Jésus-Christ d’après Mahomet/I

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CHAPITRE I.

LES ÉLÉMENTS CHRÉTIENS EN ARABIE JUSQU’À LA
FIN DU VIÈME SIÈCLE DE L’ÈRE CHRÉTIENNE.

Avant de chercher quels sont les éléments du christianisme que Mahomet a connus, il est nécessaire de chercher quels sont les éléments du christianisme qu’il a pu connaître, en d’autres termes quelle était la situation du christianisme en Arabie avant sa prétendue mission prophétique avant même les méditations, les voyages, les entretiens de sa jeunesse qui purent l’y préparer. Par la situation du christianisme nous entendons autre chose encore que la statistique, les revers ou les succès extérieurs de cette religion à l’état complet et officiel ; nous entendons aussi par là les infiltrations obscures de quelques idées chrétiennes, gâtées et difficiles à reconnaître, dans l’esprit de ceux qui n’étaient pas chrétiens : analyse souvent difficile, mais de la plus haute importance pour notre sujet, et qui produira peu à peu ses résultats d’un bout à l’autre du présent travail. Dans le tableau général que nous allons tracer, nous ne ferons qu’indiquer, en passant, les questions scripturaires et dogmatiques sur lesquelles reviendront les chapitres suivants.

Nous devons, avant tout, distinguer trois Arabies très-différentes, et dont la troisième seulement a eu un développement véritablement national : l’Arabie du Nord ; l’Arabie du Sud ; l’Arabie intermédiaire, c’est-à-dire le Nedjed, et le Hedjâz avec la Mecque, son centre religieux. Cette dernière a été la patrie de Mahomet, elle est donc la plus essentielle à étudier ; toutefois les courses rapides, le commerce, les guerres même de tribu à tribu amenaient des rapprochements d’idées, et contrebalançaient les résultats d’un manque complet de centralisation politique. L’Arabie Pétrée et l’Arabie Heureuse, comme on les a longtemps appelées en Europe, ont dû exercer, et ont exercé en effet, une influence religieuse assez directe sur l’Arabie vraiment arabe qui a donné naissance au Prophète, et qui déjà avant lui possédait le sanctuaire vénéré de la Kaaba. Nous devons donc nous occuper d’abord de l’extrémité septentrionale et de l’extrémité méridionale de la Péninsule, et ce que nous en aurons dit s’appliquera en grande partie à ce que nous dirons en terminant du milieu natal de Mahomet.

La Nabathée, le Hauran, les autres contrées du Nord étaient bien l’une des régions du monde que traversaient le plus grand nombre de courants religieux. Elles étaient comme le rendez-vous ou le carrefour de l’Égypte de la Syrie et de la Perse, des trois pays dont étaient sorties non seulement les grandes religions, mais les principales sectes des grandes religions. Surtout depuis les grandes querelles christologiques de l’Empire d’Orient, et depuis les crises fréquentes de la religion de Zoroastre, l’Arabie du Nord était l’un des refuges des sectaires vaincus, exaltés et aigris. Les plus importants par le nombre et par l’influence étaient certainement les Nestoriens[1], qui de là faisaient pénétrer leurs idées dans le reste de l’Arabie : idées qui du reste n’offraient pas un corps de doctrine uniforme, car il y a eu, aux différentes époques du Nestorianisme, les Nestoriens modérés[2] qui se bornaient à séparer rigoureusement la nature humaine de la nature divine en Jésus-Christ et à repousser le titre de Θεοτόϰος donné à la Vierge Marie par le concile d’Éphèse ; et les Nestoriens décidés qui allaient jusqu’à dire que Jésus était né sans rien de divin et que ses seules vertus lui avaient valu plus tard une union toute morale avec le Verbe. N’importe, les idées nestoriennes flottaient pour ainsi dire en Arabie, remplies d’amertume et d’accusations contre l’orthodoxie officielle, et il était presque impossible qu’un Arabe, païen de naissance, ne fût pas sous le coup des impressions nestoriennes le jour où il voudrait se rendre compte du christianisme : c’est ce qui est arrivé à Mahomet. D’ailleurs les Nestoriens étaient les plus répandus et les plus actifs des hommes, leurs missionnaires reculaient les limites du monde connu, et leurs écoles prenaient possession des esprits dans tous les pays qui les accueillaient, tels que le royaume des Perses, comme plus tard leurs médecins et leurs érudits devaient prendre possession de la cour des Khalifes.

Une tendance toute contraire, celle des monophysites qui absorbaient l’humanité de Jésus dans sa divinité et arrivaient même à nier qu’il eût habité un corps semblable au nôtre, rayonnait également de la Syrie sur l’Arabie, surtout depuis qu’elle avait été rajeunie par le moine énergique Jacques Baradaï, et avait reçu le nom de jacobitisme[3]. Mais elle avait réussi surtout dans la vallée du Nil, et de là pénétré surtout dans l’Arabie du Sud et même du centre où nous retrouverons une de ses ramifications. Remarquons seulement dès maintenant que la tendance monophysite venait de produire peu de temps avant Mahomet, dans la seconde moitié du sixième siècle, une de ses plus singulières réactions, le trithéisme de Philoponus, dont quelque notion confuse a fort bien pu arriver jusqu’à la Mecque[4].

Antérieurement même à ces deux courants en sens inverse, Épiphane constate deux hérésies opposées sur la Vierge Marie, toutes deux parmi les chrétiens arabes. L’illustre évêque de Salamine, conformément aux idées dominantes vers la fin du quatrième siècle, regarde également comme hérétiques ceux qui vouent un culte à Marie et ceux qui nient sa virginité perpétuelle, les Collyridiennes et les Antidicomarianites[5]. Il faut bien dire les Collyridiennes, car c’est d’une hérésie féminine qu’il s’agit, de femmes arabes qui adorent la Vierge et lui offrent des gâteaux : de là leur nom. Tous ces détails forment une introduction indispensable à l’étude des notions chrétiennes de Mahomet.

Nous ne pouvons en dire autant du mouvement monothélite et du mouvement paulicien rénovateur du manichéisme, tous deux ayant commencé vers l’époque de la mort du prophète arabe ; mais ils ont beaucoup contribué aux rapides conquêtes de l’Islam en divisant et en affaiblissant l’Empire. Quant à l’Elkésaïsme et aux autres ramifications de l’Essénisme, venues aussi par l’Arabie du Nord, c’est dans le Hedjâz même qu’il y aura le plus de profit à les étudier.

Toutefois nous ne devons pas quitter encore la région septentrionale, foyer naturel du christianisme arabe. Il faut nous demander maintenant quels avaient été les rapports du christianisme et du paganisme dans cette contrée, depuis le jour où Saint Paul y était venu méditer après sa conversion de Damas, avant sa carrière d’apôtre et de missionnaire[6]. D’assez bonne heure la ville de Bostra devint un évêché, puis une métropole rayonnant sur de nombreux petits diocèses, et parfois le rendez-vous d’un synode, comme celui que présida Origène pour combattre des hérésies relatives à la mort et à la résurrection de l’âme[7]. Lorsque l’évêque Titus, auteur d’un commentaire sur Saint-Luc[8], fut chassé de Bostra par les persécutions de l’Empereur Julien, chrétiens et païens étaient déjà en nombre égal. Christianisme peut-être mêlé de paganisme sidéral, de sabéisme, dans les pratiques populaires, comme le mahométisme y est mêlé de christianisme aujourd’hui que les fidèles des deux religions viennent en pèlerinage à la chapelle de Saint-Georges ou de Sahwet-el-Khudr pour sacrifier un agneau sur le seuil de la porte. Les bigarrures de religions, de coutumes et de langues abondaient dans cette contrée, comme le prouvent les inscriptions découvertes par M. W. Waddington et par M. de Vogüé[9]. Malgré les progrès[10] dus aux exhortations et à l’exemple de Siméon le Stylite, malgré la conversion de plusieurs princes, le christianisme de l’Arabie du Nord n’était ni pur ni solidement établi.

L’Arabie heureuse, le Yemen possédait aussi, avant Mahomet et surtout dans les temps qui le précédèrent immédiatement, des éléments chrétiens considérables[11], qui ont exercé sur la formation de l’Islam des influences de plus d’une sorte. Ils y sont venus d’ailleurs de divers côtés, de la Syrie, de la cour de Byzance, de la vallée du Nil et notamment de cette Abyssinie, qui devait être un jour l’appui et le refuge de l’Islamisme naissant, se disant alors chrétien. Rien ne prouve que les premières missions du quatrième siècle, dirigées par Frumentius ou Théophile Indus aient obtenu de prompts et considérables succès[12], mais elles laisseront au moins des traces, et depuis l’année 500 environ, le christianisme du Yemen apparaît, même dans les souvenirs des Arabes, comme une vraie puissance religieuse. Le pays de Nadjran était devenu positivement chrétien, et plus solidement qu’aucune autre localité de l’Arabie, assez pour tenir tête, dans une discussion théologique, à Mahomet triomphant.

Le christianisme du Yemen eut d’ailleurs, dans le cours du sixième siècle, de terribles alternatives à subir, dans ses luttes moins encore contre le vieux sabéisme que contre le judaïsme parfois dominant et persécuteur. De cette histoire encombrée de détails suspects se dégagent néanmoins des faits importants : l’invasion des chrétiens d’Abyssinie en punition des cruautés du prince juif Dhou-Nowâs ; l’épiscopat, on pourrait presque dire le gouvernement, de Gregentius à Zafar[13] ; la tentative manquée des chrétiens contre la Mecque, à la veille de la naissance du prophète, et dans des circonstances qui devaient causer parmi les païens du Hedjâz une réaction défiante contre tout christianisme.

Sans essayer de préciser le caractère de ce christianisme, probablement un peu arien au début, quelque peu monophysite par la suite[14], et toujours assez mélangé au moins dans ses éléments populaires, passons au Hedjâz et à la Mecque, qui restent seuls à étudier, et dont à vrai dire nous nous sommes occupé, bien qu’indirectement, dans les pages qui précèdent. La cité de la Kaaba, centre d’un paganisme sidéral dont la Pierre Noire est restée le document indestructible, ne devait renfermer que fort peu de chrétiens proprement dits ; et ils ne devaient guère plus abonder dans le domaine des tribus autres que les Koréischites, et dans le plateau central du Nedjed, la patrie des poètes et du cheval noir. Seuls les Juifs étaient nombreux, surtout à Yatreb, la future Médine. Toutefois quelques notions chrétiennes, venues du Nord et du Sud et comme tamisées par le désert, avaient pénétré dans certains esprits.

Elles y avaient pénétré de deux manières différentes, que nous pourrions comparer, l’une au mélange superficiel, l’autre à la véritable combinaison chimique. D’une part on rencontre certains noms propres, certains propos populaires, certaines poésies qui dénotent une importation ou une juxtaposition d’idées chrétiennes. Ainsi un prince de la tribu des Djorhom qui eut les clefs de la Kaaba avant les Koréischites, s’appelait Abdelmacih, serviteur du Messie[15]. Ainsi nous savons par un historien arabe très-autorisé que la figure de Jésus et celle de la Vierge Marie étaient sculptées sur une colonne de la Kaaba[16]. Ainsi le Bédouin chantait, par une confusion naïve : « J’en jure par le sang des victimes qui coule en se ramifiant sur les hauts lieux consacrés à Ozza et à Nassr ; j’en jure par la prière que les cénobites adressent dans leur temple au cénobite des cénobites, le Macih fils de Mariam »[17]. Ainsi, chose plus importante comme valeur religieuse, les poètes Nabigha et Labyd employaient un langage non seulement monothéiste, mais en partie chrétien, en disant, l’un qu’il n’y a pas d’autre voie que Dieu, l’autre que Dieu conduit qui il veut dans les sentiers du bien et du mal, mais que Dieu est fidèle et que tout le blâme est pour l’homme.

C’étaient là des juxtapositions de coutumes ou d’idées chrétiennes. Il y avait d’autre part de véritables sectes, probablement peu nombreuses, mais importantes par leur influence sur des hommes tels que fut Mahomet. Excepté celle des Rakousiens, variété du monophysitisme quelque peu mêlée d’ébionitisme, qui venait sans doute par Nadjran de la vallée du Nil, toutes étaient des sectes judéo-chrétiennes de Syrie ayant revêtu en Arabie, par suite du caractère et des vieilles idées des habitants, une forme plus ou moins spéciale.

Il en est une, celle des Sabéens, que Mahomet a envisagée comme une religion à part, et monothéiste : « Ceux qui croient, et ceux qui suivent la religion juive, et les chrétiens, et les sabéens, en un mot quiconque croit en Dieu… »[18]. Qu’était-ce que ces Sabéens ? De nombreuses raisons, dont la principale était l’horreur de Mahomet pour l’idolâtrie, s’opposent à ce qu’on voie en eux les sectateurs du sabéisme. C’étaient probablement les descendants spirituels, plus ou moins méconnaissables, des Hémérobaptistes, de ces disciples de Jean qui en étaient restés au baptême du Précurseur et qui n’avaient qu’une idée très-incomplète du Christ[19].

L’influence capitale sur la naissance de l’Islam a été celle de trois dérivés de l’Essénisme, à savoir le Nazaréisme, l’Elkésaïsme[20] et le Hanyfisme[21].

Le judéo-christianisme nazaréen, qui se distinguait de l’ébionitisme proprement dit par une tendance judaïque plus modérée, et par la reconnaissance de la naissance miraculeuse du Christ, a été certainement la provenance principale des notions de Mahomet sur la vie de Jésus.

L’elkésaïsme, secte de même origine, et qui a développé avec des allures mystérieuses, au Sud de la Mer Morte, les doctrines des Homélies clémentines ; l’elkésaïsme, avec sa négligence systématique des épitres de Saint-Paul, avec son livre secret venu du ciel, avec son incorporation de l’Esprit de Dieu dans une série de prophètes depuis Adam jusqu’à Jésus, a dû être la provenance principale des opinions de Mahomet sur lui-même, sur l’Écriture et sur son Coran.

Enfin le hanyfisme[22] était tout récent et spécialement arabe : rameau venu de loin et qui avait perdu la conscience de son origine comme la connaissance du texte de la Bible ; monothéisme austère et nu, qui avait conservé pourtant des traditions populaires et des livres donnés jadis à Abraham : l’éducation de Mahomet et son déisme sont venus de là.



  1. V. sur les Nestoriens, sur leurs œuvres et sur leur immense diffusion dans les pays orientaux, la Bibliotheca orientalis d’Assemanni, Rome 1728 in fol. T. III, Pars Secunda, surtout p. 87 et s. et sur leurs écoles p. 934 et s. Cette immense compilation est du reste utile à consulter sur les diverses sectes de cette époque.
  2. Tendance à laquelle se rattachait précisément l’Évangile arabe de l’enfance. V. sur cette distinction Michel Nicolas, Études sur les évangiles apocryphes, Paris 1866, p. 349.
  3. Pour étudier toutes ces questions au point où elles étaient arrivées dans les sixième, septième, huitième siècles de notre ère, nulle source de renseignements n’est plus précieuse que les Œuvres de Saint Jean Damascène, l’infatigable controversiste qui a écrit contre toutes les hérésies, et contre l’islamisme considéré comme une hérésie. Elles ont été publiées par Lequien en 2 vol. in fol. Paris 1712. V. aussi Assemanni ; parmi les historiens ecclésiastiques, les § 68 et s. de l’Histoire des Dogmes de Gieseler ; et l’article sur Jean Damascène dans l’Encyclopédie Herzog.
  4. Leontii Byzantini De Sectis, Actio V, ch. 6. Nous y reviendrons dans notre cinquième chapitre.
  5. Divi Epiphanii contra octoginta haereses opus, Parisiis 1566. Ch. 78 sur les Antidicomarianitae, qui adversarii Mariae, et gloriam ejus extenuare volentes, […] et hominum mentes polluere volentes, ausi fuerunt dicere Sanctam Mariam, postquam Christum genuit, viro copulatam esse, ipsi inquam Joseph. — Ch. 79 sur les Collyridiennes : Adorantes Mariam, ipsi offerunt Collyridem sive placentam vanae istae mulieres […] Sit in honore Maria ; Pater et Filius et Spiritus Sanctus adoretur. Épiphane trouve également absurde que la femme soit l’objet, ou la prêtresse, d’un culte : muliebre enim genus lubricum est, erroneumque ac intellectu humili praeditum.
  6. V. la section V de l’utile ouvrage de Th. Wright, auquel nous renvoyons du reste pour la suite de ce chapitre : Early christianity in Arabia, London 1858. — Sur Saint-Paul Gal. I, 17.
  7. Eusebii Hist. Eccles. VI, 37.
  8. Ce commentaire se trouve dans le T. II de la Bibliotheca veterum Patrum, Paris 1624, in fol.
  9. V. la Syrie centrale : Inscriptions sémitiques du Comte Melchior de Vogüé, Paris 1869 in fol. p. 53, 55, 110 s., et les Inscriptions grecques et latines de la Syrie, par M. W. Waddington, Paris 1870 in fol., p. 461–479. Très curieux renseignements sur le paganisme du Nord de l’Arabie, paganisme sidéral comme dans le Sud et le Centre, mais comprenant aussi le culte de Dusarès, assimilé à Bacchus par Hésychius : en effet le pressoir figure sur ses médailles, et les pampres sont le principal ornement architectonique des temples en ruines de cette contrée. — V. aussi les articles Arabie de l’Encyclopédie Lichtenberger, par M. Ph. Berger.
  10. Caussin de Perceval, Essai sur l’histoire des Arabes avant l’Islamisme, Paris 1847, T. II, p. 47 s.
  11. Ibid. T. I, p. 107 s. — Wright, sect. III à VII.
  12. Nous écartons, avec tous les historiens modernes, la légende de l’apôtre Barthélemy, indiquée, très-peu explicitement d’ailleurs, dans Eusèbe V, 10. Un des princes himyarites, à la fin du troisième siècle, aurait été converti secrètement par un Syrien, mais sans résultat durable (Caussin de Perceval I, 107). Philostorge (Eccl. hist. III, 4), donne une haute idée de l’activité de Théophile, envoyé par Constance en 356 en mission à la fois religieuse, politique et commerciale, pour laquelle il fallut combattre le mauvais vouloir des Juifs. Legatio vero felicem exitum sortita est, cum princeps gentis illius sincero animo ad veram pietatem transiisset, et tres ecclesias in ea regione aedificasset, non tamen ex ea pecunia quam legati ab imperatore secum attulerant, verum ex iis sumptibus quos ipse alacri animo ex privata pecunia suppeditavit, admirandis Theophili operibus aequalem animi sui magnitudinem exhibere contendens. Ces trois églises, ajoute Philostorge, étaient l’une à Zafar, l’autre à Aden, la troisième à l’entrée du golfe Persique. Néanmoins Caussin de Perceval, s’appuyant sur le silence des historiens arabes, maintient contre Baronius qu’il faut reculer jusque vers l’an 500 les progrès sérieux du christianisme.
  13. Ses Homeritarum leges (lois des Himyarites) et sa très-suspecte et très-longue Disputatio cum Herbano Judaeo, se trouvent dans le T. LXXXVI de la Patrologie de Migne etc.
  14. Le nom de l’empereur Constance, arien décidé, ferait supposer que Théophilus partageait plus ou moins cette tendance, et les historiens de l’Église orientale le croient. Quant au monophysitisme ultérieur, autre extrême, il est vraisemblable au moins en ce qui concerne Koss, évêque de Nadjran pendant la jeunesse de Mahomet. V. le ch. I de l’ouvrage de Sprenger, ouvrage auquel nous ne cessons de renvoyer comme au plus important qui ait jamais été publié sur Mahomet.
  15. Caussin de Perceval, T. I, p. 198. La forme Macih vient directement de l’hébreu.
  16. El-Azraki, cité par Caussin de Perceval, ibid.
  17. Fresnel, Lettres sur l’Histoire des Arabes avant l’Islamisme, 1ère lettre, Paris 1836.
  18. Sourate II, v. 59. Nous employons pour le Coran la traduction de M. Kasimirski, nouv. éd. Paris 1877.
  19. Actes XVIII, 25. — L’assimilation des Sabéens aux Hémérobaptistes a été quelquefois niée.
  20. V. les articles de M. Réville dans l’Encyclopédie Lichtenberger.
  21. Il faut citer la définition de Sprenger, qui a mis en lumière l’importance de cette secte : « Die Hanyfe sind Essäer, welche fast alle Kenntniss der Bibel verloren, und weil sie somit allerlei fremden Einflüssen ausgesetzt waren, manche Wandelung durchgemacht hatten. Ihre Lehre, in den Oasen der Wüste erwachsen, enthält den reinsten Ausdruck des semitischen Geistes, und aus ihr ist der Islâm hervorgegangen » (T. I, p. 43).
  22. Hanyf ne répond pas à une racine arabe. Ce mot semble avoir signifié quelque chose comme païen ou mécréant, mais il finit par être pris en bonne part, comme le nom de gueux en Hollande.