Idées républicaines, augmentées de remarques/44

La bibliothèque libre.
◄  XLIII
XLV  ►

XLIV.

Il n’y a jamais eu de Gouvernement parfait, parce que les hommes ont des paſſions : & s’ils n’avoient point de paſſions on n’auroit pas beſoin de gouvernement. Le plus tolérable de tous eſt ſans doute le Républicain, parce que c’eſt celui qui rapproche le plus les hommes de l’égalité naturelle. Tout pere de famille doit être le maître dans ſa maiſon, & non pas dans celle de ſon voiſin. Une ſociété étant compoſée de pluſieurs maiſons & de pluſieurs terreins qui leur ſont attachés, il eſt contradictoire qu’un ſeul homme ſoit le maître de ces maiſons & de ces terreins : & il eſt dans la nature que chaque maître ait ſa voix pour le bien de la ſociété.

XLIV.

L’Auteur ſe déclare pour le Gouvernement républicain ; il n’eſt pas le ſeul. Mais la préférence qu’il lui donne, eſt fondée ſur un motif qui ſerviroit à le rendre moins tolérable. Plus une forme d’adminiſtration tend à rendre les hommes égaux, plus elle eſt expoſée aux triſtes influences des paſſions.

L’Auteur prétend enſuite déſigner la nature du Gouvernement Monarchique par une contradiction qui n’exiſte que ſous ſa plume, & qu’il n’a pû avancer ſans ſe charger d’une fauſſeté. La ſociété eſt ſans doute compoſée de pluſieurs maiſons, de pluſieurs terreins qu’elles occupent ; mais en vertu du Gouvernement Monarchique un ſeul homme ne devient pas maître abſolu de ces maiſons, de ces terreins. Le premier Souverain d’une Monarchie c’eſt la Loi, le Roi en eſt le premier Sujet, & il régne par la Loi ; il reçoit l’autorité de Dieu ; il en uſe en Pere & non en Maître : celui-ci ſeroit un deſpote, le premier eſt un Prince digne de régner.