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Histoire naturelle (trad. Littré)/II/44

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 120).
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Livre II — § 44

XLIV.

1(XLIV.) Je ne nierai pas non plus que des vents, ou plutôt des souffles, ne puissent provenir aussi d’une exhalaison aride et sèche de la terre ; qu’ils ne puissent sortir des eaux donnant issue à un air qui ne se condense pas en brouillards, ni ne s’agglomère en nuages ; qu’ils ne puissent enfin être déterminés par l’impulsion du soleil, puisque le vent, on le sait, n’est qu’un courant d’air. 2À ces causes on peut en joindre bien d’autres ; car nous voyons certains vents s’élever des fleuves, des golfes, et de la mer même tranquille ; et d’autres, qu’on appelle Autans, venir de terre. Ces vents, revenant de la mer à la terre, sont appelés Tropées ; continuant à porter en haute mer, Apogées.

3(XLIV.) Les montagnes avec leurs lignes brisées, avec leurs sommets nombreux, avec leur croupe coudée ou arrondie, avec leurs vallées profondes, fendant par leurs inégalités l’air qui les frappe (disposition qui, en beaucoup d’endroits, produit des échos sans fin), sont une cause de vents.

4(XLV.) Il y a même des cavernes qui en produisent : telle est, sur la côte de Dalmatie, une caverne qui offre un abîme à large embouchure : il suffit d’y jeter l’objet le plus léger, même en un jour calme, pour qu’il en jaillisse une tempête semblable à un tourbillon ; le lieu se nomme Senta. Bien plus, dans la Cyrénaïque se trouve, dit-on, une roche consacrée au vent du midi : y porter la main est un sacrilège, et aussitôt le vent du midi soulève les sables. Dans beaucoup de maisons mêmes, des endroits humides et complètement à l’abri font sentir un souffle, tant il y a de causes de vents.