Invectives/Un peu de politique

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Invectives
InvectivesVanierŒuvres complètes, volume III (p. 374-375).

XXXIV

UN PEU DE POLITIQUE


Tribune des Cinq-Cents, attributs indécents,
Tremplin mesquin pour tous plongeons dans les non-sens,
Dans ces mensonges, dans telles logomachies,
Et, chose pire, dans les plus pires des orgies
De gaspillages d’honneur civique et d’argent !
Tribune où Bonaparte, en homme intelligent
Vraiment, ne monta qu’un instant pour donner l’ordre
De la jeter bas, dût mons Arena le mordre
D’un poignard de théâtre et d’un « Tyran ! » appris ;
Tribune remplacée au-delà de son prix,
Bien au-delà de son prix, ce leurre, par celle
Des rois revenus, qu’on peut nommer la Pucelle
De parlementarisme honnête, celui-là
(Non celui-ci !) et puis, comme tout s’écroule
De fier encor dans ce pays qu’un chacun pipe,
Tribune encore de l’affreux Louis-Philippe,

Et de Prudhomme et de Robert Macaire et de
Tous les pieds plats et d’aussi tous les cœurs bas que
La honte attire et que l’opprobre rassasie !

Quarante-Huit te mit au rancart, trop moisie
Que t’étais pour ses paradoxes innocents,
Tribune des Cinq-Cents, attributs indécents,
Et l’Empire second pour malpropre te tint…

Mais vint le Prussien…
Mais vint le Prussien…Ton prestige est reteint,
Ton bas-relief d’ailleurs sans talent d’autre guise
Que d’étaler des seins qui ne sont plus de mise
Et qu’un artiste un peu noble « ne saurait voir »
Sans un chagrin profond et sans un ennui noir,
Ton bas-relief, à neuf gratté, t’encor décore,
Tremplin mesquin pour tout plongeur dans tout non-sens,
Symbole de ceux-ci, jacobins indécents.