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J’ay pour maistresse une estrange Gorgonne

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J’ay pour maistresse une estrange Gorgonne
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 87-88).

XXXV

J’ay pour maistresse une estrange Gorgonne,
Qui va passant les Anges en beauté :
C’est un vray Mars en dure cruauté,
En chasteté la fille de Latonne.
Quand je la voy, mille fois je m’estonne,
La larme à l’œil, ou que ma fermeté
Ne la flechit, ou que sa dureté
Ne me conduit d’où plus on ne retourne.

De la nature un cœur je n’ay receu,
Ainçois plustost pour se nourrir en feu
En lieu de luy j’ay une Salamandre :
Mon corps n’est point ny de terre ny d’eau,
Ny d’air leger : il est fait d’un flambeau,
Qui se consume, et n’est jamais en cendre.