Horizons/Supplique

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HorizonsEugène Fasquelle (p. 134-135).
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SUPPLIQUE


Où es-tu ?… Tu sais bien que je t’adore au soir,
Ô nocturne !
Moi qui ose parfois face à face te voir
Sur le visage de la lune.

Où es-tu ?… Tu sais bien, ô mobile, ô marine !
Que je t’aime le long des reflets des eaux douces,
Et dans la trouble mer tendrement saphirine
De mon pays d’herbe et de mousse.

Où es-tu ?… Je t’attends partout où il fait noir,
Ô très sombre !
Je te cherche en tremblant parmi toutes les ombres,
Celles du plein soleil comme celles du soir.


Où sont tes yeux ?… Pourquoi les benoites momies,
Les pharaonnes d’or restent-elles endormies
Au fond des sarcophages peints,
Alors qu’épouvantable et belle, tu reviens ?

Je te sens ! Je te sais !… Où vais-je aller mourir,
Sur quels genoux sacrés, dans quels bras indicibles,
Si vainement j’entends tes sanglots et ton rire,
Si les dieux, à jamais, demeurent invisibles ?…