Aller au contenu

Journal (Eugène Delacroix)/16 octobre 1857

La bibliothèque libre.
Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 292-293).

Augerville, vendredi 16 octobre. — Supériorité de la musique : absence de raisonnement (non de logique). Je pensais tout cela en entendant le morceau bien simple d’orgue et de basse que nous jouait Batta ce soir, après l’avoir joué avant le dîner. Enchantement que me cause cet art ; il semble que la partie intellectuelle[1] n’ait point part à ce plaisir. C’est ce qui fait classer l’art de la musique à un rang inférieur par les pédants.

Dans la journée, fatigué à suivre Berryer à son arpentage pour son chemin extérieur. M. de Brézé venu le soir.

« Les phraseurs, me disait Berryer d’après je ne sais qui, commencent à Massillon. » Je suis de son avis. Quelle tenue en toutes choses devaient avoir ces gens, capables de développer si longuement et avec ce soin et ce respect de l’objet qu’on traite ou de la personne à qui on s’adresse, et cela avec l’absence de prétention et de l’effet qui a toujours été en grandissant depuis !

  1. Sur l'élément intellectuel des arts, voir le beau développement du début de l’année 1854, à propos des spécialistes auxquels, dit-il, « la partie intellectuelle de l’art manque complètement ». (Voir t. II, p 321.)