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Histoire naturelle (trad. Littré)/II/46

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 121-122).
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Livre II — § 46

XLVI.

1(XLVII.) Les anciens n’ont compté que quatre vents, et Homère (Od. V, 295) n’en nomme pas davantage pour les quatre points cardinaux, division qui bientôt parut trop grossière. À ces quatre l’âge suivant en ajouta huit, division qui, à son tour, parut trop subtile et trop fractionnée. Alors on jugea convenable de prendre un terme moyen, et d’ajouter à la division trop succincte quatre vents pris à la division trop nombreuse. Il y a donc deux vents dans chacune des quatre parties du monde. Le Subsolanus (est), venant du lever du printemps ; le Vulturne (sud-est), venant du lever de l’hiver : les Grecs appellent le premier Aphéliotes, le second Eurus ; l’Auster (sud), venant du midi ; l’Africus (sud-ouest), venant du coucher de l’hiver : 2les Grecs les appellent Notus et Libs ; le Favonius (ouest}, venant du coucher du printemps ; le Corus (nord-ouest), du coucher de l’été : Zephyr et Argestes en grec ; le Septentrion (nord), venant du septentrion, et l’Aquilon (nord-est), soufflant entre le précédent et le lever de l’été : Aparctias et Borée en grec. Dans la rose la plus nombreuse on avait intercalé quatre rhombes : le Thrascias (nord-nord-ouest), dans l’espace intermédiaire entre le septentrion et le coucher du midi ; le Cæcias (est-nord-est), venant du lever de l’été, entre l’Aquilon et le lever du printemps ; le Phœnicias (27) (sud-sud-­est), dans la région intermédiaire entre le lever de l’hiver et le midi ; et de même, entre le Libs et le Notus, le Libonotus (sud-sud-ouest), composé de l’un et de l’autre, intermédiaire entre le midi et le coucher de l’hiver. 3Ce n’est pas tout : d’autres ont ajouté un vent (nord-est-nord) appelé Meses, entre le Borée et le Cæcias, et un vent (sud­-est-sud) appelé Euronotus, entre l’Eurus et le Notus. Il y a en outre des vents particuliers à chaque contrée, et qui ne s’étendent pas au delà d’une certaine limite : tel est dans l’Attique le Sciron, déviant un peu de l’Argestes, et inconnu dans le reste de la Grèce ; le même, quand il est un peu plus septentrional, est appelé Olympias ; dans le langage habituel, on rapporte à l’Argestes ces dénominations. 4Quelques-uns nomment le Cæcias vent d’Hellespont ; au reste, les appellations de ces mêmes vents varient suivant les localités. Dans la Narbonnaise, il est un vent très célèbre, le Circius, qui ne le cède en violence à aucun, et qui la plupart du temps porte à Ostie en droite ligne, à travers la mer de Ligurie. Non seulement il est inconnu dans les autres contrées, mais même il ne se fait pas sentir à Vienne, ville de la même province : à peu de distance, ce vent si terrible est arrêté par l’interposition d’une chaîne de médiocre hauteur. Fabianus assure que les vents du midi ne se font pas sentir en Égypte. Là intervient manifestement une loi naturelle, qui règle la durée et les limites des vents eux-mêmes.