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Journal (Eugène Delacroix)/14 mars 1860

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 391).

14 mars. — J’ai été voir l’exposition du boulevard, j’en suis revenu mal disposé. Il y faisait froid. Les Dupré, les Rousseau m’ont ravi. Pas un Decamps[1] ne m’a fait plaisir : c’est vieilli, c’est dur et mou, filandreux ; de l’imagination toujours, mais nul dessin ; rien ne devient ennuyeux comme ce fini obstiné sur ce faible dessin. Il est jauni comme du vieil ivoire, et les ombres noires.

Mme Sand est venue me dire adieu bien amicalement. Elle voulait m’en traîner ce soir à Orphée[2].

  1. Il est Intéressant de noter ici un revirement de l’opinion d’Eugène Delacroix sur Decamps. On se rappelle que, dans les premières années du Journal, il va jusqu'à prononcer le mot de génie à propos d’une de ses compositions.
  2. C’est en 1860 que Mme Viardot reprit, avec Je plus grand succès, l’Orphée de Gluck au Théâtre-Lyrique.