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Joies errantes/Giboulées

La bibliothèque libre.
Alphonse Lemerre (p. 17-18).

GIBOULÉES DE MARS

À Félicien Champsaur.
CHANSON

Les anémones refleuries
Ouvrent leurs batistes légères
Comme des guimpes de bergères.

Le vent nouveau, ivre de parfums,
Caresse les branches encore nues ;
Et, dans le beau ciel, les claires nues
Sont couleurs d’ailes
De tourterelles.

Le soleil, d’or paré,
Ramène Pâques fleurie
Comme une blanche épousée.


Mais les folles averses crèvent
En pleurs tumultueux
Sur les fleurettes, sur les rêves,
Et dans les tendres yeux
Des amoureuses, des amoureux.
En pleurs tumultueux
Les folles averses crèvent.

Ô l’exquise saison !
Ô l’insigne charme
Des tristesses sans raison,
Des baisers trempés de larmes !…