Introduction à la vie dévote (Boulenger)/Seconde partie/07

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Texte établi par Fernand Boulenger,  (p. 73-74).


CHAPITRE VII

DE LA CONCLUSION ET BOUQUET SPIRITUEL


Enfin il faut conclure la méditation par trois actions, qu’il faut faire avec le plus d’humilité que l’on peut. La première, c’est l’action de grâces, remerciant Dieu des affections et résolutions qu’il nous a données, et de sa bonté et miséricorde que nous avons, découvertes au mystère de la méditation. La seconde, c’est l’action d’offrande, par laquelle nous offrons à Dieu sa même bonté et miséricorde, la mort, le sang, les vertus de son Fils, et, conjointement avec icelles, nos affections et résolutions. La troisième action est celle de la supplication[1] » par laquelle nous demandons à Dieu et le conjurons de nous communiquer les grâces et vertus de son Fils, et de donner la bénédiction à nos affections et résolutions, afin que nous les puissions fidèlement exécuter ; puis nous prions de même pour l’Église, pour nos pasteurs, parents, amis et autres, employant à cela l’intercession de Notre Dame, des anges, des saints. Enfin j’ai remarqué qu’il fallait dire le Pater noster et Ave Maria, qui est la générale et nécessaire prière de tous les fidèles.

A tout cela, j’ai ajouté qu’il fallait cueillir un petit bouquet de dévotion ; et voici que[2] je veux dire. Ceux qui se sont promenés en un beau jardin n’en sortent pas volontiers sans prendre en leur main quatre ou cinq fleurs pour les odorer et tenir le long de la journée : ainsi notre esprit ayant discouru sur quelque mystère par la méditation, nous devons choisir un ou deux ou trois points que nous aurons trouvés plus à notre goût, et plus propres à notre avancement, pour nous en ressouvenir le reste de la journée et les odorer spirituellement.

Or, cela se fait sur le lieu même auquel nous avons fait la méditation, en nous y entretenant ou promenant solitairement quelque temps après.

  1. Le texte de 1619 porte supputation.
  2. Que : ce que.