Journal (Eugène Delacroix)/7 décembre 1856

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 183-184).

7 décembre. — Se rappeler le magnifique sujet mentionné ailleurs, de Noé sacrifiant, avec sa famille, après le déluge ;… les animaux se répandent sur la terre ;… les oiseaux dans les airs, les monstres condamnés par la sagesse divine gisant à moitié enfouis dans la vase. Les branches des arbres distillent encore les eaux et se redressent vers le ciel.

Ce jour, posé une heure et demie chez Mme Herbelin[1] : Mme Villot y était. Je vais, en sortant de là, voir M. Mesnard, au Luxembourg. M. Mesnard me dit qu’il croit crue le travail que l'œil et le cerveau font sur la couleur, contribue beaucoup à la fatigue que cause la peinture : le fait est qu’il me faut une disposition de santé complètement bonne pour travailler à la peinture. Pour écrire, ce n’est pas aussi nécessaire : les idées peuvent me venir, quand je suis souffrant et que je tiens la plume. A mon chevalet et le pinceau à la main, ce n’est pas de même.

  1. Mme Herbelin fit en effet le portrait de Delacroix. C'était une miniature sur ivoire qui figura au Salon de 1857. (V. Cat. Bobaut, p. liv, no88.)