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Invantaire du Père Monet/Dedicace

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À MONSEIGNEVR
LOV̈IS DE BOVRBON,
ET DE CONDÉ, DVC
D’ENGVIEN



ONSEIGNEVR,




Ce Liure pretand droit, & prerogatiue d’aineſſe, par deſſus les deus de ſes freres, qui, depuis peu, ſe ſont ietés ſous la protection de Votre Grandevr, &, comme il peut croire, fondé ſur cet auantage, qu’il a eté conceu le premier des trois, & a veu l’heure de ſa naiſſance, allant deuancer la leur, ſi le deſaſtre n’eut retardé ſa ſortie, comme celle d’vn autre Eſaü : non qu’il ſoit piqué d’anuie du bon-heur des ſiens, leſquels il aime, à l’egal de ſoi-méme, comme la natuer lu ſuggere, & ſon pere lui ordonne : mais d’autant qu’il ſçait etre de ſon deuoir, que le monde connoiſſe, qu’il vois eſt acquis, par titre de Vaſſal Lige, auant meme ſa conception, tout ainſi, que le reste de ſa race : & que, ſi le ſort de ſa natiuité ne lui a reüßi ; neantmoins il conſte, que quant à l’affection, & quant aus forces, il s’eſt maintenu dans les termes de l’affectueus respet, dont il eſt obligé bien etroitemant à Votre Altesse : außi n’eſt-il pas an apprehanſion, que ſes cadets ne lui conteſtent la preſeance, dans votre bibliotheque, connoiſſant leur dous naturel, comme au reciproque, il ne leur anuiera iamais leur rang, an cas, qu’ils ſoient placés au deſſus de lui, veu que tout ſon bon-heur conſiſte, à touſiours agréer l’exſecution de votre volonté ; & à ſçauoir, que vous daigniés le voir de bon œil, la part où il ſera : moins s’excuſera-t’il ſur ce, qu’il n’eſt arriué prés de vous, du tams, que Votre Grandevr s’occupoit, auec reputation non pareille, és matieres, dont il traite, & an la langue, qu’il anſeigne à la ieuneſſe, & ce, pour ne ſambler, ſe faire à croire, an s’excuſant, que vous aiés eu beſoin de ſon aide, qui ne s’adreſſe, qu’aus eſprits beaucoup moins eminans, qu’à celui d’vn tel Prince : bien marri neantmoins, d’etre tard venu, ſachant que c’eſt le plus d’intereſt de ſon pere, que toutes ſes actions, destinées à votre ſeruice, aient leurs effets punctuelemant au tams requis : & ce delai à l’edition de la preſante piece, interuenu contre le gré, & l’opinion de ſon auteur, lui ſeruiront ci-aprés, de bien ſerieus aduis, à preuenir, & diuertir toutes les cauſes de teles acroches an l’exſecution de ſon œuure, pour le regard des autres pieces, qui ſe minutent, pour votre respet, & an des matieres, non moins vtiles, & bien plus agreables, que les precedantes : quoi que, tant au fait des ſujets, qu’au regard de l’artifice, rien ne ſçauroit partir, ni de la main de cet ecriuain, ni de tout autre, des plus habiles, qui puiſſe arriuer au moindre point de votre merite, ouï bien, peut-etre, à la ſatisfaction de votre incomparable debonnaireté, & courtoiſie, donnant accés à tout le monde, & faiſant état de tous les plus chetifs preſans, qu’on ſache lui faire : & par cete rauiſſante amorce, propre d’vn vrai eſprit, & cœur de grand Prince, captiuant tout l’vnivers, à lai voüer ſon tres-affectionné ſeruice : dans lequel nombre ie me reconnois des plus angagés aus iuſtes reſſantimans de l’affection, qu’il vous a pleu me témoigner bien expreßémant, ſans parler, pour cete heure, des infinies obligations de toute notre Compagnie à Monſeigneur votre pere, & des miennes particulieres, qui m’impoſent vne bien douce, & agreable neceßité, de viure à iamais,

De Votre Alteſſe

Le tres-humbre, tres-obligé, & tres-obeiſſant
ſeruiteur, Philibert Monet, de la
Compagnie de Iesvs