Humain, trop humain/Entre amis (Postlude)
Société du Mercure de France, (Œuvres complètes de Frédéric Nietzsche, vol. 5, p. 477-478).
Il est beau de se taire ensemble,
Plus beau de rire ensemble, —
Sous la tenture d’un ciel de soie,
Adossés contre la mousse du hêtre,
De rire affectueusement avec des amis d’un rire clair
Et de se montrer des dents blanches.
Si je fais bien, nous nous tairons ;
Si je fais mal, — nous nous rirons,
Et de plus en plus mal ferons,
Plus mal ferons, plus mal rirons,
Tant que nous descendions à la fosse.
Amis ! Oui ! Cela doit-il être ?
Amen ! et au revoir !
Point d’excuse ! Point de refus !
Accordez, gens joyeux, au cœur libre,
À ce livre de déraison
Oreille et cœur et gîte !
Croyez-moi, mes amis, ce n’est pas une malédiction
Que fut pour moi ma déraison !
Ce que je trouve, ce que je cherche
Fut-il jamais dans un livre ?
Honorez en moi la gent des fous !
Apprenez de ce livre fou
Comment Raison revient — « à la raison » !
Mes amis, cela doit-il être ?
Amen ! et au revoir !