Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées/II. Transcription et traduction des textes (monuments I et II)

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Impr. de la Société de littérature finnoise (p. 58-158).

Los Turcs entrèrent aussi en relations avec l'empire byzantin: en 568, ils envoyèrent une ambassade à Constantinople. En revanche, l'année suivante, on envoya, sous la conduite de Zemarkh, une ambassade grecque au «khagan» turc «Dizaboul». C'est surtout à ce propos que divers auteurs byzantins, notamment Ménandre Protector et Théophylacte Simocatta, donnent des renseignements sur les Turcs, renseignements qui sont pourtant assez insignifiants en comparaison de ceux dont nous sommes redevables aux Chinois.

Pour servir de donnée à l'intelligence de la teneur des inscriptions et contrôler ce qu'elles nous racontent, je jugerais convenable de présenter ici quelques points principaux de l'histoire des Turcs en suivant, mais seulement en seconde main, la version chinoise. Cet exposé consiste en des extraits empruntés aux ouvrages précités, surtout au mémoire de Stan. Julien. (Les passages reproduits littéralement, sont mis en « ».) Quant à la reproduction des mots et noms chinois, je regrette de n'avoir pu être conséquent; toutefois je m'en tiens en général à ce même auteur, à moins d'indication contraire.

Voici d'abord quelques notices sur les mœurs des Tou-kioue [1]:

«Les Tou-kioue laissent flotter leurs cheveux, jettent à gauche le pan de leur vêtement[2], et habitent sous des tentes de feutre. Ils se transportent d'un lieu à un autre, suivant qu'ils y trouvent de l'eau et des herbes. Leur principale occupation est l'élève des troupeaux et la chasse. Ils font peu de cas des vieillards, et montrent une grande estime pour les hommes qui sont dans la force de l'âge. Ils ont peu d'intégrité et de honte du mal, et ne

  1. Journ. asiat , 6e s., III, p. H31 et suiv. (sous l'année 558), p. 351 et suiv. (sous l'année 581 ; Visdelou, 1. c. p. 56 et suiv Les notices regardent donc un temps plus ancien que celui de nos inscriptions; mais, à coup sûr, les détails rapportés n'ont subi que très peu de changements pendant cet intervalle.
  2. «Les Chinois le jettent à droite, et considèrent l'usage contraire comme le signe auquel on reconnaît qu'une nation n'est pas civilisée
connaissent ni les rites ni la justice; ils ressemblent en cela aux anciens Hiong-nou.»

«Les grands officiers sont: 1 0 le Ye-pou 2 0 le Bout 3 0 le Tikk'in (Teh-kUn), 4 0 le Sou-li-pat, 5 0 le To-toun-pat [1], enfin d'autres petits magistrats. Ces fonctionnaires publics forment en tout vingt-huit classes distinctes. Toutes ces charges sont héréditaires. — Pour armes ils ont l'arc, la flèche, la flèche sifflante, la cuirasse, la lance, le sabre et l'épée. [Ils sont habiles à monter à cheval et à tirer de l'arc] Leurs ceintures ont des ornements en creux et en relief. Au sommet de la hampe de leurs drapeaux, ils placent une tète de louve en or. Les satellites du roi s'appellent fou-li, mot qui signifie loup [2]. [Ils attendent que la lune soit dans son plein pour commencer leurs déprédations.]»

«Quand un homme est mort, on dépose son corps dans sa tente. Ses fils, ses neveux, ses parents des deux sexes, tuent chacun un mouton et un cheval [ou: tuent une multitude de bœufs et de chevaux), et les étendent devant la tente comme pour les lui oflrir en sacrifice. Ils en font sept fois le tour à cheval, en poussant des cris lugubres, et dès qu'ils sont arrivés devant la porte de la tente, ils se tailladent le visage avec un couteau, de sorte qu'on voit le sang couler avec leurs larmes. Après avoir fait sept tours, ils s'arrêtent. Ils choisissent alors un jour fa-

  1. J'ai substitué ici aux transcriptions de Stan. Julien celles de M. (i. SchleGEL, La stele fuineraire du Teghin Giogh Helsingfors 1892, p. 6. Ce savant suppose que le caractère Bout est fautif pour Che. Je serais plutôt porté à supposer qu'il faut lire Cha(t) (comp. p. 74 , ce caractère ressemblant à tBouh autant que «C/ir» (voir par ex. Schlegel 1. c, p. 2i note, dernier caractère de la I. 3 Sous les Thang, «le chef de la maison militaire était nommé Chris:;, et son second Tik-k'in, tandis que les grands officiers portaient respectivement les titres de Yepou, K' out-louttsoat , A/t'o, Souh'pat , Totoun, Soukin, Yen-houriy-iat, KiehUpnt et Tatkan"» (Schlegel, 1 c, p. 7; comp. Visdelou, 1. c, p. 42 a; Journ. asiat. IV, p. 201; Devéria dans Inscr. de l'Orkhon p. XXXVII [24]). Quant au mot tik-k'in^ voir plus loin, p. 7.S; totortn et taCt)kan sont évidemment les titres turcs ttidtin (inscription II E 40 ?) et tarqan (voir I N 12, 1 W 2, Il S 13;; yepou (= chehou, dans les auteurs antérieurs?), à mon avis, pourrait bien rendre la forme turque jabyu (voir I E 14 = H E 12, note 21). Pour le reste de ces titres, l'identification avec des formes turques est trop douteuse.
  2. En turc, böri ou büri, loup.
vorable, et brûlent le cheval que montait le défunt ainsi que tous les objets qui étaient à son usage. On en recueille les cendres, et on enterre le mort à des époques particulières. Lorsqu'un homme est décédé au printemps ou en été, on attend pour l'enterrer que les feuilles des arbres aient jauni et soient tombées. S'il est décédé en automne ou en hiver, on attend que les feuilles soient poussées et que les plantes soient en fleur. Alors on creuse une fosse et on l'enterre. Le jour des funérailles, les parents et les proches offrent un sacrifice, courent à cheval et se tailladent la figure comme le premier jour où la personne est morte. Après l'enterrement, auprès de la sépulture, on place des pierres et Ton dresse un écriteau [1]. Le nombre des pierres est proportionné à

celui des ennemis que le défunt a tués pendant sa vie. [S'il a tuè un homme, on dresse une pierre; il y en a pour qui l'on a dressé jusqu'à cent et mille de ces pierres.] Après la mort d'un père, d'un frère aîné ou d'un oncle, le fils, le frère cadet et les neveux épousent leurs veuves et leurs sœurs.»

«Quoique les Tou-kioue émigrent ou changent de domicile, chacun d'eux a toujours une portion de terre. I-.e khan habite constamment sur le mont Tou-kin [2]. Sa tente s'ouvre du côté de l'orient, par respect pour le côté du ciel où se lève le soleil.» —

«Ils révèrent les démons et les esprits, et croient aux magiciens. Us se font gloire de mourir dans un combat, et rougiraient de finir de maladie. En général, ils ont les mêmes mœurs que les Hiong-nou.» —

D'après les auteurs chinois, les Tou-kioue étaient une race particulière des Hiong-nou (Huns) et demeuraient dans les monts Altaï (en chinois Kin-chan, les monts d'or). C'est peut-être là aussi, dans les monts Ektag («mont d'or»), que Zemarkh rencontra le «khagan» des Turcs[3]). Vers le milieu du VIe siècle, leur chef était Tou-men, qui se donna le premier le titre de Kho-han (ka- gan, khan[4])) ou I-li-khan et à sa femme (non pas ta sa fille») celui de Kho-ho-toun[5]). Dans ce temps-là, les Turcs étaient déjà devenus nombreux et puissants et commencèrent cà se rendre aux frontières de la Chine pour vendre de la soie et entrer en relation avec le royaume du Milieu[6])». Tou-men attaqua entre autres les Thie-le, peuple nombreux de race turque[7]), les battit et soumit environ cinquante mille familles. Tou-men mourut en 552. Son fils Kho lo ou Isi-(ki-)khan, qui lui succéda, ne régna qu'un an. Apros sa mort, son frère cadet Sse-kin ou Sse-teou (ou Yen-tou) lui succéda et reçut le nom de (Mo-han ou) Mokan-khan[8]). «Il était d'un naturel dur et cruel, et ne s'occupait que de combats.» «Il se dirigea vers l'ouest et défit les Yeta (Yep-t'at, Schlegel; c.-à d. les Ephthalites des auteurs byzantins); à l'est, il poursuivit les Khi-tan[9]) au nord, il s'empara du royaume de Ki-ko (des K'it-kout, Schlegel). Par la puissance de ses armes, il soumit tous les royaumes situés en dehors des frontières (de la Chine). A l'est, depuis l'ouest de la mer de Liao (le golfe de Corée); à l'ouest, jusqu'à la mer Occidentale (la Caspienne ou le lac Balkach?), sur une étendue de dix mille //; au sud, depuis le nord du grand désert de sables (Cha-mo ou Gobi); au nord, jusqu'à la mer du Nord (le lac Baïkal?), sur un espace de cinq à six mille li, tout lui était soumis[10]).»

«Mo-kan mourut après vingt ans de règne; il délaissa son fils Ta-lo-pien et se donna pour successeur son propre frère cadet. Celui-ci s'appela Tho-po-khan. Il donna à Che-thou, fils d'I-si-khan, le titre de Eul-fo-khan, et le chargea du commandement général de la partie orientale de ses États. Il donna au fils de son frère cadet Jo-tan-khan le titre de Pou-li-khan, et l'établit dans la partie occidentale. A cette époque, Tho-po-khan avait cent mille archers, et il inspirait de sérieuses craintes au royaume du Milieu[11]).» «Il régna pendant dix ans, et mourut de maladie. Après sa mort, les grands de la nation voulurent placer Ta-lo-pien sur le trône; mais, comme sa mère était d'une famille obscure, le peuple ne voulait point se soumettre à lui. D'un autre côté, la mère de 'An-lo (fils de Tho-po-khan) étant d'une famille noble, les Turcs avaient pour lui la plus grande estime. Che-thou, étant arrivé le dernier, s'adressa aux grands et leur dit: 'Si vous placez sur le trône 'An-lo, je veux me mettre à son service avec mes frères; mais si vous lui préférez Ta-lo-pien, je suis décidé à garder les frontières et à l'attendre l'épée au côté et la lance au poing.' Comme Che-thou était d'une haute stature et plein de bravoure, les grands du royaume furent saisis de crainte, et nul n'osa lui faire opposition. En conséquence, ils prirent aussitôt 'An-lo pour succéder à Tho-po-khan. Talo-pien, n'ayant pu monter sur le trône, ne se soumit pas du fond du cœur à 'An-lo. Chaque jour il envoyait des hommes pour l'injurier et Taccabler d'affronts. 'An-lo, ne pouvant réprimer ces outrages, céda le trône à Chethou. Les grands du royaume délibérèrent ensemble, et dirent: ‘Des fils des quatre khans, Che-thou est le plus sage.' En conséquence, ils allèrent au-devant de lui, et le nommèrent roi sous le nom de Mi-kiu-liu-che-mo-hochi-po-lokhan; on l'appelait aussi Cha-po-lio; il fixa sa résidence sur le mont Tou-kin (voir p. 60, note 2). 'An-lo, s'étant soumis à lui, alla demeurer sur les bords de la rivière To-lo[12]), et reçut le titre de second khan. Ta-lo-pien adressa alors une demande à Cha-po-lio: 'Moi et vous, dit-il, nous sommes tous deux fils do khans, et chacun de nous a le droit de succéder à son père; mais, aiyourd'hui, vous êtes au sommet des honneurs, et moi seul je ne suis revêtu d'aucune dignité. Pourquoi cela?' Cha-po-lio[13]) en fut affligé et lui donna le titre d'A-po-khan. Il s'en retourna et se mit à la tête de ses sujets[14]).»

Il y eut encore d'autres membres de la dynastie qui reçurent le titre de khan, sous la suzeraineté de Cha-po-lio. Tel fut en particulier Tien-kioue, frère (ou oncle?) de Cha-po-lio, et qui fut mis à la tête des Turcs occidentaux avec le titre de Ta-teou-khan (= Tardou, TàQÔ(yv des écrivains byzantins[15])). De cette époque — vers l'an 600 — date la séparation des Turcs en deux empires, les Turcs orientaux et les Turcs occidentaux, ayant chacun leur khan, et ces derniers ne nous regardant pas (comp. p. 70, note 3).

Les Tou-kioue furent toujours des voisins très gênants pour les Chinois: ils faisaient constamment des irruptions sur les fron- tières de la Chine et ravageaient le pays, ou bien ils s'immisçaient dans les troubles des Chinois si bien qu'ils savaient toujours en tirer parti. Tout en désirant se tenir bien avec ces voisins guerriers et puissants, les Chinois avaient toute la peine du monde à les tenir à l'écart, par force ou par ruse. Ainsi nous lisons, à la date de l'an 580, qu'un diplomate chinois, Tchang-sun-tching, qui avait été envoyé en ambassade chez les Tou-kioue, et qui avait eu l'occasion de bien les étudier sous tous les rapports, représenta à l'empereur cque Che-thou, Tien-kioue, A po, etc., qui étaient oncles et neveux, frères aînés et frères cadets, avaient chacun sous ses ordres des troupes nombreuses; qu'ils avaient tous hi titre de khan; qu'ils étaient établis séparément à l'est et à l'ouest, au midi et au nord; qu'intérieurement ils se -soupçonnaient et se détestaient, quoique au dehors ils parussent unis; qu'il était difficile de les vaincre par la force, mais qu'il était aisé de mettre entre eux la division.» Ce plan fut suivi avec beaucoup d'astuce, et de cette manière les Chinois réussirent, en attendant, à affaiblir considérablement les Turcs en excitant les uns contre les autres les différents khans [16]).

Il serait inutile de s'arrêter davantage aux destinées de ces anciens khans et de leurs successeurs. Il suffit de rappeler que les choses continuent de se passer chez les Turcs comme auparavant: plusieurs khans qui rivalisent entre eux; incursions continuelles sur/ les frontières chinoises et guerres entre les deux nations (il va sans dire que, la plupart du temps, c'est là ce que nous apprennent les textes chinois, qui ne savent pour ainsi dire rien sur les rapports des Turcs aux peuples de l'Ouest).

Cependant l'on voit que, grâce non seulement à leurs armes, mais encore à la supériorité de leur civilisation en général, les Chinois gagnent successivement et de plus en plus des avantages sur les Tou-kioue. Kn 630, les Chinois réussissent enfin à dé- faire complètement ces derniers et à faire prisonnier leur khan même, Kie-li[17]). Dès lors les Tou-kioue sont vassaux des Chinois. La plupart des hordes qui avaient fait partie de l'empire des Tou- kioue, s'étaient déjà partiellement soumises auparavant; en partie, elles se soumettent maintenant peu à peu à la Chine, tandis que certains autres des peuples asservis profitèrent de l'occasion pour s'émanciper. Le nouvel État tributaire, qui conserva toujours une certaine indépendance intérieure, se divise en une série de provinces administrées par des gouverneurs ou commandants indigènes, pourvus de titres chinois; à leur tête est préposé un chef portant l'ancien titre de Chen-yu ou bien Khan. Beaucoup des Turcs avec leu^s chefs acceptent loyalement, ce semble, ce nouveau régime, et un assez grand nombre vont successivement s'établir paisiblement en dedans des frontières de la Chine — où, à proprement parler, ils ne semblent pas avoir été vus d'un bon œil, — attirés par la civilisation supérieure et la vie plus aisée. Mais au fond la grande majorité des Turcs restent irréconciliables: ils ne peuvent oublier l'ancienne liberté. Les soulèvements vont en croissant; mais, même s'ils sont suivis d'un succès passager, les Chinois parviennent toujours à les étouffer provisoirement.

Il se produit un changement complet à l'apparition d'un nouveau chef ou khan des Turcs, qui descendait de Kie-li-khan [18]. C'est Ko-tO'lo (Stan. Julien) ou Kou-tou-lou ou, conformément à l'ancienne prononciation des signes en question, Kout-toutlouk ou bien Kout-tho-louk (G. Schlegel [19]), c'est-à-dire le turc qutïuy, l'heureux, évidemment non pas son nom personnel, mais son surnom de khan, et, comme tel, fort approprié, si l'on considère les résultats de son activité. Après avoir d'abord commandé une bande de brigands de plus de 5000 hommes, il se proclama khan des Turcs en 681 [20]. Il battit les Chinois en presque toutes les rencontres et vint faire le ravage jusqu'en Chine [21]. Il paraît que les Turcs avaient fait également de grandes incursions dans l'intérieur

  1. «Ils dressent une haute porche, pour signaler le tombeau, et construisent au-dessus une maison, dans l'intérieur de laquelle ils peignent la personne du mort, et représentent les combats auxquels il a pris part pendant sa vie», Journ. as. 111, p. 352. Cette remarque doit avoir égard à des cas spéciaux et rares; comp. plus loin, p. 78.
  2. Je ne sais pas la situation exacte de celte localité, mais je suppose qu'elle a appartenu aux ramifications orientales du système des monts Altaï. Deguignes, I, 2, p. 375, «vers les sources de la rivière Irtisch»(?); p. 395. «une des branches des monts Altaï. Inscr. de l'Orkhon, p. XVII. où l'on s'appuie sur le Père Hyacinthe, «au nord d'Ordos». Comp. I K 23, note 32.
  3. Έπειτα έπορέύοντο ξὺν τοίς ές το τοιόνδε τεταγμένοις, ίνα ό Χαγάνος αύτος ήν, εν όρει τινί λεγομένώ Έχτάγ,ώς αν είποι χρυσούν όρος Ελλην ανήρ, Ménandre Protector, ch. 18. Le nom d'Ektag est d'ailleurs inconnu et n'existe pas à présent. Il n'est donc point certain que cette localité appartienne aux monts Altaï mêmes; comp. Bretschneider, Mediœoal Researches from Eastern Asiatic Sources (London 1888), I, p. 13, note 5.
  4. Je ferai remarquer une fois pour toutes que dans cette Introduction j'emploie en général, à l'instar de la plupart de mes sources, la forme plus récente de ce titre, khan, tandis que dans la traduction des inscriptions mêmes je garde la forme ancienne, kagan en turc, qaɣan.
  5. En turc, qatun; comp. l'inscription I E 11, 25, 31, I N 9.
  6. Journ. as 111. p .S26-329; IV, p. 201. Deguignes, 1. c, p. 373 et suiv.
  7. En turc, à mon avis, Tölis ou Töläs Voir 1 E 13 -- II E 12, note 21.
  8. Ibd. p. 331 et suiv.; p. 350 et suiv. Deguignes, 1 c, p. 377.
  9. Peuple de race tongouse ou mongole (?), qui demeurait dans la partie méridionale de la Mandchourie de nos jours En turc, Qytai (I E 2 et 4, et ailleurs). Comp. Klaproth, Tdbleaux historiques de l'Asie, p. 87, 159; G. H. Fi. M H. Hfe Volker der Mandschurey, I (Gôttingen 1830> p 8*2 ot suiv ; Bretschneider, 1. c. p. 208.
  10. J. as. III, p. 331, 351; G. Schlegel, Stéle funéraire, p. 32 et suiv.; Inscr. de l'Orkhon, p. XVII. — Dix mille li serait environ 5700 kilom., et cinq à six mille li, environ 3000 kilom., — pourvu que le li ait eu alors la même longueur qu'aujourd'hui, ce qui n'est point certain (comp. Bretschneider, l. c, p. 15, note 10) C'est par inadvertance que Stan. Julien traduit «jusqu'à dix mille li de la mer Occidentale» et «jusqu'à cinq à six mille li de la mer du Nord».
  11. Journ. as. III, p. 353.
  12. Tola, affluent de l'Orkhon, en turc, Toyia, voir II E 30.
  13. C'est par inadvertance que Stan. Julien écrit Ta-lo-pien.
  14. Journ. as. III, p. 354 — 356. J'ai cité in extenso ce passage et un autre plus bas, parce qu'ils mettent en bonne lumière ce que disent les inscriptions I E 4—5 = II E 5—6. Comp. aussi ce que dit plus tard un prince turc, fils de Che-thou khan: «Depuis Mo-kan khan, un grand nombre de nos princes des Tou-kioue ont remplacé leurs frères aînés par leurs frères cadets, leurs fils légitimes par des bâtards. Ils ont manqué de respect à nos ancêtres et ont violé leurs lois.» Ibid p. 504.
  15. Peut-être = turc Tarduëf Voir I E 13, note 21; I N 13.
  16. Journ. as. III, p. 358 et suiv.
  17. Ou Kiet-li, comme l'écrit M. G. Schlegel, conformément à l'ancienne prononciation. Journ. as. IV. p. 228 et suiv.; Deguignes, p. 431 et suiv.: Vis- (ielou, p. 13 et suiv.
  18. D'après Deguignes, 1. c, p. 447; Visdelou, p. 46 b.
  19. Schlegel, Stèle funeraire, p. 23. C'est aussi sous ce nom qu'il est mentionné dans l'inscription chinoise du mon. I, tandis que ce nom ne se trouve pas dans la partie turque, qui ne lui donne qu'une seule fois le nom de II tard s (I E 11 = II E 10) et ne le mentionne d'ailleurs que comme «mon père le kagan>.
  20. Schlegel. I. c. D'après la date fournie en chinois, ibid., note 4 (la 2e année de la période Yong-chun) ce serait toutefois plutôt 683; de même dans Deguignes 1, 1, p. 227; 1, 2, p. 447.
  21. Journ. as. IV, p. 410 et suiv. ; Deguignes, I. c., p. 447—48; Visdelou, I. c.
du Turkestan et dans les pays possédés par les Turcs occidentaux, qui s'en trouvèrent si incommodés qu'ils demandèrent aux Chinois d'être placés dans quelqu'une de leurs provinces [1].

Dans les ouvrages qui sont à ma disposition, l'on ne voit pas quelle est, dans les annales chinoises, la désignation de l'an de sa mort. Tandis que Stan. Julien (I. c p. 414) n'indique aucune année, on lit 693 dans Deguignes et Schlegel [2], mais 690 dans Visdelou (p. 46 b). D'après ce qu'on peut déduire à cet égard de nos inscriptions, indiquant l'âge qu'avaient ses fils à la mort de leur père (voir plus loin), il semble plutôt qu'on doive en fixer la date à 691, peut-être, toutefois, à 690, mais non pas à 693.

A la mort de Kou-tou-lou, ses fils étaient mineurs (nos inscriptions nous apprennent que l'aîné avait huit ans, le cadet, sept; voir II E 14 et I E 30); dans ces circonstances, le frère cadet du défunt, celui que les annales chinoises appellent Me-tch'oue (Stan. Julien) ou, d'après la transcription de Schlegel, Mik'tsoat [3] prit sa place et se proclama khan (il faut bien se rappeler que les Turcs restent, de nom du moins, vassaux de la Chine). Je vais présenter, sur ce khan, quelques détails qui me paraissent on*rir de Tintérêt, soit en général comme caractérisant ce type d'un khan turc, soit pour servir de comparaison à la teneur de nos inscriptions.

En 694, dit-on [4], «il attaqua l'arrondissement de Ling-tcheou (sur le Hoang-ho), tua et enleva de force un grand nombre de magistrats et d'hommes du peuple.» Il fit de même pendant les années suivantes, et cela d'autant plus que les Chinois étaient affairés d'un soulèvement des Khi-tan et que, par conséquent, il pouvait penser qu'on ne pourrait lui opposer des forces considérables. Mais ensuite il adopte un autre procédé, probable-

  1. Deguignes, p. 448
  2. Deguignes I, 1, p. 227; 1. 2, p. 448; Schlegel, 1. c peutôtre seulement d'après Deguignes.
  3. Ce nom ne paraît guère turc, et l'on ne sait pas trop quel était en turc le nom propre de ce khan. Les inscriptions ne l'appellent jamais par son nom, mais seulement «mon oncle le kagan».
  4. Journ. as. IV, p. 414 et suiv.
ment mieux adapte, selon lui, ù la réalisation de ses divers plans: il sollicite la permission de marcher contre les Khi-tan rebelles afin de faire preuve de son dévouement. Dans ce temps-là, la Chine était gouvernée par l'impératrice Wou-heou, qui, après avoir déposé son fils, l'empereur Tchoung-tsoung, et l'avoir exilé, avait usurpé le pouvoir. Elle fit même tuer tous les membres de la dynastie régnante des Thang, à l'exception de deux princes, voulant que la couronne échût à un prince de sa propre famille, et à cet effet elle aurait bien accepté le secours des Turcs [1]. Aussi donna-t-elle à Me-tch'oue la permission sollicitée avec le grade de général de la garde de la gauche. «Il amena alors ses soldats, attaqua les Khi-tan et battit leurs principaux chefs [2]. L'impératrice rendit un décret par lequel elle lui donna le nom de Kie-thie-li-chi-ta-chen-yu et lui conféra le titre de Kong-pao-koue-kho-han (c.'à-d. le khan qui, par ses services, a témoigné sa reconnaissance au royaume).» Mais Me-tch'oue ne pensait nullement se contenter de si peu, et, «avant d'avoir reçu l'investiture, il attaqua tout à coup les arrondissements de Ling-tcheou et de Ching-tcheou et tua et enleva de force un grand nombre d'habitants.» Après avoir subi une défaite, il envoya des ambassadeurs pour présenter ses excuses et ses demandes: il désirait devenir le fils de l'impératrice et épouser une princesse chinoise [3], et il ajoutait: 'J'ai des filles que je désire marier aux deux princes' (ceux qui restaient de la dynastie des Thang). De plus, il demandait qu'on lui livrât les Turcs qui s'étaient soumis à la Chine et qui étaient disséminés dans six arrondissements situés près du coude du fleuve Jaune. Enfin il exigeait «un million de boisseaux de millet pour ensemencer ses terres, trois mille instruments d'agriculture et une énorme quantité de fer». Parmi les conseillers de l'impé-
  1. Deguignes, 1. c, p. 450.
  2. Plus lard il subjugua lui-même une partie au moins des Khitan et d'un peuple qui leur était très apparenté et que les Chinois appellent Hi (Deguignes, 1. c; Journ. as. IV, p 455— 57; Visdelou, 1. c, p. 47 a).
  3. Il ne cesse de répéter jusqu'à ses dernières années cette prière; mais toutes les fois qu'il semble Ctre sur le point de voir s'accomplir son désir, il détruit luiniême le résultat par son manque d'égards. Les détails de cette affaire sont insignifiants pour notre sujet, bien que pour lui-même elle jouât toiyours un rôle très important.
ratrice, les opinions étaient fort partagées; mais on finit par résoudre td'accéder à ses demandes. En conséquence, on lui accorda du millet, des instruments d'agriculture et plusieurs milliers de tentes des Turcs soumis. Par suite de ces circonstances, les Tou-kioue devinrent très puissants.»

Ensuite l'impératrice ordonna à son propre neveu, qui, on se le rappelle (comp. plus haut), n'appartenait pas aux Thang, et qu'elle destinait à lui succéder, d'aller demander au khan une de ses filles. Mais le khan le fit jeter en prison et déclara dans les termes les plus injurieux qu'il ne voulait donner sa fille qu'à un prince de la dynastie des Thang, dont les Turcs avaient reçu tant de bienfaits, et qu'avec toutes ses troupes il voulait courir au secours des deux princes survivants de la dynastie pour empêcher qu'on ne leur enlevât l'empire. Cette réponse, accompagnée d'une lettre d'une teneur pareille, fut cause coopérante que l'impératrice fit revenir l'empereur son fils à la cour [1].

Ce changement en faveur de l'empereur, n'empêcha point que le khan n'exécutât les menaces qu'il avait proférées. Il se mit à la tête de 100000 cavaliers, se dirigea vers le sud et pénétra en Chine. Toutes les villes situées au nord du Hoang-ho en furent en alarmes; il les prit et les saccagea l'une après l'autre, et semble même être entré dans la province de Chan-toung [2]; «il brûla les chaumières et les maisons, et convertit en désert les bourgs et les villages. L'impératrice fut transportée de colère. Elle rendit un décret par lequel elle mettait à prix la tête de Me-tch'oue, et promettait à celui qui le tuerait le titre de roi et le surnom de Trhan-tch'oue (c.-â-d. celui qui a décapité Me-tch'oue).» En outre on envoya de nouvelles armées contre lui. Mais il se retira sans avoir été rejoint par elles. Auparavant cil prit les hommes et les femmes qu'il avait enlevés de force et les fit périr, au nombre de quatre-vingt-dix mille [3]

Ceci eut lieu en 698, à ce qu'il semble. De la même manière, il entrait tous les ans dans les frontières pour les ravager. «Les soldats chargés de les défendre, n'avaient pas un instant de repos.» La force des Turcs résidait surtout dans leur grande célérité: ils paraissaient subitement, se livrant au vol et au brigandage; mais, avant que les troupes chinoises se fussent mises en marche, ils avaient disparu. Ce n'est qu'assez rarement qu'on livrait bataille [4]. Ainsi Ton mentionne, à la date de 706, que le général chinois Cha-tcha-tchong-i «livra bataille aux Tou-kioue, près de Ming-cha, et fut vaincu [5]

«Me-tch'oue, lit-on [6], fier de ses victoires, méprisait le royaume du Milieu et se montrait plein d'orgueil. En général, son armée était presque égale à celle que possédait autrefois Kie-li-khan. Ses États avaient, en long et en large, une étendue de dix mille li; tous les barbares lui étaient soumis. Il donna le gouvernement d'orient à son frère To-si-fou [7], et celui d'occident

  1. Deguignes. p. 450; Journ. a.s. IV, p. 418.
  2. Ce ne serait pas là la seule fois qu'il envahit cette province; comp. le Journ. as. IV, p. 425 et l'inscription 1 E 17 -- H E 15.
  3. Journ. as. IV, p. 418 et suiv.; p. 415.
  4. Comp. ce qu'avait dit autrefois un empereur chinois (Journ. as. III, p. 547, an 617): «Ce qui fait la supériorité des Turcs, ce sont les cavaliers et les archers. Quand ils se voient dans une position avantageuse, ils s'avancent avec ardeur; mais s'ils aperçoivent du danger, ils s'enfuient avec la rapidité du vent et disparaissent aussi vite que l'éclair, sans pouvoir se maintenir dans leurs rangs. L'arc et la flèche leur servent d'ongles et de dents. La cuirasse et le casque sont leur vêtement ordinaire. Leurs troupes ne marchent pas en ordre, leur camp n'a pas de place fixe. Ils campent partout où ils trouvent des herbes et des eaux; les moutons et les chevaux forment la nourriture de leur armée. S'ils sont vainqueurs, ils s'arrêtent et cherchent les richesses de l'ennemi; s'ils sont vaincus, ils s'enfuient sans éprouver un sentiment de honte. Ils ne prennent pas la peine de veiller pendant la nuit ni de faire des rondes pendant le jour; ils ne font point de dépenses pour construire des retranchements, ni pour se procurer des vivres et des provisions. Mais quand les soldats de la Chine vont en campagne, ils agissent tout autrement. S'ils entrent en lutte avec les Turcs, il est rare qu'ils puissent remporter la victoire.» L'empereur en conclut que, pour les vaincre, il faut adopter leurs procédés. — C'est aussi cette manière de faire la guerre qui explique le fait que le nombre sommaire de batailles qu'indiquent les inscriptions, est toujours inférieur à celui des campagnes (comp. I E 15 et 18).
  5. Journ. as. IV, p. 424 Je suppose que c'est la même bataille à laquelle fait allusion la p. 426 du même endroit, et où ce même général perdit près de dix mille hommes. L'année suivante il fut de nouveau «battu par les Tou-kioue», ibid. p. 427. Comp. I E 32 et note 39; II E 26.
  6. Ibid. p. 424. Deguignes, p. 451.
  7. Ou Tousik beg, Schlegel, 1. c, p. 23.
à Me-kiu, fils de Kou-tou-lou [1]. Chacun d'eux possédait vingt

mille soldats. Son fils, Fou-kiu, qui avait le titre de petit khan, commandait aux deux précédents. Il avait sous ses ordres quarante mille hommes, et était appelé Tho-si-khan.»

Il va de soi que Me-tch'oue a aussi fait une série d'expéditions contre d'autres peuples que les Chinois, surtout vers l'ouest; mais les textes chinois n'en disent que peu de chose. On rapporte[2] que vers 710 (en 708?) «il se porta à l'ouest avec toute son armée, et attaqua les Tou-ki'chi[3].i> Alors les Chinois profitèrent de son absence pour élever quelques forteresses près de la frontière nord. En 714, il «ordonna à son fils 1-ni-khan de prendre sous ses ordres Thong-'o, du titre de Te-kin, Ho-pa, du titre de Kie-li-fa (Kieh-li-pat, Schlegel; p. 59, note 1), et Chi-chi-pi, et d'aller avec des cavaliers d'élite attaquer Pefij-thing[4], Kouo-

  1. Son titre exact n'est pas indiqué dans le passage cité; comp. Il E 14 — 15, note 21, et I E 17.
  2. Journ. as. IV, p. 428; Deguignes, p. 451; comp. Visdelou, p. 54.
  3. Les Tou-ki-chi, en turc, selon moi, Turgâs (Tûrgàsf Tûrgis ou -ièt) — voir surtout I E 18—19, 36 et suiv. — étaient à proprement parler une grande horde des Turcs occidentaux (comp. p. 63). A peu près au même temps que les Turcs orientaux, ou un peu plus tard, les Turcs occidentaux tombèrent aussi sous la dépendance des Chinois, dont ils subirent constamment la profonde influence: les Chinois déposaient et proclamaient des khans ou les emmenaient prisonniers en Chine; en même temps l'empire des Turcs souffrait beaucoup de luttes perpétuelles, entre autres avec les Persans. En 704, le dernier khan de la dynastie ancienne, prince faible, fut déposé à la suite d'une révolte de ses sujets, qui antérieurement déjà avaient proclamé khan Ou-tche-le, l'habile et brave chef des Tou-ki-chi. De toutes parts on venait se soumettre à lui. Il campait au nord-ouest de la rivière Soui-che (Tchou?), située à l'occident du lac Issi-kul, proche de la rivière Ili. Il établit sa grande cour dans la ville de Koung-yue et sa petite cour sur les bords de la rivière Ili. Après la mort de ce khan, survenue en 706, son fils So-ko (ou Sou-kha) lui succéda Voilà donc comment l'empire des Turcs occidentaux avait été renversé et remplacé par celui des Tou-ki-chi ou Turghès, qui dura jusqu'en 766, époque où il fut renversé par les Ouigours Comp. Deguignes, p 493 et suiv.; Visdelou, p. 54; Klaproth, Tableaux historiques, p. 119 et suiv.
  4. En turc, Bisbidyq, «Cinq-villesv — l'Ouroumtsi de nos jours, sur le revers septentrional des monts Célestes, Thien-chan. Au VIIe siècle, ce fut une des résidences des Tou-kioue. Après que ces derniers se furent soumis à la Chine, Pe-thing fut le siège d'un gouverneur général chinois (louhou). Plus tard. Pe-thing ou Bichbalik appartint aux Ouigours. Voir Klaproth, Mémoires relatifs à l'Asie, II, 1826, p. 355 et suiv.; Bretschneider, 1. c, p. 66, note 157. Comp. Inscr. II E 28.
kien-kouan, de titre du Touhou (c.à-d. gouverneur général chinois) les attaqua, et décapita Thong-o sous les murs de la ville.

Les ennemis se débandèrent et s'enfuirent. Ho-pa n'osa point s'en retourner; il ennmena sa femme et ses enfants et vint se soumettre à la Chine [1]

A la même époque (714?) on mentionne encore une expédition contre les Tou-ki chi. Le khan de ceux-ci. So-ko, fils d*Ou-tche-le (voir p. 70, note 3), avait partagé le gouvernement de son empire avec Tche-nou, son frère cadet. Celui ci, jaloux de n'être pas le plus puissant, ou abandonné des siens à cause de sa violence, alla se rendre ù Me-tch'oue, s'offrant à lui servir de guide pour aller faire la guerre à son frère aîné. Metch'oue fit arrêter Tche-nou et alla seul à la tête de vingt mille chevaux attaquer So-ko, et le fit prisonnier. Au retour de cette expédition, parlant à Tche-nou: «Vous deux, quoique frères, dit-il, vous ne pouvez vous accorder ensemble; puis-je attendre aucune fidélité de votre part?» et il les fit mourir sur-le-champ tous deux[2].

On mentionne aussi qu'il «avait souvent attaqué les Ko-lo-lou[3]et que «l'empereur avait ordonné aux gouverneurs des lieux voisins de leur prêter secours[4]

Enfin, la puissance de Me-tch'oue commença à faiblir. Il était maintenant vieux, et «comme il tyrannisait ses sujets, et que la vieillesse avait augmenté sa faiblesse d'esprit et sa cru- auté, ses hordes l'avaient pris en haine et s'étaient révoltées.» Un nombre croissant des hordes qu'il avait assujetties, vinrent avec leurs chefs (entre autres son propre gendre avec Sse-thaï, chef des Hie-thie[5], les trois familles des Ko-lo-lou, et bien d'autres) se rendre aux Chinois. De cette manière, plus de 10000 tentes des Turcs vinrent successivement à la frontière pour faire leur soumission (en 715). L'empereur ordonna par un décret de les interner au midi du fleuve Jaune, dans le pays d'Ordos, et conféra aux chefs des dignités de différents degrés. «Tous ces déserteurs tramaient avec les Chinois la perte de Me- tch'oue et étaient prêts à l'attaquer, en cas qu'il voulût entrer dans la Chine.»

En attendant, Me-tch'oue alla châtier une des hordes rebelles, les Pa-ye-kou[6], au nord du grand désert; «il leur livra bataille près du fleuve To-lo (Tola, voir plus haut) et les tailla en pièces. Il s'en retourna à la légère et sans prendre de précautions. Comme il traversait une forêt, quelques restes des Pa-ye-kou l'attaquèrent impétueusement et le décapitèrent (22 -juillet 716). Ils remirent sa tête à l'ambassadeur chinois Ho-ling-thsiouen, qui l'envoya à la capitale[7]«Après la mort de son oncle, Kioue-te-kin (c'est-à-dire, en turc, Kül tigin ou tegin, le prince Kul[8]), fils de Kou-tou-lou, ayant rassemblé son ancienne horde, attaqua et tua le fils de Me-tch*oue («le petit khan», voir p. 70) ainsi que tous ses frères, et mit sur le trône son frère aîné Me-kilion, qui prit le titre de Pi(t)-kia kho-han, c'est-à-dire, en turc, Bilgà qayan, le sage kagan [9]. Le nom que ce khan portait dans sa horde, était Siaocha(t), le petit chad [10] il était d'un caractère humain et plein d'amitié fraternelle; et s'il avait lui-même obtenu le royaume, c'était par le mérite de Kioue-te-kin, auquel il voulut à tout prix céder son royaume, que celui-ci ne voulut cependant point accepter. Le khan lui conféra alors le titre de «Prince sage de la gauche» (Tso-hien-tcang) [11], et lui donna le commandement ex- clusif sur l'armée [12]

«Me-tch'oue aussitôt mort, Kioue-te-kin avait fait périr toutes les personnes attachées à son service. Mais Tun-yo-kou [13], dont la fille, Po-fou, avait été mariée à Me-ki-lien, échappa seul à ce massacre. Quand il fut revenu vers sa horde, Sou-lo, général turc de la horde des Tou-ki-chi, après avoir ramassé les débris de la défaite des deux frères So-ko et Tche nou (p. 71), s'était lui- même nommé khan, et la plupart des Tou-kioue allaient se donner à lui; mais Me ki-lien avait appelé Tun-yo-kou pour le consulter sur les affaires du rovaume. C'était un homme de soixante-dix ans et qui inspirait à tout le monde une crainte respectueuse. Tout à coup, Sse-thaï. de la horde de Hie-thie, et autres, vinrent du coude du fleuve Jaune et se soumirent à lui. Dans le com- mencement, les familles soumises s'étaient transportées dans le midi. Tchang tchi-yun, qui avait le titre de Tou-hou en second du Chen-vu, excita la haine et la colère des barbares de l'Ouest. Quand Kiang-hoei fut nommé inspecteur des frontières, Tchang- tehi-yun leur défendit de faire usage d'arcs et de flèches, et leur ôta tout moyen de subsister du produit de la chasse. Kiang-hoei leur ayant rendu toutes leurs armes, ils attaquèrent ensemble Tchang-tchi-yun , le firent prisonnier et furent sur le point de l'envoyer aux Turcs. Mais ils furent contraints de le mettre en

corruption du nom turc personnel du khan; mais quel a été ce nom, c'est ce qui reste obscur. Dans les inscriptions, le khan n'a que le nom de Bilgä qaɣan ce qui, d'ailleurs, semble avoir été la dénomination générale des khans) ou, quand son titre est complet, Tanritäg täṅridä biłmyš türk bilgä qaɣan, c.-à-d., le sage kagan des Turcs, qui ressemble au ciel et qui est venu du ciel. - Dans la forme chinoise Pit-kia, t représente, selon M. Schlegel, le t primitif. liberté et s'enfuirent vers le Nord, où ils vinrent se rendre à Me-ki-lien.»

«Dès qu'il fut maître des hordes soumises, il voulut attaquer la Chine; mais Tun-yo-kou l'en détourna en lui représentant que l'empereur de la Chine était un prince brave; que les Chinois jouissaient depuis longtemps d'une paix profonde, et que l'abondance régnait parmi eux; qu'au contraire les Turcs, fatigués par de longues guerres, avaient besoin de repos, et que d'ailleurs leurs armées n'étaient composées que de soldats nouvellement ramassés. Me-ki lien voulait, en outre, entourer de murs sa résidence, et y élever des temples consacrés au Bouddha et à Lao-tseu. Tun-yo-kou lui dit: 'Tous les Tou-kioue ne peuvent tenir tête aux Thang; ceux qui sont en état de combattre, et dont le nombre est d'un sur cent, cherchent les eaux et les pâturages, se livrent à la chasse, n'ont pas de demeure fixe et s'exercent à la guerre. Quand ils se sentent forts, ils vont en avant; s'ils se croient faibles, ils s'enfuient et se cachent. De la sorte, des troupes nombreuses deviennent inutiles aux Chinois. Si vous vous établissez dans une ville murée, et que vous soyez une fois vaincu, vous ne pourrez manquer de • devenir leur prisonnier. Quant au Bouddha et à Lao-tseu, ils enseignent aux hommes la douceur et l'humilité; ce n'est pas la science des guerriers.'»

«Me-ki-lien approuva ce projet [14] et envoya aussitôt un am-

  1. Joum. as. IV, p. ^ôi- (453); comp. Deguignes, p. 452, Visdelou, p. 47.
  2. Deguignes, I. c, p. 496 et suiv.; Visdelou, 1. c, p. 54 b. Comp. I E 19.
  3. En turc, Qarluq (de qnr, neige?). Voici ce que racontent à leur égard les sources chinoises, dans une section à part de l'histoire des Thang (voir Vis- delou, p. 76): «C'était dans sa première origine un ramas de familles Tou-kioue. Ils étaient placés au nord-ouest de Pe-thing (voir plus haut) et à l'occident des monts d'Or. Ils étaient partagés en trois corps ou familles. En 650, ou peu après, les trois corps furent réduits en province par les Chinois. Les chefs de ces corps eurent le titre de Toutou Ces trois corps étaient serrés par les Tou-kioue du côté de l'orient et du côté de l'occident. Ils observaient la force ou la faiblesse des Tou-kioue, pour régler sur cela leur soumission ou leur révolte, sans avoir à cet égard aucune conduite arrêtée. Dans la suite, ils s'avancèrent peu à peu vers le midi, et leur chef prit le titre de Che hou [Ye-jtout comp. p. 59, note 1] des trois familles ou corps. Ils étaient courageux et aimaient la guerre. Un peu après 713, les Ko-lo-lou vinrent deux fois rendre hommage à la Chine. Après 742, ils se soumirent aux Ouigours et vinrent s'établir dans les monts Oude-ghien {Ouiou-ghai ou, en chinois, Oulou-kiim ou bien Ou-te-kien [Outkin, Devéria]), où ils s'assujettirent aux Houi-ho (Ouigours). Ceux qui demeuraient dans les monts d'Or et à Pething, rendaient tous les ans hommage à Tempereur.» Leur histoire ultérieure est insignifiante pour notre sujet. Comp. Devéria dans Insrr. de f'Orkhon, p. XXXV [15]; Bretschneider, 1. c, II, p. 39 et suiv., et l'inscr. I N 1, II E 29, 40.
  4. Journ. as. IV, p. 456; Deguignes, p. 49i; Visdelou, p. 47, 54.
  5. Horde des Houi-ho (Ouigours) appelée aussi Athie (A-te) ou Hnthie. En turc, peut-être, AdCz; comp. I N 6.
  6. Horde des Thie-le ou Houi-ho; d'après la transcription de M. Schlegel, l. c, p. 23, Poat'i kou; en turc, peut-être, bajyrqu, v. I E 34. Comp. Visdelou, p. 74 et suiv.
  7. Journ. as. IV, p. 455—58; Deguignes, p. 453; Visdelou, p. 47; Mémoires sur les Chinois XVI, p. 6 et suiv. (Visdelou et [par une faute d'impression?] les Méin. sur les Chin., p. 11, indiquent comme année de la mort de Me-tch^ouc 715, ce qui n'est pas juste). Ce sont là tous ces détails auxquels font allusion nos inscriptions I E 22—24 = II E 18-20; comp. I S 5-9 = II N 4-7.
  8. Le mot kûl figure aussi dans le nom de Kûhdur, qui se présente II S 11. Dans l'épopée nationale kirghize sur Semâtâi, un des personnages principaux porte le nom de Kùlâoro, qui y est relié au mot kûl, ileur (voir Radloff, Proben cler Volkslitteratur der iûrk Stâmmc Sûdsibiriens, V, p. 318, V. 22-1' — 225: tKûl uUap tûskôn bniany Kûlôoro kojiip aldy deit» = id., Uebei'setzuny V, p. 321: «Jenem Kinde mit der Blume gab den Namen Kiil Tschoro er»). Est-ce donc qu'aussi en ancien turc le nom de Kûl signifie Jteur tout simplement? Je n'ose le décider; mais tel n'est probablement pas le cas. Car le mol kûl, fleur, qui se retrouve dans diverses langues turques, paraît partout emprunté au persan yul, à proprement parler, rose. Mais alors, on peut difficilement se figurer que ce mot ait existé dans celte période de la langue qui autrement n'admet pas d'emprunts faits à la langue persane. Pour que ladite étymologie soit possible, on devrait forcément supposer que ce mol est du turc véritable et que la ressemblance avec le persan n'est due qu'au hasard. Il est donc plus vraisemblable qu'il faut rattacher le nom de Kûl au mot kûlùj, vaillant (c'est là aussi l'avis de M. Radloff, Die alitûrk. Inschrijten der Monyolei, p. 115). — Dans Voumj pao. Archives, etc, V, Leide 1893, p. 173, M. Schlegel a montré que l'ancienne prononciation du caractère chinois par lequel ce mot est rendu, a été selon toute probabihlé k'ût, et qu'en général, dans les anciennes transcriptions chinoises de mots étrangers, / final est re- présenté par un t (dans son mémoire intitulé La slèle Junrraire du Tèghin Gioyh, il avait suivi la prononciation giok, qui se trouve aussi, et l'avait rendu par Giogh répondant à une forme supposée turque kôk, littéralement «bleu»). — Le mot turc tigiriy tegin, tûyin, prince du sang, employé spécialement en parlant du fils ou du frère du khan, se rend en chinois par te(h)kin ou iik-kin (comp. p 59); autrefois on lisait incorrectement ce mol, là où il appa- raissait dans la littérature chinoise, comme tele, et tel on le trouvera dans la plupart des ouvrages antérieurs. Comp. Devéria, Toung pao II, p. 231; Schlegel, Stèle funéraire, p. 6
  9. Me ki-lien ou, selon M. Schlegel, conformément à l'ancienne prononciation, Mik-kik-lien (comp. aussi Me-kiu plus haut, p. 70) pourrait bien être une
  10. Comp. I E 14 (note 21). 17; II E 15; II S 15.
  11. Ou: lui donna le gouvernement d'orient, Deguignes, p. 458.
  12. Journ. as. IV, p. 458 et suiv.; Schlegel, Stèle funér., p. 23 et suiv.
  13. Comp. Tonjuquq, II S 14.
  14. Deguignes, p. 454, et les Mém. sur les Chin XVI, p. 11, ajoutent qu'il «se contenta de faire bâtir près de la rivière Orkhon une ville que l'on appela dans la suite Ho lin.» Holin, ou Hala Holin, est le nom chinois de Kara- korom. Cette ville, plus tard si célèbre comme capitale des Mongols et située près de l'Orkhon, là où le monastère d'Erdentsô (Erdenitchao) se trouve aujour- d'hui, est d'ailleurs indiquée comme fondée vers 1235 par Ogotaï khan. Voilà pourquoi on peut probablement regarder comme très douteux que Me-ki-lien soit le fondateur de cette ville Supposée exacte, l'indication ci-dessus citée pourrait plutôt se rapporter à la ville qui fut la capitale des Ouigours après la ruine de l'empire des Tou kioue, et qui est identique aux ruines actuelles de Kara-Balgassoun, à l'ouest de l'Orkhon, à environ 35 ou iO kilomètres au N.-O. d'Erdentsô. Ces deux villes sont très souvent confondues. En tout cas, c'est dans ces mêmes contrées que les Tou-kioue avaient à cette époque leur centre. Relativement aux villes de Karakorom et de Kara-Balgassoun, voir, entre autres, U^M dans /n.<rr. dr f Orkhon, p. XXIII, et Devéria, ibid., p. XXXI V; Bret-
bassadeur pour demander à faire la paix (en 718). I/enripereur

rejota sa demande et ordonna de l'attaquer. Dans Tautomne de 720. le général chinois Wang-tsun rassembla les troupes sur les bords de la rivière Kilo; puis il ordonna aux Pa-si-mi, aux Hi et aux Khi-tan d'aller par des routes différentes pour surprendre le camp de Me-ki-lien et s'emparer de sa personne. Me-ki-lien fut fortement effrayé. Tun-yo-kou le rassura en lui disant entre autres: 'Les Pa-si-mi se trouvent à Pe-thing (voir p. 70), et sont fort éloignés des Hi et des Khi-tan; il leur sera impossible de se réunir.' Les choses arrivèrent comme Tun-yo-kou l'avait dit: les Pa-si-mi, n'apprenant aucune nouvelle des Khi-tan ni des autres alliés, s'en retournèrent sur leurs pas. Le khan des Tou-kioue voulut alors les attaquer, mais Tun-yo-kou l'en détourna. Quand il fut arrivé à deux cents li de Pe-thing, il divisa ses troupes et prit un chemin détourné pour s'emparer par surprise de cette ville. Il attaqua aussitôt les Pa si-mi avec vigueur, ceux-ci s'en- fuirent précipitamment à Pe-thing, et comme ils n'avaient plus aucun lieu de refuge, il les fit tous prisonniers. Il s'en retourna par la Chine, pilla Liang-tcheou et battit complètement l'armée chinoise. Les Tou-kioue devinrent aussitôt puissants et eurent tout le reste des sujets de Me-tch'oue [1]

En 721, «le khan sollicita vivement la paix et demanda la permission de servir l'empereur comme un père [2]; celui-ci le lui promit. Il continua chaque année à envoyer des ambassadeurs pour offrir des produits de son pays et demander une princesse chinoise ;» mais on se défiait des Turcs et on la lui refusait toujours [3].

En 725, l'empereur envoya Youen-tching en ambassade au khan pour inviter les principaux chefs à entrer dans les gardes du corps. «Me-ki-lien donna un festin dans sa tente, où il se

Schneider, I. c, p 122, note SO-t; Cordier, Touny pao, Arrhices, IV, p. H3 et suiv. Comp. plus loin, p. 80. trouvait avec la princesse sa femme. Kioiie-le-kin, et Tun yo-koii. 'Les Toufan (Thibétains), dit-il à Youen-tching, sont de la race des chiens, et cependant les Thang ont fait avec eux une alliance de mariage; les Hi et les Khi-tan, qui étaient nos esclaves et servaient dans nos rangs, ont obtenu des princesses chinoises. Les Tou-kioue seuls, malgré des instances réitérées, ont vu rejeter leur demande. Pourquoi cela?' — 'Le khan, dit Youen-tchin, est regardé comme le fils de l'empereur; pourrait-il épouser une de ses filles?* Meki-lien lui répondit: 'Cela n'est pas exact. Les Hi et les Khi-tan ont été adoptés par la famille impériale et ont épousé des princesses chinoises; pourquoi cette faveur me serait- elle refusée? D'ailleurs, la princes.se demandée n'est point la fille de l'empereur. Si je n'obtiens point la personne dont j'ai fait choix, si mes demandes réitérées sont repoussées, je deviendrai un objet de risée pour tous les royaumes.'»

«Youen tchin ayant promis de présenter lui-même la demande du khan, celui-ci envoya un de ses ministres pour offrir des présents. L'ambassadeur accompagna l'empereur et assista au sacrifice qu'il offrit sur le mont Thaïchan, dans la province de Chan- toung. Après celte solennité, l'empereur le traita généreusement et le renvoya après Tavoir comblé de présents; mais il ne lui accorda point l'alliance de mariage qu'il sollicitait. Depuis cette époque, Me-ki-lien envoyait chaque année un de ses grands officiers pour offrir ses hommages à l'empereur[4]

En 727, «les Toufan (Thibétains) ayant engagé Me-ki-lien par une lettre à s'associer avec eux pour ravager les frontières, il n'osa y consentir. H cacheta la lettre et l'envoya à l'empereur, qui le félicita de sa conduite. L'empereur rendit un décret par lequel il autorisait les Turcs à commercer dans la ville de Cheou-kiang-lch'ing, au nord du pays d'Ordos. Ce commerce procura à la Chine les chevaux dont elle avait besoin, et aux Turcs beaucoup d'argent et d'étoffes. En outre, l'empereur lui envoya chaque année un présent de dix mille pièces de soie[5].> En 732, il y eut de grands troubles dans le pays des Khi- tan. Leur roi venait d'être tué; un de ses ministres se sauva avec tous ceux de son parti auprès du khan, pendant que la reine des Khi-tan, qui était Chinoise, se retira en Chine, ce qui donna naissance à une guerre à laquelle les Turcs eurent quelque part, mais qui finit au désavantage des rebelles [6].

«La dix-neuvième année de la période Khai-youen, c.-à-d. en 731, Kioue-te-kin mourut. L'empereur ordonna à Tchang-kiu-i[7], dont le titre était Kin-'ou-tsiang-kiun [8], et à Lia-hiang[9], qui avait le titre do Tou-kouan-lang-tchong [10], d'aller, avec un décret muni du sceau impérial, porter des compliments de condoléance au grand khan, et déposer des offrandes. Il ordonna de graver une inscription sur une stèle, d'ériger une statue du défunt et de cons- truire un temple (une salle des ancêtres). Sur les quatre murs on devait peindre des tableaux de batailles. Il chargea six ar- tistes supérieurs de les peindre exactement et ressemblants et tels qu'on n'en avait jamais vus dans ce pays, et afin que le khan en fût ému quand il le verrait.»

«Le khan demanda de nouveau la princesse, et l'empereur, voyant ses instances pressantes, la lui accorda. En conséquence, il députa un ambassadeur [11] pour présenter ses remercîments à l'empereur et le prier de vouloir bien fixer l'époque du mariage. Mais inopinément il fut empoisonné par Meï-lou-tch'oue [12]; luttant contre la mort, il fit tuer Meï-lou-tch'ouo et exterminer toute sa famille.» Ceci eut lieu dans l'automne de 734 [13].

«L'empereur en témoigna une grande douleur, et ordonna à Li-thsiouen [14], dont le titre éfeit Tsong-tching-khing (surintendant de la famille impériale), d'aller porter ses compliments de con- doléance et ses offrandes. On profita de cette occasion pour élever un temple (une salle des ancêtres), et l'empereur ordonna à l'historiographe Li-hiong [15] de rédiger l'inscription pour la stèle [16]

Tous ses sujets, d'un commun accord, donnèrent à son fils I-jen le titre de khan [17]. Il mourut après huit ans de règne. Après cela, de grands troubles éclatèrent dans le pays des Tou-kioue, et en 745 le chef des Ouigours (Houi-ho) s'empara de tout le pays que les Tou-kioue avaient possédé, et tua leur dernier khan.

Après ce temps, les Tou-kioue ne sont mentionnés que très rarement dans l'histoire de la Chine; la dernière fois en 941, époque où, lisons-nous, ils envoyèrent une ambassade à l'empereur. Dans la suite, il n'y en eut plus aucune. A cette époque, les Tou-kioue étaient devenus extrêmement faibles [18]. Sans doute ils ont successivement dû perdre leurs particularités nationales et être absorbés par d'autres peuples de race turque.

Ce sont ces deux monuments, mentionnés dans les sources chinoises, érigés en l'honneur de Kul-téghin et de son frère Bilghè kagan, et restés dans l'oubli durant des siècles, qu'on vient de retrouver.

Les deux monuments [19], distants d'environ un kilomètre l'un de l'autre, se trouvent dans des entourages tout à fait déserts, près du lac Kocho Tsaïdam, à l'est de la rivière Orkhon. La localité est située à environ 60 kilomètres au nord du monastère d'Erdentsô (l'emplacement de l'ancienne ville de Karakorom) et à environ 30 kilomètres au nord-ouest de Kara-Balgassoun, restes de l'ancienne capitale des Ouigours, à l'ouest de l'Orkhon (comp. p. 75, note 1).

Ce sont deux grands monolithes carrés, arrondis en demi- cercle vers le haut et qui ont été dressés sur un socle. L'un et l'autre ces deux socles restent en place, tandis que les monuments eux-mêmes se trouvent renversés, ce qui a amené la fracture du mon. II en quatre morceaux, sans compter que d'ailleurs la surface se trouve fort endommagée. La hauteur du mon. I sans le socle est de 332 cm et l'inscription en couvre 231. La pierre mesure en largeur 132cm à la base et 122cm vers le haut; l'épaisseur est de 46cm à la base et de 44cm au sommet. — Originairement le mon. Il a eu une forme et des dimensions analogues, mais l'état de la pierre semble rendre impossible d'en indiquer les mesures exactes.

Près des deux monuments on trouve renversées un certain nombre de pierres hautes et étroites et plusieurs figures sculptées, dont aujourd'hui les tètes sont toutes abattues. Au mon. I, soit le nombre de ces pierres, qui ont dû primitivement être placées, d'une manière ou d'une autre, autour du monument même, soit l'espace occupé par elles, sont considérablement plus grands qu'au mon. II [20]. Ensuite on trouve au voisinage de chaque monument un amas de terre, indication évidente d'un édifice écroulé: on en a retiré des tuiles demi-rondes, telles qu'on les emploie encore généralement en Chine pour couvrir les toits des maisons. Il est hors de doute que ces édifices ont été ces temples ou salles des ancêtres mentionnés et dans les sources chinoises et dans les inscriptions turques [21] comme se rattachant aux monuments.

Outre les inscriptions volumineuses en caractères turcs auxquelles je reviendrai tout à l'heure, chacun des deux monuments porte sur l'un de ses côtés, celui de l'Ouest, une, inscription en chinois. Ces dernières sont extraordinairement bien taillées et, au moins dans le mon. I, encadrées d'une large bordure à entre- lacs déliés dont le dessin est d'une grande beauté. L'inscription chinoise du mon. I, en l'honneur de Kul-téghin, est presque complètement conservée. G. von der Gabelentz en a donné une traduction allemande dans Inscr. de VOrkhon. p. XXV et suiv. Une traduction française considérablement améliorée et accom- pagnée de renseignements détaillés, est due à M. G. Schlegel, professeur à Leide (La stèle, funéraire du Téghin Gioghy Mémoires de la société finno-ougrienne, III, Helsingfors, 1892 [22]).

Cette inscription, rédigée au nom de l'empereur de Chine et qui est toute différente de l'inscription turque, commence, d'après la traduction de M. Schlegel. en ces termes: «0, Ciel si bleu! Il n'y çi rien qui ne soit abrité par Toi. Le ciel et les humains sont liés entre eux, et l'univers est homogène. Par son souffle il sépare le Yin et le Yang (les éléments positifs et négatifs), et par ce moyen ils deviennent séparément souverains-maîtres [23].» Vient ensuite une allusion à des rapports antérieurs établis entre les Chinois et les Turcs et aux relations d'amitié qui se sont successivement développées entre les deux peuples: «Nous étions liés avec vous comme un père avec son fils. Nous avons fait que les calamités du brigandage n'ont plus surgi, et qu'on pouvait rentrer dans leurs étuis les arcs et les flèches [24].» Puis on lit: «Le Prince défunt, le Téghin KUuefi (ou Küt [25]), était le second fils du Khakan Kout-tho-louk, et le frère cadet du Khakan actuel Pitkia, Sa piété filiale et ses sentiments amicaux ont retenti jusque dans les pays lointains, et sa valeur était redoutée par [ — ]. Proviendrait-ce seulement des sentiments de fidélité envers son souverain (c.-à-d. l'empereur de la Chine), que son bisaïeul Iti-Mito beg avait multipliés et qu'il avaif su mener lui-même à bonne fin? Son aïeul (le grand-père du Téghin), Kout-tho-louk Kieh-kin, traitait ses sujets avec une profonde humanité, et son fils [et son petit-fils l'imitaient] [26].» Après avoir continué de faire ressortir les nobles qualités du défunt, sa loyauté et sa bravoure, l'empereur exprime ses regrets de sa mort inattendue: «Je le dis et le redis: la douleur et la compassion remplissent mon cœur de douleur; car le Téghin était le frère cadet du Khakan, et le Khakan est comme Notre fils, etc [27]». Suit encore une pièce de vers en l'honneur du défunt.

Enfin, vers la conclusion de l'inscription, l'on ajoute en ces termes la date exacte de l'érection du monument: c Érigé dans la 20® année de (la période) K'ai-youen (de la dynastie) des Grands T'ang, l'année cyclique étant Jin-chin, le ?e mois (appelé) Sin-tcheou, de la nouvelle lune le 7« jour (appelé) Tingw(e)i.» Le chiffre indiquant le mois, est mutilé; selon moi, il faut lire 7, ce qui concorderait avec ce qu'indique l'inscription turque de INE, savoir que notre monument fiit inauguré au 7® mois. En ce cas, la date complète correspondrait exactement au l®** août 732 d'après notre ère. Afin de ne pas interrompre ici l'exposition par une longue digression relative à la chronologie, je renvoie à la note con- cernant INE, à la fin de mon travail, l'argumentation de cette manière de voir personnelle.

L'inscription chinoise du mon. II, en l'honneur de Bilghè kagan, est fortement mutilée, en sorte que c'est seulement une partie très restreinte qu'on peut lire de suite[28]. Sa fin porte pour date la 23e année de la période K'ai-youen, c'est-à-dire 735 d'après notre ère, et dans le corps du texte on cite la 22e année de la même période, soit 734; évidemment c'est l'année de la mort du khan, ce qui concorde avec les indications puisées autre part (voir plus haut, p. 79). Il va sans dire qu'originairement il s'est trouvé une addition des mois et jour, mais il n'y en a plus aucune trace.

Les autres côtés des deux monuments, tant le côté large de l'Est que les deux étroits du Nord et du Sud, sont couverts d'inscriptions serrées, exécutées avec les singuliers caractères turcs. Ces inscriptions sont au nombre des plus considérables qui existent d'ailleurs: celle du mon. I contient en tout près de 10000 caractères; celle du mon. Il, d'une écriture un peu plus serrée que celle do la première, a été un peu plus vaste encore alors qu'elle était entière.

L'inscription du mon. I se compose de deux sections, rédigées l'une et l'autre au nom du khan. L'une de ces sections, la plus grande, couvre tout entier le côté de l'Est (je la désigne par I E), 40 lignes, et va se continuer sur le côté du Nord (I N), qui constitue 13 lignes. Après un court aperçu de l'histoire antérieure des Turcs et en s arrêtant surtout aux mérites du père et de l'oncle, comme à l'essor que prit l'empire des Turcs sous leur règne, le khan rapporte en détail ses exploits et ceux de son frère défunt [29], ainsi que la mort de ce dernier, et enfin il dépeint les regrets qu'il éprouve à cette occasion et les compliments de condoléance qu'il a reçus de la part de différents peuples.

La seconde section, moins grande, occupant le côté étroit du Sud (1 S), soit 13 lignes, et qu'on doit considérer ou comme épilogue ou comme prologue de la section principale désignée la première, contient, sous forme d'allocution aux Turcs, soit des remanjues générales des vicissitudes qui se sont successivement déclarées dans leurs destinées par suite de leurs relations avec les Chinois, tout en déplorant la désobéissance et les dissensions des Turcs, soit la glorification des mérites du khan lui-même, soit, en terminant, la communication concernant le monument même et sa genèse.

A ces inscriptions il s'en rattache d'autres encore, de peu d'étendue, chacune d'une seule ligne, aux trois angles de la pierre, savoir ceux du N.-E., 8.-E. et 8. 0., et dont l'une (I NE) nous renseigne sur ITige de Kul-téghin avec les dates de .sa mort et de ses funérailles, ainsi que de l'inauguration de la pierre. Dans les deux autres, ce n'est plus le khan qui parle: c'est un parent des deux frères, nommé Yolig- (ou Yollig-?)téghin [30] et désigné comme celui qui a écrit toute rinscription. Je partage l'opinion de M. Radloff, savoir que ceci veut dire sans doute que c'est Yolig-téghin qui a rédigé l'inscription et Ta tracée sur la pierre, tandis qu'à coup sûr ce sont les ouvriers chinois qui l'ont gravée.

Enfin nous avons à ajouter encore deux lignes placées sur le côte de l'Ouest, à côté de l'inscription chinoise (I W). Là c'est encore le khan qui parle à la 1re personne. Mais évidemment ces deux lignes n'ont été écrites que postérieurement à toutes les autres inscriptions et par une personne autre que celle qui a exécuté le reste: plusieurs des lettres sont façonnées autrement que celles du reste des inscriptions, par exemple 5 au lieu de S( 6-, et l'orthographe de certains mots diffère aussi légèrement. Cependant, que ces deux lignes émanent de Bilghè kagan lui-même, comme le pense M. Radloff, p. 3, c'est là une conclusion que, ce me semble, on n'est pas autorisé à faire.

L'ensemble de l'inscription du mon. I est de 71 lignes.

L'inscription du mon. II qui, comme je l'ai déjà dit, est de beaucoup plus mutilée que celle du mon. I, est d'une composition tout à fait pareille à cette dernière. C'est encore ici le côté de l'Est (II E) qui porte la section principale historique, qui cependant va se continuer sur le côté du Sud (II S) et non, comme dans I, sur le côté du Nord. Après une courte introduction renfermée dans les deux premières lignes de II K, où parle le fils et le successeur (l'I-jen khan des sources chinoises) du khan défunt, on passe immédiatement à répéter, presque mot à mot, l'inscription du côté oriental du mon. I. Ce mot-à-mot, qui présente très peu d'écarts, la plupart d'un caractère graphique, va de la fin de II E 2 au milieu de H E 24, correspondant à 1 E 1, à partir du commencement, jusqu'au commencement de IE30. Aussi dans la suite, jusqu'à II E 32, qui traite, bien que d'une manière assez voilée, du môme combat où Kul téghin trouva la mort, on raconte jusqu'à un certain point les mêmes événements que dans I, quelquefois à peu près dans les mêmes termes. Cependant tout se rapporte ici exclusivement au khan, tandis que tout ce qui dans les récits du mon. 1 concerne Kul-téghin, est omis; bien plus, ce dernier n'est nommé nulle part dans toute l'inscription du mon. II, si ce n'est II E 21 et 22. La continuation de l'inscription n'a pas d'analogue dans le mon. I. Malheureusement ces parties sont trop mutilées pour donner autre chose qu'un tableau fort incomplet des événements qui y sont mentionnés; cela est d'autant plus à regretter que plusieurs de ces événements sont les mêmes qui sont mentionnés par les Chinois, et qu'il aurait été d'un intérêt spécial de pouvoir comparer plus en détail la version turque avec celle des Chinois. Cependant c'est toujours le khan défunt qui y parle à la 1e personne, jusqu'à ce que le récit, II S 8, atteigne à sa mort. Dès lors et sans aucune transition il est mentionné, dans le reste de cette section, à la 3e personne, tandis que c'est le nouveau khan qui parle.

Les trois dernières lignes du côté du Sud (II S 13 — 15) constituent une petite section à part, où le jeune khan énumère les nobles qui sont venus dans le temps rendre hommage à son père à l'occasion de son avènement au trône (et maintenant encore à l'occasion de son propre avènement?).

La seconde section principale, qui occupe tout le côté du Nord (II N, 15 lignes), contient essentiellement la répétition pres- que littérale de toute l'inscription du côté méridional du mon. I. Les lignes 1 — 8 se calquent pour ainsi dire sur I S 1 — 11. Mais ensuite on intercale un nouveau morceau, qui va de la fin de la I. 8 jusque vers le milieu de la 1. 14, malheureusement avec de grandes lacunes et, en tout cas, souvent difficile à lire. Autant que l'état mutilé permet d'en juger, la fin semble concorder avec les dernières lignes de I S. Comme dans la section nommée la première, II E et S, et dans I, c'est encore ici le khan défunt qui parle d'un bout à l'autre, à la i^ personne, et le titre du khan, au commencement de la I. 1, est celui qu'il emploie (p. 74, note). C'est seulement dans le dernier passage, qui traite du monument même et de sa genèse, qu'il faut voir dans celui qui parle le nouveau khan, quoique ce fait ne soit pas indiqué et que le texte concorde avec l'inscription de I S, où l'on met les mêmes mots dans la bouche de son père.

Outre ces inscriptions couvrant les trois faces latérales unies, il y a une ligne sur l'angle qui sépare les côtés de l'Est et du Sud (II SE), ligne qui, je le suppose, doit se lire comme elle est située, c'est-à-dire entre la dernière ligne du côté de l'Est et la première du côté du Sud. Ensuite on trouve sur l'angle sud-ouest une ligne à part (II SW), où le même Yolig-téghin à qui l'on doit l'inscription ayant trait à Kul-téghin, se nomme comme celui qui a aussi rédigé celle-ci.

Enfin il y a, s'écartant du mon. I, dans le fronton surmontant l'inscription chinoise du côté de l'Ouest, une petite inscription turque (II W) qui contient, ce semble, une expression lyrique du chagrin que le jeune khan éprouve à l'occasion de la mort de son père. Elle aussi, cette inscription est malheureusement assez mutilée. Elle ne me paraît guère avoir pu contenir plus de 9 lignes, 4 de chaque côté de la ligne qui se trouve à peu près sous le sommet du fronton. (Selon M. Radloff, cependant, il y aurait eu là 11 lignes.) De plus, chaque ligne de cette inscriplion a été assez courte et n'a guère pu contenir plus de 13 à 16 lettres.

Les inscriptions turques du mon. II ont donc présenté l'ensemble d'au moins 82 (peut-être 84) lignes.

Reste à savoir quel est le mode de succession des deux sections principales contenues dans chacune des inscriptions. Toute- fois c'est là une question d'importance secondaire. Si, dans ce qui suit, je me suis décidé à commencer par le côté de 'l'Est et à regarder par conséquent l'autre section des deux inscriptions, I S et II N, comme une sorte d'épilogue qui s'y rattache, c'est que, d'une part, la grande section historique est absolument la partie principale — et pour cette raison l'on pourrait aussi la supposer destinée à ouvrir l'inscription — ; d'autre part, j'y ai été amené par la raison pratiijue qu'en tout cas cette section est le meilleur moyen d'initier le lecteur au contenu des inscriptions.

Cependant des réflexions renouvelées m'ont rendu vraisemblable que l'auteur même des inscriptions a pensé autrement. En ceci j'attache moins d'importance à ce qu'en soi il pourrait sans doute être probable que l'ensemble de l'inscription a commencé par la formule titulaire du khan qui l'a fait graver et qui par cette voie parle à son peuple et à la postérité. Mais il y a un autre détail qui mérite une attention spéciale. C'est le fait que, dans le mon. I, l'inscription du côté de l'Est, contrairement à ce qu'on devait attendre, ne se continue pas sur le côté du Sud, immé- diatement de l'autre côté de l'angle sud-est, où elle finit, mais bien sur le côté du Nord, ce qui fait faire un grand saut au lecteur, jusqu'à l'angle diagonalement opposé, celui du Nord-Ouest. A coup sûr, la seule explication de cet étrange arrangement c'est le fait que le côté du Sud était déjà couvert de caractères lors- qu'on grava l'inscription du côté de l'Est. Il faut donc admettre que l'auteur a commencé par la section de moindre dimension I S, où il a visé à donner un prologue, une introduction à la grande section historique; mais par inadvertance on est venu à placer cette première section à droite de l'inscription chinoise, si celle-ci a été gravée la première, ou bien, si l'on y a travaillé en même temps qu'à l'inscription turque, il est arrivé qu'on a placé l'inscription chinoise sur le côté originairement destiné à recevoir la grande inscription turque. Dans le mon. II l'on a évité cette faute, et toutes les lignes de l'inscription s'y suivent dans l'ordre naturel, si l'on commence par le côté du Nord (la petite section = I S) et finit par le côté du Sud. C'est pourquoi sans doute, dans la reproduction suivante des inscriptions, j'aurais mieux fait de distribuer les diverses sections conformément à cette manière de voir; mais à présent il est trop tard pour changer le plan une fois tracé de l'arrangement, et, comme je viens do le dire, en elle-même toute cette question n'est pas d'une grande importance.

Dans l'édition présentée dans Inscr. de l'Orkhon, l'on a préféré compter de suite l'ensemble des lignes sur chacun des deux monuments en en arrangeant les différents côtés dans l'ordre suivant: Est, Sud, Ouest, Nord [31]. Pour ma part, j'aime mieux compter simplement les lignes sans sortir du cadre de chaque côté, de la même manière que l'a fait M. Radloff. Seulement j'emploie une autre désignation que la sienne, en donnant à chaque côté le nom du point cardinal qu'il regarde (ou qu'il a regardé) et en employant à cela les marques N, S, E, W internationalement acceptées. Dans ma transcription je mets en marge cette désignation, tandis que, dans le corps du texte et au commencement de chaque ligne, je place la désignation fautive des lignes, qui se trouve dans Inscr. de l'Orkhon, Le tableau ci-dessous montre la corrélation des désignations différentes:

blank Inscr. de l'Orkhon. Radloff[32] I E 1-40 40-1 K (40-1) 1-40

Quant au texte des inscriptions, l'on approuvera sans doute que j'en donne seulement la transcription. Les textes originaux ont déjà été publiés plusieurs fois de différentes manières: une copie nouvelle ne serait donc importante que si elle se fondait sur une collation critique nouvelle des monuments originaux mêmes, et doit être réservée à cette collation. La publication dont j'ai fait la principale base de mon texte, est la copie typographiée qu'on trouve dans Inscr. de l'Orkhon. Elle a été généralement exécutée avec beaucoup de précision, surtout en ce qui concerne le mon. l, et se fonde sur une copie faite, d'après les originaux mêmes, par le chef de l'expédition finnoise envoyée dans ces parages, M. le Dr. A. Heikel, secondé par son frère. Avant d'être imprimée, cette copie a été ultérieurement collationnée avec ce qu'on avait pris de plaques photographiées et d'épreuves sur papier représentant le mon. I [33]. Un nombre assez considérable de détails de ce texte typographie [34] se laissent corriger immédiatement et avec une parfaite certitude, dès que l'on connaît l'alphabet et la langue (p. ex. dans des mots ou phrases reparaissant souvent, tels que kûl-tig^n, bin^p op"ju t"gdi et bien d'autres, ou bien là où les deux inscriptions contiennent des textes parallèles). Mais en outre j'ai rapproché le tout, avec le plus grand scrupule possible, tant des planches des Inscr. de l'Orkhon (dont toutefois quelques-unes sont malheureusement très peu lisibles) que des planches non retouchées de l'Atlas der Alterthûmer der Mongolei par M. le Dr. W. Radloff, qui reproduisent, par voie photographique, des estampages sur calicot exécutés par M. Radloff comme chef de l'expédition russe envoyée dans ces régions [35]. Je crois que, grâce à cette collation, je suis parvenu, dans un nombre assez considérable de passages, à obtenir des résultats plus précis et plus sûrs que les textes typographies. Enfin, sur ma prière, M. Heikel a bien voulu collationner avec les photographies originales et ses estampages divers passages où il m'importait de savoir plus exactement que ne me permettaient de le voir les planches, quelles traces de lettres on pourrait constater. Malheureusement, dans nombre de cas, cette revision renouvelée n'a point donné de résultats; mais en d'autres cas ce m'a été une satisfaction de voir confirmée une conjecture ou d'acquérir la certitude que telle ou telle leçon était ou possible ou impossible, et je me permets ici de remercier sincèrement M. Heikel d'avoir bien voulu se donner tant de peine pour moi à ce sujet [36].

Ensuite je dois mentionner que, l'impression du présent mémoire ayant à peu près atteint la fin de sa première partie, le travail de M. Radloff assez souvent cité par moi dans cette première partie, Denkm. Kül T. (voir p. 4), a été remplacé, à titre de canevas provisoire, par une publication nouvelle et plus élaborée du même auteur et qui, sous le titre de Die alttürkischen Inschriften der Mongolei. Die Denkmäler von Koscho-Zaidam (St. Petersburg 1894), comprend les deux grands monuments. Toutefois les modifications (soit du plan, soit du texte, soit de la traduction de l'inscription I et des parties qu'elle a de commun avec II) par lesquelles ce travail se distingue du canevas dont je viens de parler, sont généralement assez superficielles; dans certains cas, j'ai éprouvé une satisfaction personnelle à y rencontrer les mêmes manières de voir auxquelles j'étais arrivé indépendamment, tandis que, d'autre part, il y a aussi des modifications qui ne me paraissent pas être des améliorations [37]. Au reste, le lecteur qui aura pris connaissance de la première partie de mon travail ou qui voudra se donner la peine de comparer en détail la manière dont M. Radloff, d'une part, et moi, de l'autre, traitons ces anciens monuments, verra tout de suite que, indépen- damment du plus ou moins de familiarité avec les idiomes turcs, il y a une profonde différence de principe entre la méthode suivie par cet illustre savant et celle que je regarde comme juste. Ce lecteur verra que non seulement cette différence éclate en maint endroit quand il s'agit de fixer les leçons exactes du texte [38]: elle se révèle à un degré éminent dans le plan à suivre pour la transcription: tandis que sur ce terrain je m'en tiens exactement à ce que donnent les inscriptions et sans rien changer, M. Radloff, tout en suivant parfois de trop près les langues turques (du Nord) modernes, a, selon ma conviction, traité tout au long ce point avec un tel arbitraire, qu'on acquiert même à certains égards une idée fausse de la langue des inscriptions [39]. Enfin je crois que si l'on veut comparer entre elles les traductions, on ne trouvera pas moins de divergence relativement à l'intelligence et à l'interprétation d'un grand nombre de détails qui ont trait soit à la langue, soit aux faits historiques et géographiques mentionnés dans les inscriptions, côté que M. Radloff n'a touché que très rarement [40]. Du reste, pour ce qui concerne mon propre travail, je ne saurais m'en tenir qu'à ce que j'ai énoncé à la page 4.

Quant à l'arrangement que j'ai suivi en reproduisant le texte, je dois encore faire ressortir que, dans les parties où les deux inscriptions se suivent littéralement, j'ai préféré insérer le texte du mon. II sous I pour y donner les deux textes en lignes parallèles. On obtient par là que le lecteur puisse aisément faire la comparaison des deux textes, et l'on évite de donner deux fois des traductions identiques de ces passages d'assez longue baleine.

Dans le texte, je me sers du signe [ ] pour désigner ce qu'on ne peut plus lire sur la pierre, tandis que je désigne par < > ce qui n'est point une lacune, mais ne s'est jamais trouvé sur la pierre [41]. Enfin, le signe ( ) marque ce que porte la pierre, mais doit être supprimé à titre de faute commise par la personne qui a rédigé l'inscription ou qui l'a gravée. Entre [ ] j'indique, au- tant que possible, au moyen de points ([. . .]) le nombre approximatif de caractères (turcs) supposés disparus dans la lacune. Si l'on ne peut déterminer ce nombre avec une exactitude ap- proximative, j'emploie au lieu des points un ou plusieurs traits ([— — ]). Quand je crois pouvoir, en tout ou en partie, combler une lacune par voie de conjecture, j'en informe par de menus caractères entre [ ], et des points ou lignes éventuels n'ont alors trait qu'à la partie restante de la lacune. Là où je reproduis les doubles textes en lignes parallèles, j'ai regardé comme superflu de compléter l'un des textes au moyen de l'autre, chaque lecteur pouvant le faire immédiatement lui-même. Seulement, dans le cas de lacunes parallèles dans l'un et l'autre texte, j'en fais quelquefois l'essai.

Dans la traduction j'emploie [ ] dans le même sens que dans le texte; seulement, j'y mets un nombre arbitraire et plus petit de points ou de lignes. Par des points en dehors de [ ] je dé- signe que quelque chose m'est incompréhensible à moi. Au con- traire, je mets ici entre ( ) les additions supplémentaires ou ex- plicatives que ne porte pas l'original, ou quelquefois des traduc- tions qui ne sont que de pures conjectures. Ce que d'ailleurs j'aurais à faire observer pour renseigner sur certains détails, a trouvé place dans les notes qui terminent le travail.

Cependant il y a un point qu'il serait bon de faire précéder d'une remarque. C'est la chronologie employée dans les inscriptions. Comme nous le savons aussi d'autre part, les Turcs se sont servis à cette époque du calendrier chinois, tout au plus avec une légère modification (voir la note relative à 1 NE); mais ils n'ont pas compté les années de suite à partir d'un point fixe. Quand les inscriptions indiquent la date de quelque événement, cela se fait régulièrement par un renvoi à l'âge respectif du téghin ou du khan. Il ne reste pas tout à fait clair si, dans ces cas, l'âge est compté d'anniversaire en anniversaire, ou si l'on entend par là une année lunaire (l'année civile), soit celle dans le cours de laquelle la personne en question atteint l'âge indiqué, soit Tannée suivante au commencement de laquelle il aurait conséquemment atteint cet âge. Cette dernière alternative de l'année lunaire serait sans doute la plus vraisemblable et pourrait peut-être trouver de l'appui dans le fait que, dans II S 2, on mentionne, en continuité immédiate, des événements qui ont eu lieu pendant l'hiver de la 38® année du khan et au printemps de sa 39® année (c'est là ce que sans aucun doute il faut lire); car l'année lunaire commence par «le printemps» — à moins que par hasard l'anniversaire du khan ne soit tombé précisément autour du nouvel an, cas où toutefois l'année d'âge atteinte coïnciderait, pour la part du khan, avec l'année lunaire.

Or, plusieurs fois nous trouvons le même événement mentionné dans l'une et l'autre inscription et rattaché à l'âge de chacun des deux frères. On constate alors que le chiffre représentant l'âge du khan dépasse régulièrement de 1 celui qui re- présente l'âge du téghin; dans un seul cas il se présente (peut-être grâce à une inexactitude existant dans l'une des inscriptions) une différence de 2. Ainsi on lit: âge du khan âge du téghin

mort du père 8 (Il E 14) 7 (I E 30)

expédition contre les Sogdak, etc. 28 (II E 24) 26 (I E 31)

» les Karlouk . . 31 (II E 29) 30 (I N 1-2) [42]

les Chinois ... 32 (II E 25) 31 (I E 32) » » les Kirghiz et les

Turghès .... 37 (II E 26) 36 (I E 35)

Il doit donc y avoir entre les deux frères une différence d'âge de 1 an ou un peu plus, et pourtant moindre que 2 ans, de sorte que vraisemblablement ils ont dû naître en deux années lunaires successives.

Or, il demeure certain que Kul-téghin mourut au printemps de 731, à l'âge de 47 ans (voir p. 78 et I NE). Par conséquent il a dû naître en 684 (ou 683), et son frère aîné, le khan, en 683 (ou 682). Donc, conformément à la manière de calculer employée dans les inscriptions, ce dernier a dû, à sa mort survenue dans l'automne de 734, être âgé de 51 ans, ce qui concorde bien avec le fait qu'à l'occasion du dernier événement mentionné immé- diatement avant sa mort (II S 7), il est indiqué comme ayant 50 ans. D'après ceci les données chronologiques peuvent par conséquent être aisément converties en années approximatives de notre ère en ajoutant à 684 ou à 683 les âges respectifs [43].

Il serait inutile d'entamer ici la démonstration de l'importance éminente de ces inscriptions comme étant les plus anciens monuments de la langue et de la littérature turques, vierges encore de tout souffle du monde mahomélan, et comme des documents historiques originaux qui constituent un supplément on ne peut plus précieux aux récils des Chinois.

Si, dans les parties où il s'agit d'énumérer les expéditions militaires, les ambassades, etc., non seulement le style est en général sec et monotone, mais aussi l'exposition est assez désordonnée, de l'autre côté il y a de grandes parties où la langue, bien que souvent un peu contrainte et lourde, s'élève néanmoins à des expressions de sentiments réellement profonds et de vraie poésie, et où ce langage est appuyé par un style d'une couleur très caractéristique et souvent fort vive. Comme trait typique sous le rapport du style, il faut surtout signaler la figure bien connue aussi d'autre part et qui consiste à exprimer la même idée en deux phrases coordonnées, construites ou parallèlement ou sous forme d'antithèse. Non seulement cette figure donne au style un cachet tout particulier de force et de charme; mais lorsque une fois l'on a su saisir la sûreté et la logique de l'emploi de cette figure, elle se présente également à nous comme un auxiliaire extrêmement important relativement à la juste intelligence de beaucoup de passages. Quelquefois il se rattache encore à l'emploi de cette figure un usage évidemment intentionnel d'allitérations (voir, par exemple, I E 23 = II E 19, note 31). Si nous y agoutons encore que bon nombre des métaphores que nous trouvons employées dans les inscriptions, se retrouvent aujourd'hui même dans la poésie populaire de diverses tribus turques (j'en citerai quelques exemples dans les notes), tout ceci vient se résumer en une impression tout à fait à part que laissent ces anciennes inscriptions. On dirait presque de lointains échos d'une épopée nationale, tour à tour triomphants et pleins d'une douloureuse tristesse, qui viendraient nous firapper, émanant de ces pierres moussues, dans lesquelles la voix se ranime aiyourd'hui!

Monument I.
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Côté de l'Est.
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avec II. Côté de l'Est, 2—24 (II, 40—18) = I E 1—30 (I, 40-11).


(I, 40) Özä‿kök täṅri asra jaɣyz jir qyłynduqda ikin‿ara kisi oɣły
IE1 (II, 40[44]), Özä kök‿täṅri as[.................
IIE2 qyłynmys. kisi oɣłynda özä äčüm‿apam bumyn‿qaɣan istämi‿qaɣan
....] (II, 39). kisi oɣłynda özä äčüm‿apam qyłynmys. kisi oɣłynda özä äčüm‿apam bumyn‿qaɣan istämi‿qaɣan
IIE3urmyš[45], ołurypan türk budunyṅ ilin törüsin tuta birmis, iti birmis.
urmyš[46], ołurypan türk budunyṅ ilin törüsin tuta‿birmis, iti-'birmis.
(I, 39) tört bułuṅ qop jaɣy‿ärmis, sü‿süläpän tört bułuṅdaqy budunuɣ
IE2 tört bułuṅ qop jaɣy‿ärmis, sü‿süläpän tört bułuṅdaqy budunuɣ qop‿ałmys, qop‿baz qyłmys, bašłyɣyɣ jükündürmis, tizligig sökürmis. [........ ] bašlyɣ[...]kündürmis, tizligig[...... ilgärü gadyrqan jyšqa‿tägi, kirü tämir‿qapyɣqa‿tägi qondurmys, qa-t^gi, kirii tämir‿qapyɣqa-tägi qondurmys, ..................](II, 38)tämir-qapyɣqa tägi qondurmys,IIE4

  1. Journ. as. IV, p. 459— i67; Deguignes, p. 453—455; Visdelou, p. 47; Mém. sur les Chin XVI, p. 11, 12, 14; Inscr. de l'Orkh , p. XIX.
  2. D'après les Méin. sur les Chin. XVI, p. 15, l'empereur reçut la lettre du khan le 11 mars 721.
  3. J. as. IV, p. 467; Deguignes, p. 455 el suiv.
  4. J. as. IV, p. 468 et suiv.; Deguignes, p. 456 et suiv. ; Visdelou, p. 47; Mém. sur les Chin. XVI, p. 18; Inscr. de l'Orkh., p. XIX.
  5. J. as. IV, p. 470; Deguignes, p 457 et suiv.; Mém. sur les Chin. XVI, p. 21.
  6. Deguignes, p. 458; Mém. sur les Chin. XVI, p. 24, 26. Comp. II S 7-8?
  7. Tchang Khû-yih, Schlegel, 1. c , p. 47. J'ai mis kiu au lieu de kin dans Stan. Julien, ce qui n'est sans doute qu'une faute d'impression. Dans Inscr. de l'Orkhon, p. XX, on écrit kiouï, d'après le Père Hyacinthe.
  8. «C'était un fonctionnaire qui précédait l'empereur lorsqu'il sortait, pour prévenir les dangers imprévus. Il tenait à la main un bâton de cuivre doré aux deux bouts, et qu'on appelait kin-'ou^ (kin-tcou, Schlegel).
  9. Corrigé par moi pour Linhianfj, St. Julien; Liihiang, Schlegel, 1. c, Lioal San, Insrr. de l'Orkhon, 1. c, d'après le Père Hyacinthe. Peut-être le même que Likâng, I N 12.
  10. «Maître des cérémonies des officiers de la capitale», Schlegel, 1. c.
  11. Stan. Julien, qui dit «son frère aîné, Kiaï-li-pi», a dû se tromper sur le sens du premier caractère du nom; car le khan ne peut pas avoir de frère aîné. M. Schlegel le nomme Kokailikpit (Inscr. de l'Orkh. «Gueguyeubi»).
  12. Meïlouk toat, Schlegel, 1. c.
  13. «A la huitième lune» (septembre), Mém. sur les Chin. XVI, p. 26. Comp. pourtant II S 10.
  14. Li-tsoan, Schlegel. Comp. II S 9 et p. 34.
  15. Li-joung, Schlegel.
  16. Quant aux détails sur la mort de Kioue-te-kin et de Pi-kia-khan, voir J. as. IV. p. 471—472; Schlegel, 1. c, p 47; Inscr. de l'Orkhon, p. XX.
  17. Son nom ne figure pas dans les parties de l'inscription II qui le regardent, non plus que ceux des autres khans. Son titre complet y est: täṅri-täg täṅri jaratmyš türk bilgä qaɣan, c.-à-d. le sage kagan des Turcs, qui ressemble au ciel et est institué par le ciel; comp. p. 27, note 1.
  18. Journ. as., p. 476 — 477.
  19. Je m'en tiens à la description détaillée présentée dans Inscr. de l'Orkhon, p. VII et suiv
  20. Ces pierres auraient-elles rapport aux ennemis tués? Comp. plus haut, p. 60.
  21. I S 12, II N 14. Le mot tare correspondant est barq, que je traduis par édifice.
  22. J'ajouterai que M. W. P. Wassiliew vient d'en donner une traduction nouvelle, dans la 2e livraison, p. 167 et suiv , de Radloff, Die alttùrkischcn InschriJ'tvn der Mongolei (comp. plus loin), livraison qui me parvient seulement au moment où cette partie de mon travail est déjà chez l'imprimeur. Je me permets de reproduire quelques passages de cette traduction pour comparer avec celle de M. Schlegel.
  23. Selon M. Wassiliew: «(Da) dieser blaue Himmel das Ail bedeckt [wôrtl. Nichts nicht bedeckt], (so ist, wenn) Himmel und Menschen gegenseitig einlràchtig sind, das Weltall ganz einheitlich und (es besteht) kein Unterschied. Da (aber, wenn) ihr [des Himmels und der Menschen] Geist sich getrennt hat, die Anwcndung von Jin und Jang eintritt, so erscheinen (dann) verschiedenc Herrecher und Hauptlinge.y» — Dans ma Notice préliminaire, p. 8 (= 292), note 1, j'ai déjà fait remarquer que seul ce passage offre une ressemblance lointaine avec le commencement de l'inscription turque du côté de l'Est: «Quand le ciel bleu en haut et la sombre terre en bas furent créés, entre les deux furent créés les fils des hommes, etc.»
  24. Selon M. Wassiliew: «Was mich betrifft, so habe ich [mit ihnen] die gegenseitige Vereinigung eines Vaters mit (seinem) Sohne abgeschlossen und es dahin gebracht, dass Einfâlle und Beunruhigungen nicht (ferner) stattfanden. Bogen und Pfeile wurden in die Kôcher gelegt.»
  25. Je substitue cette forme à celle — Giogh — qu'emploie M. Schlegel lui-même; comp. p. 73, note 1.
  26. Selon M. Wassiliew: «(Der hier begrabene) Herr (trug den) Namen Kiie [Kul]-Tegin, (er war) der zweite Sohn des Ku-tu-lu Kagan, der beriihmte jûngere Bruder des jctzigen Pi-kia [Bilgâ] Kagan. Seine Ëhrfurcht gegen die Eltern, und seine Freundestreue gegen Aile wurden gepriesen in femen Lan- dern, seine Hoheit und seine Tugend (veranlassten?) Furcht Q und Veranderung der Sitten. Wie war dies (môglich, wenn nicht) deshalb (, dass) sein Vorfahr Iti-mi-schi-fu, sammelnd [da er ausubtej Tugenden gegen den hohen (Himmel?), (seinen Kôrper bis zu Ende fûhren konnte [eines naliirlichen Todes starb], dass sein Grossvater Ku-tu-Iu hic-kin wahre Menschlichkeit gegen die Niedrigen aus- iibte und sein Sohn OOO [""d Ënkel fortfuhrenj.»
  27. Selon M. Wassiliew: «Ewig werde ich mein Mitgefûhl aussprechen, (denn) (1er Kuinmer ist in meinem Herzen. Dazu (war) der Tegin der jiingere Bruder des Kagan, und der Kagan ist gleichsam mein Sohn.»
  28. Voir Dbvéria dans Inscr. de l'Orkhon p. XXVII et suiv., et à présent Wassiliew dans Radioff, 1. c, p. 170 et suiv.
  29. Comme petit trait caractérisant ce pouplo de cavaliers, on doit faire ressortir que, dans le récit des diverses batailles auxquelles le défunt a pris part, on communique aussi les noms des chevaux qu'il y a montés, et leur sort respectif.
  30. La môme parenté le relie aux deux frères, puisqu'il est leur nti/ (kul tigin atysy I SE, [qaan atysy/ II SW); mais la signification de ce mot, qui ne semble pas se trouver dans les langues apparentées, est douteuse. Le titre de téghin paraît dénoter que ce doit être un agnat. Il n'y a donc guère d'autres possibilités sinon que (aty soit ou neveu ou bien cousin (peut-être demi-frère ou frère naturel?). M. Radloff le traduit par neveu, sans doute seulement d'après I E 5 = II K 5, où il trouve ce mot (oɣły‿aty ), ce dont cependant je ne saurais convenir (voir la note 10). Comme celui qui a rédigé l'inscription, doit probablement être un homme d'un âge plus mûr qu'on ne devrait le supposer dans un neveu (c àd. le fils d'un frère cadet) du khan et du téghin, j'aime mieux le triduire par cousin. Mais ce n'est là qu'une hypothèse.
  31. Dans ma Notire préliminaire, p. 4 (— 288) et suiv., j'ai déjà démontré qu'il faut lire les lignes de droite à gauche, et non de gauche à droite, comme cela se fait et dans Inscr. de l'Orkhon et dans l'Atlas de M. Radloff.
  32. Je mets entre parenthèses les chiffres de lignes fautifs de l'Atlas, et en dehors des parenthèses ceux qu'emploie M. Radloff dans sa publication récente.
  33. Inscr. de l'Orkhon, p. X.
  34. Quand je cite exceptionnellement ce texte dans les notes, je le désigne par IO. Ordinairement je regarde comme superflu d'indiquer les écarts de mon texte par rapport à ce dernier, quand ils tiennent à une correction sûre et qui s'entend logiquement de la levon erronée ou défectueuse d'un mot.
  35. Au contraire, les planches retouchées que renferme cet ouvrage, sont très sujettes à caulioii et fort en arrièr du texte imprimé des Inscr. de l'Orkhon.
  36. Je désigne par H ce que je dois aux communications de M. le Dr. Heikel.
  37. Je ferai particulièrement ressortir qu'il arrive que tous les points à l'égard desquels j'ai émis des opinions divergentes dans la première partie de mon travail (sans compter bien d'autres de même nature que je n'ai pas formellement mentionnés) ont passé sans changement dans la publication remaniée. A ceci ne font exception que quelques rares détails d'importance se- condaire: aujourd'hui M. Radloff traduit aussi la combinaison äčü-apa (voir p. 24, note 2) par «Vorfahr(en)», même signification que, indépendamment de lui, j'avais assignée à cette combinaison, et dans son glossaire, p. 84 et 14H, il lit aussi à présent buàsyz et traduit buft par cMaas, Ende (eigentlich <das Diessein, Sosein> [?])», et buṅsyz par «ohne Ende (Maass), endlos, gross, mâchtig» (sans fin, sans bornes, infini, grand, puissant), tandis que dans sa traduction il avait rendu ces mots de la même manière que dans son travail préliminaire; voir plus haut, p. 25, note 2. Cependant je dois regarder cette interprétation comme arbitraire et erronée, tout en maintenant nettement la justesse de l'interprétation que j'y ai donnée de ces mots.
  38. Il est regrettable que M. Radloff ne paraisse point avoir tenu compte des textes contenus dans Inscr. de l'Orkhon, ouvrage qu'en tout cas il ne nomme nulle part: dans ces textes il eût trouvé, en plus d'un endroit, des leçons — ou des indices de leçons — évidemment plus correctes ou plus complètes que celles qu'il a suivies. Du reste, je prie le lecteur qui voudra comparer les textes donnés par M. Radloff et par moi, de vouloir bien, dans les cas douteux, ne pas se prononcer sur nous sans avoir comparé aussi les publi- cations accessibles des inscriptions originales mêmes
  39. Comp., par exemple, plus haut, p. 18, note 2, p. 22, note 1, et plusieurs autres endroits Dans le glossaire postérieurement publié, cet arbitraire a été poussé plus loin encore que dans les textes mêmes
  40. Il serait superflu, même irréalisable d'indiquer expressément chaque divergence de leçon et, encore plus, de transcription ou de traduction. Dans les notes mises au bas des textes turcs, je le fais seulement dans quelques cas où la leçon est en elle même plus ou moins douteuse, en y désignant par R la leçon de M. Radloff. Concernant certains autres cas où il y a des divergences plus importantes ou plus caractéristiques, je me permettrai de formuler, dans les notes explicatives mises à la fin de mon travail, mes objections contre la version Radloff en y joignant les motifs de la mienne. Je pourrais ajouter qu'il y a aussi un assez grand nombre de divergences qui ne sont dues qu'à de petites inadvertances ou à des fautes d'impression soit dans le texte, soit dans la traduction. Par exemple, Radloff, p ô8, X 24 «sechs und zwanzig- 8ten>, qu'il faut lire cacht u. z»; p. 70, Xa 8 «neunten», qu'il faut lire «zehnten», «sieben und zwanzigsten>, qu'il faut lire «s. u. dreissigsten», etc.
  41. Dans les textes reproduits parallèlement, j'emploie quelquefois -< >» pour faire remarquer expressément que certains mots qu'on lit dans l'un des textes, ne se retrouvent pas dans l'autre.
  42. Cette donnée est due à une correction ajoutée dans l'inscription même, l'âge de 37 ans ayant été préalablement indiqué.
  43. Malheureusement il se trouve que parmi les événements dont l'époque est fixée de la manière indiquée, il n'y en a, je pense, aucun (excepté la mort de Kul-téghin et peut-être celle du père) qu'on puisse identifier, avec une parfaite certitude, à tel événement isolé rapporté par les annales chinoises à une année déterminée.
  44. Pour ce qui précède voir plus loin.
  45. Comp. p. 33, note 1.
  46. Comp. p. 33, note 1.

Coté de l'Est
[modifier]

Quand le ciel bleu en haut et la sombre terre en bas furent
IE1créés, entre les deux furent créés les fils des hommes. Au-dessusIIE3des fils des hommes s'élevèrent mes ancêtres Boumin kagan et Istèmi kagan 1). Après être devenus maîtres, ils gouvernèrent et fixèrent l'empire 2) et les institutions du peuple turc. Aux quatre IE2coins du monde ils avaient beaucoup d'ennemis 3), mais faisant des expéditions avec des armées, ils asservirent et pacifièrent beaucoup de peuples aux quatre coins du monde; ils leur firent baisser la tête et ployer le genou 4); ils les firent s'établir en avant (c'est-à-dire vers l'est) jusqu'à la forêt de Kadirkan 5), en arrière (c.-à d. vers l'ouest) jusqu'à la Porte de Fer 6). Si loin entre ces deux(IIE4)

IE3 ikin‿ara (I, 38) idioqs>z kôk tûrk *nfîa ot^rur-^rm's. bilgà q^y^n^ 'kin-*ra idioqsyz kôk-tûrk [. ]iti-*néa^ ol"rur-^rm's. bilgà q*y*n

^rm's, *}p-q*y*n- ^rmis, buj"ruqy-j'mà bilgâ »rm's-*r'nô, atp-'»rm*s-- »rm's, *}p-q*y®n ^rmis, buj"ruqy bilgà ^rm's-^r'nè , alp-^rm's-

»r'nc, b^gl^ri-j'mà bud"ny-j>nià tiiz-»rm's. *ny-uèun il»g *néa-- »r»n6, b»gl»ri-j'mà bud"ny [ ] ûèûn il»g «nëa-

IE4 tutm>'s ^r^nè, il'g-tut>'p tôriig itm's. ôzinèà (i,s7) k^rg^k botmys. tutmys-^r»nC% il'g-tutyp tôrû[ T ] (ii.s?)

juyéy syyytèy ônrà kiin toy"s.vqda bôkli ôôl»g*-*l, t*by*ë, tupiit, *par IE5 juyéy syyytéy onià kun to^'^syqda bokli èôl»gMI, t*by*c, tûpût, *p*r^

apurym, qyrqyz, uô-quryq*n, ot"z-tH*r. qyt»i, tH*by, bunèa bud"n «purym, qyrqyz, uc-quryq^n, ot^z-t^t^r, qyt*j, t*t*by, bunèa bud"n

kM'p«n syytamys juylamys. *nd*y kùl'g q^y^n-^rm's. *nda kisrà kM»p«n syytamys juylamys. *nd»y^kûl»g q^y^n »r[ . . . ."^. . . . .

IE5 in'si--q*y^n (i,36) botmys-* r'né, oyly-»ty q*y*n-botmys-^r'nè, «nda- ]n6, oyly-Hy q^y^n bolmyà-^r^è, *nda

kisrà inisi ^èisint^g qy}ynni*duqwar'nc, oyJy ^q'^nynt^ qy}ynmMuq-- IIE6 [ ] (11,36) qyjynni*duq-^r'nc, oyiy »q*nynt»g qy}ynm*duq-

' ou []iiinêàf » dôl<^1>igf

IE3 (points extrêmes) s'étendaient en souverains les Turcs Bleus'). C'étaient de sages kagans, c'étaient de vaillants kagans; tous leurs officiers étaient sages, étaient vaillants; tous leurs nobles, leur peuple entier, étaient justes. C'est pourquoi ils pouvaient gouverner un si grand empire et, en gouvernant l'empire, donner des lois. IE4 A leur tour, ils trépassèrent. Pleurant et se lamentant arrivèrent de (IIE5)l'avant, du côté du soleil levant, les puissants peuples du désert (c'est-à-dire étrangers?), les Chinois, les Thibétains, les Apar et Apourim, les Kirghiz, les Trois-Kourikans, les Trente-Tatars, les Kitaï, les Tatabi®), — tous ces peuples vinrent se lamenter et pleurer 9): si vaillants avaient été ces kagans. Après cela leurs frères

IE5 cadets devinrent kagans, et leurs fils 10) devinrent kagans; mais alors

(IIE6) les frères cadets n'étaient point créés comme leurs frères aînés, les fils n étaient point créés comme leurs pères. Des kagans sans ärinč, bilgisiz qaɣan ołurmys‿ärinč, jabłaq qaɣan ołurmys‿ärinč. ärinč, bilgisiz qaɣan ołurmys‿ärinč, jabłaq qaɣan ołurmys‿ärinč.

bujuruqy jimä biligsiz‿ärinč, jabłaq‿ärmis‿ärinč. (I, 35) bägläri buduny IE6 bujuruqy jimä biligsiz‿ärmis‿ärinč, jabłaq ärmis‿ärinč. bägläri buduny

tüzsiz‿üčün, tabɣač‿budun täbligin körlig‿üčün, aramaqčysyn üčün, tüzsiz‿üčün, tabɣač‿budun täbligin körligin [.......]yn üčün,

inili äčili kiṅäsürtükin üčün, bägli budunłyɣ joṅyšuruqyn üčün, inili [.....](II, 35) joṅyšuruqyn üčün, IIE7

turk bud"n ill^dûk ilin yé^^ynu ydmys, (i,s4) q^yanlMuq q«y*nyn jit"rû IE7 tûrk bud"n il^dùk ilin yù^^^nu ydmyè, q*y»n}*duq q^yanyn jit'"'ru-

ydmys. t^by^è bud"nqa b^gl'k ury-'OyJy(n) quJ--boJdy, sil'k qyz- ydm>'s. t»by«ô bud"nqa b»gl'k ury-oylyn qul-qyJty, s'l'k>-^qyz-

oyy(n) kiin-boWy. tûrk b^l^r tiirk atyn yty, t^b^'^èyy b^gl^r oyJyn kiin-qytdy. tiirk b^glâp turk Hyu yty, t»bf. . . .] b^l^r

i^hy^à atyn tutyp^n t*by*6 q^y^nqa d.ss) korm's, M'g-^jyl is'g- t*by*^6 H[ ] rii,3*) is'g--

kiic'g birm's. ilg^rii kun to^'^syqda bôkli q«y*nqa t«gi sûl»jù kûô'g birm's. ilg^rii kun toy"syq<q?>a bôkli q^y^nqa t^gi sul^ju


sagesse, des kagans lâches montèrent sur le trône; leurs officiers IE6 étaient tous sans sagesse, étaient lâches. Et comme leurs nobles et leur peuple étaient iniques, et à cause de (l'aménité et du charme?) du peuple chinois, et de (son insinuation?), et comme les (partisans des?) frères cadets et les (partisans des?) frères aînés tramaient des complots les uns contre les autres, et que ceux qui tenaient pour (IIE7)les nobles et ceux qui tenaient pour le peuple, suscitaient des querelles les uns contre les autres 11), le peuple turc amena la dissolution de son empire, qui était devenu son empire, et amena la IE7 ruine de son kagan, qui était devenu son kagan. Les fils des nobles devinrent esclaves du peuple chinois, leurs pures filles devinrent ses serves. Les nobles des Turcs abandonnèrent leurs titres turcs et, portant les titres chinois des dignitaires de Chine, ils IE8 se soumirent au kagan chinois et lui vouèrent pendant cinquante ans leur travail et leur force 12). En avant, vers le soleil IIE8 levant, ils firent des expéditions jusque chez le puissant kagan;

birmis, quryɣaru tämir‿qapyɣqa tägi süläjü birmis, tabɣač qa- birmis, quryɣaru tämir‿qapyɣqa tägi süläjü birmis, tabɣač qa-

IIE9 ɣanqa ilin törüsin ały‿birmis. türk qara‿qamyɣ (1, 32) budun anča‿

ɣanqa ilin törüsin ały‿birmis. türk qara‿qamyɣ budun anča‿ 

tim's: ill»g bud"ii-M'm, il'm *mHy-q*ny? k^mka il'g q^zy^nur- tim»§: ill»g bud"n[

m^n? tirwârm's. q^y^nyy bud"n *rt»m, q*y*nym>'q*ny? nâ--q*y*nqa IIE9 ] (II, 38) qay^njyy bud"n Wm, q*y*nym q*ny? nâwqay^nqa

is'g-kûè'g birurni^n? tir--^rm's. *néa-tip t*by*ô q*y*nqa j^yy- is*g-kû6*g birûrm^n? tir-^rm^s. *ïéa-tip t*by*é>-q*y*nqa j*yy

IE10 botm>'s, (I,31; jayywbot>p iV^nii j^rHunu umduq j^na ié'km's. bunéa botmys, j»yy bolyp it^nû j*rH"nu umduq j^na ié'km's. bunôa

is'g-kuè'g birtiikg^ru s*qynm*ty, tûrk bud"n ôl"r^.jin, ur"ysyrH*jyn, is»g-kûé'g birtûkrii s*qynm*ty, tiirk bud"nyy ôl"r[

tirwârm's, joq*du b*ryr ^rm's. ôzà tiirk t»nrisi tiirk-yduq-jiri (i, so) IIE10 .... ] (II, 32) tiirk t^nrisi yduq jiri

IE11 suby *nèa-'tm's. tiirk bud"n joq bolm^zun tij'n, bud"n botôun- Suby «nèa-'tm's-'àr'nc. tiirk bud"n joq-botm^zun tij'n, bud"n bolèun

en arrière (c'est-à-dire vers l'ouest) ils firent des expéditions jus- qu'à la Porte de Fer; mais au kagan chinois ils livrèrent leur

IE9 empire et leurs institutions. Mais tout entier le menu peuple turc parla ainsi: «J'ai été un peuple ayant son propre empire; où est (maintenant) la gloire (?)*^) de mon empire? A qui gagnerai-je

(IIE9)un empire?» — ainsi disaient-ils. «J'ai été un peuple qui avait son propre kagan; où est (maintenant) mon kagan? A quel kagan vouerai-je mon travail et ma force?» — ainsi disaient-ils. En parlant ainsi ils se firent les ennemis du kagan chinois. Après qu'ils

IE10furent devenus ses ennemis, ils reprirent de nouveau l'espoir de se constituer et de s'organiser**). Mais comme tous ceux-ci ne pensaient plus**) à leur vouer leur travail et leur force, ils (c.-à d. les Chinois) dirent: «Je veux tuer le peuple turc et le rendrai sans postérité»*^),

(iiEio) et ils partirent pour les anéantir. Mais le dieu des Turcs en haut dans

IE11le ciel et les saints génies de la terre et de l'eau des Turcs *^) firent ainsi: pour que le peuple turc ne fût point anéanti, et pour qu'il

tij'n, *q*n>'m ill'^r^s-q^y^n^y, ôg»m ilbilgàwq«iun>> t'^nri tôp»sinda

ly'n, »q*nym ilt"r»s q»y*n>>, ôg!Jin ilb'lga q^tun^y t^nri lôp^sindii

tut>p jôg^ru kôtûrm^s-^r'nè. *q*fiym-q*y«n jiti-j^g'rmi-*r'n t«s>qm>s. lutyp jôg»rû kôtûrli-^riné. *q*nym-q*y*n j'ti-j'g»rmi »r'n [

t*sra (1,29) joryjur tij»n ku-^s'd'p* b*tyqd*qy t»yyqmys^, l«yd»qy 1E12

[ T r ] (11,31)

inm's, tir'l'p j'tm's^-^ivbotmys. t^nri kû6 birtûk-uè"n ^q^nym-- inm'è, tir'l»p j'tm*s>'*r botoyà. t^nri kûô>-birttik iï^S'n ^q^Aym- liEll

q^y^n susi bôrit^ ^rm»s, j*yysy qoit*g-"rm's. ilg^rû qur^y^ru sûl^p q^y^n sûsi bôrit^g *rm's, j^y^sy qoit% *rm'è. ilg"rû quryy^ru sul^p

ti[ . ]m'[ . J qobM[ . . . ]rayyy (i,28) jiti^juz-4r bolmys. j»tHûz^*r boJyp IE13 lirm's qobMmyè, q^myyy j»ti-jûz-*r botoyè. j'ti-jûz-^r bolyp

'ls»r*m»s q^y^nsyp^mys bud"nyy kûùMm's quMmys, bud"nyy tûrk

[ ]n^y tu[. .

tôriisûn yèyynmys, bud"nyy *ôûin-'*pam tôrûsinéâ j*r*tniys, busyur-

. .]r"sin [ ] (11,80) bud"nyy *ôum>-*pam tôrûsinéâ j^r^tmyà, bu8y"r- nE12

  • voir p. 14. * IOm «y (Y) distinct» H. {taêyqmys R.?).

redevint un peuple, ils élevèrent mon père le kagan Iltèrès et ma mère la katoun Ilbilghè, les tenant au sommet du cieP®). Mon père le kagan partit avec vingt-sept hommes, et en apprenant le bruit**) qu'il sort et s'avance, ceux qui étaient dans les villes, mon- ie12 tèrent dans les montagnes, et ceux qui étaient sur les montagnes, descendirent, et après s'être réunis, ils furent soixante et dix (iteid hommes. Comme le ciel leur donnait la force, l'armée de mon père était comme des loups, et ses ennemis comme des brebis. Faisant des expéditions par devant et par derrière (c'est-à-dire vers l'est et vers l'ouest) il rassembla (des gens) et les fit se soulever; en tout ils furent sept cents hommes. Après qu'ils ieih furent devenus sept cents hommes, il déposséda des peuples (in- dépendants) et déposa des khans, il fit les peuples serves et escla- ves***); il abolit les peuples et leurs institutions turques; il régla les (iiei2) peuples d'après les institutions de nos ancêtres et les enflamma. Ie14 mys. tôlis tordus [ ] m, 27, yhyny l^A^y »nda b'rm's.

mys. tôl's tordus bud^ny^' «nda-itm's, j^b^'uy s^dyy »nda^birm's.

b'r'jà t*by*è bud"n j»yy-*rm^s, jyryja b*z-q*y*n, toquz-oy"z budun bir'ja l^by^c bud"n j*yy-*^rm*s, jyryja b*^z-q»y»n, toquz oy"z bud"n

jayy^àpjn>s, qyrqyz, quryq^n, ot^z-tH^r, qyW, tH^by, qop j^yy-^rm's. jayy^ftrmis, qy [

IE15 *q*nym-q*7*n bunèa [ ] (I, 26) qyrq *rtuqy

. ]nym [ r ] (nr«»)

j'ti joty siil^m's, j'g'rmi sun"s sun"sm's. t*hri j^rfyqMuq iicun IIE13 jiti joty siil^m's, j^g'rmi siin^s suln'^sjm's. t*nri j*riyqMuq-ûc"n

ill'g^g 'Is'r^tm's, q^y^nJyyy^' q^y^nsyr^trays, j^^'y^' b^z-qylmys, tizl'g'g ill'g'g Us'r^tm's, q^y^nY^y^y q^y^nsyr^mys, j^yy b^z-qytmyà, tizl'g'g

IE16 sokiirm's, b^s^y^yy juk"ndu[ «nèa ilîg?] (1,25) torûg

sok"rm's, b^sJyyy^' juk"nd"rm»s. ^q«nym q^y^n [

qazy*nyp uèa b^rmys. *q»nym q^y*nqa b»st»ju b^z-q^y^nyy blbt . / ] aqajfjFna [ j b^àflajju b»z-q«y^nyy btb[ .

tikm's. < > o-

IIE14 aqaftym] (11,28) q»y*n uéduqda ôz'm s^k^z-j^sda q^Rym. o-

IE14 II y constitua les peuples Teulès et Tardouch et leur donna un yabgou et un chad^^). A droite (c.-à-d. vers le sud) le peuple chinois était (notre) ennemi, à gauche (c.-à-d. vers le nord) Baz kagan et le peuple des Neuf-Ogouz^*) étaient (nos) ennemis; les Kirghiz, les Kourikans, les Trente-Tatars , les Kitaï, les Tatabi, beaucoup

IE15 étaient ennemis. Mon père le kagan [ ] tous ceux-ci; il se

(IIE13) mit quarante-sept fois en campagne et lutta en vingt batailles; comme le ciel lui était propice, il rendit sans empire (priva de leur indépendance) ceux qui avaient un empire (formaient un peuple indépendant), ceux qui avaient un kagan, il les rendit sans kagan; il pacifia les ennemis et leur fit ployer le genou et baisser la tête. Après avoir fait [tant de choses pour l'empire et pour?J IE16 les institutions, mon père le kagan mourut. En tète (du cortège?) de (IIEU) mon père le kagan, on fil mener le deuil (?) 23 à Baz kagan*). D'après

Il E 14 ajoute: Quand mon père le kagan mourut, je fus moi-même laissé à Tàge de huit ans.

törüdä özä äčim‿qaɣan ołurty. äčim‿qaɣan ołurypan türk budunyɣ törüdä özä äčim‿qaɣan ołurty. < > ołurypan türk budunyɣ

jičä itdi, igiti, čyɣajyɣ [ ...............] (I, 24) äčim‿qaɣan IE17 jičä itdi, igiti, čyɣajyɣ baj‿qyłdy, azyɣ‿öküš qyłdy. äčim‿qaɣan IE17

ołurtuqda özim <

ołurlùq< d >a [1] özim tigin ärk[....]ij[- - - -[2]] täṅri [jarfyqaduq ûèûn]

       > tordus bùd"n ôzà è»d-*rt'm. *ë'm^q*y*n 

(II,27) tort j'g'rmi j*symqa tordus bud"n ôzà sM^ot"rtym. *è'm-qaɣan IIE15

birlä ilg^rii j*sy}-ûg"z s^^ndun j*zyqa-t*gi siil^d'm'z, quryy^ru t^m'r- birlä ilg^rii j*syi-ug"z s*ndun j*zyqa t*gi sùl*d'm>z, quryy^ru t^m'r

q*pyyqa t*gi sulM'm'z, kôgm*n *sa qy[ ]

qapy^qa t*gi sul*d^m»z, kôgm*n-*àa qyrqyz jir>nà t^gi s[ûMim'z

(1,23) q^my^y bis-ol"z sûl^d^m'z, iiè-^j'g'rmi sun^èd'm'z, ill'g'g ils'i*t- IE18 ] ot"z sû[

d'm»z, q*y*n}yyyy q^y^nsyrMdymyz, tizl'g'g sôk"rt'm»z, h^Wy^y jûk- ] (ii,26j sôk"rt»m'z, b^sty^yy jQk- IIE16


  1. ou -tuq< q >a?
  2. environ 36 caractères.

l'usage, mon oncle paternel le kagan monta sur le trône. Après être monté sur le trône, mon oncle le kagan gouverna bien le peuple turc, et' le releva; les pauvres il les rendit riches, ceux qui étaient en petit nombre, il les rendit nombreux. Quand mon IE17 oncle paternel monta sur le trône, j'étais moi-même chad du (iieis) peuple Tardouch*). De concert avec mon oncle le kagan, nous fimes des expéditions en avant (c.-à-d. vers l'est) jusqu'au fleuve Vert et la plaine de Chantoung, en arrière (c.-à-d. vers l'ouest) nous fimes des expéditions jusqu'à la Porte de Fer; au delà de Keugmen, nous fimes des expéditions jusqu'au pays des Kirghiz 24. IE18 En tout nous fîmes trente- cinq expéditions et nous luttâmes dans vingt-trois batailles. Ceux qui avaient un empire, nous les rendîmes sans empire; ceux qui avaient un kagan, nous les rendîmes sans kagan; nous leur fimes ployer le genou et baisser la tête, (IIE16) Le kagan des Turghès était de nos Turcs, de mon peuple 25.

  • ) II E 14-15: [j'étais?] moi-même téghin [ - - - - par la grâce du] ciel dans ma vingt-quatrième année je devins chad, etc.

1E19 und"rt'm'z. tûrg*s q*y»n lùrk'm'z [ ] ii,22i ûéîin

'"^nd^rt'm'z. tûrg^ q*y*n tùrkpm*] bud"iiym ^rti. bilmMukin uô"n

biz'ra^ j*nyluqyn < > ûôùn q*y*ny ôlti, buj"ruqy b*gl*ri j'mà

biz'nà^ j*ny}duqyii j^zynduqyn uc"n q*y*ny ôlti, buj"ruqy b^l*ri j'ma

ôlti, unuq bud"n *mg*k kôrti. *èiim'z ^pam^z tutmys jir-sub ôlti, unuq bud"n *mg*k-kôrti. *è[

id's'z boto^zun tij^n, *z-bud"nyy it'p j*r[atyp ]

. .]s'z q^m^zun [

IE20 (1,21) b»rs-b^ *rti, q*y*n-H bunda biz birt'm'z, sin'l'm* qonè"juy I1E17 ] (11,25) ^rti, qay^n-nyy bunda biz-birt'm'z, sin'l'm* qo[n6"jjyy

birt^m^z. ôzi-j*ny}dy, q^^'^ny ôlti, bud"ny kûn-^qul boMy. kôgm*n birt»m*z. ôzi--j*zyndy, q*y*ny ôlti, bud"ny kun-^qul botdy. kôgm^n

jir>-sub id's>z q^lm^zun-tij'n, ^z-qyrqyz bud"nyy j*rH[

jir-sub id»s»z q*tm*zun ty'n, »z-qyrqyz bud"nyy i[t»p]*-jarHyp k^^lt'm'z

IE21 ilin ?] (i,2o) j^na birt*m»z. »lg*ru q^yrq^n jyàyy

suh"sd'm'z ] q^dyrq^n j[. . .

  • sa bud"nyy *n6a-qondurtymyz, • »néa>-itd'm'z, quryy»ru k^nû-t*r-

I1E18 . .] b[. . .]y «lièa [. .^ T ] (ii,24) k^û^^t^r-

» H. * «« ( i ) distinct» H. • 10., «semble être à* H. (*-• bizkà R.).

  • V. p. 40, note 1. * anêa R.?

IE19 Comme il était sans sagesse et parce qu'il tomba en faute à notre égard*), leur kagan fut tué et tous ses officiers et nobles furent tués. Le peuple bien- aimé subit des peines. Pour que la terre et l'eau que nos ancêtres avaient eues en possession, ne fussent**) point sans maître, nous organisâmes le peuple peu nombreux et

IE20 [ ] il y avait Bars-beg. Nous lui donnâmes ici le titre de

(IIB17) kagan, et nous lui donnâmes ma sœur cadette pour épouse*®). Mais lui-même tomba en faute. Leur kagan fut tué, et son peuple devint serves et esclaves. Pour -que la terre et l'eau de Keugmen ne restassent pas sans maître, nous nous chargeâmes du petit peuple kirghiz; nous y vînmes et luttâmes, mais nous leur rendîmes [leur

IE21 indépendance?]. En avant (c.-à-d. vers l'est) au delà de la forêt de Kadirkan, nous fîmes s'établir le peuple et nous l'organisâmes;

•) 11E19 ajoute: et (nous) manqua ••) IIEIH: restassent. iTi^nqa t*gi tûrk bud'Tiyj' *nëa-qond"rtymyz, »nca-'td'm'z. ot-ôdka b^nqa t^gi tiirk bud"nyy *nëa-qondMymyz, ^néa-itd'm^z. o}--ôdkâ

qui qxxWy bolmys ^rti [

qui quHyy kiifi kûnl^g bolmys *rti, in^si *cisin bilm^z ^rti, oyly ^q^-

. . .^] (1,19) «^nca-q^zy^ninys itm's 4»m^z tôriim^z ^i. tiirk IE22 nyn bilm^z ^rti. ^nca-q*zy*nmys ^nca-^itm's il'm[

o^iiz b^gl^ri bud"n ^s^d'n! ôzà-t^nri b^sm^s^r, ^sra-^jir t*l^nm*s^r, ]d"n ^'d! ôzà t^nri b^sui^f ] j^r Wnm^s^r,

tûrk bud"n, ^^n^n tôrûn^n k*m--MHy? [ ]

(II, 23) tiirk bud"n, il^n^n tôr^gin k^m-»rt»ty ? udèy[. .]y - tiirk bud"n *rt * z IIE19

(1,18) ôkiin ! kôrgiin'n iiàiin ig'dm^s bilgà q^y^n^h^ïi ^rm^s-b*rmys ^dgii- IE23 ôkiin^! korgiin^n iiè"n ig^dm^s < > q^y^nyfia ^rm*s[ J

'l^nâ k^dii^j^nyldyy, j^bl^q kigurt^g. j^r^qlyy q^ndyn^ k^^p jMa-^ntdi? M'nâ k^ndii-^j^nyïdyy, j^bl^q kigiirt'g. j^r^qlyy q^ndyn* k^Up jMa^iltdi?

siin"gl'g q^ndyn^ k^l^p^n siirâ-^Utdi? yduq-ôtiik% j[ys

siin"gl^g q^ndyn* [••••] sûrà [ ^. . .^. . jy]s>-bud"n b^rdy^^,

^ peut-être kûû kûnUg bolmys àrti. * ou udèa-^i/tf]yf ^ ou àrt's[.} ôkûn {z très net; *-* comp. note 29). * ou -dan.

en arrière (c.-à-d. à l'ouest) jusqu'à Kengu-tarban (ou -tarman), nous (heis) fîmes s'établir le peuple turc et nous l'organisâmes^^), ^n ce temps, les esclaves étaient devenus propriétaires d'esclaves, les serves étaient devenues propriétaires de serves, le frère cadet ne con- naissait pas son frère aîné, le fils ne connaissait pas son père^®). Nous avions tant acquis et organisé; c'était notre empire, nos IE22 institutions.^ Ecoutez, nobles et peuple des Ogouz turcs! Le ciel en haut ne les ayant pas écrasés, ni la terre en bas n'ayant (ïi^^i») éclaté, ô peuple turc, qui est-ce qui a ruiné [. . ?] ton empire et tes institutions^^)? 01 peuple turc, . . . repens-toil C'est toi-même qui t'es IE23 rendu coupable et qui t'es conduit en lâche contre ton Bilghè (sage) kagan, qui grâce à ton obéissance t'avait rétabli, et contre ton bon peuple (empire), qui avait joui de la liberté^"). D'où des hommes armés sont-ils venus pour te disperser et t'emmener? D'oii sont

venus des lanciers pour t'entraîner*^^)? 0, peuple de la forêt sacrée

8

IE24 (I,17)b«rd>>, qnryy^ru b^r^j^yma b^rd^y, b^rduq jirda

IIE20 ilg*^ru jbaryyyma?] b^rd>'y, qur>y^ru (1I,5J2; bûr>y>'ma b"rd>'y, b^rduq j'rda

•^dgug^ oKVnè q-'n^n subca jug"rti, sônukun t^yca j"tdy, b^l'k ury- »*dgug^ oK*^r'n6 [..)n ug'^zôa jiig^rti, sônUk'g t*yca j»tdy, b^gl'k ury-

oyi^n qui- boMy , s'I'k- qyz- oyPh kùn- boWy. bilmMiik- ûè"n oy}>'nyn quKqyldyy [ ] kiin-^qytdyy. oK bilmMûk'g'n uè"n

IE25 [ ] (1,16) b^sl^ju qyrqyz- q^y^nyy

j^bt^qynyn Û6"n »e'm-qVii uca b^rdy. b*s}^ju qyrq^z q^y^n[.

WW likd'm. tiirk bud"n(>>) Hy^-kiisi joq-bolm»zun tij'n, "q^nym-

«^ •

] tiirk bud"n ^y-kiisi joq-bohn^zun tij'n, ^q*^n>m-

q^y^n^y og^m-qHun>> kôt'*rm's t*nri il-bir'g'ma l*nri, tiirk bud"n IIE21 qayan>> (11,21) ogfni qnun>y kot'V'g«mà t^nri il- b'r'g'[. . .]nri, tiirk bud'*n

IE26 ty-kiisi joq-bolm^zun [ ] (i,i5) q^y^n ot"rtdy-'^r'nô.

ty-kiisi joq-bolm^zun tij'n, oz'm'n ol-t*^nri q^y^n ot"rt[. . . .

n*^n-jytsy}'^ bud'^nqa ot"rmMym, ièrà «ss-^z, t^sra tons>'z, j^b^z-- . . .]ytsyy* bud"nda fizii ol^rm^ym, iéra ^ss>z, t^sra tons^z, j^b^z

âdgû^^^of • écrit avec |, donc p&s Jijès<^y, v. p. 36 note 1.

d'Eutuken 32), (c'est toi-même qui) es parti: quelques-uns des tiens

IE24 allèrent en avant (e.-à-d. vers Test), d'autres des tiens allèrent en

(IIE20) j^ppière (c.-à-d. à l'ouest) ^•'*), mais dans le pays où tu allas, bien

que ce (pays) là fiit bon(?), ton sang y coula comme l'eau*), et

tes ossements furent entassés comme un mont'^^); les fils de ta

noblesse devinrent**) esclaves, tes pures filles devinrent**) serves.

IE25 Kn raison de ta folie et de ta lâcheté, mon oncle le kagan trouva

la mort. A la tète je fis mener le deuil (V) au kagan des Kirghiz.

Le ciel qui, pour que le nom et la réputation du peuple turc ne

(IIE251) fussent pas perdus, avait élevé mon père le kagan et ma mère la

katoun, 1q ciel qui leur avait donné l'empire, ce même ciel

m'établit moi-même comme kagan, pour que le nom et la réputation IE26 du peuple turc ne fussent pas perdus. Je ne régnai pas sur un peuple

brillante?) par sa richesse; je régnai sur un peuple faible et Idche,

•) IIE20: comme un torrent. •*) IIE20: tu les fis.

j*W"(j bud"nda oza o}"rf>'m. : in'ni

j»bt«q bud"ncla [ (inim kùl-ti]g>n 'ki-s*d) in'm

kul-tig*n birlâ sozl'^sd'm'z. ^^q^nym^z ^èWz q*z|

kul tig'n I ] sozFsd'm'z. [....] ai.2o)*i6»m»z q»zy»nmys bud"n ^ty- IIE22

] (i,u) tij'n, turk bud"n u^un tun- udymMym, kunt^'z IE27

kùsi joq- bo[imaz]un tij'n, tûrk bud"n uè"n tiin udyinM^m, kund^z

o}"rm*d<>m>. in'm kiil tig'n birlâ 'ki- à*d birlà ôIiNJitii q^zy^nd^m. ot"rniMym. in'm . ] birlâ ôlii jitû q*zy*ndym.

'^nèa-q^zy^nyp bir'ki bud"nyy ot- sub qylm^dym. m^n[ôzimqayanoiurtuqyma ^nèa-q*zy*nyp bir'ki bud"nyy ot-sub qytmMym. [

](i.i3)b*rmys bud"n ôlû^jitu j^d^^yn j^l^nyn j^na^k^lti. bu- IE28

jir-S*jU b^rmyà bu[d«»n jadayyn jajaftyn?] ôlû jitu [j*na?](ii,i»)kMti. bu- IIE28

d"nyy ig'd*jin tij'n, jyry*ru oy"z-bud"n t*pa, ilg^rii qytM t*t*by d"nyy ig'd*j'n^ tij'n, jyry^ru oy"z-bud"n-t*pa, ilg^rii qyt^i t*t*by

bud"n t*pa, birg^ru t^by^è^t^pa ui"y-sû 'ki-^j'g»r[mi sûMim

[bu]d"n-t*pa, birg^rû t»by*è-l*pa< > 'ki-jVrfmi sûl^im ]

]{i,i2)kisrâ t»nri j^rfyq^zu qutym b*r-ué"n, iilûg'm b»r- IE29

sûù"sd'm. *nda-kisrâ t^^nri j^rfyqMuq ué"n qutym ûl"g'm b^r-


qui au dedans était sans nourriture et au dehors était sans vête- ments. J'en ai parlé avec mon frère cadet Kultéghin*). Pour que le nom et la réputation du peuple acquis par notre père et (IIE22) notre oncle ne fussent pas perdus, j'ai passé, pour l'amour du IE27 peuple turc, la nuit sans dormir et le jour sans rester tranquille. De concert avec mon frère cadet Kultéghin et les deux chads j'ai travaillé à mort. Kn travaillant tant je n'ai pas rendu mé- contents l'ensemble des peuples (?)*). [Quand] je [fus moi-même de- venu kagan,] le peuple qui était allé en difTérents pays, revint mou- IE28 rant, à pied et nu^^). Pour rétablir le peuple j'ai fait vingt deux expéditions avec de grandes armées, à gauche (c. àd. vers le nord) contre le peuple des Ogouz, vers l'est contre les peuples Kitaï et Tatabi, à droite (c.-à-d. vers le sud) contre les Chinois, et j'ai lutté dans [. . . . batailles). Après, par la grâce du ciel, comme IE29

•) II E 22 ajoute: et avec les deux chads, et répète deux fois: mon frère K.

üčün öltäči biid"n>> tir'grii itr't'm, j«l*n bud"nyy tont^y, {-yy^l iié^n olt^ci bucl"n>>[ û iÉÇ't'm, j^'l^n bud"n>> tont>> qyld>'m. cyy^i

bud"n>> b*j-qytd>m, az^bud"n>> ôk^s-qyHym. yy^r^Hl^dà [. . . UE24 bud(..]baj- qy[..](ri.iH)az. bud"nyy ôk'^'s- qyldym. yyar-^Mlîgdà[y]y»rq»yan-

lEHO ](i, ii)bud"n>> qop b^z-qyWym, j^y^syz

J>>da j'g^qyJdym, tort but^hd^qy bud"n>> qop-b^z qyrdym, j»yys>'z

qytdym, qop m^na korti. is^g-^kuô^g biriir bunèa toriig q*zy*nyp qy[}d]yin, qop m^na kôrti. (Pour la continuation voir plus loin.)

inhn kiil-tig^n ôzincâ k*^rg*k-boWy. aq*nym-q*y*n uôduqda in^m

IE31 kiil-tig^n ji[ti jaèda qaJty[1]........] (Mo; um*jl*^g ôgîm q^tun

qutyfia in^m kûMig^n *^r^H-boWy. ^Hyj^g^rmi jasyna **ôim-q*}'®n

ilin tôrûsin »nea- (jaz^'^ndy. ^Uy-ùub soyd^q^t^pa sul^d^m^z, buz-

IE31 dymyz. t^b^'^è on-tutuq bis- t[um»n su kiilti, suiV'sdim'z?[2]] (i,9) kiil-tig^n

  1. comp II E 14.
  2. comp. II E 25.

la fortune me suivait et que le destin m'était propice, j'ai ramené à la vie le peuple mourant, j'ai procuré au peuple nu des vête- (IE3224) ments, j'ai rendu riche le peuple pauvre, nombreux le peuple qui était en petit nombre. Parmi ceux dont le peuple et le kagan se joignirent à moi(?), j'ai fait du bien(?). Beaucoup de peuples aux

IE30 quatre coins du monde ont été pacifiés par moi. et amenés à cesser les hostilités, beaucoup se sont soumis à moi*). Mon frère cadet Kul téghin, qui m'a voué son travail et sa force, est mort à son lour après avoir tant fait pour les institutions. A la mort de mon père le kagan, mon frère cadet Kultéghin [fut laissé à l'âge de] se[pt

IE31 ans 1. Par bonheur pour ma mère la katoun, qui ressemblait à (la déesse?) Oumaï, mon frère Kul-téghin lui tint lieu (proprement nom) de mari(?) 37). Voici ce qu'il fit. à l'âge de vingt-six ans, pour l'empire et le gouvernement de mon oncle le kagan. nous fîmes une expédition contre AltiTchoub (les Six-Tchoub) et les Sog-dak 38), et nous les dévastâmes. Une armée de cinquante mille (ou

IE32 cinq divisions d') Ong-toutouk(?) chinois vint [et nous luttâmes].

  • ) Ici finit la partie commune aux inscriptions 1 et II. Pour la continuation

en II voir plus loin, p 123 et suiv.

jadaɣyn opłaju tägdi, oṅ tutuq joryčyn jaraqłyɣ äligin tutdy, jaraqłyɣdy
qaɣanqa änč(?)‿ułady. ołsüg anda‿joq‿qyšdymyz. bir‿otuz jašyṅa
čača‿säṅüšdimiz. änilki tadyqyṅ‿čuryṅ boz [atyɣ binip
tägdi. oł‿at‿anda] (I, 8) ölti. ikinti yšbara‿jamatar boz‿atyɣ binip tägdi.
IE33 oł‿at‿anda ölti. üčinč jäginsilig‿bägin kädimlig toryɣ‿at binip tägdi.
oł‿at‿anda ölti. jaraqynda jałamasynda jüz‿artuq oqun[1]‿urty, jüz
[2] bašyṅa birt[...............] (I, 7) tägdükin türk bäglär qop
IE34 bilirsiz. oł‿süg anda‿joq‿qyšdymyz. anda‿kisrä jir‿bajyrqu ułuɣ irk*n j*yy-boWy. *ny-j*iyp turgi>-j»ryun kôltà buzdymyz. u}"y-irk«n «zqyia^ ^r^n l*z*p b*rdy. kûktig^n [Miy ol^z*] (i.6) jSyna qyrqyz-^t*pa IE35 sul*dWz. siinûg bnymy q*ry>' sôk^f)*^n kôgm^n jyéy^’ loya. joryp qyrqyz biid"nyy uda b*sdymyz, q*y*nyn birla sona-jysda siih^^sdWz. kül-

tigin bajyrqun[yṅ aq‿adɣy]r[yɣ][3] (I, 5) binip olłaju tägdi, bir ärig oqun IE36

  1. voir p. 14.
  2. ou jiz[..]
  3. voir I E 36.

peut-être azqyna? v. p. 30. comp. II E 26—27.


Kul-téghin attaqua à pied. A main armée, il fit prisonnier(s) le(s) …
des Ong-toutouk et procura la paix(?) au kagan par la force des armes.
Mais cette armée, nous l’anéantîmes là. Dans sa trente et unième
année, nous luttâmes contre Tchatcha-sengun39). D’abord il monta le cheval gris de Tadik(ing ?)-tchour^^*) et attaqua. Ce cheval fut tué là.IE33 En second lieu il monta le cheval gris Ichbara-Yamatar et attaqua. Ce cheval fut tué là. En troisième lieu il monta Kèdimlig, le cheval bai d’Yéghinsilig-beg, et attaqua. Dans son armure et son… il atteignit de flèches plus de cent*^), …[… ?]. Son attaque estIE34 dans le souvenir de beaucoup d’entre vous, ô nobles turcs. Mais cette armée nous l’anéantîmes là. Ensuite les Yér-Bayirkou (et ?) les Ouloug-Irken( ?) devinrent (nos) ennemis. Nous les dispersâmes et les détruisîmes près du lac de Turgi-Yargoun. Les Ouloug-lrken prirent la fuite avec très peu d’hommes*^). Dans la [36e] annéeIE35 de Kul-téghin, nous fîmes une expédition contre les Kirghiz. En traversant la neige qui avait la hauteur de nos lances**), nous montâmes les montagnes boisées du Keugmen, et fondîmes en vainqueurs sur le peuple des Kirghiz, et nous luttâmes contre leur kagan dans la forêt au delà. Kul-téghin attaqua, monté (sur l’étalon blanc de) Hayirkou(n ?) ; il atteignit d’une flêche IE36

nrty, 'ki- ^r^jî ud>sru s*nt'dy. o} t**gdukda b*j>'rqunyn ^q--*d}'>'r>}'

udiyqyn syju urty. qyrq^z q*}^nyn ôlM*m^z, ilin *Hymyz. ot-jylqa

IE37 tû[rg^ tapa attun jysxy[1]] (I, 4) toya *rt^s-ug"z*g k*cà jorydymyz. liirg^s bud"n>> uda b*sdymyz. turg*s q*y*n sûsi botàuda otéa bur*ôa k*lti, sun^sd^m^z. kuKtig^n b*s}'U-boz-*t bin*p-t*gdi. b*syu-boz k'[. . .

IE38 (1, 3) tutzlf.] ikisin ozi- Wzdy. *nda-j*na kir'p

turg*s q*y*n buj"ruqy *z-tutuquy *l*g^n- tutdy. q^^'^nyn- *nda ol"r- tWz, ilin *Hymyz. q*ra-tûrg*^ bud'^n qop-ic*kdi. o}-bud"n>>

IE39 t*b*rda qo[ ] a, v soj'd^q bud"n it*jin - tij*n, jincii

ug"z^g k*câ t*m*r q^pyj'qa t'*gi sulM^m'z. *nda-kisra q'^ra-turg*s bud^n j*yy-bo}mys, k*n*^r*s t*pa b*rdy. biz^n-sii *ty luruq *zuqy

IE40 joq^*rti, j»bi*q^kisi h ] d. i) *}p-*^r biz*nà[2] t»gm*s

Mi. *nd*y-^dka ôk"n^p kûKtig^n^g ^z-Vn irtiirû ytymyz. ul"y

  1. comp. II E 27.
  2. «Des traces nettes du 5^ h (^); à distinct», H. (qyzUha R. à tort).

un homme, il transperça deux hommes dans la rencontre 43). Dans cette attaque, il éreinta ... l'étalon blanc de Bayirkou(n?)44). Nous tuâmes le kagan des Kirghiz et asservîmes leur peuple. Durant la même année nous marchâmes contre les Turghès en montant les IE37 montagnes boisées d'Altoun et en passant le fleuve Irtych*^). Nous fondîmes en vainqueurs sur le peuple des Turghès. L'armée du kagan des Turghès arriva à Boltchou(?) comme le feu et la tempête, et nous luttâmes. Kul-téghin attaqua, monté sur le cheval gris
IE38 Bachgou. Bachgou [....]... .46). . Pénétrant de nouveau, les of- ficiers du kagan des Turghès firent là un petit nombre de prison- niers47). . Nous tuâmes leur kagan et asservîmes leur peuple. Beaucoup
IE39 parmi les Kara-Turghès s'en retournèrent. Ce peuple . . [. . .]48). . Pour organiser le peuple sogdak, je fis une expédition jusqu'à la Porte de Fer en passant la rivière des Perles (Yintchu uguz)49). . Après cela, le peuple kara-turghès commença les hostilités et se porta .sur Kenghèrès. Notre armée et ses chevaux n'avaient ni station ni
IE40 provisions, et c'étaient des gens lâches |. . v . . .] c'étaient des hommes braves qui nous avaient attaqués ^^). Découragés dans ces circonstances, nous (iélachànies Kul léghin avec un petit nombre sun"s srm"sm^s. *lp^ s^Jcry* »^q *tyn bin^p f^^çmVs, q«ra tiirfî^; bu d^nyy *nda- ôl^rm^s *}mys. j*na joryp[

Côté du Nord.[modifier]

de ses gens. Il livra une grande bataille. Monté sur son cheval blanc Alp-chaltchi, il attaqua. Là il tua et asservit le peuple kara- turghès. En retournant [ ]

INl

(i, &.)j [ ] birlâ qosu*-^tutuq birla sun"sm^s, *rin-qop oliir-

ni's; *bin- b^r^uiyn^ [. ...]in* qop kMûrli. kûktig^n jiti--ot"z j*syna q*riuq bud"n *rur-b*rur "^rkli j*yy-boldy. t*m»y- yduq b^sda sun"sd*m»z. a. es, [kûl^]tig*n ol-^sûn^àdà o.t"z-jas*jur-*rti. *lp^s«léy 1N2 [aqwat?]yn bin^p opl*ju t^di. *ki-^*r*g ud^èru s*nèdy. q*riuquy olV t*m*z, ^Hym^z. *z-bud"n j^y q*ldy* q*ra^-kôltâ sun"sd*m*z. kûl- tig^n bir-^qyrq j»s*jur-Mi. *lp-s*16y *qyn a, 67; bin*p opl*ju-t^di. INH

  • z Mt*bMg tutdy', *z-^bud"n *nda-joq-botdy. *èim-q»y*n ili q*m*-
  • voir p. 3ô. • fi^uëu R. * sic; pas barqyn. * ou sizf qiysz 10.; buz'ip

sûsin R., impossible. * R.; bokdy 10. * R. ' tutnif^dy R.; «il n'y a pas même place pour une m» H-

Côté du Nord.[modifier]

— il lutta contre [....] et contre les Kochou-toutouk(?), il INI tua beaucoup de leurs hommes; ils livrèrent (ou il rapporta) leurs maisons et leur biens [. .) en grand nombre. Kul-téghin ayant trente-sept ans, le peuple des Karlouk*^) devint un vaillant ennemi jouissant de la liberté. Nous luttâmes près de la sainte source (?) du Tamag. Kul-téghin n'avait que trente ans quand cette bataille eut 1N2 lieu. Monté sur son cheval blanc Alp-chaltchi, il attaqua. Il trans- perça deux hommes dans la rencontre. Nous tuâmes et asservîmes les Karlouk. Une petite partie du peuple resta ennemie, et nous luttâmes à Kara-keul (le lac Noir). Kul-téghin avait alors quarante et un ans. Monté sur son cheval blanc Alp-chaltchi, il attaqua. Il fit prisonniers peu d'Eltèbers(?), et le petit peuple fut anéanti 1N3 là. Quand l'empire de mon oncle le kagan fut épuisé et que šyɣ boHuqynda, biid"n jlgikgj* boHuqynda izgU bufl^n birlii

IN4 sün".sd^ni^z. kiiKlig^n *}p-s46y *qyn bin*p ri.66y o[piaju t^gdji. ot- »*t-*nda tus|di, i]zgM [bud^n] olti. toquz-^o>'*'z bud"n k^ntii bud"n>'m Mi. t*^nri jir biity*(îyn iiôûn j*yy botdy. bir-jytqa bis-joty siiiV's-

IN5 d^nVz. **niPk toj/u b"}yqda sun"sd*m^z. a. 65,. kuKtig*n *zm*n-*q>> bin^p opt*ju t**gdi. *}ty- **^r^g s*ncdy, su-[i*i]gisinda jit'nô-Mg qyjyc- }*dy. ^k^nti qusJ>'y*qda *^d^z birlà sun"sdWz. kùltig^n ^z-j^j'yzyn

IN6 bin^p opt*ju tVp bir Mg s*nèdy, i,64i toquz-*^r*g «g'ra^toqydy, *^d^z bud"n *nda ôlli. iiù'ne bu[. . .]da oy"z birla sun"sd^m^z. kiil-tig^n

  • zm*n ^(1^7 bin^p l^gdi, s*^ncdy; siisin s*nôdymyz, ilin-*Hymyz. tort'nù

IN7 (^us^ b*synda sun"sd*m*z. turk a. es, bud"n *d*q q*m*^stdy, j*W*q bo[Jdaè]y^-'Mi. oza- [k«]lin*s siisin kiil-tig^n *yytyp lonra bir u^ys *lp-

  • yu on-"r*g lonawtig^n juyynda ^r^p-ôl^rt^m^z. bis*nc *^zg*^nti q*-

IN8 dîzdà"* o^'^'z birlii sun"sd^m*z. kul--tig*n (i,62) •z-j'yyzyn bin*p l*gdi.

  • peut-être Wgi^ (ou ûlàgi^)ihigûf ' ou âiL^y--? • comp. 11 E 31.
  • écrit avec X, v. p. 17; ^ distinct, non n.

le peuple fut (divisé?), nous luttâmes contre le peuple des izghil*'-).

IN4 Monté sur son cheval blanc Alp-chaltchi, Kul-téghin attaqua. Ce cheval s'abattit là, mais le peuple des Izghil fut tué. Le peuple des Neuf-Ogouz était mon propre peuple'*^*). Comme il y avait boule- versement au ciel et sur la terre, ils devinrent (nos) ennemis. Kn un an nous luttâmes cinq fois. D'abord nous luttâmes près de la ville

IN5 de Togou. Monté sur le cheval blanc Azman, Kul-téghin attaqua. Il transperça six hommes; dans la mêlée ^'^j des armées il sabra un septième homme. La seconde fois nous luttâmes contre les Èdiz*^^) à Kouchligak. Monté sur son cheval brun Az-yaghiz, Kultéghin attaqua.

IN6 11 transperça un homme, en en venant aux mains ••^) il abattit neuf hommes. Le peuphî èdiz fut tué là. La troisième fois nous luttâmes contre les Ogouz à Bo|. . .1. Monté sur le cheval blanc Azman, Kul- téghin attaqua et perça (l'ennemi avec la lance); nous vainquîmes leur arméiï et asservîmes leur peuple. La quatrième fois nous luttâmes

IN7 près de la sour(*e du Tchouch(iy). Le peuple turc tombait de fatigue et se démoralisait •'*'•). Kultéghin laissa donc échapper leur armée (fui était arrivé avant nous. Mais en en venant aux mains pendant les funérailles de Tonga-téghin, nous tuâmes un homme de la race des Tongra (nommé) Alpagou et dix hommes (?)57). La cinquième

IN8 fois nous luttàmes contre les Ogouz à Ezghenti-kadaz58). Monté — 118 —


iki‿ärig san‿čdy, ba[..]dy[1]. oł‿sü an‿da ‿ ö[lti?]. amɣa[2]‿qurɣan
qyšłap jazyṅa oɣuaru sü‿tašyqdymyz. kül‿tigin bäg‿bašłaju qytymyz.
uz‿jaɣy orduɣ basdy. kül‿tigin (I, 61) ögsiz‿aqyn binip toquz‿ärinIN9

oyi’z-j’^yy orduy b*sdy. kiiUtig^ (i.ei) ôgs*z-*qyii bin*p toquz-Mn s*ncdy, orduy birm^di. ôg*m-q*tun ul*ju og*l*r*ni *k*l*r*m k*l*nûn*m qon6"ji*rym bunca-j^mà tir*gi kun^bold^èy-’^rti, ôl^gi jurtda jotta j*tu-q4d»éy *rt^g*z. (i.eo) kùl-tig*n joq«-*rs*r, qop ôlt^ëi M^z- in^m- IN10 kûl-tig*n k*rg*k boWy. ôz*m s*qyndym. kôrîir kôz*m kôrm*zt*g, biPr biPg^m bilm^zt^g boWy. ôz^m^s^qyndym. od^t^nri j*s*r, kisioy qop ôl"gli tôrûm^s^ (1^59) anèa s^^qyndym. kozdà j*s-k*ls^r, ätida(?) [3] IN11 kon"ltâ syj’yt k*ls*^r, jand^ru ^»qyndym, q^^ty^dy s*qyndym. *ki^s»d uJ«ju in’j^gûn^m oj’l'^nym b^gl^^r^m bud"nym kozi-q*èy j*bt*q boW^èy-

tirinis R. ? voir note 60.

  1. bałyqa (pour bałyqqa) barmady R.?
  2. ou amɣy (comp. II E 31), maɣa oumaɣy
  3. voir note 61.

sur son Az-jaghiz, Kul-léghin attaqua. Il transperça deux hommes [....]. Cette armée [fut tuée ?] là. Après avoir hiverné dans la forteresse d’Amga-kourgan, nous mîmes en marche, au printemps, l’armée vers les Ogouz. Sous les ordres du beg Kul-téghin nous nous avançâmes. Mais les Ogouz ennemis assaillirent l’ordou (le camp, la capitale). Monté sur son cheval blanc Eugsiz (l’orphelin), IN9Kul-téghin transperça neuf hommes, et ne livra pas l’ordou. Pour ma mère la katoun, suivie de mes belles-mères, mes sœurs (et mes tantes ?), mes brus et mes femmes, toutes celles d’entre elles qui auraient survécu, seraient devenues esclaves, celles d’entre vous qui auraient trouvé la mort, seraient restées gisantes à la yourte ou sur le chemin ^^. Si Kul-téghin n’avait été, un grand nombre IN10d’entre vous auraient trouvé la mort. Mais mon frère Kul-téghin périt. Moi-même je me désolai : Bien que mon œil vît, ce fut comme s’il ne voyait pas ; bien que mon esprit fût conscient, ce fut comme s’il eût perdu conscience. Moi-même je me désolai. Le ciel dispose du tenjps, mais les nombreux fils des hommes sont nés mortels^’"). Je me désolai tellement : pendant que les larmes IN11 tombent de mon œil, et le gémissement sort abondamment(?)61) de mon coeur, je me désolai de nouveau, je me désolai profondément. Je me désolai en disant : Les veux et les sourcils des deux chads et de mes cadets (?), de mes princes, de mes nobles et de mon peuple se gateront 62). Pleuranl et se lamentant vinrent d’abord les

-- 114 —

IN12 tip s«qyndym. iuyOy syyHcy qyt*i H^hy biid"n b*sl*ju a.r>s) ud*rs

  • ^nun k*Tti. t»by*é q»y*nda is»ji lik^n k^lti. bir^tum*n-*yy «4tunw

kum"s k*^rg*ks*z k*lurli. lûpût q»y*nda bôl*n k^ti. quryja kûn b*tysyqd

  • qy soyd b^ré^k^r* buq*r*q-utys bud"nda ii*n*-s*nûn oy"}-t*rq^

IN13 kMti. (1,57) unuq oy^m tûrg»s q*y*nda m*q^r*è t*my*èy, oy^z bilga t*my*6y k*lti. qyrqyz q*y*nda t*rdus yn*n6u>-6ur^ k*lti. b*rq itgu6i b*d*z j*r*tyyyma bit^g^-t^s itgiici l*b}^è qV*n 6yq"ny* c*n-s*nûn kalti.

avec II, Côté du Nord, 1-8 (II, 77-70) = I S 1—11 (I, 54-44).

IS1 (I, 54)T*nrit*g l*nridà botayà tûrk bilgà q^y^n bu-odkà ot"rtym.

IIN1 (I, 77) T*nrit*g t^nridà boJmyè turk bilgà^q»y»n bôdkà ol"rtym.

s^bymyn tùk^ti *sidg»I, ut^ju in^j^gûn^m oyi^nTm bir^ki u^ysym bud"nym, s^bymyn tûkMi--*^s*d, ut*ju in*j^gun*m oyi*nym bir*ki uyysym [

^ ou bàrâàlârt «R. ;na/cIO. * ynanêmur R. ? * ^/iça/iy R. ? «à tort», H.

IN12 peuples Kitaï et Tatabi (représentés par) Oudar-sengun. De la part du kagan chinois vint Isiyi Likeng 63. Il apporta des objets précieux (de la valeur) d’un iumen (dix mille) et une infinité d’or et d’argent. De la part du kagan du Thibet vint Beulen (ou vinrent des beulens ?). De la part des peuples qui habitent en arrière, au soleil couchant, les Sogds, les Perses(?) et les Boukarak-oulis 64,

IN13 vinrent Neng(?)-sengun et Ogoul-tarkan(?). De la part de mon fils aimé, le kagan des Turghès 65, vinrent Makaratch, le garde des sceaux, et le sage garde des sceaux des Ogouz. De la part du kagan des Kirghiz vinrent Tardouch et Inantchou-tchour. Pour élever l’édifice et travailler la pierre aux inscriptions, ornée do travaux de sculpture, vin(ren)t le(s) tchikan(s) (?) du kagan chinois (et ?) Tchang-sengun 66).

IS1 Moi qui ressemble au ciel, Bilghè (c.-àd. sage) kagan des (IIN1) Turcs, venu du ciel, à l’heure qu’il est, je suis monté sur le trône. Eoonlez jusqu’au bout ce que je vous mande, vous qui venez après moi, mes cadets (V), mes princes, et tous ensemble.

- 115 —

b’r^jîi s»d ?pyl l)"ji :l»*r, .jyi>;ja t«r(|*t buj"ru(|wb^gFr ()t"z M^v

. . . .] (1,53) toquz-oy"z b*^l*ri bud"ny, bu-s*bymyn *dguti *sid, IS2

qnyydy tinta M ilg^rii kun toy"syqa, birg^rii kiin ortusyn*ru, ] ni, 76) toy"s>'qyna, birg^rii kiin ortusyn^ru, IIN2

quryy’4'u kun b»t>'syqyna, jyry*ru tiin ortusyh*ru, *^nda ici^ki bud"n (|uryy*ru kiin b*t>syqyna, jyry^ru tiin ort"syn*^ru, **nda ^èr*^ki bud"n

f. . .]mf. .ik|. . . . anèia-bud"n^ (I, 52) qop itdMn. ot-’^niHy V’Hoq ’^^ qop m*na koriir, f " 1 ot^*m*ty ^^y-joq

tiirk q^y"n ôtiik*^n jys ot"rs*r, ilta bun-joq. ilg*^rii s*ndun j*zyqatiirk q*y*n otuk»^n [ ]ta [ ]. ilg[. . .]ndun [

t**gi siil«d’m, t^lujqa kiù’g t»gmM*ni, birg*rii toquz ^rs’nkâ t^gi ]7n,75) »^rs’nka t»gi IIN8

siil*d’m, tiipiitka kiè’g [. .]m*d’m, quryy^ru j’néii-iig[.] (I, 51)k*cà t*m*r- IS4 siil^d’m, tiipiilkà kië’g t*gmM*m, quryy*ru jinèii-ùg^z k*6à t*m’r-

ï ain •

sic! pour tinla. * man bunca R. ?


membres de ma race, ainsi que toi mon peuple ; à droite, vous nobles chadapits ; à gauche, vous nobles et officiers tarkats( ?), vous [nobles . . . des ?] Trente- [Tatars ? . . .] vous nobles et IS2 peuple des Neuf-Ogouz ^’) ! Ecoutez bien ce que je vous mande, prêtez l’oreille attentivement ! En avant vers le soleil levant, à IIN2 droite au midi, en arrière vers le soleil couchant, à gauche au minuit - en dedans de ce (cercle) il y a beaucoup de peuples (|ui me sont soumis, ^dans cette étendut^j il y a beaucoup de peuples {|uc J’ai organisés. Pendant que le kagan des Turcs IS3 habite la forêt d’Kutuken sans cett<» gloire ni cette civilisation, le peuple n’a aucun chagrin**). En avant (c.-à-d. vers l’est) j’ai fait des expéditions jus((u’à la plaine de (Ihantoung. mais je n’ai nullement touché à In mer(V) ; à droite ((•.-à d. vers le sud) j’ai fait des ex|)éditions jusqu’aux Neuf-Krsins, mais je n’ai nullement (IIN3) touché au Thibet : en arrière ((*.-à-d. vers l’oui^st) j’ai fait des (»x péditions nu delà dr la livière des Perles, juscju’à la Porte de IS4

— 116 -

aqpyɣqa tägi süladim, jyrɣaru jir‿baryrqu jiriṅä tägi süladim. bunča

aqpyɣqa tägi süladim, jyrɣaru jir‿baryrqu jiriṅä tägi sü[. . . . . . .

jirkä tägi jorytdym. ötükän jyšda jig idi‿joq ärmis, il‿tutsyqErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu. jir . . . . . . . . . . . ]ükän [..]da jig i[...] ärmis, il[....]

IS5 otiik^n jys^^rm’s. bu-jirdà ot"r>p t^by^c bud"n birlà (i.5o) tuz*lt»m. .]tùk[.] jys *^rm’s. [ ] birlà tiiz[. . .

»Hun kiims is^gti qut^j buns^z ^nôa-biriir t*by*6 bud"n s*by IIN4 .]tiin kiim^s ’s'gl..] ai,74)qut*j buns>z^nèa-birur t*bg*è bud"n s*by-

siièig, *yysy jyms^q *rm*s. siièig s*b>n j^ms^q *yyn *r^p yr*qsiié ^g, *yysy jymsaq *rm’s. siie'g s"b>n j>ms*q *yyn *r*p yr*q

bud"n>> *néa-j*yutir^ *rm*s, jag’/ru qonduqda kisra *][>>- bil^g *nda- [ .7 j^gutir- ^rm’s, [. . . ] qond[. . .] kisrà *iyywbiUg% *nda-

IS6 iijur’^w&rm’s. m, 4») Mgii bilgâ kisig *dgû *tp-kisig jorytm*z *^rm’s, birii [ ]s. *dgù [. . .]gà kisig *^dgu 4p kisig jo[. . . .] *rm^s, bir>-

kisi j*nyts*r, uy>sy bud^’ny bisùkinâ t^ qydm*z *rm’s. sùèig IIN5 kisi j*fi>1s[ ]iikinà^t^i qy[. . .] (11,73) ’^rm^. su6*g

  • ou tutsaq * sic (-ir) ! * ou ojur.

Fer ; à gauche (c.-à-d. vers le nord) j’ai fait des expéditions jusqu’au pays des Yér-Bayirkou 69). Jusqu’à tant de pays j’ai conduit (les Turcs). Dans la forêt d’Kutuken ils n’avaient pas de . . . suzerain : le centre d’où se gouvernait l’empire, c’était la forêt

IS5 d’Eutuken. Habitant ce pays j’entrai en relations avec le peuple chinois. L’appel du peuple chinois, qui nous donne sans peine

(IIN4) tant d’or, d’argent, Aisigti , de soie( ?), était doux, ses richesses étaient molles 70). Kn s’insinuant par leur doux appel et leurs richesses molles 71), ils (les Chinois) firent approcher d’eux le peuple lointain. Après qu’ils (les Turcs) se furent établis dans leur voisinage, ils (les Chinois) répandirent (?) parmi eux leur civi-

IS6 lisation et leur savoir. Le bon homme sage, le bon homme vaillant, ils ne le renvoyaient (?) pas. Si un homme tombait en faute, ils ne s’avançaient pas jusqu’à . . de sa race et de son

((IIN5) peuple 72). Kn se laissant vaincre par leur doux appel et leurs

sabyṅa jymšaq aɣysyṅa arturyp öküs türk budun öltig. türk budun

sabyṅa jymšaq aɣysyṅa arturyp öküs türk budun öltig. türk budun

ul*s*k*n, bir'jà èoy*j jys tûg"lt^n, (i,48) j^zy qon^jyn-tis^r tiirk bud"n IS7 iil^*k*h, bir'jâ [. . .]j jys tiig"ltiin» j*zy [. . . .]yn [. . . .] tiirk bud'^n

iil^s^k^g-'^nda *i>y-kisi *n6a busyurur *rm^s. yr*q--*^rs*r j*bt*q ^yy-- iil*s'k*g-anda »iyy-kisi ^nèa bus[ | 'Vm^s. yr*q ^rs*r j»bt*q^*^y

biriir, j^yuq ^rs^r *dgii *yy-biriir tip-*nca busyurur ^rm's. bil'g biriir, j»yuq--*rs^r *dgii ^yy^-biriir tip-^néa busy"rur ^rm's. bi[. .]

bilm^z kisi ot-s*b>> *t>p, j^y^'ru b*r>p ôk'^é-kisi olt'g. (I, 47) oH'rg*rii IS8 (ii,72)bi)mâz kisi ot-s*b>y ^Jyp, j^yî/ru b*r>p ôk"s-kisi oH'g. oH'r[. .]ii IIN6

b*rs*r tiirk bud"n ôlt*èis*n; ôtiik*n jir ot"r>'p *rqys tirk's ys*r. b^rs^r turk [....) ôlt^èis^n; ôtuk^n [ ] tirk^è ys^r,

n*n--bun-^y-joq ôtiik^n jys ot"rs*r, bàngii il-tuta ot"rt*6ys^n, tiirk n^fi-bf T . . T . .]ys ol"rs*r, bàngii[ ]ys*n, tiirk

bud"n, toqr*q^q*s*n; aès^q* tos*q^-iim*zs*n^birtods*raés>'qiim*zs*n^. bud"n toqr*q>'q*s*n ; aùsar tos^q* iim^zs^n'*, bir tods^r aùs>'q iim*zs*n^.

' sic (concernant //, coinp. p. 8H, noie 1). * ou fosl/i/ f (pour rods-). ' ou

richesses molles, beaucoup des tiens, ô peuple turc! sont morts. Comme une partie des tiens, ô peuple turc, considérant qu'à droite (au midi) n'était pas(?) la sombre forêt, disait: *Je veux m'établir IS7 dans la plaine», les gens policés excitèrent la partie du peuple turc, qui parlait ainsi 73). «Celui qui est au loin donne de mauvais trésors, celui qui est près donne de bons trésors» — en parlant ainsi il les excitaient. Comme des gens ignorants acceptèrent (IIN6) cette invitation et s'approchèrent, beaucoup des tiens sont morts. «Si tu vas dans ce pays-là, ô peuple tunt!, tu mourras. Mais IS8 si, demeurant dans le pays d'Kutuken. tu envoies des caravanes et des convois, et si tu restes dans la forêt d'Eutuken ou il n'y a ni richesse ni chagrin, tu continueras à conserver un empire éternel, ô p(»uple turc! et tu te rassasieras davantage; (autrement,) quand tu as faim, tu ne peux pas te rassasier, mais quand tu t'es une fois rassasié, tu ne peux pas avoir faim(?)74) » Mais sans

- 118 -

IS9 andaɣyyn (I, 46) üčün igidmiš qaɣanyṅyn sabyn ałmatyn jir‿saju bardyɣ,

IIN7 andaɣyyn uc"n üčün igidmiš qa (II, 71) sabyn ałmatyn jir‿saju bardyɣ,

qop-*nda ^tq^ndy^ ^rAtyy. *nda-q*tmysy jir s^ju-qop turu ôlii
qop-’^nda ^q^ndyy »ry}[. .). ®nda [.]tna[. .] jir [.]ju qop turu-o[. .

jor>Jur--»rt’g. t’^nri j*riyq*duqyn iièun [ôlz’m^ qutym b^r-^ûèûn
. . . .]ur *rt«g. t^^nri j*r[. .7 ] qutym bar-u^t"n

IS10 q*y*n ot"rtym. q*y*n ot"ryp (1,45) joq ôyy*i bud"nyy qop-qobMdyni,
q*[ ]m. q*y»n ot^ryp joq-cyyM bud"nyy qop qob^ym,

èyy^i bud"nyy b*j-qy}dym, ^z-bud^nyy okiis * qytdym. ^zu-^bucyyaj
bud"nyy baj-qyldyra, «z-bud"nyy ôk’^^-qyldym. [....] (ii,7oj

s^bymda ig’d-’b^ryu tiirk b^l^r bud"n buny *^sid’n. tiirk [. . . .
IIN8 s^bymda ig’d-b^ryu tûrk b*gl^r bud"n buny *sid’n. tiirk bud"n-

IS11 . . .]r’P il-’tuts^qyfiyn bunda urtym, j^nytyp QF^s’k^n’n j’mà (i,**) bunda
[yy tirip ijl-tulsfqynyn bunda urtym, j»nyt>p ul^s’k*n*n j’mâ bu[T .

urtym. n^fin^n^ s^bym *rs*r b^ngu t»sqa urtym. ^n^r-korû-bil’n,
. . .]m. n*nn[ . ]s*b[ . . .]r b^ngû t^sqa urtym. *n*r--kôrù bil’n,

turk ^xnHy bud"n b^glâp, bôdkii kôr"g’mà b^"^gl"r-’^gu janyld^c’yturk
»mHy bud"n b*gl*r, bôdkà kor’"'g*mà

  • 2 distinct. ’ voir p. 29, note 1.

IS9 accepter les recommandations de ton kagan, qui grâce à ceux des (IIN7) tiens qui étaient là 75), t’avait relevé, tu allas dans tous pays et beaucoup des tiens y sont perdus ou fatigués. Mais de ceux qui restèrent en ce pays-là, un grand nombre enore ont émigré en différents pays à la vie ou à la mort. Par la grâce du ciel et parce que j’avais

IS10 la fortune avec moi, je suis moi-même devenu kagan. Après être devenu kagan, j’ai élevé le peuple de rien et pauvre 76), le peuple pauvre je l’ai rendu riche, le peuple peu nombreux je l’ai rendu

(IIN8) nombreux. Pour tirer profit(?) de mon allocution 77), écoutez ceci, vous nobles et peuple turcs ! Comment tu as rassemblé le peuple turc et gouverné l’empire, je l’ai inscrit ici. Comment tu as failli et IS11 t'es divisé, je l’ai inscrit ici. Tout ce que j’ai à dire 78), je l’ai inscrit sur la pierre éternelle. En la regardant, sachez, ô peuple et nobles turcs, . . les nobles qui ont obéi au trône, vous tom siz[1] män bä[ṅgü taš ........ tabɣa]č qaɣanda bädizči kälürtim, bä

. . .j (Concernant la continuation voir plus loin).

diztim. mäniṅ sabymyn symady. (I, 43) tabɣač qaɣanyṅ ičräki bädizčig IS12

yty. »n*r *d>ncyy[2] b*rq j^rHurOm, icin-t»syn »d>nôyy b^d’z urtur-

tym. taš‿toqytdym, köṅü-toqytdym, kon"lt*ki sabym>n u[ unuqoyJyAja^

t»tyna t^gi buny kôrû bil’n : b»ngu-t«s (i,42) toqytdym. bu-»rig*- [3]IS13 "rs»r, [ . Itqa "rig-j’rta irs^r-^nèa "r^g’-j’rtii b»ngû-t*s toqytd>m,

bitidim. any‿körip anča bilin: oł‿taš [........]dym. bu‿bitig bitigmä atysy jołyɣ‿t[igin -?].

Côté du Nord-Est.
[modifier]

(1,70) Kül‿tigin qoi jyłqa jiti jigirmikä učdy. toquzynč‿aj jiti‿ otuzqa juɣ ärtürtimiz. barqyn bädizin bitig‿taš[yn] bičin jyłqa


  1. z net.
  2. v. p. 42.
  3. ou bu‿čöl‿? la leçon est très douteuse; d’après IO et H. la première lettre ne serait pas 𐰉 b1, mais 𐱅 t2? jaɣuq R.?

comp. Il N lô. *

berez en faute 79)*). C’est moi qui [. . . la pierre étemelle ?]. De chez le kagan des Chinois j’ai fait venir des sculpteurs et je (leur) ai (fait) sculpter. On n’a pas rejeté80) mon invitation, mais on a envoyé les sculpteurs intérieurs (c.-à-d. attachés à la maison) du IS12 kagan. Je leur ai fait ériger à part l’édifice (le temple, la salle), et tailler à part les sculptures à l’intérieur et à l’extérieur 81), et je leur ai fait tailler la pierre. Le message que j’ai sur le cœur [je l’ai fait inscrire ? . . . .] jusqu’à [vos iils bien-aimés] et vos descendants ( ?) en le voyant, sachez ceci : j’ai fait tailler la pierre éternelle. IS13 Parce que ce lieu est désert ( ?), et parce que . . .(?) est dans d’âpres( ?) lieux, j’ai fait tailler cette pierre dans un âpre( ?) lieu, et je l’ai chargée d’inscriptions. En la voyant, sachez ceci ! Cette pierre, j’ai [...). En ce qui concerne celui qui a tracé cette inscription, c’est son eousin( ?), Yolig-téghin[-?]82).

Côté du Nord-Est[modifier]

Kùl-téghin trépassa dans l’année du mouton, le vingt-septième ine jour. Au neuvième mois, le trente-septième jour, nous fîmes les funérailles. Sa salle, sa statue et sa pierre à inscriptions, nous

  • ) Concernant la continuation en II voir plus loin.

jitinč‿aj jiti‿otuzqa qop‿ałqad[ymy]z. kül‿tigin ö[lip?] qyrq artuq[y

j]iti jašyk bułyt[1] taš(?) [....] bunča bädizčig

tojɣun ältäbär kälü<r>ti.

Côté du Sud-Est.
[modifier]

ISE (I, 41) Bunča bitig bitigimä kül‿tigin atysy jołyɣ‿tigin bitidim. jigirmi kün ołuryp bu‿tamqa qop jołyɣ‿tigin bitidim. yɣar oɣłanyṅyzda jigädi[2] igidür ärtigiz, uča‿bardyɣyz, täṅr[i..?] tirigdäkiča [3][— ?].

Côté du Sud-Ouest.
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ISW (I, 55) [ — ] kiil-tig’n'n ^Hunyn kûmsin *yysyn b»r>'myn-tur[. . . .

. .]q[. .jyn* jyma tojgt( ?) bu[ ] b^m tig’n jog^rû t»n[ri

] t^s bil’d'm ioyy tig’n.

peut-être törlt ’"^hin^ jyh]q[ys]ynf — titrk èyy^i qf^rnyn R. ?

les avons inaugurés, (en assistant) en grand nombre, dans l’année du singe, au septième mois, le trente-septième jour 83. A sa mort

Kul-téghin avait quarante-sept ans [.....]. Les Toïgouns et les Eltèbers firent venir tant de sculpteurs.

Côté du Sud-Est.
[modifier]

ISE Kn ce qui concerne celui qui a écrit toute cette inscription,

c’est moi, Yolig-téghin, cousin (?) de Kul-téghin, qui l’ai écrite. Demeuraht ici pendant vingt jours, moi Yolig-téghin j’ai écrit ces nombreux signes sur cette pierre. En faisant du bien parmi vos fidèles princes et taïgouns» vous les avez rétablis. (Maintenant) vous êtes morts. Le ciel [est ?] (ou : [vous êtes au] ciel) comme étant parmi les vivants 34.

Côté du Sud-Ouest.
[modifier]

ISW [ — ] l’or, l’argent, les richesses( ?), les biens, [les quatre maisons

et les chevaux ?] de Kul-téghin ....[... .j mon seigneur le téghin en haut [au] ciel [. . . .j. Moi Vollig-léghin, j’ai écrit sur la pierre.

===

Côté de l'Ouest.

===

A droite de l’inscription chinoise (I, 56)[4]


Qurdan[.]uɣ [.]örti inim‿kül‿tigin [.......[5]........] isig IW1

küčig birtük učün türk-bilgä qaɣann anuq[ . ]qa [6] inim‿kül‿tiginig

közädü[7] ołurt [- - ]

Ynanču apa jarɣan‿tarqan atyɣ [8] [...]rt m[.]i [- -] IW2


Côté de l’Ouest
[modifier]

— — mon frère cadet Kul-téghin [est mort . . ...]. Parce IW1 qu’il m’a voué son travail et ses forces, moi Bilghè (sage) kagan des Turcs, [j’ai été] assis à (?) . . . en veillant mon frère cadet Kultéghin [ — — ].

Inantchou Apa Yargan-tarkan . . ( — — ]. IW2 ==

Monument II.

==

Côté de l’Est.
[modifier]

IIE1(11,41) T^nritâg t^nri jar^mys tûrk bilgâ q^^an s^bym : ^q^nym

tûrk bilgâ [qayan ]tysy--âr

toq"z-oy"z ^i-âdiz^k^r-kul’g bâglârf bud"ny [

.... tû]rk [taù]ri [

IIE2........] (11,40) ôzà q^y^n ol^rtym. otMuqyma ôltâëiëà

s^qynyyyma tûrk bâgl^r bud"n ^g¥p s^b^n^p tont^mys [9] kôzi jôgarûkôrti. bôdkâ ôz^m--ot"ryp bunëa ^yyr-tôrûg tort bul"nd*qy [budun-

it]dim.

(Concernant la continuation depuis la fin de II E2 jusqu'au commencement de I1E24, voir p. 97—108.)

Côté de l’Est.
[modifier]

IIE1 Moi qui ressemble au ciel et qui suis institué par le ciel, Bilghè (sage) kagan des Turcs, (voici) ce que je vous mande : [A la mort de ?] mon père, Bilghè (sage) kagan des Turcs, [....] les vaillants nobles et le peuple des Neuf-Ogouz . . [ ] ciel des Turcs

IIE2 [ ] je suis devenu kagan de [ ]. A mon avènement, les nobles et le peuple des Turcs, qui s’étaient désolés comme s’ils allaient mourir, changèrent et se réjouirent, et rassurés ( ?) levèrent les yeux 85. Après être moi-même monté sur le

trône, j’ai donné tant de lois importantes [ parmi les peuples] des quatre coins du monde.

(Concernant la continuation depuis la Jin de II E 2 [=IE1] jusqu’au commencement de I1E24 [= IE20], voir p. 97—108.) (II, 18) jiti‿jigirmi jašyma taṅut tapa sülädim. taṅut budunuɣ IIE24 buzdym, oylyn jo[taz]yn [10] jytqysyn b^r^rayn ^nda-^Hym. säkiz‿jigirmi j^éyma »Hy-ô[ub soydaq [11]] (11,17) t*pa sul^d^m, bud"nyy anda-buzdym. IIE25 tab[ɣač o]ṅtutuq bis‿tümän sü‿kälti, yduq‿baš anda‿joq-qyšdym. < [12] > jigirmi jašyma basmył yduq‿at uɣyšym

budun ärti. arqyš‿ydmaz tijin, sülädim q[..............]m

ičgirtim, qałyṅ [. .] äbrü kälürtim. iki‿otuz jašyma tabɣač (II, 16) IIE26 tapa sülädim. čača‿säṅun säkiz tiim^n [su] birla sufi"sd’m, süsin anda‿ölürtim. ałty‿otuz jašyma ôik bud"n qyrqyz birla jaɣy-bołdy. käm‿käčä čik‿tapa sülädim, örpäntä süṅüšdim, süsin sančdym,

az[‿b]u[dunyy-alty]m [ Jgrt’m. j’ti-o[tuz jaéymja qyrqyz tapa

sülädim. süṅüg‿batymy (II, 15) qaryy sôk’p% kôgm% jyèyy toya jo[ryp] IIE27 qyrqyz bud"nyy uda b^dym, q*y*nyn birlii sona jysda sûn"sd’m.

  1. lire jašłyɣ bołty?
  2. ou jigdä? ou kägdä? (ce que R. change en köktä!).
  3. IO., H.; tirgidkiči R. (p. 127, changé en tirig ätküči)
  4. voir p. 85
  5. uča‿bardy? (ölti R. ?)
  6. joqyqa R.?
  7. ou közädi? (kündä à tort R.; très distinct, non n; le dernier caractère ne peut pas être 𐰀).
  8. R., ytyɣ 10.
  9. toqtamyš?
  10. joq‿qyłdum R.?
  11. v, I E 31.
  12. pas de lacune, mais le graveur semble avoir oublié toquz.

Dans ma vingt-septième année, je fis une expédition contre IIEE24 les Tangout. Je dévastai le peuple des Tangout, et j’y pris leurs fils, leurs gens( ?), leurs chevaux et leurs biens 86. Dans ma vingt-huitième année, je fis une expédition contre Alti-Tchoub (les Six-Tchoub) et les Sogdak, et j’y dévastai le peuple. Une armée de IIE25 cinquante mille (cinq divisions d’) Ong-toutouk(?) chinois vint. Je luttai près du mont( ?) sacré, et j’y anéantis cette armée 87. Dans ma vingt<-neuv>ième année, il y avait un peuple de ma race au nom sacré de Basmil. Comme ils n’envoyaient pas de caravanes (avec le tribut), je fis une expédition [ ] • • • j'en rapportai [. . .] 88. Dans ma trente-deuxième année, je fis une expédition contre les Chinois. J’y luttai contre Tchatcha-sengun et IIE26 une armée de quatre-vingt mille (huit divisions); j’y tuai son armée 89. Dans ma trente-sixième année, le peuple des Tchik avec les Kirghiz devinrent (nos) ennemis. En passant le Kem (l’Iénisséi) je fis une expédition contre les Tchik ; je luttai à Eurpen et je vainquis leur armée [et asservis le] petit [peuple . . .]. Dans ma trente-septième année, je fis une expédition contre les Kirghiz 90. En traversant la neige qui avait la hauteur de nos lances, je marchai en montant IIE27 les montagnes boisées du Keugmen et fondis en vainqueur sur le peuple des Kirghiz; je luttai contre leur kagan dans la forêt au

q^y’nyn ôl"rt’m, il’n *nda-"Hym. ot-jylqa tûrg*s t*pa *Hun-jysyy

  • ^sa^ [âr]t’s--ug"z’g k*6à jory[dym, lurgâs budunxy uda] b^sd^m. tûrg*s

IIE28 q^y^n susi otèa bur^ôa kMti, (ii,i4) bolëuda sun"sd'm>z, q^y^nyn j»byu[sy]n è*dyn *nda-ôl"rl’m, iPn «nda^-^tym. ol"z j»àyma b»s-

b^lyq t»pa sûl^d’m. *Hy-joty siin^sd’m [ sû]sin qop ô[Iû]r-

t’m. [anda*] ièr^ki-nà’ kisi-tin[i ? ]y joq-[b(rfda]6y

^r[ti ]a oqyyty k^lti. b’sb^lyq *ny-ûè^n ozdy. ot"z-

IIE29 «rtuqy (ii, is) bir j^gyma q^riuq bud"n buns^z [ârjûr b*rur ^rkli j^yy-’ boldy. t*m*y-yduq b*§da sun"sd>m. q^rluq bud^n^y ôl"rt>m,

anda--^tym. [. . , T ja§y]ma* q[. . .] |j)ud J.]* qMuq bud"n

tir[ ]m Ô[lûrtim]. t[oquz oyu]z m%*n

IIE30 bud"nym>-^Mi. t^nri j»r buly*qyn uô"n, ôdin[â] (11,12) kôni t*gdûk u6"n j^yy-boWy. bir-jylqa tort joly sun"sd’m. *ûilki toyu b*tyqda

sûn’"'sd’m. toyta ûg"z’g jiizHi k^é’p sûsi[ ]

ikind[i] uryuda[1] sûn"sd’m, sûsin s^nédym [. . .

  1. andapguda ( ? IO., H.) R.

sic ; = toya I E 37. des traces nettes de sic ; -ni 10., R. ou basjmulf (R.) peut-être bûdànif


delà, et je tuai leur kagan et asservis leur peuple. Durant la même année, je marchai contre les Turghès en passant las montagnes boisées d’Altoun et le fleuve Irtych. Je fondis [en vainqueur sur le peuple des Turghès]. L’armée du kagan des Turghès arriva comme

IIE28 le feu et la tempête, et nous luttâmes à Boltchou(?); j’y tuai leur kagan, leur yabgou et leur chad, et j’asservis leur peuple. Dans ma trentième année, je fis une expédition contre Bichbalik. Je luttai six fois [....] je tuai beaucoup de leurs troupes. En se disant : € Quelles gens est-ce qui sont là-dedans ?», [....] aurai(en)t été per-

IIE29du(s) [...] vinrent (les) appeler ( ?). Grâce à eux, Bichbalik échappa 91. Dans ma trente et unième année, le peuple des Karlouk devint un vaillant ennemi, vivant en liberté sans inquiétudes. Je luttai près de la sainte source( ?) du Tamag. Je tuai le peuple des Karlouk et je l’asservis là^*). Dans ma [. .] année( ?) [. . .] le peuple entier( ?) des Kar-

IIE30 louk [se réunit . . . je les] tuai^^). Les Neuf-Ogouz étaient mon propre peuple. Comme il y avait bouleversement au ciel et sur la terre et que la jalousie leur avait remué la bile, ils devinrent nos ennemis. En un an je luttai quatre fois’-^*). D’abord je luttai près de la ville de Togou. Après avoir passé à la nage la rivière Togla (Tola)^’^), leur armée [ ]. La seconde fois, je luttai près

. . . . ûèinè èuS^ baâynda sû]A"sd'm. tûrk bud"n »d^^q*m»sty, j*b-

}aq (11.11) bolWy »rti-oza j^ja k*l«g>mâ sûsin ^yn^m, ôk»§>-ôlt*ôi 1IE31

  • nda--tir'lti. *nda tonra jylp*yu-'Hy(?) bir uy^é^y lona lig'n juy[ynda]
  • g'râ toqydym. tôrt'nè *zg*ndi q^dfzda sun"sd'm. sûsin-*nda

s*n6dym j^brytdym. [ ]j*bryt[ jasy]ma ^myy*w

qury^n qyslMuqda jut boldy. j^zyfia (ii, lo) oy"z t*pa sûM'm. IIE32 ilki-'SÛ t^àyqmyà *rti, {kin-'SÛ *bdà Mi. ûé-oy"z siisi b^sa kMti. j*d*y j«byzl)oldy tip H^yly kMti. [syû]ar susi ^b*g-b»rqyy juJyyty b*rdy, syn*r sûsi sûA"s*gli k*lti. biz »z-^rt'm'z, j^b^z M*m»z,

oy[uz ]t j*y[y? tSûri] kûè birtiik û6"n *nda^

s^nèdym, (ii,9) jaid*m. t*nri j*riyq»duq-uô"n, m^n-q^zy^^nduq û6"n I1E33 tûrk bud"n q*zy[an . . . .Iné'*. ra*n--in{l{gû bunèa b»èt»ju q»zy»n-

  • ou cuëy-- ; comp. I N 7. * comp. I N 8- • q^2y<^nnU/è^^hnê R

d'Ourgou (? ou Andargou?) et vainquis leur armée ^•j. [

La troisième fois] je luttai [près de la source du Tchouch(i?)]. Le peuple turc tombait de fatigue et se démoralisait. Je laissai donc iiESl échapper leur armée, qui nous avait devancés en (nous) disper- sant; mais beaucoup d'entre eux s'y réunirent pour y trouver la mort. En en venant aux mains pendant les funérailles de Tonga- téghin, j'abattis là un homme de la race des Tongra, nommé Yilpagou(?). La quatrième fois, je luttai à Ezghendi kadaz.

J'y vainquis et défis leur armée. [ Dans ma . . année]

quand j'eus hiverné à Amghi kourgan, il y eut gelée suivie de famine. Au printemps, j'entrai en campagne contre les Ogouz. La 1IE32 première armée s'était mise en marche, la seconde (?) armée était à la maison. Trois armées ogouz vinrent nous attaquer. En di- sant: cils sont devenus sans chevaux (littér. à pied) et faibles», ils vinrent nous prendre. L'une de leurs armées envahissantes alla en pillant les maisons et les bâtiments; une autre (?) vint luttant. Nous étions peu nombreux et nous étions faibles, mais l'ennemi (?)

og[ouz? ] comme (. . le ciel] nous donna force, je les y

vainquis et les dispersai ^^). Far la grâce du ciel et comme je IIE33 travaillais, le peuple turc travaillait aussi?]. Si au commence- ment je n'avais pas tant travaillé (exécuté), de concert avec mon — 126 —

m[»ly]n[1] tiirk bud"n ôlt^ëi "rti, joq-CboMaJëy Mi. [tûrk] b»gl»r [bud"n anô]a--s*qynyn, *nèa-bi)’n. oy"z bu[d»n

lIE34f ]d ydm^jyn tij’n sul^[dim], (ii,8j *bin

b^rqyn buzdym. o[y"z] bud"n toq"z tH»r birlâ tir’l^p k^lli. *yuda

  • ki-ut"y sùn"s siin^sd’m, siisin [buzjdym, ’lin *nda--*Hym. *nca-

qazy»ny[p t^ùri] jarfyqMuq ûè"n ô[zim]*

ot"z ^rtuqy u[è jaèyma

IIE35 . . . ." uji^&rti»] ôdsg ôtûlg kûc*[— ?] (11.7) igidm’s

qa[yan jajnyWy^. [. . ô]za t^nri yduq j’r-sub [^«m ? qa]yan quty lapjam »dy^--*r’n6. toquz oy"z bud"n j’r'n subyn yd^p t*by*ôy*ru b»rdy.

i^hy^èl " ] bu^-j’rdà k^lti. ig^^j^n tij*n s»-

q[ynyp ?

11E36 ] bud"n [....] (11,6) j^zuqjaf bijr’jà

t^by^cda Hy--kusi joq-boWy, bu-j^rdii m^na qul-boWy. m%-oz’m

q«y*n ot"rtuqym uô"n tiirk bud"nyy [ ] qyt-

  1. ou -m[asa]r?

» • màn R. ? » 10., R. ’ R. MO. « ou maduq 10. ? (tfipqylnifHiy, R. p. 65, tapyqhamndy id. p. 124 ?) ^

frère cadet, le peuple turc aurait été mort, aurait été perdu’*®). 0 ! nobles et peuple turcs, songez-y et sachez ! Le peuple ogouz [ ] Pour ne pas envoyer ( ? abandonner ?) [....] j’en-

I1E34 trai en campagne et dévastai leurs maisons et leurs bâtiments. Le peuple [ogouz] s’allia avec les Neuf-Tatars, et ils vinrent. Près d’Agou, je livrai deux grandes batailles ; je dévastai leur armée et j’asservis là leur peuple. Après avoir tant exécuté

[ ] par la grâce du ciel [. . . .] dans ma trente-trois[ième

année ] le kagan qui avait relevé [. . .] la force . .

11E35 [. . .] tomba en faute. Ni le ciel en haut ni les saints génies de la terre et de l’eau ni le bonheur de [mon oncle ?] le kagan ne lui étaient en aide^^). Le peuple des Neuf-Ogouz abandonna sa terre et

son eau, et alla vers la Chine. Les Chinois [ ] ils arrivèrent

dans ce pays. En comptant les relever [ ] peuple

11E36 [. . .] faillit [. . .] au sud, dans la Chine, leur nom et leur réputation furent perdus, dans ce pays ils devinrent mes esclaves. Parce que moi-même j’étais devenu kagan, je ne faisais pas [ ] le peuple turc ; [voilà combien] j’ai exécuté au profit des — 127 —

mMïm. [’Ug ?’] tôriig j’g^di q^zy^ndym. yd[ 1

tir*l»p j*[ ] (II. 5)

[anda sûùri]sdJm, sûsin sanèdym. iô*k’g'mà ië’kdi, bud"n boWy, ôl^mà IIE37 -ôlti. sM*nâ qody joryp^n q»r*yyn qys*i»ta* ^bin b^rqyn »nda-buz-

d^m [ ] jyàqa *ydy. iyy"r-M[tâ]bâr jûzôâ^^r* !!

ilg*[r]û tâ[zip bardy ?

1 (11,4) [ ]ti. tûrk UE38

bud"n aô^Mi. ol-jytqyy *typ--igVm. ot"z--Muqy tort j^s^ma oy"z

t*z*p t*by*6qa kirti. ôk^n^p sûlM*m saq^n [

. . . oy]lyn jot*zyn *nda-*Hym. *ki-âit&b*rl’g bud"n [

] (11.3) [ ]t*[tab]y biid"n t^by^c-qViiqa kôrti. IIE39

jajabejy Mgû s«by ôt»gi kMm^z-tij’n, j*jyn-sûlM«m, bud"nyy *nda-

buzdym, jylqyLsyn ] siisi tir*l*p k*lti. q*-

dyrq*n--jys qon[

] (11.2) [ ]ya. IIE40

qyna j’r'n^rii subyn*ru qondy. bir’jà q^riuq bud"n-t*pa siilà tip

’ ou [nnéajt * qysuHa R.

institutions [ ] se réunissant [ ] j’y luttai

et je vainquis leur armée. Quelques-uns rentrèrent et redevinrent IIE37 un peuple, d’autres moururent 100. Puis je marchai en aval de la Selenga 101); et j’y dévastai leurs maisons et leurs bâtiments en réprimant

leurs pillages (?). [ ] échappèrent dans les montagnes. Les Eltèbers ouigours 102 [fuirent ?] par centaines vers l’est [ ].

Le peuple turc avait faim. Je le relevai en prenant ces troupeaux IIE38 de chevaux. Dans ma trente-quatrième année, les Ogouz fuirent

et entrèrent en Chine. Fâché, je me mis en marche [ ] ; j’y pris leurs fils et leurs gens( ?). Deux peuples d’Eltèbers [

]. Le peuple Tatabi était soumis au kagan chinois. Vu IIE39

qu’il ne venait pas de bonnes nouvelles ni de bonnes demandes (?) de la part des envoyés, j’y fis une expédition en été 103 ;

j’y dévastai le peuple et pris leurs troupeaux de chevaux [ ]

l’armée de [. . .] vint, après s’être rassemblée. Ils firent (ou nous

fîmes ?) halte dans la forêt de Kadirkan [ ] s’é- IIE4O

tablirent dans leur terre et leur eau. En disant : t Marche vers — 128 —

tud"n j»m*t*ryy ytym-b^rdy [

. . qarfuj il]t»b*r joqwboJmyè, in^si bir qiiry[

^ 1

11E41 (iM) [ ar]qysy jMmMi^ «ny «inajyn^ tip sûlM»m.

qoryu *ki-û6 kis{l{gû’ t*z’p-b*rdy. q»rawbud"n q*y»nym k*lti-tip

ôg[di ? ]qa at-bir-

t*m. kié*g M}yy[

]

Côté du Sud-Est.[modifier]

USE (II, «) [ ]ôn’g joy^ru sii-joryp tûnli kiinli jiti

ôd"§kà subsyz k*èd*m, éor^qqa t^P joJyyca* [.]g[

! ]s k*6*nkà t»gi (. / 
  • kàlmàdif * aitajynf anUinJunt * yifi R. ? * OU -âyf

le sud, contre le peuple karlouk», j’envoyai Toudoun Yam(a)tar,

et il alla. [ ] les Eltèbers karlouk furent anéantis ;

son (leurs ?) frère(s) cadet{s) ( ] leurs (ses ?)

UE41 caravanes ne se hâtèrent pas. En disant : cJe veux les réclamer ( ?)», je me mis en marche. Par crainte il(s ?) s’enfui(ren)t avec (par ?) deux ou trois hommes ( ?). Mais le menu peuple [s’exalta ? ] en disant : «Mon kagan est arrivé». [ ] je

donnai à [. . .] des chevaux ( ?). La cavalerie peu nombreuse

l ].

Côté du Sud-Est.[modifier]

USE [ ] en marchant avec l’armée en amont je traversai,

en sept jours et nuits ’*^*), le désert aride, et arrivé à Tchorak . . . [ ] jusqu’à [. .] Kètchin [ ]. === Côté du Sud. ===

(II, 57) [ - - tab]ɣač ayɣ süsi bir‿tümän artuqy jiti‿biṅ süg ilki
IIS1 kün ölürtim jadaɣ süsin ikindi‿kün qo[p ölür]tim. bi[........
...............]šp[1] bard [---] (II, 56) [- -j]oły sü
IIS2 ]§p^ b*rd[ ] (11,56) [— jjoly sû-

l«d'm. ot"z>'»rtuqy s^k'z jas^ma qyôyn qyt»M»pa sul*d*m [

otuz-artugy toq^z jaâyjma j^Z^n t»t*by t^pa SU[M«m ] (II, 55)

[ — ] m^n [ ] ôlrt'm, oylyn jot»z[yn jy]lqysyn b^r^myii [

— ]râ qu[ — — — ] (II, 54) bu[ jo]t*zyn joq--q[yWym

— ] (II, 58) jor[ — ] (II, 52) sûnpsdim? IIS5,6

] (II, 51) [. .]t«m. ajp^rin ôl"r'p [Wjbt qylu b'rt'm. *l'g>-j»syma IIS7

t«t»by bud"n qyt^ida «df ]lkr t*yqa[ ] (II, 50) IIS8

qu-s*nûn b*s=»du tort lum^n sii-k^lti. tônk^ tayda t*g'p toqydym.

uc-tum*n sûg [ôlûrii]m, b[ir tûm^n? ]rs»r[

]ôkt*m tHaby[ ] (ii,49) o[lû]rti. ul"y oyVm ^yr^p IIS9

joq-'bolca quy-s*nûn*g Wbl tika birt^m. m*^n toq"z j'g'rmi jyt


Côté du Sud.[modifier]

[ - - ] le premier jour, je tuai la cavalerie chinoise (qui IIS1 comptait) dix-sept mille hommes; le deuxième jour, je tuai quan- tité de leur infanterie. [— ] j'ai fait des expéditions [. .] IIS2 fois. Dans ma trente- huitième année, en hiver, je me mis en marche contre les Kitaï [ dans ma trente-neuvième an]née, au printemps, je me mis en marche contre les Tatabi [ ] ^^^), IIS3 je tuai [ et je pris?] leurs fils, leurs gens(?), leurs troupeaux de chevaux, leurs biens [ ] j'anéantis leurs gens(?) IIS4-5 je] lutt[ai ]. Ayant tué leurs hommes IIS6-7 braves, j'en fis faire les cérémonies funèbres (?). Dans ma cin- quantième année *^®), le peuple des Tatabi [. . .] en Kitaï [ ] à la montagne de [ — — ] une armée de quarante mille hommes, IIS8 conduits par Kou-sengun ^*^') , arriva. Près de la montagne de Teunkes, je les attaquai et les battis. Je [tuai] trente mille hommes, .d[ix mille hommes se sauvèrent? — — — ] les Tatabi [ ] tuèrent (?). Moh fils aîné étant mort de maladie, IIS9 je fis mener le deuil (?) à Kou-sengun. Pendant vingt-neuf ans j'ai šad‿ołurtym, toq[uz jigir]mi jył [qaɣan ołu]rtym, il‿tutdym. otuz‿artyzy

IIS10 bir [- -] (II, 48) türkimä budunyma [ji]gin anča‿qaanu birtim.
bunča qaanyp [aqaym qaɣan y]t‿jył onynč‿aj ałty‿otuzqa uča bardy.
ałɣazyn jył bisinč‿aj jiti‿otuzqa juɣ ärtürtim. buqiɣ tutuq[ — — ] IIS11 (II, 47) m^na[2] lisûn t»j-^s*nûn b»SM[u] bis^jûz-^r'n k*lti.^ qoqyjyq ô[ ] *ltun kûin"s k^rg^ks^z k*lurti. juy jyp^ryy kMûr*p

IIS12 tikà birti, èynd^n yy*6 k^liir^p ôz^j»r[ — — ] ai. 46) bunèa bud"n s^ôyn qulq^qyn [. . .*b]ycdy, *dgu ôzl*k-Hyn q^ra kisin kôk t*j*nin s^nsyz k*lûr*p qop qoty.

IIS13 (II, 45) Tâfirit^ t^nri j^rHmyâ tûrk bilgà [qayan sa]bym: ^q^ftym tûrk bilgà q*y*n ol^rtuqynda ttirk *m*ty b^l*r, kisrà* tardus b*gl*r kûkcur b*sl*ju ul^ju l^d^pyt b^gl^r, ônrà tôl*s b^gl^r apa^tarqa[n]

IIS14 (II, 44) bašłaju ułaju šada[pyt] bäglär bu [...............]

  1. IO.; lp R.
  2. R.; aqaṅy IO.?

» * Janaqunt R. lit 'yi[], » «m/a Uisrà R.?

été chad, pendant vingt-neuf(l) ans j'ai été kagan et j'ai gouverné IIS10 l'empire 108). [Pendant?] trente et un [ans . .] j'ai procuré tant de bien à mes Turcs, à mon peuple. — Après avoir tant fait [mon père le kagan] est mort dans l'année du chien, au dixième mois, le trente-sixième jour. Dans l'année du porc, au cinquième mois, le trente-septième jour, je fis faire les funérailles 109).
IIS11 ...[...] Lisun taï-sengun vint chez moi à la tête de cinq cents hommes 110). Ils apportèrent une infinité de parfums, de [ ], d'or et d'argent. Ils apportèrent du musc(?) pour les funérailles et le placèrent, et ils apportèrent du bois de
IIS12 sandal . . [. . .] 111)). Tous ces peuples se coupèrent les cheveux et se tailladèrent les oreilles [et les joues?] 112); ils apportèrent leurs bons chevaux particuliers, leurs zibelines noires et leurs écureuils bleus sans nombre, et en déposèrent une grande quantité.
IIS13 Moi qui ressemble au ciel et qui suis institué par le ciel, Bilghè (sage) kagan des Turcs, voici ce que je vous mande 113): A l'avènement de mon père Bilghè kagan des Turcs, les illustres nobles des Turcs, en arrière (de l'ouest) les nobles des Tardouch, précédés par Kul-tchour, suivi des nobles chadapit, en avant (de l'est)
IIS14 les nobles des Teulès, précédés par Apa-tarkan, suivi des nobles t*m*n- t«rq*n tonjuquq bujlab'^ya- t^rq^n uJ'^ju buj"ruq [ |ic-

buj"ruq s^b*g- kûU irk^z b^sl^ju ul^ju buj"ruq, bunëa *m*ty b*gl*r

  • q*nym q^y^nqa ^rt^nu [— ?*] fii,43) »rt»nu HTYm*y(?) i[ldi? IIS15

t]urk b^gl^rin bud"nyn ^rt*nû HiYm^y(?) itdi ig[. . . .

. .] q«y»n^ [ ]ôa Vf^t^^yy juyn[ . ]y tûrk b*gl*r bud"n

i[ ]irli ôz'mà bunCa [ — ?]

Côté du Nord.[modifier]

(Concernant II N 1—8 = I S 1—11, voir p. 111—119.)

[aqaftym] fii.c»; q^y»!! *6*m-q«y»n o}"rtuqynda tort bu{"nd»qy IIN9

bud"nyy n^nôà itm[is «j t*nrT j^rfyqMuq [ûèr>n ô]z*m

o}"rtuqyma [tort bul»ùdaqy?] bud"nyy ild^m j»r*tdym, i[

]qyèdym* [. . . t]ûrg*s q»y*nqa qyzyin[yn . . . .] *rt*ôû

[ul«»yj tôriin *{y-birt*m. tur[gfts qayan?] rii.es) qyzyn ^rt^nu x^y IIN10

  • ou fîrtfïrUï écrit deux fois? * R. • peut-être: ctm[ië J^r^^tnii/ë ^rti,

anèa], * R.

chadapit f ] Taman-tarkan et Tonyoukouk Bouilabaga-

tarkan, suivis des officiers [. . . ] officiers précédés par Sèbèg-kul- irkiz, suivi des officiers, tous ces illustres nobles [rendirent] hom- mage (?) à mon père le kagan [ ] il ... ses nobles et IIN15

son peuple turc ..[....) nobles et peuple turcs [ ]. A

moi-même autant de [— — — ].

Côté du Nord.[modifier]

(Concernant II N 1—8 == I S 1—11, voir p. 114—119.)

Autant de peuples aux quatre coins du monde [mon IIN9 père] le kagan et mon oncle le kagan après leur avènement [avaient organisés et constitués, autant de] peuples [aux quatre coins du monde] j'ai moi-même organisés et constitués après mon

avènement par la grâce du ciel . [ ]. Au kagan des Tur-

ghès j'ai donné ma fille avec grands honneurs"*), et j'ai donné à mon fils avec grands honneurs la fille [du kagan des] Tur[ghès], et IIN10 törün oyl^ma *}y--birt*m [ ^ ^r-

tâùû u]l"y [tôriin ajy-]birt'm. j»[ ]t

^rtu[. .]m [ baS*yyy]y jûk"nd"rt'm,

IIN11 tizl'g^g sôk^rt'm. ôzà t*nri *sra jV j*rJyqMuq ûë[«'n — ] (ii,67) kôz'n

kôrm*dûk qulq^qyn *s*dmMuk bud"nymyn ilg^rii kûn to[>"syqyùa?],

birg*rû [ ]qa, quryy»ru [kun Wysyqyùa?, jyryara lûn . . . .

altiiny]n ôr"n-kûm"s*n qyry^yl^y qut^jyn*

IIN12 âkinlig %*g[tis]in ôzl*k-*tyn ^dyyryn q^ra k[isin] (ii,66j kôk t^j^nin

turk*mà bud"nyma q^zy»nu birt^m, iti-birt*m. [ ]*n* bunsyz

qyldym. ôzâ t^nri *rkl*g [

]ûm*n oy[

]*n[. . . . bftglft?]r*g bud"n-

IIN13 [— *] (11,65; [' ' '^] ig*d*n ^mg^tm^ç iolyHm^h [. . . .jm tûrk b*gl*r,

tûrk bud"nym [ ]H [. .]rtïm [ ]qa t*[.]y[.

. . . .]ûr[ ] q*zy*nyp j*û[ ]i bu[

]a bu-q^*nynda bu-b*glVg [

IIN14. .]byôd[a ] U[— ] (11.64) [. . .] &dgû kôrt*6is*n, *Wnà

  • qyàqm 10.? * qut^jsyn R.? * [budt^nUniJunt * [fJyt] * peut être

U'âàjr comp. 1 E 16 = 11 E 14; idi R.?

j'ai donné avec grands [honneurs ]. Je

leur ai fait baisser la tête et ployer les genoux. Par la grâce du

IIN11 ciel en haut et de la terre en bas [j'ai conduit] mon peuple, qui n'en avait rien vu avec les yeux ni entendu avec les oreilles, en avant, vers le soleil levant, à droite, [vers le midi,] en arrière [vers le soleil couchant, à gauche, vers le minuit — — ]. J'ai procuré à mes Turcs, à mon peuple [de la part des Chinois?] leur [or rouge?], leur argent blanc, leurs pièces de soie(?), leur graine d'isigti(7), leurs chevaux particuliers et étalons, leurs zibe-

IIN12 lines noires et leurs écureuils bleus, et je l'ai arrangé*^*). J'ai rendu [mon peuple?] sans inquiétude. Le ciel en haut(?) [....] puissant [ ] les nobles(?) et le

IIN13 peuple, [. .] relevez-les, ne les faites pas souffrir, ne les tour- mentez pas [. . .] les nobles turcs, mon peuple turc [

. . .] de la part de(?) ton kagan, ces nobles [ ]

IIN14 peuple turc, [. .] tu verras [. . .], tu [. .]ras à ta maison, tu seras - 133 —

körtäčisän, buṅsyz bołdačys[än ............... ] kisrä [tab-
yi q»y»nd[1]]a bädizči qop k[älürtim, mäniṅ sa]by 111^11 sym*dy. i6r*ki b*d*zôig yty. *û*r ^d^nè^y b*rq j*r*tdym, i6in-t*§yn ^(Pnè^y b*d*z

[artJm, W toqydym. kôùullftki sabymyn u ] | unuq oyJyna 1IN15

tnyfia t^gi buny kôru bil^n: b»ngû taš [- - - - -].

Côté de l'Ouest.[modifier]

Fronton au dessus de l'inscription chinoise [2].

[. . .] özä [- - -][3] IIW1

bilgä qaɣan u[č— ] 2

(II, 63) jaj-boJs*r, ôzà tpAri] 3

(II, 62)(11.62) kôbr^g^si t^réâ M[— ] 4

(II, 61) t*yda syyun tsr*, [ — -'] 5

(II, 60) s*qynurm*n. **q*nym[-q*yan] 6

(II, 59) t*syn oz'm q*y»n [ — ?] 7

[- - - -] 8

[- - - -] 9

  • pour tàzaàrf * peut-être y«na.

sans inquiétude [......]<ref name=116> Puis, de chez le kagan des Chinois j'ai fait venir beaucoup de sculpteurs. Il n'a pas rejeté mon invitation, mais il a envoyé des sculpteurs intérieurs (c.-à-d. attachés à sa maison). Avec leur aide j'ai érigé à part l'édifice (le temple), [j'ai fait tailler] à part les sculptures à l'intérieur et à l'extérieur, [et j'ai fait tailler la pierre. Le message que j'ai

sur le cœur ] jusqu'à vos fils bien-aimés et vos descen- IIN15

dants(?), en le voyant, sachez ceci: la pierre éternelle [

Côté de l'Ouest.[modifier]

Fronton (117).

[Mon père] Bilghè kagan [qui a régné] sur [les Turcs, étant IIW1-7 mort?], je le pleurerai [encore?], quand l'été reviendra, quand le pont (la voûte) du ciel en haut sera ..[...], et que le cerf fuira(?) sur la montagne. I^ pierre de mon |>ère le kagan, c'est moi-même le kagan qui rai[— — — ]. === Côté du Sud-Ouest.===

IISW (II, 58) [ — bilgä] qaɣan b[itigin?] jołyɣ‿-tigin. bunča barqy
bädizig uzyɣ [............... qaan atysy jołyɣ‿tigin män

^j-*rtuqy tort kûn [olu]ryp bitid'm bM'zt^m ja[- -].

Côté du Sud-Ouest.[modifier]

IISW [ — — ] c'est moi Yolig-téghin qui ai écrit l'inscription du

kagan. Tout cela, l'édifice, les sculptures, les peintures [

. . .]. C'est moi Yolig-téghin, cousin du kagan, qui, demeurant ici pendant un mois et quatre jours, ai écrit et fait sculpter

[- - -]. === Notes.===

  1. Comp. I S 11.
  2. voir p. 87.
  3. peut-être [türk?] özü [ołurmyš aqaṅym?]


1) [I E 1, Il E 3] Bumyn qaɣyan istämi‿qaɣyan doit nécessairement être une combinaison de deux mots parallèles, coordonnés, ici des noms propres. Je traduis par «Boumin kagan et Istèmi kagan», car, comme on le sait, les langues turques n'ont pas de mot pour la conjonction «et», et je donne comme pluriel (ils, leur, etc.) tout ce qui dans la suite renvoie à ces mots (même dans les cas où, à proprement parler, on ne peut penser qu'à l'un d'eux), la langue des inscriptions ne distinguant pas, dans la grande majorité des cas, entre le pluriel et le singulier. (Radloff traduit par «mein Vorfahr, Bumyn Chan, der beruhmte Chan», et emploie par conséquent le singulier aussi dans ce qui suit. C'est ce que je ne peux pas regarder comme correct; car lo on ne trouve pas, je pense, d'exemple d'apposition de cette forme; on se servirait d'une proposition nouvelle: «C'était un illustre kagan»; 2o dans la combinaison äčü et apa «mes ancêtres» (p. 24f, note 2, p. 91, note 2), il faut bien, je pense, que chacun des deux mots, àèû et apa^ quel que soit leur sens propre, ait dû désigner un degré de parenté différent, et être compris comme tel, de sorte qu'on ne pourra les employer combinés en parlant d'une seule et même personne dans ses rapports à une seule et même personne différente, mais uniquement d'au moins deux aïeux de degrés . différents, p. ex. mon bisaïeul et mon grand-père ; 3o il y a plus d'une objection à faire contre la leçon «äšitmä» («-mi») et la traduction «illustre»: il suffit de signaler que le thème dont ce mot devrait être dérivé, thème qui signifie «entendre, écouter», se présente toujours dans les inscriptions sous la forme de àsid avec d, jamais avec U deux sons qui sont d'ailleurs distingués avec la plus grande conséquence.) — Quels sont ces deux kagans? Si ce ne sont pas des figures tout à fait légendaires, d'un passé lointain, ce qui n'est pas vraisemblable, ce ne peut être à coup sûr que les deux premiers grands kagans des Turcs, les vrais fondateurs de l'empire turc (voir p. 61), ceux que les Chinois appellent Tou-men et Mo-kan, son fils, aussi appelé Sze-kin ou Sze-teou, nom sous lequel se cacherait peut-être une forme turque Istàmi (comp. toutefois Se-ti-mii, Visdelou p. -48 b, Che-tie-mi, Deguignes, I, 2, p. 463?).

Ołurmyš, «s'élevèrent» et oèurypan, «après être devenus maîtres», root à mot «s'assirent», «après s'être assis», voir p. 33, note 1.

2) [I E 1, II E 3] Le mot il (él) désigne un peuple ou une réunion de peuples considérés comme formant un tout indépendant et organisé et ayant à sa tête un kagan. La meilleure traduction est souvent «empire», pourvu toutefois qu'on n'y rattache pas des idées trop européennes d'État ayant une organisation fixe (comp. le tableau intéressant de l'évolution historique des nomades turcs, ainsi que des fondations de leurs États, dans Radloff, Das Kudatku Bilik, I, St.-Pélersbourg 1891, p. LI et suiv.). Le mol budun désigne le peuple, tant en général que par opposition aux chefs, au kagan et aux begs.

3) [I E 2, II E 3] Mot à mot clés quatre coins du monde étaient ennemis (en état d'hostilité, en guerre) en grand nombre». Quant au mot qop, «beaucoup», voir p. 19, note 2. (Je sais bien que la contraction qop pour qopup ou qobup se trouve dans les langues turques du Nord modernes; mais cela ne saurait justifier l'existence d'une telle forme dans la langue beaucoup plus antique des inscriptions.)

4) [I E 2, II E 3] Mot à mot, par un idiotisme turc connu, «ceux qui avaient une tête, il(s) les fi(ren)t se baisser, ceux qui avaient des genoux, il(s) les leur fî(ren)t ployer». Baêlyy et tizUg sont des adjectifs parallèles, formés de baê, tête, de tiz^ genou, + Taffixe 4yy, -lig, p. 21; jûkûndûr- est la forme transitive de jûkûn- (djag.)i être courbé, incliné, se prosterner, sôkûr-, forme transitive de sôk(û)- (ouig), ployer le genou, se mettre à genoux (VXm- BBRT, Etymol. Wôrterbuch, p. 187, no 199, III, comp. Radloff, Phonetik, p. 150) = djag. âôk-, id., forme transitive, ëôkûr- (aussi osm.). — Radloff: «die Hâuptlinge unterwarf er sich und machte sich die Hoheit C^àtislignh) unter- than», ce qui enfreint la règle du parallélisme (voir p. 96). Quoique baëiyy pût très bien signifier «chef», un substantif dérivé tel que caltesse» devrait nécessairement avoir l'affixe lik, (-iyq), que ce dialecte distingue encore ri- goureusement de l'affixe adjectif 4yy, -lùj (4y, li). Par conséquent on aurait dû avoir àtizlik, pourvu que l'adjectif «haut» ait été exprimé ici par àtis et non pas, ce qui est plus vraisemblable, par àdis, avec d (comp. âdiz note 64?; dans I N 12 et II S 14, où Radloff lit âiiz, les deux inscriptions ont en réalité ièin).

5) [I E 2, II E 3] Je rends qadyrqan jy§ par «forêt de Kadirkan», tandis que Radloff voit dans qadarqan (c'est là sa leçon dans le texte) un adjectif ordinaire, et il traduit «der dichte Bergwald», l'épaisse forêt de montagne, je ne vois pas bien pour quelle raison (comp. Radloff, p. 107; le mot, Jyè^ «Schwarz- wald, Bergwald, Waldgebirge», Radl. [forêt, montagne boisée], s'emploie aigour- d'hui même dans les dialectes de toutes les tribus montagnardes des Turcs du Nord). Cependant l'on trouvera que qadyrqan jyè s'emploie exclusivement quand il s'agit d'une localité déterminée, savoir les montagnes boisées qui ont constitué la limite orientale des Turcs et qui ont séparé ces derniers des peuples Kitaï et Tatabi (dans la Mandchourie de nos jours, voir p. 61, note 7; comp. I E 21 = II E 17, II E 39). En conséquence, qadyrqan Jy^ a dû être un nom propre et désigner, selon toute probabilité, les monts Khingan, en grande partie couverts de bois, ou bien certaines portions de ces montagnes. J'ignore l'accep- tion appellative de qadyrqan. 11 va de soi qu'on ne saurait en rapprocher le mot qadyryan^ qadaryan, dans les dialectes de l'Abakan (q. mal, bétail qu'on mène paîlre), de qadyr-^ garder. On serait plutôt tenté de penser au nom d'arbre ouigour (d'après Klaproth, Sprache und Schrift der Uiguren^ p. 13): «chadirchan [c-à-d. qadyrqan] ein der Acazie (Mimosa?) ähnlicher Baum, dessen Blätler zum Gelbfärben gebraucht werden.» Suivant une communication que M. G. Schlegel a bien voulu me faire, le mot chinois hoai, traduisant le vocable ouigour, désignerait ou le Sophora japonica ou bien le Bignonia tomentosa (= Paulownia imperialis). (Ce doit être au premier de ces deux arbres que fait allusion la description de Klaproth.) Toutefois j'ignore qu'aucun de ces arbres pousse particulièrement dans ces contrées.

6). [I E 2, II E 4] Aujourd'hui l'expression Porte de Fer s'emploie généralement en turc pour désigner un passage étroit dans les montagnes: aussi existet-il diverses «Portes de Fer» (comp., par ex., D'Herbelot, Bibl. orientale, 111%, p. 266 b). Ici, cependant, il ne saurait y avoir ombre de doute sur le sens de la «Porte de Fer» (iâtnir-qapyy) qui marque la limite occidentale des Turcs ou leur point le plus avancé vers l'ouest (comp. I E 8 = II E 8, I E 17 = II E 15, 1 E 89, I S i = UN 3): c'est une localité n'étant pas seulement jadis de la plus grande importance, et fameuse comme une des merveilles du monde, mais qui encore méritait qu'on lui donnât de préférence ce nom (et qui a pu donner lieu à son application ultérieure?). C'est un défilé de 12 à 20 mètres de large et de 3 kilomètres de long, situé à environ 90 kilomètres au sud de la ville de Kach, et dans lequel s'engage la route qui mène de Balkh à Samarkand. Cette Porte de Fer se trouve mentionnée pour la première fois dans la littérature chinoise, et le plus amplement par le voyageur chinois IIiouen- Thsang, qui environ en 630 y passa en allant du royaume (turc) de Kie-choung-na (Kaçanna, Kach) à celui de Tou-ho-lo (Toukharâ, Tokharestan), et qui décrit l'endroit comme suit: «Il fit environ deux cents li au sudest, à travers les montagnes, et entra dans les Portes de Fer. On appelle ainsi les gorges de deux montagnes parallèles qui s'élèvent à droite et à gauche, et dont la hauteur est prodigieuse. Elles ne sont séparées que par un sentier qui est fort étroit, et, en outre, hérissé de précipices. Ces montagnes forment, des deux côtés, de grands murs de pierre dont la couleur ressemble à celle du fer On y a établi des portes à deux battants, qu'on a consolidées avec du fer. On a suspendu aux battants une multitude de sonnettes en fer; et comme ce passage est difficile et fortement défendu, on lui a donné le nom qu'il porte aujourd'hui.» (IIioiiEN-Tii.sANo, Mrnioires sur fes conin'vs occidentales, trad. par Stan. Julien, I, Paris 1857, p. 23). Des auteurs arabes et persans du moyen âge mentionnent souvent cette localité sous le nom persan de Dar i-ahan, porte de fer, ou sous celui de Kotouga; de nos jours, on appelle l'endroit Bouztjolakhana, «Cabane des Chèvres». Le premier Européen qui y ait passé, fut Clavijo, que Henri 111 de Castille envoya en ambassade à la cour de Timour, en 140i. Cet ambassa- deur décrit cette localité à peu près comme Iliouen-Thsang, mais il ajoute: «On dit que jadis une porte garnie de fer barrait le défilé»; il attire l'attention sur les grands revenus que Timour en tirait, parce que tout le commerce entre Samarkand et l'Inde devait forcément passer par là Après ce temps-là, aucun Européen n'y a mis le pied, jusqu'à ce qu'en 1875 une expédition scientifique russe vînt visiter ces lieux qu'elle examina avec soin, après quoi, en 1878, une mission militaire russe, envoyée auprès de l’émir d’Afghanistan, passa aussi par là. Comp. la Russische Revue VII, 1875, p. 182 et suiv. ; Bretschneider, Mediœval Researches, I, p. 82 et suiv., note 211, II, p. 274, note 1089 ; El. Reclus, Noucelle géogt’aphie unioers., VI, 1881, p. 502, avec une vue du « Défilé de la Porte de Fer ».

7). [I E 3, II E 4]. Dans l’expression les « Turcs Bleus », Kôk Tûrk, je suppose que cette épilhète de bleu, couleur sacrée du ciel (kôk signifie à la fois ciel et azur, bleu), doit désigner les Turcs comme les « célestes », les « augustes »,maîtres de la terre, tout à fait de la même manière que lorsque Genghis-Khan appelle ses Mongols KnM Monggol^ les Mongols Bleus, les Mongols célestes (v. I.-J. ScHMiDT, Geschichte der Ost-Mongolen, œr/asst oon SsnnangSseisen,St. Petersb. & Leipz. 1829, p. 70 ; Klaproth, Asia polygfotln, p. 265 ; Schott dans Abh. d. Berlin. Akad. 1845, p. 448 et suiv.) (Le mot kôkj bleu, qu’on lit distinctement et dans 1 et dans II, Radloff Ta tacitement changé en ôkûë,nombreux [la première esquisse, Derikm. Kûl. T., p. 23, contenait une note dans laquelle l’auteur, trouvant kôk incompréhensible, supposait dans ce mol une faute d’écriture pour ôkiU ; mais cette note a été supprimée dans le travail définitif,et ôkii^ substitué, sans autre forme de procès, dans le texte comme leçon des originaux] Cependant, cette correction est tout à fait invraisemblable : d’une part, il est inconcevable que, grâce à une faute d’écriture, non seulement dans l’une de ces inscriptions solennelles, mais dans toutes les deux, l’on en fût venu à donner au nom de la nation turque même l’épilhète de « bleu », épithète qui, si c’était une faute, serait tout simplement ridicule, qui serait même blasphématoire ; d’autre part, « nombreux » comme correction donne effectivement à ce passage une teinte pâle et qui s’harmonise peu avec le reste de la couleur du style.) —

La combinaison idioqsyz signifie en tout cas « souverain » : —syz, sans, idi, maître, seigneur, c’est-à-dire suzerain, comme le fut plus tard l’empereur chinois ; comp. I S 4 et idisiz I E 19, 20 = II E 16, 17 ; seulement j’hésite sur la manière de concevoir oq ( « sans suzerain ni — » ?). Ce ne peut guère être ni la particule affixeor/ (plutôt oyf notes 34, 71), même, aussi, ni la racine de l’ouig. oqsa-, ressembler, etc ( « sans maîtres ni égaux » ?) : Je suis plutôt porté à y voir un emploi particulier du mot commun 07, (lèche. Comp. Deguignes, I, 2, p. 11, note (/ : « Les annales chinoises rapportent plusieui-s divisions des Turcs par flèches ; c’est-à-dire qu’une flèche répondait alors au terme de horde ou tribu. ï-.es flèches désignaient aussi la servitude, et l’arc la supériorité. » (Radloff voit dans uqsyz le mot uq, famille, race, génération, mot qui se rencontre dans le dialecte Altaï [même auteur, Wôrtcrb., 1, p. 1605], et il traduit par « herren— und geschlechtslos », et, p. 102, uqsyz, par « ohne edie Geschlechter, von schlechter Abslammung », ce qui paraît mal concorder avec le contexte. Comp. aussi uyys, note 57). — Qu’est-ce que, dans II, Ui— ou I.Jiti^anâa (ou [iJUinââfJ = anâa I ? Est-ce que l’ti est identique à l’ouig. âli ou âdij très, bien, augmentant le sens de anân, tant (si loin) ? Comp. note 61. Radloff présente, p. 94, d’autres hypothèses. 8). [I E 4, II E 5] Sur toɣusyq voir p. 37 et suiv. — Au lieu de čölig ou plutôt (comp. p. 18) čö<l>lig il, Radloff lit čölgi äl, leçon prohibée par Tépellation de I čölgl, sans i final, et quand même l'interprétation de R , p. 131, «das Steppenvolk (Gegensatz zu Bergbewohner taɣdaqy oder jyš äli)» serait d'ailleurs correcte, ce dont je doute fort, n'aurait-on pas dû s'attendre à «čöldäki äl»? Le mot est dérivé de čöl (djag.), «désert, tout ce qui est hors d'une ville ou d'une contrée habitée; hors, dehors». Le mot bökli čölig n'aurait-il pas pu être employé dans le sens d'étranger («forain»)? Les mots bôkU èôlig il, les puissants peuples (empires) étrangers, seraient alors une désignation compréhen- sive et fort appropriée des noms suivants de peuples dont les uns n'avaient ja- mais appartenu à l'empire turc, les autres n'avaient eu avec lui que des rela- tions plus ou moins passagères. (Là où il s'agit du désert aride lui-même, II SE emploie subsys, et non âôl). —

Tabyaâ, chinois, Chine = ouig. tapqaÔ (iabyaëf), vénérable, auguste, il- lustre, ce qui doit être le sens propre (quoiqu'il soit étonnant que nous ayons b dans ce mot, mais p dans tapla-, II E 3ô, servir). On pourrait supposer que l'emploi de ce mot comme nom de peuple, a surgi lorsque les Turcs sont venus sous la dépendance des Chinois.. Toutefois il doit être de plus ancienne date, soit qu'il n'indique que du respect pour la civilisation chinoise, soit qu'il ait surgi dans une autre tribu turque. Dans ses récits sur les Turcs (comp. plus haut, p ô8), l'auteur byzantin Thbophylactb Simocatta mentionne, VU, 7 et 9, «une ville» (nôXiç èjii<pavi^ç), «colonisée par les Turcs», ville nommée Taiigast (TavydaT). Dans ses Mémoires relatifs à l'Asie, III, 1828, p. 261 et suiv., Klaproth a déjà montré que tous les détails fournis par l'auteur grec sur cette localité, se rapportentuniquement à la Chine, et que par conséquent la désignation porte seulement sur la Chine [proprement, sans doute, une certaine localité déterminée, située en Chine ou de dépendance chinoise]. Klaproth n'a pas su expliquer ce nom, que les Grecs ont dû entendre chez les Turcs; ce ne sont que nos inscriptions qui maintenant en donnent la clef (Tavyâox pour Tavydiç; la prononciation que semble supposer cette forme, serait donc (atryaô, tanyac plutôt que tabyaê, comp. plus haut, p. 26). Touchant ce même nom, nous trou- vons un témoignage datant d'une époque moins ancienne; c'est dans l'ouvrage chinois intitulé Siyou-ki^ relation d'un voyage fait en 1221 - 1224, où l'on dit des habitants d'Â-li-ma = Âlmalik, dans la vallée de l'Ili, près du Kouldja, «qu'ils appellent les Chinois T ao-houa-chi ,i^ c'est-à-dire iauyuë, voir Bret- scHN RIDER, L c, I, p. 71, OÙ ce uom est rapproché du mot tamgadj [indubi- tablement une corruption du turc tabyaè], qui «dans les anciens temps est appliqué à la Chine par les mahométans». Est-ce que le mot tapqaè a eu aussi en ouigour la même signification? Dans la littérature nous n'en trouvons pas d'exemple positif; voir, par exemple, les observations contre Jaubert dans VXmbéry, Uigurische Sprachmonumcnte, p. 231; comp. Hadloff, Das Ku- daiku Bilik, p. LXXIX et suiv. (on ne saurait non plus rien conclure d'un vers dans le Koudatkou Bihk, Va'mbéry, 1. c, p 68—69, VII, v. ô: ^Chitai arkisi jatdi tapknâ aU China's Karavane bat Tapkaè Name verbrcitet», mais selon Hadloff, 1. c, p. 11 (14, 2), Wôrterb., 1, p. 301, 833: tQytai aryyiy jatty tapqač ädi, die chrnesische Karawane hat ihre berühmhten, werthvollen Waaren verbreitet»; toutefois cette question mériterait d'être traitée de plus près. —

Tûpûi, le Thibet, Thibétain = ouig. Tübüt, Klaproth, Spr, u, Schr. d. Uig., p. 18. — Apar Apurym (v. p. 24f), peuples inconnus (chin. A-pa, Journ. asiat.y 6e sér., III, p. 499, 529 ? ou bien = ifiaçeg, Théophyl. Simoc, 1. c, différents des Avares d'Europe?) —

Qyrqys, les Kirghiz. Les Chinois appelaient les Kirghiz ou leurç ancêtres de différents noms: Kicn-kouen (d'après la rivière Kien, Kern, voir plus bas), Kie-khou ou Kiko (KhitkouU p. 61), Hiakiasze (Hakas) ou Kiè-kiasze, plus tard, du temps des Mongols, Ki-liki-sze. Nous trouvons en grec Kherkhis dans MÉNANDRE Protector (C. MOller, Frnym. histor. Grœc , IV, p. 228: tov de ZrifiCLQXOv ^oi ^SQajzcuvf} ètifirjoe ôoQuxXcojq}, îJ de rjv èx t&v Xeyoftévoïv XeQxlç)' Si peut-être les Kirghiz, ou la population primitive du pays des Kirghiz, n'ont pas été de prime abord de race turque, il faut pourtant que dès ce temps-là ils soient devenus essentiellement Turcs ils habitaient principalement sur les rives du haut lénisséi (Kern et Kemtchik) et s'étendaient au sud jusque vers les monts Tangnou. En général, ils savaient se tenir indépendants des Tou-kioue; mais, peu après le milieu du Ville siècle, ils furent défaits par les Ouigours. Après avoir repris force, les Kirghiz renversèrent à leur tour l'empire ouigour en 840. Voir Visdelou, p. 78 et suiv.; W. Schott, liber die û^hten Kiryisen, dans Philol. u. hist. Abhdlg. d. Berlin Akad 1864. p. 429 et suiv ; Radloff. /w^^ Sibirten, I, 1884, p. 186 et suiv., 181 et suiv., 209; Bret- schneider, 1. c, I, p. 101, note 262, p. 241; Devéria, dans Inscr. de l'Orkhon, p. XXXVII, note 28; Klaphoth, Tableaux historiques, p. 170.

Quryqan, les Kourikans, évidemment la même chose que le Koulikan ou -han des Chinois, suivant l'indication, une horde des Ouigours, Houi-ho, et habitant au nord(?) du lac Baïkal. Voir Deguignes I, 2, p. lix et suiv.; Vis- delou, p. 76 et suiv ; Radloff, Ans Sib., I, p. 133 et suiv. (où cet auleur les identifie aux Yakoutes de nos jours?) et Das Kudaiku Hifik, p. LXIll; Bret- SCHNEIDER, I. C, 1, p 24, uole 42. — Ici, comme en d'autres cas, le nom de nombre trois, placé devant (l'vquryqan, les Trois- Kourikan) indique en com- bien de tribus ou familles le peuple était divisé. —

(Otuz-)tatar, les (Trente- [tribus des]) Talars (de même I E 14, mais H E 34, iitquztatar, les NeufTatars), nom bien connu que nous rencontrons ici pour la première fois dans l'histoire Dans la littérature chinoise, Taia se présente au commencement du IX*- siècle. C'est aux Mongols ou plutôt à une de leurs tribus que revient cette dénomination, et non h aucun peuple de race turque Il faut bien qu'alors encore les peuples mongols aient occupé un territoire as.sez limité, à ce qu'il semble, à l'est et au sud-est du lac Baïkal et des monts la- blonnoï jusque vers les monts Khingan, à peine plus avant vers le sud que dans les environs de la rivière Kéroulon. Les Tatars que mentionnent les ins- criptions, semblent avoir avoisiné. vers l'ouest, les Ogouz ou Ouigours (comp. note 22) et, vers l'est, les Kitaï. Voir Ki.ai»roth, Asia polyyloUa, p. 202 et suiv.; Schott, AI teste Nachrichten rnn Monyolen und Tatarvn, dans Abhand. d. Berlin. Akad., a. d. .1. 1845, p. fr^tô et suiv.. surtout p. i4>8 et suiv. — Sur Qytai, les Kitaï, voir p. 61, noie 7. — Tataby, nom, d'ailleurs inconnu, d'un peuple mentionné toujours conjointement avec les Kitaï et qui a dû s'en rapprocher. C'est peut-être le même peuple que les Chinois appellent Hi, et qui pareillement est toujours nommé conjointement avec les Khi-tan (p. 67, note 2)?

9). [I E 4, II E ô] Je suppose que juɣła- (de juɣ, proprement pleurs, ensuite deuil, funérailles? comp. djag. jiɣi) est identique à jyɣła-, yɣla-, uɣła-, uiła-, etc dans les autres dialectes, pleurer. C'est un fait très général que le verbe en question se combine, comme ici, avec syɣła se lamenter, par ex. «sichtab, yichlab, das Weinen», Klaproth, Üb. Spr. u. Schr. d. Uig., p. 26, et très souvent dans Radloff, Prob. d. VolkslU,, comme uylady(kar) syqta- dyCiarJ I, p. 267 v. 110, p. 280 v. 42, p. 287 v. 151, syqtait uihtit 1, p. 97 v. 4'1'i', syqtap yylap I, p. 305 v. 124—5, syqtap ytyap II, p. 601 v. 117, p. 607 V. 313, p. 613 v. 532, p. 614 v. 549, ylyap syqtap I, p. 330 v. 162—3, p. 320 V. 332—3, II, p. 107 v. 668, etc.

10). [I E 5, II E 5] Qu'est-ce que aty dans la combinaison oyly^aiyf Radloff traduit ces mots par «leurs fils et leurs neveux». Si je ne peux pas adhérer à cette traduction — même dans l'hypothèse qu'il y ait eu un mot aty dans le sens de «neveu» (voir plus haut, p. 84, note 2) — c'est d'une part, que c'aurait dû ici être atysy, et non aty^ ce qu'on trouve et dans I et dans II; d'autre part, parce que dans la suite, à côté des «frères cadets», il n'est point du tout question de neveux, ce à quoi l'on aurait dû s'attendre, mais seulement de fils (oyèy), A en juger d'après sa forme, aty ne peut ici se dé- river que de aty nom, et oyèy ^ aty, que ma traduction rend simplement par «leurs fils», me paraît, à proprement parler, devoir signifier quelque chose comme «leurs (ils (au moins) de nom» (littéralement «leurs noms de fils»?); comp. p. 63, note 8, et I E 31 âr^at b(My» qui semble signifier mol à mot «il lui devint nom de mari», c'est-à-dire mari (au moins) de nom, ou bien, il lui tint lieu de mari. (Si ma manière de voir est correcte, il semble que le mot at ait l'affixe pronominal, quand le mot auquel il se relie, l'a, et r/ct* versât) — Sur les faits historiques légèrement efUeurés ici, comme dans ce qui suit, voir plus haut, p. 62 et suiv.

11). [I E 6, Il E 6] Ce passage, qui indique pourquoi l'empire turc subit une décadence successive et tomba sous la dépendance définitive des Chinois, contient divers détails difficiles et douteux. Que signifient les mots tâbliy, kâr- tifj et armaqây ou aramaqèyf Évidemment les deux premiers sont de vrais adjectifs (lig, p. 21) et non pas des substantifs; le dernier, nom d'agent ou adjectif; mais la construction tient à l'emploi particulier — connu aussi d'autre part - d'adjectifs abstraits (avec ou sans affixe pronominal) ayant le sens de substantifs abstraits, comp., par ex., immédiatement en avant, tûzsis, jabiaqyàyn^ ta lâcheté, II E 20 (bilmâdûk, ignorant et ignorance, 1 Ë 24 = il E 20, II E 16), et voyez entre autres Bôhtlingk, Ùber die Sprache der Jakuien, § 634. La traduction que j'ai donnée, entre parenthèses, de ces mots, est une pure conjecture, et ne doit être prise pour autre chose, quoique vraisemblablement la signification gise à peu près dans le sens insinué par là (comp. I S ô et suiv.)- Ce n'est pas même à titre d'appui, mais simplement comme de vagues associations d'idées que j'ose citer: aba tàbi, «des Vaters Genoss», compagnon du père, Radloff, Proben der Volkslittcratur der tûrk. Stànime, 1, p. 378 v. 92 (Schor); djag. kôrlûk, chose dans laquelle on met sa confiance, Pavet de CouRTEiLLE, Dict. tupc-oriental, p. 468, ou yakoute kôr^ amusement, kôrdôx» amusant; ara, milieu, djag., osm. ara-^ chercher, examiner le milieu d'une chose, visiter, poursuivre, comp. arapj 1 S ô, «en s'insinuant» ? (Radloff passe kôrUg sans le traduire, et rend, quoique avec doute, tàblig par «inimitié» [cda sie der Feindschaft(?) der Chinesen ausgesetzt waren»], en en rapprochant l'ouig. tàpsà-, «anfeinden», et arniaqêy par «Betruger (Zauberer)», trompeur [«da bei ihnen Trug und Lug war»], conformément au djag. arbayÔi, sorcier, arbay, enchantement, imposture, fable. Cependant, ce dernier rapprochement est peu probable, parce que la langue des inscriptions ne semble pas avoir m vis-à-vis de b dans les autres dialectes, par ex. le djagataï, mais bien cice versd; comp. p. 25 et suiv. Et est-ce qu'on oserait mentionner les Chinois de cette manière?) — Inili àèili pourrait, à n'en pas douter, signifier «partisans des (ou ceux qui appartiennent aux) frères cadets et des frères aînés» (comp., immédiatement après, bâgli budunlyyt mais conformément du moins à l'usage des langues modernes; ce doit aussi pouvoir signifier simplement «les frères cadets et les frères aînés» (ainsi traduit Radloff); comp., par ex., agaÀy inili, Radl., Wôrterb., I, p. 148, adalyg oylyg, père et fils, id., Prob. d. Volkslit. II, p. 594 V. 22. Sur U pour -lig voir p. 21. — A titre d'hypothèse, j'ai traduit kiàâsûr- par «tramer des complots», le regardant comme transitif de kiààs- (c-à-d. kiààë) = ouig., djag., com. kàngàë-, se consulter, tenir conseil. De même je regarde Joàyëur- (ou jofiuàur), «faire s'entre-quereller, susciter des querelles les uns contre les autres», comme transitif de joàyë- ou joàuë-, forme réciproque de jon- (ouig), calomnier, Vambéry, Uig. Sprachnwn., p. 248.

12). [I E 8, II E 8]. Sur isig^kUig voir p. 39. — Le laps de 50 ans, indiqué ici, s'accorde assez exactement avec le temps qui s'écoula depuis la capture de Kie-li-khan par les Chinois, en 630, jusqu'à ce que le père de Kul- téghin se proclamât khan en 681 ou en 683. Voir p. 64 et suiv.

13). [I E 9] Je suppose qu'il faut lire ce mot comme a/naty (non maty, R.) et qu'il est identique à l'ouig amat (ton), vêtement d'honneur, et qu'il signifie gloire, rang (illustre 1 S 11 = II N 8, II S 11, 12; toujours avec affixe pronominal?). (Toutefois, dans ce passage, on pourrait aussi se figurer la leçon amty = àmdi, maintenant, dans les autres dialectes?)

14). [1 E 10, Il E 9] Les gérundiums ou infinitifs it^nû Jaratunu appar- tiennent à la forme réfléchie de it- et jarat-; la marque réfléchie semble donc être un-, -un-, différente de la marque passive -yn-, -in- après l, l (par ex. — 143 —

qyłyn- I E 1, 6, tälin- I E 22, autrement -ył-, -il-, p. 29 et suiv., 34). Ces gérundiums ou infinitifs sont régis par umduq, nom verbal de um-, espérer, formation qui peut avoir et le sens adjectif et le sens substantif (comp., par ex., note 11) ; ici, c’est le sens substantif qui se présente : espoir. Le mot yana a ici, comme toujours, le sens d’adverbe : de nouveau, de retour ; à proprement parler, c’est le gérundium (p. 11) de Jan, retourner, revenir. Sur iÔik- voir p. 35 ; quant à la formation, comp., par ex., outre taëyq-, sortir, voir ibid., layyq-, monter, 1 E 12 (de tay, montagne) ; hirik- (= ouig.. djag., osm., etc.), être réuni, I E 27, I S 1 = II N 1 (de bir, un) ; djag. atiq-, acquérir de la réputation ; (se) nommer (de ai, nom) ; jayiq- 1^ devenir gras, huileux (de Jay, graisse), 2** se livrer à’des actes d’hostilités (de jayi, ennemi, en état d’hostilité), etc. Umduq doit sans doute aucun être conçu comme le régime, sans affixe local (mot à mot : «ils rentrèrent dans l’espoir», c’est-à-dire ils reprirent l’espoir), et non comme sijyet de la phrase («l’espoir revint»). (Radloff traduit autrement: «Sie wandten sich dahin [ou, p. 116, «sie zogen sich nach dem Lande zuruck»], wo sie zu gedeih’ n hofiften» [p 9ô, «wo man hofift zu gedeihi n und sich wohl zu befmden»], interprétation qui présente l’inconvénient de forcer à regarder jana comme fautif pour f~jayyna[scl] ou janyhan (p. 95) ou pour tjanqa’i (p. 116), du substantif jan, côté.)

15). [1 E 10, Il E 9] Saqynmaty (de saqyn-, penser, + -ma; affixe de la forme négative) ne peut pas être le prétérit, dont la terminaison est C-maJdy, avec d. On s’attend ici à une construction sub rdonnée avec le gérundium ou le subjonctif, et vraisemblablement -niaty est une forme latéral»^ de -matyn, gérundium (passé) du verbe négatif, voir note 75. (Est-ce que le rapport entre •maty et -matyn est pareil à celui qui existe entre le gérundium en -/> et le gérundium en -pan, -pân7).

16). [I E 10] Sur uruysyraU voir p. 32, note 1. (Ajoutez que, dans le sens de nourrir, on aurait plutôt eu aurai- que asrai-,)

17). [I E 10—11, II E 10] Si toutefois nous pouvions nourrir quelque doute là-dessus, ces mots nous montrent jusqu’à l’évidence que les Turcs étaient païens. Les Chinois (comp. plus haut, p. 60) nous apprennent peu de chose sur leurs idées religieuses. D’après Théophylacte Simocatta (VII, 8, P 176 B-C) ils poKaient respect au feu, à l’air, à l’eau et à la terre ; ils adoraient un Dieu qu’ils regardaient comme l’auteur de l’univers, et ils lui sacrifiaient des chevaux, des bœufs et des moutons ; leurs prêtres prétendaient avoir le don de prophétie (comp. Dbguignbs, I, 2, p. ’75) On arrive à un bien meilleur résultat en considérant les idées qui ont cours chez les Turcs en petit nombre, surtout dans les monts Allai’, qui sont encore plus ou moins païens chamanisles, dées dont, entre autres, Radloff, Aus Sibirien, II, p. 1 et suiv., a donné un exposé très intéressant. Ces idées qui en général s’accordent avec ce qu’on trouve conservé de chamanisme chez d’autres peuples voisins, par exemple les Mongols, sont, s ’Us tous les rapports essentiels, celles des an- 144 —

ciens Turcs. L’univers est supposé se composer d’un certain nombre de couches. Dix-sept couches par en haut constituent le ciel, empire de la lumière ; sept ou neuf couches constituent les enfers, empire des ténèbres. Entre ces deux empires est située la surface de la terre, séjour du genre humain, qui est sous l’influence des deux empires (comp. I E 1) Celui qui a créé le ciel, la terre et les hommes avec toutes autres choses, s’appelle, chez les Turcs de l’Altaï, Tengere Kaira kan (= TànriJ ; il réside aujourd’hui même dans la couche suprême du ciel, d’où il régit les destinées de l’univers. Les autres couches célestes sont occupées d’une série de divers bons esprits ou divinités, et là est aussi entre autres le paradis, où les ancêtres des hommes actuellement vivants demeurent comme intermédiaires entre les dieux du ciel et leurs propres descendants sur la terre Dans les couches souterraines résident d’une manière semblable divers êtres malins et gobelins, qui cherchent à nuire aux hommes ; là est aussi l’enfer, séjour des maudits. Enfin, la terre elle-même est supposée personnifiée dans un nombre de génies bienveillants, qu’on désigne en bloc sous le nom de Yer-sou (identique au jir-sub, c’est-à-dire terre et eau, des inscriptions) et dont chacun a sa demeure soit sur les sommets élevés des montagnes, soit près des sources des rivières. Ce sont ces divinités Yer-sou auxquelles les hommes touchent de plus près, dont ils reçoivent les bienfaits et auxquelles ils sacrifient ; et même, à chaque défilé dangereux, à chaque passage d’un torrent rapide, le voyageur rend des actions de grâces à la divinité de l’endroit. Les hommes n’osent s’adresser directement aux dieux du ciel ; pour cela il leur faut des intermédiaires, qui sont les ancêtres en paradis. Mais les vivants n*ont pas tous au même degré la force de se mettre en rapport avec ces ancêtres : ce don est réservé surtout aux familles chamaniques. —

Sur le mot yduq voir p. 27, note 3. Radloff, Wôrterb., I, p. 1882 et suiv., rend l’oiiig. i/dyq, yduq par «das von Gott geschickte Verhângnisz ; (von Gott) gesendel, glùcklich, gesegnet» ; dans les dialectes de l’Altaï, ibid., p 1859, 1414, yjyq, <>/, dans les dialectes de l’Abakan, p. 1397, y :syq, «Gott geweihl, zum Opfer bestimmt, auf ein Opfer bezûglich» {yjyq tû, «ein heiliger, geweihter Berg», //v//7 tny, «der Opferberg» [mont situé près de l’Abakan]). De même, le yakoute ytyk cgeachtet, verehrl ; heilig» {ytyk x^^J^h ^àer verehrte Felsen» [nom d’un rocher situé près de Yakoutsk]), Bôhtlingk, Wortcrh., p. 30. Je traduis partout yduq par «saint» ou «sacré» ; ajouté à des noms de montagnes ou de sources, je suppose que ce mot doit exprimer du respect envers les divinités de l’endroit, sans que pour cela ces endroits doivent toujours être particulièrement sacrés (voir 1 E 23, 11 E 25 bis, 29, 35 bis).

(Voici comment Radloff traduit ce passage : «Da sprach oben der Gott der Tûrken, den die Tûrken ’ihr Land und Wasser’ (jdri subi) nennen, Folgendes»(il lit «^Mr/c aiduq jàri suby anca tânu’s^). Il y a différentes objections à faire contre cette traduction : 1® on peut difficilement dire que les Turcs appellent leur dieu même dans les cieux (tCinrij «leur terre et leur eau» ; ce sont là deux idées différentes ; 2^ quand même la transcription aiduq, nommé, pourrait autrement être défendue, ce dont je ne peux pas convenir (comp. p. 27 et suiv., note 3), cette interprétation n’en serait pas moins incompatible avec la — 145 —

position des mots ; 3® le verbe qui signifie «dire», s’écrit partout ailleurs et sans exception aucune avec ^, U- : tms peut seulement se lire comme Umh ou, selon Radloff, ûtmiè, fit, firent, comp. iUUmiz I E 21 = itdimh II E 18.)

18). p E 11, II E 10]. Le mot tijin (de U-, dire, — soit une forme particulière du gérundium, «en disant», soit plutôt la Ire pers. de l’impératif, proprement «que je dise», cje dirai», comp. djag. dàjin, o^-^* Pavet de CouRTEiLLE, Dict turcor., p. 328) s’emploie comme une espèce de conjonction régissant une proposition précédente qui a toujours la forme de discours direct ; avec l’impératif, comme dans ce passage-ci, le sens en est pour que^ afin que (comp. I E 19, 20, 25, 27, 28, 39 ; II E 17, 20, 21, 22. 23, 33, 35) ; avec l’indicatif, c’est que, parce que, etc. (I E 12 ; Il E 25, 39) ; comp. osm. dàji ^.^ j^r*.^ (voir, par ex., Piqueré, Gramniaiik der turk.osnu Unigangssprache, Wien 1870, p. 244-, 24-5) Au sens du gérundium «en disant», après un véritable discours direct on n’emploie jamais tijin^ mais seulement tip (I N 11, I S 7 = II N 5, II E 32, 40, 41). — Sur boèdun voir p. 35. Le changement en (* de s qui suit i, se retrouve peut-être en bMa, II S 7, pour boisa f Quant à ma traduction «pour qu’il redevînt un peuple», comp. budun boldy, Il E 37, ils redevinrent un peuple. — Le mot signifiant «mère», qu’il faut sans doute lire en deux syllabes, ôgà (ôgàmj, plutôt que ôg (ôgini ou -uni), est inconnu dans tous les autres dialectes turcs, de même que aqaà^ père (comp. yakoute aya^ id.). Mais le mot peut bien avoir été plus répandu autrefois. N’en a-t-on pas un dérivé dans le mot commun ôgsiz (ôksiz, sûz), orphelin (ic< I N 9), dont l’étymologie est autrement douteuse (ouig. ok, esprit, Radloff ? Comp. VXm BÉRY, Etynwl. Wôrterb., p. 46) ? — Sur le kagan désigné comme «mon père le kagan» voir p. 65 et suiv. Le sens appellatif du nom Uiàrâs (ou tàrsf -tirisf = lUâràs qayan, Onghin 8) m’est inconnu. En tout cas, il n’a aucun rapport à un nom de forme douteuse que nous trouvons dans Rachideddin et qu’entre autres choses on a lu // Ilierez (Al Àliirir, Radloff, Dos Kudaiku BUik, p. XXVI). Sur Ilbilgà (qaiun), c-à-d. la sage (katoun) de l’empire, comp. Devéria dans Inscr. de l’Orkhon, p. XXXIV, note 3 : «A leur titre chinois de Kongichou les princesses chinoises destinées à un Khakan ouïgour ajoutaient l’épi thète de Pi-kiè Kong-tchou, et, après leur mariage, ce titre était remplacé par celui de Pikiè Khatoun> (comp. p. 61, note 3, p. 73 avec note 2). Nous voyons que ce titre de Bifgd n’a été restreint ni aux Ouigours ni aux princesses d’origine chinoise. — A l’expression tâàri iôpâsindà^ au sommet (tôpà) du ciel, on peut comparer l’expression, très fréquente dans la poésie populaire des Turcs, tanâri (tânârinirï, tâgri, tâgrinià, etc.) tôzûndà, au fond, au bord du ciel, désignation de ce qui est lointain, par ex. Radloff, Prob. d. VolkslU , I, p. 242 V. 8. 243 V. 30, 244 v. 66, 266 v. 99, 304 v. 79, 88, II, p. 419 v. 1367, 500 v. 292, 604 V. 411, 606 v. 448.

19). [I E 11—12, II E 10]. La forme ärin écrite sans (ärin) est cas instrumental de âr, homme, et signifie avec tant d’hommes, fort de tant d’hommes .comp. I E 34, 40, 11 E 37, 11 S 11), tandis que l’accusatif avec Taffixe pro— 146 —

nominal de la 3e personne s’écrit, règle générale, avec h àrin (I N 1, II S 7 ; àr^n 1 N 9). Il a dû y avoir une différence de prononciation, soit dans l’accentuation, soit dans la quantité de l’y, i. — Sur kù^àsidip voir p. 14. Comp. kû, voix (Altaï), Radloff, Proh, d, Volkslit, I, p. 167, 2 v. 7 (et VXmbért, Etyni. Wôrterb., no 117). Sur tijin, avec l’indicatif, que, voir note 18. — On remarquera comment le chiffre 7, nombre sacré des Turcs (comp. note 17), se retrouve dans les chiffres, évidemment légendaires et trop faibles, qui désignent la suite croissante du kagan : 27-70—700 (comp. p. 65).

20). p E 13, II E 11]. Sur ilsirà-, qayansyra- voir p. 32. Les thèmes kuààd-^ qulad- (non kûàdà-, qulda-J, faire esclave (de kûA, une esclave, serve, que, un esclave ; observez cet ordre kûà qui, comp. I E 20 = II E 17, avec le même climax du féminin au masculin qu’en osmanli, par ex., ana haba^ mère et père, parents, qary qodja, femme et mari), sont formés comme, par ex., Joqad ; anéantir (joqadu I S 10, de Joq, rien), boëad-, faire chef, avoir pour chef (baêadu II S 8, de baè, tête ; mais baëla., être à la tête, commencer), jigàd- faire du bien Q’igâdi ou -dut I SE, II E 36, de jig, bien, le mieux ?).

21). [I E 13—14, II E 12]. Jabyu, yabgou (jabyuy, accusatif de jdbyu, comp. II E 28 ; Jabyu’.j inscr de l’Onghin 8 ; de jap- [ouig., djag., osm], faire, bâtir, arranger, ajuster ?), et ëad, chad, étaient deux grandes dignités chez les Turcs. D’après l’ordre établi, il y avait deux chads, l’un pour la partie occidentale de l’empire, l’autre pour la partie orientale (comp. II E 21, I E 27, I N 11. Joum. as. IV, 1864, p. 472 et suiv). Les Chinois, à ce qu’il semble, rendent jabyu par yepou, ëad par cha(tjy voir p. 59, note 1. (En traduisant par «einen Jabgug[sicl]-Schad», Radloff réunit deux titres en un seul, et en donne au premier une forme incorrecte.) — Tôlâs ou Tôlis, Teulès, est le nom d’un peuple de race turque, vraisemblablement celui que les Chinois appellent Thie-le, voir p. 61, note 5. Originairement un grand peuple, il était depuis longtemps soumis aux Turcs. Chez les Chinois, nous tfouvons une série de hordes désignées comme faisant partie tantôt des Thie-le, tantôt des Houi-ho ou Ouigours ; par degrés ce dernier nom supplante le précédent, mais semble du reste n’avoir désigné, dans l’origine, qu’une partie des Thie-le (comp. note 22). Quoi qu’il en soit, le nom de Thie-le ou Teulès doit être local et particulier à la partie de l’est du territoire des Turcs orientaux (comp. II S 13), et peut-être, à cette époque, a-t-il moins servi à désigner particulièrement et exactement un nom de peuple qu’à indiquer un peu va^^uement cette même moitié orientale. Aujourd’hui même, Tôlôs existe à Tétat de nom de famille chez les tribus altaïques (Radloff, Aus Sibiricn, I, p. 126, 179, 216 et suiv., 252 et suiv.). — Tardus, Tardouch (comp. p. 63, note) est défini par Radloff, p. 123, comme cdas tûrkische Geschlecht des Bilg&Chan», la famille turque de Bilghè kagan. J’ignore sur quoi s’appuie cette explication. Abstraction faite de I N 13, où c’est un nom de personne, Tardouch se présente, et dans ce passage et dans I N 17 = II E 15, comme nom de peuple (budun, comp. note 2), — 147 —

signification que nous ne retrouvons pas, il est vrai, dans d’autres sources ; et, II S 13, nous le rencontrons comme ici côte à côte avec Teulès et avec addition de cen arrière», par conséquent vers l’ouest. Or, les Chinois racontent en outre (v. p. 69—70) qu’après la victoire remportée, en 706, sur eux, Me-tch’oue «donna le gouvernement d’occident à Me-kiu, fils de Kou-tou lou». C’est là évidemment la même chose que le kagan lui-même rapporte II E 15 : «dans ma 24e année (c-à-d. 707 ou 706, comp. note 108) je devins chad du peuple Tardouch.» Conséquemment le nom de Tardouch doit s’appliquer à la partie occidentale de l’empire des Turcs orientaux, et ce qui relie Bilghè kagan aux Tariouch, c’est qu’avant son avènement au trône il les a gouvernés avec le titre de chad. Le passage dont il s’agit ici, signifie donc que le kagan, après avoir «aboli les institutions» nationales des peuples assujettis, organisa l’administration des deux moitiés de l’empire, savoir la moitié orientale et la moitié occidentale, conformément au régime traditionnel des kagans turcs.

22). p E 14, II E 12]. Birijà —jyrvja (r)u jyraja), bir(i)gârû-’jyr(y)yaru, 10 en deçà — au delà, = 2o à droite — à gauche (par ex. I S 1 = II N 1), 3o vers le sud — vers le nord ; comp. ilgârû, ôhrà (I E 4 = II E ô, II S 13 ; Onghin6 ; ouig. d/l, face), en avant, vers l’est, quryja (IN 12), quryyaru, kirû (I E 2), kisrà (II S 13 [kiràf Onghin 6] ; ailleurs : après), en arrière, vers l’ouest. Bàri (baril), (en) deçà (pas de bir, un ; peut-être de 6âr-, bir-, donner ?) est bien connu dans tous les dialectes turcs. La contrepartie, (au) delà, s’appelle, dans la plupart des dialectes, ary ; ici l’on emploie des formes d’un thème jyr- (comp. yraq [jyraq], lointain, p. 27 ?). — Qui est Bnz qayanf Comp. I E 16 = II E 13. Serait-ce le kagan des Ogouz ? — Oyuz^ Ogouz, nom souvent cité et bien connu dans l’histoire légendaire des Turcs («Ogouz khan», personnification du peuple Ogouz et fondateur fabuleux de l’empire ouigour) est ici le nom d’un peuple composé de 9 tribus (toqus Oyus, les Neuf-Ogouz, ici et I N 4, I S 2, II E 1, 29, 35 ; Onghin 10), établi au nord (au nord-est ?) des Turcs (ici, I E 28 = II E 23), près, par ex., des rivières Tola (II E 30) et Selenga (II E 37, pourvu que ce soient les Ogouz dont il s’agit ici). Ils sont proches parents des Turcs et leur sont assujettis (comp., par ex., I N 13, I S 2, II E 1) ; toutefois, au moins à l’époque dont traitent essentiellement les inscriptions, ils n’ont pas cessé d’être mécontents et rebelles (par ex. I E 22, I N 4 et suiv , 11 E 29 et suiv., 35, 38). Quand nous considérons tous ces détails, il ne saurait guère y avoir de doute que les Ogouz -- nom que jusqu’ici, dans les temps historiques, on n’a pas pu constater comme nom de peuple, — ne soient les mêmes qui, sous un autre nom et présumablement d’après une autre répartition des tribus, sont appelés Ouigours (ujyur figure II E 37 ; mais ce passage est si mutilé qu’on ne voit pas nettement le sens de ce nom, tandis que, dans le titre du kagan ouigour que présente le fronton du mon. III, ce nom figure dans le sens ordinaire ; voir ma Notice préliminaire, p. 18 = 297, note). Les Chinois rendent diversement le nom d’Ouigour : sous la dynastie des Soui (589—618) par Wei-hoy sous la dynastie des Thang, par Houi-ho, et, à partir de 788, par Houihou ; enfin, du temps des Mongols, par Weitcourh ou Ouinyourh, — 148 —

Toutefois, dans les anciens temps, nous trouvons aussi, et dans le même sens, la forme de V/ou-ho ou Wou-hou, qui, selon moi, correspond non pas à Ouigour, Ujyury en turc, mais à Oyus, Ogouz. Sous la dynastie des Thang, la tribu de laquelle les Houi-ho tiraient leur origine, était établie au nord du grand désert, dans la partie septentrionale de la Mongolie de nos jours. Ils étaient tributaires des Tou-kioue ; mais, au commencement du Vile siècle, ils se révoltèrent de concert avec d’autres tribus des Thie-le, proclamèrent leur indépendance et prirent le nom de Houiho. Leur khan avait sa résidence sur la rivière So-ling (Selenga), un peu plus tard, sur la Toulo (Tola). En 630, ils reconnurent la suzeraineté de la Chine (comp. p. 64 et suiv.) ; leur territoire fut organisé à l’instar des provinces chinoises, et leurs chefs furent regardés comme gouverneurs chinois. Ils étaient souvent en guerre avec les Tou-kioue jusqu’à ce que, en 745, les Ouigours réussissent à renverser Fempire de ces derniers. A cette époque-là, les Houi-ho étaient divisés en neuf tribus. Eux aussi, les auteurs mahométans un peu moins anciens et dont les récits tiennent assez de la légende, surtout Rachideddin, placent les anciens établissements des Ouigours ou spécialement des Tokouz-Ouigours (Neuf-Ouigours) en ces mêmes contrées, tandis que d’autres Ouigours (On-Ouigours, les Dix-Ouigours) ont été établis plus au sud, d’où ils ont émigré vers l’ouest. (Dans divers auteurs mahométans, il se présente un nom de peuple turc dont la forme traditionnelle est ty^y^, c’est-à-dire ttayazydz*. Aujourd’hui l’on suppose correcte la leçon tyzyr, c’est-à-dire toyozyor = Togouz Ouigour, d’après Radloff, Dos Kudatku BUik, p. LXXVl. Mais ne pourrait-ce être tyzyz, c’est-à-dire toyuz-oyuZy les Neuf-Ogouz, par conséquent une réminiscence de l’ancien nom que nos inscriptions viennent de nous faire connaître ?) D’après tout ceci, l’identité des Ogouz des inscriptions avec les Ouigours des sources littéraires, semble incontestable. Il est donc présumable qu’on doit admettre qu’Ogouz est le véritable nom ancien du peuple ou tribu en question, et, comme tel, resté en usage parmi les Turcs, tandis qu’Ouigour est une dénomination plus récente, pour ainsi dire, politique d’une certaine confédération de peuples ou tribus (toutefois il est absolument impossible que ce mot ait pu signifier «les alliés», «les obéissants» ou autre chose semblable, de la racine ni- des langues turques plus récentes, «se conformer à», ce qui aurait dû faire ud,, udyur en ouigour et en ancien turc). Sur les Ouigours voir d’ailleurs Visdelou, p. 57 et suiv. ; Klap-ROTH, Tableaux historiques, p. 121 et suiv. ; Bretschneider, I, p. 236 et suiv. ; Radloff, Das Kudatku Bilik, introd. —

En ce qui concerne le reste des peuples mentionnés dans ce passage, voir note 8.

23). [I E 16, II E 13]. Sur la mort du kagan en 690 ou 691, voir p. 66 et 95. — Le mot lAbt semble inconnu dans toutes les langues apparentées, et l’on n’est sûr ni de sa vocalisation (baibalf) ni de sa signification. Mais l’expression 6/W tik- (djag. tik-, osm. dik- planter [un arbre, un pieu ou un objetsemblable], coudre, osm. bu umurinà sizy dikàrini, «je vous charge de ces affaires», [mot à mot : je vous plante dans ces affaires], Barbier db — 149 —

Meynard, Dict. turcfranç.^ I, p. 780 ; comp. II S 11) a évidemment Irait aux usages funèbres (comp., outre ce passage, I E 25 et II S 9, ainsi que II S 7 : [bkJlA qyi-J et doit désigner quelque cérémonie dont, en pareille occurrence, on charge une personne qu’on veut honorer. Me servant d’une expression moderne, j’ai traduit ces mots par cfaire mener le deuil» Â cette expression se relie le gérundium (de baHa-y être à la tête, commencer, ouvrir la voie à, guider) baëèaju, ou seul, ou bien, comme ici, régissant un datif. C’est ce que, employant de nouveau une expression moderne, j’ai traduit par «en tête du cortège», quoiqu’il soit incertain si c’est précisément le cortège auquel se fait l’allusion. (Radloff : «In Betreff meines Vaters, des Chans, brachte man zuerst die Trauernachricht( ?) dem BasChan», traduction que je ne saurais faire accorder avec la construction.)

24). [I E 17, Il E 15]. Jaëyè ûgûz, le fleuve Vert, est sans aucun doute le Hoang-ho, le fleuve Jaune (mongol Khara muràn, le fleuve Noir), appelé ainsi à cause de son eau bourbeuse. — La plaine de Sarulung est la province chinoise de Chan-toung, qui contient précisément de vastes plaines alluviales que parcourt le Hoang-ho jusqu’à son embouchure. Comp., par ex., Reclus, Gàogr» universelle, VII, p. 340 ; plus haut, p. 68, note 2. (On ne pourra alléguer la manière turque d’écrire ce nom comme preuve que Ki/ pourrait uniquement être nt, non nd ; voir p. 41 et suiv. ; comp., par ex., à au lieu du chinois à -{- k dans sûfïïm du chiii. tsiang-kiuriy p. 28 [la forme siaruj, ibid., est inexacte et doit être supprimée].) — Kôgmûn, Keugmpn, nom d’une chaîne de montagnes boisées, habitées par les Kirghiz, au moins sur le versant opposé au pays des Turcs Csorïa jys, I E 35, II E 27), et que ces derniers doivent traverser pour arriver au pays des Kirghiz (voir note 8), I E 20 = II E 17, I E 35, II E 27. La pensée doit donc sans doute se reporter plutôt aux monts Tangnou ; mais peut-être aussi pourraientce être les monts Sayans ou une bande montagneuse située entre ces deux chaînes. Ensuite c’est peut être la même localité que les Chinois appelaient Thsiny-chan, le(s) mont(s) Bleu(s) (comp. le turc A-o/r, bleu ?) et où résidait le roi des Kirghiz ; Visdei.ou, p. 79 a ; Klaproth, Tahlvanx histot, p. 170 ; Schott, Philol u. hist. Abh. d. Berl. Akad., 1864, p. 434 et suiv., 463 L’orthographe sa (dans II, par-dessus le marché, soudé au mol précédent hoginân) ne saurait désigner que le mot ordinaire osa, en passant, au delà de, comme aHun^jysyy aëa II E 27 = altun^jysyy toya I E 35, et koymân jyëyy toya II E 27 (comp. notes 27 et 45). Je m’étonne que Radloff tmuve ici un nom propre «Scha» (comp. aussi note 27) : «bis nach Kogman, dem Lande der Scha-Kirgisen» (le texte ne porte pas même «bis nach», «jusqu’à»).

25). |1 E 18—19, Il E 16]. Sur ïurghès, Turgas = chin. Touki-chi, voir p 70, note 3. L’événement auquel fait allusion ce qui suit, peut être l’expédition même qui eut lieu environ 714 et qui se termina par la mort de So-ko khan et de son frère ïsche-nou ; voir p. 71. Est-ce qu’on peut retrouver aujourd’hui ce même nom chez les Turcs de l’Altaï dans Tùragâsch, village — 150 —

des Koumandines, Radloff, Aus Sibirien I, p. 364-, Tirgäsch, tribu des Tatares de la forêt Noire, ibid., p. 213 ; comp. le même auteur, Proben d. Volkslit. I, p. 136, 146, 157 = Übersetsung 1, p. 146, 158, 172 ?

26) [I E 20, II E 17]. La lacune de la fin de I E 19 a pu contenir, par exemple, quelque chose comme ilin Jana hirtimiZy nous leur rendîmes leur indépendance, comp. I E 20 — 21. Ce serait donc du peuple Turghès que les Turcs font kagan Bars-beg. Mais c’est une exagération, si le sens est qu’après la mort de ce dernier les Turghès tombèrent sous la dépendance complète des Turcs, ou en tout cas cette dépendance n’a pu être que de très courte durée (comp. note 45 et p. 74). Au reste, comme on le sait, le pays des Turghès ou, en somme, des Turcs occidentaux avait effectivement appartenu une fois, avant le partage de l’empire, aux ancêtres du kagan ; voir p. 63. — La combinaison jirsub, terre et eau, ne s’emploie aucunement que dans l’acception religieuse mentionnée dans la note 17, mais désigne aussi tout simplement l’ensemble d’un pays comme notion géographique (comp. I Ë 20 = II E 17, H E 35 jirin subyriy 40) ; de même l’ouigour j’àr-su ; voir, par ex., Vambéry, Uig. Sprachmon.y p. 218, citation sous kông^ kûng (mot qu’il aurait dû traduire par «une esclave») et, dans les dialectes modernes, par ex. Radloff, Pr. d. Volksi, II, p. 495 v. 125 Jerinâ sûna^ à sa terre et à son eau, c.-à-d. à son pays. — Sur siàil voir p. 40, note 1 ; sur qonôuj et l’interprétation différente de ce passage par Radloff, voir ibid., p. 13 et suiv., note 1, et note 59. (Ce dernier mot peut-il être emprunté au chinois koungtchou, princesse du sang, infante ? C’est ce que je ne crois pas.)

27) [I E 21, II E 17—18]. Sur Qadyrqan jyè voir note 5 ; sur asa, au delà de, voir note 24, fin. (Ici aussi, Radloff trouve un nom propre cScha» [«das Scha-Volk», p. 135, ce qui toutefois est simplement supprimé dans la traduction] ; par là il est forcément amené à corriger, p. 135, le j’yàgy précédent [<i^jysny* R., «bis zum dichten Bergwalde»] en jyêqa [on aurait dû cependant ajouter encore tàgi].) Ce passage signifie donc que la frontière des Turcs est reculée plus avant vers l’est qu’auparavant, ce qui suppose l’assujettissement de quelques-uns des peuples domiciliés au delà de Kadirkan, savoir les Kitaï ; comp. p. 67, note 2. — Le nom de Kengutarban ou tarnian est inconnu ; lui aussi, ce nom semble désigner un point plus avancé vers l’ouest que l’ancienne frontière des Turcs. Y a-t-il quelque rapport entre Tarbun et l’actuel Tarbagataï ?

28) [I E 21, Il E 18]. Ces mots peignent la puissance des Turcs : leurs conquêtes leur avaient fait tant d’esclaves qu’à leur tour ces derniers pouvaient avoir des esclaves. En somme, les Turcs avaient causé, parmi les peuples soumis, de ces bouleversements qui font dire, dans un poème téléoute sur la fm du monde et les révolutions dont elle est témoin (Radloff, Prob. d. VolksUt. I, p. 167 V. 12—13) : €Aba palazyn tanybas, pala abazyn tanybas

  • y le père ne connaîtra pas son enfant, l’enfant ne connaîtra pas son père. — 151 —

Ce dernier passage ne semble d’ailleurs se trouver que dans II, puisqu’il n’y en a pas place dans la lacune de 1, qui ne comprend que 16 caractères environ.


29) [I E 22—24, Il E 18—20]. Toute cette apostrophe aux Turcs et spécialement aux Ogouz, fait allusion à la grande défection et à l’émigration en Chine, qui, d’après les sources chinoises, eurent lieu pendant la dernière année de la vie de Me-tch’oue, 716, et qui furent l’occasion de sa mort. Voir p. 72. (Ma traduction de tout ce passage, I E 22-24’, s’écarte très considérablement de celle de Radlofî, laquelle je ne comprends pas en partie et qu’il serait trop long de réfuter dans tous les détails.) — Les formes basmasar (de bas-, presser, fouler aux pieds, attaquer à l’improviste, fondre sur qn) et tàlinmàsâr (de iàlin-^ osm. dàlàn-^ éclater, passif de djag., etc. tàl-, til-, osm. dàl-^ percer, trouer, diviser en petits morceaux) sont des subjonctifs en sar (= sa dans les autres dialectes, affixe dont le rapport à -sar est le même que celui d’un gérundium à un nom verbal [participe, indicatif) ; comp. p. 11) ; voir p. 31, note 1. et comp. aâsar II N 6, ûrsàr I N 10, I S 11 = II N 8, oiursar I S 3, 8, y sar (pour ydsar) I S 8 = Il N 6, kâlsàr I N 11, jahyisar 1 S 6 = Il N 4, todsar I S 8 = II N 6, bar sar ibid., boisar 11 W 3. (Radloff voit dans cette forme seulement un participe et traduit, par ex. ici : «0 Tiirkenvolk, das oben der Himmel nicht bedrângt und unten die Erde nicht beneidet !»[ ?].) — Artaty est le prétérit de ariad-, ouig. arlat- ou, selon Radloff, Wôrterb., ardai-, téléoute artai ; ruiner ; comp p. 22 et note 20. (Radloff : «Wer bat deine Stâmme und deine Gesetze vermehrt ?> Il lit ariiy [ce qu’on aurait écrit aridy], de art y dans le sens arbitrairement supposé transitif d’agrandir.) — Ce qui vient ensuite :

udây[. .]y ou udâa[. .]y, odêa[. ,]y, est obscur. Radloff le change 

arbitrairement en uiiaèysy, qu’il traduit par csiegreich», victorieux, de mc/-, vaincre ; cependant, sa leçon ainsi que son interprétation sont impossibles (sur ■taiy voir note ô6). Je m’attendrais plutôt à y trouver un prétérit, peut-être d’une expression à périphrase, parallèle à artaty, par ex., udëa (ou odën)^[yt]y ou quelque chose de semblable ; toutefois le sens reste obscur pour moi : qui a ruiné ton empire [et l’a désorganisé, déshonoré ?] ? Je ne trouve pas moins d’obscurité dans ce qui suit : rts ou rtz[,], à voyelles palatales (àrtâs- ou àrtiz-î). On s’attendrait plutôt à un impératif, parallèle à o/cm/i, repens-toil Quoique le z soit tout à fait distinct, Radloff lit rtn, qu’ensuite il change arbitrairement en ârtiiïy tu étais, ce qui est partout ailleurs et sans aucune exception (irtig ; voir p. 21. Par conséquent, l’interprétation de ce passage par Radloff : cdu warst das siegreiche Tûrkenvolk», est inadmissible selon ma conviction. En attendant, je dois moi-même renoncer à en trouver la solution.

30) [1 E 23, II E 19]. La combinaison ârbar (comp. I N 1, Il E 29) mot à mot cêtre et aller», doit signifier vivre et se remuer à son gré (en nomades). Je traduis par cvivre en liberté» ou cjouir de la liberté». Comp. par-jHy^, vivre, par ex. Radloff, Pr. d. VolkslU, II, p. 660 v. 614, 616. — Dans la traduction j’ai suivi la leçon de II quyanynay datif, parallèle à Uinà : — 152 —

«contre ton kagan — et contre ton peuple (empire)». Cette leçon est en tout cas à préférer à celle de l qayanyàyn^ qui est ou accusatif, employé par une anacoluthe, ou génitif (comme I S 9) : «contre le bon empire — de ton Bilghè kagan — ».

31) [I Ë 23, II E 19]. Qandyn ou qandan^ seul exemple de la désinence ablative -dyn, -din (comp. ouig. -dyn, -din, djag., tarantchi -din)y ou -dan, dàn (osm. et les autres dialectes) ; autrement, l’ablatif est identique au locatif se terminant en -rfa, dà. — Jaraqlyy, armé (I E 32), de Jaraq, armes, armure (I E 33, = osm., djag.) ; sûàûglig, muni d’une lance, lancier, de sûàûg, lance (comp. I E 36 et note 42), = ouig. sûngûk (sûnûgf)^ id , siingûy sûfiûy en djag., javeline, petite lance, baïonnette, en osm., baïonnette ; la même racine figure dans le fréquent sûAûè^ combat ; lutter, proprement se porter des coups de lances l’un à l’autre. (Radloff : «Von wo ist (dir) die Ruhe[ ?] gekommen, wer bat sie verbreitet[ ?] ? von wo her ist die Geschlechtseintheilung [confusion de sààûg et de sô/Im/c, note 42, ainsi que de -Uy et de lik, note 4] gekommen, wer bat sie verbreitet [ ?] ?) Observer les allitérations de I E 23 = Il E 19 : jaraqlyy — jaia^iltdi, sûnûglig — sûrà>^iltdi.

32) [I E 23, II E 19]. Ùtûkàn ou uttikàn ou kin (comp. p. 20), toujours combiné avec Jyè, mont boisé, voir note 5 (l S 3, 4, 8 = Il N 2, 3), une fois avec jir, pays (1 S 8), est rendu par «der geliebte Bergwald» (ici pourtant, par inadvertance, «der dichte B.») dans la traduction de RadlofT, qui renvoie à l’ouig. tôtiit [= ôdûr-, ôiûrf], choisir, élire. La manière dont s’emploie ce mot, exclusivement là où il s’agit de la localité qui était le pays propre des Turcs, et qui était, ou du moins avait été jusque-là, le centre de leur empire et la résidence du kagan, montre incontestablement que c’est un nom propre dont le sens appellatif est obscur et sans importance (tat. de Kasan ritkin, sagaï ôlkûTty tranchant, aigu ?). C’est pourquoi je rends ce mot par «la forêt, le pays d’Eutuken». Indubitablement c’est ce même nom que, pour la part d’une époque un peu plus reculée, nous trouvons rendu par les Chinois dans la forme Toukin, le mont où habite le kagan des Turcs ; voir p. 60, note 2, p. 63. Mais, de plus, ce doit être le même nom que, dans un temps un peu plus récent, nous retrouvons sous la forme plus complète Wou-U’-kien (ou Ou-te kicn, etc.). Il s’est trouvé mentionné dans la notice sur les Karlouk, p. 71, note 3. Un autre endroit, nous lisons qu’après le renversement de l’empire turc, en 746, le kagan des Ouigours établit sa résidence «entre les monts Woute-kien et la rivière Koun* (c.-à-d. l’Orkhon ; Visdelou, p. 59 b ; BretscHNEiDER, 1, p. 240, note 604 ; Devéria dans Inscr. de l’Orkhon, p. XXXIV b, note 1). Comme cette résidence était Kara-Balgassoun (voir p. 75, note 1), il faut bien que les monts cités soient ou le Hangaï ou bien, peut-être, la partie orientales des Altaï du Sud. Enfm c’est évidemment ce même nom que nous rencontrons dans Hachideddin sous la forme Uiikan li)’-^^^^’) comme nom d’une des dix rivières où demeuraient autrefois les Ouigours, et d’une tribu des — 153 —

Ûnigours (Brbtschneider I, p. 259 ; Radloff, Dos Kudatku Bilik^ p. XXVl, €Ûtigàm>),

33) [I E 23—24, II E 19—20]. Mot à mot : «toi qui allas en avant, allas (en avant), toi qui allas en arrière, allas (en arrière)», comme II E 87 : iëikigimà ièikdiy — ôlûgimà ôltU mot à mot : cceux qui rentrèrent, rentrèrent, ceux qui moururent, moururent», c-à-d. quelques-uns rentrèrent, d’autres moururent ; comp., par ex., Radloff, Fr. d. VolksUL I, p. 357 v. 267—68 : suya kiràrgà 8uya kir èâr, iay asarya iay aë ëar, ctheils stûrzten sie sich in’s Wasser, theils stiegen sie auf den Berg».

34) [I E 24, II E 20]. Les mots àdgûg ol drinè me sont incompréhensibles. La traduction que j’ai donnée, n’est qu’un pis-aller. J’y ai supposé que âdgûg pourrait être âdgû-^(ô)g, comp. nàn^buà^OY^joqÇf), 1 S 8 (oy, -6g, même, aussi, comp. note 7) ? (Radloff : <ihr zeigtet eure Trefflichkeit», ce que je ne comprends pas davantage.) — La métaphore qui suit ces mots, est d’une très grande fréquence dans la poésie populaire turque, par ex., Radloff, Pr. d. Volkslit I, p. 76 v. 580 — 81 : qany qara su poldy^ ôlyôn sôyiî taiqa poldy^ «sein Elut wurde eine Quelle, des Gestorbenen Knochen wurden ein Waldgebirge» ; I, p. 84 v. 858-69 : aqqan qany talai poldy, ôlyôn sôyu taiqa poldy, «das geflossene Blut wurde ein Meer,» etc. ; de même p. 335 v. 135—36, p. 347 V. 166—67, p. 358 v. 300, p. 366 v. 70, p. 393 v. 74—75 ; II, p. 639 V. 1413 : ôlgôn sôgûbûs pir tagda Jntsyn ! aqqan qanybys pir su pokyp aqsynt cunsere Gebeine môgen einen Berg bildenl unser geflossenes Blut môge einen Fluss bilden !» etc.

35) [I E 27, II E 22]. Le verbe qazyan- ne signifie pas seulement gagner, acquérir, obtenir ; mais souvent, comme ici, par exemple, on le rend mieux soit par faire, exécuter, soit par travailler (chercher à gagner, obtenir).

— Les deux inscriptions ont très nettement birki, avec Y (non pas «.bâlki^^, comme lit Radloff, qui le traduit par «connu», «die bekannten Vôlker»). Je le lis biriki (comp. I S 1 = II N 1), et j’y vois le gérundiurft (comp., par ex., uiaju, note 59, tàkàti, note 67) de birik- (ouig., djag., osm.). se réunir, être réuni ; par conséquent, le(s) peuple(s) étant réuni(s), l’ensemble du (des) peuple(s). — Oi-sub qylmadynx^ je n’(en) ai pas fait le feu et l’eau, c.-à d. je n’ai pas provoqué le mécontentement, je ne les ai pas rendus mécontents, hostiles, soit mutuellement, soit à mon égard ? C’est une autre métaphore que lorsqu’en ouigour on dit otsub àrikbàr-, consoler : ici, l’idée est sans doute, à proprement parler, donner, verser de l’eau sur le feu.

36) [I E 27—28, II E 22—23]. Je considère comme sûre, quant au sens, ma conjecture tendant à combler la lacune, et dans la forme proposée cette conjecture concorde en tout cas avec le nombre des caractères qui font défaut. Ce passage a trait à la rentrée que firent, après Tavèncment au trône da kâgan, les Turcs qui s’étaient réfugiés en Chine ; il n’y a rien d’étonnant à — 154 —

ce qu’ils revinssent en mauvais étal, voir p. 74 et suiv. — Jir saju (comp. I S 9 = II N 7 ; saju,v. p. 37, proprement ten comptant», gérandium de saj- [ou 5a- ?], compter) signifie «en chaque pays», c’est-à-dire «chacun dans son pays,» «les uns dans un pays, les autres dans un autre» («alii in aliam terram»), «en différents pays». Comp. I E 23—24 (note 33) : «quelques-uns allèrent vers l’est, d’autres allèrent à l’ouest». (Radloff : «Jedes Mal, wenn das Volk ausziehen wollte, kam es sterbensmiide, zu Fuss und nackt (zu mir)» ; mais cet emploi de saju, «chaque fois que», ne saurait se trouver qu’après une forme verbale.) — Jadayyn jalafiyn, cas instrumental pour désigner la manière de se présenter.

37) [I E 30—31]. Sur la mort du père et l’âge des fils, voir plus haut, p. 66, 95. — Oumaî, comp. Radloff, Wôrtcrb. I, p. 1788 : umai (Schor), «ein guter Schutzgeist der Kinder ; der Geist, der die Seelen der Verstorbenen fortfûhrt ». — Sur ûr^ai voir note 10. Sans doute on ne doit pas entendre par là qu’il l’aurait effectivement épousée (comp. p. 60).

38) [I E 31—32]. Cette expédition, qui a dû avoir lieu environ 710 (voir p. 95), est aussi mentionnée II E 24, mais n’est pas indiquée par d’autrrs sources, pas plus que la plupart des autres événements dont parlent les inscriptions. — Sur Soydaq comp. I E 39, qui place ce peuple près de la Porte de Fer ; sans doute, identique au Soyd de I N 12. Ce ne peut être que le pays du Sogd ou la Sogdiane, soumise aux Turcs depuis Mo-kan khan (Ménandre Protector, ch. 18 : ol Zoydatiai oî jiqo tov fièv ^Eip^aXiiâtVf trjvixavza ôe Tovqxcov 9cairjxooi comp., plus haut, p 61 et Deguignes I, 2, p. 385). Radloff rend arbitrairement, quoique avec doute, le mot Ôub par «Geschlechtsabtheilung» (p. 132) : «die sechs Âbtheilungen der Sugdak» ou «Sogdak» ; mais est-ce que, dans ce sens, on p urrait dire alty-âub soydaqf C’est ce que je ne crois pas. Sans doute AHy-ëub, les Six-Tchoub, est la dénomination d’une localité située plus près des Turcs que Sogdak, et je supposerais volontiers que Cub^ Tchoub est la rivière appelée aujourd’hui Tchou, chin. Souiche ou Soui-ye (p. 70, note 3 ; ToMASCHEK, Kritlk der âltcsten Nachrichicn ûber den Skythischen Norden, II. Die Nachr, Herodots ub. d. skyth. Karawanenweg nach Innerasicn^ Wien 1888, p. 63). et que AHy âub, Six-Tchoub, est le nom du pays environnant celte rivière et ses affluents supérieurs, pays situé près 4u lac Issi-kul, au sud du territoire des Turghès. Les Turcs ont dû précisément passer par ces contrées pour arriver au Sogd.

Dans ce qui suit, Oà- ou Uàtutuq est obscur. Tutuq (aussi 1 N 1, mais sans doute différent de tutuq uy I E 38, note 47) est-il un mot turc (de tut-, tenir), ou bien est il identique à toutou, titre chinois, par exemple, des chefs des Karlouk, gouverneur général (p. 71, note 3 ; comp. Dbvéria, Inscr. de l’Orkhon, p. XXXVII, note 25) ? et également oA, uà, en turc, main droite ? ou, par ex., = chin icang, roi (Klaproth, Spr. u Schr. d. Uiguren, p. 30, note 3) ? Si ce mot ne désigne qu’une seule personne, il faudrait traduire : d’Ong-toutouk chinois vint avec une armée de cinquante mille». (Radloff émet l’idée que — 155 —

uàtuiuq pourrait ôlre lAufrûhrer ( ?)» ?) Aussi obscur est jorydyn (€le(s)Joryâ des (de V)Ongt.i^ ou €VOng-t. (les O.) et son, ses (Ieur(s)) y.» ?). — LMnscription semble avoir nâuèdy, que Radloff lit anâa ukydyy et il traduit : cso vie ! Heere sich dem Cbane angeschlossen hatten, aile vernichtcten wir dort» ; mais anèa signifie tant (tantum, tct), non tant que (quantum, quot, nànââ II N 9), et aurait dû d’ailleurs s’écrire avec ^ ^nêa. Et qui est le kagan ? Comme, dans le passage en question, il s’agit de ce que Kul-téghin fait cpour l’empire et le gouvernement de mon oncle le kagan», et qu’il n’est nommé aucun autre kagan, il faut bien que ce soit l’oncle de Kul-tégbin à qui l’on pense. J’ai proposé änč‿ułady, il procura (uła-, note 69) la paix (ouig., com. änč) au kagan.

39) [I E 32]. Le êaâa-- sàhùn mentionné ici et II E 26, est évidemment, comme l’a dit aussi Radloff, p. 174, le général (tsiangkiun) chinois souvent mentionné Chatcha-tchonyi (p. 69, Journ. asiat , 6© sér., IV, p. 416, 420, 424, 426, 427). Cependant les sources chinoises ne semblent pas parler de lui à l’occasion des combats livrés contre les Turcs après 707, tandis que la bataille dont il s’agit ici, aurait eu lieu environ 716. — Sur sâàiîn voir p. 28 et note 24 et com p. Dbvbhia, Inscr. de VOrkh., p. XXXVII, note 25.

39 a). [I £ 32]. On trouve plusieurs fois (ur comme dernier élément de noms propres de personnes : Kûlâur II S 13, Ynanëuëur I N 13 (comp. Ynnnâu Apa l W 2). Peut-être est-ce un titre ? Pourvu qu’ici la leçon Tadyqyàâtiryà soit juste, je suis porté à croire que la forme propre du nom est Tadyqâttr, et que, par exception, l’affixe de génitif -à a été joint aux deux membres du nom, comme, par ex., celui d’accusatif en Quy^-sâàâniy, II S 9, accusatif de Qr/-.sâ/l/m, II S 8.

40 [I E 33]. Sur Jaraq voir note Hl ; sur oqun, p. 14. Jaimasynda ou jaiama- est obscur. Peut-être, de ya, arc, + -M- + -ma, appareil, équipement pour le tir de l’arc ? (Radloff traduit tout ce passage d’une manière toute différente, que je ne saurais accepter.)

41) [I E 34). Sur Jir-Dajyrqu (et non «bujuruqy», Radloff, comp. I S 4 = II N 3), qui doit en tout cas être le nom d’un peuple, comp. p. 72, note 3 (de àajyr, djag., désert, plaine ; osm., coteau, colline ?). Les autres noms sont inconnus. Cette expédition pourrait bien être celle où fut tué Me-tch’oue ; voir p. 72. — Sur ârin voir note 19. — Le verbe (ûz- (tâzip, aussi II E 38, 41, comp. II W 6 ?) doit signifier fuir = tùzip, «fliehend», Radloff, Pr. d. VolksUt. I, p. 356 V. 254, p. 357 v. 266, tezip, II, p. 395 v. 650, etc. Comp. VXmbéry, Etym. Wôrtcrb. p. 174, n« 186, II. (Radloff : tisi-, «aufreihen», cmit sich nehmen», comp. djag. tfz-, enfiler des coquilles, ranger en files, osm. diz-, aligner, ranger, disposer en ordre. D’un côté, je ne vois pas que cette acception convienne, de l’autre, cette dernière racine a un / pur, tandis que la racine — 156 —

dont il s’agit s’écrit toujours sans i dans les inscriptions, et a dû par conséquent être tàz ;)

42) [I E 36 ; comp. II E 26—27]. Sur sûhûg, lance, voir note 31. Baiym est dérivé de bat- (ouig., djag., osm.), descendre, s’enfoncer, enfoncer, avec l’affixe -m, qui désigne la mesure dans laquelle agit l’action exprimée par le verbe, par ex., osm., tat, etc. atym (de a^, jeter, lancer) : oq atymy, portée de flèche ; èayyrym (de èayyr-^ crier), la distance où l’on entend le cri d’un homme, une verste ; iëim (de iè-^ boire), gorgée, etc. Par conséquent, sûnûg batymy est la mesure, la profondeur jusqu’où les lances s’enfoncent (dans la neige). Qaryy est l’accusatif de qar, neige, et sôk- (ouig., djag., osm.), fendre, séparer, débrouiller, etc. (Joh sôkàr^ cbricht seinen Weg», il fraie le chemin, Vambéry, Uig, Sprachnion , p. 87 v. 38). (Radloff : tihr Geschlecht, die Batymy (das Geschl. B.) Râuber [qaray, pillage] schimpfend». Mais, sans parler de ce qu’il y a d’étonnant à ce qu’on eût trouvé cela un exploit digne d’être éternisé, il faut faire ressortir lo que, comme nom propre, Batymy aurait dû précéder, et non pas suivre, le mot qui devait signifîer «famille» ; 2o que le mot qui signifie «famille, race» et dont la signification propre est «os», s’appelle sôàûk (ou siïàûk), avec k (voir I E 24 = II E 20) comme partout dans les langues turques (ouig. id. ; djag. sôngàk ; osm. sôkûk ; dialectes de l’Altaï sûôk, etc.) ; mais le mon. II a bien nettement sûàûg, avec g, et le mon. I a du moins g plutôt que /r, bien que ce dernier caractère du mot soit quelque peu effacé ; en somme, les deux caractères y et A ; sont distingués avec précision l’un de l’autre dans les inscriptions, où on ne les confond point ; 3o comme en font unanimement foi les langues apparentées, telles que les osm., djag., etc., qui distinguent encore, aussi nettement que l’ancien turc des inscriptions, entre k et g, on doit s’attendre que le verbe injurier a eu la forme sôg- (djag. sôg-^ osm. sôi- non sôk.)

43) [I E 36]. D’après la manière de combattre des Turcs, une attaque comprend deux ou, éventuellement, trois actions : lo étant encore à distance, on tire sur l’ennemi avec des flèches {oqun ur-, comp. p. 14) ; 2o on le charge, lance baissée, pour le transpercer (sanâ-J ; 3o on lutte dans la mêlée avec l’épée ou peut-être la hache pour l’abattre (toqy-J ; (comp. également Yambért, Uig. Sprachmon., p. 126—127 v. 145-6, où, au lieu de sôkûn, il faut lire sûngûk (sûàûg) ou bien sûngûng (sûàûà) comme dans Radloff, Das Kuciatku Bitik, 88, 24 — 25, p. 99). — - Le sens du verbe opla- dont le gérundium opiaju se joint à tûg-, attaquer, charger (ici, I £ 32, I N 2, 3, 5), m’est inconnu. — Le verbe sanâdy reçoit ici et en I N 2 l’addition de l’adverbe udyèru, que je relie à l’ouig. udru, au djag. utru, à l’altaï uduru, etc., en face («entgegen, gegenûber, zur Begegnung», Radloff, Wôrterb.J. La différence se réduit à ce qu’ici l’affixe adverbial n’est pas ajouté au simple thème tid-f mais à une formation réciproque en ë. Je traduis cela «dans la rencontre», présumant qu’il a trait à un moment où l’armée qui donne la charge, se heurte contre l’ennemi. — 157 —

44) [I E 36]. La combinaison qdyry n’admet pas d’autre leçon que a^-adyyryy, l’étalon blanc, à l’accusatif. Adyyr, qui se présente également II N 11 comme adyyryn, est Fancienne forme historiquement correcte = djag., osm., etc., aiyyr, soïote, koïbal, etc., asqyr, le d originaire, qui s’est toiyours maintenu, sans exception aucune, dans la langue des inscriptions, s’étant régulièrement changé, après une voyelle, en i, y, dans les premiers de ces dialectes ; en jf, respectivement s, dans les derniers. — Le hajyrqunyà (ou baJraq-7) qui précède, est naturellement un génitif ; mais la question est de savoir si c’est bajyrqun + -yà (comp. p. 28 et suiv.) ou si ce ne pourrait pas être hajyrqu •- -nyàt en sorte que l’affîxe de génitif après des thèmes se terminant par une voyelle, à l’instar, par ex., de l’ouigour, a été, non pas -à, mais -nyà (il ne se présente pas d’autre exemple de génitif d’un thème en voyelle). En faveur de la dernière alternative on pourrait alléguer que dans le second bjrqunà, I E 36, n est exprimé par rf*, en dépit de ïu qui le précèd<% comme si nyà se faisait sentir comme un élément à part lui. Dajyrqu deviendrait donc le même mot que celui mentionné dans la note 41, bien qu’ici il soit vraisemblablement nom de personne. Dans la traduction j’ai exprimé mon doute en écrivant Bayirkou(nf). — Syju est un gérundium en -m, de sy-, en osm. crompre, casser, briser ; détruire ; égorger ou abattre un animal ; mettre une armée en fuite» (Barbier de Meynard, Dict turc-franç., II, p. 242), et de même en ouig. (Vambéry, Uig, Sprachmon., p. 112—113 v. 4, p. 255 et suiv. ; id., Etym. Wôrterb., p. 152, no 163). De là aussi symady, 1 S 11 = Il N 14, dans un sens figuré («il n’a pas rejeté»). — Le mot le plus douteux, c’est udkyqyn (od ?). L’épellation par h y, écrit dans la dernière syllabe, montre positivement que ce ne peut pas être le cas instrumental, où i, y^ ne s’écrit jamais, mais un accusatif avec l’affîxe pronominal de la 3e personne. C’est donc le régime direct de syju urty^ coordonné à adyyryy (comp., p. ex., hudunyy ttirk tôrûsdn I E 13). Ne pourrait-ce pas être une forme ancienne répondant au djag. uituq, osm. uiiuq, yakoute uUux, cuisse ? Bien que je ne sois pas à même de justifier, par des preuves exactes, cette hypothèse, elle s’accorde pourtant bien avec la phonétique et le sens. La traduction littérale de ce passage serait donc : «il frappa, en le (la ?) cassant, l’étalon blanc de B , (savoir) sa cuisse( ?)», ce dont la seule signification est que durant l’attaque il arrive à Kul-téghin de faire au cheval en question, qu’il monte lui-même, telle ou telle blessure dangeieuse (le sort même des chevaux n’est, en général, mentionné que quand ils trouvent la mort dans une lutte), soit qu’il blesse involontairement l’animal, ou que ce dernier se casse la cuisse. Dans ma traduction je me suis contenté de rendre ainsi ce passage : «il éreinta l’étalon blanc de B.» (Radloff lit tout ce passage et l’interprète d’une tout autre manière que je ne puis en aucun point trouver justifiable [voir aussi dans son Glossaire les différents mots en question]. En transcrivant il donne, p. ex , Bajyrqunyna, bien que l’original n’ait pas d’à final ; il lit qadyyray, «sehr heflig« ; mais ici, comme toujours dans les langues apparentées, l’adjectif propre est qatyy, par un t (I N 11, I S 2), et de même l’affixe du comparatif est raq {ioqraq- I S 8 = II N 6, uote 74 ?) non -ray^ etc.) — 158 -

45) [I E 36—37 ; comp. II E 27]. Aitun-jyè, «les monts d’or» (concernant Jl/ë voir note 6) = chin. Klnchan (comp. p. 61), doit être le Grand Altaï. — Le verbe toy-, qui dans les autres langues signifie seulement «naître» s’élever» (en parlant des astres), s’emploie ici transitivement dans le sens de «monter, gravir». Quel est celui des affluents du fleuve Irtych (l’Irtych Noir, l’Irtych Gris, etc.) dont on veut parler, c’est ce qu’on ne peut naturellement pas décider.

— A l’égard de Türgäs voir note 26 et suiv. Cette campagne faite dans la 37e année de Bilghè kagan (II E 26—27), c’est-à-dire environ en 720, a bien pu avoir pour but de châtier les Turghès (Tou-ki-chi) de l’essor qu’ils avaient pris après la mort de Me-tch’oue (voir p. 74). Le khan des Tou-ki-chi, dont il est parlé à cette époque, Sou-lo, vit, il est vrai, encore nombre d’années après ; mais il se peut bien qu’on fasse ici aUusion à un autre prétendant qui n’est pas mentionné dans les sources chinoises. — Dans ce qui suit, Bolâu, Boltchou semble avoir été le nom d’une localité, dont la détermination est impossible. — Quant aux mots otda buraèa^ que je traduis «comme le feu et la tempête >, et qui semblent figurer la vitesse, voir p. 34.

46) [I Ë 37—38]. Ces mots me sont inintelligibles, ce qui est en partie le résultat de la lacune précédente ; seulement kisin doit être ikisin, tous deux (ou deux d’entre eux ?), à l’accusatif^ et ôzi, lui-même. Radloff donne dans sa transcription : tutusdy àkisin ôzi altysdy, qu’il traduit : «. . wurden t)eide dort ergriffen und er selbst festgenommen», interprétation que je ne saurais faire concorder avec texte ni contexte.

47) [I E 38]. Je ne peux pas comprendre autrement les mots (bujuruqy [nominatif] az tutuquy etc.), bien qu’on eût plutôt pu s’attendre à voir indiqué que les Turcs auraient fait prisonniers quelques-uns des Turghès (c’est ce que pense Radloff : «er drang aber wiederum ein und nahm einige Gefangene von den Beamten des Chans mit eigener Hand fest»). La forme tutuquy est Taccusatif (comp. p. 13 au bas) de tutuq, pris, ici prisonnier (comp., par ex., Vambéry, UCg. Sprachm., p. 101 v. 77 ; différent de l’autre tutuq, note 38 ?).

48). [1 E 39]. Qara-Tûrgàs, les Turghès Noirs, doivent être quelque section spéciale des Turghès ; d’après Radloff, p. 131, c’était un peuple établi au S.-O. des Turghès. Sur quoi s’appuie cette assertion, je l’ignore. L’enchaînement des choses ne serait-il pas autre ? Sur le compte de Soulo, qui se proclama khan des Tou-ki-chi après la mort de So-ko khan (voir p. 74), les Chinois racontent qu’il gagna le dévouement de ses sigets et qu’ils obéissaient à ses ordres avec empressement. Mais plus tard il y eut une réaction : ses sujets commencèrent à l’abandonner et à exciter des troubles. Sa cour fut divisée en deux factions ; celle qui avait pour chef un descendant de Tancien khan So-ko, fut appelée la faction jaune (chin. hoangj, et ceux qui suivaient le parti de Sou-Io, furent connus sous le nom de faction noire (chin. hcj. Pendant ces troubles, Sou-Io fut assassiné, en 738. (Voir Dbguignes, I, 2, p. 499 et suiv., Visdelou, p. 54 et suiv.) N’aurions-nous pas ici la clef de l’énigme de ce nom singulier