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J’espère et crain, je me tais et supplie

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J’espère et crain, je me tais et supplie
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier1 (p. 12-13).

XII

J’espère et crain, je me tais et supplie,
Or’ je suis glace, et ores un feu chaut,
J’admire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.

Rien ne me plaist sinon ce qui m’ennuye :
Je suis vaillant, et le cœur me défaut,
J’ay l’espoir bas, j’ay le courage haut,
Je doute Amour, et si je le desfie.
Plus je me pique, et plus je suis rétif,
J’aime estre libre, et veux estre captif,
Mon mal prend fin, et soudain recommence.
Un Promethée en passions je suis :
J’ose, je veux, je souhaite, et ne puis.
Ainsi la Parque a filé ma naissance.