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Histoire naturelle (trad. Littré)/II/71

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 133-134).
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Livre II — § 71

LXXI.

1 Les autres phénomènes qui nous étonnent ont leur cause dans la figure de la terre elle-même, qui, avec les eaux, a une forme sphérique, ainsi que le prouvent les mêmes arguments. De cette façon les astres du nord ne se couchent jamais pour nous, les astres du midi ne se lèvent jamais, et ceux de notre pôle ne sont pas vus par les peuples de l’autre, à cause de la convexité intermédiaire de la terre. 2La grande Ourse n’est pas visible dans la Troglodytique ni dans l’Égypte, qui y touche ; Canope, la Chevelure de Bérénice, et la constellation qui, sous le dieu Auguste, reçut le nom de Trône de César, étoiles remarquables dans ces contrées, ne sont pas visibles en Italie. La terre a une courbure si manifeste, que Canope, pour l’horizon d’Alexandrie, s’élève de la quatrième partie d’un signe environ ; pour l’horizon de Rhodes, rase pour ainsi dire la terre, et cesse absolument d’être visible dans le Pont, où la grande Ourse est très élevée. Cette dernière constellation se couche dès l’île de Rhodes, elle se couche bien davantage pour Alexandrie ; en Arabie, au mois de novembre, cachée durant la première veille (le premier quart de la nuit), elle se montre à la seconde (le second quart) ; à Méroé, elle apparaît un peu au solstice d’été le soir, et, pendant quelques jours avant le lever d’Arcturus (12 février) (XVIII, 65), elle est également visible au matin. Ces phénomènes s’observent surtout dans les voyages maritimes, suivant que les navigateurs remontent ou descendent la mer : alors des astres que cachaient les parties proéminentes du globe brillent soudainement aux yeux, comme s’ils sortaient des flots. 2Ce n’est pas, comme l’ont dit quelques-uns, que le monde soit plus élevé à notre pôle, car alors les astres qui l’entourent seraient vus de toutes parts. Mais les astres paraissent élevés pour ceux qui sont voisins, paraissent abaissés pour ceux qui en sont loin ; et tandis que le pôle sous lequel nous sommes nous semble à une grande hauteur, d’autres astres s’élèvent, les nôtres s’abaissent pour ceux qui passent de l’autre côté de la terre ; ce qui ne peut être que dans une figure sphérique.