La Cithare (Gille)/Hymne de la Victoire

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 111-113).
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HYMNE DE LA VICTOIRE


 
Que mon chant tout d’abord Vous salue, Apollon,
Royal archer, Pallas aux armes invincibles,
Et toi, fière Artémis, chasseresse qui cribles
De tes flèches de feu le bois et le vallon
Et te plais aux combats terribles !

Car c’est par Vous, enfants de Zeus tempétueux,
Que les Grecs sont vainqueurs ; béni soit votre zèle.
Sol illustre entre tous ! la Victoire sans aile,
Ne pouvant désormais s’envoler de ces lieux,
Nous restera toujours fidèle.


Les esclaves d’un roi, sa garde d’Immortels,
Ne t’ont pas violée, ô belle Salamine.
Que le chœur en chantant avec moi s’achemine
Vers nos temples sauvés, vers nos libres autels
Qui se dressent sur la colline !

Or, réjouissons-nous en nos cœurs enivrés :
Les Dragons de Xerxès sont tombés sous nos armes ;
Des jours nouveaux luiront qui seront sans alarmes.
Mères, ce sont vos fils qui nous ont délivrés ;
Pourquoi ces plaintes et ces larmes ?

Si la patrie, hélas ! a perdu son printemps,
S’il est vrai que la fleur, l’orgueil de votre vie,
Femmes, vient aujourd’hui de vous être ravie,
D’un plus sublime éclat vos fronts sont rayonnants,
L’Hellade entière vous envie.

Songez donc au destin de vos fils, nos guerriers !
Nos autels désormais seront leurs chères tombes ;
Ils reverront encor le sang des hécatombes
Rougir tes gazons frais, île aux beaux oliviers,
Ô nourricière des colombes !


Le laurier toujours vert abritera leur front ;
Près d’eux nous suspendrons notre noble dépouille.
Quant à vos noms fameux, héros que rien ne souille !
Jamais, dans l’avenir, ils ne s’effaceront
Sous le lichen ou sous la rouille :

Ils sont inscrits en nous. Ceux-là ne meurent pas
Qui sont, pour la Cité, tombés dans les batailles ;
Leur visage est frappé mieux qu’au creux des médailles
Au fond des cœurs. Ils ont triomphé du trépas ;
Ils survivent aux funérailles.

Immortels par nos chants, plus vivants et plus beaux,
Sans cesse ils renaîtront au sein de la jeunesse ;
Et, plus tard, dans ces champs, aux heures d’allégresse,
Les enfants de Cécrops diront : Dans ces tombeaux
Repose l’honneur de la Grèce.