Journal (Eugène Delacroix)/27 mars 1824
Apparence
Samedi 27 mars. — De bonne heure à l’atelier. Pierret venu. — Dîné chez lui ; lu de l’Horace[1].
— Envies de poésie, non pas à propos d’Horace. — Allégories. — Rêveries. Singulière situation de l’homme ! Sujet, intarissable. Produire, produire !
- ↑ Dès sa vingtième année, Delacroix avait compris, comme tous les
hommes supérieurs, que la véritable instruction n’est pas celle que l’on
reçoit de ses maîtres, mais bien celle que l’on se donne à soi-même. Dans
une lettre très curieuse, adressée à Pierret en 1818, il écrivait : « Il faut
cet hiver nous voir bien souvent, lire de bonnes choses. Je suis tout
surpris de me voir pleurer sur du latin. La lecture des anciens nous
retrempe et nous attendrit : ils sont si vrais, si purs, si entrants dans
nos pensées ! »
A propos d’Horace, il dit autre part : « Horace est à mon avis le plus grand médecin de l’âme, celui qui vous relève le mieux, qui vous attache le mieux à la vie dans certaines circonstances, et qui vous apprend le plus à mépriser dans d’autres. » (Corresp., t. I, p. 15 et 24.)