Histoire politique des États-Unis/Tome 2/Leçon 7

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Charpentier (2p. 119-143).
SEPTIÈME LEÇON
rappel de l’acte du timbre. — nouvelles taxes. — lettres d’un fermier de pensylvanie. — non-importation.

Le 13 mai 1766 on apprit en Amérique que l’acte du timbre était révoqué ; la joie fut universelle. Les noms de Pitt, de lord Cambden, du colonel Barré étaient dans toutes les bouches. La Caroline du Sud vota une statue à Pitt ; New-York en éleva une à Pitt et au roi. La Virginie vota une statue au roi, et un obélisque où seraient gravés les noms de ceux qui, dans le Parlement d’Angleterre, avaient défendu la liberté. À Boston, ce furent des illuminations sans fin ; l’arbre de la liberté eut une lanterne à chaque branche. On paya les dettes des prisonniers civils et on les mit en liberté. Hancock donna au peuple un tonneau de madère et un feu d’artifice[1]. Heureux d’être sorti vainqueur d’une crise terrible, on se comparait à Joseph, vendu par ses frères, et racheté d’une éternelle servitude. La chaire retentissait des louanges de l’homme d’État qui avait pris en main la cause de la justice. On faisait partout des vœux pour son bonheur et sa santé.

« C’est à vous, Pitt, s’écriait Mayhew, l’orateur populaire, c’est à vous que l’Amérique reconnaissante doit d’être rétablie dans sa première liberté ! Que cette joie universelle d’un pays qui vous bénit comme étant son père, que ces vœux ardents adressés au ciel pour vous, vous donnent un sublime et divin plaisir. Puissent-ils vous donner la force de prendre votre lit et de marcher, comme le paralytique guéri par la parole de Celui qui est descendu du ciel pour nous affranchir. Puissiez-vous vivre longtemps, en pleine santé, heureux et honoré !… Que de longues années s’écoulent avant que vous cessiez de plaider la cause de la liberté sur la terre[2]. »

Au milieu de cette joie, Otis, animé par le succès, disait tout haut ce que chacun commençait à penser tout bas, c’est que la distinction entre les taxes intérieures et les taxes extérieures n’avait point de sens. Puisque le Parlement venait de renoncer à la première prétention, il avait abandonné du même coup la seconde ; les marchands auraient grand tort d’accepter des lois qui taxeraient leur commerce ; leur propriété devait être libre comme toutes les autres.

Ces paroles d’Otis, qui se faisait l’écho de ses concitoyens, ouvrent le second acte de cette tragédie qui devait finir par l’émancipation de l’Amérique. En Angleterre on avait cédé, comme un père cède à ses enfants, en réservant ses droits tout en abandonnant une demande particulière. La déclaration qui affirmait la suprématie illimitée du Parlement, et qui accompagnait le rappel de l’acte du timbre, était plus hostile que le timbre même aux droits prétendus par les colons. Elle disait « que le Parlement a, et doit avoir de droit la puissance de lier et d’obliger les colonies, en toute circonstance[3]. » En Amérique, au contraire, on supposait que la mère patrie avait renoncé à toute prétention d’imposer les colonies. Il y avait là un malentendu qui devait amener bientôt de nouvelles difficultés.

George III n’avait vu dans le rappel de la loi qu’une faiblesse fatale, qui avait à jamais blessé la majesté de l’Angleterre. Dans le Parlement comme dans le pays, ce n’était peut-être pas la minorité qui pensait comme le roi.

L’acte rappelé, le secrétaire d’État Conway écrivit le 31 mars 1766, aux gouverneurs des colonies, une circulaire où il était dit que « le roi et le Parlement étaient disposés non-seulement à pardonner, mais à oublier les preuves injustifiables d’un esprit de désobéissance qui n’avait été que trop visible dans les dernières affaires ; » en même temps on enjoignait aux gouverneurs de recommander fortement aux assemblées d’indemniser les personnes qui avaient souffert à cause de leur déférence aux actes de la Législature anglaise. Il y avait eu en effet des excès regrettables à Boston et à New-York dans l’été de 1765.

En juin 1766, la lettre du secrétaire d’État fut mise sous les yeux de l’assemblée du Massachusetts par le gouverneur Bernard. C’était un partisan déclaré de la suprématie anglaise ; son ambition était de faire de l’Amérique une Angleterre avec noblesse et Église établie ; c’était de plus un homme raide et quinteux ; il avait donc peu d’égards pour cette assemblée de planteurs et de marchands qui, de son côté, se défiait de lui comme d’un ennemi, et qui n’avait que trop raison de s’en défier.

En communiquant la lettre à l’assemblée, Bernard ajouta que la justice et l’humanité de cette réquisition[4] était si évidente, qu’elle ne souffrait pas de discussion, et que d’ailleurs l’autorité dont elle émanait devait empêcher tout débat.

L’assemblée reçut fort mal ce langage hautain, que rien ne justifiait. Elle demanda au gouverneur quelle liberté il lui restait, si elle ne pouvait ni discuter une réquisition si juste, ni débattre ce qui était proposé par une autorité si élevée. Elle attendit jusqu’au mois de décembre pour accorder une indemnité, et elle le fît d’une façon qui ne pouvait manquer d’être désagréable au gouvernement anglais.

La loi d’indemnité commençait par accorder une amnistie complète pour tous les délits des derniers temps. Puis, après avoir concédé une amnistie qu’il ne lui appartenait pas de donner sans l’aveu de la couronne, l’assemblée ajoutait « qu’elle ne voulait pas voir dans la recommandation une réquisition qui interdirait toute discussion, mais que par égard aux recommandations de Sa Majesté, par déférence pour les illustres patrons des colonies dans la Grande-Bretagne, par amour de la paix, elle accordait une indemnité à ceux qui avaient souffert, tout en étant convaincue qu’ils n’avaient aucun titre légitime contre la province. Elle finissait en disant que cette complaisance ne pourrait jamais servir de précédent.

L’acte fut désavoué par le roi à cause de l’amnistie ; mais l’indemnité fut payée. En tout ceci, c’était sur le droit qu’on discutait ; la question d’argent n’était rien des deux côtés.

À New-York l’indemnité fut votée sans discussion par l’assemblée ; mais la question de souveraineté intérieure reparut aussitôt sous une autre forme, et montra le fond des cœurs.

En 1765, en même temps que le Parlement votait la déclaration de suprématie du Parlement et la loi du timbre, il rendait une loi qui réglait le logement des soldats dans les colonies. Cet acte ajoutait aux anciennes prescriptions qui, ainsi que nos lois françaises, donnaient au soldat place au feu et à la chandelle ; il obligeait l’habitant à fournir du sel, du vinaigre et du cidre ou de la bière. L’assemblée refusa d’autoriser ces fournitures ; c’était un impôt, elle avait donc le droit constitutionnel de l’accorder ou de le refuser.

En communiquant ce refus au ministère anglais, le gouverneur de New-York, sir Thomas Moore, écrivait : « Vous verrez par ce refus quelle est la déférence qu’on a ici pour les actes du Parlement, et ce que nous devons attendre de l’avenir. Vous remarquerez que mon message est traité comme une réquisition que j’aurais faite ; l’assemblée a évité la mention de la loi sur laquelle j’appuie ma demande. C’est mon opinion, que tout acte du Parlement recevra en ce pays le même accueil, s’il n’y a pas une force suffisante pour l’appuyer[5]. »

Ce refus de concours, qui se répéta dans la Nouvelle-Jersey, blessa le gouvernement anglais ; l’idée qu’il fallait réduire les colonies entra plus avant dans l’esprit des politiques. On voulait les taxer, d’une part, pour les réduire à reconnaître la suprématie du Parlement, et de l’autre, pour constituer en Amérique des gouvernements, des administrations salariées par l’État, avec l’impôt américain, et par conséquent dépendant du roi, qui les nommerait, et non pas du peuple, qui ne payerait plus directement.

Ce fut à ce moment que changea le ministère anglais. L’administration du marquis de Rockingham finit en juillet 1766, et fut remplacée, sous la direction de Pitt, par une réunion d’hommes qui n’appartenaient pas à un même parti et qui n’avaient pas les mêmes principes. Le duc de Grafton fut placé à la tête de la trésorerie, lord Shelburne et le général Conway eurent les deux secrétaireries d’État. Charles Townshend fut fait chancelier de l’Échiquier, Cambden lord chancelier, lord North et George Cooke payeurs généraux ; Pitt, rongé de goutte et fatigué d’esprit, fut lord du sceau privé, et se retira dans la Chambre des lords avec le titre de comte Chatham. « Ce ministère, a dit Burke, dans un passage célèbre, était une mosaïque sans ciment ; ici une pierre blanche, là une pierre noire ; des patriotes et des courtisans, des royalistes et des républicains, des amis perfides et des ennemis déclarés ; quelque chose de fort curieux à voir, mais à quoi il n’était pas sûr de toucher, et sur quoi il était dangereux de s’appuyer[6].

La main puissante de lord Chatham pouvait réunir en faisceau ces éléments divers ; mais, déjà malade quand il fut nommé, Pitt tomba dans un accablement qui ne lui laissa plus de volonté. C’était une de ces maladies nerveuses qui affligent quelquefois les hommes de cabinet et de tribune, c’est la fatigue qui succède à une longue surexcitation du cerveau. Junius, dans son cruel langage, appelle Chatham « un fou qui brandit sa béquille[7] ; » cela n’était pas : ce n’était point l’agitation d’un cerveau malade ; ce fut, durant toute une année, la prostration d’un cerveau fatigué.

Cette maladie de lord Chatham laissait un des premiers rangs à Charles Townshend, un des plus brillants orateurs des communes, si brillant qu’un de ses discours fut appelé champagne-speech[8]. Le public l’avait surnommé la girouette ; ce n’est pas tout à fait à tort, puisqu’il avait chaudement soutenu lord Grenville pour faire passer l’acte du timbre, et n’avait pas moins chaudement soutenu lord Rockingham pour en faire voter le rappel. Il y a en tout pays plus d’une de ces têtes ardentes ou habiles pour qui l’expérience n’existe pas et qui tournent à tous les vents.

En ce moment le vent soufflait du côté de la force ; on voulait faire de l’autorité. On y était poussé par Grenville, qui ne perdait pas une occasion de rappeler l’ingratitude et l’entêtement des Américains, et qui accusait le Parlement et le ministère de faiblesse et de lâcheté, reproche coutumier de l’opposition et qui en tout pays a fait faire aux ministres plus d’une folie.

— Vous êtes des lâches, disait Grenville aux ministres ; vous avez peur des Américains ; vous n’osez pas taxer l’Amérique.

— Nous, des lâches, s’écrie Townshend. Vous verrez si j’oserai.

C’est de cette façon qu’on affole les esprits faibles. Il avait suffi d’un reproche de lâcheté pour que Charles IX consentît au crime de la Saint-Barthélémy. Townshend n’était ni moins léger ni moins emporté. Par malheur, la Chambre accueillit ces paroles avec une faveur qui ferma la bouche à Conway, et entraîna l’adhésion du ministère. Chatham était absent ; il eût fallu faire sortir Townshend du cabinet ; personne ne se sentit cette autorité. On s’engagea à la légère dans une voie dont on ne soupçonnait pas le danger[9].

Cette promesse téméraire, Townshend voulut la tenir. Il proposa à la Chambre d’établir des taxes peu considérables sur le verre à vitre, le papier, les couleurs et le thé ; ces taxes devaient être payées comme droit d’entrée, et, suivant le calcul du ministre, devaient rapporter 40 000 livres sterling (un million) par an[10].

Le préambule de la loi déclarait : « Qu’il était à propos de lever un revenu en Amérique, afin d’avoir des moyens sûrs et suffisants pour défrayer les charges de l’administration de la justice, soutenir le gouvernement civil et solder les dépenses nécessaires pour assurer la défense, la protection et la sécurité des colonies[11]. »

Le 29 juin 1767, la loi passa sans opposition, et presque sans remarque. C’était une opinion générale, confirmée par les interrogatoires de Franklin, l’année précédente, que les Américains reconnaissaient au Parlement le pouvoir incontestable d’établir des droits à l’importation. On ne prévoyait pas que ces droits seraient aussi désagréables que le droit de timbre, la question n’étant plus une question d’argent, mais de souveraineté[12] ; on ne savait pas que les Américains et Franklin lui-même désavoueraient une distinction subtile le jour où ils se sentiraient atteints dans leurs privilèges et leur propriété.

Ce ne fut pas le seul acte que vota le Parlement. On avait été fort blessé de la conduite tenue par l’assemblée de New-York, à propos des logements militaires. Une loi, votée par le Parlement, mit une espèce d’interdit sur l’assemblée de New-York, et lui défendit de voter aucune loi avant d’avoir exécuté le mutiny-bill, ou loi de l’armée.

Enfin on décida d’établir en Amérique un nouveau bureau d’officiers de douanes, qui serait indépendant des colonies[13] ; ce bureau central assurerait l’exécution des lois de commerce et la perception des droits. Ce ne fut pas une des moindres causes de la révolution[14].

Ces trois actes arrivèrent coup sur coup en Amérique. L’imposition de nouvelles taxes, accompagnée de l’établissement d’un bureau qui allait faire revivre la sévérité des anciennes lois et donner aux perceptions une vigueur qu’elles n’avaient jamais eue, excita une grande alarme dans les colonies. On se mit à étudier de nouveau la nature du lien qui rattachait les plantations à la métropole, et l’étendue des droits qui appartenaient au Parlement. On réfléchit, on écrivit beaucoup ; l’esprit de liberté, qui avait été éveillé par l’acte du timbre, s’agita avec une nouvelle vivacité.

Parmi ces pamphlets, il en est un qui fit sensation en Amérique, et plus tard en Angleterre. Il était intitulé : Lettres d’un fermier[15] de Pensylvanie aux habitants de l’Amérique septentrionale. L’auteur était un jeune avocat de Philadelphie, que les Américains, peu avares d’éloges, avaient surnommé le Démosthène de l’Amérique[16]. Il s’appelait Dickinson et était quaker de religion. Le succès de ces lettres fut si grand qu’on en fit trente éditions en six mois. Pour récompenser l’auteur de son zèle patriotique, un riche Virginien lui fit cadeau de 10 000 livres sterling, tandis que Boston et d’autres villes lui votèrent des remercîments publics[17]. Franklin fit réimprimer ce pamphlet à Londres, en 1768, avec une préface malicieuse ; il est probable que ce fut lui aussi qui fit publier la traduction française. Au moins, dans la préface du traducteur français, reconnaît-on les idées favorites de Franklin sur la grandeur future du continent américain.

Quelques extraits de ces lettres, écrites par un homme qui, durant la révolution américaine, se signala par son excessive modération, montreront quel était l’état des esprits lorsqu’on reçut en Amérique les actes du Parlement.

« … Réveillez-vous, mes chers concitoyens, considérez la ruine suspendue sur vos têtes. Si vous admettez une fois que la Grande-Bretagne peut imposer des droits sur ses exportations, à dessein de lever de l’argent sur nous uniquement, dès lors il ne lui restera plus autre chose à faire que d’imposer ces droits sur des articles qu’elle nous défend de fabriquer, et voilà la fin de la tragédie de la liberté d’Amérique. Il nous est défendu de tirer des marchandises de toutes autres manufactures que de celles de la Grande-Bretagne ; il nous est défendu par rapport à quelques articles de les fabriquer nous-mêmes, et on peut étendre cette prohibition à d’autres articles. Nous sommes donc exactement dans la situation d’une ville assiégée, qui est investie de toutes parts par les ouvrages des assiégeants, à l’exception d’un seul côté. Si l’on ferme ce passage, il n’y a plus d’autre ressource que de se rendre à discrétion. Si la Grande-Bretagne peut nous ordonner de tirer de chez elle les choses qui nous sont absolument nécessaires, et si elle peut en même temps nous ordonner de payer telles taxes qu’elle jugera à propos, soit avant d’enlever ces marchandises, soit en les débarquant ici, nous sommes d’aussi vils esclaves que ceux que l’on voit en Pologne et ailleurs, avec des sabots à leurs pieds et des buissons de cheveux qui ne furent jamais peignés[18]. »

La conclusion qui résume le livre est un morceau aussi solide qu’éloquent. Je ne puis me lasser de répéter qu’en lisant tous ces pamphlets, on voit qu’en fait d’éducation politique les Américains sont de beaucoup nos aînés.

« Chers compatriotes, que ces vérités soient gravées dans nos cœurs en caractères ineffaçables : Nous ne saurions être heureux sans être libres. Nous ne saurions être libres sans être assurés de nos biens. Nous ne saurions être assurés de nos biens, si d’autres ont le droit de nous les enlever sans notre consentement. Or les taxes que le Parlement nous impose nous enlèvent nos biens. Des droits établis dans la seule vue de lever de l’argent sont des taxes ; il faut donc s’opposer immédiatement et vigoureusement à l’entreprise d’imposer de tels droits. Cette opposition ne peut être efficace si ces provinces ne réunissent leurs efforts ; en conséquence, une affection réciproque et l’unanimité des résolutions sont essentielles à notre commune prospérité. Quiconque parmi nous tend de quelque manière que ce soit à encourager la division, la défiance ou l’indifférence des colonies, est ennemi de lui-même et de la patrie[19]

« Défendons nos droits, et par-là même nous sauverons nos biens. La servitude commence toujours par le sommeil[20]. Des particuliers peuvent s’attacher à des ministres, s’ils le veulent ; des États doivent regarder cela comme au-dessous d’eux. Si vous ne vous manquez pas à vous-mêmes, vous jouirez d’une juste considération aux yeux de ceux qui vous mépriseraient infailliblement si vous ne vous faisiez pas respecter. Mais si nous avons déjà oublié les raisons qui nous poussèrent à nous défendre nous-mêmes, il y a deux ans, avec une unanimité sans exemple ; si notre zèle pour le bien public s’est usé plus vite que les habits qu’il nous a fait prendre le parti de fabriquer chez nous ; si nos résolutions sont si faibles, que notre conduite actuelle fasse la condamnation de l’heureux exemple que nous avions donné nous-mêmes ; si nous n’avons aucun respect pour la vertu de nos ancêtres qui nous ont transmis cette liberté dont ils ont joui ; si nous n’avons aucun égard pour notre postérité, à qui nous sommes engagés par l’obligation la plus sacrée de laisser cet héritage inestimable, alors il est incontestable que tout ministre, tout valet de ministre, toute créature de valet de ministre, et tout autre plus vil instrument du ministre, s’il peut y en avoir de plus vil, devient un personnage que nous devons craindre d’offenser[21].

« Certe ego libertatem quæ mihi a parentibus tradita est experiar ; verum id frustra, an ob rem faciam, in vestra manu situm est, Quirites.

« Je défendrai assurément de toutes mes forces la liberté que mes pères m’ont transmise ; mais de savoir si je le ferai utilement ou en vain, c’est de vous, citoyens, que cela dépend[22].

« Un Fermier. »

« Il n’y a pas de limites : un pareil pouvoir aura des effets regrettables. Une armée de fonctionnaires peut devenir aussi dangereuse pour un pays qu’une armée de soldats ; on peut aussi bien asservir un peuple par artifice que par force. »

Au reçu de la loi qui la frappait, l’assemblée de New-York protesta contre l’interdit qu’on jetait sur elle.

« Un corps législatif qui n’a pas le libre exercice de son pouvoir, disait-elle, est quelque chose d’incompréhensible ; autant vaut dire qu’il n’y a pas d’assemblée… Nous aurons le droit de disposer de l’argent de nos constituants, en suivant l’ordre donné et la disposition faite par le Parlement, sinon notre droit nous sera ôté. Que nous obéissions ou non, dans les deux cas n’est-ce pas notre mort politique et notre anéantissement[23] ? »

Quant au bureau central des commissaires de douanes, c’était, ajoutait-on, une innovation dangereuse et une augmentation inutile d’officiers royaux. C’était de plus une charge menaçante, car, disait l’assemblée, le bureau est autorisé à établir autant d’officiers qu’il le jugera à propos.

Comme toujours, ce fut le Massachusetts qui se mit en tête de la résistance.

L’assemblée générale se réunit en janvier 1768 ; elle rédigea une pétition au roi, écrivit au comte Shelburne, au marquis de Rockingham, au général Conway, au comte Chatham, à lord Cambden, et aux lords commissaires de la trésorerie[24]. Toutes ces pièces, rédigées par Samuel Adams, ont un grand caractère de dignité. C’est un plaidoyer ferme et modéré ; mais on sent que ceux qui discutent ainsi ne céderont pas.

Les colons déclarent qu’ils sont fiers de vivre sous l’empire de la Constitution anglaise.

« C’est la gloire de cette Constitution qu’elle a son fondement dans la loi de Dieu et dans la nature. C’est un droit essentiel, naturel, que tout homme jouisse paisiblement de son bien, et en ait seul la disposition. Ce droit fait partie de la Constitution. Ce droit naturel et constitutionnel est si familier aux sujets américains, qu’il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de les convaincre que le Parlement a le droit de leur imposer des taxes internes ou externes, afin d’en tirer un revenu. La raison en est claire ; les colons ne peuvent pas être représentés ; leur consentement ne peut donc pas constitutionnellement être donné en Parlement. »

Les colons vont plus loin ; ils rappellent que les Chartes des colonies sont des contrats solennels avec la couronne, et que ces contrats les exemptent de toute taxe parlementaire :

« Le contrat originaire entre le roi et les premiers planteurs a été une promesse royale, faite au nom de la nation, et jusqu’en ces derniers temps on n’a jamais contesté le droit qu’avait le roi de consentir ce contrat. L’engagement est celui-ci : « Si les planteurs, au risque de leur vie, au hasard de leur personne et de leurs biens, conquièrent un nouveau monde, subjuguent le désert, et agrandissent ainsi l’empire, eux et leur postérité jouiront de tous les droits qui sont exprimés dans la Charte ; ces droits, ce sont les libertés et les privilèges dont tout Anglais jouit dans la mère patrie. Et la première de ces libertés, c’est l’exemption de toute taxe, hormis celle qui aura été votée par les représentants de son choix[25]. »

D’ailleurs, ajoutaient-ils, à supposer que le Parlement eût ce droit, pourrait-il en user dans les circonstances présentes avec quelque apparence d’équité ? Le régime colonial est-il autre chose qu’un système d’impôt, et d’impôt très-lourd mis sur les colonies au profit de la métropole ?

En forçant les colonies à ne prendre que des marchandises anglaises, la métropole en élève le prix d’une somme qu’on ne peut évaluer à moins de 20 p. 100. Sur un marché libre, les planteurs achèteraient à 20 p. 100 moins cher. La perte des colons est le bénéfice de la Grande-Bretagne. C’est bien là une taxe, quoique indirecte, et une taxe qu’on peut évaluer à 400 000 livres sterling (4 millions) sur les 2 millions sterling (50 millions) de marchandises anglaises consommées dans les plantations. On en peut dire autant des articles que les colons ne peuvent vendre qu’aux Anglais. Cette restriction produit l’encombrement du marché et l’avilissement des prix ; nouvel avantage pour la Grande-Bretagne, nouvelle taxe pour les colons.

Et pourquoi ce nouvel impôt ? Pour créer une administration et une justice qui ne dépendent plus des colons, et qui cependant soient payées par eux.

« Sous une administration corrompue, cette puissance introduirait en Amérique le gouvernement absolu. Tout au moins elle mettrait le peuple dans un état d’incertitude et d’insécurité qui n’est pas la liberté civile. Dans plusieurs colonies, les juges ne sont pas inamovibles. Si leur traitement ne dépend pas du peuple, il sera trop aisé à un gouverneur corrompu d’avoir des juges suivant son cœur et de priver la justice de l’honneur et le peuple de la sécurité qui lui appartient[26]. »

D’ailleurs l’assemblée protestait (et avec sincérité) de son attachement à la couronne et au pays.

« Quand nous parlons des droits des sujets américains, de l’intérêt qu’ils ont dans la Constitution anglaise comme tous les autres Anglais, on ne peut pas nous soupçonner d’avoir la moindre idée de nous rendre indépendants de la Grande-Bretagne. Nous savons qu’il est des gens qui se sont imaginé cela, et que d’autres peut-être ont artificieusement propagé cette crainte pour exciter une jalousie mal fondée et déraisonnable ; mais cela est si loin de la vérité, que nous croyons que les colonies refuseraient la séparation si elle leur était offerte, et la regarderaient comme le plus grand des malheurs si elles étaient forcées de l’accepter[27]. »

À ces plaintes légitimes, l’assemblée du Massachusetts joignit une circulaire adressée par le président à toutes les colonies. On les engageait à prendre des mesures afin de s’opposer aux taxes qu’on voulait imposer au pays[28]. La lettre était modérée, mais elle pouvait provoquer la réunion d’un nouveau congrès, l’union des colonies ; c’était ce qu’on craignait par-dessus tout en Angleterre. On y voyait une coalition factieuse et révolutionnaire.

Le nouveau secrétaire d’État chargé des colonies, lord Hillsborough, écrivit aussitôt au gouverneur Bernard, afin qu’il exigeât de l’assemblée le rappel de cette résolution téméraire. L’ordre ministériel était peu judicieux, et de plus blessant. La circulaire était envoyée, répandue : on avait agi en conséquence ; comment la révoquer ? D’ailleurs, pouvait-on interdire raisonnablement aux colonies de communiquer ensemble ? Enfin, ce n’était plus la même assemblée qui siégeait ; comment pourrait-elle annuler un acte déjà exécuté[29] ? Lord Hillsborough n’avait rien prévu de tout cela ; il voulait faire de la force ; il ordonnait au gouverneur de dissoudre immédiatement l’assemblée si elle refusait d’obéir, et de transmettre toutes les pièces au gouvernement, afin qu’on prît des mesures pour prévenir à l’avenir une conduite de nature si extraordinaire et si inconstitutionnelle[30].

La nouvelle assemblée refusa fermement de revenir sur la circulaire.

« Si nos votes, dit-elle dans sa réponse au gouverneur, doivent être contrôlés et changés par un ministre, on ne nous laisse plus que l’ombre de la liberté. »

Otis s’écria : « Quand le ministre saura que nous ne voulons pas rétracter nos actes, qu’il s’adresse au Parlement pour lui faire rétracter les siens. Si l’Angleterre ne révoque pas ses mesures, elle est perdue. »

C’est en juin 1768 que l’Assemblée refusa de céder par 92 voix contre 17 ; sa dissolution fut aussitôt prononcée[31].

Dans les autres colonies, le ministre avait envoyé des instructions pour s’opposer à toute union, et pour empêcher des pétitions dangereuses ; partout ces mesures furent mal reçues. L’assemblée du Maryland déclara que le droit de pétition lui était garanti par le bill des droits de 1689, la vraie grande Charte, le palladium des Anglais, et que désirer l’union était un vœu parfaitement légitime. « Nous avons, disait l’assemblée, l’attachement le plus vif et le plus sincère pour notre gracieux souverain ; nous avons toujours le respect du pouvoir juste et constitutionnel du Parlement, mais nous ne nous laisserons pas intimider par de grands mots ; ils ne nous empêcheront point d’user de ce que nous regardons comme notre droit[32]. »

À l’occasion de la résistance de l’Assemblée du Massachusetts, John Dickinson envoya à Otis une chanson qui eut grande vogue. Il remarquait que le cardinal de Retz soutenait sa politique par des chansons.

« — Braves Américains, venez, joignons nos mains ; élevons nos cœurs à l’appel de la liberté ; ou les actes de la tyrannie n’étoufferont pas nos droits, ou ils déshonoreront le nom d’Amérique.

« Chœur. Nés dans la liberté, nous voulons être libres. Nos bourses sont prêtes ; mais ce n’est pas comme esclaves, c’est comme citoyens que nous voulons donner notre argent.

« Nos pères sont partis courageusement pour des climats inconnus ; ils ont traversé l’Océan, et choisi le désert pour y porter la liberté ; ils nous ont laissé leur liberté et leur gloire.

« Qu’ils sont doux les travaux qu’endure l’homme libre, afin de jouir en paix du fruit de ses sueurs ; ces doux labeurs, les Américains ne les connaîtront plus, si les Anglais moissonnent ce que sèment les Américains.

« Des nuées de fonctionnaires et de pensionnaires vont s’abattre sur nous, comme des sauterelles qui gâtent toute l’année ; en vain le soleil se lèvera, en vain la pluie tombera, si ce que nous gagnons d’autres le dépensent.

« La main dans la main, Américains, unissons-nous. Unis, nous résistons, divisés nous tombons ; dans une cause si juste, espérons le succès ; le ciel sourit aux nobles actions.

« Tous les siècles parleront avec étonnement et sympathie du courage que nous aurons montré en défendant nos lois ; la mort, nous pouvons la supporter ; mais nous dédaignons de servir. La honte pour un citoyen est plus cruelle que la mort.

« Je porte cette santé à notre souverain, cette autre à la gloire et à la richesse de la Grande-Bretagne. Que cette richesse et cette gloire soient immortelles, si l’Angleterre est juste et si nous sommes libres. »

L’assemblée de New-York ne fut pas moins décidée ; c’était l’Amérique tout entière qui s’engageait dans une voie sans retour.

Comment cette résistance devait-elle être accueillie par l’Angleterre ? il était aisé de le prévoir. Charles Townshend était mort en 1767, à quarante-trois ans ; mais son esprit lui survivait. C’était par la force qu’on voulait intimider les Américains et les réduire à l’obéissance. Dès le mois de juin, lord Hillsborough avait écrit au général Gage, commandant en chef de l’Amérique du Nord, d’envoyer d’Halifax à Boston deux régiments et quatre vaisseaux de guerre. C’était le gouverneur Bernard qui avait sollicité cet appui, trouvant qu’il n’avait pas l’ombre d’autorité. Lord Hillsborough, dans une lettre confidentielle adressée au général Gage, lui ordonnait d’envoyer un régiment qu’on logerait en ville, et qui donnerait assistance au magistrat civil pour maintenir la paix publique et soutenir les officiers de douane dans l’exécution des actes de commerce et de revenus. Le ministre ajoutait que « par la nature délicate de ce service, il serait possible qu’on en arrivât à des conséquences qu’on ne pouvait prévoir, et que par conséquent il fallait choisir un officier sur la prudence, la résolution et l’intégrité duquel on pût compter[33]. » En d’autres termes on prévoyait une collision, et peut-être n’en avait-on pas peur. « On ne trouvera pas de rébellion, on en fera une, avait dit Franklin à la Chambre des communes. » Il ne s’était pas trompé.

La nouvelle mit en feu tout le pays. L’assemblée était dissoute ; on proposa une Convention composée de comités des différents townships ou cantons, afin de prendre les mesures nécessaires au service de Sa Majesté et au salut de la province. En outre, on ordonna de s’armer, en vue d’une guerre avec la France, qui certes était peu à craindre[34]. Les élections se firent le 22 septembre 1768 ; les députés de 96 townships se réunirent dans la salle Faneuil, le berceau de la liberté américaine[35].

Bernard, le gouverneur, adressa à la Convention une lettre d’un ton ferme et décidé, assurant « que le roi était déterminé à maintenir son entière souveraineté sur la province, et que quiconque oserait usurper les droits de la souveraineté aurait à se repentir de sa témérité[36]. »

La Convention protesta de son respect pour le roi, recommanda au peuple de s’abstenir de toute violence, et peut-être effrayée de sa propre audace, se décida à se dissoudre après six jours de séances, où l’on avait rédigé une pétition au roi. Ce fut le premier essai de ces assemblées populaires qui prirent bientôt tout le pouvoir dans les colonies[37].

Le jour même de sa dissolution, les vaisseaux de guerre jetèrent l’ancre dans le port, et 700 soldats, commandés par les colonels Dalrymp et Carr, se préparèrent à débarquer.

Les loger n’était pas facile ; les casernes étaient insuffisantes. Le gouverneur s’adressa au Conseil, mais le Conseil refusa de se mêler en rien de cette affaire ; suivant lui, l’établissement des troupes permanentes dans les colonies, en temps de paix, n’était pas autorisé par le mutiny-bill, et était chose contraire à la Constitution. Les magistrats civils refusèrent de délivrer des billets de logement. Il fallut loger les troupes dans la salle même du Conseil, dans celle de l’Assemblée, dans les chambres de justice, sur le Common ou promenade publique. Boston devint une ville de garnison ; deux nouveaux régiments rejoignirent les premiers, et au grand désespoir des puritains, on entendit résonner le fifre et la trompette, même le jour du Seigneur. L’ordre public ne fut pas troublé, mais la colère était dans tous les cœurs.

Ce fut alors que, reprenant une idée déjà en cours d’exécution avant le rappel de l’acte du timbre, les Américains prirent entre eux des engagements de non-importation. Puisque l’Angleterre abusait de sa puissance pour grever les colons, il fallait exclure son commerce des colonies et ne plus porter que des étoffes de fabrique américaine. On prendrait ainsi les Anglais par leur endroit sensible ; on les réduirait par la famine. « Nous ne dépendons pas de l’Angleterre, disait-on, c’est l’Angleterre qui dépend de nous pour son commerce. Nous avons un continent à peupler, l’Angleterre n’est qu’un point sur la carte[38]. » À compter de ce jour, les fils de la liberté n’eurent plus que des habits grossiers et renoncèrent à l’usage du thé ; les filles de la liberté, encouragées et soutenues par l’opinion (le sacrifice était plus grand), renoncèrent aux robes de soie et aux rubans.

« Que nous trouverons ce sexe charmant dans sa beauté naturelle, disait un journal de Boston, lorsqu’un sublime patriotisme fera toute sa parure[39]. »

Ce n’est pas une des moindres différences des révolutions américaine et française, que l’ardeur avec laquelle les femmes américaines épousèrent la cause de la liberté.

Bernard appelait ces engagements les derniers efforts d’une faction mourante[40]. Il ne savait pas ce que pouvait l’esprit public. Ce fut avec patriotisme qu’on but un misérable thé fait avec des feuilles de framboise[41], et qu’on se résigna à ne plus manger de mouton pour avoir plus de laine et porter des habits filés et tissés à la maison. Dans ces moments de fièvre tout est facile, l’amour de la liberté anoblit tous les sacrifices. Quiconque parlait de céder, quiconque doutait de la victoire était honni comme un traître[42].

Ce qui frappe en lisant toutes ces longues discussions, toute cette procédure, c’est le sentiment du droit, je dirais presque l’absence de passion. Il n’y a ni intérêt personnel, ni ambition en jeu ; la résistance est si générale qu’elle est anonyme. Il n’y a pas un homme qui soit à la tête du mouvement, tout se fait par des assemblées. Rien de dramatique, rien qui ressemble à notre révolution ; mais quelque chose de décidé, de viril. On sent la force et la résolution d’un peuple qui veut son droit et qui l’aura.

Est-ce à la race qu’il faut attribuer cette supériorité politique ? Non, je n’adopte pas cette excuse commode pour toutes les faiblesses et toutes les lâchetés. C’est à l’éducation que les Américains devaient leur énergie ; ils avaient un siècle et demi de liberté derrière eux.

Nous aussi nous avançons, lentement il est vrai, et avec plus d’un retour ; mais nous avançons ! Qu’on compare la révolution de 1848 à celle de 1789, on en sentira toute la différence ; moins d’enthousiasme et plus de volonté. La liberté est une œuvre qui ressemble à ces cathédrales qu’élevait le moyen âge : ceux qui les commençaient n’ignoraient pas qu’ils n’en verraient pas la fin. Qu’importe, la foi suffisait à tous ; ils apportaient leur pierre, et pensaient non point à eux, mais à Dieu et à l’avenir. Ces œuvres magnifiques n’ont point de nom, elles n’ont point immortalisé l’architecte, elles ont abrité et consolé vingt générations. C’est là notre œuvre ; portons aussi notre pierre au temple de la liberté, et nous aussi comptons sur l’avenir et sur Dieu.


  1. Lossing, Amer. Revol., I, p. 473.
  2. Bancroft, Amer. Rev., t. II, p. 524.
  3. Ramsay, Amer. Rev., I, p. 73.
  4. Le mot était choisi pour humilier la Chambre ; il n’y avait que recommandation dans la lettre de Conway et l’acte du Parlement. Life of Otis, p. 281.
  5. Pitkin, I, p. 216.
  6. Speech on Amer. Taxar., 1774.
  7. Woodfall’s Junius, II, p. 474, éd. 1812.
  8. Lord Mahon, V, 188.
  9. Mahon, t. V, p. 362. Extrait des Mémoires du duc de Grafton.
  10. 20 000 livres seulement, suivant Ramsay. Amer. Rev., I, 75.
  11. Pitkin, I, p. 217.
  12. Ramsay, I, 75.
  13. Hutchinson, p. 180.
  14. Mahon, V, 362.
  15. La vraie traduction de farmer serait propriétaire, et non pas fermier ; mais je garde le titre de la traduction française qui parut à Amsterdam. (Paris.) — 1769 ; 1 vol. in-12.
  16. Lettres d’un fermier, p. 214.
  17. Life of Otis, p. 291.
  18. Lettres d’un fermier, p. 33.
  19. Ibid., p. 200.
  20. Montesquieu : Esprit des Lois, XIV, 13.
  21. Lettres d’un fermier, p. 203.
  22. Ibid., p. 213.
  23. Pitkin, I, 221.
  24. L’analyse de ces lettres se trouve dans Life of Otis, p. 297 et suiv.
  25. Pitkin, I, 220.
  26. Pitkin, I, 221.
  27. Pitkin, I, 223.
  28. Life of Otis, 313 et suiv.
  29. Ramsay, Amer. Rev., I, 78.
  30. Pitkin, I, 225.
  31. 1er juillet 1768.
  32. Pitkin, I, 227.
  33. Pitkin, I, 233.
  34. Ramsay, I, 81.
  35. Cette salle était ainsi appelée du nom de Pierre Faneuil, Français d’origine et huguenot, qui l’avait léguée à la ville de Boston. Elle avait été construite en 1742, et servait de marché et de salle d’assemblée. Lossing, Amer. Rev., I, 479.
  36. Lettre de Bernard. Lossing, Amer. Rev., I, 480.
  37. Lossing, Ibid., I, 480.
  38. Ramsay, Amer. Rev., I, 75.
  39. Appendice aux Lettres d’un fermier, p. 215.
  40. Life of Otis, p. 289.
  41. Lossing, Amer. Rev., I, 481.
  42. Bancroft, ibid., III, 254.