Identification anthropométrique, instructions signalétiques/28

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V. — Remarques sur quelques cas exceptionnels.

53. — Nous avons vu que dans la très grande majorité des cas, à mesure qu’on progressait de gauche à droite dans la série, la quantité du pigment croissait avec l’intensité de sa teinte. C’est ainsi qu’en fait de pigment, il n’y a guère que le jaune et l’orangé qui soient fréquemment mis entre parenthèses.

54. — Bien plus, quand on rencontre un œil manifestement peu pigmenté et doté uniquement de quelques pointillés d’un orangé clair et vif (jaune-souci, par exemple ; voir l’œil F3 du tableau), il est de règle de le classer au jaune, c’est-à-dire de le ranger à la classe des yeux peu pigmentés, plutôt qu’à l’orangé. Inversement, les yeux pourvus d’un cercle jaune très abondant doivent être apostillés du chiffre 3 et être rangés dans la classe des orangés, quoique leur auréole puisse concurremment être qualifiée de jaune (voir G1 du tableau). Ce sont là des formules anormales auxquelles il ne faut recourir qu’exceptionnellement. De même, certains cercles roux foncé, irréguliers et incomplets, seront qualifiés et classés à l’orangé plutôt qu’au châtain (voir I1 et I3 du tableau).

55. — Autrement dit : la classification étant basée à la fois sur la qualité et la quantité du pigment, quand le second facteur ne suit pas le premier, l’œil rétrograde d’une classe.

Sans ces restrictions, on pourrait imaginer des yeux classés à l’orangè qui seraient en même temps limite-impigmenté ; et inversement on rencontrerait à la division des impigmentés des yeux limite-orangé. Ces enjambements par-dessus une classe troubleraient les règles de la classification et des vérifications dans le répertoire anthropométrique. L’orangé en si petite quantité est d’ailleurs toujours difficile à distinguer du jaune.

56. — Le châtain donne lieu à une observation du même genre. Par son ordre dans l’échelle, cette classe occupe le milieu entre l’œil bleu et l’œil marron, et ne réunit que des yeux d’une pigmentation incomplète. Il en résulte qu’il est quelquefois, théoriquement et pratiquement, préférable de classer au no 6 (marron-verdâtre) les yeux presque entièrement châtain-foncé, où la matière colorante n’est pas groupée en cercle autour de la pupille, mais indistinctement et abondamment répandue sur tout l’iris. L’aspect général des yeux de cette classe est d’ailleurs infiniment plus rapproché de celui des yeux marron-verdâtre que de celui des yeux châtain (voir les nos M3 et N1).

57. — Quant aux yeux pigmentés de châtain pur, ils ne se rencontrent pour ainsi dire jamais sans mélange de verdâtre (voir l’œil K1 déjà mentionné, ainsi que L2).

58. — Répétons d’ailleurs qu’en pareilles occurrences l’observateur est plus que jamais invité à se couvrir par l’indication des limites possibles, qu’il exprime au moyen de numéro de classe double ou triple. Il doit en outre, s’il croit indispensable de faire une infraction à la numération ordinaire du pigment, indiquer que c’est là de sa part un fait raisonné et ne résultant pas d’une erreur, en soulignant le numéro de classe dont l’attribution est ainsi modifié. Bien plus, il fera sagement, aussi longtemps que sa compétence comme anthropomètre ne sera pas reconnue, d’en faire l’objet d’une remarque explicative à la rubrique des particularités ou des renseignements divers. C’est dire combien rarement il devra y recourir.