Intermèdes/Fabliaux sacrés/Agnus Dei
AGNUS DEI
Marie, docile, suivait
La course enfantine de Jésus
Qui parvint, tout gambadant, dessus
Un pré
D’herbe douce et de fleurs diapré.
Un troupeau paissait par là.
Or, un jeune agnelet, de Jésus, s’approcha,
Offrant sa toison immaculée à la main de l’enfant
Qui, sur le dos du petit animal
Cherchait à monter comme à cheval,
Tout en riant gentiment.
Marie regardait ces jeux,
Le jeune agneau tout blanc et l’enfant radieux,
Unis dans une caresse ingénue.
Même âge presque ; même candeur,
Même ignorance bienheureuse
Des futurs destins, des futures douleurs !…
Soudain, elle eut la vision affreuse
De l’agneau égorgé, tachant sa robe pure
D’un sang rouge échappé de sa blessure !
Marie, éperdue
Prit Jésus sur son cœur tremblant
Et s’enfuit vers la ville, les yeux baignés
De larmes amères
Tandis que le petit en souriant s’endormait
Dans les bras de sa Mère.