Journal (Eugène Delacroix)/25 février 1852

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 89-90).

Mercredi 25 février. — Dîné chez Lehmann. — Revenu à l’Opéra-Comique et fini chez Boilay.

Je n’ai rien retiré de tout cela qu’une immense promenade à pied, pour venir de la rue Neuve de Berry jusqu’au théâtre.

— Les gens médiocres ont réponse à tout et ne sont étonnés de rien. Ils veulent toujours avoir l’air de savoir mieux que vous ce que vous allez leur dire ; quand ils prennent la parole à leur tour, ils vous répètent avec beaucoup de confiance, comme si c’était de leur cru, ce qu’ils ont, ailleurs, entendu dire à vous-même.

Il est bien entendu que l’homme médiocre dont je parle est en même temps pourvu de connaissances auxquelles tout le monde peut parvenir. Le plus ou moins de bon sens ou d’esprit naturel qu’ils peuvent avoir, peut seul les empêcher d’être des sots parfaits. Les exemples qui se présentent en foule à ma mémoire sont tous à l’appui de ce ridicule si commun. Ils ne diffèrent, comme je l’ai dit, que par le degré de sottise. L’air capable et supérieur va de soi-même avec ce caractère.