Journal (Eugène Delacroix)/6 février 1855
6 février. — Dîné chez la princesse. Elle me plaît toujours : elle avait une robe dont elle ne savait que faire ; l’étoffe en était si magnifique qu’elle ressemblait à une cuirasse de vingt aunes ; grâce à cette ampleur ridicule, toutes les femmes se ressemblent en ressemblant à des tonneaux.
Après dîner, j’ai été un moment chez Fould et suis revenu pour l’entendre avec Franchomme ; mais le plaisir de la soirée avait été deux ou trois morceaux de Chopin quelle m’avait joués avant mon départ pour aller chez le ministre.
Grzymala, à dîner, nous a soutenu que Mme Sand avait accepté de Meyerbeer de l’argent pour les articles qu’elle a faits à sa louange. Je ne puis le croire et j’ai protesté. La pauvre femme a bien besoin d’argent : elle écrit trop et pour de l’argent ; mais descendre jusqu’au métier des feuilletonistes à gages, c’est ce que je ne puis croire !
Berryer venu chez la princesse.