Histoire maccaronique/6
r voicy Comine, qui sc prescnte pour vous declarer
unc entreprinse merveilleuse, et vient donner secours
et aide à son Merlin. Gose, qui est sçavante à bien preparer
des trippes Milanoises, a assez chanté dès son commencement
l’origine de Balde, sa naissance, son enfance,
et sa jeunesse. Holà ! cà, icy, vous, Berthuzze, mere de
Gonelle, qui sçauriez bien faire à un diable subtil, une
sausse maligne ; Cingar le delié vous servira d’une matiere
ample. Commencez à reciter les larrecins, les voleries,
les piperies, et toutes sortes de tromperies de Cingar,
et les déchifrez au long à toute la compngnie. Je vous en
prie, par la teste de veau cuite avec sa peau, qu’autrefois
vous desrobastes subtilement à Follet soubs son lict, quand
luy seul se preparoit pour aller soupper avec Morgane[1]
la Fée, et remplir à profit de mesnage ses flancs de bon
rosti. Et, en recompense, je desire, que la scellee de mon
mulet te soit agreable, quand les jeudis tu galloppes dessus Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/156 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/157 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/158 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/159 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/160 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/161 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/162 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/163 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/164 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/165 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/166 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/167 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/168 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/169 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/170 retenir sa ratte d’esclatter. « A dire verité, dit-il, ô Tognazze,
c’est un grand crevecueur pour tes affaires d’avoir
perdu une telle femme. Car ta maison, tes biens, vont
sans dessus dessous, depuis que tu l’as perdue, elle qui
estoit Dame et gouvernante de toutes tes affaires ; mais
elle est morte, qu’as-tu besoin de tant t’en soucier ?
Prens-en une autre jeune, mon bon homme, qui te puisse
eschauffer ? Ne doute point que tu n’en trouves. Nous demeurons
tous deux en un endroit où il y a abondance de
tel bestial : à la mienne volonté que la cherté fust compensée
en autant d’abondance de pain, qu’il y a de femmes
par le monde. » Et, en disant cecy, il feit signe de l’œil à
Berthe à ce qu’elle eust à se retirer, parce qu’il vouloit
seul demeurer avec Tognazze. Berthe, fine, sachant ce
que Cingar trainoit, prend congé de Tognazze en luy faisant
une grande reverence, et luy donnant une œillade
aspre et picquante. Et, toy, Comine, tu as assez chanté.
Voicy Gose, qui a preparé le gouster pour toy et pour
moy. Il y a desjà long-temps que le pot bout, plein de bon
potage.
- ↑ Cette fée est une de celles qui jouent un grand rôle dans les romans de chevalerie. Rabelais en fait mention sous le nom de Morgue au chap. xxiii de son second livre, et ce passage présente, dans les éditions originales, une variante remarquable que nous avons, ce nous semble, signalée les premiers en 1844 (Notice sur une édition inconnue du Pantagruel). Au lieu de la leçon donnée dans toutes les éditions connues jusqu’alors : « Pantagruel ouyt nouvelles que son père Gargantua avoit esté translaté au pays des phées par Morgue comme feut jadis Ogier et Artus, » maître François avait d’abord écrit : « Comme feut jadis Enoch et Elie, » mais cette saillie, d’une témérité irréligieuse, disparut aussitôt dans toutes les réimpressions.