Jeunesse, amour, beauté (Leconte de Lisle, Premières poésies)
Apparence
Premières Poésies et Lettres intimes, Texte établi par Préface de B. Guinaudeau, Bibliothèque-Charpentier ; Eugène Fasquelle, éditeur, (p. 62).
JEUNESSE, AMOUR, BEAUTÉ
« Pourquoi, malgré nos pleurs, fuyez-vous sans retour ? »
(Rouffet.)
Jeunesse, amour, beauté, fleurs célestes et frêles,
Vous dont l’éclat si doux et si tendre est, hélas !
Si pareil à celui des roses d’ici-bas,
Qu’une aube vous fait naître et mourir ainsi qu’elles…
Oh ! pourquoi vers les cieux ouvrir sitôt vos ailes ?
Doux oiseaux, pourquoi fuir, au seul bruit de nos pas ?
Restez, restez encor, ne vous envolez pas !
Il est une âme pure, ô mes roses si belles,
Dont vos parfums légers voilent le front charmant,
Un cœur plein d’harmonie et de grâce idéale,
Qui garde vos reflets en son regard aimant ;
Jeunesse, amour, beauté, guirlande virginale,
Faites la terre belle à ses candides yeux,
Et qu’un ange, un moment, daigne oublier les cieux !