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Idylle saphique/17

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Librairie de la Plume (p. 234-247).
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XVII

Au bout de quelques jours, un ennui trouble, obscur, enveloppeur, s’empara d’Annhine. Son retour parmi ses amis, ses habituelles distractions en son cadre charmant lui avaient donné quelque joie, une sorte de plaisir fiévreux pendant une courte semaine, puis elle était retombée, anéantie dans sa triste lassitude, plus découragée encore, sans but maintenant, sans destinée, se disait-elle.

Elle avait été heureuse de retrouver Henri, son affection… elle aurait bien voulu l’aimer, reporter sur lui le sentiment vague, bizarre, tourmenté qui la possédait et la tuait lentement. Ses nerfs tendus à l’excès, en souffrance d’excitation, la jetèrent en ses bras avec une passion folle, inexplicable, qui le ravit d’abord puis l’effraya ensuite. Il s’efforça de la calmer, lui résistant par bonté d’âme, la raisonnant doucement, tendrement, craignant un assouvissement qui lui serait nuisible, une fatigue qui la rendrait malade. Elle avait si bonne mine, elle, revenue en si parfait état, si fraîche, si rose, les yeux brillants, animée, joyeuse, il fallait qu’elle se conservât en si belle santé, ce serait dommage de détruire un si bon résultat. Si elle l’aimait — car il prenait pour de l’amour ce besoin d’expansion — elle comprendrait. Alors Nhine sortit beaucoup, courant à droite, à gauche, chez ses amies, chez les fournisseurs, commandant ceci, détruisant cela.

Elle fut le caprice même, bouleversant tout, voulant distraire sa pensée par n’importe quel moyen. Elle changea son parfum, en choisit un très fort, pénétrant, qui montait à la tête. Le bleu lui devint odieux, elle ne voulut plus que du rose, ses dessous furent roses et blancs, sa lingerie devint enrubannée de rose, elle fit jeter tous ses petits rubans bleus. Sa chambre à coucher lui parut fade, mièvre, elle en désira une très sévère, avec de hautes sculptures et d’anciennes tapisseries ; il fallut dénicher de vieux bois, elle courut les antiquaires, s’extasia devant des vitraux Renaissance qui compléteraient la transformation ; elle changea tout, jusqu’au plafond qu’elle fit orner de poutrelles sombres, puis elle se décida pour un grand lit à colonnes garni de bandeaux en vieilles soies déteintes. Enfin sa fièvre n’eût de cesse que son docteur ne lui eût procuré une tête de mort qu’elle plaça sur une table auprès de son lit. Le macabre objet reposait sur un coussin de velours myrthe qui en faisait ressortir les osseux contours et la lividité de vieil ivoire. Lorsque tout fût fini, pendant quelque temps, chez elle, elle s’affubla de grandes robes très longues et droites en broderies lourdes, de dalmatiques orfévrées de pierreries, se para de bijoux anciens : pendants d’oreilles extraordinaires ocellés de saphyrs baroques, ceintures ciselées et constellées d’étranges perles, colliers bizantins, bagues énormes, d’un seul rubis, d’un énorme béryl, bizarrement sertis en des ors mats ou verdis. Elle se coiffa d’un petit bonnet vénitien filé d’or, de perles et de turquoises, puis elle rêva d’ornements à forme fantastique ; il lui fallut des grenouilles, des animaux de légende, des chimères, des dragons, des chats jaunes et noirs, des crocodiles… elle en posa partout : sur les consoles, tout autour de son lit, en haut des meubles, à terre, devant la cheminée, sur les tables, en dessous des chaises. Puis elle imagina des contes fous et voulut s’essayer à écrire. En une heure de sentimentalité, elle fit une petite chose assez gentille qu’elle dédia à Tesse. Ce n’était vraiment pas trop mal tourné ; elle y parlait des fleurs « fragiles et embaumées que nous arrachons cruellement de leurs tiges pour les laisser mourir en un bouquet banal dans une chambre close et qui nous charment encore jusqu’à la fin par l’exquisité de leur forme et la suavité de leur parfum. » Les chiens « fidèles et dévoués, que l’on néglige, que l’on traite durement et que l’on brutalise même, puis qui s’en reviennent lécher humblement la main qui les frappe » et enfin des hommes « que l’on adore, à qui l’on se sacrifie, à qui l’on donne son âme et tout son être et qui brisent impitoyablement le cœur qui s’est voué à eux ». Elle soupirait très fort et songeait à Max de Gastier. Celui-là l’avait vite oubliée : un mot de tristesse, d’adieu laconique ; l’envoi banal d’une broche, quelconque et très chère, comme prix de son amour… Encore un qui l’avait mal comprise ! Elle lui en voulut d’avoir si vite accepté leur séparation, elle se crut très malheureuse et pleura amèrement, puis chercha à se consoler… c’est cela… à son tour de faire souffrir les autres… cela la vengerait ! De Flossie on n’en parlait plus, jamais elle n’y pensait. Une fois, rue Royale, elle avait bien cru apercevoir une chevelure d’un blond très pâle… alors elle s’était penchée en dehors du coupé, puis s’était rassise, en poursuivant une autre idée… Non… sa pensée allait toute vers Arcachon, vers Max. Cette étreinte passionnée s’était dénouée brusquement, d’une façon si soudaine ! Il lui fallait quelque chose de nouveau qui l’intéressât ailleurs.

Un matin qu’elle longeait les Acacias, Tesse lui présenta un tout jeune homme, Maurice de Sommières. Annhine le regarda en-dessous, puis, le trouvant gentil, elle lui permit de se joindre à elles. Ils causèrent de choses banales que l’affabilité de Nhine et le charmant tour d’esprit de Maurice transformèrent en d’exquises coquetteries. Ils se plurent de suite et n’essayèrent pas de le cacher. Il était très gosse, ayant à peine dix-huit ans. Il avait souvent entendu parler d’Annhine, il la suivait, de loin, aimant à la voir passer, à lire son nom dans les échos, s’initiant ainsi à ce qu’elle faisait. Il savait son long voyage et croyait en connaître les causes. Là, il s’arrêta rougissant, confus d’avoir trop parlé. Elle le taquina, l’interrogea. Il cita, à propos et finement, quelques vers du poète qui justement se trouvait être le préféré du moment, puis il demanda l’autorisation de se présenter chez elle.

— Volontiers !… Quand ?

— Je suis très tenu, Madame, ma famille me considère encore comme un véritable enfant, mais dès que je pourrai m’enfuir ce sera pour courir près de vous. À cinq heures, un de ces soirs, si vous le voulez bien, j’irai tenter ma chance, mon bonheur…

Il lui baisa la main et disparut, ému, emportant dans son cœur tout un monde d’illusoires désirs et d’enivrants espoirs. — J’irai chez elle demain, ce soir, se disait-il, puis une fierté d’enfant le prit. Non, il ne faut pas s’emballer, elle me devinerait trop amoureux et se moquerait de moi, je me présenterai après-demain seulement. Il se raisonnait, se combattant lui-même. Trois jours après, Nhine rentra très tard ; on lui remit la carte du jeune Sommières qui était venu en son absence. Il avait voulu l’attendre, était ressorti, puis revenu ; finalement il s’en était allé tout triste, déconfit, disant qu’il reviendrait un de ces jours, bientôt, sitôt que cela lui serait possible. Annhine resta décontenancée… c’était dommage !

Le lendemain matin il neigeait. Personne n’irait au Bois d’un temps pareil. Chic !… Elle voulût y aller très tôt, s’enveloppa d’une jaquette d’hermine, en harmonie avec la blancheur d’ouate qui tombait, silencieuse et envahissante. Qu’elle aimerait cela, marcher dans la neige !… Elle se coiffa d’une toque, d’hermine aussi, ses petits pieds étaient protégés par de mignons snow-boots, une jupe de drap noir, collante, qu’elle relevait gentiment, découvrait le bas de la jambe fine et nerveuse. Elle trottait très vite par les allées désertes et claires, le nez au vent, toute rose de la bise qui lui pinçait les joues, le teint animé, les yeux vifs, suivie de Princesse couverte d’une pelisse de fourrure assortie à celle de sa maîtresse. Tout à coup, elle aperçut un cavalier solitaire qui s’en venait. Elle reconnût Maurice.

— C’est drôle, lui dit-elle avec un sourire, alors qu’il s’approchait en saluant, il n’y a que deux êtres dans le Bois, ce matin, et il faut que ce soit nous !

— C’est un hasard que je bénis, répondit-il mais ne vous arrêtez pas, vous allez prendre froid. Continuons, je vous suivrai lentement.

— Je suis en angora, dit-elle, je ne crains rien, mais vous êtes bien imprudent !

— Dites que j’ai été bien inspiré ! Le dimanche, c’est mon jour de liberté, de vacances, comme aux tout petits. Quelque chose m’a dit que je vous rencontrerais, mais oui, malgré ce temps, malgré… mais vous allez vous moquer de moi !…

— Vous êtes trop gentil pour ça, lui dit-elle — elle se détournait afin de lui sourire, avec un geste plein de grâce — et au fond — elle le menaça — vous n’en croyez pas un mot !

Il la supplia :

— Demain ? Dites, demain vous trouverai-je chez vous vers cinq heures ?…

— Pourquoi cette heure malencontreuse qui est celle de la vie au dehors, du Bois, des essayages ?… Venez donc plus tôt !

— Impossible, hélas ! Je travaille… il hésitait… je prépare des examens…

Elle rit de sa désolation, de sa voix qui tremblait :

— Alors… plus tard ?

— C’est que… je dois rentrer chez moi…

Il était tout déconcerté, sa figure devenait triste.

— Vous avez de jolis yeux bleus, dit-elle tout à coup, oui… je serai chez moi demain. Maintenant, il faut rentrer. Partez en avant que je vous admire, mon beau cavalier !

Il la regardait, heureux, le visage rayonnant ; il se sentait homme, très fort, il eût défié le monde entier. Pour baiser le bout de ses doigts, il se pencha à se faire désarçonner, puis il partit. Au milieu de la grande allée, il se retourna afin de l’apercevoir encore. Elle le suivait, agitant la main en signe d’adieu. Pendant ce court instant d’inattention, la croupe de son cheval heurta violemment contre un phaéton qui arrivait sur lui à toute vitesse. L’animal se cabra et reçut une poussée qui le fit fléchir des deux genoux. Maurice le retint avec force et le dirigea vivement du côté gauche. L’attelage fuyant à fond de train, il était de nouveau seul. Après s’être assuré d’un coup d’œil que son cheval n’avait rien de grave, il revint près d’Annhine qui avait suivi avec une visible émotion le léger accident. Elle était encore toute pâle, appuyée contre un arbre. Elle essaya de rire, mais ses lèvres tremblaient, elle ne put dire un mot.

— Ça me fait un plaisir fou que vous ayez eu peur, dit-il en passant.

Elle se redressa, taquine :

— C’est par humanité, pour le cheval, lui lança-t-elle, à demain, grand maladroit !

Elle remonta dans son coupé. Elle en oubliait sa Princesse. Maurice courut vers la voiture en criant :

— Votre petit chien ! Votre petit chien !

Elle se frappa le front et sonna. Le cocher arrêta.

Elle ouvrit la portière et appela Princesse :

— C’est la première fois que je l’oublie, et c’est de votre faute…

Elle s’éloignait, s’occupant de sa chérie, de sa mignonne, de sa fifille… Ah ! oui, elle demandait pardon ! Pauvre Lolotte ! on l’avait oubliée… dans le Bois… sous la neige ! comme un petit chien de pauvre… de vagabond ! Oh ! jamais Princesse ne lui pardonnerait ça, bien sûr, jamais ! Sans rancune, Princesse se laissait embrasser, donnant des petits coups de langue à droite, à gauche, dans les cheveux, dans les oreilles, sur la voilette et les fourrures.

Dans la journée, Annhine repensa plusieurs fois à cette promenade du matin : Dire que j’avais oublié ma Princesse, c’est trop fort !

Le soir elle alla aux Folies-Bergère avec Altesse et des amis. Vers onze heures elle voulut rentrer, se sentant faible, nerveuse, lassée. Elle sortit la première de l’avant-scène et aperçut Maurice, anxieux, en attente derrière la petite porte. Elle ne le reconnaissait pas, il était mignon comme tout en habit… un vrai chérubin… l’air encore plus jeune. Elle lui tendit la main, lui faisant part de son impression en deux mots vite jetés. Il balbutia honteux et la regarda s’éloigner entourée d’une joyeuse bande d’amis. — Que fait-il donc là, ce petit, s’il est aussi peu libre qu’il le dit ?

— Je ne pense pas que ce soit votre famille qui vous envoie aux Folies-Bergère, lui dit-elle en l’accueillant le lendemain.

— Mais si, répondit-il, on m’avait permis de voir les luttes qui sont tout ce qu’il y a de plus intéressant, je vous ai aperçue, alors je me suis vite blotti derrière votre loge, guettant votre passage pour avoir un regard, un sourire, espérant une parole, ce qui est arrivé. J’en ai rêvé toute la nuit !…

Elle faisait la moue :

— Et si je n’avais pas été là ?

— Alors, soirée banale, mais le souvenir de ce matin que la neige faisait clair et floconneux m’avait pénétré de sa douceur, et puis vos paroles… chacune d’elles… j’y ai tellement songé, ne riez pas de moi !

Sa voix muait, prenant des inflexions tendres et subitement enfantines…

Vous m’aviez dit que j’avais de jolis yeux bleus… alors je me suis regardé… souvent, comme ceci, voyez !…

De sa main largement ouverte il voilait le bas du visage, découvrant seulement le front et les yeux…

Et j’ai trouvé une chose qui m’a ravi !… Vous ne voyez pas ? Tenez, c’est frappant pourtant, à mon idée du moins !… examinez-moi bien… bien… vous ne remarquez pas quelque chose ?

Annhine le considérait, chercheuse, sans trouver le mot de l’énigme. À la fin, il lui prit la main et la conduisant :

— Venez devant la glace, il faut que vous trouviez, faites comme moi.

Elle imita son mouvement.

— Eh bien ! vous ne voyez rien ?

— Non, c’est-à-dire… si… — découragée elle abaissa la main. — Non, je préfère vous avouer que je n’y suis pas du tout !

Il s’écria d’un ton outré :

— Comment ? Vous ne trouvez pas que je vous ressemble ?… des yeux ?… des yeux seulement, ajouta-t-il confus.

Elle éclata de rire, puis dit :

— C’est ma foi vrai !… Vous avez raison, mais je n’y pensais pas, voilà ! Recommencez ! Oui… c’est vrai… il y a quelque chose… mais oui, c’est la même forme, la même couleur, presque la même expression au fond de tristesse, je vous demande pardon.

Il se remettait et lui baisait les mains, joyeux maintenant.

— Que je suis heureux, Annhine !… J’ai vos yeux, vos yeux, vos jolis yeux ! — Il la contemplait extasié. — Vous êtes si belle, murmura-t-il, nulle autre ne peut vous être comparée, si attirante !… Je suis si content d’avoir vos yeux, Annhine ! Je me regarderai souvent quand je serai loin de vous.

Elle s’assit près de la fenêtre ; le jour mourant au travers des vitres nimbait son fin profil d’un rais de lumière pâlement douce, presque mystique. Dans sa longue robe de satin blanc, très lâche, peinte de branches de glycines aux grappes mauves et retombantes, aux larges manches fendues découvrant le bras nu et formant comme un développement d’ailes, les cheveux relevés très haut sur le dessus de la tête mignonne et dégagée, elle semblait une irréelle vision se détachant lentement d’un antique vitrail, et si vaguement vaporeuse qu’on aurait craint une clarté soudaine, un brusque éclat de voix qui l’eussent fait disparaître au regard, rompant le charme intense de ce silencieux crépuscule.

Maurice en eût la sensation si vive qu’il s’agenouilla près d’elle, la contemplant sans oser parler, puis il chuchota presque religieusement des mots sans suite, très simples cependant, les mêmes toujours, ceux que l’on dit ou que l’on chante ou que l’on rêve dès la première chaleur d’amour.

Annhine l’écoutait, tendre, recueillie, quelque chose la prenait, dans cette adoration d’un enfant ainsi agenouillé à ses pieds, en prière, en ferveur. Il désira partir sous cette impression de voluptueuse langueur. En se relevant, il effleura le front de Nhine, chastement, purement.

Elle tressaillit et l’appela :

— Maurice ?

Il répondit :

— Nhine ?

— Maurice, dit-elle d’une voix prenante, je te sens si autre que tous, il me semble que je t’aimerai… si tu le veux.

— Si je le veux !…

Enhardi par ces mots affolants, il vint à elle et la prit dans ses bras. Sa réponse fut un long baiser sans fin, ardent, presque farouche. Annhine s’abandonna, heureuse, émue, en désir…

Et ce fût alors entre eux un amour sans nuages, des joies sans pareilles, des bonheurs sans retour.

Partout ils se retrouvaient : le matin, dans ce Bois en lequel ils chérissaient le souvenir de leur première rencontre, puis, à cinq heures, Nhine rentrait voir si son petit homme, son Momo ne viendrait pas, comme par hasard après un examen, entre deux cours, puis, avant le dîner, un bonsoir… Le matin très tôt, à l’heure où tout le monde dormait encore, il arrivait, c’était lui qui éveillait Nhine, il lui donnait son bain, elle se levait devant lui. Il adorait l’heure de la toilette, où la jolie femme, seule avec lui, s’habillait sous ses yeux. Oh ! comme il l’avait bien à lui, le matin. Le soir, c’étaient de tristes heures. Comme il n’avait plus sa mère — elle était morte très jeune d’une sorte de consomption — et que deux de ses petites sœurs n’avaient pu vivre, atteintes du même mal au printemps de leur vie, que lui-même était faible, délicat, son père le tenait beaucoup, veillant sur lui avec un soin extrême, l’autorisant rarement à sortir le soir, restant avec lui ou le confiant à un précepteur en qui il avait toute confiance. Alors, en ces longues soirées passées loin d’elle, Maurice s’énervait. Inquiète et jalouse, sa pensée allait à Nhine et se forgeait de chimériques tableaux. Il se la représentait, joyeuse et entourée, parée et jolie, en des théâtres, en des soupers où chacun pouvait l’admirer, jouir du spectacle de sa beauté… puis d’autres fois, il la voyait chez elle, en ce cadre troublant qui faisait tant ressortir sa frêle exquisité, elle n’était pas seule, un autre était là, qui l’approchait, l’aimait, la possédait !… De folles rages lui passaient en tête, il souffrait, il croyait perdre la raison, et cela l’exaspérait, sans relâche, pendant des nuits entières d’insomnie. Le matin il partait vite, voulant savoir, croyant surprendre, en avance sur l’heure convenue… il pâlissait en sonnant à la porte, croyant percevoir des bruits de pas qui se pressent, étouffés, se mourant d’un retard, puis, dès qu’il apercevait Annhine souriante qui lui ouvrait les bras et lui offrait ses lèvres, enivré, éperdu, il oubliait tout et se laissait aller à son immense bonheur.