un coup de fusil, qui le fit tomber. Le Vert père se jeta sur le sieur De Gaillonnet, qu’il prit à la gorge, et qui, se sentant suffoquer, cria à son frère : Tire, car il m’étrangle. Le sieur de Frileuse tira un coup qui ne fit que noircir les vêtemens de Le Vert père, mais qui dut achever Le Vert fils qui respirait encore.


1757. André Barabbé fils, âgé de 21 ans, chaufournier, demeurant à Croisy-sur-Andelle.

Jean-Jacques Savalle, âgé de 25 ans, pêcheur à Croisy-sur-Andelle.

    Le 15 août 1755, jour de l’assemblée de Croisy, comme ils étaient à boire dans un cabaret avec plusieurs parens et amis, survinrent des jeunes gens d’Elbeuf-sur-Andelle, qui insultèrent Barabbé père. Puis ils chantèrent des chansons piquantes et outrageantes contre Savalle et sa compagnie. A deux heures après minuit, lorsque ces jeunes gens d’Elbeuf se retirèrent, Savalle et Barabbé, qui avaient la tête échauffée par le vin, les suivirent. Savalle arracha un pieu de saule
dans une haie ; Delorme, l’un des jeunes gens d’Elbeuf, le voyant le suivre de près, lui dit, en lui montrant son bâton : Avance si tu l’oses. Savalle s’avança, et lui asséna sur la tête un coup de pieu dont il mourut douze jours après.


1758. 1°. Adrien Badou, âgé de 23 ans, amidonnier, ne à Grainville-la-Teinturière.

2°. Nicolas Bertin, âgé de 23 ans, amidonnier, né à Sainte-Beuve-aux-Champs, diocèse de Rouen, demeurant rue des Chartreux, paroisse de Saint-Vivien de Rouen.

    Un dimanche qu’ils avaient bu à l’excès, au Mont-Renard, en rentrant le soir à Rouen, par la porte Cauchoise, ils eurent dispute avec plusieurs ouvriers ; Badou, furieux et passé de boisson, tua, d’un coup de couteau, dans la rue des Bons-Enfans, le nommé Bédeleau, l’un d’eux.


1759. François Dampierre, âgé de 32 ans, laboureur au hameau de Baudouville, paroisse de Limésy.
    Il avait tué Madeleine Cavelier, sa femme, et tout portait à croire qu’il l’avait tuée avec préméditation.
    Il fut déclaré indigne par le parlement. Le chapitre ne voulut point en élire d’autre.


1760. Jacques Romeuf, âgé de 32 ans, demeurant à Saint-Flour, en Auvergne, premier huissier audiencier au bailliage royal de Saint-Flour.
    Le 6 décembre 1758, accompagné de deux témoins, il exécutait une saisie dans le village de Seriers, et faisait emmener les bestiaux du sieur Roussel-Bourdon, qu’il avait eu ordre de saisir, lorsqu’il fut assailli, lui et ses deux témoins, par plusieurs femmes qui leur jetèrent des pierres. Les femmes agissaient ainsi à l’instigation des filles de Roussel-Bourdon ;
les hommes les animaient en leur disant : Tuez-les, nous sommes là pour vous soutenir. Romeuf fut obligé de céder à la force, et laissa enlever les bestiaux qu’il avait saisis. Il chercha à s’enfuir, mais il était cerné de toutes parts ; les pierres continuaient de tomber avec violence sur lui et sur ses témoins ; l’un de ces derniers fut atteint à la tête et terrassé ; Romeuf, lui-même fut blessé, et, voyant sa vie en danger, montra un pistolet d’arçon ; mais ce geste ne fit que porter à son comble la fureur de cette multitude qui le poursuivit avec acharnement, lui donnant, ainsi qu’à ses témoins, des coups de hoyau et de bâton, et leur jetant des pierres. Romeuf voulut tirer un coup de pistolet vers terre pour tâcher de les écarter, mais le pistolet fit long feu, et, partant au moment où Romeuf le relevait, alla tuer une femme qui se trouvait parmi cette multitude, et qui s’appelait Marie Chastan.


1761. René Rousée, âgé de 42 ans, journalier, demeurant à Chrétienville, près le Neufbourg, hameau du Bocage.

Françoise Olivier, sa femme, âgée de 46 ans.

    Un nommé Jean Buhot venait d’accabler de coups la femme Rousée, et allait la frapper encore. Rousée, averti par des voisins, survint, ayant à sa main une houe, dont il blessa mortellement Buhot, qui mourut sur la place.


1762. Pierre Nicolas, âgé de 48 ans, jaugeur, de la paroisse du Mesnil-Germain, diocèse de Lisieux.
    Le 27 mars 1759, il exerçait ses fonctions de jaugeur, à Livarot, dans un cabaret à l’enseigne du Soleil, lorsqu’un individu, qu’il ne connaissait pas, vint l’insulter, le maltraiter et le provoquer à se battre. Nicolas refusa, mais une heure après, comme il conduisait son cheval à la forge, il fut attaqué plus violemment encore par cet individu, qui voulait le
frapper de son bâton. Nicolas lui tira un coup de pistolet, dont il mourut trois jours après.


1763. André Gaumont, né à la Neuf-Grange, près Lyons-la-Forêt, garçon meunier, âgé de 47 ans.

    Un nommé Naudin, huissier, avec qui il avait eu une querelle, était parvenu à obtenir un décret de prise de corps contre lui. Le dernier dimanche de septembre 1762, étant au moulin d’Hennecy ou des Verdiers, il vit l’huissier Naudin qui, accompagné de records et d’archers, venait pour l’arrêter. N’imaginant aucun moyen de se sauver, il prit la pince du moulin, voulant en donner un coup à Naudin sur l’épaule ; mais le coup porta sur la tête de ce malheureux et le tua.


1764. Claude-Louis D’Espinay, écuyer, sieur de la Noë, âgé de 54 ans, de la paroisse de Couvains, diocèse d’Évreux.
    Un dimanche d’avril 1762, le sieur D’Espinay se rendait, en chassant, de Couvains à Glos. Voyant quatre ou cinq individus qui marchaient dans une de ses pièces de terre, il leur dit qu’il n’entendait pas que l’on passât dans son champ. L’un d’eux lui ayant répondu malhonnêtement, il lui donna un coup de bourrade et continua son chemin. Préamont, maître de l’homme qu’il venait de frapper, courut après lui, l’accablant d’injures et le menaçant de son bâton. D’Espinay, irrité, lui porta un coup de bourrade ; mais Préamont s’élança sur lui pour le désarmer, et, étant plus fort que lui, allait y réussir, lorsque le sieur D’Espinay, voyant qu’il y allait de sa vie, lâcha son coup de fusil sur Préamont et le tua.
    Le sieur D’Espinay était recommandé par le maréchal de Broglie.


1765. Louis Lemoine, maréchal, âgé de 24 ans, demeurant à Omonville-en-Caux.
    Le jour de la Pentecôte 1763, il était allé à Pierreville avec
quelques amis, et ils avaient joué à la boule ; ensuite ils entrèrent dans un cabaret où ils burent avec excès. Dans cet état voisin de l’ivresse, ils eurent une dispute avec un nommé Clément, marchand de porcs ; il fallut se battre. Lemoine sortit dans la cour et se colleta avec Clément, qui le terrassa. En se relevant, Lemoine ayant trouvé dans l’herbe une hache qu’il prit pour un bâton, en asséna un coup à Clément, qui mourut une heure après.


1766. Jean-Hervé Simon, sieur du Buisson, âgé de 30 ans, écuyer, lieutenant dans les gardes-côtes, capitainerie de La Hougue, demeurant à Turqueville.

Louis-Pierre Bonhomme, sieur des Marets, âgé de 27 ans, capitaine garde-côtes, capitainerie de La Hougue, beau-frère du précédent.

    Le 17 octobre 1763, revenant ensemble, échauffés de boisson, de la foire de Saint-Gabriel à Cliton (ou Clitourp), ils rencontrèrent, sur les confins de la paroisse de Brelleries, deux hommes qu’ils ne connaissaient point. Des Marets les attaqua en leur disant : « F... g..., pourquoi ne me saluez-vous pas ? » De là une querelle, puis une batterie dans laquelle on ne se servit d’abord que du bâton ; enfin, le sieur Du Buisson, qui était accouru au secours de son beau-frère, tira son épée et perça le nommé Le Pont, maçon, l’un de ces deux malheureux.


1767. Jean Bellencontre, âgé de 57 ans, tailleur d’habits à Heudreville, près Louviers.
    Il était batteur en grange chez le sieur Lecesne, à Saint-Ouen-de-Lalonde. Le dimanche 9 mars 1766, il eut une querelle avec le fils Lecesne ; et, la dispute s’échauffant, Bellencontre dit à Lecesne qui le menaçait de son bâton, que s’il avançait il allait lui tirer un coup de fusil. Il sauta en
effet sur un fusil accroché à la cheminée, et, voyant le fils Lecesne avancer vers lui, il tira et l’atteignit à la poitrine. Le coup était mortel, et Lecesne expira peu de tems après. Bellencontre fut arrêté, conduit aux prisons de Lalonde, puis à celles d’Orival, où il fut condamné à mort.


1768. Jean-François Moissant, âgé de 26 ans, né à Elbeuf-sur-Seine, sergent dans le régiment du Roi, infanterie.
    En novembre 1766, étant occupé à faire des recrues à Elbeuf, il fut, plusieurs jours de suite, troublé dans ses fonctions par un nommé Pierre Fête, ancien soldat retiré à Elbeuf, où il « étoit connu pour tapageur furieux. » Non content d’insulter Moissant, Fête lui donna, dans la rue, des coups de sabre, et voulut le forcer à se battre. Moissant s’étant écrié : « Que n’ai-je mes pistolets » ? un enfant alla répéter ce mot à la sœur de Moissant, qui lui apporta ses pistolets. Insulté de nouveau et provoqué par Fête, Moissant tira sur lui, et le tua.


1769. Nicolas Le Duc, âgé de 38 ans, laboureur, de la paroisse des Glandes, près Saint-Lô, diocèse de Coutances.

Louis Le Duc, âgé de 42 ans, laboureur, de la paroisse des Glandes, frère du précédent.

    Le 26 mai 1760, Nicolas Le Duc, revenant chez lui avec son fusil, trouva Louis Le Duc disputant avec Mathieu Le Duc, son voisin, qui avait voulu l’empêcher de passer dans sa masure pour reconduire quelqu’un. Nicolas Le Duc prit le parti de son frère, et voyant Mathieu Le Duc le menacer d’un coup d’éblacteur, il lui donna un coup de crosse de fusil, dont cet homme mourut onze jours après.


1770. Pierre Boisnet, âgé de 38 ans, du Puy-en-Velay, huissier au siége présidial de ladite ville, résidant à Brioude.
    En mai 1762, le nommé Filleré, huissier, porteur d’une ordonnance qui l’autorisait à forcer les portes d’une maison où il devait faire une saisie et à prendre main-forte, pria Boisnet de se joindre à lui et à ses records. Ils se rendirent à cette maison, appartenant à un nommé Le Seure. Cet homme était monté sur le toit de sa maison, et leur cria que non seulement il ne leur ouvrirait point, mais qu’il les empêcherait bien d’entrer ; et comme ils ordonnaient à un serrurier, qu’ils avaient amené avec eux, de forcer les portes, il fit pleuvoir sur eux une grêle de pierres. Boisnet s’introduisit, toutefois, dans la maison par une petite fenêtre du rez-de-chaussée, armé d’un fusil pour imposer à Boisnet, dont il redoutait la fureur, puis il ouvrit à ses compagnons qui entrèrent. Le Seure, outré de colère, détacha deux grosses pierres de sa cheminée, et s’en servit pour défoncer le toit de sa maison, qui tomba sur les huissiers et les records. Deux d’entre eux s’enfuirent, mais Boisnet n’y put réussir, embarrassé qu’il était dans les décombres. Le Seure le voyant dans cet état, se disposait à lui jeter une grosse pierre qu’il tenait à deux mains sur sa tête, lorsque Boisnet, voyant qu’il était en danger de périr, tira un coup de fusil à Le Seure, et le tua.


1771. Jean-Denis Duval, âgé de 50 ans, marchand de bois à Saint-Gervais-lez-Rouen.
    Depuis quelque tems il s’apercevait qu’on lui volait son bois. Le 20 décembre 1769, s’étant mis aux aguets dans le fond de Déville, avec le garde du bois de l’Archevêque, il vit bientôt paraître un homme qui emportait un baliveau de chêne. Cet homme voulait s’enfuir, mais Duval lui tira un coup de fusil.
Ce malheureux s’appelait Vinet, et sans doute il était bien pauvre, car, se sentant frappé à mort, il dit à Duval : « Mes enfants n’avaient point de pain pour ces fêtes (c’était peu de jours avant Noël), ils sont sûrs d’en avoir à présent. » Le malheureux expira trois jours après.


1772. Joseph Dupuy, âgé de 48 ans, laboureur, de la paroisse de Ybures, diocèse de Limoges.
    Il était logé chez Léonor Bureau, grand-père de sa femme ; ce dernier, qui était fort avare, ne donnait aux deux époux que du pain noir et des châtaignes. Les plaintes de Dupuy ne lui avaient valu que des injures, des menaces et quelquefois des coups. Bureau avait levé un jour son couteau sur Dupuy, qui n’avait évité le coup que par la fuite.
    Dupuy voulait s’en aller avec sa femme, mais il était nécessaire que Bureau fît quelques sacrifices, et il ne voulait pas en entendre parler. Le 10 mars 1760, Dupuy ayant fait de nouvelles instances, Bureau prit une bêche, dont il chercha à le frapper, et voyant que Dupuy parait les coups avec un bâton, il tira de sa poche un pistolet. Alors Dupuy s’élança sur lui pour le désarmer. Bureau, poussé violemment, tomba sur les marches d’un perron de pierre, et, dans cette chute, se blessa mortellement.
    Nota. Dupuy n’obtint pas la fierte, qu’il sollicitait depuis cinq ans. Le conseil supérieur (qui remplaçait, à cette époque, le parlement) le déclara indigne du privilége. Plus tard, le parlement étant rétabli, on obtint du roi des lettres de rémission pour Dupuy.


1773. Pierre Cauchois, âgé de 25 ans, de la paroisse d’Eturqueraye, élection de Pont-Audemer, domestique.
    La femme Taupin, sa belle-sœur, qui le haïssait, ayant un jour trouvé les moutons de Pierre Cauchois sur les terres de
son mari, les frappa avec une baguette, et les fit mordre et blesser par son chien. Pierre Cauchois lui en faisant des reproches, il s’éleva entre eux une dispute, et enfin ils se battirent. La femme Taupin égratigna, mordit ; elle reçut quelques coups de baguette sur le bras et sur les jupons. Elle mourut douze ou quinze jours après. Cauchois niait qu’elle eût pu mourir des coups qu’il lui avait portés. Il est certain que, depuis sa lutte avec son beau-frère, elle avait fait une chute de cheval, et était tombée du haut d’un pommier.


1774. René Cottereau, âgé de 54 ans, du comté d’Averton, pays du Maine, garde des bois et chasses du marquis de Becthomas, comte d’Averton.
    Dans une soirée de décembre 1766, ayant surpris Jacques Trouillé qui coupait du bois verd dans les bois du comte d’Averton, il voulut l’arrêter. Trouillé résista, essaya de se saisir du fu$il de Cottereau, qui était chargé ; dans ce débat, le fusil partit et tua Trouillé.


1775. François Bertrand, âgé de 41 ans, muletier à Brives, paroisse de Saint-Georges, diocèse du Puy.
    Le jeudi-saint 1754, Bertrand, revenant de la foire du Puy, ramenait à Brives douze mulets et deux porcs ; il rencontra, dans le faubourg Saint-Jean du Puy, le nommé Chazelet qui venait au Puy. Chazelet, qu’il ne connaissait pas, lui demanda s’il voulait lui vendre ses deux cochons ; Bertrand ayant refusé assez sèchement, une dispute s’éleva entr’eux ; Chazelet donna un coup de houssine à Bertrand, qui, cherchant à se jeter sur lui, fut blessé d’un coup de pistolet. Bertrand tenait à sa main un couteau avec lequel il raccommodait son fouet ; se sentant blessé par Chazelet, il lui donna un coup avec ce couteau. Chazelet mourut le jour de Pâques.


1776. Pierre Mainot, âgé de 39 ans, marchand de vin, intéressé dans plusieurs navires, demeurant à Canteleu-lez-Rouen.

Charles-André Delacroix, dit Tiennot, âgé de 23 ans, de Canteleu, journalier chez Pierre Mainot, ancien soldat dans le régiment de Nivernois, compagnie d’Amfreville.

    Le 22 novembre 1775, ils avaient tué, de complicité, au bas de Canteleu, sur le bord de la rivière, le nommé Rocque, brigadier dans les fermes, employé au poste du Val-de-la-Haie, qu’ils prirent ou feignirent de prendre pour un voleur. (Voir l’histoire.)


1777. Thomas Le Mire, âgé de 52 ans, de la paroisse de Berthouville, diocèse de Lisieux, garde de M. De Morsan, près de Bernay.
    Le 22 octobre 1774, revenant de Bernay à Morsan, il rencontra Nicolas Delamare (de Berthouville), accompagné de deux marchands de chevaux. Nicolas Delamare en voulait à Lemire, qui avait concouru à le faire arrêter précédemment pour un délit. Dès qu’il l’aperçut, il commença à l’insulter et s’avança vers lui en le menaçant. Le Mire avait son fusil ; il déclara plusieurs fois à Delamare que s’il continuait de le maltraiter, il se servirait de son arme. Delamare continuant de s’avancer en proférant des injures et des menaces, Le Mire fit feu sur lui et le tua.
    M. De Montholon, premier président au parlement, et le comte de Montholon, son frère, avaient sollicité vivement en faveur de Le Mire. Le registre du chapitre nous apprend que « cette compagnie étant assemblée dans la bibliothèque avant de commencer la cérémonie de la procession, ces deux personnages vinrent remercier la compagnie en corps, de ce
qu’elle avoit accordé le privilége à Thomas Le Mire, auquel ils prenoient un grand intérêt. »


1778. Messire René-Alexis De Varice, âgé de 37 ans, chevalier, seigneur des Epoix, Cercey, la Vieille-Lande, Jussey et autres lieux, ancien aide-major de cavalerie légère, demeurant à la Vieille-Lande, paroisse de Cercey, diocèse de Poitiers.
    Se trouvant dans un cercle avec le sieur Girard de Beauvais, officier dans les dragons de La Rochefoucault, ce dernier le traita de braconnier. De là une vive querelle entre ces deux gentilshommes ; ils mirent l’épée à la main et se battirent. Le sieur Girard de Beauvais fut tué.
    Il était neveu du général marquis de la Ravoie, gouverneur de Mézières et de Charville. Il avait sollicité sa grâce du roi ; toutes ses démarches pour l’obtenir avaient été inutiles.


1779. Claude Boinet, âgé de 29 ans, garçon serrurier, de la paroisse de Tours, près d’Abbeville, diocèse d’Amiens.


    Le 4 mars 1772, jour du mardi-gras, revenant du hameau de Doudan à Tours, un peu échauffé d’avoir bu, il fut insulté par deux ou trois individus qui lui jetèrent des mottes de terre, et lui donnèrent des coups de bâton. Armé d’un couteau avec lequel il se décrottait au moment où on l’avait assailli, il se défendit et tua un nommé Blondel, marchand de moutons, l’un de ses agresseurs, qu’il ne connaissait pas plus que les autres.
    Recommandé par Monsieur, frère du roi, roi lui-même, depuis, sous le nom de Louis XVIII.


1780. Prosper-Honoré Le Chevalier, sieur des Ifs, âgé de 36 ans, brigadier au régiment des cuirassiers du roi, de la paroisse d’Ectot, diocèse d’Évreux, élection de Conches, généralité d’Alençon.
    Le 13 août 1760, étant âgé de 16 à 17 ans, il avait tué, d’un coup de couteau de chasse, un dragon de la Reine, qui avait insulté et maltraité le sieur Des Ifs, son père. (Voir l’histoire.)
    Il était recommandé par le duc de Charost.
    Nota. Un Le Chevalier, sieur des Ifs, avait levé la fierte en 1570.


1781. Pierre Moignet, âgé de 39 ans, né au Mesnil-Hubert, près Bayeux, marchand de bœufs.
    Le 14 avril 1767, il chassait, avec MM. Néel, écuyer, et Delarue, seigneur de Taillebois, et il venait de tuer un lièvre sur les terres de la marquise de la Forêt, belle-mère du marquis de Vassy, lorsque survinrent le garde du duc d’Harcourt, et celui du marquis de Vassy. Ce dernier, qui s’appelait Royer, cria à Moignet de rendre son fusil ou de le poser par terre. Moignet, sur son refus, se vit poursuivi de près par Royer, qui le couchait en joue, et lui disait : c’est fait de toi ; alors il lâcha son coup de fusil contre Royer, qui mourut peu d’instans après. Royer, avant d’être atteint, avait tiré sur Moignet, qui fut blessé, mais non mortellement.


1782. Jean-Romain Lefebvre, âgé de 23 ans, né au Thuit-Simer, demeurant à Elbeuf-sur-Seine, paroisse de Saint-Étienne, ci-devant tailleur de pierres, maintenant soldat dans les grenadiers royaux.
    Le 5 mai 1780, étant dans un état complet d’ivresse, il tua, dans le presbytère du Thuit-Simer, le nommé Benoît Girard, ouvrier tondeur de draps, qu’il avait engagé comme soldat, et qui voulait rompre cet engagement pour en contracter un autre plus avantageux. Le bailli d’Elbeuf l’avait condamné à mort.


1783. Charles Dannequin, âgé de 60 ans, demeurant à Tournedos-sur-Seine, ci-devant garde et fermier du président du Portail.
    Toutes les nuits, les braconniers venaient voler des lapins dans la garenne de Léry. Le 22 février 1777, Dannequin alla, avec son fils et deux domestiques armés comme lui, épier ces braconniers ; il ne tarda pas à en voir un qui, l’ayant aperçu le premier, le couchait en joue. Dannequin le somma cinq ou six fois de lui dire son nom ; ce braconnier refusa toujours, et donna un coup de sifflet qui fit venir un de ses camarades. Dannequin, se voyant couché en joue par ces deux hommes, tira et tua le nommé Martel, laboureur, l’un d’eux.
    Il avait en vain sollicité sa grâce, il n’avait pu l’obtenir, même à l’époque de la naissance du Dauphin.
    Le marquis de Conflans l’avait recommandé au chapitre.


1784. Michel Aubert, âgé de 36 ans, journalier, de la paroisse d’Étreville.

Marin-François Morisse, âgé de 32 ans, marchand de poissons, de la paroisse d’Eturqueraye.

François Morisse, âgé de 36 ans, journalier, demeurant à Étreville.

Adrien Perrey, âgé de 27 ans, de la paroisse d’Étreville, journalier.

    Revenant du Vieux-Port, où Marin-François Morisse était allé chercher des moules, ils furent insultés, et couchés en joue par un nommé Jacques Deschamps, qu’ils ne connaissaient pas. Marin-François Morisse lui jeta un caillou à la tête, et le tua.


1785. Nicolas Girard, âgé de 50 ans, né au Mineray, demeurant en la paroisse de Bourg, près de Verneuil, dans le Perche, fabricant d’épingles.
    Le 9 août 1782, se voyant assailli à coups de pierres par
des enfans du hameau de Mineray, il les menaçait de la crosse de son fusil, lorsque survint Nicolas Maloiset, âgé de 19 ans, qui lui dit qu’il avait tort de bourrader des enfans, et s’efforça de le désarmer ; Girard résista ; dans la lutte, le fusil partit, et Maloiset fut tué.


1786. Jean-Baptiste Fouquet, âgé de 48 ans, marchand, et syndic militaire de la paroisse du Bourgtheroulde, en Roumois.
    Sa femme lui avait toujours donné, depuis leur mariage, de graves sujets de plainte ; elle avait même été enfermée deux fois dans des maisons de force à Paris et à Lisieux, à raison des désordres dont elle s’était rendue coupable. Toutefois, une réconciliation s’était opérée entre eux, sous la promesse qu’elle avait faite de changer de vie. Mais elle était retombée dans ses anciens désordres, s’enivrant sans cesse et fréquentant les plus mauvaises compagnies. Le 10 juin 1781, fête de la Trinité, Fouquet, voyant un de ses enfans, âgé de huit ans, qui pleurait de ne pouvoir se coucher, parce que sa mère s’était enfermée dans sa chambre, alla enfoncer violemment la porte de cette chambre, et trouvant sa femme ivre, la frappa, à diverses reprises, avec un débris de la porte. Elle mourut quelques jours après.


1787. Il n’y eut point de prisonnier délivré. (Voir l’histoire.)


1788. Aimable Berthe, âgé de 37 ans, né à Rouen, paroisse de Saint-Maclou, cordier à Yvetot.
    Le 6 avril 1781, ils buvaient depuis plusieurs heures, dans un cabaret d’Yvetot, lui et un nommé Le Breton avec qui il s’était réconcilié après une querelle assez récente encore. En buvant, leurs têtes s’échauffèrent et leur querelle se renouvela. Berthe, blessé des injures que lui prodiguait Le Breton, se saisit d’une bouteille de bière à demi-pleine, qui était sur la
table, et la lui jeta à la tête. Le Breton mourut quatre ou cinq jours après.


1789. 1°. François Lefebvre.

2°. Georges Lefebvre, son fils, cordonnier en la paroisse de Campigny, diocèse de Bayeux.

    Le 22 novembre 1788, Georges Lefebvre, voyant son père, âgé de 70 ans, battu et terrassé par un nommé Pierre Castel, sur le grand chemin de Bayeux à la mine de Litry, prit un ferrement perçant et coupant (dit le registre de la Tournelle), en donna trois coups à Castel, et le tua.
    Le père et le fils furent délivrés et figurèrent ensemble à la cérémonie.
    Georges Lefebvre avait été condamné à être pendu ; le père avait été condamné à l’amende honorable et à assister au supplice de son fils.


1790. Nicolas Béhérie, ou Béherée, de Boissay-sur-Ry. Marie-Anne Pinel, son épouse.
    Le 22 octobre 1788, une dispute s’était élevée entre la femme Béhérie et le sieur Buquet, son propriétaire. Leurs cours étaient contiguës ; la femme Béhérie avait chassé, en le maltraitant, un porc qui appartenait au sieur Buquet ; de plus, Buquet accusait cette femme de secouer ses pommiers pour faire tomber les branches mortes qu’elle s’appropriait. Dans la dispute, le sieur Buquet frappa la femme Béhérie, qui cria et appela son mari à son secours. Béhérie accourut, armé d’une gaule au bout de laquelle il y avait un crochet de fer ; et il frappa avec cet instrument le sieur Buquet, qui rentra chez lui se coucher, et mourut quelques heures après.
    Ce sont les derniers individus qui aient levé la fierte.


FIN DE LA LISTE DES PRISONNIERS.