Iroquoisie/Tome I/20

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Les études de l’Institut d’histoire de l’Amérique française (Tome Ip. 325-343).


CHAPITRE XX

(1645)

Députés algonquins, hurons, français accompagnent les ambassadeurs qui remontent le Richelieu au mois de septembre et arrivent en Iroquoisie après dix-huit jours de voyage. Guillaume Couture les accompagne pour veiller au grain, il a reçu l’ordre « de se trouver en toutes leurs assemblées »[1]. Trois jours plus tard, les sachems agniers tiennent un conseil pour écouter le rapport de leurs ambassadeurs. Ceux-ci exhibent les présents dont les Français les ont surchargés. Ils font leur récit. Les chefs prononcent à leur tour des harangues, ils offrent de nouveaux présents qui doivent être de nouveau portés à Onontio et à ses alliés, car les négociations indiennes sont une chaîne sans fin. Il y en a six. Le second est significatif. Il porte que les Agniers avaient arrêté leur hache de guerre levée contre les Hurons et les Algonquins ; mais que maintenant, « on l’avait jetée si loin qu’homme du monde ne la pourrait jamais retrouver, c’est-à-dire que les Hurons et les Algonquins étant entrés dans la paix, les Agniers n’avaient plus d’armes que pour la chasse »[2]. Le traité est donc maintenant complet.

Le troisième présent a trait aux Onneyouts. Cette tribu refuse toujours d’entrer dans l’alliance. Elle est si insolente qu’elle avait « encore envoyé de ses enfants vers Montréal, pour surprendre ceux qui se trouveraient en cette contrée »[3]. Pendant longtemps les historiens n’ont ajouté que bien peu de foi aux divergences de politique entre tribus iroquoises ; ils croyaient que ces différends étaient de surface et cachaient une collusion cachée. Mais peu à peu, on en revient à une conception plus réaliste. Comment croire à une collusion dans le cas actuel, quand les Agniers dénoncent leurs compatriotes, les Onneyouts, indiquent la présence d’un parti onneyout dans les alentours de Montréal et l’exposent ainsi à des dangers ? Ces faits indiquent plutôt, comme on l’a déjà signalé, que la Confédération iroquoise n’a pas encore atteint à la cohésion et à l’unité qu’elle aura plus tard.

Le cinquième présent remercie Onontio d’avoir rendu l’esprit aux Algonquins, « ce que nul autre n’avait pu faire devant lui » ; et, enfin, le sixième, le supplie d’« allumer des feux dans toutes les habitations de son gouvernement, afin que toutes les nations s’y venant chauffer en assurance, puissent écouter sa voix et jouir de son amitié ; et, en cas qu’il arrive quelque différend, qu’il soit l’arbitre des Iroquois, des Hurons et des Algonquins »[4].

Accompagné de sept nouveaux ambassadeurs, Couture se met en marche pour le retour. Tous atteignent le lac soit Champlain, soit Saint-Sacrement, mais là, ils ne retrouvent point les canots. Ils doivent revenir à la première bourgade, et, en y arrivant, ils rencontrent des ambassadeurs mohicans. Un conseil s’assemble aussitôt, et leur réserve une grosse surprise.

Les Mohicanis sont à ce moment des alliés des Iroquois. Et des alliés serviles. Leur orateur prend la parole et fait la déclaration suivante : « Il y a longtemps que je vous ai entendu dire que les Algonquins étaient vos ennemis irréconciliables, et que vous les haïssez au-delà du tombeau, en sorte que si vous les pouviez rencontrer en l’autre vie que votre guerre serait éternelle… »[5]. Alors, pour plaire aux Agniers, entrer dans leurs intérêts, les Mohicans ont massacré trois Algonquins. Ils exhibent les chevelures de ces victimes devant leurs auditeurs ébahis. Et ils ajoutent qu’ils en ont peut-être tué d’autres.

La tuerie a eu lieu non loin de Sillery vers le 12 octobre 1645. L’un des Algonquins était chrétien fervent ; les deux autres étaient des jeunes gens récemment convertis. Un quatrième, blessé à mort et qui devait en effet trépasser un peu plus tard à l’hôpital de Québec, était l’un des principaux personnages de la réduction. Les Mohicans avaient aussi abandonné comme morte sur le champ de bataille, la propre femme de ce dernier ; ils l’avaient à demi scalpée. Mais elle devait se rétablir.

Cette affaire a excité une commotion dans la Nouvelle-France. Français et Algonquins ont cru tout d’abord que les Agniers avaient commis ce crime et qu’ils rompaient le traité qu’ils venaient de conclure. Pendant l’enquête, il devint évident que les meurtriers ne parlaient pas la langue iroquoise et qu’il fallait chercher ailleurs. Les Algonquins renoncèrent alors à immoler les otages agniers qui vivaient en Nouvelle-France au nombre de cinq. Mais Piescaret jugea prudent de renvoyer deux ou trois d’entre eux qui suivaient son parti de chasseurs, crainte de représailles de la part des siens, surtout des jeunes guerriers. Peu après, les soupçons se portèrent sur les Mohicans ; les Algonquins se rappelèrent en effet qu’ils avaient tué deux Indiens de cette tribu en Iroquoisie, quelques mois plus tôt, et qu’ils en avaient capturé un troisième. Après avoir été soigné à l’hôpital de Québec, ce dernier avait été renvoyé par les Français.

Les otages agniers qui retournent en Iroquoisie avisent leurs compatriotes de l’affaire. Le journal des jésuites ajoute aussi ce qui suit : « … On en donna avis à Couture, afin que si c’étaient Agniers, il sut qu’en cas qu’on satisfit, la paix ne serait point rompue »[6]. En un mot, pour maintenir intact le traité de paix, les Français pardonneraient cette attaque à condition que les Agniers offrent une satisfaction selon les données de la justice indienne. Les Mohicans ne reçoivent pas l’accueil qu’ils attendaient, quand ils présentent aux Sachems agniers les chevelures algonquines : « Nous nous étonnons de votre hardiesse, leur dit-on, ou plutôt de votre témérité ; vous nous jetez la honte sur le visage, vous nous faites passer pour des fourbes. Onontio… aurait sujet de dire… je pensais agir avec de vrais hommes, et j’ai traité avec des trompeurs et avec des fourbes »[7]. Les Agniers éprouvent aussi des craintes pour leurs otages en Nouvelle-France et ils chassent les Mohicans chargés de leurs funestes cadeaux : « S’il y a de la tromperie dans cette action, elle est plus que très raffinée… », dit le missionnaire qui tient la plume.

Le vol des canots qui empêche Couture de partir immédiatement, le massacre de Sillery indiquent peut-être que la tribu des Agniers n’est pas unanime au sujet du traité de 1645 et que les dissidents prennent ces moyens détournés pour l’empêcher. C’est une simple supposition. Des incidents pareils se produiront assez souvent cependant pour que ce soupçon ne manque pas complètement de fondement.

Les Français, Hurons et Algonquins qui sont maintenant au pays des Agniers, sous la direction de Guillaume Couture, ne reviendront pas en Nouvelle-France avant une couple de mois. L’automne est maintenant avancé, et c’est une mauvaise saison pour voyager. Aucun document n’apportera de renseignements supplémentaires sur cette ambassade. Si les Agniers ont abordé directement la question des fourrures, personne ne l’a révélée.


(1645)

Le traité de paix apporte la joie, mais non la tranquillité. Malgré leurs promesses, les Agniers ne libèrent pas leurs prisonniers algonquins ou hurons. En novembre, deux d’entre eux s’échappent de l’Iroquoisie. Et, d’après le journal des jésuites, ils reviennent avec de mauvaises impressions : « Ils rapportaient que les Agniers n’avaient aucune bonne volonté pour les Algonquins »[8]. Dès octobre, les Algonquins sont nerveux, ils craignent une trahison. À Montréal, les Français se tiennent étroitement sur leur garde ; ils « ne marchaient jamais qu’armés, dit Dollier de Casson, et sur la défiance ; Ils allaient toujours au travail et en revenaient tous ensemble au temps marqué par le son de la cloche… »[9]. M. D’Ailleboust profite du répit pour « parachever les fortifications du fort de ce lieu qu’il réduisit à quatre bastions réguliers, si bons que l’on n’en a point vu encore de pareils en Canada »[10]. Sous l’optimisme officiel coule un flot de soupçons, d’appréhensions, de défiances. L’auteur de la Relation de 1646 dira même que la paix est un miracle de Dieu, que lui seul en peut être le « conservateur », que les hommes sont impuissants.

Cependant, les Agniers tirent immédiatement parti du traité. Ils ont besoin de pelleteries, et ils profitent de l’accalmie, pour en trouver. « En second lieu, comme ils sont chasseurs et que la plupart des animaux sont sur les marches des Algonquins, ils ont une passion d’en tirer à leur aise et sans crainte : en effet ils ne s’y sont pas épargnés ; car on dit qu’ils ont tué plus de deux mille cerfs cet hiver »[11]. Dans la zone neutre, l’île de Montréal et ses environs forment maintenant une espèce de jardin zoologique : la chasse « est excellente en ces quartiers, à cause que les animaux pendant la guerre, étaient comme en un pays neutre, où les ennemis ne battaient ni la campagne ni les bois »[12]. La même Relation ajoute encore ce qui suit : « … Il n’y a lieu en tous ces quartiers où on n’aie vu de temps en temps quelques Agniers »[13]. Un Iroquois avait encore dit aux Trois-Rivières : « Tout le pays qui nous sépare est rempli d’ours, de cerfs, d’élans, de castors et de quantité d’autres bêtes… »[14]. Les Agniers tirent donc des bénéfices importants du traite, ils chassent non seulement dans la zone neutre, en paix, mais encore sur les marches, c’est-à-dire dans les territoires des Algonquins.

Les Agniers, les jeunes gens surtout, fréquentent volontiers Montréal. Ils causent avec les Algonquins et les Français. Le père Jogues est là. Il sait la langue de ces visiteurs. Il entretient le feu vacillant de la paix. « Ces barbares regardaient les lieux où ils étaient venus en guerre, où ils avaient massacré des Français et des Algonquins, où ils avaient pris des prisonniers… »[15]. On leur demande ce que sont devenus les Montréalistes capturés. Ils donnent des réponses évasives. Un Algonquin qui s’est enfui, assure « qu’il les avait vu brûler tout vifs », avec des raffinements inouïs de cruauté.

Mais ces visites, la présence d’Agniers en Nouvelle-France, conduisent à des frictions. Les Iroquois sont parfois insolents ; l’un d’eux s’écrie : « Je voulais tuer des Algonquins, mais Onontio a arrêté ma colère… »[16]. Des bravades pareilles excitent les esprits. Un algonquin riposte un jour de la façon suivante : « … Il n’y a pas longtemps que l’ombre des Algonquins vous faisait peur, vous les méprisez maintenant, pour ce que leurs péchés les ont exterminés »[17].

Le huit janvier 1646, un Huron arrive à Québec ; il apporte les lettres de Montréal, de Richelieu, des Trois-Rivières. Les Agniers qui étaient demeurés en ce dernier endroit, sont maintenant repartis, dit-il ; un Algonquin ivre les a poursuivis : « … On n’avait pu empêcher que l’ivrogne ne donnât un coup de bâton à un Agnier qui s’en plaignit encore en partant »[18]. Les Algonquins avaient proposé d’user de force pour retenir ces gens ; à leur avis, ils étaient des otages précieux tant que Couture et ses compagnons ne seraient pas revenus. Mais les Jésuites n’avaient pas été du même avis ; ils avaient soutenu que ces Agniers étaient libres, et que le traité de paix ne paraissait pas rompu. Un Agnier est cependant demeuré aux Trois-Rivières.

Mais ce Huron raconte aussi une bien autre histoire. Il a accompagné pendant une partie du trajet les trois ou quatre Agniers qui ont quitté les Trois-Rivières. Et, dans un moment de confiance, ceux-ci « lui dirent le secret de leur pays savoir, qu’on n’y voulait point de paix avec les Atichasata (les Algonquins) »[19], mais seulement avec les Hurons et les Français ; ils ajoutent encore que « les Français y avaient consenti, et qu’ensuite on n’attendait plus que l’occasion d’exterminer les Atichasata, et que 300 Agnierspourraient bien venir à la mi-février pour l’exécution de ce dessein ». Ces Iroquois révèlent ainsi l’existence de la clause secrète, et même l’avantage que leurs compatriotes veulent en tirer, projet qu’ils ne mettront pas à exécution maintenant, mais qui n’attendra pas longtemps.

Ce Huron quitte les Agniers au fort Richelieu ; il se rend à Montréal où il avertit un chef de sa nation ; il revient aux Trois-Rivières avec ce dernier qui le charge d’aller à Québec pour avertir Atironta, un autre chef. Il arrive maintenant avec les lettres, et il se met tout de suite à la recherche d’Atironta qui hiverne à Québec et loge à l’hôpital.

Ces rumeurs se répandent partout. Le gouverneur des Trois-Rivières les apprend. Il interroge l’Agnier qui n’a pas quitté le poste. Il apprend ainsi que la nouvelle est exacte et que le traité de paix de 1645 ne s’applique pas aux Algonquins païens. Après avoir entendu ces déclarations sensationnelles, il croit nécessaire de rassembler le conseil, des Algonquins, pour les leur communiquer « afin qu’ils prissent garde à leurs affaires »[20]. Et le père Jérôme Lalemant qui raconte l’incident dans le journal des jésuites, ajoute la réflexion suivante : « … Ce qui était admirable là-dedans était que nos PP. ne nous mandaient rien de tout cela. Mais le plus considérable était qu’erat fundamentum in re… ». Continuant en latin, il rédige un bref récit et un résumé de la clause secrète.

Atironta, le grand chef huron, juge la nouvelle si importante, qu’il part de Québec le 16 janvier 1646 pour se rendre aux Trois-Rivières, avec une couple de ses compatriotes. Un Agnier qui est dans le même moment à Québec, demande la permission de retourner en son pays avec l’Agnier des Trois-Rivières ; L’un et l’autre devinent qu’ils ne sont plus en sûreté dans la Nouvelle-France. On la lui accorde. Et le père De Quen, qui habite Sillery, donne avis que les Algonquins de Sillery pourraient bien faire un mauvais parti à l’Iroquois au passage. Le Gouverneur doit canceller la permission. L’Agnier demeure au magasin de la compagnie.

Le 23 janvier, Pierre Boucher arrive des Trois-Rivières avec Toupin, son beau-frère, et l’Agnier des Trois-Rivières. Ce dernier veut retourner en son pays avec l’Agnier de Québec. Les trois voyageurs apportent des lettres, qui disaient « que tout ce qu’avait dit le Huron Tandihetsi était faux, au moins pour la plupart »[21]. Quatre jours plus tard Atironta revient à son tour. Il croit aussi que la nouvelle était fausse : « Le conseil pour lequel il était allé aboutit à rien ; chacun niait avoir été auteur des bruits, et en rejetait la faute sur son compagnon »[22].

En un mot, l’existence de la clause secrète paraît maintenant douteuse à la foule. Ceux qui savent se tiennent cois. D’autres nient la nouvelle. Mais ces dénégations ne rendront pas aux Algonquins la quiétude parfaite qu’ils ont perdue. Déjà défiants et réticents durant les conseils de 1645, ils sont vivement alarmés par les derniers incidents. C’est qu’ils connaissent bien, eux, leurs ennemis invétérés et qu’ils ne croient pas que la réconciliation soit sincère. Ils se sentent obscurément menacés. Enfin, les deux Agniers partent le trois février pour l’Iroquoisie : « Ils faisaient état de s’en retourner aux Trois-Rivières ; mais on se doutait qu’ils dussent passer outre : il y avait longtemps qu’ils faisaient instance pour s’en retourner ; on eut bien de la peine de les arrêter jusques à ce jour, qu’ils partirent bien ajustés de tout. L’un et l’autre firent les endiablés pour se faire donner leur congé, l’un aux Trois-Rivières, l’autre ici »[23].

Le traité de l’an précédent paraît donc bien mal en point. Mais trois semaines plus tard, sept Agniers députés par leur tribu, se présentent à Montréal avec Guillaume Couture et deux Hurons. C’est le retour de l’ambassade qui n’avait pu revenir l’automne précédent.

Les visiteurs se rendent aux Trois-Rivières. Deux messagers partent immédiatement de ce poste pour avertir le Gouverneur-général ; ils y arrivent le dix mars avec la nouvelle que les étrangers apportent de nouveaux présents pour confirmer la paix et qu’ils désapprouvent les meurtres commis à Sillery par leurs alliés, les Sokokis. Comme il faut du temps pour assembler les conseils, les ambassadeurs iroquois partent pour la chasse avec diverses bandes algonquines. Des semaines s’écoulent. Couture se rend à Québec le 24 avril. Il rapporte qu’au cours d’un grand festin, les Agniers lui ont donné le nom d’Achirra, que portait Nicolet. Il rend compte de sa mission et des dispositions des Agniers. Deux jours plus tard, le vingt-six avril, les Jésuites tiennent une consulte. Le père Jérôme Lalemant, supérieur, les pères Barthélémy Vimont, De Quen. Dandemare, Pijart, y sont présents. Ils discutent la question d’envoyer le père Isaac Jogues en Iroquoisie. Tous approuvent le plan.

Le trente avril, un brigantin et deux chaloupes quittent Québec pour les Trois-Rivières. Le Gouverneur et les missionnaires se rendent aux conseils. Ils arrivent à destination le cinq mai et le sept, les pourparlers commencent.

Les Iroquois parlent les premiers. Ils évoquent le souvenir des meurtres commis à Sillery. Ils ont bien pensé que les soupçons se porteraient tout de suite sur eux. Ils remercient Onontio d’avoir arrêté le bras des Algonquins. Et ils offrent un présent aux parents des victimes, ajoutant « que tous les capitaines du pays avaient condamné cet attentat »[24]. En second lieu, ils offrent leurs sympathies et un présent pour la mort du père Anne de Noue qui vient d’attrister la Nouvelle-France. Puis ils énumèrent les colliers de grains de nacre offerts à l’arrivée de Couture en Iroquoisie, et qui, d’après l’expression de Marie de l’incarnation, se terminaient tous à la « confirmation de la paix ». D’après la Relation de 1646, « ils firent quelques autres présents aux Hurons, pour leur tonner avis de se tenir sur leurs gardes, dans les chemins, jusques à ce que les hauts Iroquois, les Onnontagués, les Tsonnontouans et quelques autres eussent les oreilles percées, c’est-à-dire ouvertes à la douceur de la paix »[25]. Enfin, ils offrent une bande de trois brasses de grains de nacre pour allumer aux Trois-Rivières un feu de conseil permanent, et un autre collier de 3 000 grains pour alimenter ce feu. « Les sauvages, disent à ce sujet les Relations, ne font quasi aucune assemblée que le calumet avec le pétun en la bouche, et comme le feu est nécessaire pour prendre le tabac, ils en allument quasi toujours en toutes leurs assemblées, si bien que c’est une même chose chez eux, allumer un feu du conseil ou tenir une place propre pour s’assembler, ou une maison pour s’entre visiter, comme font les parents et les amis »[26].

Deux jours plus tard, soit le neuf, un second conseil a lieu. Français, Algonquins, Hurons, Iroquois sont encore présents. Guillaume Couture est cette fois l’orateur des Français et l’interprète de Montmagny. Par un premier présent il remercie les Iroquois, d’avoir observé la paix ; et par le second, il veut « témoigner le contentement qu’il recevait, voyant la terre aplanie et la hache levée et éloignée des têtes des Hurons et des Algonquins : car pour les Français, leur paix fut faite dès la première entrevue »[27]. D’après ces paroles, Montmagny tire des événements la conclusion suivante : la paix a été conclue entre Français et Agniers aux premières entrevues des Trois-Rivières en 1645 ; la paix a été conclue entre Agniers, Algonquins et Hurons aux seconds conseils qui ont eu lieu dans les bourgades des Agniers en octobre 1645. La clause secrète relative aux Algonquins n’a plus de valeur et ne s’applique plus parce que, Algonquins et Agniers ont conclu directement, sans intermédiaires, un traité de paix en Iroquoisie. Cette dernière conclusion paraît sûre. Cependant, les Français ne se portent pas garants de ce second traité, et les Iroquois savent que par la clause secrète, les Français leur ont abandonné les Algonquins païens.

Montmagny dit encore, par la bouche de Couture, qu’il tiendra toujours allumé aux Trois-Rivieies un feu de conseil ; qu’il desire la libération du petit français toujours prisonnier et de la petite Thérèse. Les Ursulines s’attristent à la pensée de leur pauvre élève éloignée de tous secours religieux. Elles n’ont rien épargné pour lui procurer la liberté. Montmagny ne perd « aucune occasion de la tirer de cet esclavage, et d’y contribuer de tout son pouvoir »[28].

Tessouat ou Le Borgne de l’Isle parle tout de suite après Couture. Il est le chef des Algonquins de l’Île des Allumettes. Il est, comme disent les Relations, un « homme défiant et soupçonneux au possible », il « avait peur que les Français ne fissent leur paix en particulier, sans se mettre en peine des Sauvages leurs alliés »[29]. Il a vraisemblablement écouté et pesé toutes les rumeurs relatives à la clause secrète, il parait assez convaincu qu’elle existe et que les Algonquins sont menacés. Mais en face des dénégations, il ne peut aborder le sujet directement. Il commence donc sa harangue par « une chanson assez lugubre ». Il prie le soleil d’éclairer la sincérité des cœurs et des intentions ; « la rupture de la paix ne proviendrait point de son côté » ; il présente deux robes de peaux d’orignaux, « ajoutant qu’il avait quelque défiance des Agniers, qu’il voulait bannir par ce présent »[30] ; enfin le troisième présent contenait « une humble prière à Onontio à ce qu’il ne marchât point tout seul en assurance dans les chemins qu’il avait aplanis et frayés, mais que ce bonheur fut aussi commun aux Algonquins et aux Hurons… ». Enfin il redoute l’abandon, non seulement pour sa propre tribu, mais encore pour tous les Algonquins et tous les Hurons. Et d’autant plus facilement qu’il est chef d’un clan qui ne penche pas vers la conversion et qui est rempli de superbe et de perversité.

Après cette saillie qui plait bien peu aux Français, il ajoute que ses compatriotes ont abandonné la hache de guerre et qu’ils ne molesteront pas les Agniers qui viendront aux postes français. Un peu communiste avant la lettre, il demande « que la chasse fut libre partout, que les bornes et les limites de toutes ces grandes contrées fussent levées, et qu’un chacun se trouvât partout dans son pays »[31]. Il est ainsi prêt à accorder aux Agniers des droits de chasse précieux dans les territoires algonquins. Enfin, par un dernier présent, il demande la libération des Algonquins prisonniers.

Kiotsaton répond en peu de mots. Il remercie les Hurons pour n’avoir infligé aucun mauvais traitement aux Agniers qu’ils ont capturés en 1645 ; pourquoi ne les ont-ils pas remis aux autres tribus iroquoises afin de les disposer à « entrer dans une paix universelle, qu’avec le temps on pourrait obtenir ce bonheur, mais qu’ils se devaient encore défier d’eux sur leurs chemins »[32]. Enfin, il annonce que des ambassadeurs agniers se rendront sous peu en Huronie.

Le treize mai, le Gouverneur tient un autre conseil dans la cabane d’un capitaine algonquin. Il annonce que deux Français iront en Iroquoisie, et il donne permission aux ambassadeurs agniers de partir dans trois jours. Les Algonquins enverront également deux députés qui prendront part aux nouveaux colloques.

Ainsi se terminent ces nouvelles négociations. Elles sont en apparence un acheminement lent vers une paix plus complète. Les Agniers persévèrent dans les mêmes dispositions. Ils semblent satisfaits des privilèges qu’ils ont obtenus de chasser sans inquiétude dans la zone libre et dans les territoires algonquins. Leur dessein d’entretenir des relations amicales avec Français, Algonquins, Hurons se confirme nettement. Ils avouent candidement d’autre part que les autres tribus ne partagent pas encore pleinement leurs idées. De plus, ils ne libèrent pas le petit Français, ni la petite Thérèse, ni les prisonniers algonquins et hurons. Sur ce dernier point, leurs promesses nettes demeurent vaines. Les gardent-ils comme otages ? Ont-ils formé le projet d’exiger d’autres concessions ? Le 16 mai 1646, Jean Bourdon et le père Jogues quittent les Trois-Rivières en compagnie des quatre ambassadeurs iroquois. Ils ont charge de confirmer encore la paix en Iroquoisie et d’exprimer la satisfaction des Français.


(1645)

Les Hurons profitent assez peu de l’accalmie. Si les Agniers ont abandonné la lutte, les autres tribus iroquoises continuent à les harceler. Dès le printemps 1645, par exemple, un parti iroquois s’approche inaperçu de la Huronie. Aucun espion, aucun éclaireur n’en a décelé l’avance. Sous le couvert d’une nuit obscure et de la forêt, il s’approche d’une bourgade sise près de la frontière. Il se met à l’affût. L’aube vient. Des huronnes sortent de l’enceinte de palis, se répandent dans les champs, se mettent au travail. Soudain, les Iroquois sortent de leur abri, s’abattent sur les victimes, les enlèvent avec une telle rapidité que la population n’a pas le temps d’esquisser un geste pour les protéger. Deux cents guerriers se rassemblent vite, ils poursuivent ces maraudeurs. Mais ils ne peuvent suivre les pistes et ils reviennent bredouilles.

Vers la fin de la même année, un parti huron se rend en Iroquoisie pour la petite guerre. Il rencontre une bande iroquoise qui s’en venait en Huronie. Les Hurons attaquent avec détermination l’ennemi qui s’est retranché dans un fortin où il a passé la nuit. La victoire est à demi gagnée quand les Iroquois demandent à parlementer. Ceux-ci affirment, malgré toutes les apparences, qu’ils n’ont d’autre désir que celui de conclure la paix. Et pour preuve de la sincérité de leurs intentions, ils déposent leurs arquebuses, et ils les lient en faisceaux. Ils exhibent des bandes de grains de nacre qui symbolisent leur désir d’entrer dans des négociations. Ils offrent généreusement des orignaux, des ours, des chevreuils entiers qu’ils ont tués à la chasse. Ils invitent les notables hurons à un conseil. Ils distribuent enfin du pétun avec des phrases mielleuses.

Le conseil s’ouvre. Pendant les débats, un iroquois se met à l’œuvre. Il a demeuré longtemps chez les Hurons comme prisonnier ; ses compatriotes ont pu le libérer au cours d’une attaque. Et maintenant, il se glisse parmi les guerriers hurons. Il en trouve un bon nombre qui sont mécontents de n’avoir pas été appelés au conseil. Pour exciter leur jalousie, il leur laisse entendre que leurs capitaines sont justement en train de les trahir pour de beaux cadeaux. Aux incrédules, il offre des présents pour les corrompre. Enfin, il agit avec tant d’habileté, de ruse, que des groupes importants de Hurons quittent le parti et que les autres ont peur. Soudainement, les Iroquois se lancent à l’attaque ; ayant repris tout leur sang-froid, ils changent une défaite probable en une victoire certaine. Nombre de Hurons trouvent le salut dans la fuite, mais les autres sont massacrés ou demeurent captifs entre les mains de l’ennemi.

La petite guerre se poursuit activement. « Nos Hurons…, disent les Relations, à leur tour, ont eu du succès en leurs armes, ont mis en fuite l’ennemi, en ont remporté des dépouilles et quelque nombre de captifs, qui ont servi de victimes à leurs flammes et aux feux de joie qu’ils en ont fait, avec les cruautés ordinaires à ces peuples »[33]. Parmi les convertis de Huronie, les jésuites mentionnent aussi « quantité de captifs iroquois que nous avons baptisés au moment de leur mort… »[34]. Enfin, comme d’habitude, il faut signaler la moisson ordinaire des meurtres commis ici et là, à l’écart, par des Iroquois en maraude. Somme toute les succès sont partagés. Ni les uns, ni les autres ne remportent de grands succès.

Comme au temps de la guerre de Troie, quelques actions d’héroïsme s’accomplissent. Recevant avis qu’un parti iroquois vient attaquer la bourgade Saint-Joseph, de jeunes guerriers montent la garde toute la nuit, dans les galeries, au haut des palissades. Ils chantent à tue-tête, la forêt retentit de leurs clameurs. Mais au matin, leur ardeur se calme en même temps que leur vigilance. Tous ces cris ont attiré des Iroquois qui rôdent dans les alentours.

L’un d’eux grimpe à la galerie comme un écureuil, il trouve deux Hurons endormis ; il fend la tête à l’un d’un coup de hache, il précipite à bas le second et ses compagnons le scalpent. Puis tous déguerpissent si vite qu’on ne retrouve pas leurs traces.

Trois Hurons décident de venger cet affront. Après une marche de vingt jours, ils atteignent Sonnontouan, le bourg le plus peuplé de la tribu du même nom. Ils y pénètrent. Toutes les cabanes abritant de huit à dix ménages sont fermées. Ils pratiquent une ouverture dans le mur d’écorce de l’une d’elles. C’est le milieu de la nuit. Ils rallument tous les feux de l’allée centrale. Quand la pleine lumière régne, chacun des trois héros choisit son homme, l’assomme, le scalpe. Ils mettent ensuite le feu à la cabane. Pendant la panique qui saisit la bourgade, ils s’échappent avec tant d’adresse que neuf cents guerriers qui les poursuivent immédiatement, ne réussissent pas à les capturer. Et ce seul fait montre combien, dans ces immenses forêts, il était facile d’exécuter des surprises et de se dérober ensuite.

Cette guerre produit maintenant quelques spectacles nouveaux : un Huron converti harangue ses compatriotes prisonniers, en faveur de la foi, pendant que l’un d’entre eux subit le supplice. Une veuve facilite le baptême d’un captif. Au fond se continue la lutte âpre et sourde entre les Hurons chrétiens et les Hurons païens ; elle aboutit parfois aux pires extrémités ; par haine religieuse certains Hurons trahiront leurs compatriotes et les Français.

Quelques uns se lassent de ces dangers continuels. Ils cherchent activement des refuges pour vivre dans la tranquillité. À l’automne 1645, par exemple, le père de Brébeuf fait un voyage de cinq à six jours ; il atteint un lieu nommé Tangousen « où quelques cabanes de Hurons se sont réfugiées pour y vivre plus à couvert des incursions des Iroquois : car c’est un pays écarté et entouré de tous côtés de lacs, d’étangs et de rivières, qui font ce lieu inaccessible à l’ennemi »[35].


(1646)

Le 18 mai, Jean Bourdon et le père Isaac Jogues quittent le fort Richelieu en compagnie des quatre ambassadeurs iroquois. Pour le jésuite, c’est retourner au lieu où il a subi d’atroces tortures. Cependant « il fût plutôt prêt qu’on ne lui eût fait la proposition. » Les Algonquins lui conseillent de ne pas parler de religion au début, car c’est un sujet rebutant. Quelques uns d’entre eux sont du voyage et portent une cargaison de présents.

En passant, le missionnaire baptise le lac Saint-Sacrement. Le quatre juin, les voyageurs arrivent à Fort Orange où habite Arent van Corlaer que le jésuite veut remercier pour avoir favorisé son évasion. Il y reçoit un accueil cordial. Le six juin, il est à Ossernenon, bourg qui a été témoin d’une partie de son supplice. Mais dans l’intervalle, le premier juin, comme le groupe était à la recherche de porteurs, il rencontre parmi des pêcheurs iroquois, la petite Thérèse de Marie de l’incarnation : « Le père lui parla en particulier, l’interrogea, l’instruisit et l’exhorta à prendre courage, le temps de sa délivrance étant venu, parce qu’il portait sa rançon que nous envoyions à cet effet…, on était obligé de nous la rendre par le traité de paix ». Thérèse avait conservé la foi, « elle priait Dieu tous les jours…, elle serait ravie de retourner avec nous… »[36].

Le père Jogues reçoit une excellente réception. Pendant deux jours, la foule se presse autour de lui ; « ceux qui avaient autrefois maltraité le père n’en faisaient plus aucun semblant ». Le grand conseil a lieu le 10 juin. Sachems et capitaines sont présents. Dans le silence qui se fait le missionnaire parle à titre d’orateur des Français. Il explique les présents qu’il apporte de la part de Montmagny : une bande de cinq mille grains de nacre demande la libération du français, une autre de même quantité, la libération de la petite Thérèse ; le clan du Loup en reçoit un de 3,000 grains pour tenir allumé un feu de conseil pour les Français. Puis le père Jogues parle pour les Algonquins qui ne connaissent pas la langue iroquoise et qui ont dû abandonner en route quatorze de leurs vingt quatre robes d’orignaux parce qu’ils n’ont pas trouvé de porteurs.

Les Agniers sont satisfaits. Ils veulent bien libérer le jeune français. Quant à Thérèse, « mariée depuis sa captivité »[37], ils promettent de la renvoyer prochainement. Mais elle ne reviendra pas assez tôt d’une expédition de pêche : les Français seront repartis.

Tout à coup, le missionnaire distingue dans l’assemblée un groupe d’Onnontagues. Il leur présente aussitôt un collier de 2,000 grains de nacre « pour leur faire entendre le dessein qu’avaient les Français de les aller voir en leur pays, et que par avance il leur faisait ce présent, afin qu’ils ne fussent point surpris à la vue de leurs visages »[38]. Pour s’y rendre, les Français peuvent suivre la route du Saint-Laurent jusqu’au lac Ontario, celle qui passe par le pays des Hurons ou celle qui passe par le pays des Agniers. Les sachems agniers disent qu’un seul chemin est sûr, celui qui passe par leur pays, les autres présenteraient trop de dangers, disent-ils. « … On n’y rencontre que des gens de guerre, des hommes peints et figures par le visage, des masses et des haches d’armes qui ne demandent qu’à tuer… »[39]. En un mot, les autres tribus iroquoises envoient des partis de guerre en ces quartiers. Le père Jogues donne quand même son présent, les Onnontagués promettent de le remettre aux sachems de leur tribu.

Le bref rapport fournit peu de détails sur les délibérations ou sur l’état des esprits. On sait cependant que le missionnaire consacre une partie de son temps à des travaux apostoliques. Il assemble des chrétiens il les instruit, il administre les sacrements, il visite les malades, il baptise quelques mourants. Dès ce moment il est décidé à revenir ; il communique son intention de laisser sur place, un petit coffre qu’il avait apporté ; les Iroquois « s’imaginaient que quelque malheur funeste à tout le pays était renfermé dans cette cassette : le Père, pour les désabuser, l’ouvrit et leur fit voir qu’il ne contenait autre mystère que quelques petits besoins dont il pourrait avoir affaire »[40].

Un incident étrange se produit aux derniers moments. Les Agniers pressent le départ des Français. Ils affirment qu’un parti d’Iroquois supérieurs a déjà quitté le pays pour se poster sur le passage du convoi de pelleteries qui doit, cette année aussi, se rendre en Nouvelle-France. Après l’avoir pillé, il descendrait jusquà Montréal ; il se rendrait ensuite au fort Richelieu, et reviendrait en son pays par la rivière du même nom. Les Agniers ajoutent encore que le sort des Français ne leur inspire pas de crainte, mais bien celui des deux Algonquins qui les accompagnent. Le père Jogues donne une réponse très franche. Il s’étonne que les Iroquois supérieurs puissent circuler librement dans le territoire des Agniers. Pourquoi ceux-ci leur donnent-ils cette permission ? Car Onneyouts, Onnontagués, Goyogouins et Tsonnontouans descendraient « les sauts et les chutes d’eau qui étaient du ressort et dans les marches des Agniers »[41]. Ceux-ci répondent qu’ils leur ont donné avis des négociations en cours. « Quoi donc, fit le père, méprisent-ils votre parole ? ne voyez-vous pas qu’on vous imputera tous les désordres qu’ils pourraient commettre ? Ils ouvrirent les yeux à cette raison et promirent d’y apporter un remède efficace. »

Chargés comme des mulets, Jean Bourdon, le père Jogues, les deux Algonquins quittent l’Iroquoisie le seize juin par le sentier de forêt. Au lac Saint-Sacrement, ils se construisent des canots ; et le 27 juin, soit onze jours plus tard, ils abordent au fort Richelieu. Le père Jogues revient avec la conviction qu’il faut ouvrir une mission le plus tôt possible dans le pays des Agniers. Lui et ses confrères crient au miracle : « Car il n’y a point d’industrie ni de puissance humaine qui ait pu changer la face des affaires si soudainement, et nous tirer du dernier désespoir où nous étions réduits ; il n’y a ni présents ni éloquence qui ait pu convertir en si peu de temps des cœurs enragés depuis tant d’années… »[42].

Le 3 juillet 1646, le père Jogues est à Québec. Six jours plus tard, le père Jérôme Lalemant appelle en consultation les pères Paul Le Jeune, et Barthélémy Vimont, tous deux anciens supérieurs, et le père Jogues lui-même, au sujet du « retour aux Iroquois du P. Jogues… »[43]. Ce dernier donne sans aucun doute des renseignements particuliers. Et alors « il fut conclu que si autre chose n’arrivait, il n’y irait point hiverner, et se tiendrait à Montréal ou aux Trois-Rivières ; que si quelque occasion belle se présentait d’y aller, il ne la fallait pas refuser »[44]. En un mot, les missionnaires décident de fonder la mission si le moindre hasard favorise le projet.

En confrontant le journal avec les relations, on en arrive vite à la conclusion que le père Jogues est plus enthousiaste que ses confrères. Son dessein est bien formé tandis que les autres hésitent. Leur réticence indique assez qu’ils ne jugent pas l’occasion favorable. Le père Jogues monte à Montréal.


FIN

  1. RDJ 1646-4.
  2. Idem, 1646-4.
  3. Idem, 1646-4.
  4. Idem, 1646-5
  5. Idem, 1646-5
  6. Journal des Jésuites, p. 5
  7. RDJ, 1646-5
  8. Journal des Jésuites, p. 14
  9. Dollier de Casson, Histoire du Montréal, p. 59
  10. Idem, p. 59
  11. RDJ, 1646-6
  12. Idem, 1646-34
  13. Idem, 1646-4
  14. Idem, 1645-32
  15. Idem, 1646-35
  16. Idem, 1646-35
  17. Idem, 1646-44
  18. Journal des Jésuites, p. 26
  19. Idem, p. 27
  20. Idem, p. 27
  21. Idem, p. 30
  22. Idem, p. 30
  23. Idem, p. 31-2
  24. RDJ, 1646-6
  25. Idem, 1646-7
  26. Idem, p. 1646-7
  27. Idem, 1646-7
  28. Idem, p. 1646-7
  29. Idem, 1646-8
  30. Idem, 1646-7
  31. Idem, 1646-8
  32. Idem, 1646-8
  33. Idem, 1646-55
  34. Idem, 1646-76
  35. Idem, 1646-76
  36. Marie de l’incarnation, Écrits spirituels et historiques, v. 4, p. 158
  37. RDJ, 1646-16
  38. RDJ, 1646-16
  39. Idem, 1646-16
  40. Idem, 1646-16
  41. Idem, 1646-17
  42. Idem, 1646-17
  43. Journal des Jésuites, p. 58
  44. Idem, p. 58