Identification anthropométrique, instructions signalétiques/50

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V. — Les paupières (Pl. 47).

63. — Une description théorique des paupières doit analyser séparément : 1° la dimension et le degré de leur ouverture ; 2° la direction générale (ou obliquité) de cette ouverture considérée spécialement en son angle externe ; 3° le modelé de la paupière supérieure ; 4° le modelé de l’inférieure.

64. — 1° L’ouverture des paupières est considérée :

a) au point de vue de la dimension horizontale de la fente palpébrale ; d’où les deux termes extrêmes

paupières peu fendues
paupières très fendues.

b) au point de vue du degré proprement dit de leur ouverture, appréciée verticalement, d’où

paupières peu ouvertes
paupières très ouvertes.

65. — Il arrive quelquefois que le peu d’ouverture de l’œil doit être attribué plus particulièrement à un abaissement habituel de la paupière supérieure. Ce caractère s’observe fréquemment sur un seul œil. On le désigne par : paupière supérieure (droite ou gauche} tombante (Pl. 47, n10 10).

66. — 2° L’obliquité de la fente palpébrale est plus apparente que réelle. Elle ne doit être prise en note que lorsqu’elle est extrêmement prononcée, comme chez le type chinois dont les yeux à angle externe relevé sont connus de tout le monde. Le caractère opposé est l’angle externe abaissé (Ib., nos 5 et 6).

67. — 3° La paupière supérieure s’étend verticalement de son bord garni de cils jusqu’à l’arcade du sourcil, et peut être considérée comme composée de deux bandes superposées, l’une en forme de capote, mobile, garnie de cils, que tout le monde connaît, et, au-dessus, la partie fixe, sous laquelle la première vient se replier plus ou moins quand l’œil est ouvert.

68. — Le modelé caractéristique de la paupière supérieure est déterminé par la forme de ce repli, quand le sujet regarde droit devant lui.

69. — L’expression paupière recouverte sert à désigner les cas où la partie fixe masque entièrement la partie mobile de la paupière. C’est l’œil voilé du public. Le caractère inverse est la paupière découverte (Ib., nos 7 et 8).

70. — Ne pas confondre ce caractère avec le cas où la paupière supérieure est entraînée au fond de l’orbite par un enfoncement exagéré du globe oculaire, dont le modelé cesse alors d’être visible. (Voir plus loin, § 87, ce que nous disons des yeux enfoncés.)

71. — Remplacer les mots paupières recouvertes (ou découvertes) par ceux de paupières débordantes (ou rentrantes) dans les cas exagérés où la paupière dessine, soit une boursouflure retombant en avant, soit un creux isolant partiellement le modelé du globe oculaire.

72. — Indiquer éventuellement si le débordement de la paupière sur les cils tend plutôt à couvrir l’angle externe ou l’angle interne de l’œil. Exemple : débordement externe (ou interne) de la paupière supérieure (Ib., no 11).

73. — Toutes choses égales d’ailleurs, les qualificatifs de la première série (paupières recouvertes ou découvertes, qui présupposent une plénitude relative de l’orbite) sont plutôt les caractères de la jeunesse et de la santé, tandis que ceux de la deuxième série (paupières débordantes, qui semblent résulter d’une infiltration aqueuse de toute l’orbite, ou paupières rentrantes, qui dénotent un état d’amaigrissement ou de dessèchement de la même partie) se rencontrent en majorité chez les sujets d’âge mûr.

74. — La mention œil bridé (Ib., no 9) se rapporte à une forme spéciale de débordement de l’angle interne de la paupière supérieure, dont l’œil chinois (déjà cité, mais à un autre point de vue) offre le modèle typique[1].

75. — 4° La paupière inférieure offre à l’observateur plus de particularités de conformation que de variations morphologiques, proprement dites, susceptibles du groupement à deux extrêmes.

76. — Signalons d’abord le léger renflement, de quelques millimètres seulement d’épaisseur, qui contourne toute l’étendue du bord ciliaire. On le désignera par : paupière inférieure à bourrelet.

77. — L’œil cerné, qui se passe de définition, ne sera mentionné que lorsque le sillon bleuâtre contournera en entier la paupière inférieure en la séparant nettement du haut de la joue.

78. — La paupière inférieure à poche est plus caractéristique. Elle se distingue de l’œil cerné par un gonflement de la paupière qui, en s’affaissant antérieurement, dessine généralement plusieurs plis concentriques (Ib., no 12).

79. — Enfin les paupières peuvent être le siège d’une inflammation chronique, d’où les remarques : paupières rouges, larmoyantes, chassieuses, et plus spécialement : paupières rouges et tombantes.

80. — Les cils, finalement, peuvent être très longs ou très courts, très abondants, très rares ou même totalement manquer.

81. — Remarques. Nous avons déjà dit plus haut que les observations sur le modelé et le degré d’ouverture des paupières demandent à être faites sur des sujets se tenant debout, la tête droite et regardant horizontalement devant eux.

82. — Il est facile, en effet, de vérifier, en se regardant dans une glace, que la paupière supérieure rentre d’autant plus profondément dans l’orbite que l’on penche davantage le front en avant, et que, inversement, elle apparaît d’autant plus à découvert que la personne qui s’observe, rejette la tête en arrière.

83. — Aussi ces mêmes constatations, déjà délicates à faire sur le vivant, sont facilement entachées d’erreur lorsqu’elles sont basées sur une photographie commerciale. Tous les artifices de l’art : écran, réflecteur, position plus ou moins forcée imposée au modèle, sans parler de la retouche, tendent alors à atténuer le cerne des yeux, et l’ombre portée par les sourcils et les rides du front.

84. — Il faudrait également se garder de conclure, sur la vue d’une photographie, à un manque de symétrie entre les deux paupières ou les deux sourcils. Les inégalités de ce genre doivent très souvent être attribuées à l’impression de gêne que produit la lumière très vive de l’atelier sur l’œil éclairé, tandis que l’organe opposé, laissé dans l’ombre, s’ouvre librement. Ces asymétries sont surtout apparentes sur les photographies judiciaires qui, d’après les règles, doivent être faites en pleine lumière, et ne pas être retouchées (Pl. 51, no 7).

  1. Chez l’Européen l’œil bridé est caractérisé moins par la présence d’une vraie bride, qui sur lui ne s’observe presque jamais, que par la forme spéciale, en demi-croissant, de la partie mobile et découverte de la paupière supérieure qui, au lieu de se terminer en pointe extérieurement comme intérieurement, s’élargit régulièrement de l’angle interne à l’angle externe.