Histoire naturelle (trad. Littré)/II/49

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 123-124).
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Livre II — § 49

XLIX.

1 Quant aux souffles soudains qui, nés, comme nous l’avons dit (II, 42), des exhalaisons de la terre, s’élèvent pour être de nouveau précipités, ils s’entourent d’abord d’une enveloppe de nuage, et présentent des apparences variées. En effet, tantôt ils errent et se précipitent comme des torrents, et, dans ce mouvement, produisent les tonnerres et les éclairs, d’après l’opinion déjà citée (II, 43) de quelques-uns ; tantôt, roulant avec un poids et une violence plus grande, s’ils déchirent largement la nuée sèche, ils engendrent un ouragan appelé par les Grecs Ecnéphias. Si, au contraire, pris et roulés dans le pli d’une nuée qui les resserre davantage, ils la brisent sans feu, c’est-à-dire sans foudre, ils s’engouffrent, et forment ce qu’on appelle Typhon, c’est-à-dire un Ecnéphias qui tournoie. 2Il entraîne avec lui ce qu’il arrache à la nue glacée, tourbillonnant, roulant, augmentant le poids de sa chute du poids qu’il emporte, et passant de lieu en lieu par un mouvement rapide de rotation. Il est le principal fléau des navigateurs, brisant non seulement les antennes, mais encore les vaisseaux eux-mêmes, qu’il fait tournoyer. On n’a contre ses attaques qu’un bien faible remède dans des aspersions de vinaigre, liquide dont la nature est très froide. Ce même typhon, se relevant par l’effet du choc, aspire les objets qu’il saisit, et les emporte avec lui dans l’espace.