Aller au contenu

Histoire maccaronique/6

La bibliothèque libre.
(sous le pseudonyme de Merlin Coccaie)
Adolphe Delahays (p. 93-109).


LIVRE SIXIEME.


Or voicy Comine, qui sc prescnte pour vous declarer unc entreprinse merveilleuse, et vient donner secours et aide à son Merlin. Gose, qui est sçavante à bien preparer des trippes Milanoises, a assez chanté dès son commencement l’origine de Balde, sa naissance, son enfance, et sa jeunesse. Holà ! cà, icy, vous, Berthuzze, mere de Gonelle, qui sçauriez bien faire à un diable subtil, une sausse maligne ; Cingar le delié vous servira d’une matiere ample. Commencez à reciter les larrecins, les voleries, les piperies, et toutes sortes de tromperies de Cingar, et les déchifrez au long à toute la compngnie. Je vous en prie, par la teste de veau cuite avec sa peau, qu’autrefois vous desrobastes subtilement à Follet soubs son lict, quand luy seul se preparoit pour aller soupper avec Morgane[1] la Fée, et remplir à profit de mesnage ses flancs de bon rosti. Et, en recompense, je desire, que la scellee de mon mulet te soit agreable, quand les jeudis tu galloppes dessus Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/156 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/157 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/158 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/159 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/160 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/161 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/162 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/163 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/164 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/165 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/166 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/167 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/168 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/169 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/170 retenir sa ratte d’esclatter. « A dire verité, dit-il, ô Tognazze, c’est un grand crevecueur pour tes affaires d’avoir perdu une telle femme. Car ta maison, tes biens, vont sans dessus dessous, depuis que tu l’as perdue, elle qui estoit Dame et gouvernante de toutes tes affaires ; mais elle est morte, qu’as-tu besoin de tant t’en soucier ? Prens-en une autre jeune, mon bon homme, qui te puisse eschauffer ? Ne doute point que tu n’en trouves. Nous demeurons tous deux en un endroit où il y a abondance de tel bestial : à la mienne volonté que la cherté fust compensée en autant d’abondance de pain, qu’il y a de femmes par le monde. » Et, en disant cecy, il feit signe de l’œil à Berthe à ce qu’elle eust à se retirer, parce qu’il vouloit seul demeurer avec Tognazze. Berthe, fine, sachant ce que Cingar trainoit, prend congé de Tognazze en luy faisant une grande reverence, et luy donnant une œillade aspre et picquante. Et, toy, Comine, tu as assez chanté. Voicy Gose, qui a preparé le gouster pour toy et pour moy. Il y a desjà long-temps que le pot bout, plein de bon potage.

  1. Cette fée est une de celles qui jouent un grand rôle dans les romans de chevalerie. Rabelais en fait mention sous le nom de Morgue au chap. xxiii de son second livre, et ce passage présente, dans les éditions originales, une variante remarquable que nous avons, ce nous semble, signalée les premiers en 1844 (Notice sur une édition inconnue du Pantagruel). Au lieu de la leçon donnée dans toutes les éditions connues jusqu’alors : « Pantagruel ouyt nouvelles que son père Gargantua avoit esté translaté au pays des phées par Morgue comme feut jadis Ogier et Artus, » maître François avait d’abord écrit : « Comme feut jadis Enoch et Elie, » mais cette saillie, d’une témérité irréligieuse, disparut aussitôt dans toutes les réimpressions.