Hymnes profanes/IV/Séparation
Séparation
Tu m’avais dit : « Voici que le Soleil se lève !
« Approche, mon jeune amoureux,
« Viens et nous voguerons vers la cité du Rêve,
« Nous serons seuls en étant deux.
« La route est par trop dure à qui va solitaire
« Enfant, puisque tu souffriras,
« Il faut pour essuyer tes pleurs une main chère
« Et c’est moi que tu chériras. »
Où donc est à présent ton ancienne promesse ?
Réponds, que fais-tu maintenant ?
Ah ! femme, qu’as-tu fait de ma pauvre jeunesse
Et de mon cœur qui t’aimait tant !
Me voilà bien plus seul qu’avant de te connaître,
Ma chambre est morte, tout est mort,
Et je suis là le front collé sur ma fenêtre
Malgré tout espérant encor !
Ah ! si tu revenais ! ce serait la patrie
Revue après les jours d’exils,
Ce serait l’arc-en-ciel après l’averse enfuie,
Le port après tous les périls !
Mais non, ne reviens pas dans la pauvre chambrette
Où tu promettais de m’aimer,
Parjure et mauvais cœur, cœur sec, cœur de coquette,
Tu rirais de me voir pleurer !