Jean Rivard, économiste/22
VI
visite à monsieur le curé — dissertations économiques.
M. Doucet était à la sacristie, occupé à faire un baptême. En l’attendant, Jean Rivard m’emmena faire un tour dans le jardin de son ami. Ce jardin s’étendait en arrière à l’ouest du presbytère, lequel semblait être ainsi au milieu des fleurs et des fruits. Le presbytère était une modeste maison en bois, à un seul étage, avec mansardes, mais assez spacieuse, et divisée commodément.
Un large perron s’étendait sur le devant, abrité du soleil et de la pluie par un prolongement de la toiture. Un petit parterre et des plantes grimpantes égayaient les abords de la maison.
Au bout d’un quart d’heure, monsieur le curé arriva, et nous accueillit avec la plus affectueuse cordialité. Il nous fit d’abord entrer dans une chambre modestement mais proprement meublée, qui lui servait de salon, puis bientôt nous passâmes dans une chambre plus petite qui lui servait de bibliothèque et de salle ordinaire de réunion. Je trouvai M. Doucet tel que me l’avait dépeint Jean Rivard, bon, poli, simple, aimable, sans prétention, ne paraissant se douter ni de ses vertus, ni du bien qu’il accomplissait autour de lui. Nous fûmes de suite sur le pied de la plus parfaite intimité. On eût dit que nous nous connaissions depuis vingt ans.
Nous parlâmes longtemps de Rivardville, de sa naissance, de ses progrès, de sa prospérité. J’exprimai à monsieur le curé combien j’étais enchanté de mon excursion. Ce qui me surprend, ajoutai-je, c’est que les cantons de l’Est n’attirent pas encore plus qu’ils ne font l’attention de nos compatriotes. Ils offrent, il faut l’avouer, des avantages de toutes sortes. Le sol y est fertile ; des voies faciles de communication les sillonnent en tous sens. Vous avez les plus beaux pouvoirs hydrauliques qu’il soit possible de désirer : puis voilà maintenant que des mines de diverses sortes s’exploitent en plusieurs endroits, ce qui ne peut manquer d’accroître encore l’industrie, l’activité et la richesse de ces belles et fertiles régions.
« Vous oubliez de mentionner, reprit le curé, un avantage que je considère, moi, comme supérieur à tous les autres, c’est la salubrité du climat. L’air de nos cantons est constamment pur et sain, grâce aux forêts qui couvrent encore une partie du territoire, et à l’absence de grands marécages. Aussi la vie dure-t-elle longtemps, et les vieillards de cent ans ne sont pas rares parmi nous. Les beautés naturelles de nos cantons sont égales sinon supérieures à celles de la Suisse ; nous avons une étonnante variété de lacs et de montagnes…
« Cet air pur de nos montagnes, ajouta Jean Rivard, et la salubrité générale de notre climat expliquent peut-être un fait qui semble d’abord assez étrange, mais qui n’en existe pas moins : c’est que la race canadienne transplantée ici s’améliore graduellement ; les hommes y deviennent plus hauts, plus forts, et les femmes s’y embellissent. Cette idée fait rire monsieur le curé, mais je voudrais que nous puissions vivre tous deux l’espace de deux ou trois générations, je serais certain de le convaincre.
— Vous oubliez une chose, dit le curé.
— C’est possible.
— La pêche et la chasse.
— C’est vrai ; mais je pouvais convenablement laisser cela à monsieur le curé qui, je crois, pèche beaucoup plus que moi. Il vous aurait dit que si nous voulons un poisson pour le vendredi, nous n’avons que le soin d’aller jeter une ligne sur le bord de la rivière, ou au milieu d’un des nombreux petits lacs du voisinage ; et que si nous avons fantaisie d’une tourtre ou d’une perdrix, nous n’avons qu’à nous acheminer, le fusil sur l’épaule, vers la lisière de la forêt. »
Au bout d’une heure, je me levai pour partir, mais monsieur le curé me fit rasseoir, et nous fit consentir de la manière la plus aimable, à prendre le thé avec lui.
Pendant le souper, la conversation prit une tournure tout-à-fait sérieuse et roula principalement sur ces mille et une questions si importantes, si intéressantes, qui se rattachent aux destinées de la patrie — sur les divers moyens d’accroître le bien-être du peuple, et de le rendre meilleur et plus heureux. Je pus me convaincre aussitôt que ces sujets si graves avaient été déjà plus d’une fois l’objet des délibérations des deux amis. Je ne tardai pas non plus à m’apercevoir que les opinions de monsieur le curé sur la plupart de ces grandes questions coïncidaient parfaitement avec celles de Jean Rivard.
De là à la politique proprement dite il n’y avait qu’un pas, et je tentai, à diverses reprises, d’amener monsieur le curé sur ce terrain glissant : mais ce fut sans succès. Les questions de personnes ou de parti qui semblent seules avoir l’effet de passionner certaines gens le trouvaient complètement indifférent. Tout ce qu’il déplorait c’était la coupable insouciance de nos législateurs pour ce qu’il appelait les intérêts fondamentaux du pays, l’éducation, l’agriculture et l’industrie. « On parle sans cesse de réformes politiques, disait-il, sans songer à poser les bases premières de ces réformes. On oublie qu’en construisant un édifice, ce n’est pas par le faîte qu’il le faut commencer. »
Sur ce que je faisais observer à monsieur le curé que l’état de l’agriculture dans la paroisse de Rivardville m’avait paru ne rien laisser à désirer :
« C’est vrai, répondit-il, mais vous ne sauriez croire tout ce qu’il nous a fallu d’efforts pour opérer les progrès que vous avez remarqués. Mon ami le maire de Rivardville, dit-il en regardant Jean Rivard, peut vous en dire quelque chose. Il vous suffirait d’ailleurs de visiter les paroisses voisines pour vous convaincre que ce progrès est loin d’être le même partout.
— Mais quel serait donc, suivant vous, le meilleur moyen de perfectionner l’agriculture ?
— Je ne crois pas qu’on parvienne jamais à lui donner une impulsion puissante sans l’établissement de fermes-modèles. Toute localité importante devrait avoir sa ferme-modèle, placée dans le voisinage de l’église, accessible, en tout temps et à tout le monde, ayant à sa tête une personne en état de fournir tous les renseignements demandés.
— Mais l’établissement d’un si grand nombre de fermes-modèles serait une charge énorme sur le budget de la province.
— Oui, c’est là, je le sais, le grand obstacle, l’obstacle insurmontable. Il est vrai qu’on ne recule pas devant cette grave difficulté, lorsqu’il s’agit de chemins de fer, de vaisseaux transatlantiques, d’édifices gigantesques pour les bureaux du gouvernement, et de mille autres choses d’une importance secondaire — on approprie alors, sans y regarder de près, des centaines, des milliers, des millions de piastres sous prétexte d’utilité publique ; — on ne s’effraye ni du gaspillage, ni des spéculations individuelles qui pourront résulter de ces énormes dépenses ; mais lorsqu’il s’agit de l’agriculture, cette mamelle de l’État, comme l’appelait un grand ministre, cette première des industries, comme disait Napoléon, la base, la source première de la richesse d’un pays, on tremble de se montrer généreux. Comment ne comprend-on pas que dans un jeune pays comme le nôtre, l’agriculture devrait être le principal objet de l’attention du législateur ? En supposant même pour un instant que le gouvernement se laissât aller à ce qui pourrait sembler une extravagance dans l’encouragement donné à l’agriculture et aux industries qui s’y rattachent, qu’en résulterait-il ? Aurions-nous à craindre une banqueroute ? Oh ! non, au contraire, une prospérité inouïe se révélerait tout-à-coup. Des centaines de jeunes gens qui végètent dans les professions, ou qui attendent leur vie du commerce, des industries des villes, des emplois publics, abandonneraient leurs projets pour se jeter avec courage dans cette carrière honorable. Et soyez sûr d’une chose : du moment que la classe instruite sera attirée vers l’agriculture, la face du pays sera changée.
— Je partage l’opinion de monsieur le curé, dit Jean Rivard ; je désirerais de tout mon cœur voir notre gouvernement commettre quelque énorme extravagance pour l’encouragement de l’agriculture. C’est la seule que je serais volontiers disposé à lui pardonner.
« Je sais ce qui vous fait sourire, ajouta monsieur le curé ; nos plans vous semblent chimériques. Vous vous représentez un gouvernement possesseur de deux ou trois cents fermes-modèles, et vous vous dites : quel embarras ! quelle dépense ! et comment un ministre, fut-il l’homme le plus actif et le plus habile, pourrait-il suffire à administrer tout cela ?
« J’admets que ce serait une œuvre colossale, et qu’elle exigerait des efforts extraordinaires. Mais les résultats répondraient à la grandeur du sacrifice. D’ailleurs les dépenses encourues pour cet objet ne devraient pas effrayer nos financiers puisqu’elles seraient ce qu’on appelle des dépenses reproductives, et qu’elles ne pourraient que contribuer à l’accroissement de la richesse générale. En outre, si l’on veut que nos immenses voies de transport et de communication remplissent le but pour lequel elles ont été établies, ne faut-il pas encourager la production par tous les moyens possibles ?
« Oui, encourager la production, surtout la production du sol, non par des demi-mesures, mais par des mesures larges, généreuses, puissantes, voilà ce qui stimulera le commerce et l’industrie, et fera du Canada un pays véritablement prospère. »
Il y avait dans le regard, l’accent, la voix de monsieur le curé un air de sincérité, de force et de conviction qui me frappa singulièrement et que je me rappelle encore.
« Mais ne pensez-vous pas, fis-je remarquer, que notre peuple se repose un peu trop sur le gouvernement pour le soin de ses intérêts matériels ?
« Oui, j’admets, répondit-il, qu’un de nos défauts, défaut que nous tenons peut-être de nos ancêtres, c’est de ne pas nous reposer assez sur nous-mêmes ; mais qu’on répande l’instruction parmi les masses, qu’on développe l’intelligence de toutes les classes de la population, et soyez sûr qu’elles marcheront bientôt seules, sans secours étranger.
« Oh ! l’éducation ! l’éducation ! Voilà encore un de ces mots magiques, un de ces mots qui renferment tout un monde d’idées ; mais ce qui frappe, ce qui semble incompréhensible, c’est l’indifférence de presque tous les hommes politiques pour cette cause sublime, pour cette grande réforme, la base de toutes les autres. Comment ne comprend-on pas que pour constituer un peuple fort et vigoureux, ayant toutes les conditions d’une puissante vitalité, il faut avant tout procurer à chaque individu le développement complet de ses facultés naturelles, et en particulier de son intelligence, cette intelligence qui gouverne le monde ? Comment ne comprend-on pas que les hommes éclairés dans tous les états de la vie, agriculteurs, négociants, industriels, administrateurs, sont ce qui constitue la force, la richesse et la gloire d’un pays ?
« Ils se trompent étrangement ceux qui croient que le prêtre voit avec indifférence les progrès matériels et les améliorations de la vie physique. Si nous ne désirons pas voir la richesse sociale accumulée entre les mains d’un petit nombre d’individus privilégiés, nous n’en faisons pas moins des vœux pour que l’aisance soit aussi étendue, aussi générale que possible, et pour que toutes nos ressources soient exploitées dans l’intérêt de la fortune publique. Nous comprenons tout ce que la richesse bien administrée, bien appliquée porte avec elle de force morale. En même temps que nous recommandons le bon emploi des biens que Dieu prodigue à certains de ses enfants, nous nous élevons avec force contre l’oisiveté, cette mère de tous les vices et la grande cause de la misère. Personne n’admire plus volontiers que nous les merveilles du travail et de l’industrie.
— Vous avez tout-à-l’heure prononcé le mot d’émigration : est-ce que la population de Rivardville se compose exclusivement de Canadiens-Français ?
— Non ; nous avons aussi plusieurs familles irlandaises. Toutes se distinguent par des habitudes industrieuses et par leur attachement inébranlable au culte catholique. Jusqu’à présent l’accord le plus parfait n’a cessé de régner entre elles et le reste des habitants. Il est vrai que je ne manque pas de leur répéter souvent la maxime de l’apôtre, « aimez-vous les uns les autres. » Car j’ai toujours considéré qu’un des plus beaux devoirs du prêtre c’est de s’efforcer de faire disparaître ces haines de race, ces préjugés nationaux, ces animosités sans fondement qui font tant de mal parmi les chrétiens ; c’est de travailler à faire de toutes ses ouailles une seule et même famille unie par les liens de l’amour et de la charité. Quand je vois arriver parmi nous de pauvres émigrés, venant demander à une terre étrangère le pain et le bonheur en échange de leur travail, je me sens pénétré de compassion, et je m’empresse de leur tendre une main sympathique : soyez les bienvenus, leur dis-je, il y a place pour nous tous sous le soleil ; venez, vous trouverez en nous des amis et des frères. En peu d’années ces familles laborieuses se font une existence aisée. Plusieurs mariages contractés avec leurs voisins d’origine française contribuent encore à cimenter l’union et la bonne harmonie qui n’a cessé d’exister entre les deux nationalités.
« Il y a quelque chose de bon à prendre dans les mœurs et les usages de chaque peuple ; et notre contact avec des populations d’origine et de contrées différentes peut, sans porter atteinte à notre caractère national, introduire dans nos habitudes certaines modifications qui ne seront pas sans influence sur notre avenir, et en particulier sur notre avenir matériel. »
Je fus heureux d’apprendre dans le cours de notre entretien que le système municipal fonctionnait à merveille dans la paroisse de Rivardville.
Notre gouvernement municipal, dit monsieur le curé, s’il est bien compris et bien administré, peut, tout en développant et exerçant le bon sens politique et l’esprit de gouvernement chez notre population, devenir la sauvegarde de ce que nous avons de plus cher. Chaque paroisse peut former une petite république où non-seulement les ressources naturelles et matérielles, mais aussi les ressources morales du pays seront exploitées dans l’intérêt de notre future existence comme peuple. La paroisse sera notre château fort. Quand même toute autre ressource nous ferait défaut, il me semble que nous trouverions là un rempart inexpugnable contre les agressions du dehors.
« Oh ! prions Dieu, ajouta-t-il d’un ton pénétré, prions Dieu que la gangrène ne s’introduise pas dans notre corps politique. Nous jouissons de toute la liberté désirable ; mais combien il est à craindre que la corruption, la vénalité, la démoralisation ne détruisent les avantages que nous pourrions retirer de notre excellente forme de gouvernement ! Déjà l’on semble oublier que les principes sont tout aussi nécessaires dans la vie publique que dans la vie privée, et l’on sacrifie de gaîté de cœur les intérêts de la morale à ceux de l’esprit de parti. C’est à la presse, c’est aux hommes éclairés qui dirigent l’opinion à opposer sans délai une digue infranchissable à ce torrent dévastateur de l’immoralité qui menace d’engloutir nos libertés politiques. »
La conversation de monsieur le curé m’intéressait souverainement, et je passai plus de trois heures au presbytère sans m’apercevoir de la fuite du temps.
Nous dûmes cependant le quitter, pour retourner chez Jean Rivard, non toutefois sans avoir visité l’église de Rivardville, qui eût fait honneur à l’une des anciennes paroisses des bords du St. Laurent.
Chemin faisant, Jean Rivard me dit :
« Si vous n’aviez pas été si pressé, je vous aurais fait voir les champs de grains et de légumes semés par monsieur le curé ; je vous aurais montré ses animaux, ses volailles, ses lapins. Vous auriez vu s’il entend l’agriculture. En effet, pas un progrès ne se fait dans cette science sans qu’il en prenne connaissance. Après les devoirs de son état, c’est peut-être la chose qu’il entend le mieux. Il trouve dans cette occupation un délassement à ses travaux intellectuels en même temps qu’un moyen d’éclairer le peuple et de contribuer au bien-être général. Un mot de lui sur les meilleurs modes de culture, sur les meilleures races d’animaux, sur l’importance des engrais, etc., fait souvent plus d’effet que tout ce que pourraient dire les prédicateurs agricoles ou les livres les mieux écrits sur cette branche de connaissances.
« Cela ne l’empêche pas de s’occuper de réformes morales et sociales. Il a réussi à établir dans la paroisse une société de tempérance dont presque tous les hommes font partie. Vous ne sauriez croire quelle influence une association de ce genre exerce sur la conduite et la moralité des jeunes gens. Il fait une guerre incessante au luxe, cette plaie des villes qui peu à peu menace d’envahir les campagnes. Enfin, grâce aux soins qu’il se donne pour procurer du travail aux pauvres, l’oisiveté est inconnue parmi nous. Aussi n’avons-nous pas un seul mendiant dans toute la paroisse de Rivardville. Nous sommes à bon droit fiers de ce résultat. »
En passant devant une des hôtelleries, nous entendîmes, un bruit de voix discordantes, et bientôt nous aperçûmes sur le perron un groupe de personnes au milieu desquelles était un vieillard qui parlait et gesticulait avec violence. Je craignis qu’on n’eût commis quelque voie de fait sur ce pauvre invalide et je proposai à mon compagnon d’intervenir. Mais Jean Rivard se mit à sourire.
« Laissez faire, me dit-il, ce vieillard serait bien fâché de notre intervention. C’est le père Gendreau dont je vous ai déjà parlé. Il est tellement connu dans la paroisse pour son esprit de contradiction que personne ne se soucie plus de discuter avec lui. Il en est réduit à s’attaquer aux étrangers qui séjournent dans nos auberges. En leur engendrant querelle à propos de politique, de chemins de fer, d’améliorations publiques, il peut trouver encore l’occasion de contredire et goûter ainsi quelques moments de bonheur.
« Toutes ces maisons que vous voyez, continua Jean Rivard, sont bâties sur les terrains que j’avais retenus pour mes frères et pour moi, lors de mon établissement dans la forêt ; ainsi mes frères sont devenus riches sans s’en apercevoir. Ma bonne mère en est toute rajeunie. Elle vient nous voir de temps à autre ; rien ne me touche autant que son bonheur. Le seul regret qu’elle laisse échapper, c’est que notre pauvre père n’ait pas pu voir tout cela avant de mourir !
— Est-ce que vos frères sont tous établis dans ce village ?
— Non, je n’en ai encore que deux ; l’un auquel j’ai cédé ma potasserie, qu’il a convertie en perlasserie et qu’il exploite avec beaucoup d’intelligence ; l’autre qui s’est établi comme marchand et qui, grâce à son activité, et à une grande réputation de probité, se tire passablement d’affaire. Tous deux sont mariés et sont d’excellents citoyens. Sur les sept autres, l’un est sur le point d’être admis au notariat, un autre exerce à Grandpré la profession de médecin, deux ont pris la soutane et font leurs études de théologie, et les trois autres sont au collège et n’ont pas encore pris de parti. À part les deux ecclésiastiques qui paraissent avoir une vocation bien prononcée pour le sacerdoce, j’aurais voulu voir tous mes autres frères agriculteurs ; mais ils en ont jugé autrement, que Dieu soit béni ! Les prières de ma mère ont été exaucées, elle aura deux prêtres dans sa famille : cela suffit pour la rendre heureuse le reste de ses jours. Je crains bien, que l’un des trois écoliers ne cherche à se faire avocat : ce parait être comme une maladie épidémique parmi la génération actuelle des collégiens.
« Quant au petit Léon, le plus jeune de mes frères, il restera probablement, comme c’est l’usage, sur le bien paternel.
— Et vos deux sœurs, qu’en avez-vous fait ?
— L’une est devenue ma belle-sœur en épousant le frère de ma femme, et l’autre a pris le voile. Toutes deux paraissent également heureuses.