Journal (Eugène Delacroix)/6 juillet 1850

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 1-2).

Bruxelles, samedi 6 juillet. — Parti pour Bruxelles avec Jenny, à huit heures, et nous étions arrivés à cinq heures moins un quart. Cela tente vraiment pour voyager.

Mauvaise installation dans l’auberge, qui me donne de l’humeur.

Promenade, le soir, au Parc qui me paraît d’une tristesse extrême.

Je remarque en une foule de choses le manque de goût de ce pays-ci, et quand on compare, j’ose le dire, tous les pays avec la France, on éprouve le même sentiment. Il y a dans ce parc, entre autres ornements, des figures terminées par des gaines qui entourent le bassin. C’était dans les intervalles qu’il les fallait ! La manière inégale avec laquelle les arbres s’élancent, les rend gauches et de travers. Elles sont là comme par hasard. On voit là des statues dont les piédestaux ont un pied de hauteur ; on peut converser avec ces héros et ces demi-dieux, et les statues sont ordinairement plus grandes que nature ; elles sont disproportionnées, l’agrandissement, dans ce cas, n’étant calculé qu’à cause de la distance présumée où le piédestal doit placer la figure.