Horizons/Petite fin

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HorizonsEugène Fasquelle (p. 112-113).
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PETITE FIN


L’oiseau pris n’aura pas connu le premier vol,
Le beau temps bleu, l’air frais comme une eau de fontaine,
Les chansons… Dans ma main qui le tient, frêle et mol,
Sa mort s’attarde ainsi qu’une agonie humaine.

Doucement, tristement, son petit souffle fuit,
Il ne contenait rien qu’une goutte de vie ;
Mais sa race d’oiseau, qui jamais ne dévie,
Était puissante ainsi que la nature en lui.

Son âme d’un instant, aiguë, impatiente,
S’empressait et criait vers sa part de soleil,
Et tout son corps chétif secouait le sommeil
De l’œuf, du bout d’une aile écourtée et mouvante…


Oiseau ! Oiseau ! la chambre est pleine de ta mort !
Elle déborde, elle a rempli toute la terre !
L’âme humaine sur toi se penche, funéraire,
Et te regarde et voit la douleur de son sort :

Car tes frêles sursauts mortuaires, d’avance
Lui montrent son suprême et seul vrai lendemain ;
Et c’est tout notre effort, toute notre arrogance,
Qui luttent pour mourir dans le creux de ma main.