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Histoire naturelle (trad. Littré)/II/104

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 144).
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Livre II — § 104

CIV.

1 Ainsi la mer, malgré sa vaste étendue, en reçoit une saveur salée, soit que la force ignée en attire les parties douces et ténues qui sont les plus faciles à enlever, et laisse ce qui est plus âpre et plus épais (raison qui fait que l’eau profonde est plus douce que l’eau de la superficie, et par laquelle on explique bien plus véritablement le goût amer qu’en disant que la mer est la sueur éternelle de la terre), soit que le mélange de vapeurs arides produise cet effet, soit que la terre par sa nature gâte le goût des eaux de mer, comme elle gâte celui des sources médicinales. 2On rapporte qu’au moment où Denys, tyran de Sicile, fut chassé du trône, la mer, par un prodige, devint douce dans le port pendant un jour.

3(CI.) Au contraire, on regarde la lune comme un astre femelle et mou, qui résout les humidités nocturnes, et sans les enlever, violemment les attire. On dit en preuve que les cadavres des animaux tombent en putréfaction sous son regard ; qu’elle jette dans le coma les personnes endormies : qu’elle fond la glace, et qu’elle relâche tout par son souffle humide : 4qu’ainsi les choses se compensent, et que la nature se suffit toujours à elle-­même par l’action des astres, dont les uns condensent et les autres raréfient les éléments. On ajoute que l’aliment de la lune est dans les eaux douces, celui du soleil, dans les eaux de la mer.