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Journal (Eugène Delacroix)/3 avril 1853

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 155).

Dimanche 3 avril. — Retourné aux Italiens : le Barbier. Tous ces motifs charmants, ceux de la Sémirarnis et du Barbier sont continuellement avec moi.

Je travaille à finir mes tableaux pour le Salon, et tous ces petits tableaux qu’on me demande. Jamais il n’y a eu autant d’empressement. Il semble que mes peintures sont une nouveauté découverte récemment[1].

  1. Le 14 avril 1853, Delacroix écrivait à M. Moreau père : « Eh bien, oui, cher ami, c’est vraiment à n’y pas croire, et pour ma part je n’y comprends rien. Il semble maintenant que mes peintures soient une nouveauté récemment découverte, que les amateurs vont m’enrichir après m’avoir méprisé. » Dans une précédente note, et à propos de toiles vendues par le maître à des marchands ou à des amateurs, nous avons fait quelques rapprochements de chiffres qui par eux-mêmes sont assez éloquents. Delacroix ne s’en montrait pourtant pas mécontent. Il n’était pas exigeant à ce point de vue. Souvent dans sa correspondance il demande à l’amateur qui désire une de ses œuvres d’en fixer lui-même le prix. A cinquante-cinq ans, après trente années de production ininterrompue, c’est un sentiment de surprise qu’il éprouve à constater que le succès lui vient !