Hommes d’État de l’Angleterre/06

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Un membre du parlement (Merivale)
Revue des Deux Mondes, période initialetome 14 (p. 351-366).


HOMMES D’ÉTAT
DE L’ANGLETERRE.

vi.

LORD DURHAM.


John George Lambton, comte de Durham, gendre de lord Grey, pair du Royaume-Uni, ambassadeur d’Angleterre à Pétersbourg, et aujourd’hui gouverneur-général des deux Canadas, avec des pouvoirs civils et militaires de la plus grande étendue, n’est pas né patricien, mais riche. Sa famille, ancienne sans être noble, possédait depuis plusieurs siècles, dans le comté de Durham, les immenses propriétés qui font de lord Durham un des plus opulens aristocrates des trois royaumes, et qui l’avaient élevée elle-même, dans la seconde moitié du siècle dernier, à une certaine importance politique. Ces propriétés consistent surtout en mines de charbon, et s’identifient pour ainsi dire avec la prospérité même et la grandeur industrielle de l’Angleterre, dont ce précieux minéral est la source et l’éternel aliment. On peut faire des lieues entières dans les galeries souterraines du comté de Durham, sans sortir des mines de la famille Lambton, qui continue à en exploiter les trésors et jouit à ce titre d’une espèce de souveraineté dans le pays. C’est par le père de John George Lambton qu’elle est entrée dans la politique. Nommé membre de la chambre des communes, le père de lord Durham s’y montra chaud partisan de Fox, et lui garda une inviolable fidélité dans toutes les vicissitudes de sa carrière parlementaire.

La place de M. John George Lambton était donc toute marquée dans la chambre, quand il fut appelé, très jeune encore, à remplacer son père comme représentant du comté de Durham.

M. Lambton apporta au parlement, avec l’ardent libéralisme de la jeunesse, toute l’énergie et, qu’on me passe le mot, toute l’âpreté d’opinion qui caractérisait alors le parti whig, à une époque où depuis si long-temps il était exclus du pouvoir, et s’en voyait tous les ans éloigné davantage par les habiles et victorieuses manœuvres des tories. Le libéralisme héréditaire du nouveau représentant de Durham reçut bientôt une impulsion encore plus vive, quand, après la fin prématurée de sa première femme, il épousa en secondes noces la fille de lord Grey, chef reconnu de l’opposition et du parti whig.

Ses débuts oratoires dans la chambre des communes sont de 1814 ; ils se rattachent à une motion d’enquête que fit alors un des principaux meneurs du parti, sur les causes et les circonstances de la cession de la Norwège à la couronne de Suède par les puissances alliées ; acte fort injuste en effet, et que l’opposition de ce temps prenait volontiers pour texte de ses philippiques contre le ministère. À partir de cette époque, le nom de M. Lambton reparaît souvent dans les discussions parlementaires, et toujours associé à quelque véhémente diatribe contre la politique du cabinet. Les questions les plus populaires, celles où la passion du jour pouvait enfler et pousser son éloquence, étaient invariablement le sujet de ces attaques, et il se distinguait alors, comme il a continué à le faire depuis, par l’obstination avec laquelle il s’acharnait sur une discussion, quand une fois il y était entré, revenant sans cesse à la charge, ne se laissant pas atteindre par le découragement et la fatigue des siens, et frappant sans relâche sur l’opinion publique pour la faire sympathiser enfin avec sa propre indignation, quoique d’abord il l’eût trouvée indifférente et glacée. Si l’on veut se donner la peine de comparer les discours de M. Lambton en 1820, sur les espions employés par le ministère tory, avec ceux du comte Durham, en 1835, sur le bill de defranchisement de Warwick, on verra comme il a facilement et complètement gardé d’un bout à l’autre de sa vie publique, ce caractère d’une infatigable persévérance dans l’attaque, cette habitude de ne point démordre, qui rappelle le formidable instinct du boule-dogue anglais.

M. Lambton proposa, en 1821, un plan de réforme parlementaire plus large, plus hardi, plus tranchant que tous les projets de ce genre enfantés jusqu’alors par les whigs ; et cependant M. Lambton était loin de se proclamer radical. Ce titre n’avait pas encore conquis sa popularité, et les plus aventureux réformateurs du parti aristocratique n’osaient pas encore s’en glorifier. Les bases du système proposé par M. Lambton étaient l’extension du droit électoral à tous ceux qui habitaient une maison entière, l’extinction de la franchise des bourgs pourris, et le transport aux grandes villes du privilége qu’on enlevait à ces derniers ; enfin, la triennalité des parlemens substituée à la durée septennale. Ce plan fut peu goûté, et réunit à peine quarante voix en sa faveur. Néanmoins il a maintenant une certaine valeur historique, puisqu’on peut à bon droit le considérer comme le germe de ce bill de réforme qui devait, dix ans plus tard, se produire à la suite d’une crise politique aussi étendue que décisive.

M. Lambton reçut, en 1828, le titre de baron Durham. Le ministère expirant de lord Goderich voulait, avant de succomber, laisser à ses alliés du parti whig quelques témoignages de sa reconnaissance pour l’appui qu’ils lui avaient prêté. M. Lambton y avait des droits ; mais cette faveur s’adressait bien plus encore à lord Grey, dont il était le gendre, et qui avait soutenu de son nom et de ses talens le ministère de M. Canning et celui de lord Goderich, sans prétendre partager le pouvoir avec eux. Ce fut ainsi que M. Lambton passa de la chambre des communes dans la chambre des lords, où il demeura ensuite quelque temps un peu à l’écart du mouvement politique.

Mais à la formation d’un ministère whig, en 1830, lord Durham entra comme lord du sceau privé (lord privy seal) dans le cabinet, que devait diriger le vénérable lord Grey ; et c’est alors seulement qu’il parut en première ligne sur la scène. Jusqu’à cette époque il n’avait joué qu’un rôle subalterne dans les évènemens de son siècle. L’importance qu’il avait dans son parti provenait plutôt de ses grandes richesses et de son influence territoriale, que de ses qualités personnelles. Cependant la constance de ses opinions, la fermeté de ses principes, cet inviolable attachement à son parti qui avait toujours caractérisé sa conduite, en faisaient aux yeux de ceux avec qui il marchait, un homme de plus de valeur, et lui assuraient dans leurs rangs une plus haute considération que ne le soupçonnait le public en s’attachant aux simples apparences. Il est certain d’ailleurs que vers le temps où il entra au ministère, son esprit ardent et son caractère impérieux lui avaient déjà donné un grand ascendant sur les déterminations et la conduite politique de son beau-père.

Lord Grey ne prenait pas une mesure hardie, ne faisait pas une démarche quelconque, de nature à rapprocher du pouvoir les réformistes plus exigeans qui le stimulaient du dehors par leurs acclamations, sans que l’opinion publique les attribuât aussitôt à la secrète influence de lord Durham. Aussi les hommes au courant des affaires ne durent-ils pas être surpris de le voir associé à lord John Russell, lord Duncannon et sir James Graham, pour rédiger et composer avec eux, en petit comité ministériel, le premier bill de réforme.

Ces quatre fondateurs de notre constitution nouvelle n’étaient pas d’égale valeur et différaient assez de caractère, d’antécédens et de principes. Lord John Russell avait à sacrifier en grande partie ses anciennes convictions, ses idées et ses traditions aristocratiques de 1688, pour adopter une mesure bien plus tranchante et bien plus populaire qu’il ne l’aurait fait, abandonné à ses seuls instincts. Lord Duncannon, gentilhomme irlandais, beau-frère de lord Melbourne, et peu remarqué jusqu’alors, n’était certainement pas destiné à prendre la direction de ce grand travail, ni à lui imprimer un cachet bien décidé. Quant à sir James Graham, esprit sans consistance, et talent assez mince, aujourd’hui rallié avec tant d’éclat aux tories, qui le laissent manœuvrer en éclaireur sur leurs ailes, il a sans doute approuvé, mais ce n’est pas lui qui a suggéré au ministère les innovations radicales du premier bill de réforme. C’est donc à lord Durham que l’opinion publique attribue la paternité réelle de ce projet, qui échoua, comme on le sait, et qui, sous certains rapports, était empreint d’une couleur plus démocratique que le plan consacré ensuite par l’assentiment des deux chambres. Le projet de 1831 rappelle effectivement, à des traits nombreux, le plan de réforme dont M. Lambton avait pris l’initiative dix ans plus tôt. Cependant on a laissé transpirer depuis un secret fort curieux, qui se rattache aux combinaisons politiques de 1831, c’est que lord Durham proposa d’abord de restreindre la franchise électorale, dans les villes, aux propriétaires ou occupans de maisons d’une valeur annuelle de vingt livres sterling (500 francs de loyer), mais avec le privilége du vote au scrutin secret. Tous les autres membres du cabinet repoussèrent cette condition du secret des votes, qui est la terreur de notre aristocratie, parce qu’il équivaut pour elle au complet anéantissement de cette immense influence qu’elle exerce directement sur les élections : mais on transigea ensuite avec le radicalisme exigeant de lord Durham, en lui accordant, au lieu du vote secret, l’abaissement de la franchise électorale à dix livres sterling. On ne peut que conjecturer assez vaguement les résultats pratiques du projet de lord Durham ; le plus probable est qu’il aurait fondé une oligarchie des classes moyennes, fortement organisée, secouant d’un côté avec le plus violent orgueil le joug de l’aristocratie territoriale, et de l’autre comprimant la populace avec non moins de vigueur ; mais quoi qu’il en soit de cette supposition, il est certain que la fixation du taux de la franchise à vingt livres sterling aurait produit un corps électoral bien différent de cette masse énorme et hétérogène que le vent des passions populaires et le jeu des influences aristocratiques poussent maintenant au hasard en sens divers.

Lord Durham n’a presque pas figuré dans les scènes orageuses qui ont signalé la discussion de son œuvre révolutionnaire. Une longue succession de malheurs domestiques, dont le premier fut la perte de son fils aîné, en 1831, et l’épuisement où le laissa une maladie sérieuse qu’il fit à la même époque, contribuèrent pour beaucoup à le tenir éloigné de la vie publique, et on n’hésite pas à regarder ces tristes circonstances comme la source du changement remarquable qui se manifesta dès-lors dans sa conduite et dans son caractère. L’impétuosité de son humeur et l’obstination de son esprit ont semblé quelquefois dégénérer en aigreur, et, en même temps, on l’a trouvé faible et incapable d’agir dans les crises les plus graves de sa carrière politique. Mais, comme nous l’avons dit, il y a tout lieu d’attribuer ces changemens à l’influence des malheurs et des souffrances physiques sous lesquelles aurait peut-être succombé un esprit moins vigoureux que celui de lord Durham. Il ne revint au parlement que pour assister aux dernières épreuves que le second bill de réforme eut à traverser dans la chambre des lords. Mais il a toujours protesté contre les clauses de cet acte qui furent ajoutées au projet originaire pour désarmer l’opposition des tories, et obtenir leur assentiment à l’ensemble de cette grande mesure, en déclarant que l’élément aristocratique s’y était glissé en son absence et sans son approbation.

Ce fut pendant ces débats, en avril 1832, que lord Durham devint le héros d’une scène fort étrange et qui caractérise singulièrement les hommes et l’époque. Le duc de Buckingham, tory et personnage fort considéré de son parti, avait eu l’idée d’adresser au roi, en sa qualité de conseiller privé, une lettre confidentielle, qui avait pour objet d’appeler le plus solennellement du monde les sérieuses réflexions de sa majesté sur les conséquences de la mesure imposée par ses ministres aux deux chambres du parlement anglais. Le roi montra cette lettre à ses ministres, et, quelques jours après, le public en eut aussi connaissance, à sa très grande surprise, par un article du Times, alors journal ministériel, qui en rapportait le contenu fort exactement et presque mot pour mot. Il faut dire, pour faire comprendre ce qui suit, que la violation de pareils secrets est considérée, en Angleterre, comme une espèce de haute trahison privée, qui ne mérite et n’obtient ni indulgence ni pardon. L’évêque d’Exeter, un des plus fougueux orateurs de l’opposition tory, et de plus ennemi personnel de lord Durham, se chargea donc du scandale, et fit de la publication de cette lettre le sujet d’une violente attaque contre sa seigneurie le lord du sceau privé, qu’il accusa formellement d’avoir communiqué la chose au journal en question. Lord Durham répondit par une dénégation non moins formelle du fait qui lui était imputé, et sur le ton de la plus vive indignation, mais cela dans un langage si peu mesuré et en termes si injurieux, qu’il ne fallut assurément rien moins que le caractère sacré de l’un des deux personnages pour prévenir entre eux une affaire d’honneur. Quel fut réellement le coupable dans la perfide indiscrétion qui livrait à la publicité une lettre confidentielle du duc de Buckingham à son souverain ? C’est ce qu’on ne sait pas encore aujourd’hui, et je ne pourrais dire si lord Durham avait ou non des relations quelconques avec les rédacteurs du Times. En Angleterre, toutes les nuances d’opinions politiques ont leur organe avoué dans la presse quotidienne ; mais, par une pruderie toute particulière à nos hommes d’état, il n’y a pas de chef de parti qui ne repousse hautement, pour son propre compte, l’imputation d’être personnellement en rapports avec le journalisme.

Chez nous, les éditeurs de journaux ont très rarement un nom littéraire connu ou distingué comme tel. Ce sont des plumes obscures, bien que souvent fort habiles, qui se consacrent à la défense de certaines opinions politiques, dont les chefs ne reconnaissent jamais les obligations qu’ils peuvent leur avoir. Quant à lord Durham, il est certain qu’au début de sa carrière il eut des relations fort étroites avec la rédaction d’un journal qui se publiait dans sa province, et qui se livrait aux plus violentes attaques contre le clergé anglican du pays. Le docteur Phillpotts, aujourd’hui évêque d’Exeter, alors prébendaire de Durham, riche bénéficier de l’église établie, et pamphlétaire politique d’un grand mérite, était particulièrement maltraité dans cette feuille que l’on supposait rédigée sous l’influence de M. Lambton. Inde iræ ! Le fait est que l’animosité réciproque de ces deux personnages rappelle de loin les luttes acharnées de la puissance temporelle et de la puissance spirituelle du seigneur et de l’abbé dans les temps féodaux. M. Lambton et le docteur Phillpotts sont arrivés l’un et l’autre par des voies différentes au but de leurs efforts, à la grandeur et à la fortune dans leurs carrières respectives ; mais leur vieille haine est toujours aussi vive et semble prête à éclater en injurieuses provocations, toutes les fois que leurs opinions se choquent dans les débats de la chambre des lords.

Pendant la crise qui suivit le rejet du second bill de réforme par la chambre haute, lord Durham ne se lassa jamais d’insister auprès de lord Grey sur la nécessité de vaincre cette résistance par une création considérable de pairs. Mais une mesure aussi révolutionnaire ne répugnait pas moins, dans le sein du cabinet, à la prudence et à la timidité des uns qu’aux préjugés aristocratiques des autres ; lord Grey lui-même, malgré l’ascendant que son gendre exerçait sur son esprit, opposa définitivement à ces conseils de la violence une résolution inébranlable. Dès-lors se manifesta entre lord Durham et ses amis politiques du ministère une froideur à laquelle le cours des évènemens a donné par la suite un caractère encore plus grave. C’est aussi le temps où le parti radical, irrité de ménagemens et de concessions qu’il regardait comme autant de trahisons et de pas rétrogrades faits par le ministère de la réforme, adopta lord Durham pour son chef, et proclama en lui le maître futur des destinées de l’Angleterre, l’apôtre du libéralisme enfin victorieux.

Après le raffermissement du cabinet de lord Grey, au mois de mai 1832, lord Durham, mécontent de l’esprit de modération qui commençait à prendre le dessus dans ses conseils, et poussé par le déplorable état de sa santé à chercher quelque soulagement dans un changement d’occupations et de climat ; accepta une mission extraordinaire et spéciale à Saint-Pétersbourg, mission assez follement imaginée du reste, qui avait, disait-on, pour objet principal, de faire accepter par l’empereur Nicolas la médiation pacifique de l’Angleterre en faveur des Polonais.

Je n’ai pas besoin de rappeler que ce but, si toutefois il était bien réel, et si le ministère anglais y avait bien sérieusement songé, fut manqué complètement. Les secrets de la diplomatie transpirent fort peu à Londres ; aussi tout ce que nous avons pu savoir de la mission de lord Durham à Pétersbourg, c’est qu’il y fut accueilli avec une distinction marquée, et caressé même avec affectation par le czar et ses ministres ; qu’il revint en Angleterre pénétré d’une admiration pour l’empereur Nicolas, qui contraste singulièrement avec ses opinions démocratiques en matière de politique intérieure, mais que l’intervention de notre diplomate et de notre diplomatie n’adoucit en rien le rigoureux système d’administration organisé par le conquérant de la Pologne contre cette nation infortunée.

À son retour en Angleterre, lord Durham reprit dans le cabinet sa place de lord du sceau privé. Mais ses différends avec quelques-uns de ses collègues et surtout avec lord Brougham ne firent que s’envenimer de jour en jour davantage, pendant la dernière période de leur trompeuse alliance. Ce qui contribua principalement à éloigner lord Durham, ce fut la politique adoptée par le ministère envers l’Irlande, et qui enfanta le fameux bill de coercition de 1833 : sa retraite est du mois de mars de la même année, et, à cette occasion, le roi lui accorda le titre de comte. Peut-être, sans le mauvais état de sa santé, qui ne se rétablissait point, eût-il encore tardé quelque temps à résigner ses fonctions ministérielles ; mais il ne s’entendait pas assez bien avec ses collègues pour échapper long-temps à cette pénible nécessité.

Lord Durham rentra donc dans la vie privée aux acclamations unanimes de tout le parti radical, et, à mesure que le ministère whig se dépopularisait auprès de ses anciens amis, le gendre de lord Grey voyait chaque jour davantage tous les yeux se fixer sur lui comme le chef futur d’une administration nouvelle et plus libérale, redoutée par les uns, saluée d’avance par les autres avec la plus vive allégresse, attendue par tous. Dans le cours de l’année suivante, il reparut un instant sur les bancs de la chambre des lords, et ce fut uniquement pour combattre et harceler son beau-père sur la question du renouvellement de ce bill de coercition irlandaise, qu’il avait déjà repoussé en qualité de membre du cabinet : question, au reste, qui devait amener plus tard la dissolution du ministère de lord Grey et l’avènement de lord Melbourne au pouvoir. Il y reprit aussi sa vieille querelle avec Brougham, qui était encore lord-chancelier. Brougham s’était donné, à cette époque, le singulier rôle de chef de l’élément conservateur, ou du torysme mitigé, dans le sein du cabinet de la réforme ; il saisissait avidement toutes les occasions d’amener une espèce de pacification trompeuse entre les whigs et ses anciens ennemis, et il épuisait les ressources de son esprit, les forces de son éloquence, en diatribes et en sarcasmes contre ceux qui ne jugeaient pas à propos de s’arrêter précisément au même point que lui, et en même temps que lui, dans la voie des innovations. Mais, outre cette disposition générale, il y avait dans l’orgueil et dans la raideur hautaine de lord Durham quelque chose d’irritant pour la vanité du lord-chancelier, dont le caractère fougueux ne pouvait supporter une pareille opposition avec la patience convenable. On ne saurait imaginer en effet rien de si opposé que ces deux hommes, si distingués l’un et l’autre. Lord Durham est assurément bien inférieur à son rival, sous le rapport de l’esprit et de l’éloquence ; mais il a sur lui l’avantage d’une parfaite unité dans sa vie politique, de la résolution et de l’énergie. À ces qualités il faut joindre une volonté puissante, qui cède quelquefois sans doute à la nécessité, jamais à des influences étrangères, et qui, au moment même où elle cède avec un sombre courage, sait encore se faire respecter.

Lord Durham est de taille moyenne et d’une constitution assez frêle, sa physionomie porte l’empreinte d’une mauvaise santé habituelle ; mais il a l’air calme et intelligent, le maintien noble et gracieux. Il a les cheveux noirs et un teint brun, ou plutôt olivâtre, qu’on rencontre fort rarement en Angleterre. On ne saurait dire qu’il soit précisément éloquent, mais ses discours produisent toujours beaucoup d’effet par la netteté des vues et l’enchaînement des idées qu’il ne manque jamais d’y développer. Quand ses passions ne sont pas excitées, il y a dans toute sa manière une sérénité qui ne laisse pas deviner l’orage bouillonnant sans cesse au fond de cette mer tranquille. Arrive la passion ; qu’il soit ou se croie provoqué par un ennemi, l’orage éclate à l’instant, et c’est en vain que l’orateur cherche à contenir l’intraitable violence de son caractère. Dans ces momens de passion et de colère, amis et ennemis sont impuissans à l’arrêter. Il va jusqu’au bout de son inflexible résolution. Cependant de pareilles scènes sont rares dans sa vie publique, et il faut dire à sa louange que dans ses plus grands emportemens, il respecte la personne de ses adversaires et s’abstient d’attaquer leur honneur ou de calomnier leurs intentions. Ce genre d’hostilités répugne à la fierté de son caractère et à la dédaigneuse réserve de toute sa conduite.

Il serait même à désirer que les ennemis de lord Durham eussent respecté les convenances autant que lui dans les attaques multipliées qu’ils ont dirigées contre sa personne. Je ne connais pas un homme politique de ce temps, que la presse tory ait plus obstinément poursuivi de ses clameurs, de ses injurieuses anecdotes, de ses insultantes diatribes. À défaut d’imputations plus graves, que l’intégrité reconnue du caractère public et privé de lord Durham aurait hautement démenties, on a cherché le côté faible de son humeur, on a épié les dispositions particulières de son esprit, pour inventer à son sujet mille contes ridicules, dont la fausseté se déguisait sous un air de vraisemblance. Voici, par exemple, quelques-uns de ceux qui coururent dans le temps à Londres. Lord Durham étant allé à Cherbourg sur un yacht qui lui appartenait, on prétendit qu’il y avait fait arborer les couleurs de sa famille au-dessus des armes royales d’Angleterre, et quand ce même yacht revint dans la Tyne, que le pavillon tricolore flottait au haut du grand mât. On disait encore qu’il avait détruit tout un village de ses domaines dans le comté de Durham, et chassé tous les habitans de leurs maisons, parce qu’ils ne l’avaient pas accueilli avec assez d’enthousiasme à son passage par les rues de l’endroit ; et mille autres fables du même genre qui ne sembleraient pas valoir la peine d’être inventées, si l’on ne savait d’ailleurs quelle importance acquièrent aisément de pareilles histoires dans l’esprit du public anglais.

Au mois de septembre 1834, les réformistes d’Édimbourg offrirent un grand banquet, selon les us et coutumes du patriotisme britannique, à lord Grey, qui n’était déjà plus à la tête du gouvernement, mais dont le nom commandait toujours le respect du parti libéral. Lord Durham y assistait avec son beau-père, et les réformistes d’Édimbourg y possédèrent aussi lord Brougham, qui était alors à son apogée, dans la carrière excentrique où il s’était laissé entraîner, parlant, écrivant, partout et sur tout, et prodiguant aux yeux étonnés de la multitude, dans les auberges de province et sur les grands chemins de l’Angleterre, le spectacle de la première dignité du royaume en tournée patriotique. Lord Brougham saisit fort mal à propos, avec l’intempérance de zèle qui le distingue, l’occasion de cette solennité, pour attaquer publiquement lord Durham et ses principes ultra-libéraux. Il décrivit les obstacles que semaient sur sa route, à lui et aux amis éclairés de la réforme, l’impatience et la précipitation de leurs alliés, et déclara que la bonne cause était compromise par l’imprudente ardeur des radicaux. Une pareille provocation exigeait une réponse de lord Durham. Il la fit très explicite et très digne.

« Mon noble et savant ami lord Brougham, dit-il, a bien voulu donner quelques avis qu’il croit fort sages, à une certaine classe de personnes, que pour mon compte je ne connais pas, mais qui, selon lui, désirent trop vivement effacer les anciens abus, et en pressent la destruction avec une impatience maladive. Je dois l’avouer, je suis de ceux qui ne voient pas sans regret qu’on laisse vivre une heure de plus, après qu’on l’a découvert, tout abus généralement proclamé tel. Cependant je veux bien qu’on réfléchisse et qu’on délibère avant de les corriger ; je veux bien qu’on y apporte toutes les précautions recommandées par nos gouvernans et par mon noble ami lui-même, mais à une seule condition, c’est que toutes les mesures de redressement et de réforme soient d’accord avec les principes que nous cherchons tous à faire triompher. Ce sont les transactions, les compromis, les demi-mesures, que je condamne, et non le mûr examen des résolutions à prendre. Ce que je ne veux pas, c’est que l’on amoindrisse, que l’on énerve, que l’on mutile les réformes, comme il sera impossible que cela n’ait point lieu, si l’on essaie de concilier des opinions inconciliables, et de ménager des adversaires qu’on ne saurait gagner. Transiger ainsi sur les choses avec les ennemis de nos principes, c’est leur donner sur nous l’avantage, c’est les faire triompher de notre inconséquence, c’est les provoquer à dire que nous abandonnons nos alliés et nos opinions, c’est leur permettre d’attribuer les mécontentemens que crée une pareille tactique, à la décadence et à la ruine des idées libérales. Je proteste hautement contre cette politique ; je la crois dangereuse et funeste, parce qu’elle décourage et aliène les dévouemens les plus enthousiastes et les plus sincères, parce qu’elle fait naître dans le cœur de nos ennemis des espérances qui ne peuvent se réaliser, et parce qu’elle fournit des armes à ceux qui ne sauraient en user que pour combattre nos plus chers intérêts. »

J’ai entendu dire, par des témoins de cette scène, que l’effet de cette simple réponse sur l’irritable caractère de lord Brougham fut prodigieux ; qu’il se couvrit la figure avec les mains, et pour la première fois de sa vie peut-être, parut comprendre qu’il avait affaire à plus fort que lui. Il sentit assurément que du jour où il avait cessé de suivre les instincts populaires, et tenté de refouler ce fleuve de l’opinion publique dont il avait si glorieusement contribué à précipiter le cours, de ce jour-là les sources de l’inspiration et de la puissance oratoire s’étaient desséchées pour lui. Un jeune rival, bien moins favorisé sous le rapport des avantages extérieurs, mais impatient d’avancer encore sur cette route dangereuse où il voulait, lui, maintenant s’arrêter, allait lui ravir cette popularité, à la conquête de laquelle il avait consacré toute sa vie. De ce jour, en effet, l’étoile de lord Brougham a pâli : celle de lord Durham est encore environnée de vapeurs que ne perce pas suffisamment la vue la plus subtile ; mais il n’y a pas de prophète politique un peu hardi qui hésite à lui prédire la victoire.

C’est aussi depuis cette époque que lord Durham s’est définitivement posé comme le chef du parti radical. Je ne sache rien de plus curieux que les flatteries et les témoignages d’admiration prodigués, par les plus fervens apôtres des idées démocratiques, au plus fier de ces aristocrates hautains qu’ils affectent de tourner en ridicule. Quelques-uns affirmèrent sérieusement que, si M. George Lambton avait recherché un titre nobiliaire et ambitionné la pairie, c’était pour consacrer toutes ses facultés à la défense du peuple, dans une assemblée où les droits et les intérêts populaires en avaient si grand besoin. D’autres y mettaient plus de naïveté : ils déploraient la faiblesse qui lui avait fait accepter la couronne de comte, mais ils déclaraient, pour la consolation de tous les vrais patriotes, que c’était la seule tache dont l’éclatant civisme de M. Lambton fût légèrement altéré. On me dispensera de dire jusqu’à quel point lord Durham, qui est aussi fier que personne de sa naissance et de sa pairie, aimait à voir ainsi demander grace en son nom pour le tort de l’une et de l’autre.

Le dernier ministère de sir Robert Peel n’a point eu à se défendre contre l’opposition active de lord Durham, que sa mauvaise santé empêchait de prendre part aux travaux du parlement. Mais après la chute de cette administration, il accepta de nouveau le poste d’ambassadeur à la cour de Russie. Ici, je dois dire que cette résolution étonna beaucoup et beaucoup de monde. On ne s’expliquait pas qu’il consentît à s’éloigner de la scène politique, au moment où le plus grand nombre de ses admirateurs le croyaient près de recueillir l’héritage du pouvoir suprême. On ne doutait pas que les whigs ne fussent enchantés de se débarrasser en lui d’un rival dangereux et d’un ami incommode ; mais il est plus difficile de pénétrer le secret des motifs personnels auxquels il céda en acceptant une espèce d’exil diplomatique, à moins, toutefois, comme je l’ai entendu souvent assurer, et comme cela est arrivé à beaucoup de grands seigneurs anglais, que son immense fortune eût été assez dérangée par les profusions et le laisser aller de la vie politique, pour avoir besoin de se refaire aux dépens de celle de l’état.

Je ne suivrai pas lord Durham dans son ambassade de Russie. Nos relations avec cette puissance n’indiquent assurément pas que notre diplomatie ait eu de grands succès à Pétersbourg, ni qu’elle y fait valoir avec énergie le nom et les ressources de l’Angleterre. Cependant je crois qu’on peut accorder à lord Durham le mérite d’y avoir montré, en définitive, autant de dignité que le permettaient les circonstances, sous la direction d’un ministère décidé à maintenir la paix, comme le plus cher de nos vœux et le premier intérêt de notre patrie.

À l’avènement de la reine, lord Durham reparut en Angleterre. L’ascendant bien connu qu’il exerçait dans les conseils de la duchesse de Kent, mère de notre jeune souveraine, fut alors un motif de plus pour faire espérer à ses amis qu’il ne tarderait pas à être revêtu de fonctions éminentes dans l’administration intérieure du pays, et on ne saurait nier que sa première démarche ne fût de nature à encourager cet espoir. Je veux parler de la lettre qu’il adressa, peu de temps après son retour, à un de ses amis politiques dans le comté de Durham, lettre destinée à la publicité, et qui réunissait tous les caractères d’un programme ou plan de conduite de son auteur sous le nouveau règne. Le langage de lord Durham s’y montrait, pour la première fois, empreint de cette réserve, de ces timidités, de ces ménagemens que les hommes d’état s’imposent après les extravagances de leur jeunesse, quand ils se croient aux portes du pouvoir. Lord Durham déclarait qu’il restait fidèle à ses grands principes du vote au scrutin secret, de la franchise électorale étendue à chaque citoyen domicilié, et de la triennalité des parlemens ; mais il déclarait aussi, en termes bien différens de ceux qu’il avait employés trois ans auparavant à Édimbourg, qu’il ne voulait pas presser le pays de résoudre ces questions, tant que la majorité ne serait pas acquise à des innovations si révolutionnaires, décidé à soutenir le ministère, sans le pousser à des tentatives qu’il n’avait peut-être pas la force d’accomplir. Ces doctrines de modération, si nouvelles dans la bouche de lord Durham, étonnèrent amis et ennemis. La portion la plus prudente des radicaux, ceux qui ne voulaient pas se séparer des whigs, dispensateurs actuels de la fortune et des faveurs, exaltèrent la sagesse de leur chef et manifestèrent l’intention de se conformer à ses avis. Mais il se forma, dans le sein du même parti, une minorité violente qui l’accusa hautement de s’être laissé corrompre par sa nouvelle position de cour, et recommença à proclamer que la cause des peuples ne devait pas compter sur les grands de la terre dans la lutte qu’elle avait à soutenir. Les radicaux de la législature actuelle se sont donc divisés en deux sections : la majorité, qui comprend M. O’Connell avec les membres irlandais, et lord Durham avec ses partisans, appuyant le ministère ; et une minorité faible, mais audacieuse, sans chef et sans but nettement défini, mais résolue à s’allier, s’il le faut, avec les tories, pour amener enfin la ruine du juste-milieu.

La question du Canada est venue fort à propos pour accroître et envenimer encore les dissidences qui avaient déjà éclaté entre ces deux classes d’hommes politiques, et surtout depuis que lord Durham a déclaré accepter les grands pouvoirs dont le ministère l’a investi avec un empressement qui semblerait annoncer le désir d’éloigner encore une fois un dangereux compétiteur, ses premiers amis, les radicaux, ont entièrement cessé de le ménager. Lord Brougham, qui, de son côté, semble ne s’être mis à la tête de l’opinion révolutionnaire que pour harceler ses anciens collègues, pour entraver leur marche, se trouve maintenant opposé à lord Durham, comme il en arrive de deux armées qui se déplacent dans la chaleur du combat, et font entre elles un échange de positions. Sans doute il est pénible d’avoir à retracer de pareilles inconséquences, et à prêter de pareils motifs aux hommes dont la majorité libérale de la nation attend sa direction et le triomphe de sa cause ; mais c’est une cause qui a toujours gagné du terrain, et grâce au talent de ses défenseurs, et en dépit de leurs fautes.

Le rôle que lord Durham a maintenant à jouer, bien que difficile, n’est cependant pas au-dessus de la portée d’un homme d’état qui réunit à des intentions droites un courage ferme et décidé. Nous avons eu des torts envers le peuple canadien, ou plutôt les intérêts d’une petite population coloniale ont été quelquefois négligés au milieu des grandes affaires du pays et du fracas de nos discussions politiques ; voilà, si je ne me trompe, ce que personne ne conteste. Mais les avocats des Canadiens n’ont pas réussi, malgré leurs ingénieux efforts, à démontrer l’existence d’un seul acte d’oppression calculée, à citer un seul exemple de cette espèce de tyrannie qui provoque et justifie de la part du sujet un appel à l’insurrection et à la force. Depuis longues années que je m’occupe des affaires publiques et ne respire que l’atmosphère politique, je n’ai jamais vu aucun sentiment hostile, aucune affectation de supériorité insultante se manifester dans l’appréciation de nos rapports avec le Canada, rien, en un mot, qui ressemblât à l’orgueil d’une métropole ni à la dédaigneuse aversion d’une nationalité différente. Aussi, quand la législature canadienne, non contente de réclamer le redressement de griefs exagérés ou réels, annonce hautement la résolution d’exiger des institutions semblables à celles de l’Amérique du Nord, c’est-à-dire, en d’autres termes, quand elle ne demande au fond qu’à séparer le Canada du reste de l’empire britannique, alors elle se soumet nécessairement à la loi du plus fort. Que les amis du Canada se donnent la peine d’étudier le langage tenu dans ces derniers mois par les mécontens, et ils verront bien que c’est le Canada lui-même qui a prononcé sa sentence. En invoquant le principe de l’indépendance canadienne, les mécontens ont enlevé la plus grande partie de leur importance aux points secondaires, et pour ainsi dire techniques, du débat qui s’agite entre eux et nous, par exemple, à la question de savoir s’ils exerçaient un droit constitutionnel en refusant le bill de subsides, pour contraindre le gouvernement anglais à changer la constitution du corps législatif. On doit juger les gouvernemens et les peuples d’après leurs intentions avouées, et non seulement d’après leurs actes. Ici les uns et les autres s’accordent ; on avoue l’intention de se soustraire à la souveraineté de l’Angleterre, et on agit en conséquence. À moins de nous résigner au démembrement de l’empire, avions-nous un autre parti à prendre que de résister à main armée ?

Le sang de ces braves Canadiens qui se sont fait tuer en défendant leurs villages contre nos soldats, retombe donc sur la tête des promoteurs de cette insurrection et parmi nous et sur les rives du Saint-Laurent. Mais, à présent que la force a joué son rôle, les difficultés de gouvernement et de législation commencent. Le problème à résoudre, c’est de rendre par degrés au peuple de ces colonies, lentement et avec sécurité pour tous, les droits et la constitution qui ne leur ont pas suffi, d’affermir notre domination, et de concilier néanmoins la souveraineté de l’Angleterre avec la liberté du sujet ; car, s’il est nécessaire d’exercer pendant quelque temps au Canada un pouvoir absolu, nos intérêts nous défendent de perpétuer un système qui consisterait à maintenir violemment dans l’obéissance toute une population désaffectionnée.

Pour une mission comme celle de lord Durham, les qualités personnelles d’un gouverneur-général, la fermeté du caractère et la sagacité de l’esprit, jointes à une grande modération et à des ménagemens éclairés pour les préjugés et les habitudes des deux races avec lesquelles il doit traiter, peuvent être beaucoup plus utiles que les meilleures lois du monde élaborées à dix-huit cents lieues de distance. C’est donc avec une juste anxiété que la nation se préoccupe du caractère et des qualités de l’homme d’état qui n’a point décliné cette pénible tâche. Lord Durham a l’ame noble, de l’honneur, des opinions sincèrement libérales ; mais ce ne serait pas assez de ces qualités précieuses, s’il n’apprenait encore à déguiser, dans ses nouvelles fonctions, la toute-puissance du dictateur sous l’habile modération du magistrat ; s’il ne secouait, par un vigoureux effort, ses habitudes de réserve et de froideur altière ; s’il ne réprimait avec soin ces brusques et impétueux mouvemens d’humeur, cette irritabilité de caractère dont l’accusent ses ennemis, et que ne peuvent nier ses meilleurs amis. Car l’insulte fait de plus profondes blessures que l’injustice, et la révolte des esprits contre un grand pouvoir n’est jamais aussi nationale, aussi sérieuse, aussi persistante, que lorsqu’il revêt, dans un étranger, les formes du mépris envers ceux qu’il est appelé à gouverner, quand bien même il n’y aurait pas oppression réelle. Mais nous espérons mieux de lord Durham, et il serait digne de lui de préluder aux plus hautes destinées qui l’attendent par le glorieux titre de pacificateur du Canada.


Un membre du parlement.
Londres, avril 1838.