Intermèdes/Les Saisons bibliques/Été
ÉTÉ
Un silence inquiétant s’est fait
Parmi les bêtes effarées,
Un brutal vent d’orage secoue les feuillées.
Quel est cet oiseau noir poussé par l’Aquilon
Dont les ailes ouvertes couvrent l’horizon
Du ciel courroucé tombent des larmes
Et tonne une voix formidable :
— Quittez ce séjour
D’innocence, de paix et de bonheur ravi
Allez errer pour toujours
Exilés du paradis ! —
Et l’Archange, à la flamboyante épée
Au milieu des Éclairs livides paraît.
Ah ! disgrâce ! Le couple est chassé
Du beau jardin de l’éternel printemps
Le voici à la douleur livré
Pleurant ainsi que ce ciel assombri
Et cherchant,
Par la terre déserte, un abri.
— Réfugie-toi sur mon cœur
Ô femme !
Et faisons un pâle bonheur
Avec la tristesse de nos deux âmes.