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Histoire naturelle (trad. Littré)/II/80

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 136).
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Livre II — § 80

LXXX.

1(LXXVIII.) Ici viennent les faits qui dépendent de ces influences célestes. Les Éthiopiens sont, en raison de la proximité, brûlés par la chaleur du soleil. Ils naissent comme s’ils avaient été soumis à l’action du feu ; leur barbe et leurs cheveux sont crépus. Dans la plage opposée, dans la zone glaciale, les habitants ont la peau blanche, une longue chevelure blonde. La rigueur du climat rend farouches les peuples du nord ; la mobilité de l’air (VI, 35) rend stupides ceux de la zone torride. La conformation des jambes mêmes montre chez les uns l’action de la chaleur, qui appelle les sucs dans les parties supérieures ; chez les autres, l’afflux des liquides tombant dans les parties inférieures. Au nord, des bêtes pesantes ; au midi, des animaux de formes variées, surtout parmi les oiseaux, qui offrent toutes sortes de figures. 2Des deux côtés la taille des habitants est haute, ici par l’action des feux, là par l’abondance des liquides. Dans l’espace intermédiaire la température est salubre ; le sol est propre à toutes les productions ; la taille est médiocre ; la couleur même de la peau présente un juste mélange ; les mœurs sont douces, les sens pénétrants, l’intelligence féconde, et capable d’embrasser la nature entière. Ce sont ces peuples qui ont l’empire ; les nations des zones extrêmes ne l’ont jamais eu. Il est vrai qu’elles n’ont pas non plus été assujetties par eux ; mais, détachées du reste du genre humain, elles vivent solitaires sous la nature inexorable qui les accable.